Nouveautés Parcoursup : "Cela va créer encore plus de stress", juge Gwenn Thomas-Alves, de l’Union syndicale lycéenne

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Gwenn Thomas-Alves, porte-parole de l’Union syndicale lycéenne, invité de franceinfo le dimanche 17 décembre 2023.

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00:00 On va maintenant parler des nouveautés censées améliorer la plateforme d'orientation Parcoursup
00:05 qui va ouvrir mercredi.
00:07 Gouen Thomas Alves est avec nous, bonsoir.
00:09 Vous avez 18 ans, vous êtes porte-parole de l'union syndicale lycéenne.
00:15 On va rappeler que 700 000 élèves sont concernés cette année, à la fois des jeunes de Terminal
00:20 mais également des étudiants qui souhaitent se réorienter.
00:23 Tous vont pouvoir commencer à consulter les formations disponibles avant le début des
00:28 inscriptions qui débuteront dans quelques jours, le 17 janvier prochain.
00:32 La ministre de l'enseignement supérieur Sylvie Retailleau a annoncé un certain nombre de
00:37 nouveautés ce matin.
00:38 Les lycéens vont notamment pouvoir créer leur profil dès la classe de seconde.
00:43 Selon vous, Gouen Thomas Alves, c'est un bon moyen d'anticiper ou c'est trop tôt ?
00:47 En réalité, il faut savoir que déjà en seconde, les lycéennes et les lycéens ne
00:52 sont pas certains de ce qu'ils veulent faire après.
00:54 Le problème avec cette nouveauté annoncée par Sylvie Retailleau, c'est qu'on va se
00:58 retrouver avec des lycéens et des lycéens qui vont choisir des spécialités et qui
01:01 ensuite en Terminal se rendront compte que ce n'est pas ce qu'ils veulent faire.
01:03 Deuxième chose, c'est que déjà on a des élèves qui sont très stressés en première
01:07 et en Terminal à cause du contrôle continu.
01:08 Le fait d'être dès la seconde avec Parcoursup, ça va créer encore plus de stress.
01:12 C'est un peu l'objectif d'Emmanuel Macron, c'est ce qu'on remarque.
01:15 C'est de stresser les élèves et ensuite après ils ratent leur orientation à cause
01:19 de la broyeuse qui est Parcoursup.
01:21 Mais c'est aussi un moyen pour se préparer en amont, d'avoir peut-être plus d'informations,
01:25 c'est ce que veut ceux qui ont fait cette plateforme Parcoursup.
01:28 Donner plus d'informations, expliquer quels sont les débouchés dans tel ou tel secteur,
01:33 donner également le coût de la scolarité, tout ça c'est important pour les élèves.
01:37 Bien sûr, après là ce qui a été annoncé, c'est qu'on pourra maintenant savoir sur
01:41 les fiches des formations quand est-ce que c'est les gens les portes ouvertes.
01:45 Mais la réalité c'est que les lycéens n'attendent pas de savoir quels sont les gens
01:48 les portes ouvertes mais attendent la fin de Parcoursup et l'ouverture de places à
01:51 l'université.
01:52 Nous ce qu'on demande c'est 150 000 places parce qu'actuellement il n'y a pas assez
01:55 de places.
01:56 Et nous on considère qu'à partir du moment où on est bachelier, on peut accéder à
01:58 l'université.
01:59 Et ce qui aujourd'hui n'est pas le cas.
02:00 En fait vous ce que vous souhaitez c'est que l'on travaille pour le post-bac, c'est-à-dire
02:05 pour le circuit universitaire, le parcours universitaire et non pas en amont.
02:09 Non, il faut à la fois qu'il y ait de l'amont, c'est important qu'il y ait des professeurs
02:12 qui soient formés sur l'université, sur les orientations, qu'il y ait des psychologues
02:15 de l'éducation nationale qui soient recrutés parce qu'actuellement ce n'est pas le cas,
02:18 il en manque.
02:19 Il y a très peu d'élèves qui sont suivis par une psychologue, enfin une coursière
02:23 d'orientation et il faut absolument que ça puisse revêtre le cas.
02:26 Et ensuite il faut qu'il y ait un accompagnement post-bac évidemment parce qu'il y a des
02:30 élèves qui veulent se réorienter.
02:31 Et c'est ce qu'on remarque avec Parcoursup, c'est que chaque année il y a 150 000 personnes
02:34 qui étaient en licence 1 qui se réorientent via Parcoursup parce qu'ils ne sont pas contents
02:38 de la formation qu'ils ont eue.
02:39 Autour de vous, est-ce qu'il y a des jeunes, qu'ils soient au lycée ou déjà en fac,
02:44 d'ailleurs c'est votre cas Gouen, vous êtes en fac, qui ont choisi une formation
02:50 et qui un peu au hasard et qui se rendent compte une fois qu'ils sont dans le circuit
02:54 que ce n'est pas du tout ça ce qu'ils souhaitaient.
02:56 D'où l'intérêt peut-être d'avoir plus d'informations sur les formations et peut-être
03:02 aussi de converser avec des professionnels.
03:04 Ça ce serait peut-être une chose importante pour les jeunes, pour leur orientation ?
03:07 De converser avec des professionnels c'est déjà parfois le cas avec les salons étudiants
03:10 et ensuite si les élèves ne sont pas contents de l'orientation qu'ils ont eue, c'est
03:13 la plupart du temps parce que ce n'est pas leur premier choix sur Parcoursup.
03:15 La plupart des lycéens en terminale savent très bien ce qu'ils veulent faire.
03:17 Ils mettent en premier choix…
03:18 Tous, êtes-vous sûr ?
03:19 Non bien sûr, pas tous évidemment, mais une grande majorité s'ils sont bien suivis
03:22 par les professeurs.
03:23 Et si jamais on a en terminale des élèves qui mettent un premier choix sur Parcoursup
03:29 et qui à la fin ne l'ont pas, évidemment qu'ils ne vont pas aimer ce qu'ils font
03:31 et qu'ils vont se réorienter.
03:32 C'est ça le problème.
03:33 Depuis 2018 on le dit, on combat cette réforme et ce Parcoursup qui est en train d'agoniser,
03:39 on va l'enterrer parce que ce n'est pas possible de continuer comme ça.
03:42 Donc vous proposez quoi concrètement ? On l'a compris, plus de postes en fac dans
03:49 le circuit universitaire, mais en amont, est-ce qu'il y a des choses qui selon vous seraient
03:54 importantes pour aider les élèves ?
03:56 Bien sûr, il faut effectivement des informations et là-dessus c'est très important qu'il
04:00 y ait à la fois, comme je l'ai dit, la formation des enseignants et également des
04:03 fiches, ce qu'a fait le NICEP d'ailleurs, mais il faut surtout qu'il y ait des places
04:08 à l'université.
04:09 C'est vraiment ça l'enjeu de notre sujet et c'est ce qu'on essaie de dire depuis
04:12 2018 et ce que le ministère n'arrive pas à entendre, c'est qu'il y a un problème
04:15 de places aujourd'hui à l'université et qu'à partir du moment où on augmente
04:18 les places à l'université, il y aura des gens qui vont pouvoir aimer ce qu'ils font,
04:21 continuer leur orientation, avoir un diplôme.
04:22 Vous parlez beaucoup avec vos professeurs, des débouchés, parfois certains disent
04:27 "mais j'ai beaucoup d'élèves qui veulent s'orienter dans des secteurs où il n'y
04:30 a pas de débouchés, où il n'y aura pas d'emplois".
04:32 Et c'est compliqué pour un enseignant de dire à un élève "écoute non, c'est
04:37 peut-être pas la bonne voie, il faut aller ailleurs parce que dans tel autre secteur,
04:40 là il t'aura de la place".
04:41 Bien sûr, c'est le rôle de conseil d'un professeur et aujourd'hui en fait il est
04:45 assigné justement à dire "ah bah non, là t'as aucune chance d'y aller, tu vois
04:49 bien qu'il y a écrit 12% de taux d'accès, t'as pas de note assez haute, donc en fait
04:53 t'y arriveras pas".
04:54 Donc oui, il y a une sorte de barrière consommée, de l'autocensure que se font les lycéennes
04:59 et lycéens pour ne pas aller dans des formations qu'ils publicitent.
05:03 Et puis il n'y a pas parfois des domaines professionnels qui ne sont pas extensibles,
05:08 où il n'y a pas énormément d'emplois, tous les secteurs professionnels n'embauchent
05:13 pas à tour de bras.
05:14 Donc c'est important aussi qu'un prof vous dirige vers les bons endroits.
05:18 Bien sûr, et là c'est aussi l'intérêt du professeur et également des professionnels
05:22 du milieu pour qu'ils puissent se conseiller en train de dire "oui, effectivement, alors
05:25 là, ce milieu-là, il peut y avoir moins de place que dans cette formation-là".
05:28 Alors plus d'informations, plus de lisibilité, notamment pour les BTS ou les licences professionnelles,
05:33 tout ça, ça va être rassemblé sur le site, de façon en tout cas, on l'espère, beaucoup
05:37 plus claire.
05:38 Ça c'est une nécessité, ça a été confus jusque-là ?
05:40 Ça a toujours été confus, et puis même en fait, il y avait des mensonges qui étaient
05:43 dits par la direction de Parcoursup, je me rappelle de M. Jérôme Teilhard qui expliquait
05:46 que toutes les lettres de motivation étaient lues par les formations, en réalité c'est
05:50 faux, ça a été prouvé à plusieurs fois, et les lettres de motivation ne sont pas lues.
05:53 Et donc oui, il y a plein de mensonges qui sont dits, il y a des algorithmes que nous
05:57 ne connaissons pas.
05:58 Mais pourquoi vous dites que les lettres de motivation ne sont pas lues, qui vous le prouvent ?
06:00 Il y a déjà eu des articles, enfin, pour prendre un exemple, il y a un article du Parisien
06:05 qui en parle, et pour prendre un exemple, dans le Sud, il y a une licence qui avait mis en
06:09 lettres de motivation une recette marmiton, et qui a été prise dans sa formation.
06:12 Pour faire de la cuisine peut-être ?
06:14 Je ne suis pas sûr qu'il y ait des licences cuisine pour le coup, mais elle a été prise
06:17 dans sa formation, et on voit bien que ce n'est pas lu, et on voit bien que Jérôme
06:20 Teilhard, qui est en gros le directeur de Parcoursup, je n'ai plus son poste officiel,
06:24 mais en fait, jouent sur l'énergie des lycéens en disant "tout va bien, tout va bien",
06:29 mais il est totalement déconnecté de la réalité du terrain.
06:31 La réalité du terrain, c'est que les lycéens et les lycéennes ne veulent pas être parcoursup.
06:33 Mais pourtant vous êtes consulté, les lycéens, justement vous parlez de Jérôme Teilhard,
06:39 il explique volontiers, il explique sur France Info d'ailleurs, que certains choix ont été
06:42 faits avec la collaboration des jeunes.
06:44 Non, alors sa collaboration en fait, il l'a fait avec les syndicats, enfin les soi-disant
06:47 syndicats, les organisations qui sont de son côté, mais en réalité, le sujet parcoursup,
06:51 il y a une omerta entre le ministère et nous, c'est-à-dire que parfois on peut être auditionné
06:54 sur le SNU, ou en fait que le SNU en réalité, mais sur le parcoursup, c'est quelque chose
06:58 qu'ils ne veulent pas bouger, ils ne veulent pas nous en parler, alors que nous, c'est
07:01 vraiment un sujet central chez les lycéens.
07:03 La plupart des lycéens qui nous rejoignent, c'est parce qu'ils ont peur de Parcoursup,
07:06 parce qu'ils angoissent à cause de ça, et parce qu'ils n'ont pas de conseils de la
07:08 part de leurs parents, ou alors de leurs enseignants.
07:10 Merci beaucoup en tout cas pour ce, je ne vais pas dire un coup de gueule, mais en tout
07:14 cas, je sais aussi que sur vos réseaux sociaux, vous êtes très critique à l'égard de
07:18 ces modifications de Parcoursup.
07:20 Merci beaucoup Gwent Thomas Alves, porte-parole de l'union syndicale lycéenne sur France
07:25 Info ce soir.

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