C’est la première grosse grève à l’Éducation nationale depuis la dernière rentrée scolaire de septembre. Les syndicats réclament des mesures pour rendre lé métier à nouveau attractif (meilleurs salaires, davantage de moyens…) face à la crise des vocations. La nomination d’Amélie Oudéa-Castéra comme ministre augmente leur mécontentement
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00:00 Le 6/9, France Bleu Normandie
00:03 8h15, l'heure de notre invité du 6/9 et ce matin Didier nous sommes avec Bertrand Buffetti, secrétaire académique du SNES-CFSU.
00:13 Bonjour Bertrand Buffetti. Premier gros mouvement de grève dans l'éducation nationale depuis la dernière rentrée scolaire.
00:20 Vous avez quelques chiffres, ça s'annonce suivi, très suivi ?
00:24 Oui, ça s'annonce effectivement très suivi. Nous prévoyons à peu près la moitié des professeurs des écoles en grève pour les retours que j'en ai.
00:34 Et puis même certains collèges qui seront fermés tout simplement parce qu'il n'y a pas suffisamment de personnel qui n'est pas en grève pour accueillir les élèves dans de bonnes conditions.
00:42 Je pense à Argence, Merville, Diff-sur-mer, Merville je crois que je l'ai déjà dit. Et puis il y en a un quatrième dont j'ai oublié le nom.
00:49 Donc en tout cas quelques établissements carrément fermés. Je vais revenir sur la chronologie. L'annonce de cette grève, 22 décembre, trois semaines plus tard, Amélie Oudéa Castellera nommée ministre de l'éducation.
01:01 Ses choix personnels pour la scolarisation de ses enfants sont rapidement connus, ça a été le privé en raison des paquets d'heures pas sérieusement remplacées a-t-elle dit dans le public.
01:10 Est-ce que cette phrase vous a fait augmenter un petit peu plus la colère vis-à-vis de l'institution ?
01:17 - Quand on est ministre de l'éducation nationale on est aussi ministre essentiellement je pense de ce qui constitue la majorité quand même de l'enseignement,
01:25 c'est-à-dire enseignement public de ses agents, des professeurs, des AED, des CPE etc.
01:31 Et là on a une ministre qui tout de suite nous dit qu'en fait elle a voulu éviter le public pour la bonne scolarisation de ses enfants.
01:41 - Une humiliation ? Est-ce que c'était vécu comme une humiliation ?
01:43 - Je pense même qu'on peut parler d'insultes, il ne faut pas dire les choses telles qu'elles sont.
01:47 Et puis en plus ce qui s'est avéré être un mensonge puisque ce n'est pas la raison pour laquelle elle a mis ses élèves dans le privé.
01:53 Tout simplement il n'y avait pas de problème de remplacement dans son école publique qui est en plus du 6e arrondissement,
01:57 ce qui n'était peut-être pas la plus socialement défavorisée en tout cas.
02:02 - Après ces propos, elle peut rester ministre ou elle est décrédibilisée ?
02:05 - Je pense qu'elle est totalement décrédibilisée, ça c'est tout à fait certain.
02:08 Mais vu toutes les positions qu'elle a pu avoir et sa maîtrise des dossiers qui semble extrêmement aléatoire sur beaucoup de sujets,
02:15 je ne suis pas sûr de toute façon qu'elle ait vraiment la main sur l'éducation nationale.
02:19 Je pense que c'est toujours un peu dans le cabinet du ministre.
02:21 C'est pour ça que son éventuel démission, certes, serait sans doute une réponse à apporter,
02:27 mais je ne suis pas complètement sûr que ça résoudrait grand-chose.
02:29 - On va évoquer les problèmes de fonds maintenant, ces raisons qui vous ont incité à du procès s'apprêt à vite grève.
02:35 La question des salaires, le gouvernement avait pris des engagements, 2000 euros pour tout le monde. Engagement montenu ?
02:40 - Alors, 2000 euros pour tout le monde, alors heureusement...
02:43 - Les titulaires, je précise.
02:44 - Oui, pour les titulaires. Alors effectivement, puisque les personnes à s'agir ne touchent pas encore cette rémunération.
02:48 Alors effectivement, pour les entrées de carrière, pour ceux qui... les néo-titulaires,
02:52 effectivement on est vraiment arrivé à 2000 euros pour le moment,
02:54 mais c'est que le problème c'est qu'on y reste, et qu'on y reste longtemps.
02:57 Voilà, pour des collègues qui sont cotés à Bac+5, la perspective de carrière n'est quand même pas très idéale
03:04 et en tout cas ne répond pas à l'inflation massive qu'on a quand même depuis maintenant deux ans.
03:10 - Vous avez chiffré ? Dans quelle proportion vous demandez des augmentations ?
03:13 - Ah bah tout simplement, c'est un rattrapage salarial qu'on a depuis 20 ans.
03:17 Si on devait appliquer exactement les grilles salariales qu'on avait il y a 20 ans,
03:22 il faudrait qu'on soit quasiment à 3000 euros par mois, donc on en est quand même super loin.
03:26 Voilà, donc simplement, ben, requalifier un peu nos métiers, les rendre à nouveau attractifs,
03:31 ça passe par des revalorisations qui, à mon avis, sont au-delà de 10%.
03:36 - Il n'est plus attractif ce métier d'enseignant, c'est pour ça aussi qu'on a du mal à recruter ?
03:40 - Il n'est plus attractif en raison, entre autres, des conditions de rémunération,
03:43 mais aussi des conditions de travail, tout simplement.
03:45 On est quand même le pays d'Europe sur lesquels les classes de collège sont les plus chargées,
03:50 et de très loin, on est 28 élèves, voilà, on est 30 même en 3ème, 5ème et 4ème,
03:58 28 ou 25 parfois en 6ème, voilà, ça ne permet pas, à mon avis, d'assurer la réussite de tous les élèves.
04:07 - La pression des familles, est-ce qu'elle est de plus en plus grande dans notre société moderne en 2024 ?
04:13 - Alors, on a une pression plus forte, mais d'une certaine façon, on pourrait même dire qu'à la limite, tant mieux,
04:18 ça veut dire qu'il y a une attente sur l'école, et ben, super, ça veut dire que c'est quand même encore un sujet qui reste important.
04:23 Alors, si ça reste important, et qu'on souhaite répondre aux attentes des familles de faire réussir leurs élèves,
04:29 et leurs fils et leurs filles, et bien, permettez-nous de le faire.
04:33 Ce n'est pas avec des classes à 30 élèves en collège, avec des élèves dont les besoins peuvent être assez différents les uns des autres,
04:41 que cela peut vraiment améliorer vraiment les choses.
04:44 - Il y a également ces réformes à venir, celle qui est de Gabriel Lattal,
04:49 ces groupes de niveau en 5ème et en 6ème à partir de l'année prochaine,
04:53 faire un enseignement à la carte selon les difficultés des élèves de l'extérieur, ça paraît une bonne idée ?
04:58 - Alors, en tout cas, on a eu un ministre d'éducation Nalles qui est un ministre des annonces,
05:03 puisque visiblement, il met des choses en place, et puis après, il s'en va.
05:06 - Il n'a pas forcément choisi, mais sur le fait...
05:09 - Je pense qu'il a parfaitement choisi, qu'il n'était pas obligé d'être Premier ministre, on ne lui a peut-être pas forcé la main.
05:13 - Vous l'approchez d'avoir pris Matignon, que vous l'aimiez tant que ça ?
05:15 - Alors, c'est-à-dire que, si vous voulez, quand on a un ministre qui arrive,
05:19 la moindre des choses, c'est qu'on s'investisse un peu dans ce qu'on fait.
05:22 Donc là, si on arrive juste pour faire des annonces et qu'après on s'en va,
05:25 vous imaginez que du côté des professeurs et des personnes de l'éducation nationale,
05:30 que ce n'est pas vraiment vécu comme forcément très bien.
05:33 C'est pour ça qu'on parle de mépris, c'est notre affiche là, mépris 2024, on vient avec les I.O.
05:38 - Pour les familles qui nous écoutent, leurs enfants ont différents niveaux en matière de français,
05:42 honnêtement, ça pourra progresser avec cette réforme ?
05:44 - Bah voilà, c'est-à-dire qu'on a un problème effectivement d'inégalité face aux difficultés
05:52 et cette réponse qu'on apporte est clairement pas du tout celle qu'il faut faire.
05:59 - Faudrait faire quoi alors ?
06:01 - Ce qu'il faudrait faire, c'est pouvoir ponctuellement, aux élèves qui en ont besoin,
06:05 apporter une aide personnalisée et individualisée sur les choses.
06:09 Là, on parle en fait de mettre l'intégralité des heures de cours sur des groupes de niveau,
06:14 sur trois groupes de niveau, bon moyen nul, il y a un petit peu ça quand même qui est derrière.
06:18 Ça peut être très stigmatisant pour les élèves qui sont dans le groupe des faibles,
06:22 qui risquent d'être aussi enfermés.
06:24 Nous on n'est pas dans une école du tri social, on est sur une école pour laquelle
06:28 on veut assurer la réussite de toutes et tous et d'améliorer le sort des plus faibles aussi.
06:33 - Et donc ça prend pas cette direction de la presse que vous évaluez,
06:37 parce que si on évalue ça, ça serait l'année prochaine à la rentrée ?
06:39 - En plus les études de la recherche nous montrent que cette direction-là n'est pas la bonne.
06:43 - Merci. Bertrand Buffetti, secrétaire académique du SNES-FSU,
06:47 invité France Bleu France Trois ce matin,
06:49 avant donc cette première grosse grève depuis la dernière rentrée scolaire.
06:52 - Tout à fait. Merci à notre invité.
06:53 Bien sûr à retrouver sur notre application ici.