ÉDITO - Loi immigration: "L'homme qui promettait de faire barrage à l'extrême droite lui a offert un boulevard"

  • l’année dernière
Le projet de loi immigration a été adopté mardi soir grâce avec l'aval du Rassembement national.
Transcript
00:00 -La loi immigration a été adoptée hier
00:02 dans des conditions particulièrement agitées.
00:05 Emmanuel Macron devrait prendre la parole
00:07 à la télévision ce soir pour dire quoi ?
00:10 -Pour vous répondre, je vais vous faire écouter
00:12 deux déclarations. La première, c'est un engagement
00:15 pris par Emmanuel Macron. On est le 24 avril 2022.
00:18 Il vient de remporter la seconde présidentielle.
00:21 -Je sais aussi que nombre de nos compatriotes
00:25 ont voté ce jour pour moi,
00:27 non pour soutenir les idées que je porte,
00:31 mais pour faire barrage à celle de l'extrême droite.
00:34 J'ai conscience que ce vote m'oblige
00:37 pour les années à venir.
00:39 -Ce soir, il va devoir expliquer comment on est passés
00:42 de ce qu'on vient d'entendre à ça.
00:44 C'est Marine Le Pen, hier,
00:46 juste après de la commission mixte paritaire.
00:49 -Est inscrite maintenant dans cette loi
00:52 la priorité nationale,
00:54 c'est-à-dire l'avantage donné aux Français
00:58 par rapport aux étrangers.
01:01 Sur le principe, je crois que c'est une grande victoire
01:04 idéologique de notre mouvement.
01:06 -L'homme qui promettait de faire barrage à l'extrême droite
01:09 lui a offert un boulevard.
01:11 -J'ai entendu M.G.Darmanin s'y féliciter
01:14 d'avoir fait adopter un texte fort
01:16 sans les voix du RN.
01:18 -Il fait comme si ces voix ne comptaient pas,
01:21 ce qui a donné une savante bataille de chiffres
01:23 de calcul sur les réseaux sociaux,
01:25 comme si le problème était arithmétique,
01:28 comme si ce n'était pas un problème politique.
01:30 Ce n'est pas un problème de calcul.
01:33 Ca fait partie des trucs étonnants qu'on a entendus hier.
01:36 On a assisté à un festival de justifications,
01:38 de contorsions dignes du Cirque Grusse.
01:41 Emmanuel Macron a fait savoir que si le texte était voté
01:44 grâce au RN, il le ferait réexaminer
01:46 en utilisant l'article 10 de notre Constitution.
01:49 Ca, alors, c'est le RN de l'arbitre des élégances.
01:52 Il peut s'adopter, soit il est mauvais,
01:54 mais c'est assez surprenant.
01:56 On a entendu Gérald Darmanin prévenir
01:58 que plusieurs dispositions du texte
02:00 seraient censurées par le Conseil constitutionnel.
02:03 Il a dit au Sénat, "Ca, alors, deux fois,
02:06 "c'est pas le boulot du gouvernement
02:08 "de faire des lois qui tiennent la route."
02:10 Toutes ces circonvolutions, toutes ces explications,
02:13 toutes ces contorsions traduisent le malaise
02:16 qui s'est installé dans une majorité très fracturée.
02:19 -Le président va pouvoir recoller les morceaux ?
02:22 -Plus que ça, même.
02:23 Il va le faire ce soir dans l'émission "C'est à vous"
02:27 sur France 5, un choix particulier.
02:29 Ca revient à banaliser les choses.
02:31 S'il y avait une crise,
02:32 il fallait faire une allocution.
02:34 Si la crise était grave, il serait invité au JT à 20h
02:37 devant tous les Français.
02:39 Mais pourtant, la crise, elle est là.
02:41 D'abord, une crise gouvernementale.
02:44 Le ministre de la Santé avait présenté cette émission.
02:47 C'est Aurélien Rousseau,
02:49 un homme au coeur de la machine.
02:51 Il était, avant d'être ministre, directeur de cabinet.
02:54 Qu'est-ce qu'il dit ?
02:55 "Cela touche au mur porteur.
02:57 "Je ne donne de leçons de gauche ou de morale à personne.
03:00 "Je constate cliniquement
03:02 "que ce n'est pas possible pour moi d'expliquer ce texte."
03:05 Bon courage aux autres pour l'expliquer
03:08 après une déclaration pareille, notamment aux autres ministres.
03:12 D'autant qu'à cette crise gouvernementale
03:14 s'ajoute une fracture dans la majorité.
03:17 On a vu quand même naître près de 60 fondeurs.
03:19 Des députés renaissances, des députés alliés du Modem,
03:23 des figures. Le président de la commission des lois,
03:25 qui dirigeait, présidait la commission mixte paritaire,
03:29 a voté contre l'ancien président du groupe En Marche,
03:32 Gilles Le Gendre, des figures historiques de la Macronie.
03:35 Ca ne va pas être facile de recoller les morceaux.
03:38 Troisième crise à résoudre pour le président,
03:41 une panne de logiciel, le fameux "en même temps" du président.
03:44 Ni de gauche ni de droite, un coup à gauche, un coup à droite,
03:48 c'est dire l'ampleur du chantier d'explication
03:51 qui attend Emmanuel Macron.
03:52 -Merci, Mathieu Croissanteau.
03:55 Si vous voulez savoir ce qu'a voté votre député,
03:57 il n'y a pas eu de discipline de vote absolue,
04:00 vous flashez le QR code et vous aurez la réponse.
04:04 -Yael Brunepive et la présidente de l'Assemblée
04:06 seraient l'invité du face-à-face avec Apolline de Malherbe
04:10 à 8h30. Il y aura une émission spéciale ce soir
04:12 autour de Maxime Switek et Julie Ameth à partir de 20h.

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