Alors que les dons pour la lutte contre le cancer sont en baisse en 2023, le centre Gustave-Roussy appelle à la générosité des Français et lance un clip choc. Pour en parler, Fabrice Barlesi, professeur de médecine à l'université Paris-Saclay et directeur général de Gustave-Roussy.
Regardez Le débat du 20 décembre 2023 avec Yves Calvi.
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00:02 7h, 9h
00:05 RTL matin.
00:07 Bonjour Fabrice Marlezy, excusez-moi, vous êtes professeur de médecine à l'université Paris-Saclay, directeur général de l'institut Gustave Roussy,
00:14 le premier centre européen dans la lutte contre le cancer, je le rappelle. Vous venez de lancer votre campagne d'appel aux dons pour l'année
00:20 2024 et afin de solliciter la générosité des français, vous diffusez à partir d'aujourd'hui à la télévision
00:25 un film choc dans lequel le père noël est atteint d'un cancer.
00:29 Qu'est-ce qui vous a pris de faire ça ?
00:31 Eh bien l'objectif était d'utiliser un personnage
00:34 évidemment qui est à la fois de saison mais qu'aussi tout le monde connaît pour montrer que le cancer peut toucher chacun d'entre nous.
00:41 Si on veut rappeler brièvement les chiffres, c'est un tout petit peu moins d'un demi-million de personnes qui sont
00:46 diagnostiquées chaque année avec cette maladie. C'est x2 par rapport aux années 90, ça peut toucher tout le monde y compris le père noël.
00:52 Alors justement le premier clip est assez long, lourd, angoissant puisqu'on suit en fait toutes les étapes de la maladie et des souffrances du
00:58 père noël. Dans sa famille, je le précise, à un moment, il est en train de vomir aux toilettes, il quitte la table.
01:02 Moi j'ai eu un choc en le voyant. Mais le message, vous venez de nous le dire,
01:06 c'est le plus important, c'est on n'a jamais autant guéri du cancer.
01:09 Exactement. Aujourd'hui deux tiers des malades qui sont diagnostiqués avec cette maladie vont être guéris du cancer et ces chiffres ne font que
01:17 s'améliorer au fur et à mesure du temps. C'est énorme ces chiffres que vous nous citez. C'est donc un slogan mais une réalité.
01:21 C'est une réalité. Aujourd'hui vous avez 450 000 patients qui sont diagnostiqués chaque année et
01:26 150 000 décès malheureusement encore mais à l'inverse ça veut dire
01:29 300 000 qui sont guéris. Je reviens un petit peu en arrière.
01:32 Est-ce que vous vous êtes demandé si vous ne touchiez pas quand même à la magie de Noël, ce qu'on appelle la magie de Noël ?
01:36 C'est un parti pris. C'est un parti pris de l'agence publiciste avec laquelle on a travaillé et qui a vraiment souhaité
01:45 faire ce spot avec nous. Arthur Sadou n'est
01:47 expliqué très clairement, je dirais, sa maladie il y a quelque temps et il a lancé ses équipes pour justement à la fois faire
01:56 un film qui était peut-être un peu provoquant mais qui permet aussi de bien replacer les choses.
02:02 C'est une maladie qui va être de plus en plus fréquente, qui va donc concerner
02:06 l'ensemble d'entre nous à plus ou moins proche mais dont on guérit aujourd'hui. Peut-on dire aujourd'hui
02:12 statistiquement, je dis bien statistiquement, qu'on n'a plus de chances de guérir du cancer que d'en mourir Fabrice Barlesy ?
02:17 C'est clair, c'est très clair. Aujourd'hui deux tiers des patients qui sont diagnostiqués avec cette maladie vont être guéris et c'est sans compter
02:24 l'ensemble des progrès qui sont faits et qui améliorent encore le pronostic des patients. Mais qu'est-ce qui a changé ? Les traitements ?
02:29 Ce qui a changé c'est à la fois le fait qu'on a un certain nombre de campagnes à la fois de prévention, de
02:35 dépistage, on diagnostique des cancers plus tôt, c'est aussi les moyens thérapeutiques, à la fois les progrès qui ont été faits dans la prise en charge
02:42 multidisciplinaire des stades les plus précoces, c'est aussi la médecine de précision, la meilleure connaissance de la biologie
02:49 de cette maladie qui nous permet
02:51 d'utiliser des médicaments qui sont plus les médicaments les plus anciens ou en tous les cas pas exclusivement comme la chimiothérapie mais des traitements qu'on appelle
02:58 ciblés, des anticorps etc.
03:00 Est-ce qu'on peut être un peu plus précis de quels cancers parle-t-on ? Quels sont ceux sur lesquels on peut se permettre aujourd'hui d'être
03:04 le plus optimiste quand ils sont pris en charge et bien compris ce que vous venez de nous dire, le plus tôt possible ?
03:09 Je crois qu'il est difficile en fait de parler d'un type de cancer par rapport à l'organe de départ. Pourquoi ?
03:16 En fait c'est la biologie... On l'a toujours fait alors c'est une erreur...
03:19 Et c'est précisément, Gustave aussi développe une vision qui est différente qui est celle de dire c'est la biologie qui drive la maladie
03:25 et même dans des pathologies qui peuvent être rares
03:28 certaines de ces maladies peuvent avoir une biologie qui fait qu'on va arriver à
03:32 contrôler et à guérir très facilement ces patients et à l'inverse
03:35 il y a des maladies très fréquentes, certains cancers du sein ou certains cancers du côlon ou certains cancers du poumon
03:40 qui au contraire ont une biologie plus agressive et vont être plus complexes à guérir et c'est dans ces domaines là
03:45 qu'il faut continuer à faire de la recherche, qu'il faut continuer à faire des progrès et c'est la raison pour laquelle on appelle
03:50 au don pour aider, pour stimuler, pour accélérer cette recherche.
03:53 La science a fait plus de progrès ces dix dernières années que les 100 précédentes, comment l'expliquez-vous ?
03:57 C'est les progrès technologiques, les progrès dans notre connaissance de la biologie évidemment qui sont importants et qui aujourd'hui nous permettent de mieux comprendre
04:05 ce qui différencie dix personnes différentes qui ont la même maladie,
04:10 dix personnes qui ont un cancer du sein ou dix personnes qui ont un cancer du poumon mais en fait ce sont
04:15 dix maladies différentes et c'est parce qu'on va arriver à s'adapter
04:18 précisément grâce à ces technologies qu'on va arriver à mieux traiter les patients.
04:23 Vous nous décrivez du sur-mesure là ?
04:24 C'est exactement ça, c'est exactement aujourd'hui la médecine de précision que l'on est capable de mettre en oeuvre
04:30 au quotidien pour chacun des malades qui est pris en charge dans les grands centres français.
04:34 Pierre Desproges disait "Noël au scanner, pas qu'au cimetière". C'est fini ?
04:39 C'est majoritairement fini.
04:41 Aujourd'hui encore une fois, c'est majoritairement fini.
04:46 Je crois qu'il faut se garder d'un suroptimisme parce que malheureusement ça reste encore une réalité dans certaines maladies très agressives
04:53 et parmi vos auditeurs peut-être
04:56 malheureusement des familles sont endeuillées par des patients qui ont présenté un cancer du pancréas très agressif ou autre mais
05:02 globalement c'est majoritairement fini et aujourd'hui il faut savoir qu'en France il y a plus de trois millions
05:07 de personnes qui vivent après avoir été traité pour un cancer ce qui
05:11 illustre je dirais par cette masse le nombre de gens qui sont guéris aujourd'hui.
05:14 Est-ce qu'on est en train de parler de l'immunothérapie c'est-à-dire apprendre au corps à se défendre ?
05:18 C'est ce que vous appeliez il y a quelques instants je pense le surmesure.
05:21 Ça fait partie, l'immunothérapie est une arme à côté d'autres armes qui existent et
05:27 effectivement utiliser aujourd'hui notre propre système immunitaire pour arriver à lutter contre la maladie
05:34 a constitué une partie des progrès que l'on voit aujourd'hui et est un aspect très important qui est en cours de développement.
05:41 Donc il faut donner, il y a un appel aux dons parce que ça coûte des fortunes tout ça.
05:45 Ça coûte effectivement ces technologies à la fois je dirais les machines pour faire ces recherches mais aussi le coût de chaque échantillon mais
05:53 aussi le prix des talents.
05:54 Garder en France les meilleurs de nos talents, éviter qu'ils partent aux Etats-Unis ou en Asie et arriver aujourd'hui à mener ces recherches coûte
06:01 effectivement beaucoup d'argent.
06:02 Vous me confirmez que parfois une injection c'est des dizaines de milliers d'euros ?
06:04 Effectivement même plusieurs centaines de milliers parfois.
06:07 Mais c'est tenable ?
06:08 Excusez-moi c'est tenable financièrement avec notre solidarité
06:11 aujourd'hui je dirais médicale et notre système de soins ?
06:15 Alors ça c'est une décision qui n'est pas une décision médicale c'est une décision sociétale mais je crois qu'aujourd'hui
06:20 arriver grâce à des traitements à guérir
06:24 plus de malades et si on imagine les cas les plus difficiles si on pense à un enfant par exemple
06:29 je crois qu'aujourd'hui effectivement le coût est justifié si on arrive à guérir ces patients.
06:34 Ce sont parfois de vrais médicaments sur mesure c'est à dire en quelque sorte
06:38 fabriqué le jour même pour la personne précisément et le lieu du corps qui a besoin d'être traité ?
06:43 Exactement alors le jour même c'est l'ambition en tous les cas mais clairement aujourd'hui on est capable de prélever
06:49 des cellules cancéreuses d'un patient, faire un traitement
06:52 spécifiquement dédié contre ces cellules et le réinjecter au patient pour le guérir.
06:58 Je voudrais revenir sur une autre idée reçue même si on arrive à l'éteindre un cancer revient très souvent et de manière encore plus agressive
07:03 est-ce que c'est encore vrai ?
07:05 Non c'est une idée reçue l'idée qu'il puisse y avoir effectivement des rechutes c'est malheureusement une réalité c'est la raison pour laquelle les patients sont suivis
07:12 et on est capable aujourd'hui
07:14 d'adapter une partie de ce suivi en fonction de l'agressivité de la maladie justement
07:18 et aussi essayer de faire peser un tout petit peu moins
07:21 sur ce suivi sur les patients avec notamment les technologies
07:24 digitales qui vont aider à le faire à distance. Alors comme vous m'en avez mis un sacré coup au moral
07:28 avec votre père Noël au début de l'interview
07:30 projetons nous dans l'esprit de Noël si vous le voulez bien on peut imaginer un jour un 100% de prise en charge qui aura des
07:36 résultats c'est à dire 100% de cancers que l'on pourra traiter avec des réussites.
07:40 Je crois qu'aujourd'hui c'est clairement un objectif qui est atteignable
07:45 100% des cancers ou quasiment sont aujourd'hui traités il y a très peu de malades qui sont
07:49 diagnostiqués à un moment où plus aucune thérapeutique n'est possible
07:52 il va y avoir de plus en plus de cancers dans les années à venir
07:55 il faudra s'organiser effectivement pour les prendre en charge les résultats vont
08:00 continuer à s'améliorer et probablement plus de malades seront guéris.
08:04 On parle très souvent du cancer du sein ou de celui du poumon est-ce qu'il y a des cancers moins médiatisés mais qui méritent tout autant
08:09 d'attention de prévention et évidemment de financement si vous voulez nous en citer peut-être qu'on n'y pense pas spontanément.
08:13 Bien sûr alors
08:14 fort heureusement parmi les les cancers les plus rares il y a ceux des enfants qui justifient et fait beaucoup
08:20 d'efforts parce qu'aujourd'hui ce sont de multiples maladies différentes il y a énormément d'efforts dans ce domaine là notamment à Gustave aussi
08:26 il y a ensuite des maladies effectivement plus rares et notamment des formes chez les sujets les plus jeunes par exemple dans certains cancers digestifs
08:32 etc dans les cancers du pancréas mais il y a aussi des maladies beaucoup plus rares comme les sarcomes qui justifient
08:37 effectivement qu'on arrive à mener des efforts équivalents dans l'ensemble de ces pathologies.
08:42 Ah oui et non le pancréas on y arrivera un jour ?
08:44 Oui on y arrivera.
08:45 Il terrifie ce cancer.
08:46 Oui c'est normal c'est une forme de maladie extrêmement agressive pour certaines d'entre elles mais on va y arriver.
08:50 Malheureusement les dons de particuliers sont en baisse -10% en 2023 c'est pour ça que vous menez cette campagne pour les dons
08:57 à la recherche contre le cancer rendez vous rendez vous donc sur le site gustavroussi.fr ou bien vous envoyez don 10 d on
09:04 !