SMART BOURSE - Rally général : risque d’overdose de hausse ?

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Vendredi 22 décembre 2023, SMART BOURSE reçoit Christian Parisot (Président, Altair Economics) et Alexandre Baradez (Chef analyste, IG)

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00:00 *Musique*
00:10 Deux invités avec nous ce soir pour décrypter les mouvements de la planète marché et venir conclure cette année 2023 qui se termine de manière spectaculaire.
00:18 Alexandre Baradez est avec nous, chef analyste chez IG. Bonsoir Alexandre.
00:21 - Bonsoir Édouard.
00:22 - Et Christian Parizeau qui nous accompagne également. Bonsoir Christian.
00:24 - Bonsoir.
00:24 - Merci beaucoup d'être là. Vous êtes économiste et président d'Altaïr Economics.
00:28 Alexandre, commençons par la dimension marché bien sûr.
00:32 Est-ce qu'on est au bord de l'overdose en cette fin d'année ? Overdose de hausse bien sûr en cette fin d'année et peut-être même sur les premières séances ou les premières semaines de 2024 ?
00:41 - On a toujours le même sentiment, le même positionnement surtout des marchés futurs et marchés obligataires qu'après la réunion de la Fed.
00:48 Et les statistiques dont on en parle un petit peu, pas seulement l'inflation PC mais les autres qui apparaissent résilientes,
00:54 commande de biens durables typiquement aujourd'hui, ne changent pas ce sentiment que le marché considère qu'il y aura toujours 6 baisses de taux,
01:00 progresser à 82-83% pour l'année prochaine, là où les membres de la Fed eux-mêmes parlent, en tout cas le 13 décembre dans leur dernière projection, de 3 baisses de taux de 25 points de base.
01:08 Donc il y a toujours un grand écart qui est présent mais c'est clair que les chiffres d'inflation du jour nous amènent plutôt sur la voie de Jerome Powell.
01:17 Je ne vais pas y aller complètement mais nous amènent quand même plutôt dans cette voie-là d'inflation qui continue de ralentir.
01:22 Et donc le marché continue de dire que finalement c'est des bonnes nouvelles, la croissance tient, l'inflation baisse donc on est parti pour un soft lending.
01:30 Et c'est là qu'il faut s'entraîner un peu dans la nuance.
01:33 La question de l'anticipation par rapport à l'inflation est déjà, moi je le trouve bien, même largement dans les cours.
01:40 La question de la vitesse de retour par contre de l'inflation, ce n'est pas tant la trajectoire, c'est le temps qui reste à parcourir pour arriver à 2%.
01:48 Et cette semaine on a eu des membres de la Fed, on peut parler de cette manière-là, mais c'est Gwendoly, vice-président de la BCE,
01:55 qui parle donc de cette convergence nécessaire vers le 2% et d'y rester de manière stable.
02:00 Cette question de la durabilité, de l'ancrage des 2% me paraît importante parce que Isabelle Schnabel a parlé de même propos aujourd'hui,
02:10 Christine Lagarde qui s'inquiétait un petit peu de la question des salaires.
02:12 On sent qu'il y a ce besoin de plateau qu'elle avait rappelé d'ailleurs, pas assez de l'étage, je ne sais plus, liquide ou gazeux,
02:19 mais il y a une phase de transition qui est nécessaire.
02:21 Et moi je me demande à ce stade si ce plateau est bien intégré par les marchés.
02:27 La durée de ce plateau entre deux étapes, on est passé très vite d'une réflexion sur à quand le taux terminal à tout de suite les baisses de taux
02:35 et beaucoup de baisses de taux dans le coup, finalement en occultant un peu cette question du plateau nécessaire face à une économie
02:41 qui est quand même, on le voit encore aujourd'hui, résiliente aux Etats-Unis,
02:44 faut regarder l'indice de surprise économique américain, c'est ça qui a déclenché le rallye initial.
02:48 Il baisse, pendant 5 semaines, ça baisse, signe que les stades sont sous attentes.
02:52 Et puis depuis 15 jours, rapport sur l'emploi, ISM service, vente au détail, commande bien durable, c'est plus résilient,
02:58 ça fait remonter les anticipations de croissance de la fête d'Atlanta à 2,7, donc ça ralentit, oui,
03:03 mais est-ce qu'on considère du coup sur l'ensemble de l'année qu'on est sur un lending ou presque un no lending à ce stade ?
03:08 Et moi j'ai l'impression que c'est un peu ça que le marché sous-estimerait un petit peu,
03:12 cet aspect de résilience d'un côté et de temps encore nécessaire pour arriver au 2% et ancrer les 2%.
03:17 Et alors qu'en zone euro, on se dit, finalement, la gare autre, on aurait dû parler plus souplement,
03:22 on voit que c'est la question des salaires et je pense que ça aussi c'est un élément peut-être que le marché sous-estime un petit peu à ce stade.
03:27 Les salaires en zone euro, sur la dernière estimation, enfin la dernière chiffre trimestriel,
03:30 si on prend les salaires négociés en zone euro, c'est plus de 5%, et aux Etats-Unis c'est encore 4%.
03:35 Donc est-ce que ça c'est compatible avec ce retour, cet ancrage des 2% ?
03:40 S'il y a de la productivité, des gains de productivité supposés aux Etats-Unis, il n'y en a pas.
03:44 Moi ce que je constate avec ça, j'adore, vous avez cité des membres de l'ABCE,
03:48 Louis de Guindos c'est le vice-président de la Banque Centrale, moi je vois une zone euro avec un niveau d'activité faible, médiocre,
03:56 et qui est peut-être amené encore à se détériorer, avec une inflation de cœur qui reste, je prends le dernier chiffre, 3,6%.
04:03 Je vois aux Etats-Unis, des surprises économiques qui remontent, effectivement, une activité qui est toujours dans ce schéma d'extrême résilience,
04:10 mais dans le même temps, on a vu parallèlement l'inflation continuer de surprendre à la baisse.
04:14 Pour le coup, jusqu'au PCE publié pour le mois de novembre, alors on a eu la version définitive du PCE,
04:19 l'indice des prix liés aux dépenses de consommation des Américains,
04:23 on a eu la version définitive pour le troisième trimestre qui est tombée à 2% pile sur un an pour le corps PCE,
04:28 et quand on reprend la mesure mensuelle du mois de novembre, là aussi, on voit bien que le momentum est en train de fléchir,
04:35 et qu'on est encore surpris par la baisse de ce type d'indicateur de prix et d'inflation.
04:40 - On est dans ce fameux dernier kilomètre, et d'ailleurs on voit qu'on s'interroge, ça en a baissé aussi...
04:44 - Est-ce qu'on ne l'a pas déjà parcouru ce dernier kilomètre ?
04:47 - C'est en tout cas le positionnement actuel des marchés, il est...
04:50 - Sur des mesures tronquées d'inflation, par exemple le corps PCE, on le regarde sur un an,
04:55 mais on peut le regarder sur 6 mois annualisés, par exemple, qui donne une lecture différente, il est déjà à moins de 2%.
05:00 - Il y a deux choses par rapport à ça, si on prend la partie corps PCE, donc la mesure qui ressort dans les projections de la Fed,
05:05 on était de mémoire à 5,5 ou 5,6 au pic, donc c'est pas non plus un pic à 10, c'est pour la façon globale,
05:10 la façon corps PCE c'était 5,5, il a fallu 21 mois, je vais regarder ça avant de venir,
05:13 21 mois pour passer de 5,5 ou 5,6 à 3,2, donc pour passer de 1, on est d'accord qu'il y a une pente,
05:19 il y a un plateau, puis on a un momentum qui est quand même avec nous, mais le temps qu'il a fallu pour passer du pic au niveau actuel,
05:26 pour moi garanti encore plusieurs trimestres avant d'arriver à 2, s'assurer qu'on y reste,
05:29 et sur la réflexion sur l'aspect 6 mois annualisés, si vous regardez un graphique sur 15 ans de ce comparatif 6 mois annualisés
05:37 et inflation corps hier tout hier, donc un donné annuel, il a toujours tendance à overshooter à la hausse ou à la baisse,
05:44 c'est-à-dire qu'il montre l'attente.
05:47 C'est une mesure de momentum.
05:49 Voilà, vous voyez par exemple, pendant la crise des suprêmes il était passé en négatif ce 6 mois annualisé,
05:53 alors que l'inflation corps PCE au pire de la crise des suprêmes était assez dans la zone des 1%.
05:58 C'est une mesure de momentum, mais ce 6 mois annualisé, alors c'est vrai qu'il fait beaucoup parler,
06:04 il est mis en avant par les banquiers centraux eux-mêmes, vous allez nous dire ce que vous en pensez Christian,
06:08 sur les 6 derniers mois annualisés le corps PCE tombe à 1,9%, sur les 6 mois précédents annualisés on était à 4,5,
06:16 ça montre bien quand même, voilà, quand on décompose comme ça le momentum d'inflation,
06:20 on voit bien quand même cette désinflation en cours et peut-être plus rapide que ce qu'on pouvait imaginer.
06:27 Donc je pose la question, est-ce qu'il ne faut pas s'en inquiéter ? C'est ça le problème.
06:31 Est-ce que ça, ça va être une des questions de 2024 ? Parce que là tout est rose pour les marchés,
06:35 mais est-ce qu'à un moment cette vitesse de désinflation va soulever des interrogations un peu plus lourdes et un peu plus négatives ?
06:39 On est tous étonnés, alors il y a les effets de base, les effets de base on peut les calculer,
06:43 on savait que l'inflation allait ralentir, on est quand même étonnés de la violence du mouvement de désinflation
06:48 et c'est peut-être là qu'il faut peut-être se poser une question.
06:50 Oui le marché s'est félicité, super, on a tué l'inflation, il n'y a pas de boucle prix-salaires,
06:55 ça on est entièrement d'accord, même si les salaires sont un peu forts, on n'a pas eu une surenchère,
07:00 moi je pense qu'il y aurait eu un risque de boucle inflationniste si par exemple on avait vu une inflation à 8%
07:06 et que les salaires montaient de 15%, là on pouvait craindre que ça s'auto-alimentait et on n'en sortait pas.
07:11 Là, quoi qu'il arrive, on a quand même une tendance au ralentissement des salaires,
07:15 on a quand même des prix des biens qui ont beaucoup baissé, qui vont moins baisser prochainement
07:21 parce qu'on a atteint sûrement un point bas et on a quand même quelques matières premières,
07:25 quelques coûts qui augmentent et on voit que dans les deux déniquettes,
07:27 on a des industriels qui nous disent qu'ils remontent un peu les prix,
07:30 donc je dirais que le gros de la désinflation des biens est passé, je mets hors biens énergétiques naturellement,
07:34 mais dans le cœur des biens c'est passé et dans les services c'est un tout petit peu plus résilient,
07:38 mais on a le sentiment qu'il n'y a pas véritablement de capacité à remonter les prix.
07:43 Et d'ailleurs, toutes les publications qu'on a eues, un peu décalées, en gros,
07:47 Nike nous dit "on n'arrive pas à remonter les prix, on vend bien nos chaussures
07:51 que quand on fait des promotions sur internet et puis aussitôt la demande elle retombe",
07:54 donc ça veut dire que le consommateur n'admet pas de prix.
07:57 Vous avez dans les céréales, on a eu aussi une publication de General Mills qui dit
08:01 "ben voilà, on a remonté tellement nos prix que maintenant on voit que ça pèse sur la demande
08:04 et que maintenant on a de nouveau, et ça c'est important, il a dit "de nouveau on a une élasticité prix du consommateur".
08:10 Donc ça veut dire que demain ils vont quand même être beaucoup plus prudents pour remonter le prix de leurs céréales
08:14 parce qu'ils savent qu'ils vont le payer sur une baisse de la demande.
08:16 Donc il n'y a plus d'acceptation de la part du consommateur de hausses de prix.
08:20 - Et donc c'est la fin de l'inflation tirée par les marches ?
08:22 - Alors pourquoi ? Très clairement, c'est ça que n'a pas intégré le marché, moi je pense.
08:26 Et c'est là où il faudrait peut-être se poser la question.
08:28 - Le marché action ?
08:29 - Le marché action, naturellement. Le marché obligataire, non mais il a raison, le marché obligataire, il a raison.
08:32 Il dit voilà, le risque inflationniste, c'est encore un peu fort, il va y avoir un petit rebond de l'inflation au début de l'année prochaine en Europe,
08:38 mais c'est du technique, c'est la fin de l'effet modérateur, des effets de base sur les énergies.
08:43 - Le marché sait voir à travers ça ?
08:44 - On se doute qu'il va y avoir une petite accélération de l'inflation, mais ça va faire pas...
08:47 Enfin j'espère, j'ose espérer que ça fera paniquer personne, et nous on sera là pour le dire que c'est un peu normal.
08:52 Donc il y aura peut-être, ça sera pas un long fleuve tranquille, on sait que ça va ralentir et qu'on n'y va pas en ligne droite,
08:58 mais c'est pas, pour moi, le fond du problème, c'est d'une part de se poser pourquoi ça s'est retourné aussi vite ?
09:04 Et qu'est-ce qui fait que d'un seul coup, vous avez des entreprises qui vous disent "j'ai plus la capacité",
09:08 c'est qu'il se passe quand même quelque chose dans l'économie, qu'on a bien l'impact du durcissement des politiques monétaires,
09:12 et c'est "on va l'avoir à plein en 2024", alors moi je veux bien qu'on se réjouisse, ils vont baisser les taux, mais les taux c'est pas immédiat,
09:18 et on va avoir au moins sur le premier trimestre, deuxième semestre, au premier semestre, au moins un impact du durcissement à plein du durcissement des politiques monétaires.
09:25 Alors ils peuvent baisser agressivement, mais ça s'ouvre pas, on aura bien cet effet là.
09:29 On voit qu'aujourd'hui, on va passer d'entreprises qui avaient gardé leurs marges à des entreprises qui disent "ça devient dur, on est obligés, on peut plus monter les prix,
09:35 donc on est obligés de compresser nos marges", et puis on va peut-être avoir de nouveau des entreprises qui annoncent des licenciements, des restructurations,
09:42 et là on va commencer à craindre sur le marché du travail. Et donc, quelque part, la grande thématique pour moi, début déjanvier, ça va être
09:50 "est-ce qu'on en a pas trop fait en 2023 ? Est-ce qu'on attend les baisses des taux ?"
09:54 - Comment ça "trop" ? Est-ce que la Fed n'a pas sur-resserré ?
09:59 - Sur le fond, le mouvement d'inflation et de désinflation, ils n'en sont pas responsables, c'est pas eux qui ont fait ça, c'est pas la hausse des taux aujourd'hui qui explique la désinflation,
10:08 on est tous d'accord là-dessus, mais par contre, les impacts de politiques monétaires, on les voit aujourd'hui sur la distribution de crédits,
10:15 on les voit aujourd'hui sur le consommateur américain qui est complètement étranglé sur le remboursement de ses crédits à la consommation avec des taux d'intérêt à 22%,
10:22 on le voit aujourd'hui sur les taux de défaut sur les crédits à consommation, on le voit sur un marché immobilier où on a eu un pouvoir d'achat qui a été laminé,
10:28 un pouvoir d'achat immobilier des ménages qui a été complètement laminé et qui pèse quand même, alors même si ça s'améliore un petit peu avec la baisse récente des taux hypothécaires,
10:35 mais bon, on est quand même sur des niveaux de taux qui sont à 2000, qui nous ramènent à 2000, donc même si ça a un peu baissé, il faut quand même relativiser un petit peu,
10:44 on est quand même sur vraiment l'impact du durcissement des politiques monétaires, les conséquences sur l'activité et donc c'est là où je suis un peu mal à l'aise,
10:52 c'est-à-dire que oui, on a sous-estimé le mouvement de désinflation, il est là et je pense que c'est moins en moins une problématique et je comprends que le marché se réjouisse en disant
11:00 "ça y est, on peut mettre ça de côté", mais le côté soft landing me gêne un petit peu, le côté où tout va bien, on n'a pas, et la grosse crainte que je vais avoir,
11:07 je pense qu'au premier semestre, ça sera "est-ce qu'on n'a pas un ralentissement plus marqué ?"
11:12 On pourrait avoir une phase de quelques mois ou d'une perte de trimestre, comme vous dites, Christian, où on aurait les effets négatifs du resserrement monétaire,
11:23 du taux de 10 ans américain qui était à 5% il y a encore quelques semaines, il y a toujours un effet de transmission, sans avoir encore, pour l'activité économique,
11:32 les effets bénéfiques de la baisse des taux, de l'anticipation de la baisse des taux, comme c'est anticipé, c'est déjà dans le marché, les taux réels ont déjà baissé,
11:38 donc on pourrait avoir un entre-deux où on aurait encore la souffrance du passé, la douleur du passé, sans avoir encore les bénéfices des baisses de taux futures.
11:47 Oui, parce que ce qu'on va avoir, très clairement, c'est déjà des taux de crédit à consommation, alors il y a Europe et États-Unis qui sont un peu différents en termes de problématiques,
11:55 mais si vous prenez le consommateur américain, sa grosse fragilité, c'est quand même d'avoir consommé à crédit tout au long de 2023, notamment avec les crédits à consommation,
12:03 et ça, ce n'est pas les taux longs, c'est quand même plutôt...
12:06 L'endettement rapporté au patrimoine ou au revenu, il n'est pas dans les zones extrêmes qu'on a pu connaître, justement, avant ce prime, etc.
12:17 Là, ce qui est en train de vraiment ralentir dans la consommation, ce sont les jeunes de moins de 40 ans, enfin, les jeunes et les personnes de moins de 40 ans,
12:23 parce que ce qui se passe aux États-Unis, c'est si vous êtes propriétaire de votre maison, que vous avez remboursé votre crédit hypothécaire, que vous n'avez pas de crédit à la consommation,
12:30 vous n'avez pas de crédit étudiant, la situation n'est pas dramatique, vous avez un marché du travail qui est tendu, vous avez des hausses de salaire de 4%, vous n'êtes pas dans une situation...
12:41 Par contre, vous êtes jeune, vous ne pouvez pas acheter une maison, vous avez les prix des loyers qui continuent de monter de 5%, il ne faut pas l'oublier,
12:47 dans l'inflation aujourd'hui, c'est quand même en grande partie des loyers.
12:50 Alors, les loyers fictifs, ils s'en foutent un peu, le propriétaire, le loyer fictif, il le paie par définition, c'est une estimation que fait le BLA,
12:56 mais le vrai loyer aujourd'hui, il y a des gens qui le payent, et ça, ça joue, et puis vous avez les remboursements de crédit étudiant qui viennent de reprendre.
13:04 Donc ça, ça veut dire qu'il y a une partie de la consommation qui est très clairement affectée aujourd'hui, et plutôt sur les jeunes,
13:11 et plutôt le risque, c'est un durcissement des conditions de crédit sur les crédits à la consommation, et ça a été quand même le gros moteur de la consommation sur 2023.
13:19 Donc vous avez ce risque-là au niveau des Etats-Unis, et au niveau de l'Europe, moi je pense que le risque viendra plutôt du marché du travail,
13:25 qui pourrait commencer à vraiment se dégrader, parce que dans les deux lignes d'enquête, on commence à voir un vrai retournement des entreprises européennes
13:32 qui commencent à parler véritablement de réduire leurs effectifs, en tout cas, déjà...
13:36 - Même dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre comme on connaît, de pénurie de compétences...
13:40 - On l'a déjà vu avec l'intérim, l'intérim commence à s'être retourné...
13:43 - Justement, c'est la variable, ça !
13:44 - Oui, c'est la variable, mais on commence toujours par l'intérim, on n'attaque jamais par un licenciement...
13:49 Donc, non, je pense qu'il y a quand même ce phénomène d'insécurité...
13:53 - Il y a même des centaines de milliers de personnes qui vont sortir du marché du travail en Europe dans les prochains mois, les prochaines années...
13:58 - Alors, pas en France !
13:59 - Ne serait-ce que par effet démographique...
14:01 - Pas en France, et puis ça, c'est du long terme, c'est pas du conjoncturel, il faut faire attention.
14:05 Alors je ne vous dis pas que ça sera la grosse vague de licenciements massifs, il y a des choses qui vont se maintenir,
14:09 mais il faut faire quand même attention, on a quand même du conjoncturel, et puis on a quand même des entreprises qui ont fait le gros dos tout au long de 2023,
14:16 et moi, l'essentiel, et ce que je regarde, c'est le problème de marge.
14:20 C'est aujourd'hui ça.
14:21 C'est-à-dire que vous ne pouvez pas avoir une désinflation sans que quelqu'un le paye.
14:24 Et aujourd'hui, le coût, il est forcément sur les marges.
14:28 - On va gommer cette bosse de ce qu'on va appeler les surprofits, l'inflation tirée ou générée par la reconstitution des marges des entreprises,
14:36 au-delà des niveaux historiques, cette bosse-là va s'effacer.
14:38 - Elle va s'effacer.
14:39 Et donc il faudra voir la réaction derrière les entreprises.
14:41 Alors la BCE se réjouit, elle nous dit clairement, si c'est les marges, après c'est gagnant-gagnant,
14:46 parce que si c'est les marges qui sont affectées, ça veut dire que les entreprises n'ont pas la capacité à relever les prix,
14:52 donc elle est rassurée sur l'inflation, et même si les salaires progressent un peu trop vite à son goût,
14:56 elle dira, si c'est les marges qui font, ça ne va pas continuer.
14:59 Par contre, si elle voit que l'inflation ne ralentit pas parce que les entreprises réussissent à maintenir leurs marges,
15:03 ça veut dire qu'il y a encore une capacité à relever les prix, que le consommateur accepte ces hausses de prix,
15:09 donc on n'a pas encore appuyé assez sur le frein, et donc elle dira, il ne faut pas surtout baisser les taux.
15:13 Donc vous voyez qu'on est encore pas mal à la certitude, mais la clé, ce n'est pas les indicateurs d'inflation,
15:17 pour moi c'est les indicateurs d'activité au début d'année.
15:19 - C'est l'activité maintenant.
15:20 - C'est vraiment la problématique centrale pour le début d'année.
15:22 - D'ailleurs on voit, ils sont beaucoup plus à l'aise, beaucoup plus forward-looking sur l'inflation,
15:25 ils ne regardent plus uniquement dans le rétroviseur, mais par contre, c'est les données, marché du travail, activités,
15:30 qui vont être clés pour les banquiers centraux.
15:34 Alexandre, il y a la question Fed-BCE, qu'est-ce que ça peut créer effectivement, peut-être comme perturbation dans le marché,
15:41 si les deux banques centrales ne sont pas au diapason, ne sont pas synchrones,
15:44 et on a vu que jusqu'à présent, Christine Lagarde n'est pas du tout partie dans la roue de Jérôme Poel,
15:49 le 14 décembre, au lendemain du discours du patron de la Fed,
15:53 il y a toujours une réticence, une prudence du côté de la banque centrale européenne,
15:57 est-ce que ça peut créer des perturbations dans le marché ?
16:00 - Sur le marché des changes, potentiellement oui, si la BCE tire en premier, que c'est un peu stérile,
16:04 parce que la Fed ne le fait que trois mois après, ça risque effectivement de créer des distorsions,
16:07 peut-être euro par rapport au dollar, plutôt marché des changes, du coup peut-être ramener un peu d'inflation importée via l'énergie ou autre,
16:12 mais pour moi c'est plutôt un problème d'analyse, de discours en fait.
16:19 On dit souvent de ne pas se battre contre les banques centrales,
16:22 alors on peut dire, du coup parfait, on ne se bat pas contre Jérôme Poel, il nous ouvre la porte des baisses de taux,
16:25 il n'a jamais dit que ce sera en mars la première, le marché lui, il price mars.
16:28 Alors est-ce que c'est important la première ?
16:31 Il y a un côté symbolique qui est quand même laid, et après il y a tout le stock de baisses de taux qui viendra derrière,
16:34 donc il y a à la fois la première date et le stock derrière.
16:37 La Fed nous dit, le stock pour l'instant prévu, c'est trois baisses de taux de 25 points de base,
16:41 donc est-ce qu'il nous garantit que ce sera bien au mois de mars ?
16:44 Et effectivement, moi l'analyse que je mène c'est un peu ça,
16:48 c'est l'analyse à la fois de, pas du tout de crainte de rebond de l'inflation,
16:51 attention quand on parle d'une résilience, d'un climat extrêmement plus dur,
16:54 - Vous avez raison, le 1er décembre, Jérôme Pouhelle nous dit,
16:56 prématuré de spéculer sur des baisses de taux, on est encore dans le schéma higher for longer,
17:00 deux semaines après, on ouvre la voie aux baisses de taux.
17:03 - Et c'est là que j'intègre l'analyse de Christian, c'est en gros,
17:05 est-ce que face à un ralentissement économique, qui est en zone euro,
17:08 et bien depuis quelques temps, qu'on a commencé à avoir aux Etats-Unis,
17:11 il y a une petite poche de résilience, mais probablement un ralentissement qui va encore se poursuivre derrière,
17:15 est-ce que le marché ne sous-estime pas ces effets-là sur les entreprises ?
17:20 Et on voit par exemple, regarder aux Etats-Unis, sur l'ASP500,
17:23 fin septembre, les anticipations de rebonds des bénéfices au T4,
17:26 les anticipations des analystes pour les bénéfices au T4, hier tout hier,
17:29 donc c'était plus de 8% de rebonds anticipés des bénéfices au T4.
17:33 En l'espace de deux mois et demi, on est passé à 2,4%, donc c'est presque divisé,
17:37 enfin, 10 fois carrément, donc non pas qu'on attend une contraction,
17:40 c'était le cas pendant trois trimestres, cette expansion T3,
17:43 mais ça veut dire que le marché aussi est un peu surfé là-dessus,
17:46 sur l'inflation se détend, les banques centrales vont commencer à pivoter,
17:49 et puis il y aura un rebond des bénéfices,
17:51 oui, mais le rebond des bénéfices, il était quand même pas mal rabaissé depuis quelques temps,
17:55 les anticipations de ralentissement de l'inflation, vous l'avez dit,
17:59 c'est presque au sens de l'année désormais,
18:01 donc que peut-on attendre de beaucoup plus rapide en tout cas ?
18:03 Donc y a-t-il pas un risque, effectivement, d'un peu de latence, de retard, de résilience,
18:06 dans le ralentissement de l'inflation, face à une économie qui ralentit ?
18:09 Et moi je me souviens très bien des discours, alors vous me direz, c'est du passé tout ça,
18:12 mais au début du cycle du redressement monétaire, les banquiers centraux disaient clairement,
18:16 s'il faut en passer par une phase de récession pour ramener l'inflation à 2%,
18:19 en gros c'était pas quelque chose qui les effrayait,
18:21 et je pense que pour Christina Garde et pour la BCE aujourd'hui, on est en plein dedans,
18:25 c'est-à-dire qu'on voit bien que c'est une situation qui est à tône,
18:28 qui n'est pas catastrophique, mais c'est une économie qui a bien ralenti,
18:32 et on voit que ça ne génère pas pour autant ce petit pivot qu'on aurait attendu de la part de la BCE,
18:37 ça ne génère pas pour autant, donc c'est qu'il y a bien quand même des craintes sous-jacentes,
18:40 moi je pense que les salaires en font un petit peu partie,
18:43 et du côté de la Fed, peut-être qu'effectivement, Jérôme Poire, j'ai vu une analyse là-dessus...
18:47 Est-ce que c'est une position de la BCE qui sera tenable encore longtemps ?
18:50 En tout cas, il y a ce stade.
18:52 Je sais bien, mais le marché n'écoute pas.
18:54 Les banquiers centraux ont donné ordre au marché d'être data-dépendant,
19:00 on nous a tous dit "la forward gain, c'est fini",
19:02 alors évidemment, maintenant que c'est fini, ils essayent tous de redonner un peu de perspective,
19:06 mais data-dépendant, le marché en zone euro, qu'est-ce qu'il voit ?
19:09 Il voit que l'activité n'est pas là, et il voit surtout que l'inflation est en train de s'évaporer à vitesse grand V.
19:15 Donc la position de la BCE qui est de dire "on attendra la série des salaires négociés pour le premier trimestre 2024,
19:21 voire le deuxième trimestre 2024", série qui sort des semaines après,
19:25 ça nous met quoi ? Deux premières parties du deuxième semestre 2024,
19:30 pour commencer à regarder si vraiment, oui, il n'y a pas de boucle prix-salaires,
19:33 et si on peut commencer à faire un pivot ?
19:35 Le marché dit "mais là, vous allez faire une erreur monstrueuse".
19:38 Si on ramène ça au marché par exemple, le rallye depuis six semaines sur le marché actions,
19:43 s'est déclenché, même un peu plus, avec la détente des taux.
19:46 Ce n'est pas parce qu'il y a des baisses de taux, et il y en aura obligatoirement l'année prochaine,
19:50 que les taux vont repartir sur les territoires où ils étaient.
19:54 Donc il y a quand même ce rapport de l'effet Tina, que le marché semble jouer à fond,
19:58 on a l'impression qu'à nouveau on repart...
19:59 La mémoire du passé nous fait dire qu'on reviendra au taux zéro,
20:02 et qu'on peut repricer les actions comme quand on était à zéro sur les taux directeurs.
20:07 Le rallye, la puissance du rallye qu'on a connu, quand vous dézoomez des graphiques sur 15 ans,
20:11 la dernière fois qu'on a eu des choses similaires en zone euro,
20:13 c'était à l'annonce du QE de la BCE en 2015 par exemple,
20:15 ou 2020 post-Covid quand il y a eu des excès verticaux.
20:18 C'est à ce moment-là, donc, le marché va repartir sur quelque chose de très très puissant,
20:21 alors que les taux, oui, s'ajustent par rapport à l'inflation, ce qui est logique,
20:24 mais tout le monde, je pense, est d'accord pour dire qu'on ne reviendra jamais à des 1,5 ou 2% de taux,
20:29 et que la moyenne va plutôt être sur les taux longs, peut-être plutôt proche des 3% que des 1,5 ou 1%.
20:34 Donc, cet effet, il y aura quand même du rendement qui sera toujours attractif, si vous voulez.
20:38 C'est ça le truc.
20:39 Où est le catalyseur à venir pour les actions, si effectivement il y a moins de baisse de taux,
20:42 si il y a l'effet Tina qui est peut-être un peu trop puissant à ce stade ?
20:46 Et puis un dernier truc que je trouvais intéressant à l'analyse, c'était Benoît Pelloy,
20:49 qui a fait une petite analyse, se demandant si finalement le geste de Jérôme Powell,
20:55 qui était effectivement en Christian Lyset, n'était pas attendu du tout,
20:57 on ne l'entendait pas à ce moment-là, voilà.
20:59 Surtout après son discours, début décembre, un jour avant, où il disait "l'insecte opposé".
21:02 Et Benoît Pelloy dit la chose suivante, il dit "est-ce qu'il n'y a pas une volonté de...
21:06 et Christian en parlait très bien, 60% des Américains sont posés sur des tas d'actions,
21:11 est-ce qu'il n'y a pas une volonté de lutter un peu contre les risques de ralentissement
21:14 par l'effet richesse immobilier, etc., induits par ce discours, pour contrer un peu les effets du...
21:20 Oui, mais donc, ça veut dire que les stats récentes sur 15 jours nous montrent plutôt comme une résilience.
21:25 Un geste, assiné à Tony Powell, qui ramène un effet richesse supplémentaire.
21:29 On voit d'ailleurs sur le marché du crédit immobilier aux Etats-Unis,
21:32 que les 100 points de base de détente sur les taux longs, les 170 points de base,
21:36 on le voit tout de suite les effets, du tac au tac, regardez les demandes de crédit hypothécaires,
21:40 elles ne repartent pas sur les niveaux stratégiques.
21:41 Il y a des effets domaines aussi, il y en a pas mal qui attendaient.
21:43 Il a un mandat sur la croissance aussi.
21:46 Je ne dis pas que ça va ramener de l'inflation, est-ce que ça ne freine pas la contour de l'inflation à deux portions ?
21:51 Parce que dans le sens où, moi j'ai en tête, et on a tous découvert,
21:54 enfin moi le premier en tout cas, qui était Arthur Burns, parce qu'il nous en a quand même parlé,
21:57 il nous a bassiné avec le trauma Arthur Burns au milieu des années 70,
22:01 donc l'homme avant Volcker, qui a le malheur de relâcher trop rapidement la lutte contre l'inflation des années 70,
22:10 ce qui oblige le successeur Volcker à mettre les taux jusqu'à plus de 14 ou 15%,
22:15 enfin j'en sais rien, au-delà de 10% pour les taux directeurs.
22:18 Dès le départ, Powell et Lafayette nous ont dit, ça c'est exactement ce qu'on ne fera pas.
22:23 C'est le risque qu'on ne prendra jamais, l'inflation, la lutte contre l'inflation,
22:27 c'est la crédibilité d'une banque centrale comme la nôtre, et donc jamais on ne prendra ce risque-là.
22:32 Bon, visiblement, aujourd'hui, ils sont prêts quand même à ne pas attendre ni la récession,
22:37 ni que l'inflation soit strictement à 2% sur une période durable, pour commencer à envisager de baisser les taux.
22:44 Je mettrais juste un petit bémol quand même, il faut faire attention, on oublie une chose,
22:47 on est trop focalisé sur les taux, mais il ne faut pas oublier que la Fed, elle reprend de la liquidité massivement.
22:50 Il ne faut pas oublier qu'elle a quand même une politique monétaire qui est beaucoup plus dure qu'en Europe.
22:55 Elle a des taux réels beaucoup plus élevés et elle reprend 100 milliards, l'Europe reprend 33 milliards par mois.
23:00 Donc vous avez un écart en termes de reprise de liquidité qui est beaucoup plus violent du côté de la banque centrale américaine,
23:06 et Powell se garde bien de dire "on va arrêter de reprendre le quantitatif tightening, on va l'arrêter".
23:13 Donc il ne faut pas oublier non plus que la banque centrale américaine, elle a aussi une politique monétaire
23:18 qui est aujourd'hui nettement plus restrictive si l'inflation venait à ralentir.
23:22 Donc je pense qu'ils ont été quand même surpris par la réaction du marché et l'ampleur de réaction d'ailleurs,
23:28 on l'a vu après dans les déclarations et les interviews.
23:31 On a envoyé John Williams dès demain pour essayer de...
23:33 Mais ça ne marche pas, ça ne marche pas !
23:35 Williams c'est quand même le président du FOMC.
23:37 Je sais, je sais, fête de New York, bien sûr !
23:40 Il est censé représenter le FOMC.
23:42 Powell est président de la banque centrale, mais lui il est président du comité monétaire.
23:47 Ce n'était pas une petite intervention.
23:49 Ah non, non, non, c'est un pro-joker qui l'a sorti.
23:51 Ça n'a pas eu du tout d'effet, donc ça montre un vrai problème.
23:55 Et ça prouve qu'ils ont été quand même un peu surpris.
23:57 Ils ont été surpris je pense par la réaction des marchés.
23:59 Alors après, est-ce qu'ils se sont dit effectivement que ça ne serait peut-être pas nécessaire
24:06 de casser complètement la croissance, de casser le marché immobilier ?
24:09 C'est vrai, je pense qu'il y a eu cet effet-là.
24:11 Maintenant, très clairement, ils sont mal à l'aise aujourd'hui
24:15 parce qu'ils ont envoyé un message et ils ont eu des marchés
24:19 qui ont largement surréagi sur les taulons, à mon avis, pour eux.
24:22 Et derrière, soit véritablement l'économie américaine réaccélère,
24:26 et là ils sont quand même assez mal à l'aise à mon avis,
24:29 parce que ce n'est pas ce qu'ils souhaitaient non plus.
24:31 Parce que dans toutes leurs prévisions et dans tout ce qu'ils nous ont dit,
24:34 c'est qu'ils anticipaient quand même pas une récession,
24:36 mais un ralentissement de l'économie américaine.
24:38 Donc c'est vrai que là, si on passe de 4,9 à 3 au quatrième trimestre,
24:43 que c'est censé être le ralentissement de la croissance américaine
24:46 et que le T1 venait à se réaccélérer,
24:48 ça ne serait pas forcément une position très adéquate pour eux,
24:51 même si je pense que l'inflation ne va pas repartir pour autant.
24:54 Mais ils seraient assez mal à l'aise avec ce rallye obligataire.
24:57 Et je pense que là, ils vont tenter d'ajuster un peu l'ordre.
25:01 Oui, mais il lui suffira de ne pas baisser les taux.
25:03 C'est assez confortable.
25:05 Il ne fait pas un pricing de marché très agressif.
25:07 Mais le pout de la Fed, ce n'est pas forcément un pout sur les marchés.
25:11 Ça peut jouer, les effets riches, mais c'est avant tout un pout sur l'économie.
25:15 C'est ce que disent aussi certains banquiers sans ponts.
25:17 Le marché prend ses paris.
25:20 Nous, on est la Fed.
25:21 On n'est pas obligés de suivre les marchés dans tout ce qu'ils font et dans tout ce qu'ils disent.
25:24 Donc il suffira de ne pas baisser les taux en mars.
25:27 Et puis le marché verra bien que les taux n'ont pas baissé en mars.
25:29 Et puis le marché va se décaler.
25:30 C'est clair que le marché a toujours été très agressif dans la rapidité de baisse des taux.
25:35 Il y a encore six mois, on disait que quand ils commenceront à baisser les taux, ça serait...
25:38 Parce que c'est la fonction de la Fed historiquement.
25:39 Franchement, le marché a toujours anticipé.
25:41 On peut décaler les anticipations.
25:42 Le marché a sous-estimé la hausse des taux.
25:44 Ça n'a pas forcément pénalisé Wall Street cette année.
25:47 Donc il faut faire attention.
25:49 Moi, ce que je dis juste, c'est que là, ils ont quand même eu une réaction étolen
25:52 qui a été un petit peu trop violente par rapport à leur discours.
25:55 Mais le vrai arbitrage, ce sera les indicateurs d'activité.
25:59 Si derrière, alors deux choses l'une, ce n'est pas ce que je prévieillis,
26:02 mais deux choses l'une, soit l'économie américaine rebondit trop fort et ils seront assez mal à l'aise.
26:07 Et à ce moment-là, il faut croiser les droits, qu'on n'ait pas trois indices d'inflation un petit peu au-dessus du consensus.
26:13 Parce que là, ça ne va vraiment pas être bon.
26:15 Parce que tout le monde doit dire qu'ils vont remonter les taux.
26:17 Même si je ne le crois pas, ce n'est pas mon scénario central.
26:19 Mais soit, effectivement, on a un ralentissement.
26:22 Mais moi, je ne crois pas au soft lending.
26:24 J'ai du mal, vu les chocs que l'on a eus, vu l'ampleur de la hausse des taux,
26:29 j'ai du mal à être toujours sur ce scénario soft lending.
26:31 C'est une ligne de crête.
26:32 Alors pour l'instant, on est dedans.
26:33 Mais vous dites, il y a forcément un pas de côté qui sera fait à un moment ou à un autre.
26:37 Voilà, à un moment donné, ça va basculer.
26:39 Après, ça c'est mon opinion.
26:40 Mais en tout cas, vous pouvez vous dire qu'il y a deux scénarios extrêmes.
26:43 Et que dans les deux, on est assez mal à l'aise pour Wall Street.
26:46 On va dire qu'on est assez mal à l'aise pour les actions.
26:48 Pour le marché obligataire, un peu moins.
26:50 Parce qu'il y a le côté des inflations qui va maintenir quand même les taux relativement bas.
26:54 Mais c'est vraiment le marché actions.
26:55 Donc je dirais que là, on a joué beaucoup la volatilité sur le marché obligataire.
26:59 Là, je pense qu'on peut rejouer un petit peu du VIX.
27:01 Ça ne coûte pas cher.
27:03 Mais c'est clair que le premier semestre sera un peu plus joli.
27:07 Après, si ce n'est pas un soft landing, est-ce que ça peut être pour autant une récession dure ?
27:11 Après ce que nous a dit Poel.
27:13 Et après, la volonté ou l'ouverture qu'il a montré pour accommoder la situation.
27:18 Alors, ne serait-ce que des baisses d'autos préemptives pour accompagner la désinflation.
27:22 On imagine bien que s'il y avait vraiment une rupture économique
27:25 ou le germe d'une activité qui sortirait du scénario de soft landing.
27:30 Pourquoi ils seront là pour intervenir ?
27:33 Alors, je dirais juste un petit bémol.
27:36 Il y a quand même beaucoup de choses aujourd'hui.
27:38 Ça peut se retourner très vite, surtout aux Etats-Unis.
27:41 C'est une économie très flexible.
27:42 On voit le marché de l'emploi qui peut se dégrader très très rapidement.
27:45 En plus, vous savez, les effets d'annonce.
27:47 Une boîte commence à dire qu'ils vont se restructurer.
27:50 On l'a vu un petit peu cette année avec la tech.
27:53 Tout le monde suit derrière parce qu'on suit le plan de communication des autres, des petits camarades.
27:57 Et donc, ça va très vite.
27:58 Et puis, n'oubliez pas, c'est où est le moteur ?
28:00 Parce qu'aujourd'hui, vous avez quand même l'environnement international
28:02 qui n'est pas très porteur au niveau du commerce international.
28:04 Vous avez l'investissement qui n'a pas trop souffert aux Etats-Unis
28:07 et qui reste quand même assez élevé pour le moment et qui pourrait quand même nettement ralentir.
28:11 Et vous avez les dépenses publiques qui vont être contraignantes.
28:14 Alors, moi, j'entends ceux qui disent qu'on est en année électorale l'année prochaine.
28:19 Mais n'oubliez pas une chose, c'est qu'il n'y a pas de majorité au Congrès.
28:22 Ils n'arrivent pas à se mettre d'accord sur un budget.
28:24 Donc, ça veut dire qu'il n'y aura pas un budget très expansionniste.
28:26 - Non, mais il y a un déficit. Mais oui, l'impulsion ne pourra pas être...
28:28 - Non, il y a des mesures, il y a des dépenses qui sont automatiquement coupées.
28:32 Donc, il faut qu'ils se mettent d'accord en fin janvier, en février.
28:36 Mais en tout cas, même s'ils reconduisent le budget normalement, il y a une partie des dépenses qui sont...
28:41 Donc, ça veut dire que la politique budgétaire sera restrictive pour la première fois depuis très longtemps.
28:45 C'est un budget inchangé.
28:47 Un budget inchangé s'ils se mettent d'accord.
28:49 Après, s'ils ne se mettent pas d'accord, c'est encore autre chose.
28:51 Mais s'ils se mettent d'accord, au mieux, on sait qu'on n'aura pas en 2024 une année expansionniste pour l'année électorale.
28:57 Donc, c'est quand même un élément qu'il faut tenir compte aussi.
28:59 Donc, où est le moteur ? C'est que le consommateur.
29:01 Donc, si le consommateur américain déraille un petit peu, ça peut aller très vite quand même.
29:04 Alors, je n'ai pas mis dans mes prévisions une récession catastrophique.
29:08 Mais attention !
29:09 - Non, mais avec ça, on comprend quand même la communication de Powell la semaine dernière.
29:12 - Il peut y avoir aussi un peu de prudence aussi.
29:14 - Il peut y avoir ça en tête aussi. Oui, oui.
29:15 - Ça peut être aussi un élément plus grand.
29:16 - Alexandre, sur les marchés, je reviens, overdose de hausse ou pas ?
29:19 - Voilà, il y a le court terme et puis après, effectivement, des horizons peut-être début d'année 2024.
29:24 - Oui, mais je reviens un peu sur ce que propose Christian.
29:26 C'est ça, c'est le côté un peu mal à l'aise.
29:28 Ce n'est pas seulement par rapport au niveau absolu, c'est même par rapport à la chèreté, à la valorisation.
29:33 Quand on regarde les anticipations de bénéfices de 12 mois, donc les multiples par rapport à ça,
29:37 on est remonté à 19,5 fois les bénéfices anticipés au niveau de ratio court bénéfice.
29:42 Les deux dernières fois où on était sur ces niveaux-là,
29:45 c'était la dernière fois sur la grosse poussée qu'il y a eu après la réouverture de l'économie chinoise,
29:50 des confinements, donc fin l'année dernière et puis une partie de l'année.
29:53 Ça a été corrigé au troisième trimestre et ça a reparti très vite là, avec ce dont on discute, c'est la détente des taux.
29:58 Et avant cela, c'était au moment du Covid, le post-Covid plutôt, donc déjà avant Covid.
30:02 On a fait des 19,5 fois, 20 fois, c'était tombé pendant Covid et après ça a passé les 20 jusqu'à 23, quasiment 24.
30:08 Là, c'est complet. Mais donc cette zone des 20, on voit qu'à chaque fois, en tout cas sur les 14 années,
30:13 quand on a passé pour de bon, c'était vraiment l'exubérance post-Covid.
30:17 Là, donc on revient sur des niveaux de valorisation, mais face à ça, vous avez des rendements, des taux, vous avez de l'alternative en fait.
30:24 Et l'économie, oui, elle va devoir ralentir un peu plus probablement aux Etats-Unis.
30:29 Donc, Nike, c'est un bel exemple de ça. Nike, c'est de la consommation, c'est du... Il y a de la Chine aussi là-dedans.
30:35 On a vu, d'ailleurs, c'est sur la Chine que l'aspect moteur effectivement chinois qui est toujours ralenti,
30:39 et puis la consommation qui, dans la fait, je pense, elle-même attend quand même qu'il y ait un petit ralentissement pour acter ses baisses de taux et conforter son discours.
30:46 Ça doit devoir se voir. Ça va se voir sur les valorisations.
30:51 Et moi, je pense que ce serait plus sain d'avoir des valeaux qui retombent dans les zones un peu des moyennes 5 en 10 ans,
30:56 c'est-à-dire en gros entre 17 et 19 fois, plutôt que 20 et au-delà.
31:00 Et là, on arrive un peu en zone un peu de surchauffe au niveau des valeaux.
31:02 Donc, comment on baisse les valeaux ? Soit vous avez une saison de résultat qui est un peu moins bonne que ce qu'on disait tout à l'heure,
31:06 qui est un peu bonne que ce qu'on attend, donc mécaniquement, ça vous diminue un peu les valeaux,
31:10 ou alors vous avez la correction de marché qui passe par là avant, par exemple, les résultats,
31:14 ou pendant la saison de résultat où les deux ensemble, correction de marché, résultat un peu moins bon.
31:17 Et dans ce cas-là, moi, le scénario qu'on écrivait ensemble, ce serait mon scénario du pire.
31:22 Moi, par contre, je ne suis pas très négatif à l'action.
31:23 Je pense qu'il serait sain, effectivement, d'avoir un VIX qui remonte un peu tantôt vers les 20, pas 40, mais vers les 20.
31:29 Et ce scénario qu'on voit un peu sur les indices européens, c'est-à-dire, regardez le CAC, le DAX, ça a une forme de biseau depuis le Covid,
31:35 donc on voit un énorme mouvement comme ça dans tous les sens, mais dans un biseau plutôt haussier.
31:38 Et moi, je verrais bien, de manière un peu saine, les indices rester dans ce biseau-là, dans ce biseau haussier,
31:43 et en sortir pour de bon, peut-être dans 12 mois ou un peu au-delà, quand on a assuré que l'inflation arrive bien à 2%,
31:50 que le ralentissement a aussi passé par là, que les taux...
31:52 Donc, je trouve que le ménage n'a pas encore été complètement fait pour justifier d'accélérer au-dessus du biseau.
31:57 Or, à ce stade, le DAX s'est passé un peu au-dessus, il revient, il cherche un peu le haut du biseau,
32:01 et le CAC, lui, hors dividende, est toujours dans son biseau.
32:03 Donc, je trouve que ces figures... Encore une fois, le chartisme, ça n'a pas l'air de prévenir,
32:08 mais ça peut créer un cadre psychologique où on se dit "Bon, si je n'ai pas tel élément, je vais rester dans cette zone".
32:13 Donc, passer sous le bas du biseau, là, il faudrait vraiment des trucs très très sévères.
32:16 Effectivement, récession surprise, très violente, puis une fête qui ne bouge pas trop ses taux tout de suite,
32:20 ou alors qu'il est baisse en catastrophe, un peu en mode subprime dans les premiers temps.
32:24 La première baisse du taux de la fête, généralement, n'est pas très favorable au marché d'actions, aux actifs risqués.
32:28 Mais j'ai du mal à croire.
32:29 Tout dépend quel sens...
32:30 - Et souvent après la première baisse des taux, parce que l'économie n'est pas bonne.
32:33 - Un plan d'urgence.
32:34 - Mais pourquoi ce n'est pas un scénario de basse ? Pour moi, c'est un scénario du pire.
32:36 C'est ça, c'est la consolidation. On resterait dans des ranges de 10%, et le scénario, le risque, c'est le risque haussier.
32:41 C'est-à-dire que le marché a toute blinde, très vite, très haut, à nous, sans limite,
32:44 et que la fête, c'est obligé de taper un peu plus bas.
32:46 - Dans un schéma de marché qui resterait canalisé, comme vous dites, de consolidation, qu'est-ce qu'on privilégie ?
32:51 Où est-ce qu'on a envie d'être ? Est-ce qu'il y a des actifs, des indices, des zones géographiques qui seraient plus intéressantes que d'autres, justement, dans ce schéma-là, Alexandre ?
33:00 - Les Chinois sont très en retard, mais le problème, c'est que c'est très bien la Chine, c'est tout ce qui est émergent.
33:04 En termes de value, en termes de position graphique, l'un de l'autre, c'est des vrais socles, des vrais supports graphiques.
33:08 Donc, les points d'entrée paraissent toujours intéressants.
33:10 - Je ne sais pas, on vient de se prendre Tencent en Chine, ce matin.
33:13 - Non, c'est ça.
33:14 - Je rappelle que...
33:15 - Oui, non, mais...
33:16 - Oui, non, mais...
33:17 - Alors, rappelle que c'est pas cher, mais rappelle que le pouvoir chinois peut toujours, du jour au lendemain, d'un trait de plume, remettre des secteurs sous pression.
33:26 - C'est ça qui a fait très mal, parce que c'est pas la décision qu'ils ont prise sur les jeux vidéo en elle-même.
33:30 Elle est pas très, très pénalitaire.
33:31 - Non, pas plus...
33:32 - C'est la grosse surprise.
33:33 - Ah, ben, moins grave que celle d'il y a deux ans.
33:34 - La grosse surprise, c'est que...
33:35 - Mais c'est simplement qu'ils reviennent sur le travail.
33:36 - Voilà, ils les avaient réunis, ils leur avaient dit "ça y est, c'est fini, on relance", et puis...
33:38 - Bien sûr, bien sûr.
33:39 - Et ça, la mémoire du passé, de ce point de vue-là, elle est forte.
33:42 - Elle est forte, oui.
33:43 - C'était en 2021, d'ailleurs.
33:44 En 2021, ce qui a fait baisser les marchés asiatiques, enfin, la Chine, avant les autres, c'était ça.
33:47 - Ah oui ?
33:48 - L'Europe, les Etats-Unis ont baissé...
33:49 - C'est la mise sous coupe réglée de plusieurs secteurs, éducation, jeux, etc.
33:52 - 10 mois avant les autres, ça a commencé à baisser, et il y a toujours pas de relais, et on voit que les flux étrangers en Chine, flux directs étrangers, pareil, ça se contrale, c'est des choses qu'on n'a jamais vues, ça, donc...
34:00 Il y a toujours...
34:01 Et de l'autre côté, on voit quand même un peu de mieux sur l'aspect high yield chinois, ça se contrale un petit peu, pas les taux, la valeur obligatoire, les taux baissent un petit peu, on voit que les PMI d'activité sont un peu repartis en légère zone d'expansion pour la petite vise de manufacture.
34:13 Hier, on a vu un tout petit peu de mieux sur la balance commerciale récemment, donc il y a des signaux faibles que le marché, lui, a quand même joué à fond sur l'Europe, quand même, mais pour la Chine, on n'arrive toujours pas à...
34:22 Je dirais, ça peut être un thème un peu surprise pour l'année prochaine, s'il y a un tout sur la Chine un peu surprise, tant mieux, j'espère, mais après, le reste, c'est plutôt de dire, vu que tout a beaucoup monté récemment, la tech a déjà pris de l'avance avec le thème intelligence artificielle et autres, les cycliques beaucoup plus récemment avec la question de...
34:34 Donc je dirais que finalement, c'est un peu un part égal maintenant, c'est-à-dire que si ça devait consolider, il faudrait que la tech contribue, par les effets de l'auto, effets tidnaps qui sont un peu trop forts, et le cycle aussi, parce que la Chine quitte son premier élèment, parce que l'Europe peut toujours pas terrible au niveau macro, et parce que les Etats-Unis vont pouvoir encore ralentir,
34:48 donc pour moi, il y a justement un part égal, un peu de consolidation à avoir sur les cycliques et les croissances.
34:53 — Sur le thème de l'IA, Christian, et la pérennité de ce thème boursier, ce thème d'investissement, quand "Chat GPT" est sorti, c'était novembre 22. Au bout de quelques semaines, on était tous là à se demander si c'était pas le coup du Métaverse que nous avait fait Méta un an avant ou deux ans avant, Christian.
35:11 Bon, après une année comme 23, on a compris que c'était peut-être un peu plus persistant et pertinent que le Métaverse. Qu'est-ce qu'on peut dire de ce thème sur le plan boursier pour 2024 ?
35:21 — Alors c'est compliqué, mais ce qui est certain, c'est que c'est pas de la fumée, quoi. Ça existe. Alors ça existe parce que ça a traduit un flux d'investissement massif dans ces technologies.
35:33 On sait pas trop ce que ça va donner. On sait pas l'impact sur l'emploi. On sait que pour l'instant, c'est des coûts supplémentaires. Mais c'est des coûts qui sont acceptés par l'ensemble des entreprises.
35:42 C'est-à-dire que si vous prenez aujourd'hui les décisions des entreprises, vous voyez qu'aujourd'hui, elles sont en train de réduire leur budget. On l'a vu dans les résultats d'Accenture.
35:49 Ils ont une vraie pression sur tout ce qui est informatique, projets informatiques, sauf l'intelligence artificielle. Donc ce sont les budgets qui sont encore maintenus. Et il y a un vrai flux.
35:59 Maintenant, les gagnants aujourd'hui. Les gagnants aujourd'hui, on les connaît bien. Ça va être Nvidia. Pourquoi ? Parce qu'on est en train d'investir.
36:05 Et ceux qui en gagnent, ce sont ceux qui font les puces qui vont dans les serveurs. Et je vous rappelle, c'est des puces à 30 000 $. Donc voilà. On va dire qu'il y a de la marge.
36:12 Et on le voit aussi – on l'a encore vu, là, cette semaine avec Micron, Micron Technologies – qui lui fait de la mémoire qui rentre dans les puces de Nvidia.
36:20 Alors Micron, c'était pas terrible parce qu'eux, ils font de la DRAM qui est dans les smartphones. Les ventes de smartphones sont en baisse. Donc c'est pour oublier.
36:26 Et ils font de la DRAM, justement, qui rentre dans les PC. Et le PC n'est pas très porteur. Donc je dirais que 99 % du business de Micron, c'est pas bon.
36:38 Mais ils ont ce petit 1 % dans lequel ils font des marges énormes parce que comme tout le monde demande ses puces et qu'eux, ils ont les puces à large bande qui sont…
36:46 Enfin eux, ils font de la mémoire à large bande qui sont très bien margées. Ça a un effet sur leur marge qui est monstrueux. Et donc cette intelligence, en tout cas l'IA, c'est une vraie thématique de marché pour ceux qui fabriquent les pelles.
36:58 La vraie question, c'est que derrière, quelles sont les conséquences ? Alors ce qui ressort aujourd'hui, ceux qui sont les grands gagnants, ça va être des Microsoft, ça va être Google, ça va être Amazon Web Services.
37:08 Ce sont les trois gros. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, quand vous offrez de l'informatique dématérialisée, le cloud, il faut que vous offriez l'intelligence artificielle.
37:15 Et il n'y a que ces trois acteurs qui ont les moyens d'avoir leur propre puce, d'avoir leur serveur et d'avoir les moyens véritablement d'écraser la concurrence dans ce domaine et d'offrir ce qu'on appelle le cloud intelligent.
37:26 Donc avec les offres d'intelligence artificielle. Donc eux, ce sont pour l'instant les grands gagnants. La seule chose qui pourrait les casser, c'est le jour où on va délocaliser l'intelligence artificielle peut-être dans votre smartphone.
37:35 Parce qu'aujourd'hui, la grande idée, c'est l'intelligence artificielle. Vous demandez quelque chose, vous communiquez, vous parlez à votre smartphone, c'est envoyé au serveur, le serveur fait les calculs et vous renvoie la fonction.
37:45 Sauf que vous avez dans votre smartphone une énorme puissance de calcul déjà, qui est très largement sous-utilisée. Il n'y a que trois gamers qui utilisent véritablement la puissance des smartphones.
37:54 Et donc si un jour, on commence à voir vraiment le développement de l'intelligence artificielle délocalisé, là, ça va tout remettre en cause, tout ce que je viens de vous dire.
38:02 Et donc renouvellement du hardware, renouvellement du PC, des téléphones, etc.
38:07 Il y a la grande interrogation. Il y a aujourd'hui les PC pour l'intelligence artificielle qui sont en train de sauter avec des puces dédiées dans les PC.
38:14 Pour les applications.
38:15 Et on sait que les smartphones, ça peut être un revirement parce que si on a Google qui réfléchit, on ne sait pas trop ce que va faire Apple. Et c'est Apple qui donnera vraiment la direction.
38:23 Mais si Apple lance, parce qu'ils sont très en retard dans l'intelligence artificielle, mais ils lancent une intelligence artificielle locale, en plus ça va très bien avec leur marketing.
38:32 On préserve vos données, on ne les met pas partout. On est fermé. Et c'est sur votre portable et tout ça. Là, ça peut vraiment attaquer la valorisation de ces secteurs-là.
38:40 Donc les batailles sont à venir.
38:42 Oui, elles sont à venir. Mais ça va être passionnant cette année là-dessus.
38:44 Par contre, juste une chose. Ce n'est pas une thématique d'investissement macroéconomique. Je ne crois pas que ça va révolutionner la productivité du travail.
38:50 Ça mettra du temps à se diffuser dans l'économie. Ce n'est pas une révolution. C'est une thématique très américaine. Il ne faut pas se leurrer.
38:56 Si vous voulez la jouer, c'est une thématique micro de valeur. Et derrière, c'est un pari quand même sur des valeurs.
39:01 Après, sachant qu'on a déjà bien valorisé ceux qui fabriquent les pelles. Donc après, il faut savoir sur qui aller. Ça va être moins évident.
39:09 Nous saluons au passage Robert Solow, prix Nobel d'économie qui a disparu aujourd'hui, 99 ans je crois. Et notamment le concepteur de ce fameux paradoxe de Solow.
39:20 C'était à l'époque du PC, j'imagine. La productivité, on la voit partout, sauf dans les agrégats économiques.
39:28 Il parlait de la productivité générée par les nouveaux outils informatiques et l'informatisation, la numérisation.
39:33 Il y avait un discours assez intéressant de M. Currey, qui est responsable de la concurrence, qui disait que pour lui, l'intelligence artificielle, c'était un vrai casse-tête.
39:42 Parce qu'aujourd'hui, ça concentre le pouvoir entre trois acteurs, entre des acteurs très concentrés, ce que je viens de citer.
39:49 Et derrière, ça veut dire que c'est eux qui vont peut-être ramasser toute la valeur ajoutée de l'intelligence artificielle.
39:54 Et donc dans ce cas-là, c'est la valorisation de ces trois acteurs qu'il faut jouer. Mais pourcièrement, économiquement, c'est un vrai problème.
40:00 Les leaders du cycle technologique précédent continueraient d'être les leaders du cycle technologique tirés par le cadre.
40:07 Et on peut encore exploser les ballons.
40:09 Il faut qu'on s'arrête là-dessus, messieurs. Merci beaucoup d'avoir été les invités de Planète Marché pour conclure avec nous cette année 2023.
40:15 SmartBank reviendra bien sûr le 2 janvier prochain.
40:17 Christian Parizeau était avec nous, économiste et président d'Altera Economics.
40:20 C'est Alexandre Baradez, chef analyste chez IG.

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