Regardez L'invité de RTL du 26 décembre 2023 avec Jérôme Florin.
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00:02 RTL matin.
00:06 RTL il est 7h43, nous sommes en plein congé scolaire et vous êtes peut-être en train de
00:11 profiter de quelques jours de vacances chez vous ou à l'extérieur.
00:14 Combien de français partent-ils d'ailleurs durant ces vacances de Noël et où ? C'est ce qu'on va voir avec vous.
00:19 Vangelis Panayiotis, je rappelle que vous êtes le président de MKG Consulting, cabinet de conseil spécialisé dans l'hôtellerie et le tourisme.
00:27 Alors il y a un an, plus d'un français sur deux était parti, 55%.
00:30 C'était plus que d'ordinaire. Est-ce que cette année vous avez déjà une tendance ? Est-ce que ce sera plus ? Est-ce que ce sera moins ?
00:36 Non, on va rester sur la même tendance. On voit qu'un des grands enseignements de cette période Covid qui est derrière nous maintenant,
00:42 c'est quand même cette envie de se retrouver,
00:44 de profiter des vacances, de profiter de la vie, d'avoir aussi quelque chose qui était un
00:49 antidote à l'anxiété ambiante et donc finalement partir, se changer les idées, se retrouver en famille, ça reste quelque chose de très important.
00:56 On l'a évoqué tout à l'heure, l'inflation est là, on la voit depuis quasiment cet été. Il y a des arbitrages qui sont faits en termes
01:02 budgétaires. Partir peut-être de façon un peu plus raisonnable,
01:05 privilégier la famille, peut-être des locations, faire un peu moins de dépenses au restaurant, mais on va partir quand même.
01:10 Parce que je vous donne ce message trouvé tout à l'heure sur le groupe Facebook
01:13 d'RTL, "inflation en France, les produits coûtent trop cher, 1000 km de bouchons pour partir en vacances, cherchez l'erreur". Message de Didier.
01:21 C'est vrai, tout coûte plus cher, mais finalement... - Mais on part quand même. - Oui, il y a quelques années, vous savez, quand on achetait sa
01:28 maison, on entendait les prix de l'immobilier qui étaient en train de baisser,
01:31 on faisait des arbitrages, on partait pas en vacances, on mangeait des pâtes. Aujourd'hui, on continue à manger des pâtes, mais on veut absolument partir.
01:36 C'est une consommation qu'on ne veut plus arbitrer, ou en tout cas le moins possible. - Alors on part et on part où ?
01:41 - Alors on va retrouver les grands classiques, parce que c'est la période des fêtes, donc les fêtes, on se retrouve.
01:46 Donc c'est important d'aller voir sa famille, de fuir Paris pour les parisiens, qui a quand même un grand bassin, c'est pour ça qu'on a
01:52 beaucoup de bouchons. Et puis après, en fonction de si vous appartenez à la classe moyenne ou à la classe moyenne supérieure,
01:59 voire les privilégiés, alors là on va avoir des choix qui sont assez différents.
02:02 La montagne, ça représentait à peu près 10% des français qui aiment bien pratiquer régulièrement
02:07 l'activité de ski, se retrouver à la montagne. - Là, sur la montagne, j'ai l'impression que les taux de réservation sont plus élevés que l'an
02:13 dernier. - Oui, on est un peu en avance. - Sur les premiers chiffres que vous avez. - Alors on fera le bilan dans quelques semaines, mais
02:18 globalement, ce qu'on avait, c'était qu'on était en avance par rapport aux réservations de l'année dernière. L'année dernière, c'était pas si mal, donc on
02:23 imagine que cette année, ça va être probablement au moins aussi bien, si ce n'est peut-être un petit peu mieux. Et puis, il y a cet
02:28 effet de demande et d'offre, donc finalement, quand vous avez
02:31 beaucoup de personnes qui veulent partir à la même période, il y a forcément un impact
02:35 sur les prix. Donc on est en train de surveiller, là, comment fonctionnent et réagissent les prix, et comment se font les arbitrages des français,
02:42 puisqu'on l'a vu dans les bouchons, bah ils partent.
02:44 On va essayer de comprendre où et comment. - Bon alors, la montagne, ça reste quand même une minorité, 10%, vous disiez, mais ce que vous
02:50 découvrez là, c'est qu'il y a une nouvelle répartition, en fait, sur l'ensemble du territoire, une sorte de
02:57 revanche de la campagne post-Covid. - Oui, c'est un peu ce qu'on avait appelé le "revenge travel" à une certaine époque.
03:03 Donc on a des rééquilibrages qui se font entre les régions, on voit que le Grand Est revient
03:09 plutôt pas mal, on a ce succès des marchés de Noël, donc ça a été plutôt un
03:12 signe intéressant. Et puis il y a toujours les grands gagnants qu'on avait de cette période, des trois, quatre dernières années, la Bretagne, le littoral
03:20 atlantique, bah voilà, ça fonctionne très bien, les gens aiment bien, la Normandie, pour cette proximité avec le bassin de population
03:26 parisienne, voilà, tout ça, c'est des choses qui marchent bien. Et puis les gens, finalement, ont un petit peu évolué. Ils se disent, est-ce que,
03:32 finalement,
03:34 redécouvrir la campagne française,
03:35 est-ce qu'on peut partir un peu moins loin, mais un peu mieux ? Donc on est un petit peu dans cet arbitrage,
03:40 même si, et peut-être on en parlera, il y a le retour aussi des longs courriers. Maintenant, on peut de nouveau
03:45 voyager et aller un petit peu plus loin, mais pour la grande majorité des Français,
03:49 aussi parce qu'il y a cette contrainte sur le pouvoir d'achat, on va privilégier de rester en France et la proximité.
03:54 - Vous parliez des marchés de Noël, sur le marché de Noël de Strasbourg, par exemple, il y a une hausse significative du tourisme venu d'Espagne.
04:01 Vous l'expliquez comment ? - On vient voir des expériences qui sont un peu nouvelles, donc pour eux, ça change un peu. Ils aiment bien ce côté un peu festif.
04:07 Et puis, quand on voyage, on cherche à s'enrichir personnellement. Donc finalement, aller découvrir une expérience des terroirs, des cultures,
04:15 des traditions qui ne sont pas les nôtres tout au long de l'année, c'est aussi un véritable enrichissement. - Oui, mais pourquoi les Espagnols, cette année,
04:21 viennent à Strasbourg ? - Il y a des phénomènes comme ça, qui sont plutôt liés à des tours opérateurs, qui vont aller
04:27 organiser ou des lignes aériennes, qui vont favoriser tel ou tel type de clientèle.
04:31 - Bon alors, la montagne, ça marche, vous l'avez dit, bon ça concerne 10% des Français. Paris aussi, Paris,
04:37 prisé par les Français et les étrangers, avec
04:40 des réservations plus tôt que les années précédentes ?
04:43 - Alors, surtout les étrangers, c'est vrai que Paris n'est pas trop visité par les Français.
04:48 L'inverse, c'est plus vrai, mais dans ce sens-là, ça marche moins bien, même si le monde entier nous envie Paris.
04:54 - Toujours, malgré l'image de Paris écornée, le risque d'attentat ? - Alors, c'est sûr qu'on adore le French bashing, on voit bien
05:00 la presse internationale qui se fait les gorges chaudes à chaque fois qu'il se passe quelque chose en France, et notamment à Paris,
05:06 mais on n'enlève pas que Paris reste une des destinations les plus désirables dans le monde. Si vous demandez
05:11 à un Brésilien ou un Chinois, aller au top 3 des voyages qu'il aimerait faire dans sa vie,
05:16 Paris figure forcément. Donc, il y a un tel attrait.
05:19 D'ailleurs, ça présage de très bonnes choses pour les Jeux olympiques, malgré tous les problèmes, tout ce qu'on fait pour essayer de dissuader les gens de venir.
05:25 - Justement, on va y venir. - On pense que ça va bien se passer.
05:28 - Vous parliez des longs courriers, on voyage plus loin maintenant ?
05:31 - Alors, je vais vous le faire dans les deux sens. Tout ce qui est la clientèle internationale,
05:35 tout ce qui est asiatique n'est pas encore revenu au niveau qu'on avait connu avant le Covid.
05:39 Par contre, tout ce qui est clientèle d'Amérique du Nord, du fait qu'il y a une très bonne parité euro/dollar, c'est favorable pour eux.
05:44 Et donc, eux, ils ne ressentent pas l'inflation de la même façon que nous, Européens, on pourrait la ressentir.
05:48 Donc, dans ce sens-là, ça marche bien.
05:50 Et puis, à l'inverse, effectivement, tous ceux qui avaient l'habitude de partir un peu loin,
05:53 notamment aller chercher un peu de chaleur et de soleil dans d'autres hémisphères pendant l'hiver,
05:59 là, ils ont pu, parce qu'ils ont ce pouvoir d'achat, retrouver ces comportements.
06:03 Et puis, une petite anecdote, c'est aussi les jeunes qui, finalement, pendant toute cette période-là,
06:08 n'ont pas pu faire leur petite année de césure ou un voyage un petit peu lointain, aller s'enrichir.
06:12 Voilà, ils retournent. Donc, ce n'est pas que ceux qui ont énormément,
06:15 enfin, qui ont plutôt le haut du panier en termes de pouvoir d'achat.
06:17 Eux, ils ont repris un peu ces habitudes-là.
06:19 Mais aussi des jeunes qui étaient un peu frustrés de ne pas avoir pu organiser...
06:22 - Donc, ils partent maintenant ? - ...un voyage en Amérique latine, en Asie de l'Ouest, etc.
06:25 Donc, des petits faisceaux faibles, comme ça, ils sont intéressants.
06:27 - Alors, il y a une micro-tendance que vous avez observée aussi, ce sont ces voyages,
06:31 enfin, ces voyages, ces visites, ces déplacements en quête de sens.
06:35 - Bah... - Un petit pèlerinage, par exemple.
06:37 - Bah, évidemment, on voit que... - Ça, c'est nouveau.
06:39 - On voit que toute la société a besoin de retrouver un petit peu de sens.
06:42 On vit dans un climat qui est très anxiogène.
06:44 Et finalement, d'aller se retrouver soi-même,
06:46 partir pour se retrouver soi-même, c'est quelque chose d'intéressant.
06:49 Donc, on voit... Alors, ça reste effectivement, comme vous l'avez dit, un marché de niche.
06:53 Mais on voit qu'il y a beaucoup d'offres et de propositions, comme des pèlerinages.
06:56 Alors, Saint-Jacques-de-Compostelle, ça revient beaucoup à la mode.
06:58 - Ça revient à la mode. - Donc, on a envie, voilà, d'aller se retrouver...
07:00 aménager un moment pour se déconnecter, se retrouver à soi.
07:04 Et pourquoi pas, pendant les vacances, c'est aussi une façon de faire les choses.
07:07 Certains lisent le livre qu'ils ont sur leur table de chevet depuis un an.
07:11 D'autres en profitent pour faire autre chose.
07:13 Pourquoi pas se retrouver avec soi ? C'est une bonne idée pour un voyage.
07:16 - Bon, est-ce que vous diriez que la France a retrouvé son niveau de tourisme d'avant Covid ?
07:22 - Oui, clairement. - Oui.
07:23 - Et d'ailleurs, on a eu de la chance par rapport à nos voisins européens.
07:26 On est plutôt... Alors, si on fait un petit volet économique,
07:29 la France, c'est l'hiver, l'été, avec la plage, la montagne, le tourisme d'affaires,
07:33 avec tous les salons et les congrès, le tourisme d'agrément,
07:36 la visite de toute la partie des routes des Vins.
07:40 Je pense qu'il n'existe pas, il faudrait un jour qu'on fasse l'étude,
07:43 un pays où il y a autant de diversité dans un espace si petit.
07:46 On a tellement de gastronomie, de culture. - On a une richesse déjà qui est là.
07:50 - Extraordinaire. Donc, ce n'est pas si étonnant que ça, finalement,
07:52 qu'on est ceux qui avons le mieux rebondi dans cette période-là.
07:56 C'est moins vrai pour les autres pays. Il y a des pays qui sont plus en difficulté.
07:59 On pense notamment à l'Allemagne ou autres.
08:00 Globalement, la France, c'est le plus beau pays, vraisemblablement, pour les touristes.
08:04 - Vous commencez à voir des tendances pour l'été prochain, pour les JO de Paris.
08:07 Est-ce que ça commence à drainer du monde ? Est-ce que vous commencez à voir des choses ?
08:10 - Oui, tout à fait. Souvent, on compare à Londres,
08:13 parce que c'est un peu le bon point d'appui. Pékin, ce n'est pas Paris.
08:16 Londres, c'était une autre grande capitale assez désirable en Europe.
08:20 Et ce qu'on voit, c'est que les prix vont être assez élevés.
08:22 C'est normal, il y a une pression de la demande.
08:24 On a la même chose au Festival de Cannes.
08:26 On a la même chose quand il y a des gros événements sportifs.
08:29 Et à Londres, il y avait un peu moins de demandes.
08:31 C'est-à-dire que tous ceux qui venaient normalement, ou de façon classique pendant l'été,
08:35 ont peut-être moins envie de vivre cette expérience des JO.
08:37 Mais il y a d'autres clientèles de substitution qui, elles, vont venir,
08:40 parce que c'est l'occasion de combiner et la visite de Paris, voire la France, et les épreuves de...
08:45 - Donc, c'est quelle nationalité qui viennent à Paris ?
08:47 - Là, globalement, on va avoir de tout.
08:48 On se pose une question sur la partie asiatique, qui est un vrai sujet,
08:51 qui est important en termes de volume.
08:53 Mais on aura très certainement... Enfin, on va accueillir le monde.
08:55 On va être en Mondiovision pendant quelques semaines.
08:58 Ça va être une vraie opportunité.
08:59 Et nous, on pense qu'on aura un peu plus de demandes que d'habitude.
09:02 Voilà. Et bon, les prix seront évidemment assez élevés, mais c'est normal.
09:07 On est à Paris, après tout. On a quelque chose à proposer.
09:10 - Merci beaucoup, Vanghelis Panayiotis, président de MKG Consulting,
09:13 cabinet de conseils spécialisé dans l'hôtellerie et le tourisme.
09:16 Merci. Bonne journée.
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