Loi immigration : «Cette loi ne changera rien et c'est juste une volonté politique» pense Luc Ferry

  • il y a 9 mois
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Luc Ferry, philosophe et ancien ministre répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet des Voeux aux Français d'Emmanuel Macron pour 2024.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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News
Transcription
00:00 [Générique]
00:02 Europe 1 matin, 7h, 9h, Dimitri Pavlenko.
00:05 Tout de suite Luc Ferry est l'invité de Sonia Mabrouk sur Europe 1.
00:08 [Musique]
00:11 Et place donc à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:15 Bienvenue et bonjour à vous Luc Ferry.
00:17 Bonjour Sonia.
00:18 Vous êtes ancien ministre de l'Education nationale, vous êtes philosophe,
00:21 vous êtes un auteur prolifique, je vais citer l'un de vos derniers ouvrages,
00:24 "La frénésie du bonheur" aux éditions de l'Observatoire.
00:27 On va en parler du bonheur, alors ce n'était pas vraiment le thème
00:30 lors de ses voeux au français du président de la République et pour cause,
00:33 mais malgré tout Luc Ferry a promis de rétablir par exemple l'autorité,
00:37 le chef de l'État, là où elle manque, le retour de l'autorité.
00:41 Est-ce que c'est une arlésienne ou est-ce que vraiment vous y croyez ?
00:45 Pas un millième de seconde.
00:46 Pourquoi ?
00:47 Il a promis aussi qu'il n'y aurait plus de SDF à la fin de son quinquennat.
00:50 J'en ai jamais vu autant à Paris de toute ma vie.
00:54 Non, non, je n'y crois pas un millième de seconde.
00:56 Je pense que la loi immigration dont on a énormément parlé
01:00 ne servira à peu près à rien parce que les deux sujets majeurs,
01:04 c'est la non-application des OQTF,
01:06 donc des obligations de quitter le territoire français,
01:08 qui ne sont pas appliquées à 93%, vous le savez,
01:12 et le deuxième sujet majeur, c'est le détournement du droit d'asile.
01:16 Et donc ce n'est pas une question de loi, c'est une question de courage politique.
01:20 Et puis d'accord avec les pays d'immigration ou d'émigration,
01:24 pour parler plus correctement.
01:27 Donc je pense que cette loi ne changera rien et que c'est une question de volonté politique.
01:30 Je n'ai jamais vu que cette volonté politique était présente dans ce gouvernement.
01:34 Luc Ferry, vous parlez de volonté et de courage.
01:37 Où le trouve-t-on aujourd'hui en tout cas en politique ?
01:39 Par exemple, tout à l'heure sur CNews, il y avait la maire de Roman-sur-Isère.
01:43 Elle est formidable.
01:44 Elle est formidable.
01:45 Elle est incroyable, oui.
01:46 Elle a été menacée, rappelons-le, de mort pour avoir dénoncé des zones de non-droit dans sa commune.
01:49 Elle a décrit une France qui ne veut plus se taire, cette fameuse France silencieuse.
01:53 Est-ce que c'est à cette France qu'on fait des promesses et qu'il n'y croit plus beaucoup aujourd'hui ?
01:56 Oui, je la trouve extraordinaire.
01:58 D'abord, elle s'exprime dans un français magnifique.
02:01 Elle parle de manière extrêmement simple et très joliment, très élégamment, avec beaucoup de courage.
02:07 À chaque fois, j'en parlais hier avec ma femme, on était sidérés de voir à quel point...
02:11 Et je le disais, d'ailleurs, on se disait, mais voilà, quelqu'un dont on aimerait qu'il soit ministre,
02:16 qu'il soit au gouvernement ou même qu'il soit Premier ministre.
02:19 On voudrait entendre cette France-là.
02:20 Et pourquoi on ne fait pas appel à ces personnes-là, justement ?
02:23 On va parler, parce qu'il y a un remaniement, possiblement, qui se prépare.
02:26 Pourquoi, justement, cette mère courage ? Peut-être qu'elle va être appelée.
02:30 Oui, mais cette France-là n'est pas écoutée.
02:32 C'est ce qu'on a appelé la France périphérique.
02:34 On a appelé la France périphérique ou la France d'en bas, comme disait mon vieil ami Jean-Pierre Raffarin.
02:39 Mais cette France d'en bas, elle n'est pas représentée aujourd'hui.
02:42 Ou si elle est représentée, c'est par le Rassemblement national,
02:46 mais ce n'est même plus par la droite traditionnelle, qui est morte aujourd'hui.
02:51 Les LR n'existent plus. Ils ont fait 4,7 % à l'Assemblée nationale.
02:55 Malgré leur, quand même, certains disent, plus que leur habileté politique,
02:58 puisqu'ils ont réussi à imposer un texte sur l'immigration, dont on verra ce qu'il en restera
03:02 après les fourches codines du Conseil constitutionnel.
03:04 C'est un texte qui ne sert à rien.
03:05 Et s'ils avaient voulu exister, il fallait tordre le bras d'Emmanuel Macron, si je puis dire,
03:10 et rentrer dans un gouvernement d'Union nationale.
03:12 Et c'était la seule chose à faire.
03:14 – La seule solution aujourd'hui Luc Ferry, c'est un gouvernement d'Union nationale ?
03:17 – Pour les trois ans qui viennent, oui. Après, non.
03:19 Mais pour les trois ans qui viennent, évidemment. Bien sûr que oui.
03:22 Les LR sont morts, donc le parti pratiquement n'existe plus, on ne les connaît plus.
03:27 Et donc, s'ils avaient accepté, ou en tout cas obligé, d'une certaine manière,
03:32 proposé à Emmanuel Macron de faire un gouvernement d'Union nationale, c'était jouable.
03:37 Ça veut dire gouvernement, ça ne veut pas dire chercher des postes,
03:40 ça veut dire construire, comme en Allemagne, un programme.
03:42 – Oui mais pardonnez-moi. – C'est ce que fait l'Allemagne.
03:44 – En quoi ça ne serait pas du débauchage, finalement, un par un, et des ministres,
03:49 des personnes qui n'accepteraient que, finalement, le lustre du peuple ?
03:52 – Non, c'est exactement le contraire. C'est le contraire.
03:54 Pour l'instant, c'est du débauchage.
03:56 Vous avez Darmanin, vous avez Bruno Le Maire, ils viennent de la droite,
04:00 c'est du pur débauchage.
04:01 Puis vous avez des gens de gauche, et puis vous avez une pâte à molder débauchage.
04:04 Non, c'est pas ça.
04:05 Il faut nommer un grand gaulliste à Matignon, et une vingtaine de ministres LR,
04:10 ou une trentaine de ministres LR, allons-y carrément,
04:13 plus une dizaine de ministres socio-démocrates présentables,
04:16 et là vous avez un gouvernement qui représente, en gros, 40% des Français.
04:20 – Mais je croyais que l'Organisation Mémoriale avait échoué,
04:22 alors qu'un gouvernement d'Union Nationale,
04:24 est-ce que ça ne serait pas en même temps finissant ?
04:26 – Sonia, je me tue à dire depuis 6 ans que c'est le contraire.
04:28 – C'est-à-dire ? Expliquez-nous.
04:29 – C'est dingue, les gens ne comprennent pas.
04:31 Vous avez du débauchage, ça consiste à prendre des gens de droite
04:34 et des gens de gauche dans un gouvernement, et les partis restent dehors.
04:37 Donc aujourd'hui, c'est ce qui se passe.
04:38 Vous avez des gens de droite et des gens de gauche dans le gouvernement,
04:41 mais les cinq courants politiques qui ne sont pas des centristes,
04:46 c'est-à-dire les LR, les socialistes, l'extrême droite, l'extrême gauche
04:49 et les écologistes ne sont pas dans le gouvernement.
04:52 Donc la vérité c'est que vous faites du débauchage, mais vous restez tout seul.
04:55 Ce gouvernement-là, il ne représente pas 20% des Français.
04:58 Quand vous ne représentez que 20% des Français,
05:01 vous courez à poil dans un chandrato pour dire les choses élégamment.
05:04 Et c'est exactement ce qui se passe.
05:06 Emmanuel Macron aujourd'hui n'a la majorité ni à l'Assemblée, ni dans le peuple.
05:10 Donc la seule solution, c'est de continuer à faire voter des lois.
05:13 Mais bien sûr, il faut récupérer à la fois la majorité à l'Assemblée nationale
05:18 et la majorité, ou en tout cas une espèce de majorité,
05:22 ou une approche de majorité dans le peuple.
05:24 Mais Luc Ferry, pourquoi vous continuez à penser que la dissolution serait une absurdité ?
05:28 Mais pour Macron, pas pour Marine Le Pen.
05:31 Pour Marine Le Pen, c'est un cadeau.
05:32 Donc c'est pour ça que pour Macron, ce n'est pas jouable.
05:34 Ce qu'on n'arrive pas à comprendre, c'est pourquoi revenir au peuple et devant le peuple serait une absurdité,
05:38 même si c'est un mauvais calcul pour le président ?
05:40 Je dis que c'est une absurdité pour Macron.
05:42 C'est un calcul politique ?
05:43 Évidemment.
05:44 Donc si j'étais à la place de Macron, je ne ferais pas la dissolution,
05:48 parce que ça veut dire quoi ?
05:49 Qu'il perdrait la moitié de ses députés et que Marine Le Pen obtiendrait le double des députés actuels.
05:54 En effet, comme calcul politique, ce n'est pas génial.
05:57 Donc la dissolution, oublié.
05:59 C'est lui qui est président de la République, ce n'est pas Marine Le Pen.
06:01 Mais vous discutez avec des proches du président.
06:03 Vous avez discuté avec Jean-Pierre Raffarin et d'autres.
06:06 Est-ce qu'il écoute encore le président lui-même ?
06:09 Non, je crois qu'il n'écoute personne, il n'écoute que lui.
06:12 Mais Jean-Pierre Raffarin est totalement d'accord avec ce que je suis en train de vous dire sur le gouvernement d'Union Nationale.
06:16 C'est aussi ce que proposait des personnalités éminentes de la gauche, comme Hubert Védrine.
06:21 Ça fait des années que Hubert Védrine et moi sommes d'accord là-dessus,
06:24 sur l'idée que dans l'état actuel de la France, seul un gouvernement d'Union Nationale pourrait avoir un semblant de majorité.
06:30 Vous savez Luc Ferry, depuis tout à l'heure, je suis en train de réfléchir à la personnalité grand gaulliste que vous avez citée,
06:35 qui pourrait être potentiellement premier ministrable.
06:37 Non mais vous ne me ferez pas dire de non, ça c'est...
06:39 Je sais, je vous connais.
06:40 Il s'impose, il est évident. Il s'impose tellement.
06:42 Non mais il est...
06:43 Parce que si j'ai bien compris, ce n'est pas quelqu'un dans l'appareil forcément qui tient le haut du sommet des LR.
06:47 Oui, il faut que ce soit quelqu'un qui représente la famille gaulliste.
06:51 Et il faut mettre suffisamment, encore une fois, de ministres gaullistes et de ministres sociodémocrates
06:56 pour que ce soit un semblant de gouvernement d'Union Nationale.
07:00 Voilà, une espèce de cohabitation volontaire.
07:02 Mais si... Moi je vous dis les choses très simplement, c'est une question de bon sens.
07:06 Si on n'imite pas le modèle allemand, moi si j'étais à la place du président Macron, j'aurais mis la proportionnelle d'entrée de jeu.
07:12 Bah oui.
07:13 Bah évidemment.
07:14 Mais ça, ça n'a pas été fait, donc on se retourne en discussion.
07:16 Parce que la proportionnelle, c'est très profond la proportionnelle.
07:18 La proportionnelle, ce n'est pas simplement une question électoraliste.
07:20 C'est aussi une culture du compromis, c'est une culture du dialogue.
07:24 Et le modèle allemand est génial de ce point de vue-là.
07:26 L'avons-nous en France par rapport au modèle allemand.
07:28 Et puis alors, les problèmes que nous avons, Luc Ferry, insécurité, violence, immigration, France fracturée.
07:33 Est-ce que ce cocktail explosif constitue le gros sparadrap énorme d'Emmanuel Macron
07:38 qui ferait que certains de vos gaullistes et sociodémocrates ne rentreront pas dans le gouvernement peut-être ?
07:42 Non, non, non, ils rentreraient. J'en connais qui rentreraient à pieds joints et dans la seconde.
07:47 Non, non, c'est pas... Ça c'est un autre sujet.
07:50 Mais encore une fois, il ne s'agit pas de dealer, d'échanger des postes, pardon pour le mauvais français.
07:55 Il s'agit de construire un programme. Ça prend du temps.
07:58 Et donc un programme...
08:00 Mais il faut être d'accord. Il faut être d'accord pour rétablir l'autorité.
08:03 Emmanuel Macron n'a aucune espèce de conviction d'aucune sorte.
08:08 Comme François Hollande. Et donc c'est un centriste.
08:11 Par définition, un centriste, c'est prêt à aller à droite ou à gauche.
08:14 Comme disait François Mitterrand quand un journaliste lui avait posé la question "Où est le centre ?"
08:18 Il a répondu "Au fond du couloir, à droite". Voilà.
08:20 Et donc le centre, il est prêt à s'accorder avec la droite.
08:23 Et donc les LR auraient pu négocier un gouvernement d'union nationale en disant
08:28 "Voilà, sur la sécurité on veut ça, sur l'immigration on veut ça, sur l'école on veut ça,
08:32 et sur la dette publique, c'est le plus important, la dette. On va dans le mur en klaxonnant."
08:37 Écoutez des gens comme Nicolas Baverez, comme Agnès Verdier-Molinier qui disent la vérité.
08:42 On a une dette qui est faramineuse, on a des taux d'intérêt qui grimpent,
08:45 on a un déficit de la balance commerciale qui est abyssal, un déficit des comptes publics qui est abyssal.
08:50 On va dans le mur en klaxonnant. Et ça, les gens ne le comprennent pas
08:54 parce que les questions budgétaires sont des questions compliquées que les Français ne connaissent évidemment pas.
08:58 Moi-même, je dois le dire, je les ai découvertes quand j'étais ministre.
09:00 Au niveau de 3 000 milliards, je crois qu'on comprend tous que le fossé est là, qu'on a fait un grand pas en avant.
09:05 Non, non, pardon.
09:07 Vous pensez qu'on n'est pas conscient de la gravité de la situation ?
09:09 Non seulement ça, mais je pense que c'est l'inverse.
09:11 Moi, j'ai eu cette discussion avec des gens de gauche qui disent "mais non, tu vois bien, on avait de l'argent,
09:16 la preuve qu'on avait de l'argent, on pouvait le sortir puisqu'on l'a sorti".
09:19 Donc vous avez toute une partie des Français qui sont keynésiens...
09:22 Peut-être qu'ils pensent que l'argent est mal utilisé, c'est autre chose.
09:26 Peut-être sur ces news, oui, mais dans l'immense majorité de la population française,
09:32 le réflexe est l'inverse, c'est de dire "mais voyez bien, il y avait de l'argent puisqu'on a pu le sortir quand il fallait,
09:37 donc on nous cachait l'argent". Et donc les Français sont fondamentalement keynésiens.
09:42 Ce qu'ils aiment, c'est l'argent public, c'est la dépense de l'État.
09:45 Et ils ne voient pas qu'avec des taux d'intérêt qui montent, et puis il y a des effets collatéraux qui sont terribles,
09:51 les Allemands nous prennent pour des clowns.
09:53 Pour des clowns ? Je me sens pris la France.
09:55 Évidemment.
09:56 Il y a quelques semaines, ici, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, venait se féliciter de chiffres.
10:01 Ah non mais...
10:02 Ça vous fait sourire ?
10:04 Oui, ça me fait hurler de rire même. C'est très rare qu'un ministre ne vienne pas se féliciter.
10:09 Moi je me souviens d'un ancien Premier ministre qui avait dit que l'État était en faillite.
10:12 Oui, il avait raison. Mais c'est très rare.
10:14 Il arrivait, il disait "il faut faire un certain nombre de choses", François Fillon a dit la vérité,
10:18 et l'État est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus en faillite aujourd'hui qu'à l'époque.
10:22 Qui profite de tout cela ? Luc Ferry, Marine Le Pen ?
10:24 Marine Le Pen !
10:25 Et surtout Jordan Bardella dont vous avez vu la percée...
10:27 Non, pas surtout, Marine Le Pen...
10:29 Je dis surtout en termes d'image, pour parler de sa percée dans le journal du dimanche.
10:33 Le classement...
10:34 Tout le monde le sait, il y a deux jeunes qui montent aujourd'hui, c'est Jordan Bardella à droite
10:38 et c'est Gabriel Attal dans le gouvernement.
10:40 Je sais vers qui votre cœur penche.
10:42 Non, moi j'ai du respect pour les deux parce que ce sont des gens extrêmement intelligents tous les deux,
10:46 très talentueux, moi je ne suis pas sectaire.
10:48 Je ne pense pas que Marine Le Pen soit fasciste, je la connais un peu,
10:52 je sais très bien qu'elle n'est ni raciste ni antisémite.
10:54 Je suis désolé de dire ça à mes amis intellectuels de gauche qui veulent à tout prix dire "c'est le nazisme qui revient".
10:59 Regardez Madame Belloni en Italie, c'est pas le fascisme qui est revenu en Italie.
11:03 Donc tout ça est assez ridicule.
11:05 Marine Le Pen c'est la droite populaire et républicaine.
11:09 J'ai l'impression que vous me décrivez Jacques Chirac.
11:11 Mais elle est moins à droite que Pendreau et Pascua en 70.
11:14 Voilà, c'est la vérité.
11:16 Et ça n'a rien à voir avec l'extrême droite.
11:18 L'extrême droite, elle était antisémite, elle était raciste...
11:20 C'est pas votre définition de l'extrême droite d'ailleurs ?
11:22 L'extrême droite, c'est...
11:23 Comme l'extrême gauche, l'extrême droite était révolutionnaire.
11:26 Factueuse ?
11:27 La révolution, elle était factueuse, elle assassinait les opposants,
11:30 elle voulait prendre le pouvoir par les armes et par la violence,
11:33 elle était antisémite et raciste.
11:34 C'est absolument pas le cas de Marine Le Pen qui n'est ni antisémite ni raciste
11:38 et qui est évidemment républicaine.
11:40 Maintenant, on peut avoir...
11:41 Moi j'ai des désaccords avec le Rassemblement National,
11:43 mais beaucoup plus sur le plan économique que sur le plan moral ou politique.
11:47 Il faut arrêter de dire que c'est le fascisme et que c'est l'immoralité.
11:51 C'est pas vrai, c'est simplement faux.
11:53 Et les 42% qui ont voté pour elle savent que c'est faux.
11:55 Et donc quand on insulte ces gens-là, on les renforce,
11:59 à la limite on va les rendre racistes si on continue.
12:01 Voilà, c'est idiot comme raisonnement.
12:03 Cette espèce de moralisme débile des intellectuels de gauche est fascinant pour moi.
12:07 J'ai toujours été à droite.
12:08 Qu'est-ce qui les pousse à tenir ce genre de discours alors que le RN ne cesse de monter ?
12:12 Est-ce qu'il y a une forme de panique d'ailleurs aussi
12:14 chez les intellectuels de gauche qui se disent "Mon Dieu, elle arrive au pouvoir, que faire ?"
12:17 Oui, absolument.
12:18 Alors en même temps, l'extrême gauche, ça l'arrange, évidemment.
12:21 Mélenchon, ça l'arrange, évidemment.
12:22 Comme ça l'arrange Mitterrand, c'est Mitterrand qui a fait monter l'extrême droite.
12:25 On le sait, c'est une stratégie très connue.
12:27 Je ne pense pas que ce soit le cas des intellectuels que j'appelle intellectuels de gauche un peu méchamment.
12:31 Mais c'est vrai qu'ils ont ce souvenir toujours du nazisme.
12:36 Ils pensent que c'est la même chose.
12:38 Mais non, ce n'est pas la même chose.
12:39 Ça a changé et il faut être un peu sensible aux évolutions de la société.
12:44 Aujourd'hui, tout le monde est républicain, de Mélenchon à Marine Le Pen.
12:47 Après, on peut avoir des désaccords énormes avec les uns ou avec les autres.
12:51 Donc l'arc républicain, c'est quelque chose de ridicule.
12:54 La preuve que ça ne sert à rien, c'est que ça ne réconforte personne.
12:59 Et le pire du pire aujourd'hui, c'est le centrisme.
13:01 C'est ça la vraie catastrophe.
13:02 Parce que le centrisme au pouvoir, il a comme effet dramatique, tragique, pathétique, même à certains égards.
13:09 C'est que la seule alternance possible est avec les extrêmes.
13:13 Et donc la catastrophe absolue, c'est le centrisme.
13:16 Et ce centrisme du débauchage, jamais je n'aurais accepté d'être ministre d'Emmanuel Macron si je venais de la droite.
13:24 J'avais gardé la question, j'allais vous la poser.
13:26 Mais pour rien au monde.
13:27 Mais quand vous venez de la droite, ces gens ont vendu leur âme pour un plat de lentilles.
13:32 Ce n'est pas bien de faire ça.
13:34 Et le bonheur dans tout ça, Luc Ferré, vous avez publié la frénésie.
13:37 Je vous avoue que la transition est une grosse ficelle.
13:41 La ficelle est grosse, mais c'est très gentil de revenir à mon livre.
13:45 Bonheur est un mot qui a dû être utilisé dans les familles ces dernières heures.
13:52 On se souhaite du bonheur pour la nouvelle année.
13:55 Mais est-ce qu'on sait vraiment ce que signifie le bonheur ?
13:57 C'est une idée absurde.
13:59 Les marchands de bonheur sont à mes yeux des imposteurs.
14:03 Ce que j'explique dans ce livre, c'est la raison pour laquelle l'effondrement des deux grandes religions,
14:09 le communisme, la religion de salut terrestre, et la religion catholique,
14:15 en France et plus généralement en Europe, a conduit à l'explosion des idéologies du bonheur,
14:22 c'est-à-dire la psychologie positive et les théories du développement personnel,
14:24 qui ont pris la place des grandes religions.
14:27 Le communisme était une grande religion de salut terrestre.
14:29 Le communisme passe de 30 % en 1950 à 2 % aujourd'hui.
14:34 95 % des Français étaient baptisés en 1950.
14:39 Ils sont 30 % aujourd'hui.
14:41 Il y avait 45 000 prêtres diocésains en France en 1950.
14:44 Il en reste 4 000 aujourd'hui.
14:46 Donc quand vous n'avez plus de deuxième vie après la révolution ou après la mort,
14:50 c'est ici et maintenant qu'il s'agit d'être heureux.
14:53 C'est ça le thème de mon livre.
14:55 S'il n'y a plus de deuxième vie, alors un, je déteste le travail,
14:58 je ne touche pas à ma retraite et je veux être heureux ici et maintenant,
15:02 d'où l'explosion, ça nous vient des États-Unis, évidemment,
15:05 de la psychologie positive, des théories du développement personnel
15:08 et des marchands de bonheur qui prennent la place des grandes religions de la deuxième vie.
15:13 On était le troisième petit cochon, on est devenu le premier.
15:16 Voilà, si vous voulez, ça, ça dit tout.
15:18 Le troisième petit cochon, il commence par travailler et puis il s'amuse après.
15:21 Le premier, il veut s'amuser tout de suite.
15:24 Parce que si je n'ai pas de deuxième vie après la révolution ou après la mort,
15:27 encore une fois, c'est ici et maintenant que je vais être heureux.
15:30 Et c'est ça qu'on vit aujourd'hui.
15:32 Et c'est dramatique parce que le reste du monde ne vit pas comme ça.
15:35 La Chine ou la Russie ne vivent pas comme ça.
15:37 - Parce que je sais que Pascal Praud va en parler tout à l'heure.
15:39 Aimer la France, comment on peut faire aimer la France ?
15:41 Ça ne se décrète pas, mais comment on fait des Français de désir ?
15:45 - D'abord, il ne faut pas dire qu'il n'y a pas de culture française,
15:47 comme l'a dit bêtement Emmanuel Macron.
15:49 - Il s'est rattrapé. Il a dit que la France est une culture, une langue, une histoire.
15:52 - Mais en même temps, ça ne marche pas.
15:54 Non, je pense qu'il faut d'abord réhabiliter cette histoire de France,
15:57 cette culture française.
16:00 C'est un très gros travail parce que ça passe aussi évidemment par l'école,
16:05 mais ça passe par la télévision, ça passe par les médias.
16:08 Et donc, il faut réhabiliter ce que fait Stéphane Bern est formidable,
16:11 par exemple, sur le patrimoine.
16:13 Il faut réhabiliter ce que les Français peuvent comprendre de magnifique
16:16 dans notre histoire et dans notre culture.
16:18 Tout n'est pas magnifique.
16:20 Il faut garder un regard critique. Il y a des zones d'ombre.
16:22 Mais il faut garder ce regard critique sur l'histoire.
16:25 Mais il faut mettre en valeur ce qui a été grandiose dans notre histoire.
16:28 Par exemple, l'histoire littéraire française, elle est à nul autre pareil.
16:32 Il n'y a aucun équivalent. Il y a des très grands écrivains dans le monde entier.
16:35 Mais il n'y a aucune histoire littéraire qui soit dans un autre pays
16:39 comparable à celle de la France, par exemple.
16:41 - C'est un philosophe et un ancien ministre de l'éducation nationale
16:44 qui nous le dit. Merci, Luc Ferry.
16:46 - Merci à vous, cher Sonia.
16:48 - Je vous souhaite la frénésie du bonheur, du bonheur,
16:50 et à nos téléspectateurs et auditeurs également.
16:52 - Merci à vous. - Merci.
16:54 - Sonia Mabrouk et merci Luc Ferry.
16:56 Dans un instant, Olivier Delagarde, sa revue de presse.
16:58 Tout ce qu'Israël savait sur le 7 octobre, avant le 7 octobre,
17:01 mais sans y avoir cru.
17:03 7h-9h, Europe 1 Matin.

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