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"Quels que soient les difficultés et les soubresauts de la vie politique française, le cap est tracé et doit être respecté par toutes les parties" Gilles Simeoni est confiant concernant le processus d'autonomie de la Corse.

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00:00 Bonjour, je dis Simeone.
00:03 Salut.
00:04 2024, une année importante pour la Corse.
00:07 Dans vos voeux, vous avez dit à propos de ce processus d'autonomie, laisser passer
00:11 le train de l'histoire serait une faute aux conséquences graves, irréversibles.
00:14 Avec ces mots, vous dramatisez l'enjeu ? C'est pour convaincre les Corses, les élus ?
00:18 Je ne pense pas dramatiser l'enjeu, je pense le poser au bon niveau.
00:23 Avant de vous répondre, je voudrais avoir une pensée émue bien sûr pour Michel Sorbar,
00:26 pour Pierre-Jean Stéphanie et pour Emile Maud qui je connaissais plus personnellement
00:31 les deux premiers, et bien sûr je pense à eux et je pense à ces trois personnes qui
00:36 ont disparu, à leur famille.
00:37 Donc c'est une année essentielle, on connaît le contexte national, européen et international
00:43 extrêmement difficile, la guerre, la barbarie quelquefois, les difficultés économiques
00:48 par exemple avec l'inflation qui touche notamment les personnes qui sont dans les
00:53 situations sociales les plus difficiles et même d'ailleurs les classes moyennes.
00:57 Donc tout ce contexte, la Corse le connaît aussi, mais nous sommes également dans une
01:02 année qui va être décisive tout simplement parce que c'est l'année où selon moi doit
01:06 se concrétiser l'aspiration historique qui a été portée depuis plus d'un demi-siècle,
01:11 une aspiration à l'autonomie avec en arrière-plan des réponses adaptées aux enjeux politiques,
01:16 institutionnels mais également économiques, sociaux et sociétaux.
01:19 Je pense par exemple à la démographie dont on a beaucoup parlé ces dernières semaines.
01:22 20 septembre, lors de sa venue en Corse, Emmanuel Macron vous a donné six mois pour présenter
01:28 un texte commun.
01:29 Est-ce que ce texte a bien avancé ? Est-ce qu'il pourrait être prêt avant le mois
01:32 de mars justement ?
01:33 L'objectif c'est d'avoir un accord politique en Corse d'abord et avec Paris ensuite pour
01:38 que l'Assemblée nationale d'abord et le Sénat ensuite puissent voter en des termes
01:44 identiques à la fois un projet d'article ou de titre de la constitution spécifique
01:49 sur la Corse mais également une armature de loi organique qui fixerait les grandes
01:54 lignes du statut d'autonomie.
01:55 Alors oui, nous avons avancé.
01:56 Vous savez que nous avons comme boussole la délibération.
01:59 C'est toujours le texte de référence cette délibération ?
02:01 Par définition.
02:02 D'abord pour des raisons politiques, institutionnelles et démocratiques.
02:06 Elle a été votée par une très large majorité de l'Assemblée de Corse et en tant que président
02:11 du conseil exécutif, je suis de par la loi chargé de veiller au respect de l'application
02:16 des délibérations de l'Assemblée de Corse.
02:18 Mais au-delà de ça, nous savons aussi que nous avons vocation à construire un accord
02:22 politique le plus large possible.
02:24 Nous avons travaillé au sein de la conférence des présidents avec la présidente de l'Assemblée
02:26 de Corse, avec les différents présidents de groupe et nous essayons de trouver des
02:31 points d'équilibre qui permettent à chacun de considérer que ce qui est essentiel est
02:38 pris en compte dans l'accord à intervenir.
02:40 Donc nous avons avancé sur la formulation, une communauté historique, linguistique, culturelle
02:46 et un lien fort et original avec sa terre, un pouvoir législatif parce que sans pouvoir
02:52 législatif, pas d'autonomie, une autonomie fiscale parce que sans autonomie fiscale,
02:58 pas d'autonomie non plus et puis également des questions essentielles.
03:01 Je pense par exemple au statut de la langue et je pense bien évidemment à la question
03:05 foncière qui reste centrale et qui doit concentrer l'ensemble de nos efforts avec pour nous
03:10 un enjeu fort même si non exclusif, celui de la prise en compte du statut de résident,
03:16 même si on l'appelle statut de résidence mais l'important c'est qu'il y ait l'ensemble
03:20 de ces mesures pour permettre à ce peuple de maîtriser son destin, de répondre aux
03:24 défis du présent et également de préparer l'avenir.
03:27 Lorsque je vous écoute, j'ai le sentiment que vous avez tous fait des concessions dans
03:31 cette conférence des présidents parce que mi-décembre Corine Fronte a parlé d'une
03:35 vente à la découpe du texte d'un ville-accord de confort avec la droite insulaire.
03:39 Tout est donc rentré dans l'ordre à vous entendre ?
03:41 Je ne dirais pas que tout est rentré dans l'ordre.
03:43 La construction d'une solution politique pour sortir d'une logique de conflit qui
03:48 dure depuis un demi-siècle, c'est un chemin qui est long, qui est difficile et qui est
03:53 souvent étroit.
03:54 Pour autant, il existe.
03:55 Après, chaque sensibilité, chaque tendance, chaque courant d'opinion de la société
04:01 corse s'exprime, quelquefois en rappelant avec force et énergie ses propres convictions.
04:08 Mon devoir, je pense, c'est d'essayer de contribuer de toutes mes forces à ce que
04:13 cet accord émerge.
04:14 Cet accord ne peut pas être un renoncement.
04:17 Nous, nous sommes engagés et avons-nous des générations de femmes et d'hommes pour
04:23 un idéal, pour une vision de la Corse, pour une conviction qui est celle que ce peuple
04:27 existe et qui doit avoir les moyens de l'être et de son destin.
04:29 Chaque sensibilité politique en a conscience aussi ?
04:31 Chaque sensibilité en a conscience.
04:33 Et puis il y a aussi la démocratie qui a parlé à trois reprises, y compris en juin
04:37 2021 où plus de 70% des électrices ont accordé leur suffrage à des listes nationalistes
04:45 qui aujourd'hui convergent pour dire que le statut d'autonomie est un point d'équilibre
04:50 qui peut convenir et qui nous permet de regarder avec confiance l'avenir.
04:54 Donc il faut prendre en compte cette aspiration démocratique, il faut respecter le suffrage
04:58 universel.
04:59 Et notre devoir, c'est aussi de s'adresser aux autres Corses, ceux qui n'ont pas voté
05:02 pour nous et à ceux qui le représentent, et de leur dire "trouvons un accord pour faire
05:06 le chemin ensemble".
05:07 En deux mots, vous parliez de pouvoir législatif il y a quelques instants.
05:10 La droite, elle, parle de pouvoir d'adaptation des lois.
05:14 Là aussi, vous avez trouvé un compromis ?
05:16 Le compromis ou l'accord politique n'est pas pour l'instant scellé, comme j'ai l'habitude
05:21 de le dire.
05:22 Ce que fait Maudit que fin janvier, un texte pourrait être présenté ?
05:24 C'est l'objectif qui est le nôtre.
05:26 C'est un rétro...
05:27 Fin janvier, c'est rapide.
05:28 C'est très rapide, mais c'est un rétro-planning également qui est étroit.
05:30 Encore une fois, la fenêtre de tir ne doit pas être manquée.
05:33 L'objectif, c'est une révision constitutionnelle avec un congrès consacré à la Corse et
05:40 un article ou un titre spécifique consacré à la Corse en octobre.
05:44 Donc, il faut être prêt devant les deux chambres, fin avril ou début mai au plus
05:49 tard.
05:50 Donc, il faut que notre accord à nous soit scellé au plan Corse et dans la relation
05:54 avec Paris le plus vite possible dans les quelques semaines à venir.
05:56 Alors, le camp présidentiel, le gouvernement avec en tête votre interlocuteur Gérald
06:01 de Darmanin, ont été ébranlés par l'épisode de la loi immigration.
06:04 On parle même d'un remaniement.
06:06 Vous craignez une rupture dans le processus où tout est acté et vous pensez que ça
06:10 va aller jusqu'au bout ?
06:11 Il y a quand même une crainte ?
06:12 Écoutez, le chef de l'État a été très clair.
06:14 Je pense que tout le monde a conscience que nous sommes dans une perspective qui est
06:18 une perspective historique.
06:19 Je le redis.
06:20 Il s'agit de sortir d'une logique de conflit qui perdure depuis 50 ans.
06:23 Il s'agit de permettre à la Corse d'être alignée dans le fonctionnement de ses institutions,
06:28 sur un statut d'autonomie qui est la règle dans toutes les grandes îles méditerranéennes.
06:31 Et puis, au-delà de la revendication institutionnelle, il y a des attentes fortes dans le domaine
06:34 économique, dans le domaine social, dans le domaine sociétal.
06:37 Et on sait que l'autonomie est une des clés qui va nous permettre d'aller vers des solutions
06:43 de fond.
06:44 Je crois que Paris en a conscience.
06:45 Et donc, quelles que soient les difficultés et quelques fois les soubresauts de la vie
06:49 politique française, je pense que le cap est tracé et qu'il doit être respecté par
06:52 toutes les parties.
06:53 - Ce sera le mot de la fin.
06:54 Merci Gilles Simeone d'avoir accepté notre audition en direct ce matin.
06:57 - Merci beaucoup.
06:58 - Arringradiabiojo, président.
06:59 - Arringradiabiojo.

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