• il y a 10 mois
Michel FERRY

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00:00 Il est 7h51, Juliette Gloria, nous sommes mercredi, jour de sortie ciné.
00:05 Justement, on va en parler et on fait un petit bilan de l'année passée, l'année 2023,
00:11 où les salles de cinéma ont accueilli beaucoup, beaucoup de spectateurs, Juliette.
00:16 Oui, on en parle ce matin avec notre invité Michel Ferry. Bonjour.
00:19 Bonjour.
00:20 Vous êtes le directeur du cinéma des Carmes à Orléans,
00:22 cinéma d'art et essai qui a enregistré ses meilleurs résultats depuis l'ouverture.
00:26 180 000 spectateurs en 2023, qu'est-ce qui explique un tel succès ?
00:31 J'ai envie de dire qu'on est en train de revenir à la norme.
00:33 Nous, on fait nos meilleures entrées parce qu'en 2020, on a ouvert,
00:37 pendant qu'on était fermé, on a profité pour ouvrir une nouvelle salle.
00:41 Donc, on fait de très bons chiffres.
00:43 Il faut juste relativiser par rapport à ce qu'est la norme habituelle,
00:47 c'est-à-dire si on reprend la moyenne des entrées dans le pays entre 2017 et 2019,
00:51 on était plutôt à 207 millions d'entrées.
00:54 Donc, on est légèrement en dessous. Ça reste une très bonne année, on s'en réjouit.
00:58 Et c'est vraiment le signe que les spectateurs ont retrouvé le chemin des salles
01:03 après les deux années de Covid, l'année de reprise.
01:07 Pour donner une petite échelle, c'est-à-dire que l'année dernière,
01:10 il y a eu en 2022 152 millions d'entrées.
01:14 180 millions d'entrées en 2022, et en 2023, 180 millions d'entrées.
01:19 C'est une augmentation de presque 20% sur l'année.
01:22 - Est-ce que c'est aussi parce qu'il y a eu de très bons films à l'affiche ?
01:26 - Oui, c'est ça. On a vécu en 2022 une année de transition, encore une fois.
01:31 Une période des films qui ne sortaient plus en salles.
01:34 Pas de phénomène d'entraînement.
01:36 Il y a toujours besoin d'une forme de locomotive pour que les gens retrouvent le chemin des salles.
01:42 C'est une locomotive parce que, tout d'un coup, le film est très attractif,
01:47 et ça donne envie d'aller en salle.
01:49 Quand vous arrivez en salle, vous voyez des bandes-annonces d'autres films,
01:51 vous voyez des affiches d'autres films, tout d'un coup, il y a une envie générale.
01:55 Après, c'est vrai qu'on a eu une année, en termes de proposition de films, très forte.
02:00 On a eu une palme d'or formidable, une palme d'or française d'une réalisatrice.
02:07 - "Anatomie d'une chute" de Justine Thrié, qui a d'ailleurs été de nouveau récompensée aux Golden Globes.
02:12 On peut aussi citer "Le garçon et le héron", "Mon crime", un film français aussi qui a beaucoup marché chez vous.
02:18 On voit aussi que ce sont des films d'auteurs qui sont de plus en plus à l'affiche dans les gros cinémas,
02:24 comme "Pathé, Gaumont".
02:25 Est-ce qu'on peut dire qu'avec ces affiches, ils empiètent un peu sur vos plates-bandes, à vous, cinéma d'adresse ?
02:30 - C'est très clair.
02:32 Après, c'est vrai que nous, on a toujours proposé ces films-là.
02:37 D'une certaine manière, on peut se réjouir de l'élargissement du public sur ces films.
02:45 C'est une belle nouvelle et c'est vrai que le cinéma, dont on doit toujours rappeler que c'est un art, une industrie,
02:52 mais aussi un commerce, n'est jamais aussi fort que quand les trois se lient.
02:58 Et effectivement, un grand film par un grand auteur, une grande autrice, c'est toujours plus fort un phénomène d'entraînement.
03:05 Et effectivement, pour le dire en creux, moi je ne crois pas que les plateformes de streaming
03:11 soient vraiment une concurrence ou un danger pour les sages.
03:14 Je pense qu'au contraire, ça crée de la cinéphilie, de la cinéphagie, j'ai envie de dire.
03:20 Je pense qu'en revanche, la concurrence débridée entre différentes salles qui, sur des mêmes zones,
03:28 cherchent à faire les mêmes choses, de la même manière, etc., ça, je pense que ça nuit aux salles elles-mêmes.
03:36 C'est-à-dire qu'on n'est plus à se préoccuper, parce que la seule préoccupation qu'on doit avoir,
03:42 c'est comment on fait venir le public, comment est-ce qu'on intéresse le public au film.
03:46 - Et il était présent le public l'année dernière en 2023, il y avait donc, vous l'avez dit,
03:50 « Anatomie d'une chute », il y avait « Barbie », « Oppenheimer », « Alibi 2 »,
03:54 les trois mousquetaires, il y a de quoi faire dans les salles de ciné.
03:56 Est-ce que vous comptez y retourner en 2024 ? Ou alors, qu'est-ce qui vous empêche d'y aller au cinéma ?
04:01 Vous êtes nos témoins de l'actu, venez nous le dire dès maintenant, on vous attend.
04:04 02.38.53.25.25 pour participer à cet échange en direct par téléphone.
04:09 - 2023 a été une très bonne année, on vient de le dire, comment s'annonce 2024 ?
04:13 - Alors, la particularité du cinéma, c'est qu'en fait, on ne sait pas très longtemps à l'avance
04:21 ce qu'on va diffuser, et que par exemple, un certain nombre de films qui vont sortir au deuxième semestre 2024
04:29 ne sont pas encore finis, donc on ne sait pas quand ils vont arriver.
04:32 On est très dépendant des grands festivals, cette année par exemple, notre grand succès,
04:37 c'est "La Palme d'Or" du festival de Cannes, qui a lieu au mois de mai, donc on est un peu en avance.
04:43 Mais on a un très beau démarrage, on a un film très fort qui a été très nommé aux Golden Globes
04:50 qui s'appelle "Pauvre créature", qui va sortir la semaine prochaine.
04:53 Nous, on a le festival Télérama, qui est une sorte de bilan de 2023,
04:59 mais aussi quelques propositions d'avant-première, "Zone of Interest" qui était un des films
05:04 les plus intriguants du festival de Cannes, "May December", le prochain film de Todd Haynes,
05:10 "Dali", pour le prononcer correctement, de Quentin Dupieux, donc on a cette série d'avant-première.
05:18 Je pense qu'au-delà des films, c'est quel est l'écran dans lequel on propose le film au public,
05:25 pour le faire sortir de l'ordinaire, de tout ce qu'on peut voir sur d'autres écrans.
05:29 Alors nous, on fait beaucoup d'animations, on fait beaucoup de présentations d'avant-première,
05:35 on essaye d'avoir un accueil chaleureux, des gens qui puissent parler des films aux spectateurs.
05:42 Je pense que c'est important d'avoir un échange, c'est aussi un lieu d'échange, le cinéma de convivialité.
05:47 On a le festival Récidiv' qui s'annonce du 25 au 31 mars,
05:52 donc pour l'instant, c'est difficile de cibler les grands films.
05:56 Alors il y a évidemment les films, j'ai envie de dire, les blockbusters de type plus industriel,
06:03 dont on connaît les dates, dont on est déjà en train de viser, de se focaliser sur ces sorties,
06:09 mais nous, on n'est pas tout à fait dans cet esprit-là.
06:11 - Michel Ferry, l'année 2024, c'est aussi une année où on aura de quoi s'occuper entre les Jeux Olympiques et l'Euro.
06:16 Est-ce que ça peut bousculer la fréquentation dans les cinémas ?
06:19 - C'est une question qu'on se pose souvent, c'est-à-dire, quelquefois on se dit,
06:27 tiens, il n'y a eu personne ce soir, mais qu'est-ce qui s'est passé ?
06:30 Et puis, tout d'un coup, on se rend compte que, tout d'un coup, il y avait ou tout d'un coup une pièce formidable au théâtre,
06:37 ou tout d'un coup, il pleuvait des cordes.
06:40 C'est très imprévisible.
06:44 Et les Jeux Olympiques auront certainement un impact.
06:49 Est-ce que ça aura un impact sur le public des Carmes ? J'en sais rien.
06:52 Ça dépend de la qualité des prestations, j'ai envie de dire.
06:56 C'est très imprévisible.
07:00 Et après, on est aussi sur une proposition très locale, très régionale,
07:11 et donc un événement national, international, peu affecté, mais pas durablement.
07:19 - Et puis pour finir, Juliette, je me permets, bravo aux Carmes, 8 euros le tarif plein l'entrée,
07:24 ce n'est pas le cas de tous les cinémas, donc on vous félicite pour ça.
07:26 - Merci. - En tout cas, et puis merci d'avoir été notre invitée ce matin.
07:29 - Merci beaucoup Michel Ferri, vous êtes le directeur des Carmes à Orléans, merci beaucoup.
07:33 - Merci. - Et une bonne année 2024.
07:35 - Bonne année. - On vous souhaite plein de succès avec plein de beaux films. À bientôt.

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