Les consommateurs tiennent les clés de la croissance française cette année et c'est pourquoi la prévision de 1,4% par Bercy est « mission impossible ». Plus modestement, à Xerfi nous anticipons une progression du PIB de 0,5%. Il faut partir de cette double hypothèse : le surplus de pouvoir d'achat consommable sera minime, son utilisation par les ménages prudente. Pas de doute, à la faveur du reflux de l'inflation, les Français vont disposer de marges de manœuvre budgétaires supplémentaires. Mais il ne faut pas les surestimer car la décrue tant attendue de la hausse des prix va se heurter à quatre séries d'obstacles [...]
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00:09 Les consommateurs tiennent les clés de la croissance française cette année.
00:13 Et c'est pourquoi la prévision de 1,4% par Bercy est mission impossible.
00:18 Plus modestement exercit, nous anticipons une progression du PIB de 0,5%.
00:24 Il faut partir de cette double hypothèse.
00:26 Le surplus de pouvoir d'achat consommable sera minime.
00:30 Son utilisation par les ménages sera prudente.
00:34 Pas de doute, à la faveur du refus de l'inflation,
00:36 les Français vont disposer de marges de manœuvre budgétaire supplémentaires.
00:41 Mais il ne faut pas les surestimer, car la décrue tant attendue de la hausse des prix
00:45 va se heurter à quatre séries d'obstacles.
00:48 Il y a d'abord la disparition progressive des effets de base liés au cours des matières premières,
00:52 du pétrole principalement.
00:54 Or ils sont la principale cause de la désinflation actuelle.
00:58 Les cours du Brent sont revenus à leur niveau du début 2023 et devraient s'y maintenir une partie de l'année.
01:04 Aux variations de change près, l'impact du baril sur l'inflation sera neutre au moins jusqu'à l'été prochain.
01:10 Ce à quoi s'ajoute la suppression partielle du bouclier tarifaire sur les prix de l'électricité en février,
01:17 ce qui devrait faire bondir de 10% environ la note pour les particuliers.
01:22 Également intégré dans l'équation, la flambée des tarifs du fret maritime
01:25 et effets collatéral du conflit entre Israël et le Hamas.
01:29 Le coût des matières premières et des produits importés s'en retrouvera augmenté.
01:35 Dernier élément, les récentes hausses des salaires vont continuer de se diffuser
01:39 dans les prix des services dont ces derniers sont très dépendants.
01:43 L'inflation va se modérer, mais à 3% environ en moyenne sur l'ensemble de l'année,
01:48 les ménages récupéreront peu de pouvoir d'achat par ce biais.
01:52 En face, leurs ressources financières vont progresser, mais il faut l'analyser à travers deux de ces composantes.
01:58 Premièrement, une convention comptable qui gonfle artificiellement le revenu des ménages producteurs d'un service destiné à eux-mêmes,
02:05 notamment lorsqu'ils sont propriétaires de leur logement, s'hébergeant eux-mêmes.
02:11 Il s'agit des loyers fictifs.
02:13 Ce flux n'a aucune réalité.
02:15 Or, il contribue très fortement à la croissance du revenu disponible depuis un an.
02:19 La seconde composante est liée au revenu d'intérêt issu de l'épargne.
02:24 Partant de très bas, avec les taux zéros, ils ont explosé.
02:27 Or, ces derniers ont d'abord vocation à être recapitalisés.
02:31 Les ménages ne les intègrent pas dans le périmètre de leur revenu consommable
02:36 car leur fonction est de protéger l'épargne de l'érosion inflationniste.
02:40 Il est donc plus pertinent de reconsidérer la hausse du pouvoir d'achat sur un périmètre étroit, excluant ces deux composantes.
02:48 Le diagnostic est alors plus sombre.
02:51 Les perspectives haussent aussi, ce qui a des implications directes sur la consommation.
02:56 Au mieux, elle s'élèvera d'environ 1% cette année après avoir été chancelante en 2023.
03:03 Prudent en matière de dépense courante, les Français resteront sur leur garde en matière d'investissement
03:09 en restant éloignés du marché du logement neuf ou en différant leurs gros travaux de rénovation.
03:14 Le haut niveau des taux d'intérêt est un handicap supplémentaire.
03:19 Pour les entreprises, il faudra donc composer avec un consommateur frileux,
03:23 sans possibilité d'aller chercher hors des frontières le dynamisme qui fait défaut à l'intérieur.
03:29 Excepté les États-Unis, en pleine renaissance industrielle, le reste du monde est en cale sèche.
03:35 Etouffée par un krach immobilier, la Chine est sur une mauvaise pente et cherche à aspirer la croissance des autres.
03:40 En Europe, l'Allemagne est affaiblie et contamine ses partenaires.
03:45 Avec un tel tableau, pas de doute, la contribution du commerce extérieur sera négative cette année.
03:50 Les volumes d'activités seront comprimés, les marges aussi, avec en toile de fond la relance de la bataille au part de marché.
03:58 Cela fait peser un très gros risque sur l'investissement des entreprises.
04:01 Cela fait peser un très gros risque sur les embauches.
04:04 Engagée, la remontée du taux de chômage se poursuivra tout au long de l'année.
04:09 2024 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices.
04:12 Ce qui rend illisoire les objectifs de réduction du déficit et de la dette publique
04:17 annoncés dans la loi de programmation des finances publiques.
04:20 Question d'habitude, c'est le cas depuis plus de 20 ans.
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