Le pouvoir d'achat des ménages n'est peut-être pas ce que l'on croit. Et cela peut affecter profondément le regard que l'on porte sur 2024. Officiellement, le pouvoir d'achat a fait de la résistance en 2023. Mesuré par l'Insee, par unité de consommation, pour tenir compte de l'évolution du nombre et de la taille des ménages, il a traversé l'épisode inflationniste en se maintenant proche ou au-dessus de la ligne de flottaison d'un trimestre à l'autre, en dépit d'un à-coup au tournant 2022-2023. Un constat mieux lisible en tendance annuelle. Sur cette base, non seulement la consommation a surnagé, mais les ménages ont épargné plus qu'à leur habitude. Et c'est sur ce socle apparemment robuste que se forge la prévision de consommation pour 2024. Sachant que la désinflation viendra en début d'année à la rescousse du pouvoir d'achat des salaires, salaires dont la croissance est maintenant sur une orbite supérieure à 4%. De quoi conforter un scénario de résistance prolongée de la conjoncture française. [...]
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00:09 Le pouvoir d'achat des ménages n'est peut-être pas ce que l'on croit.
00:13 Et cela peut affecter profondément le regard que l'on porte sur 2024.
00:18 Officiellement, le pouvoir d'achat a fait de la résistance en 2023.
00:21 Mesuré par l'INSEE, par unité de consommation, pour tenir compte de l'évolution du nombre et de la taille des ménages,
00:28 il a traversé l'épisode inflationniste en se maintenant proche ou au-dessus de la ligne de flottaison d'un trimestre à l'autre,
00:36 en dépit d'un à-coup au tournant de 2022-2023.
00:40 Un constat plus lisible en tendance annuelle.
00:43 Sur cette base, non seulement la consommation a surnagé, mais les ménages ont épargné plus qu'à leur habitude.
00:49 Et c'est sur ce socle apparemment robuste que se forge la prévision de consommation pour 2024.
00:56 Sachant que la désinflation viendra en début d'année à la rescousse du pouvoir d'achat des salaires.
01:01 Salaires dont la croissance est maintenant sur une orbite supérieure à 4%.
01:07 De quoi conforter un scénario de résistance prolongée de la conjoncture française.
01:12 Un optimisme qu'il faut tempérer cependant, lorsque l'on prend la mesure des hypothèses qui sous-tendent le diagnostic.
01:19 Car le revenu disponible des ménages est d'abord une convention qui agrège des ressources très hétérogènes.
01:26 Parfois inégalement réparties et qui n'ont pas toutes la même portée en termes de potentiel de dépense.
01:32 Il y a les salaires certes, les prestations sociales, les revenus des indépendants, auxquels on retire toute une série de charges fiscales et sociales.
01:41 Cela colle avec ce que les ménages perçoivent intuitivement comme constituant leur capacité de dépense.
01:47 Mais le revenu disponible est alimenté aussi d'autres ressources qui elles sont moins facilement mobilisables par les ménages,
01:56 ayant trait à leur autoproduction et à la propriété.
02:00 Parmi ces dernières, deux gros flux posent question.
02:03 Le premier est un revenu fictif, pure convention comptable.
02:07 Celui des ménages producteurs d'un service destiné à eux-mêmes,
02:11 notamment lorsqu'ils emploient du personnel domestique ou lorsqu'ils sont propriétaires de leur logement, s'hébergeant eux-mêmes.
02:18 Dans les deux cas, l'INSEE évalue la valeur de la prestation, qui apparaîtra à la fois en ressources et en consommation des ménages.
02:26 Le plus gros poste étant les loyers fictifs que les propriétaires se verseraient à eux-mêmes.
02:32 Évidemment, ce flux n'a pas de réalité.
02:34 Or, il contribue très fortement à la croissance du revenu disponible des ménages depuis un an.
02:41 La seconde composante, ce sont les revenus d'intérêt des ménages, issus de leur épargne.
02:46 Ces revenus ont explosé, partant de très bas avec les taux zéro.
02:51 Ils ont triplé, voire quintuplé sur un an au cours des derniers trimestres.
02:55 Contribuant eux aussi très fortement à la progression du revenu disponible.
03:00 Or, ces derniers ont d'abord vocation à être recapitalisés automatiquement.
03:05 Les ménages ne les intègrent généralement pas dans le périmètre de leurs revenus consommables.
03:11 Leur fonction est de protéger, et encore partiellement l'épargne, de l'érosion inflationniste.
03:17 Les études microéconomiques montrent que la propension à consommer ces flux est extrêmement faible,
03:23 d'autant qu'ils sont fortement concentrés sur les plus riches.
03:26 Il est donc pertinent de reconsidérer la hausse du pouvoir d'achat sur un périmètre étroit,
03:31 excluant ces deux composantes dont la dynamique exceptionnelle voile celle des éléments
03:36 plus spontanément considérés par les ménages comme armant leur potentiel de dépense.
03:42 Pour l'obtenir, il suffit de diminuer le RDB, mesuré par l'INSEE,
03:47 des revenus d'intérêt et des revenus fictifs perçus par les ménages, propriétaires et employeurs.
03:54 Et là, le diagnostic est nettement amendé et plus sombre.
03:57 Le pouvoir d'achat a bien été profondément attaqué sur ces composantes les plus usuelles,
04:03 celles qui financent la consommation de la plus grande partie des ménages.
04:07 Au troisième trimestre, ils décrochent de presque 4% sur un an.
04:12 Les ménages s'affirment pessimistes sur leur situation financière,
04:15 récalcitrants à engager de grosses dépenses engageantes.
04:19 Ils ont déjà comprimé leurs dépenses alimentaires et énergétiques.
04:23 En 2024, ce sont les dépenses de biens durables, équipements domestiques,
04:27 automobiles notamment, qui risquent d'en faire les frais.
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