SMART BOURSE - Private equity 2024

  • il y a 9 mois
Mercredi 10 janvier 2024, SMART BOURSE reçoit Jean-Jacques Ohana (Consultant indépendant - Membre du Board de la fintech, Ai For Alpha)

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00:00 [Musique]
00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique,
00:13 thème qui va nous permettre de sortir des marchés liquides cotés pour nous plonger dans le monde du capital investissement.
00:20 La question étant de savoir quelles seront les clés du succès cette année 2024 pour le private equity.
00:25 Et c'est Jean Rabhi qui est à mes côtés pour ce dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir. Jean Rabhi, bonsoir.
00:30 - Bonsoir, Christophe.
00:30 - Vous êtes partenaire en charge du développement d'Astorg, qui est une société de private equity, de capital investissement,
00:36 qui a plus d'une vingtaine, vingt-cinq ans même peut-être d'existence aujourd'hui.
00:40 Vous avez une connaissance profonde de l'industrie financière, je le dis rapidement, Jean.
00:44 Vous avez été associé chez Goldman Sachs pendant plus de 15 ans, je crois.
00:47 Vous avez dirigé le bureau français, notamment pendant plusieurs années chez Goldman.
00:52 Vous avez été évidemment connu en tant que directeur général de Natixis IM avant d'embrasser l'aventure Astorg depuis quelque temps maintenant.
01:01 Jean, ma question est qu'est-ce qui va faire le succès du private equity en 2024 ?
01:04 Et qu'est-ce qui dans cet univers caractérise bien sûr Astorg par rapport à l'industrie ?
01:10 - Écoutez, je pense que l'industrie du private equity, les facteurs de succès qu'ils ont portés au cours des 25 dernières années
01:17 seront ceux qui continueront à apporter succès en 2024, c'est-à-dire une vision à long terme,
01:24 une capacité d'investir des capitaux conséquents pour accompagner les entreprises dans leur développement
01:29 et sans la tyrannie du trimestre, sans la tyrannie des marchés publics cotés.
01:34 Et je parle par expérience, parce que j'ai été moi-même directeur financier d'un grand groupe coté.
01:39 - Un groupe coté dans les télécoms, je cite.
01:41 - Donc, et à l'intérieur de cela, Astorg souhaite évidemment continuer à poursuivre son développement
01:48 en se fondant sur ses propres facteurs de succès qui ont été une stratégie d'investissement très spécifique
01:55 qu'on exécute de manière très disciplinée. Et là, je pense que ça c'est important.
02:00 Ça c'est un vrai facteur de succès. On investit d'une façon très précise, avec des critères financiers et opérationnels
02:07 qu'on a définis par notre longue expérience de 25 ans. Et 2024 ne fera pas exception à cette règle.
02:14 On va continuer à être discipliné dans l'exécution de notre stratégie d'investissement.
02:19 Ça a été ce qui a porté notre succès pendant 25 ans. On est convaincu que c'est ce qui va continuer à le faire pour les années à venir.
02:25 - C'est plus que jamais un people business, comme on dit, cette industrie du private equity.
02:29 - Ça a toujours été un people business. - Oui, je sais. Mais dans le monde tel qu'il est aujourd'hui,
02:33 on peut parler peut-être quand même du choc de taux, le coût du capital, le coût de la liquidité.
02:37 C'est avant tout, et ça reste avant tout un people business.
02:40 - Oui, le capital, il est fongible. Les individus, la valeur ajoutée qu'on peut apporter,
02:44 l'accompagnement des entrepreneurs qui est notre vraiment ADN, ça c'est quelque chose qui est fondé sur l'intuitu personnale.
02:52 Et nos investisseurs nous font confiance de la même façon que les entreprises nous font confiance pour les accompagner.
02:57 Vous savez, nous, on se considère comme des actionnaires professionnels qui exerçons le contrôle.
03:03 On ne se considère pas comme des managers et on garde notre rôle, mais on accompagne les sociétés et les équipes de management
03:10 dans le développement de leur entreprise. On définit avec eux quelques grandes orientations stratégiques à moyen terme,
03:17 et on s'y tient, et on mesure le progrès. Et c'est ça notre rôle, exercer le contrôle.
03:22 Et de cette façon-là, on amène les sociétés à faire en cinq ans, ce qu'elles auraient peut-être fait par elles-mêmes,
03:28 mais plutôt en 10 ou 15 ans. Et donc, on accélère le développement. C'est ce que nous faisons, et c'est vraiment notre expertise intuitu personnelle.
03:36 - Si l'ADN n'a pas changé, si la discipline financière et de conduite des investissements, celle d'Astorgue, est toujours là,
03:44 qu'est-ce qui a changé dans l'environnement? Je parle bien sûr des taux, du coût du capital, du coût de la liquidité,
03:51 qu'est-ce que ça change quand on a un ADN comme celui d'Astorgue? Est-ce que ça veut dire que les choses vont moins vite,
03:58 que les deals sont plus compliqués à trouver? Vous êtes en phase d'investissement, je crois, pour un de vos nouveaux millésimes en ce moment, Jean.
04:06 Qu'est-ce que ça a changé de passer d'un coût du capital de zéro ou moins de zéro à 4 ou 5 aujourd'hui?
04:13 - Il est vrai qu'au cours des 40 dernières années, on a vécu un environnement progressif, quand on prend une vision un peu de haut,
04:22 de déclin continuel des taux d'intérêt, et donc de déclin continuel du coût du capital.
04:28 Pour beaucoup de nos confrères, ça a été vraiment une part importante de leur création de valeur. C'est comme ça.
04:36 Chez Astorgue, compte tenu de notre stratégie d'investissement, où on investit dans des sociétés de qualité, avec des profils financiers très intéressants,
04:44 croissance à deux chiffres, marge opérationnelle supérieure à 20 %, c'est des sociétés dans lesquelles on investit principalement en equity,
04:53 non pas en recourant à la dette, ce qui veut donc dire que notre capacité à générer de la valeur pour nos investisseurs a été beaucoup moins fondée
05:01 sur de l'ingénierie, beaucoup moins fondée sur la baisse des taux d'intérêt et beaucoup plus sur notre capacité à générer de la croissance en accompagnant ces entreprises.
05:11 En ce qui nous concerne, cet environnement financier n'a que peu d'impact. Par contre, ce que je voulais, c'est qu'il ne faut pas non plus...
05:20 Il faut être bien conscient que notre stratégie d'investissement, d'investir dans des sociétés de qualité, ça prend une certaine discipline,
05:27 et ce sont toujours des sociétés de qualité. Ces sociétés de qualité dans lesquelles on souhaite investir, elles sont plutôt rares.
05:34 Donc, il y a toujours de l'intérêt pour ces sociétés-là. Il y a toujours un élément compétitif important, d'autant plus que beaucoup de nos confrères,
05:41 comme nous, vous le mentionnez, on est en phase d'investissement, eh bien, il y a beaucoup de nos confrères qui ont également des capitaux importants à investir.
05:48 Donc, la discipline est encore plus importante dans un environnement dans lequel nous sommes actuellement.
05:54 Il y a beaucoup de dry-ponder, effectivement, comme on dit dans l'industrie aujourd'hui, Jean. Et donc, vous dites, au regard de la qualité que vous recherchez,
06:02 ce n'est pas un marché d'opportunités évidente, il n'y a qu'à se baisser pour ramasser, ce n'est pas le screaming buy partout, là.
06:11 Non, par contre, ce n'est pas le screaming buy parce qu'on a une stratégie d'investissement qui est un peu découplée des cycles économiques.
06:19 Parce que les entreprises elles-mêmes dans lesquelles on souhaite investir sont des entreprises qui peuvent traverser les cycles.
06:24 En revanche, pour nos sociétés de portefeuille, qui ont une certaine taille et une performance financière non négligeable,
06:31 évidemment qu'un environnement plus volatile, avec des différentes contraintes, peut présenter des conditions, des opportunités d'achat, de consolidation,
06:41 que ce soit pour rentrer dans de nouvelles géographies ou augmenter la ligne de produits, qui est particulièrement favorable à nos sociétés de portefeuille.
06:48 En 2023, nos sociétés de portefeuille ont réalisé quelques dizaines d'acquisitions, à des multiples qu'on pourrait considérer comme attractifs,
06:56 évidemment qu'on considère toujours nous-mêmes comme raisonnables compte tenu du profit de l'entreprise, et qui sont créateurs de valeur,
07:02 puisque ça contribue à transformer les entreprises dans lesquelles nous sommes en plateforme, qui deviennent à terme, quand on les cèdera, des actifs de premier plan pour les acteurs stratégiques.
07:13 C'est ça notre stratégie.
07:14 Oui, je comprends. Mais c'est un moment de build-up, c'est un moment de consolidation intéressant aujourd'hui.
07:19 C'est un moment de build-up, et on le démande par notre portefeuille actuelle, on a fait beaucoup d'acquisitions récemment.
07:23 Concrètement, il y a des grandes thématiques qui vous intéressent plus que d'autres chez Astore, vous êtes agnostique par rapport aux thématiques, ou il y a des secteurs privilégiés pour vous ?
07:34 On est tous opportunistes. On a une stratégie d'investissement très définie, on investit dans des entreprises qui servent d'autres entreprises,
07:41 que ce soit par des produits ou des services, qui sont leaders sur leur marché, et qui soit sont ou ont la capacité de devenir global.
07:49 C'est ça notre mantra.
07:51 Et on décline ça dans quatre secteurs. Je vais vous nommer les secteurs, vous allez me dire que c'est trois quarts de l'économie. C'est vrai. Santé, technologie, industrie, services.
08:00 Je vous ai déclins trois quarts de l'économie.
08:02 En revanche, à l'intérieur de chacun de ces secteurs, on a des segments très privilégiés d'investissement. Par exemple, dans la santé, on a les services aux grands groupes pharmaceutiques.
08:11 En ce qui concerne la technologie, plus les logiciels pour les institutions financières. Dans l'industrie, tout ce qui est composants ou ingrédients critiques.
08:21 Donc, on est très, dans chacun de nos segments, je dirais qu'on couvre entre 10 et 15 % de la part de l'univers de segments dans l'économie.
08:31 Très clair. Se pose également la question des exits, des sorties pour l'industrie.
08:37 Jean, j'avais été marqué par une interview d'un de vos confrères et concurrence, c'est le patron d'Equity Capital dans le Financial Times en fin d'année dernière.
08:47 Sur la question des sorties, il fait un constat presque structurel vis-à-vis de la bourse.
08:52 En disant que le marché boursier est devenu dysfonctionnel et que ce n'est plus une option de sortie évidente aujourd'hui pour des JP, pour des professionnels, des actionnaires professionnels comme ceux du Private Equity.
09:07 Est-ce que c'est un constat que vous dressez et comment vous réfléchissez à la question des exits ?
09:12 Alors, il y a un agenda, il y a des calendriers pour ça effectivement. Mais est-ce qu'il y a une question structurelle qui se pose sur les exits du Private Equity aujourd'hui ?
09:21 Écoutez, il est vrai qu'il y a énormément de sociétés en portefeuille aujourd'hui et l'industrie du Private Equity est fondée sur une rotation du capital. Ça, c'est clair, indéniable.
09:31 En ce qui nous concerne, notre historique a toujours été de privilégier des monétisations, des innovations du capital des entreprises dans lesquelles nous avons investi,
09:41 soit par des cessions à des acteurs stratégiques, en majorité, ou en minorité à d'autres acteurs du capital d'investissement comme nous.
09:49 Nous n'avons jamais fait de sortie boursière. Ça ne veut pas dire qu'on n'en fera pas. Et je comprends ce que...
09:56 Ça n'a jamais été l'option la plus intéressante dans le cas des sorties menées par Astore ?
10:01 Non, non, parce que vous savez, il y a un élément, il y a un élément fondamental qui est, une fois que la société est cotée,
10:08 votre capacité, vous, en tant qu'actionnaire, de gérer votre monétisation, elle est fonction de facteurs que vous ne maîtrisez absolument pas.
10:17 Et j'en parle encore là. Je n'en parle en connaissance de cause. J'ai été directeur financier d'un grand groupe coté.
10:22 Cela ne veut pas nécessairement dire que la bourse ne peut pas être une sortie intéressante pour certaines de nos sociétés à terme.
10:30 Moi, je note quand même un constat, et c'est lié aussi à une thématique différente, mais qui est associée,
10:36 que quand vous regardez le nombre de sociétés cotées aujourd'hui dans le monde, c'est la moitié de ce que c'était il y a 15 ans.
10:42 Ah, bien oui. Une attrition de la cote spectaculaire, bien sûr.
10:45 Ce qui explique aussi pourquoi le régulateur a souhaité encourager les investisseurs privés à se tourner vers les marchés privés,
10:52 puisque ceux-ci sont devenus, pour toutes sortes de raisons qui mériteraient une émission entière,
10:58 sont devenus le marché privilégié pour les sociétés qui portent notamment des projets d'innovation.
11:05 C'est terrible. Moi, je parle à des small cappers, des gérants de small cap cotés tous les jours ou toutes les semaines.
11:10 Je vois bien le dialogue impossible entre le monde du private equity et des gérants de small cap boursières,
11:18 parce que le private equity me dit « les pépites, aujourd'hui, elles ne sont plus en bourse, elles sont chez nous ».
11:22 Et pour les gérants small cap, voir l'attrition de la cote, effectivement, elle l'observe aujourd'hui, c'est très, très dur.
11:29 C'est très, très difficile d'attirer l'attention d'un small cap.
11:32 Il n'y a plus de couverture.
11:34 On assistait vraiment à une barbélisation des marchés cotés.
11:40 Et on le voit dans la performance boursière. Vous avez toutes les grandes sociétés de technologie qui tirent les indices vers le haut.
11:46 On peut donc se dire que les indices boursiers sont dans des niveaux très élevés.
11:50 La réalité, c'est qu'à l'intérieur de ces grands agrégats, il y a deux mondes.
11:55 Il y a 80 % de la cote.
11:56 Il y a deux mondes. Il y a deux mondes.
11:58 Je ne voulais pas trop vous ramener sur le marché boursier. Je voulais dire un mot aussi.
12:02 Ça lâche quand même un de mes amours.
12:04 Je voulais qu'on dise un mot.
12:07 Ce n'est pas si loin de la bourse que ça.
12:09 Ce grand push du private equity vers le retail.
12:12 Le phénomène de retailisation, de démocratisation, d'ouverture de ces stratégies non cotées à l'épargnant particulier.
12:21 Il y a différentes gammes, j'allais dire, chez l'épargnant particulier.
12:24 Comment Astorx se positionne par rapport à ça ?
12:26 Est-ce que vos investisseurs historiques, traditionnels, vos LPs traditionnels vous suffisent aujourd'hui ?
12:33 Ou est-ce que vous avez de l'intérêt pour une nouvelle gamme de clientèle qui apporterait son épargne et sa liquidité à vos stratégies ?
12:41 Écoutez, on n'est pas réfractaires à ce mouvement.
12:45 Bien au contraire, je pense que le régulateur a aussi évolué beaucoup.
12:48 Parce qu'il y a quelques années, le régulateur ne souhaitait pas que les investisseurs privés rentrent dans les marchés alternatifs.
12:55 Pour des raisons notamment liées à la liquidité ou la non-liquidité et donc l'engagement à long terme.
13:02 Je pense qu'aujourd'hui, le régulateur a évolué pour la raison qu'on évoquait.
13:06 Deuxièmement, je pense qu'il y a aussi un phénomène conjoncturel,
13:09 qui a été la recherche de rendement dans un environnement où est-ce que, notamment, tout ce qui est stratégie liée au taux,
13:17 a considérablement réduit sa participation, sa part des rendements au cours des 15 dernières années avec la baisse des taux d'intérêt.
13:27 Ça a changé de façon très radicale en dedans de 12 à 18 mois.
13:31 Mais je pense que ça n'empêche pas que structurellement, ce phénomène va demeurer.
13:35 Parce qu'aujourd'hui, on a des outils de construction de portefeuille qui savent faire la part des choses
13:41 et qui sont capables d'intégrer dans un portefeuille plus large, évidemment,
13:45 une part d'actifs alternatifs, certes avec des contraintes de liquidité,
13:51 mais qui sont très diversifiantes par leur rendement et leur capacité de générer de la vraie valeur à long terme.
14:00 Et moi, je pense que ça, c'est un phénomène qui va demeurer.
14:04 On l'épouse dans la mesure où on a fait un partenariat, notamment, avec Cristal, le groupe Cristal,
14:09 qui est un des grands réseaux de conseillers en gestion de patrimoine
14:14 et qui a créé un fonds, un véhicule d'investissement,
14:18 qui est ouvert aux particuliers pour investir dans les fonds Astorg.
14:24 Et donc, à quelque part, oui, on contribue à ce phénomène de démocratisation.
14:29 Mais je pense que c'est le reflet.
14:30 C'est le sens de l'histoire.
14:31 C'est le sens de l'histoire.
14:32 Puis c'est aussi être à l'écoute de ce que le régulateur nous demande comme acteur dans les marchés financiers.
14:38 Merci beaucoup, Jean-Rabhi, d'être venu nous voir pour évoquer le private equity et Astorg en particulier.
14:43 Vous êtes partenaire en charge du développement d'Astorg aujourd'hui.
14:46 Jean-Rabhi, qui était l'invité de ce quart d'heure thématique de Smartbon ce soir.
14:49 Merci.
14:50 Merci.
14:51 [Musique]

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