• il y a 11 mois
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Lisa Kamen-Hirsig, professeure des écoles et auteure de "La grande garderie" aux éditions Albin Michel, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur les propos d'Amélie Oudéa-Castéra, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale, qui a avoué scolariser ses enfants dans le privé.

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Transcription
00:00 - Heure. - Europe 1 matin. - Il est 7h12 sur Europe 1. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'enseignante et essayiste Lisa Kamen-Isrig.
00:07 - Bonjour Lisa Kamen-Isrig. - Bonjour Dimitri.
00:10 - Bienvenue sur Europe 1, vous êtes professeure des écoles depuis une vingtaine d'années, auteur de la grande garderie, ouvrage paru il y a quelques mois justement sur la crise de l'école.
00:19 Alors c'est la première polémique du nouveau gouvernement Attal, vendredi pour sa première sortie dans le costume de ministre de l'éducation,
00:26 Amélie Oudea Castera a confessé scolariser ses trois fils dans l'établissement privé catholique Stanislas,
00:32 invoquant "les paquets d'heures de cours pas sérieusement remplacées, à un moment on en a eu marre" a-t-elle dit.
00:39 Alors la FCPE classée à gauche dénonce un mépris inacceptable, les syndicats de profs des propos provocateurs et scandaleux.
00:46 La ministre s'est excusée. De quoi cette polémique est-elle le nom selon vous Lisa Kamen-Isrig ?
00:52 Alors on voit d'une part qu'elle ne se comporte pas comme si elle était la ministre de toutes les écoles,
00:58 elle se sent obligée de se justifier parce qu'elle se comporte comme si elle était la ministre des écoles publiques.
01:05 Or en France il y a des écoles publiques, mais il y a aussi des écoles privées sous contrat,
01:09 et il y a aussi des écoles privées hors contrat qu'on appelle des écoles libres.
01:14 Et donc en se justifiant, en réalité elle se comporte comme s'il était honteux de scolariser ses élèves dans une école privée,
01:21 a fortiori une école privée sous contrat, qui est en réalité une école qui applique évidemment les mêmes programmes,
01:26 et qui pratique le même type de recrutement que les écoles publiques.
01:31 Donc elle n'aurait pas dû se justifier, mais se comporter comme si elle était véritablement la ministre de toutes les écoles.
01:37 Par ailleurs, il me semble que quand on est parent, elle est mère de famille, je crois qu'elle a trois fils,
01:42 on a bien le droit de scolariser ses enfants là où on le souhaite, sans se justifier avec le ministre ou pas.
01:48 Il me semble que c'est un droit, le droit de chaque parent, de décider de l'éducation qu'il souhaite donner à ses enfants.
01:54 - Alors vous dites "liberté scolaire", Lisa Kamenier-Siegmeyer,
01:57 ça a été pris un petit peu comme si le nouveau directeur général d'une entreprise avouait d'emblée publiquement
02:02 que les produits de ses concurrents étaient meilleurs. C'est ça en fait peut-être qui a choqué, vous ne pensez pas ?
02:06 - Oui, comme elle se comporte comme la ministre, enfin on souhaite des ministres de l'éducation nationale en France,
02:12 qu'ils soient des ministres de l'école publique.
02:14 Elle est bien obligée d'admettre, puisque c'est vrai, c'est le cas, tout le monde le constate,
02:19 que l'école publique aujourd'hui ne fait pas toujours bien son travail.
02:23 Elle est bien obligée d'admettre que la concurrence du privé fait que 40% des élèves,
02:29 une fois dans leur scolarité, passent dans le privé, et que plus de la moitié des Français,
02:33 c'était un sondage récent de l'IFOP 2023,
02:36 souhaiteraient pouvoir décider, choisir l'école de leur enfance,
02:42 ce qui sous-entend qu'ils souhaiteraient pouvoir se dégager de la carte scolaire,
02:47 et éventuellement choisir une école privée.
02:50 Aujourd'hui, on n'entre pas dans le public parce qu'il est meilleur, mais parce qu'il est monopolistique.
02:56 C'est-à-dire qu'en gros, quand on n'a pas les moyens de se payer une école privée,
03:00 on n'a pas le choix, on est tanqué par la carte scolaire en bas de chez soi, dans l'école du coin,
03:05 et on se retrouve dans bien des cas à mettre ses enfants dans une école
03:10 dans laquelle les professeurs sont souvent absents,
03:14 et par ailleurs, n'enseignent pas forcément, n'instruisent pas forcément les enfants,
03:18 mais leur délivrent plutôt un contenu très idéologique.
03:21 - Mais allons un peu plus loin, Lisa Kamenir,
03:23 on se rappelle de la polémique entourant la découverte du fait que Papendiaï,
03:29 son prédécesseur à l'Éducation nationale, lui scolarisait ses enfants aussi dans le privé,
03:33 en l'occurrence à l'école alsacienne, la même où Gabriel Attal,
03:37 notre nouveau Premier ministre, a lui aussi fait sa scolarité.
03:40 Ça n'a pas eu le même retentissement ?
03:42 Disons que la polémique n'était pas tout à fait de la même nature.
03:45 Qu'est-ce qu'il y a de particulier peut-être dans cette affaire Oudéa Castellas ?
03:48 Est-ce que ça tient à la nature de ce collège-lycée ?
03:52 Enfin je revois que d'ailleurs c'est tous les niveaux, de la maternelle jusqu'au lycée.
03:55 Stanislas ?
03:57 - Oui, alors si j'ai bien entendu, on reproche à cet établissement
04:02 de délivrer une instruction réactionnaire.
04:05 C'est ça que j'ai entendu.
04:07 - Ça ce sont les mots de Mediapart.
04:09 - Oui, alors moi je ne m'explique pas la différence de traitement,
04:13 autrement que madame Oudéa Castellas est considérée peut-être
04:18 comme étant plus à droite que ses prédécesseurs.
04:22 - Mais est-ce que c'est l'évitement scolaire, pardonnez-moi Lisa Kamenaz,
04:25 est-ce que c'est l'évitement scolaire, c'est-à-dire le fait de fuir l'école publique
04:30 qui pose problème, est-ce que c'est l'élitisme que l'on prête à l'établissement Stanislas
04:35 comme d'ailleurs ça avait été le cas pour l'école lasagienne,
04:37 est-ce que c'est la dimension d'enseignement catholique aussi qui pose souci ?
04:40 - Dans un pays égalitariste et dont on a extirpé la religion
04:47 violemment au début du XXe siècle, effectivement l'établissement Stanislas
04:51 est sans doute aux yeux de beaucoup de gens coupables de deux péchés,
04:55 c'est-à-dire instruire véritablement les enfants, ce qui est considéré
04:58 aujourd'hui comme un élitisme, et proposer une liberté religieuse,
05:03 c'est-à-dire que si on met ses enfants à Stanislas, on dit Stan entre professeurs,
05:09 si on met ses enfants à Stan c'est peut-être qu'on a envie qu'ils reçoivent
05:12 également une instruction, une éducation spirituelle, ça ça dérange beaucoup
05:17 les gens qui effectivement sont pour à la fois un égalitarisme
05:20 et le fait que la religion n'entre pas dans l'éducation des enfants,
05:24 mais personne n'oblige les parents à mettre leurs enfants à Stan,
05:28 c'est un choix personnel, encore une fois, quand on a des enfants,
05:32 je ne vois pas à quel titre on devrait être interdit de leur donner
05:36 une instruction religieuse si on le souhaite, il me semble que ça fait partie
05:39 de la liberté individuelle, donc après, personne ne le souhaite,
05:45 même moi qui suis pour la libéralisation des écoles, je ne souhaite pas
05:49 qu'on oblige les enfants à une instruction religieuse, je suis pour que les gens
05:52 puissent choisir un choix, et le choix financier, le problème aujourd'hui
05:55 c'est qu'une école comme Stanislas ou des écoles privées prestigieuses
05:59 comme l'école Alsacienne sont réservées de fait à des gens qui ont des moyens
06:03 financiers importants, puisqu'une fois qu'ils ont payé leurs impôts
06:08 pour payer l'éducation nationale, ils sont obligés de repayer
06:11 des frais de scolarité pour intégrer ces écoles, donc c'est là le problème,
06:15 c'est qu'on prive une partie des français de ce choix par la monopolisation
06:19 de l'argent public pour financer l'éducation nationale, qui visiblement
06:22 aujourd'hui provoque un évitement, il n'y a pas qu'à Stan, il y a énormément
06:26 d'établissements en province, dans les villes moyennes, dans lesquels
06:30 les parents se ruent pour inscrire leurs enfants, qui ont des listes
06:33 d'attente longues comme le bras, parce que les gens souhaiteraient
06:36 mettre leurs enfants dans des écoles privées, sous contrat ou hors contrat.
06:40 - Merci Lisa Kamenir-Sieg, je rappelle le titre de votre ouvrage,
06:44 sorti à la rentrée dernière, "La grande garderie séparue",
06:48 chez Albin Michel si je ne dis pas de bêtises.
06:50 Merci à vous.

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