• il y a 7 mois
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Julien Luya, maire de Firminy, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur la montée du narcotrafic qui inquiète les habitants de la ville. Des dealers ont lancé des cailloux sur les enfants d'une école primaire située à côté de leur point de deal où de la drogue a été retrouvée dans la cour par des élèves.
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Transcription
00:00 7h-9h, Europe 1 matin. Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko vous recevez ce matin le maire de la commune de Fiermini, prête sans Tétienne.
00:09 Bonjour Julien Luiard. Bonjour Monsieur Pavlenko.
00:13 Bienvenue sur Europe 1, merci d'être avec nous ce matin pour témoigner d'une situation que l'on observe dans un certain nombre de communes en France, désormais un point de deal.
00:21 Juste à côté d'une école, Gabriel Attal a cité la semaine dernière le chiffre de 200 établissements scolaires concernés dans le pays. C'est le cas de l'école de la Tardive sur votre commune, Monsieur le maire.
00:33 La situation perdure depuis des années, mais vendredi semble-t-il s'est allé trop loin pour les parents d'élèves. Des dealers ont lancé des pierres dans la cour de l'école.
00:42 Un enfant a été légèrement blessé, les enfants ont même retrouvé de la drogue dans la cour. Alors l'inspection d'académie a déposé plainte.
00:50 Avant de vous donner la parole, Julien Luiard, on va écouter une mère d'élèves, elle s'appelle Sarah. Ses deux enfants sont scolarisés à l'école de la Tardive.
00:58 Voici son témoignage recueilli par Caroline Baudry pour Europe 1.
01:02 Les jeunes cachent ou jettent des sachets de substances qu'ils consomment dans l'école pour éviter je pense les patrouilles policières.
01:09 Et en fait, je me suis rendu compte que ma fille savait et qu'ils alertaient les maîtresses à chaque fois qu'il y avait quelque chose de suspect.
01:16 La police est intervenue sur place pour récupérer les sachets. En guise de représailles, ces jeunes ont lancé des cailloux sur les enfants qui étaient dans la cour de récréation.
01:24 Ils les ont même lacés à l'aide d'un taser. Je crains pour leur sécurité, même à l'intérieur de l'enceinte de l'école.
01:30 Au quotidien, c'est de voir passer devant un groupe qui fait n'importe quoi. Ils arrivent à enjamber la clôture qui fait 1m20 que n'importe qui pourrait enjamber.
01:38 Ils avaient mis le feu à un hôtel à insectes dans l'école, dont les enfants étaient plutôt fiers puisque c'était leur réalisation.
01:43 Et vraiment, ce que je redoute aujourd'hui, c'est que des parents envisagent de faire justice eux-mêmes.
01:49 J'attends de la mairie et du maire une prise de position ferme et des actions concrètes.
01:53 De la drogue qu'on jette dans la cour de l'école, des enfants qu'on vise au taser, des dealers qui enjamblent les clôtures de l'école.
01:59 L'un d'eux est même venu s'y réfugier l'an dernier pour fuir la police. Comment réagit le maire que vous êtes, Julien Lhuillat ?
02:08 Bon déjà, il réagit, je dirais, localement sur un cheminement d'apaisement.
02:16 Parce que c'est vrai que les faits, de la façon dont on les présente, sont toujours quand même un peu distordus.
02:23 Donc effectivement, on a eu un petit souci vendredi d'une toute petite quantité de drogue, sans doute perdue ou égarée par quelqu'un,
02:30 qui a été retrouvée dans une zone qui jouxtait entre l'école et le parc qui est juste à côté.
02:37 C'est une école qui est vraiment voisine d'un grand parc public.
02:40 Vous dites que ça n'a pas été retrouvé dans l'enceinte de l'école, vous ?
02:43 Si, si, c'est dans l'enceinte de l'école, mais sans doute jetée par quelqu'un qui a dû fuir une intervention de police,
02:50 ou un de ces dealers qui voulait sans doute se débarrasser d'une... mais c'était vraiment une quantité infime de drogue.
02:56 Et des jets de cailloux qui ont été provoqués par l'intervention de la police, et par une forme de représailles de ces jeunes-là.
03:04 Donc c'est pour ça que ce genre d'affaires, je préfère les traiter dans l'apaisement, dans le calme,
03:09 parce que ça évite aussi ces formes de représailles derrière.
03:13 Donc c'est un point de deal qui est bien connu de la commune.
03:16 Mais vous dites en substance, M. le maire, que les dealers ont bien jeté des cailloux, mais qu'en suivant, ils ne visaient pas les enfants,
03:22 que c'est une petite quantité de drogue, mais malgré tout...
03:24 Quand on dit les dealers, vous voyez, c'est des grands mots.
03:27 Les dealers, c'est un...
03:28 Des gens qui vendent de la drogue, ce sont des dealers, monsieur, quel qu'elle soit l'âge qu'ils ont, quel que soit le rôle qu'ils jouent,
03:33 ce sont des dealers, ils font partie d'un trafic de drogue.
03:36 Tout à fait, ils jouent un rôle dans un trafic qui est bien plus large que ça,
03:40 mais à la base, ça reste un enfant qui est à peine plus grand que les enfants qui sont à l'école.
03:44 Donc voilà, je crois qu'il faut faire preuve un peu de retenue.
03:47 Mais vous entendez quand même la colère des parents ?
03:49 Vous entendez quand même ? Ce sont vos administrés, ce sont vos électeurs aussi.
03:54 J'habite à 200 mètres de cette école, donc c'est une école que je connais très bien, dans un quartier qui est plutôt apaisé.
04:01 Effectivement, on a le problème de ce point de ville,
04:04 mais bon, c'est deux, trois jeunes qui sont toujours à proximité de cette école, qui stagnent ici,
04:09 sur lesquels on travaille beaucoup, avec notre service médiation, avec notre police municipale.
04:14 Et puis bien sûr, il y a l'action de la police nationale qui fait des descentes très régulièrement sur ce point de ville et sur les eaux de la commune,
04:20 parce que c'est vrai qu'il y a eu une stigmatisation que je ne trouve pas très intéressante.
04:26 Stigmatisation ?
04:27 La résolution de ce type de problème ?
04:29 Bah oui, parce qu'une des points de ville dans la commune, j'en ai 4-5,
04:32 et vu que j'ai 7 groupes scolaires dans la commune, je pense que la plupart se situent loin d'une école.
04:38 Voilà, c'est la réalité qu'on connaît dans cette époque.
04:41 Donc il faut y travailler sur ces sujets sereinement.
04:43 Je vais donner un petit détail, Julien Lhuya.
04:46 Donc à propos d'une saisie qui a eu lieu le mois dernier sur l'un des points de ville dans votre commune,
04:52 les policiers ont mis la main sur des petits sachets étiquetés "Hachibo".
04:56 Ça ressemble à des paquets de bonbons, sauf que ce ne sont pas des bonbons.
05:01 "Pilon" aussi, imitant une marque de sachets de thé.
05:05 Bon, pour des petits dealers mineurs de rien du tout...
05:07 Oui, ils sont très inventifs au marketing.
05:08 Oui, oui, c'est quand même...
05:10 J'ai des points de ville où on vous offre un jeu à gratter quand vous venez acheter votre drogue,
05:17 où on vous offre un paquet de feuilles à rouler quand vous venez acheter votre drogue.
05:22 Voilà, c'est des techniques marketing. Il y a une forme de normalisation de ce marché.
05:27 Et on a une forme de jeunesse qui est sur une forme quand même un peu d'hérédité.
05:33 C'est-à-dire que souvent les parents de ces jeunes gens,
05:37 bon, c'est déjà des gens qui posaient un peu problème et qui n'ont souvent pas donné de valeur,
05:41 quoi que ce soit, qui n'ont rien transmis à leurs enfants.
05:43 Et eux, en fait, ils arrivent à 12, 13, 14 ans,
05:46 et ils trouvent tout à fait normal d'aller faire le guet sur un point de ville
05:51 ou être un petit peu plus étoffé dans le trafic pour arrondir le mois,
05:56 pour faire un peu d'argent de poche, pour vivre.
06:00 Et pour eux, c'est complètement normalisé.
06:03 Certains sont scolarisés d'ailleurs.
06:06 Et dès qu'ils quittent le collège, ils vont sur leur point de ville.
06:10 Ils font ça comme un travail quelque part.
06:12 Nous, on est là en face à lutter.
06:15 Et je dirais surtout sur un point de vue parce que le maire...
06:18 - Mais on vous sent un peu résigné. Pardonnez-moi, on vous sent un petit peu résigné.
06:21 L'association de parents d'élèves, d'ailleurs, vous reproche une certaine inertie.
06:25 - Je suis pragmatique. - Oui, c'est du pragmatisme.
06:27 - Oui, mais l'association des parents d'élèves, vous savez,
06:30 quand on arrive à l'approche des élections,
06:32 les associations de parents d'élèves qui sont avec une personne qui...
06:36 Voilà, je lui en veux un peu à cette personne parce qu'elle est en train de mettre à plat
06:40 tout le travail qu'on a fait juste pour des raisons sans doute assez personnelles de pouvoir.
06:45 Et voilà, vous savez, localement, il y a des enjeux qui se jouent sur le point de vue politique.
06:50 Et bon, malheureusement, on a une personne dans cette association de parents d'élèves
06:55 qui a décidé de mettre un barouf autour d'un épiphénomène.
07:00 - Enfin, vous savez, ça parle aux gens quand même l'histoire.
07:03 - Et dans tous les points de vue de la ville...
07:05 - Julien Lhuia, je vais aussi raconter... Pardonnez-moi, Julien Lhuia.
07:09 Je vais aussi raconter que vous-même, vous vous êtes fait agresser,
07:12 pas si longtemps que ça, mi-janvier, on en avait parlé d'ailleurs sur...
07:15 - Sur des interventions. D'ailleurs, la première fois, c'était pour une intervention sur un point de ville aussi.
07:20 La deuxième fois, c'était sur la lutte contre les rodeos urbains,
07:24 qui était un problème qui est lié au point de ville,
07:26 qui était un problème d'une délinquance indirecte.
07:29 Et voilà, ces jeunes gens, ils restent toute la journée à faire les imbéciles sur leur point de ville.
07:34 Donc forcément, au bout d'un moment, ils font des bêtises et il faut intervenir.
07:38 Et on le fait sur toute la commune, et je pense que tous les maires de France
07:41 essayent de lutter contre ce phénomène-là.
07:43 Et nous, on a des interventions de police nationale quasi toutes les semaines sur tous les points de ville.
07:48 Mais malheureusement, je vous dis, vu l'ampleur du trafic,
07:51 vu ce que ça leur rapporte, et vu aussi, ben, cette espèce de dérive qu'on a pu noter,
07:57 voilà, moi je note que c'est des jeunes gens qui ne réfléchissent pas comme nous,
08:02 qui ne vivent pas dans la même société,
08:04 qui sont complètement à la marge, qui ne vivent que selon leurs propres règles.
08:08 Et voilà, en plus, on a une utilisation des réseaux sociaux qui est vraiment néfaste à ce niveau-là,
08:13 parce qu'on pense que c'est facile de gagner de l'argent,
08:17 la valeur travail ne se véhicule pas.
08:20 - Là, elle est mise à mal, c'est clair.
08:22 - On se dit, bon ben voilà, réseaux sociaux, drogue, trafic,
08:26 et quand on voit qu'à la fin du mois, on a pas mal de billets dans la poche,
08:30 on se dit, c'est ça la vraie vie.
08:32 - Merci Julien Lhuillat.
08:34 - C'est l'éducation qu'il faut.
08:36 - Merci à Julien Lhuillat, je rappelle que vous êtes le maire de la commune de Firminy, près de Saint-Etienne.
08:40 Merci d'avoir témoigné ce matin au micro d'Europe 1.
08:43 - C'était un plaisir. - On vous souhaite une bonne journée.

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