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Ève Vaguerlant, enseignante, et auteur "Un prof ne devrait pas dire ça ; choses vues et choses tues" (L’Artilleur, 2023) fonction répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-interview-de-7h40
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NewsTranscription
00:00 - Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'enseignante Eve Vaguerlan.
00:06 - Bonjour Eve Vaguerlan, bienvenue sur Europe 1, vous êtes professeure dans le second degré, c'est-à-dire collège lycée à Paris.
00:11 Alors vous m'expliquez à l'instant que vous êtes TZDR, c'est-à-dire professeur volant,
00:15 vous êtes nommée dans un établissement pour en remplacer un collègue.
00:19 Donc ça vous permet d'avoir une espèce d'expérience un peu diverse de l'éducation nationale.
00:24 Vous avez été en poste aussi une dizaine d'années en banlieue, vous êtes agrégé de lettres
00:28 et vous avez publié récemment un ouvrage intitulé "Un prof ne devrait pas dire ça,
00:33 choses vues et choses tues", c'est paru chez l'Artillerie.
00:36 Alors c'est le récit, c'est votre analyse, ce livre "Des dysfonctionnements de l'éducation nationale"
00:40 ponctué de scènes de classe, de cours, de couloirs, des scènes de salles de prof aussi.
00:45 En cette rentrée scolaire, vous avez retrouvé des collègues vendredi,
00:49 enfin bon finalement vous ne serez pas dans l'établissement où vous avez fait votre pré-entrée.
00:52 Quelle était l'ambiance générale ? Que disent vos collègues aujourd'hui
00:56 de ce qui se passe dans l'éducation nationale ?
00:58 Alors l'ambiance de pré-entrée, comment dire, il y avait pas mal de tensions autour du nouveau pacte
01:05 avec des collègues qui sont assez mécontents de sa mise en place, ce que je peux comprendre.
01:11 On va en parler, de ce pacte enseignant, mais c'est l'idée, c'est vous, c'est travailler plus pour gagner plus,
01:15 pour résumer la philosophie de ce pacte.
01:17 Oui, un petit peu, les collègues étaient assez mécontents de la grande opération de communication
01:22 sur l'augmentation des salaires, qui est vraiment à relativiser,
01:25 parce que c'est vrai qu'à partir d'un certain moment de la carrière,
01:27 c'est beaucoup moins que ce qu'a annoncé le gouvernement.
01:30 Et ensuite il y a cette obsession de nous faire remplacer au pied levé les collègues,
01:34 toujours pour assurer la garderie jusqu'au bout,
01:37 parce que c'est vraiment n'importe quel collègue qui peut remplacer n'importe quel prof.
01:40 Donc vous avez le prof de maths absent, ça peut être le collègue d'anglais qui va venir,
01:44 il ne fera pas des maths évidemment, mais ce n'est pas un véritable remplacement.
01:47 Et c'est cette obsession purement comptable des heures,
01:50 qui est une obsession des parents d'élèves en fait, très souvent,
01:53 qui se focalisent sur le nombre d'heures manquées pendant l'année,
01:57 ils viennent nous en faire le décompte au conseil de classe, comme si on était ultra-absentéistes.
02:01 C'est vrai que pour les parents, de voir qu'on peut avoir jusqu'à 3-4 heures de cours manquant par semaine,
02:05 c'est un vrai sujet.
02:06 En fait le vrai problème, c'est qu'avec les problèmes de discipline qu'on a actuellement,
02:11 ce qui se passe c'est que sur une heure de cours,
02:14 si vous avez un quart d'heure, vingt minutes de travail réel, c'est beau.
02:16 Et pour moi c'est là qu'il y a du temps à gagner.
02:18 C'est vraiment le principal.
02:21 - Alors on ne sait pas où commencer la liste des problèmes à l'école.
02:24 Eva Guerlain, vous avez cité les problèmes d'autorité,
02:27 les querelles sur la laïcité avec l'affaire de la Bayer en ce moment,
02:30 la rémunération des enseignants, vous en avez un petit peu parlé,
02:32 mais rappelons quand même que les enseignants français sont payés 10% de moins que la moyenne européenne,
02:37 et deux fois moins que les enseignants allemands.
02:40 On pourrait parler aussi de la crise des vocations,
02:42 la baisse du niveau scolaire, etc.
02:44 C'est la poly-crise scolaire qu'on est en train de vivre, Eva Guerlain ?
02:47 - Oui, un petit peu, parmi nos dirigeants,
02:50 il y a des gens qui justement sont des gestionnaires de crise.
02:53 Donc ils ne traitent pas vraiment les problèmes de fond,
02:56 ils gèrent les crises.
02:58 Donc là c'est assez caractéristique de cette rentrée,
03:01 on a eu les annonces sur le harcèlement scolaire.
03:04 - Un plan est en préparation à l'initiative de la première ministre.
03:07 - On verra effectivement ce qui se passe,
03:09 c'est une bonne chose que ce soit les élèves harceleurs qui soient déplacés des établissements
03:13 et non le harceler comme c'était le cas auparavant.
03:15 J'attends quand même de voir comment ça se passera en réalité,
03:18 parce que les harceleurs sont souvent plusieurs,
03:20 et vu la difficulté à exclure ou à déplacer les élèves dans les établissements,
03:25 qu'on en déplace quatre d'un coup parce qu'ils sont harceleurs,
03:29 je suis un peu dubitatif sur le fait qu'on va voir ça en réalité.
03:32 - Mais vous n'êtes pas la seule, beaucoup de parents d'élèves,
03:35 eux-mêmes se disent sur le papier "c'est beau, mais comment va-t-on mettre ça en pratique ?"
03:39 et les harceleurs, dans quel établissement iront-ils ?
03:42 Vont-ils reproduire le schéma là-bas ?
03:45 Vous dites en substance dans votre livre,
03:47 on va parler maintenant de scolarité, des programmes, des méthodes éducatives,
03:51 parce que ça aussi c'est au cœur des préoccupations des parents d'élèves,
03:54 et ils sont nombreux à nous écouter ce matin sur Europe 1,
03:56 vous dites "on a abandonné la transmission des savoirs".
03:59 Qu'est-ce que ça veut dire vaguement ?
04:01 - Ça s'inscrit dans une logique qui est très ancienne maintenant,
04:04 de refus bourdieusien de la transmission de la culture et du savoir.
04:08 Je fais référence à Bourdieu parce qu'il a fait partie de ceux
04:12 qui ont dit que la culture, c'était l'apanage de l'élite
04:15 et qu'on essayait de l'imposer à toute la société,
04:18 alors que cette culture bourgeoise n'aurait pas de valeur particulière en soi.
04:22 C'est au nom de ça qu'en cours de musique,
04:25 on chante des chansons de Pink au lieu d'écouter du Beethoven,
04:28 parce qu'il ne faut pas infliger la culture bourgeoise de l'élite à tout le monde.
04:32 Donc un véritable refus de la transmission avec tout un panel de méthodes,
04:37 on résume ça aujourd'hui sous le terme de pédagogisme,
04:40 des méthodes où ce n'est pas l'enseignant qui transmet verticalement le savoir
04:44 dans un cours frontal qu'on appelle le cours magistral,
04:47 où le prof est en face de l'élève,
04:49 mais c'est l'élève qui doit découvrir le savoir par lui-même.
04:52 Donc typiquement, un exemple pour que les auditeurs se rendent compte,
04:55 dans les cours de langue, les professeurs ont interdiction de donner des listes de vocabulaire à apprendre.
05:00 - Ils ont interdiction ? - Oui.
05:03 Il faut qu'ils apprennent par pure imprégnation,
05:06 comme quand vous êtes à l'étranger, vous savez, à raison de deux ou trois heures par semaine.
05:10 Donc pas de liste de vocabulaire, c'est rébarbatif. Et tout est comme ça.
05:14 - C'est stupéfiant ce que vous nous racontez,
05:16 parce que pour ceux qui sont sortis de l'école depuis un petit moment,
05:19 on a l'impression d'être sur Mars en vous écoutant.
05:21 Alors on pourrait rentrer dans les détails,
05:23 mais Eva Guerland, nous n'avons malheureusement pas beaucoup de temps.
05:25 Sur la question religieuse à l'école, la question de l'abaya.
05:28 Il y a le sujet même de l'abaya, il y a des heures de débats sans fin actuellement sur le sujet,
05:32 mais vous témoignez dans votre livre, et j'ai trouvé ça très intéressant,
05:35 de l'histoire anti-chrétienne et anti-catholique de l'école.
05:38 Il y a un vrai malaise des enseignants à parler de l'héritage chrétien,
05:43 finalement, de la société française.
05:45 Très concrètement, ça se manifeste comment ?
05:47 - C'est une partie du refus de la transmission de notre culture,
05:51 qui fait aussi qu'on a du mal à se positionner, je pense,
05:53 face à cette islamisation de l'école,
05:55 parce qu'on n'a pas de proposition en face,
05:57 parce qu'on renie notre propre culture.
05:59 Je pense qu'il faudrait remettre des cours d'histoire des arts,
06:04 à la place de ces cours d'art plastique et de musique.
06:08 - Vous dites que les enseignants ont du mal à parler de la Bible,
06:10 parce qu'ils ont l'impression de faire de l'évangélisation, alors que ça n'a rien à voir.
06:15 - On a un chapitre qui porte sur les textes fondateurs,
06:18 je sais qu'on peut étudier des textes de la Bible dans ce cadre,
06:21 et très peu de collègues le font, parce qu'ils sont mal à l'aise avec ça,
06:23 parce qu'il y a vraiment une culture anticléricale dans l'éducation nationale.
06:27 Et pourtant, ça exclut nos élèves de toute notre culture.
06:33 Quand vous allez au Louvre, la moitié des tableaux
06:35 représentent soit des sujets mythologiques, soit des sujets bibliques.
06:38 Et nos élèves ne connaissent rien à ça.
06:40 Il faut qu'ils connaissent les histoires comme l'Arche de Noé,
06:42 des choses comme ça, ça fait partie de notre culture.
06:44 - Merci Eva Guerlain d'être venue ce matin sur Europe 1.
06:46 Et n'hésitez pas chers parents à faire des listes de vocabulaire
06:48 en langues étrangères à vos enfants, visiblement,
06:50 puisqu'ils n'ont plus le droit d'en avoir lorsqu'ils sont au collège ou au lycée.
06:52 Je rappelle le titre de votre livre,
06:54 "Un prof ne devrait pas dire ça, chose vue et chose tue",
06:58 c'est paru aux éditions de l'Artier.
07:00 Bonne journée à vous Eva Guerlain et bonne rentrée.
07:02 - Merci beaucoup.