Le débat de RTL du 17 janvier 2024

  • il y a 8 mois
Regardez L'invité d'Yves Calvi du 17 janvier 2024 avec Yves Calvi.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h.
00:05 Il est 8h20. Bonjour Patrice Duhamel.
00:07 Bonjour.
00:07 Merci d'être avec nous ce matin sur RTL, éditorialiste politique, ancien directeur général de France Télévisions.
00:12 Vous publiez aujourd'hui même un ouvrage qui tombe à pic, "Le chat et le renard",
00:16 président et premier ministre, deux ou trois choses que je sais d'eux aux éditions de l'observatoire.
00:22 Inutile de vous dire que nous sommes curieux de votre curiosité et nous évoquerons dans un instant les rapports Macron-Attal bien entendu.
00:29 Mais tout d'abord l'actualité du jour ou plutôt celle de la soirée d'hier.
00:32 Le président face à la presse pendant 2h20 dans ce qu'il avait appelé son rendez-vous avec la nation.
00:37 Qu'avez-vous simplement pensé de l'exercice ?
00:39 Alors j'ai pensé qu'il a fait un gros effort de pédagogie,
00:45 qu'il a utilisé des mots beaucoup plus clairs, simples et accessibles que d'habitude,
00:50 que le cap c'est pas évident sur une perspective de 3 ans, 3 ans et demi.
00:56 Moi j'ai retenu un, les choses concrètes, voilà on va faire des choses concrètes,
01:02 qui intéressent les français au quotidien, l'uniforme, la régulation des écrans pour les jeunes, la marseillaise, etc.
01:08 Un accent sur l'ordre, ça clairement, et donc l'évolution, je dirais, le centre de gravité plutôt vers la droite.
01:18 Et puis là où je l'ai trouvé le meilleur, c'est sur l'extrême droite.
01:22 Et on sent bien que pendant 3 ans, 3 ans et demi, il va être chef de guerre contre l'extrême droite,
01:27 en commençant par les élections européennes.
01:29 Dans notre enquête BVA/XA/Port RTL ce matin, 51% des français ne l'ont pas jugé convaincant.
01:34 Est-ce que c'est une surprise pour vous ? Et j'ai envie de dire à titre personnel et en tant qu'analyste politique,
01:39 est-ce que vous en savez plus, vous, sur le projet présidentiel pour les 3 ans à venir ?
01:43 Ce que j'en sais, c'est qu'il va y avoir beaucoup de mal, parce qu'avec Gabriel Attal comme avec Elisabeth Borne,
01:51 il manque 40 députés pour faire une majorité, donc c'est difficile de faire passer des lois.
01:55 Et donc il va essayer en priorité de passer par les décrets, les circulaires,
02:00 des décisions qui ne passent pas forcément par des grandes lois emblématiques comme il y a eu les retraites et l'immigration.
02:05 C'est ça qui m'a paru le plus important, d'être le plus concret possible.
02:09 Nos confrères de Libération évoquent une vieille France avec notamment le retour de l'uniforme à l'école.
02:13 Qu'est-ce que ça vous inspire comme commentaire ? Et j'allais vous dire, est-ce qu'on n'a pas nous un problème générationnel ?
02:17 C'est-à-dire qu'on voit des choses revenir qui d'une certaine façon nous rassurent,
02:21 mais qui n'ont peut-être plus de sens pour les gens qui ont moins de 30 ans aujourd'hui, les parents qui ont 35 ans, je ne sais pas moi.
02:27 Non, mais il y a un côté nostalgique, c'est ce qu'il aime en même temps.
02:30 Le théâtre à l'école, il aime, c'est d'ailleurs là qu'il a rencontré sa future femme.
02:35 On voit bien qu'il y a une priorité absolue, ce qu'il dit la mère des batailles, ce que dit Gabriel Attal aussi, sur l'éducation.
02:43 Donc tout va tourner autour de ça.
02:45 Mais c'est vrai qu'il y a un bras de nostalgie.
02:47 Sur l'exercice, le président face à la presse, à l'Elysée, avec ses nouveaux ministres bien alignés, qui hochent de la tête au premier rang.
02:54 Alors c'est très joli si on aime les dorures, mais ce n'est pas d'une extrême modernité.
02:58 On pouvait attendre autre chose. Est-ce que vous-même vous attendez autre chose de ce type d'intervention ?
03:04 Je pense que ça pourrait être plus court que l'exercice effectivement avec le gouvernement.
03:11 Ça m'a rappelé un petit peu les conférences de presse de De Gaulle, j'y étais pas, mais celles de Pompidou j'y étais.
03:17 Et voilà, effectivement, le côté solennel, c'est un petit peu compliqué.
03:23 Et je dois dire qu'il y avait aussi un petit côté ORTF hier soir avec le président sur toutes les chaînes ou à peu près.
03:30 On attendait le mot ORTF, ça nous a fait du bien, on est libérés.
03:32 Alors on en vient à votre livre sur nos présidents, leur premier ministre, la soirée d'hier,
03:37 une semaine avant le discours quand même de politique générale d'un Gabriel Attal plus populaire que lui.
03:41 C'est une mauvaise manière faite au premier ministre, ou finalement c'est le rapport du chat et du renard tel que vous l'avez décrivé ?
03:47 C'est le grand sujet de la Ve République, c'est que fait le président et que fait le premier ministre.
03:52 Et ça fonctionne à peu près bien quand les rôles sont clairs.
03:55 Et là c'est vrai qu'Emmanuel Macron, il est souvent à la fois président, premier ministre et parfois ministre aussi.
04:02 Donc franchement, il connaît formidablement bien les dossiers.
04:05 Il est assez impressionnant sur l'aspect technique de tous ses ministères au quotidien.
04:13 Mais il faut qu'il laisse un peu de champ à Gabriel Attal, qui est populaire, qui est plus populaire que lui.
04:20 Et il faut qu'il ait, comme disait notre ami André Bergeron, il y a quelques dizaines d'années,
04:27 le patron de Force Ouvrière, un peu de grain à moudre pour le discours de politique générale.
04:31 C'est un vrai sujet parce que ce n'est pas un problème institutionnel d'application de la Constitution, etc.
04:37 Il faut que le premier ministre ait un peu de marge de manœuvre qu'il puisse arbitrer lui-même,
04:40 sans aller référer à chaque fois au président de la République.
04:43 - Le chef de l'État qui nous a quand même glissé hier soir,
04:45 "je ne me substituerai pas au gouvernement pour les annonces précises",
04:48 il nous parlerait de son jardinier, ça nous ferait le même effet.
04:52 - Non mais il a annoncé l'essentiel.
04:54 Donc la question qui se pose pour le discours de politique générale,
04:57 c'est de savoir ce que le premier ministre peut annoncer concrètement.
05:01 Est-ce que ça va être sur la santé, le pouvoir d'achat ?
05:04 Peut-être, mais en tout cas, on ne voit pas bien concrètement
05:08 ce qu'il peut ajouter à ce qu'a dit Emmanuel Macron hier soir.
05:11 - Alors le chat et le renard, quand le président se mêle de gouverner, il se plante,
05:15 il est condamné à échouer.
05:17 Ce tacle à Emmanuel Macron, il est signé Édouard Philippe,
05:19 qui prononce ces mots devant vous dans une interview.
05:22 Vous le racontez dans votre livre.
05:24 - Un an avant l'élection présidentielle,
05:27 et c'est pour un documentaire sur l'histoire des 100 premiers jours des présidents,
05:32 et il m'a demandé, ainsi qu'aux réalisateurs et aux producteurs,
05:36 de garder cet extrait au frigidaire, sans en parler pendant un an.
05:40 Ce qu'on a fait, parce que quand on fait un documentaire,
05:43 il y a un deal avec les gens qu'on interview, donc on a trouvé ça normal,
05:46 mais c'est là où on a mesuré la différence d'appréciation
05:50 entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe.
05:52 - Alors, à contrario, quand ça marche bien dans le couple exécutif, quel est le secret ?
05:57 - Qu'il soit différent,
05:59 que le président laisse de la marge de manœuvre au Premier ministre,
06:04 que le Premier ministre ne soit pas forcément un candidat potentiel à l'élection présidentielle,
06:10 et pour dire les choses clairement,
06:13 que le président préside et que le Premier ministre gouverne.
06:16 Et depuis quelques années, notamment depuis le quinquennat,
06:19 mais ça avait déjà commencé après le général de Gaulle avec Georges Pompidou,
06:23 c'est souvent le président qui préside et qui gouverne.
06:26 - Un des charmes de ce livre, c'est que vous décortiquez les relations de nos présidents
06:29 avec leur Premier ministre et vos souvenirs,
06:31 avec la complicité d'un certain Jean de La Fontaine et de ses fables,
06:34 alors De Gaulle-Pompidou, Giscard Chirac, Mitterrand-Rocart ou encore Sarkozy-Fillon,
06:38 on a l'impression que c'est un tango qui finit toujours mal.
06:41 Je rappelle d'ailleurs une citation qui ouvre votre livre,
06:46 "Dans un couple, l'un au moins doit être fidèle, de préférence l'autre."
06:49 - Absolument.
06:50 - C'est Marcel Achar qui est quelqu'un que j'adore.
06:52 J'étais en train d'imaginer le tango Macron-Attal,
06:54 ça vous donne des perspectives, non ?
06:55 - J'ai trouvé une fable déjà pour Macron-Attal, "Le berger et le roi".
07:01 C'est une fable sur l'ambition et la jalousie.
07:04 Bon, Gabriel Attal a de l'ambition, le président bien entendu,
07:07 mais son problème c'est qu'il sait quelle est la fin, c'est mai 2027,
07:12 et chaque jour il a moins de pouvoir que la veille,
07:16 et le sujet est de savoir s'il va laisser s'épanouir Gabriel Attal
07:19 dans une éventuelle ambition présidentielle.
07:23 Ça va être le sujet politique, parce qu'hier soir il y a aussi un retour à la politique,
07:27 avec notamment son discours sur l'extrême droite,
07:31 voilà, tout ce qu'on a entendu sur la perspective européenne,
07:36 ça va être un chef de guerre, Emmanuel Macron,
07:40 et Gabriel Attal normalement aussi face à Jordan Bardella.
07:44 Donc voilà, mais comment le couple Macron-Attal ?
07:47 C'est une vraie curiosité, ça m'intéresse beaucoup.
07:49 Donc dans la prochaine édition de ce livre, il y aura un chapitre sur Macron-Attal.
07:54 - Vous nous ouvrez des perspectives.
07:56 Merci beaucoup Patrice Duhamel, votre livre "Le chat et le renard", président...
07:59 et de la France.
08:00 [SILENCE]

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