• il y a 9 mois
André Paccou, président de la LDH en Corse,

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00:00 - Répakou, bonjour. Dimanche, vous vous rassemblez avec celles et ceux qui sont, je cite,
00:05 "contre la loi asile-immigration" devant les préfectures d'Ajaccio et de Bastia.
00:10 Vous, vous êtes pour une corse de la fraternité, les 402, je crois, signataires du manifeste
00:16 "contre la loi de la honte et contre l'extrême droite", c'est ainsi qu'il s'appelle.
00:20 Est-ce que c'est une réponse aussi au rassemblement anti-racaille ?
00:27 - Alors d'une part, simplement, petite précision, il y a aussi un rassemblement devant la sous-préfecture de Calvi
00:32 à 11h, même heure, pour Ajaccio et Bastia. Et puis nous sommes, allez, à 430 signataires
00:39 au niveau de cet appel à manifester. Alors ça n'est pas une réponse par rapport à ce qui s'est passé
00:48 il y a maintenant une semaine avec cet appel, je rappelle, qui s'est fait à l'origine sur le mot d'ordre
00:55 "fora racaille", qui est vraiment, je dirais, le degré zéro de la politique et qui est de fait
01:03 un appel à la violence. Ça a été dit par le préfet de Haute-Corse, mais pour nous également,
01:10 si l'on regarde le droit, on est bien dans cette logique-là. Alors ça n'est pas une réponse directe,
01:16 mais notre appel inclut aussi, je dirais, une inquiétude par rapport à un certain nombre d'agitations
01:22 que l'on considère comme xénophobe, qui visent les immigrés, des familles, des enfants, des gens qui travaillent,
01:31 confondant ça avec des faits divers, confondant ça avec le trafic de drogue, alors que nous coutoyons
01:37 tous les jours des gens qui sont des immigrés et qui ne posent vraiment aucun problème.
01:41 Je dirais même que c'est la grande, la très grande majorité.
01:44 - Alors concernant cette loi immigration, vous demandez aux élus territoriaux de s'engager contre cette loi.
01:52 Pourquoi, selon vous, ne l'ont-ils pas déjà fait ?
01:58 - Simplement parce qu'il y a un débat qui a été lancé à la dernière réunion de l'Assemblée nationale,
02:05 la dernière session, pardon, et qu'effectivement, il est prévu un débat lors de la prochaine session,
02:12 suite à l'intervention d'un élu qui se référait notamment à l'opposition de 32 départements au niveau national
02:19 contre cette loi, qui instaure des mesures qui relèvent de la préférence nationale.
02:25 Et donc effectivement, nous sommes en attente, nous, notamment dans le domaine social, je précise, c'est important,
02:32 par exemple les allocations familiales qui seront conditionnées à une présence sur le territoire.
02:37 Alors, sachant que les gens continueront à payer ce qu'il faut au niveau cotisation pour les allocations familiales
02:42 et prestations sociales, etc. Donc, on est sur des logiques de préférence nationale.
02:48 Et donc, comme ces départements ont, je dirais, les compétences en la matière,
02:52 et que la collectivité de Corse, avec la suppression des départements, dispose maintenant de ces compétences,
02:57 eh bien, nous lui demandons de s'aligner sur ce que vont faire ces départements, c'est-à-dire notamment
03:03 compenser ces réductions d'accès sur la préférence nationale à des prestations sociales,
03:10 de les compenser donc par des prestations sociales qui seront prises au niveau de la collectivité,
03:16 comme dans ces départements, selon le principe de la libre administration, d'ailleurs, des collectivités.
03:21 - Alors, sur la loi et sur son adoption, est-ce qu'aujourd'hui vous en voulez à la gauche ?
03:25 La motion de rejet de la gauche a ouvert un boulevard parlementaire au texte et au coup politique du RN.
03:32 - Alors, écoutez, non, notre débat, nous, ne se situe pas là.
03:37 - Vous faites la politique.
03:38 - On n'est pas dans le débat de ce qui se... Voilà.
03:41 Au niveau, je dirais, des partis, ça n'est pas l'engagement de la Ligue des droits de l'homme
03:47 et d'un certain nombre d'organisations qui appellent, il peut y avoir des partis qui appellent,
03:52 mais ceci étant dit, ça n'est pas notre engagement, ça n'est pas le souffle premier de notre protestation et notre inquiétude.
03:59 Donc là, il faut être clair, mais simplement, très franchement, la version qui sortait déjà du Sénat
04:06 et puis de la commission mixte paritaire de l'Assemblée était déjà effectivement très, très, très critique.
04:14 On a aggravé certains aspects, c'est vrai, mais les mesures qui relèvent de la préférence nationale
04:20 ou de la restriction du droit du sol étaient déjà présentes dans les premières mesures.
04:24 - Alors, depuis 1945, l'immigration a fait l'objet de 117 lois ou modifications réglementaires.
04:31 Alors, certaines sont favorables, d'autres plus contraignantes. Sur le fond, si on prend la notion de nationalité,
04:39 choisir à 18 ans la nationalité quand on est un étranger, faire que ce soit plus automatique,
04:45 est-ce que c'est forcément choquant ? Affirmer son attachement, c'est aussi une preuve d'intégration.
04:53 - Oui, c'est ce qu'on demande effectivement régulièrement aux personnes qui sont installées depuis longtemps.
04:59 Je tiens à dire d'ailleurs que les personnes à qui on va demander, ce sont des étrangers qui atteignent la majorité,
05:06 18 ans, qui sont nés en France. Et donc là, c'est la problématique du droit du sol qui, effectivement, est posée.
05:13 Donc, il me semble, moi, que la France est encore capable de faire des Français et qu'il n'y a pas besoin,
05:20 par exemple, dans une même classe, d'avoir des jeunes qui seront dans une logique d'étranger
05:25 et qui seront d'autres Français alors qu'ils font leur scolarité depuis le début de leur naissance, j'ai envie de dire,
05:33 depuis que la scolarité est obligatoire pour eux. Donc, on est en train de mettre en place des statuts qui vont différencier,
05:40 par exemple, des enfants. Et excusez-moi, mais je trouve qu'effectivement, c'est scandaleux.
05:46 C'est pas comme ça qu'on va construire du livre ensemble. Certainement pas. - C'est sur la philosophie.
05:50 - Et la deuxième chose, c'est sur le droit du sol si vous êtes né en France, que vous avez vécu en France,
05:57 que vous avez été élevé en France, que vous avez grandi en France, que vous avez appris le français,
06:02 que vous êtes allé à l'école en France, que vous êtes impliqué dans la vie associatiste française.
06:07 Du jour au lendemain, à 18 ans, on vous demande "Alors, au fait, tu déclares que t'es Français, maintenant ?"
06:12 Avouez que c'est quand même d'une logique terrible. Et c'est, en fait, l'abaissement du droit du sol,
06:17 qui est un droit qui est beaucoup plus intégrant que le droit du sang. Et en même temps, dans notre constitution française,
06:24 il y a un panachage entre le droit du sang et le droit du sol. Là, c'est donner, effectivement, quelque chose,
06:31 une préférence au droit du sang. Je rappelle que dans son programme, le président de la République n'avait pas du tout ces mesures.
06:37 Par contre, ces mesures-là étaient dans le programme du RN au dernière présidentielle.
06:42 - Merci André Pacou d'avoir été notre invité ce matin.

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