SMART TECH - Emission du mardi 23 janvier

  • il y a 7 mois
Mardi 23 janvier 2024, SMART TECH reçoit Jérôme Valat (CEO et cofondateur, Cleyrop) , David Lacombled (Président, La villa Numeris) , Gilles Casteran (président, Memority) , Murielle Popa-Fabre (experte en traitement automatique du langage, Conseil de l'Europe) et Patrick Perez (directeur du laboratoire de recherche, Kuytai)
Transcript
00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à tous au programme de Smartech aujourd'hui.
00:10 On va débriefer de l'actualité autour de l'intelligence artificielle
00:13 avec des experts qui vont bientôt arriver en plateau.
00:16 Et puis on aura notre chronique "Le numérique c'est humain"
00:19 pour s'intéresser à cette bataille déclarée contre les écrans.
00:22 Mais d'abord je vous propose qu'on s'intéresse à la gestion de nos identités
00:25 et c'est un point faible aujourd'hui en matière de sécurité pour nos données.
00:28 Tout de suite, trois questions à dans Smartech.
00:30 [Musique]
00:34 Trois questions à Gilles Castéran sur la protection de nos informations personnelles
00:39 d'utilisateurs sur le web. Bonjour Gilles.
00:41 Bonjour Delphine.
00:42 Alors, vous êtes le président de Memority, acteur français dans le domaine de la confiance numérique,
00:47 expert de l'authentification sécurisée.
00:49 J'ai envie de vous demander déjà de manière générale,
00:52 est-ce que quand on se connecte aujourd'hui sur un site,
00:54 nos informations personnelles, j'entends au sens de notre identité finalement numérique d'utilisateur,
01:00 est-ce que ces informations sont stockées sur des serveurs,
01:03 qui sont stockées, pardon, ou sur des serveurs d'enclade ou directement chez les e-commerceurs ?
01:08 Est-ce que ça vous semble aujourd'hui bien géré, sécurisé ?
01:12 Est-ce que c'est votre point de vue ou est-ce qu'aujourd'hui vraiment
01:15 on est dans une situation de faiblesse sur la gestion de ces identités ?
01:19 Alors en tout cas, on peut faire mieux. C'était d'abord la première chose.
01:22 Ce qui est important, c'est de gérer aussi bien les accès,
01:25 la façon dont on va s'authentifier, on va contrôler les accès,
01:28 que le cycle de vie, que les droits associés à ces accès.
01:32 Quand on accède à des services, il faut avoir des droits pour pouvoir y accéder simplement.
01:37 Parce que quand on parle de cybersécurité, c'est vrai qu'on s'intéresse surtout
01:40 à protéger les données une fois qu'elles sont quelque part,
01:42 mais finalement ce que vous nous dites, c'est au moment où elles transitent ?
01:46 Voilà exactement. Globalement, les attaques, 84-85% des attaques
01:50 ciblent toujours l'utilisateur et la façon dont il va accéder.
01:54 Alors ce qui est très important dans la gestion des accès à des identités,
01:57 c'est certes protéger, mais il faut aussi simplifier la vie de l'utilisateur,
02:02 la simplification des parcours utilisateurs, quels que soient les utilisateurs,
02:05 qu'ils soient l'employé, mais également le client consommateur, le citoyen,
02:09 ou alors les partenaires dans de plus en plus d'entreprises.
02:12 C'était justement ma deuxième question, Gilles, parce que pour un e-commerçant,
02:16 son intérêt en fait c'est que l'expérience d'achat soit la plus fluide,
02:20 la plus rapide possible, qu'on achète très très vite,
02:23 sans trop de lourdeur de sécurisation.
02:26 Donc est-ce que c'est compatible avec une meilleure sécurité
02:29 de nos identités, de nos accès ?
02:32 Oui en effet, alors évidemment c'est compatible, c'est exactement possible.
02:36 D'ailleurs je peux même faire peut-être une petite annonce aujourd'hui,
02:39 puisque on a la chance que Memority a été choisie pour rendre un service
02:43 qui est le service BeConnect.
02:46 BeConnect c'est une offre de service d'authentification numérique
02:50 au service du mass market, c'est-à-dire de l'ensemble des consommateurs.
02:53 Alors c'est porté par cinq grandes banques françaises, disponibles cet automne.
02:58 Mais c'est-à-dire qu'est-ce que ça change par rapport à ce qu'on a aujourd'hui ?
03:02 Alors l'objectif c'est de supprimer cette phase, l'usage d'identifiants ou de mots de passe.
03:07 Et en même temps qu'on peut supprimer cette phase,
03:10 on peut en plus améliorer le niveau de sécurité,
03:13 tout en protégeant les données, en respectant en effet la réglementation des données européennes.
03:18 Et comment on supprime cette phase ?
03:20 Alors derrière il y a des mécaniques d'analyse de contexte d'usage.
03:24 En comprenant mieux le contexte, vous disiez,
03:26 on sait en même temps qu'on simplifie la vie numérique,
03:29 on sait protéger cette vie numérique.
03:32 D'accord, alors parce que moi j'allais vous poser l'ultime question,
03:36 c'était est-ce qu'on doit avoir plusieurs identités numériques
03:39 pour être mieux protégé sur le web ?
03:42 Alors c'est un fait, on a plusieurs identités numériques de toute façon.
03:46 Vous avez une identité numérique professionnelle, en tant que citoyenne,
03:50 en tant que consommatrice, donc on a plusieurs identités.
03:53 L'important c'est de simplifier pour chaque identité cette façon d'usage.
03:58 Mais l'usage, on en a...
03:59 Mais alors s'il y a un outil qui va repérer qui je suis,
04:01 finalement je ne serai toujours qu'une seule et même personne,
04:03 donc je n'aurai plus qu'une seule identité numérique ?
04:05 Non pas forcément, on va vivre avec plusieurs identités numériques.
04:08 D'une part parce qu'on a accès à des services qui sont dans des espaces tout à fait différents.
04:13 D'accord, donc l'analyse de l'identité se fait par combien de critères ?
04:19 Alors de nombreux critères.
04:21 Pour faire l'exercice que je proposais de supprimer, d'avoir une fluidité des parcours,
04:27 en fait on va regarder certes des critères qui vous touchent vous,
04:30 mais également dans quel contexte vous allez vous connecter.
04:33 L'important c'est, si je sais maîtriser le contexte d'accès
04:37 dans lequel vous allez avoir besoin d'accéder à des services,
04:40 mais en plus les droits associés et l'identité que vous en avez,
04:44 j'arrive à créer cette facilité d'accès et en plus à vous protéger
04:48 puisque je sais dire exactement qui vous êtes
04:51 et dans quel contexte vous souhaitez accéder à un service.
04:53 Tout en protégeant ma confidentialité ?
04:57 Exactement.
04:58 Et donc vous avez recours à l'intelligence artificielle pour repérer ce contexte ?
05:05 Exactement. Alors on utilise des algorithmes d'intelligence artificielle
05:08 pour avoir une très très bonne analyse du risque de connexion.
05:11 Ce qui est important c'est d'analyser le risque, le score,
05:14 et puis les fournisseurs de services diront s'ils souhaitent ou pas donner accès à ces services.
05:19 Et puis aussi pour automatiser, puisque pour gérer l'ensemble des droits et des habilitations associées,
05:24 il y a des moyens d'habilitation et d'automatisation de tous ces services.
05:28 Et bien j'ai posé plus de trois questions à Gilles Castéran sur cette question
05:33 de la protection de nos identités.
05:35 Merci beaucoup. Je rappelle que vous êtes le président de Memority
05:38 et puis merci pour cette annonce que vous nous faites dans Smartech.
05:41 Donc on va voir les choses changer au moment où on ira sur des sites marchands ?
05:45 Pour l'ensemble des consommateurs. Donc c'est une très bonne nouvelle d'abord cet automne.
05:49 L'automne 2024. Très bien. Merci beaucoup. Donc on en reparlera ensemble.
05:53 Allez on part pour notre grand rendez-vous sur l'actu de l'IA.
06:00 Aujourd'hui pour commenter cette actualité autour de l'intelligence artificielle,
06:03 j'ai convié trois experts et d'abord une experte. Muriel Popafabre, bonjour.
06:07 Vous êtes docteur en neuro-imagerie du langage, experte au Conseil de l'Europe.
06:11 Vous intervenez notamment sur des questions de gouvernance de l'IA au niveau international.
06:16 Patrick Perez, directeur du laboratoire de recherche sur l'IA générative Q-Ti
06:22 qui a été annoncé en grande pompe en novembre dernier, bénéficiant du défond d'Iliade,
06:28 de CMA, CGM et aussi d'Eric Schmitt qui était la star de Google dans les années les plus folles.
06:36 Et vous bénéficiez d'une enveloppe de l'ordre de 300 millions d'euros pour la recherche ouverte dans ce domaine.
06:43 Avec vous également Jérôme Vallat, CEO et co-fondateur de Clerop,
06:47 Clerop éditeur d'une plateforme d'attailles souveraines.
06:50 Vous fournissez en fait des outils clés en main pour ces organisations qui veulent faire parler leurs données
06:55 ou commencer à appréhender ces outils d'intelligence artificielle.
06:59 Bienvenue à tous les trois.
07:01 On va commencer avec cette première actu, c'est l'UFMI qui nous alerte sur l'impact de l'intelligence artificielle sur l'emploi.
07:08 40% des emplois dans le monde seraient impactés et même 60% dans les pays économiquement avancés
07:16 avec à la clé, si je puis dire en plus, un risque d'aggravation des inégalités sociales.
07:21 Que pensez-vous de ces chiffres communiqués par le Fonds Monétaire International ?
07:27 On va commencer par vous peut-être Muriel.
07:29 Déjà c'est une étude vraiment très approfondie qui répond aussi un peu à la peur du remplacement qui est présente dans la société
07:38 et qui intègre...
07:40 Le remplacement de l'homme par la machine.
07:42 Par la machine bien sûr et qui intègre à la fois des éléments, des métriques économiques très sophistiquées.
07:48 Par exemple il y a 52 fonctions humaines pour définir une profession.
07:53 Chaque profession est définie par ses 52 paramètres.
07:57 Et dans ces paramètres-là on ajoute aussi des variables sociales.
08:01 Par exemple, est-ce qu'une société pense qu'une décision peut être prise uniquement par la machine ou pas ?
08:07 Donc c'est un mélange à la fois d'économétrie avancée et aussi de soucis de comprendre la variable humaine.
08:16 Donc par exemple les juges et les docteurs, il y a une variable en plus pour dire que les sociétés ne pensent pas que la décision finale dans ces professions soit à prendre par une machine.
08:27 Donc c'est très intéressant et le fait que ce soit très documenté a aussi un aspect rassurant sur cette peur.
08:35 Alors rassurant, c'est comme ça que vous l'entendez vous aussi ?
08:39 Oui, rassurant clairement.
08:41 D'abord parce que quand on travaille dans l'informatique depuis quelques dizaines d'années, on a déjà vécu pas mal de théories de ce genre-là.
08:47 Il y a 30 ans les ERP devaient vider les bureaux et complètement assécher les fonctions support dans les entreprises, etc.
08:54 Il y a 10 ans plus personne n'allait conduire et les taxis seraient tous au chômage, etc.
08:58 Quand on fait le bilan de tout ça, on sait que ces premières peurs se réalisent rarement et tant mieux.
09:03 Ce qui est certain avec un peu de bon sens, c'est qu'on se dit que ce sont effectivement des technologies qui vont de plus envahir la sphère professionnelle comme privée à différents échelons.
09:11 Et en fonction des métiers, bien sûr, ça va être très hétérogène.
09:14 Mais il faut le prendre comme des assistances, comme des vraies évolutions des pratiques de chacun des métiers et non pas forcément comme quelque chose qui va venir à ce point et nous mettre tous au chômage.
09:24 Je n'y crois pas du tout.
09:25 Et sur cette accentuation des inégalités sociales, sur le fait que finalement les emplois les plus touchés seront ceux qui seront les moins complémentaires des intelligences artificielles
09:35 et que l'écart va davantage se creuser en termes de rémunération aussi, c'est intéressant d'avoir aussi cet indicateur peut-être pour s'y préparer, pour apporter de nouvelles réponses aussi en termes de politique publique ?
09:48 Alors sans doute. Il y a une autre chose qui me frappe, néanmoins, c'est que par rapport aux peurs précédentes de remplacement ou d'impact sur les métiers liés à l'automatisation, à l'robotisation,
10:01 peut-être qu'une chose qu'on peut dire, c'est que pour la première fois, ça semble aussi toucher des métiers plus intellectuels, un autre type d'expertise.
10:11 Et je pense que ça explique aussi une partie des frayeurs.
10:15 Il est clair, en particulier dans le monde de l'entreprise, que beaucoup de fonctions support de fait, où il y a beaucoup de connaissances et de gestion, de documentaires, etc., vont être très impactées.
10:29 Je pense de façon plutôt positive, à vrai dire, ça va démultiplier, ça va assister, ça va augmenter l'efficience, voire permettre de faire des choses qu'on ne sait pas faire à l'heure actuelle.
10:38 Mais au prix de formation, il va y avoir de nouveaux métiers qui vont émerger, en tout cas de nouvelles compétences qui vont être nécessaires pour maîtriser ces outils.
10:48 Donc il va y avoir effectivement de la mise à jour.
10:52 C'est ça. Il faut que toute la société, les politiques aussi, s'adaptent.
10:56 Alors effectivement, vous avez raison de souligner que peut-être que cette peur est accentuée parce qu'on voit que l'IA touche des métiers différents de ceux qu'on a vus ici.
11:06 Touché, impacté par la révolution industrielle puis informatique.
11:10 Mais en même temps, on constate qu'ils seront touchés, mais ils seront valorisés aussi par ces IA, puisqu'ils seront dans un travail complémentaire finalement.
11:20 Pour ce qui est de la valorisation des salaires, les économistes divergent un peu.
11:24 Même si l'étude est très documentée, vous avez David Autor, par exemple, au MIT, qui présente les choses un peu différemment.
11:32 Mais une chose est certaine, le rapport se termine en appelant les gouvernements à se rendre compte qu'il est nécessaire d'agir au niveau de la société.
11:45 C'est-à-dire qu'il y aura de toute façon... les cartes vont se remettre et qu'il faudra être là pour qu'il n'y ait pas de situation difficile, de sentiment d'injustice.
11:59 Et c'est pour ça que je pense que les politiques d'éducation sont assez importantes.
12:03 Oui, et peut-être pas attendre le moment où ça va arriver.
12:05 Non, anticiper. Il y a un index d'anticipation aussi dans le rapport.
12:11 Allez, notre autre actualité, ce sont ces terminaux qui sont dédiés, pensés en fait, pour les nouveaux usages apportés par les IA, notamment les IA Génératives, et tout ce qui est assistant.
12:21 C'est l'ère peut-être post-smartphone. En tout cas, c'est la question que j'ai envie de vous poser.
12:26 Est-ce que l'arrivée de ces nouveaux petits objets qui sont capables de répondre à nos demandes, qui ont la taille d'un petit appareil qu'on peut mettre dans sa poche beaucoup plus facilement qu'un smartphone,
12:39 est-ce que ça pourrait chasser ce mobile, rendre obsolète, vieux même, peut-être démodé ?
12:45 Oui, alors moi je crois beaucoup effectivement à ça. Je crois beaucoup dans les apports et je reviendrai après aussi sur, à mon avis, les questions que ça pose derrière.
12:53 C'est-à-dire que vous avez été convaincu par le Rabix R1 que vous avez vu au CES de Las Vegas ?
12:58 Oui, parce qu'il vient répondre à une très vieille problématique de la micro-informatique moderne depuis 40 ans, qui est l'interface clavier-souris.
13:04 On sait que ce n'est pas la panacée, on sait que c'est compliqué, ça ne s'emporte pas, etc.
13:08 Donc là, ces capacités d'interaction en langage naturel avec ces petits assistants, ça ouvre des possibilités à l'infini.
13:15 Mais en même temps, dès qu'on a dit ça, on se remet un peu dans la peau d'Européens et surtout de Français.
13:20 On se dit alors, parce que si je dois parler à mon petit assistant pour lui dire "enlève l'alarme quand j'arrive chez moi",
13:24 "fais un virement à ma fille ou mon fils parce qu'après la période de Noël, les finances sont à sec" ou "commande-moi un pack de lait pour demain",
13:30 ça voudrait dire qu'au préalable, il faudrait que je lui ai confié tous mes identifiants.
13:34 Et là, on en vient à ce problème de cadre de confiance qui, de nouveau, ressurgit typiquement avec cette utilisation-là.
13:40 Et donc, il va falloir, en tout cas moi personnellement, je vais attendre d'avoir un cadre de confiance pour être sûr de savoir ce que je peux lui confier.
13:46 On avait déjà cette problématique dans la data et dans l'IA, qui est prégnante. Elle va sans doute être encore plus avérée.
13:51 Et il y a quelques mois, le patron d'OpenAI nous expliquait que la régulation était contre l'innovation.
13:55 Déjà, je pensais que c'était une ânerie. Mais là, je me dis que c'est exactement le contraire.
13:58 Il nous faudra de la régulation pour que ces innovations puissent prendre leur place.
14:01 Et oui, je crois profondément que c'est un très bon complément au téléphone, voire même effectivement, là pour le coup, peut-être un remplacement.
14:09 Peut-être que ça lui donne un petit coup de vieux. On va voir une vidéo.
14:11 [Vidéo]
14:33 Alors Muriel, est-ce que ça vous fait rêver comme Jérôme, ça?
14:36 Alors, je ne sais pas si ça me fait rêver, mais je trouve intéressante l'idée de donner une matérialité à l'assistant d'IA.
14:44 Très clairement, le smartphone a déjà trop de fonctions.
14:47 Et d'un point de vue cognitif, les yeux sont débordés par l'écran. Les gens ont une fatigue oculaire très claire.
14:55 Les mains sont débordées par l'écran. Donc l'idée d'avoir un autre support me paraît intéressante.
15:01 Et je pense que ça ne marchera pas. Je pense que ce sera vraiment l'ergonomie cognitive qui le décidera.
15:09 Est-ce qu'on va vouloir être assisté par la lunette en collaboration avec Meta, entre Ray-Ban et Meta?
15:16 Est-ce qu'on veut ajouter une fonction à un objet qu'on utilise déjà?
15:19 Ou bien est-ce qu'on veut un objet qui matérialise cet assistant d'IA qu'on ne peut pas réinsérer dans le smartphone?
15:33 Parce qu'il est déjà plein et les mains et les yeux sont pleins.
15:39 Donc est-ce que le canal vocal qui est extrêmement naturel, maintenant que le traitement automatique du langage est si présent dans tous les objets,
15:51 je pense que ça peut être intéressant.
15:54 Patrick, est-ce que ça fait changer aussi les perspectives quand on travaille sur les IA génératives?
16:00 De se dire qu'il faut peut-être aussi qu'on y pense à ces modèles pour qu'ils puissent être utilisés sur des petits appareils, genre Tamagotchi.
16:06 Absolument, il y a plusieurs choses qui me semblent intéressantes.
16:09 Les efforts pour essayer de s'affranchir du diktat du smartphone datent de quelques années.
16:14 A savoir, est-ce qu'on arrivera à remplacer le smartphone par un lapin carré dans la poche, un clip rond à la boutonnière?
16:21 Oui, parce qu'il y a eu Human qui a été présenté avant, dont on pense que c'est quand même plus un prototype, pas encore très fonctionnel.
16:28 Ou les lunettes, dont c'est quand même une nouvelle mouture.
16:33 Ce qui est intéressant, c'est le travail sur les interfaces.
16:38 Je pense qu'avec l'IA générative, en particulier multimodale, donc l'image, mais aussi l'audio, le langage,
16:45 qui depuis quelques mois et quelques années est en train de progresser très vite,
16:51 on arrive vraiment à des formes de technologie qui sont suffisamment mûres,
16:56 en tout cas d'un niveau suffisant pour avoir des interfaces variées, enfin fluides et enfin vraiment satisfaisantes.
17:05 Et ça ouvre d'un coup, c'est ce qu'on voit là, un espace de créativité pour les développeurs et les designers.
17:11 Donc on verra bien ce que ça va donner.
17:13 Peut-être qu'on restera sur une extension du smartphone, comme c'est déjà le cas avec les montres connectées,
17:18 ou peut-être quelque chose de radicalement différent, nous verrons bien.
17:22 Donc les deux, la recherche en IA générative et puis le développement de nouveaux produits vont avancer finalement un peu côte à côte.
17:29 Vous allez vous surveiller ensemble.
17:31 Alors on passe à d'autres actualités, ce sont ces robots qui seraient mieux à même de capter nos émotions grâce à l'intelligence artificielle.
17:38 Là aussi, c'est au CES de Las Vegas où on a vu des démonstrations, par exemple de Bolly, le compagnon de Samsung.
17:44 On a vu aussi Miroka, Miroki de la famille Miroka, développé par le français Enchanted Tools.
17:49 Est-ce que selon vous, ça c'est une bonne nouvelle de se servir des IA pour capter nos émotions ?
17:56 Alors, bonne idée, je ne sais pas. Il faudrait que ça marche bien.
18:04 Ah, vous êtes encore sceptique là-dessus.
18:06 Je pense que...
18:08 Les systèmes sont encore un peu simplistes.
18:12 Et l'autre chose, et je reviens un peu à la question de Rabbit R1 et du PIN ou manet.
18:19 La question pour moi est aussi le support, c'est-à-dire visuellement, qu'est-ce qui est en train d'analyser mes émotions ?
18:28 Est-ce qu'un petit animal cute, un peu japonisant peut le faire ?
18:34 Est-ce que je me remets à une boule qui me sert de domotique avancée à la maison ?
18:42 Je pense qu'il y aura vraiment quelque chose de profond sur cette question des émotions dans l'acceptation des personnes.
18:49 Et aussi peut-être une réflexion de société, de se demander une fois que ça marchera, si ça marche bien,
18:57 est-ce que l'émotion est quelque chose...
19:00 Dans la proposition de réglementation européenne sur l'IA, l'émotion est clairement quelque chose qui est...
19:06 La détection de l'émotion est quelque chose qui n'a pas sa place dans toute la société.
19:12 Donc je pense qu'il y aura aussi une question de débat.
19:17 Alors c'est-à-dire dans toute la société ? Parce que là, ce sont surtout des usages...
19:21 Oui, là c'est plutôt des usages à la maison.
19:24 À la maison ou aussi pour les hôpitaux.
19:26 En l'occurrence, je pense à Enchanted Tools. L'idée c'est d'aider aussi les infirmiers,
19:31 enfin toutes les professions à l'hôpital, en portant des charges notamment,
19:36 et en se faisant accepter quand même finalement par les patients.
19:40 Parce qu'il y a ce sujet de l'acceptabilité du robot qui n'est toujours pas tranché finalement.
19:45 Donc avec un peu d'émotion, avec un peu de sourire, avec un peu d'empathie peut-être apportée par l'IA,
19:52 on accepterait davantage de cohabiter avec des robots de main ?
19:54 Des robots au sens large du thème, même un robot conversationnel.
19:59 Je pense que l'émotion fait partie de la richesse de l'interaction.
20:03 Et donc quand on imagine ces nouvelles interactions, qu'elles soient dématérialisées ou incarnées à travers des robots physiques,
20:13 je pense que c'est important que le système comprenne l'émotion de l'humain.
20:18 Et il y a ce qu'on appelle en boutique...
20:20 C'est pas seulement qu'il comprenne ses besoins, mais aussi ses émotions.
20:24 Ses intentions, son état psychique, c'est important pour la qualité de l'échange.
20:29 Et en boutique, il y a cette idée de la vallée étrange, d'un système qui devient très très humain, mais pas complètement.
20:35 Et je pense que soit l'incapacité du système à comprendre l'émotion, voire à essayer de la comprendre mais mal,
20:41 va contribuer encore à ce que les rapports restent dans la vallée étrange avant de devenir vraiment des rapports complètement fluides.
20:48 Pour l'instant, on a très vite cette impression déjà, avec une interface textuelle, avec un robot conversationnel, au bout d'un moment.
20:56 C'est vrai. Mais ça me fait penser aussi à Laurence de Villers, chercheur en IA,
21:02 qui a publié beaucoup sur la question des robots émotionnels et qui nous dit "attention à ce qu'il n'y ait pas aussi de tromperies,
21:08 que finalement on ne se méprenne pas sur notre interlocuteur. Notre interlocuteur reste une machine, un logiciel."
21:16 Oui, ça je pense qu'on voit quels peuvent être les usages, notamment dans le domaine de la santé, des soins aux patients.
21:22 On comprend qu'effectivement dans la communication, il y a de l'explicite et de l'implicite,
21:25 et que d'intégrer un peu d'émotionnel dans la communication va aider à la compréhension.
21:29 On peut se faire peur, très vite aussi, sur les usages de ce genre de technologie.
21:34 Je ne voudrais pas passer pour le gendarme à chaque fois, mais on régule, on régule, au secours, par pitié.
21:39 Avant même d'innover et de commencer à inonder le marché et de réguler après, ce qu'on a plutôt tendance à faire,
21:43 c'est qu'il faut vraiment se poser la question avant. Je pense qu'on est sur des débats qui sont presque de l'ordre de ceux qu'on a connus sur la biogénétique, etc.
21:48 Il y a urgence là aussi à avoir véritablement un consensus européen en la matière.
21:53 Voir au-delà des frontières de l'Europe.
21:55 Là on peut rêver.
21:57 Je pense qu'on a les mêmes préoccupations quand même avec les Etats-Unis, notamment.
22:02 Ils s'interrogent, j'imagine, enfin j'entends, aussi sur ces questions éthiques. Muriel.
22:08 Oui, il y a beaucoup d'interrogations sur les questions éthiques actuellement.
22:11 Le gros des interrogations est sur la question de la désinformation,
22:14 qui peut aussi passer par une manipulation un peu émotionnelle du discours,
22:17 le côté convaincant des productions langagières,
22:21 le fait que plusieurs Etats ont voté des bannissements de deepfake dans les 80 jours avant les élections.
22:30 Donc disons que la question éthique de l'IA est quand même devenue assez prépondérante à l'échelle internationale.
22:40 Oui, en plus, pardon, en complément de ça, la capacité d'un système qui vient finir par s'autonuir.
22:45 C'est d'ailleurs ce qu'on appelle le data poisoning,
22:47 c'est-à-dire que ces capacités de produire des données qui vont être basées sur des données complètement fausses
22:53 et qui vont finir par venir complètement s'ingérer dans les IA génératives et les dérouter.
22:57 Donc on a une espèce de cercle comme ça de nocivité qui là pour le coup est une préoccupation mondiale.
23:02 Bon, et il y a encore plein de sujets qu'on n'a pas eu le temps de traiter ensemble,
23:04 mais c'est déjà la fin de notre grand débrief autour de l'actu de l'IA.
23:08 Donc je vous réinviterai avec grand plaisir Muriel Popafab, experte au Conseil de l'Europe,
23:12 Patrick Peres, directeur du Laboratoire de Recherche de Thaïs, et Jérôme Vallas, CEO et cofondateur de Clérop.
23:17 Merci à vous. Tout de suite, on va s'intéresser aux humains devant les écrans.
23:21 On termine cette édition avec notre rendez-vous,
23:30 notre rendez-vous habituel avec David Lacombe, l'aide le président de la Villa Numéris.
23:33 Bonjour David.
23:34 Bonjour Delphine.
23:35 Et on va s'intéresser à ce sujet face aux écrans. Nos enfants, aïe aïe aïe, qu'est-ce qu'il faut faire ?
23:39 Alors on va revenir sur cette conférence de presse qu'a tenue le président de la République
23:43 et qui annonçait finalement son intention de limiter cette exposition. Qu'en pensez-vous ?
23:49 Alors c'est vrai que la surexposition aux écrans ne fait pas bon ménage avec des cerveaux en développement.
23:55 D'ailleurs le président de la République a annoncé qu'il souhaitait parfaire sa réflexion
24:00 en nommant un conseil d'expert prochainement parce que les problèmes sont connus.
24:06 Ça pose des soucis chez les plus jeunes en matière de concentration, en matière de mémorisation,
24:12 des troubles du comportement, du sommeil avec des conséquences psychologiques et physiques.
24:18 Alors c'est vrai, il faut bien voir que ce petit outil, on l'a tous dans la main, à proximité du cœur,
24:25 sur les tables doudou, une sorte de pacemaker de nos cerveaux qui en stimule en permanence
24:31 les émotions et la tension et qu'il est bien difficile de s'en séparer.
24:36 D'ailleurs c'est à peu près le seul objet qui fait qu'on retourne chez soi pour aller le chercher
24:40 si d'aventure on l'a oublié. Alors il faut bien voir qu'au-delà du téléphone,
24:44 les écrans envahissent nos vies. Ce sont 7 écrans en moyenne par famille.
24:49 Vos téléphones certes, vos ordinateurs, votre montre, le pare-brise, plus tous les écrans dans la rue
24:57 et des magasins qui ne font plus qu'un seul écran à la fin. Un seul écran mais qui font tout
25:02 et qui font tout ce que vous avez envie qu'ils fassent au moment où vous souhaitez qu'ils le fassent.
25:06 Et vous regardez des films sur votre montre, envoyez des emails depuis votre télé, etc.
25:12 Mais alors donc pour les enfants, que peut faire l'État ?
25:15 Sans les parents, à mon sens, pas grand chose. Ça sera peine perdue. Charge aux parents de montrer l'exemple.
25:23 Charge aux parents d'éduquer leurs enfants. Si vous posez votre téléphone sur la table pendant le repas,
25:29 vous perdez quand même immédiatement toute autorité et toute crédibilité pour enjoindre votre progéniture
25:35 de faire autrement. Et c'est bien la difficulté pour des parents qui généralement mettent
25:43 ces téléphones dans les mains de leurs enfants. Quand ils sont jeunes, pour regarder un film et avoir un peu la paix,
25:49 nous ne le cachons pas. Et quand ils sont plus âgés, pour les féliciter d'entrer en sixième, notamment.
25:55 Et d'ailleurs, si vous regardez l'étude Borne Social de l'agence Yvonne, on atteint un pic d'équipement à l'âge de 11 ans.
26:03 Trois enfants sur quatre de 11 ans ont déjà un smartphone parce que c'est le cadeau d'entrée en sixième
26:09 qui permet de maintenir un petit lien avec des enfants qui ont tendance déjà à s'éloigner.
26:14 Pour les surveiller également, cela peut arriver. Et quand je dis que les parents ont une responsabilité,
26:21 c'est que généralement, les premiers pas du numérique se font avec les parents sur la fois d'un mensonge
26:27 qui est celui de l'âge requis quand il faut leur entrer dans son application.
26:32 Il faut quand même rappeler que l'âge légal numérique en France est de 15 ans.
26:38 Il faut le rappeler. En plus, ce téléphone ne sert pas qu'à téléphoner. La vraie problématique, c'est les contenus.
26:44 S'il servait à téléphoner, nos enfants nous répondraient quand on les appelle.
26:48 Au-delà, effectivement, comme vous et moi, surtout vous d'ailleurs, ils sont sur TikTok, Instagram, Discord en particulier,
26:56 même si les réseaux sociaux ont plutôt tendance à diminuer pour les plus jeunes au profit de messageries instantanées,
27:04 WhatsApp et Messenger en particulier. Et c'est sans compter son YouTube pour les vidéos, puis tous les jeux vidéo.
27:11 Alors là, vous les connaissez aussi, Delphine, pour les utiliser, Fortnite, Animal Crossing ou Apex Legends.
27:18 Et on fait quoi alors sur ce sujet des contenus, selon vous ?
27:22 Une mobilisation sans précédent avec des parents qu'il faut impliquer au sein des maisons.
27:31 Parce que si vous regardez bien, l'addiction est telle que souvent, elle est comparée à l'alcoolémie ou au tabagisme.
27:40 Pour le coup, le numérique a tué personne, me semble-t-il, jusqu'à présent. Néanmoins, cette analogie existe.
27:46 Mais si vous regardez dans un pays comme la France, on n'interdit pas aux jeunes de boire ou de fumer.
27:51 On interdit la vente de cigarettes et d'alcool. Toute morale et réprobation sociale mise à part.
27:58 Et donc, on va être exactement dans les mêmes difficultés pour rentrer au sein de maison.
28:04 Et donc, c'est bien des campagnes de prévention en matière de santé qu'il va falloir mettre en œuvre.
28:09 Parce que les chartes, on l'a vu, elles existent et elles ne fonctionnent pas.
28:13 Que les contrôles parentaux, souvent, c'est les enfants eux-mêmes qui les mettent en œuvre.
28:18 Et que demain, si vous faites de la reconnaissance faciale, ça pose immédiatement d'autres soucis.
28:22 Peut-être qu'il faudra mettre son poignet devant sa caméra pour savoir quel âge vous avez.
28:27 Merci beaucoup David Lacombelette.
28:29 On continue d'en parler ensemble.
28:31 David Lacombelette, président de la Villa Numéris.
28:33 Merci à vous de nous regarder. C'était Smartech. A très bientôt pour une nouvelle discussion sur la tech.
28:36 [Musique]