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Lundi 2 décembre 2024, SMART TECH reçoit Antoine Khaitrine (cofondateur du cabinet de conseil, Licter) , Joseph Beaudreau (doctorant en civilisation des pays anglophones, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3) , David Lacombled (président, villa Numeris) et Florian Gauthier (cofondateur, ONG LaReponse.tech)

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00:00Bonjour à tous. Avec fracas, ou au contraire sans bruit, on voit des utilisateurs quitter le réseau social X,
00:14que ce soit des personnalités, des utilisateurs anonymes, des anciens fans finalement, ou même des entreprises, des organisations, des médias.
00:21On va parler de ce sujet aujourd'hui à la Une de Smartech. On verra si c'est le début d'une chute pour ce réseau social,
00:26si c'est le début de nouvelles histoires pour d'autres réseaux sociaux. Est-ce que c'est un moment important où on peut faire émerger véritablement d'autres possibilités ?
00:36On en parle avec deux experts tout à l'heure. Et puis, on aura aussi un regard sur l'économie numérique avec cette question Google sans Chrome.
00:45Qu'est-ce que ça changerait finalement ? Mais d'abord, je vous propose qu'on s'intéresse à un numéro de téléphone anti-fake news. Et tout de suite, trois questions à vous.
00:57Véra, c'est un nouveau numéro de téléphone qu'on peut appeler pour vérifier des faits. Voilà, ça c'est notre actualité aujourd'hui pour ouvrir Smartech.
01:04Ça a été lancé il y a quelques jours en version bêta. Et pour en parler, j'accueille son cofondateur Florian Gauthier. Bonjour.
01:10Bonjour.
01:11Cofondateur de l'ONG LaRéponse.tech, puisque c'est l'ONG à l'origine de cette initiative. Alors, comment ça marche ce numéro de téléphone pour vérifier des faits ?
01:20C'est hyper simple. C'est un numéro de téléphone qui est gratuit, qui est accessible par téléphone ou par WhatsApp et qui est connecté à une centaine de sites de fact-checking.
01:27Donc, l'idée, c'est qu'on l'appelle, on pose une question. Et là, il y a l'intelligence artificielle qui va aller chercher parmi ces sources de références qui ont été sélectionnées par des comités d'experts pour vous donner une réponse en temps réel.
01:37D'accord. Donc, reconnaissance vocale, ça veut dire qu'il faut utiliser un petit peu de technologie. Ensuite, aller chercher dans une base documentaire, j'imagine quand même assez large pour pouvoir répondre à l'ensemble des faits qu'on va vous présenter sur ce répondeur.
01:49Donc, derrière, c'est quoi comme modèle ?
01:51C'est OpenAI GPT-4.
01:53Ok. Pourquoi ce choix ?
01:55Parce que ça marche bien. Mais en fait, c'est un choix. On avait déjà fait un des projets avec ça. Donc, c'est un choix de simplicité.
01:59Ok.
02:00Et en fait, on n'est pas fermé à changer si jamais il le faut.
02:02Parce qu'on parle aussi des hallucinations de ces IA. Et là, vous êtes sur une promesse de confiance, finalement. Comment est-ce qu'on crée cette confiance ?
02:13Je pense qu'elle passe par plusieurs choses. D'une part, ce comité d'experts est tellement important, parce que c'est des gens, des chercheurs, des gens qui sont experts des informations, et qu'on sélectionnait une centaine de sources fiables.
02:23Donc, en fait, Vera ne va jamais aller chercher n'importe où sur le site web comme ChatGPT ou d'autres IA.
02:27Elle va vraiment se cantonner à une source, à des sources circonstances.
02:31Donc, on a une centaine de sources de fact-checking et plus de 300 médias fiables.
02:35La confiance, elle part aussi du fait qu'il faut absolument avoir différentes opinions.
02:39Donc, en fait, on va souvent donner plusieurs sources pour la même information.
02:42Si jamais il y a des lignes électorales qui sont de certains médias, l'idée, c'est d'en proposer plusieurs.
02:48D'accord. Et la réponse se présente sous quelle forme ?
02:50Une conversation. En fait, on peut poser une question comme on se parle aujourd'hui.
02:54Est-ce que c'est vrai qu'il y a des PFAS dans l'eau du robinet en France, par exemple ?
02:58Et là, Vera va aller chercher une source et vous répondre immédiatement, soit par écrit sur WhatsApp, soit par téléphone.
03:05Si vous partez avec un comité d'experts et une base de données vraiment fermée pour valider ces sources,
03:12ça veut dire que les thématiques, au départ, vont être un petit peu resserrées, j'imagine ?
03:16Pas tant que ça, puisqu'en fait, on a déjà des sources dans plus de 80 pays.
03:19Donc, en fait, il y a énormément de sources et les agences de fact-checking font un travail exceptionnel.
03:23Donc, il y a énormément de ressources.
03:25L'idée, c'est vraiment d'aller piocher partout pour avoir le maximum d'informations.
03:28En fait, aujourd'hui, on peut poser n'importe quel type de questions sur n'importe quel sujet.
03:32Quelle est la difficulté principale avec les fake news, quand on s'attaque à ce sujet de la désinformation ?
03:36Je pense qu'il y a un enjeu très fort de réussir à faire une idée qui est capable de converser de manière simple
03:43et en respectant le point de vue des gens.
03:46Je pense que c'est vraiment ce côté-là.
03:47Non, c'est faux, non, vous avez tort, c'est une théorie du complot.
03:49Non, au contraire, je pense que c'est normal aujourd'hui de tomber dans le piège de certaines fake news,
03:55parce qu'en fait, c'est difficile de vérifier l'information.
03:58L'idée, c'est vraiment d'avoir un endroit qui soit accessible,
04:00mais surtout qui respecte ton point de vue
04:02et qui te pose des questions pour approfondir le sujet avec toi.
04:05Parce que la difficulté, aussi, c'est de toucher les personnes
04:07qui, elles, sont déjà enfermées, en fait, dans des croyances
04:10ou alors dans une négation totale, finalement, de la réalité.
04:13Oui, complètement.
04:14Il y a une étude absolument incroyable.
04:16C'est une IA.
04:18Ils ont fait une recherche sur près de 2 500 personnes.
04:21Et l'idée, c'est qu'ils ont réussi, grâce à une IA conversationnelle,
04:24à faire baisser de 20 % les croyances en théorie du complot.
04:28C'est plus fort que la croyance.
04:31C'est vraiment quelque chose qui fait partie de leur personnalité, finalement.
04:35Donc, nous, on n'a pas pour ambition de faire en sorte
04:37que des gens qui pensent que la Terre est plate changent d'avis.
04:40En revanche, ce qu'on veut, c'est avoir un endroit simple, fiable et impartial
04:44où on peut vérifier l'information simplement.
04:46C'est la première étape.
04:47Puisque c'est disponible en version bêta,
04:49vous avez communiqué sur les réseaux sociaux.
04:51J'imagine que vous avez eu les premiers appels, les premiers tests.
04:53Quels sont les sujets qui ont été abordés ?
04:55C'est une bonne question.
04:56Beaucoup d'actualités.
04:57L'exemple n'était pas anodin.
04:59Est-ce que c'est vrai que l'eau du robinet est contaminée ?
05:01C'est une question qu'on a reçue beaucoup.
05:03Est-ce que c'est vrai que les migrants mangent des chats et des chiens aux Etats-Unis ?
05:06Une autre question qui est revenue énormément.
05:08Donc, ça va aussi à l'international.
05:10C'est un des objectifs, j'imagine, aussi de Vera, AskVera.
05:14Complètement.
05:15L'idée de Vera, c'est bientôt d'être disponible dans toutes les langues.
05:18Là, on s'est condamné aux Français,
05:19parce que c'est plus facile pour nous de faire des tests.
05:23Comme on est dans la confiance,
05:25j'ai parlé de l'ONG qui était derrière cette initiative.
05:28Vous avez cité un comité d'experts.
05:30On a besoin d'en savoir un peu plus sur la transparence.
05:32Il y a qui, véritablement, derrière ?
05:33Qui finance ?
05:34Parce que c'est un service gratuit.
05:35Oui, c'est une bonne question.
05:36Donc, on est une ONG.
05:37On n'est que des citoyens bénévoles.
05:39Qui finance ?
05:40Il n'y a pas longtemps, c'était encore ma carte bancaire sur les services.
05:42Aujourd'hui, on a eu la chance de gagner un concours organisé par deux ONG.
05:46Xinjiang est à voter.
05:47Et donc, on a eu 5 000 euros.
05:48Donc, ça nous permet de financer les coûts pour l'instant.
05:51Il n'y aura jamais de partenariats commerciaux.
05:53Je pense qu'on a un vrai enjeu de transparence.
05:55On n'aura jamais de devoir de mettre une source sur une autre.
05:58On va être complètement indépendant.
06:00C'est une initiative qui est citoyenne.
06:01Et d'ailleurs, toutes les sources utilisées sont entièrement disponibles sur le site en toute transparence.
06:05OK. Alors, il faut taper quel numéro, en fait, pour interroger Vera ?
06:09Le mieux, c'est d'aller sur le site askvera.org.
06:12Mais sinon, le numéro de téléphone, c'est le 09 74 99 12 95.
06:17OK. Si vous n'avez pas eu le temps de noter, il faut aller sur le site.
06:20Askvera.org.
06:21Voilà. Et peut-être qu'un jour, vous aurez un numéro court.
06:23Sûrement. Ouais. On aimerait bien avoir un numéro vert.
06:26Ce serait peut-être plus pratique.
06:27Bon. Merci beaucoup, Florian Gauthier, de nous avoir précisé comment fonctionnait ce nouveau service de vérification des faits.
06:33Un service, finalement, avec lequel on peut converser.
06:35Merci encore.
06:36C'est l'heure de notre débat sur les départs de X.
06:39On continue donc à s'intéresser à ce qui se passe sur les réseaux sociaux et ce qui s'y dit.
06:43Quitter X, mais pour aller où ?
06:49Voilà. Avec fracas, sans fracas.
06:51On voit des utilisateurs qui quittent le réseau social d'Elon Musk.
06:55Pour aller où ?
06:56Est-ce que ça veut dire que Twitter X devient un réseau affaibli ?
07:01Est-ce que c'est l'annonce peut-être d'une chute ?
07:04Mais qui peut vraiment rivaliser aujourd'hui avec ce réseau social ?
07:07Ça va être toutes ces questions qu'on va aborder avec mes experts aujourd'hui.
07:10Joseph Baudreau, bonjour.
07:11Bonjour.
07:12Vous êtes doctorant en civilisation des pays anglophones à l'université Sorbonne-Nouvelle.
07:17Vous êtes impliqué aussi dans l'association Savoir Devenir,
07:19qui a pour vocation de redonner au public le pouvoir sur la vie médiatique et numérique.
07:25Et vous êtes un spécialiste de la vérification des faits.
07:28On en a parlé juste avant avec un nouveau service qui vient d'émerger.
07:32Vous intéressez donc à ce sujet de la désinformation, à l'économie politique de la communication.
07:37Vous avez été chercheur principal du projet européen Erasmus+, Fact Checking,
07:42qui a cartographié l'état des études sur la désinformation en Europe
07:46et a conçu un cours de formation en ligne.
07:49À côté de vous, Antoine Ketrine, bonjour.
07:52Bonjour.
07:53Vous êtes enseignement numéro un de la cellule Data Analysis Numérique de l'Élysée,
07:57spécialisé dans l'analyse des conversations et des données qui proviennent des réseaux sociaux,
08:02confondateur du cabinet de conseil Licterre,
08:05qui aide les entreprises à exploiter toutes ces données sur les réseaux sociaux.
08:10Je voulais avoir déjà à tous les deux votre regard sur ces départs de X.
08:14On peut parler des médias, avec West France,
08:17qui a vraiment été le premier groupe en France à cesser de publier sur le réseau social X,
08:22qui d'ailleurs affiche qu'il y a déjà eu une suspension.
08:24Mais là, c'est vraiment une décision définitive.
08:27Et nous dit West France, assez unanime en interne.
08:31On a aussi le groupe Sud-Ouest, avec l'ensemble des éditeurs
08:35qui ont décidé de suspendre la présence sur la plateforme X.
08:39À l'étranger, on peut parler du Guardian, de l'Avant-Guardia en Espagne.
08:45On a aussi des régions, des collectivités qui s'en vont, des entreprises.
08:48Est-ce que ça vous semble un mouvement massif ?
08:50Encore plus massif peut-être qu'au moment où Elon Musk a récupéré le réseau social Twitter ?
08:56Qui veut commencer ?
08:58Moi, je pense que c'est significatif.
09:01Les institutions, il y a même des personnalités qui ont commencé à partir.
09:06C'est assez notable.
09:08Je pense qu'on y reviendra.
09:09C'est peut-être le début d'une nouvelle phase dans ce départ-là.
09:12Après, de là à parler d'un départ massif, je pense que c'est allé un peu trop vite.
09:16On est encore sur des volumes qui sont limités.
09:19On se pose vraiment la question de l'alternative.
09:22Moi, je pense qu'à date, on peut en parler.
09:25C'est quelque chose.
09:26Mais de là à dire que c'est vraiment le jour et la nuit, je ne pense pas.
09:30Après, il y a beaucoup aussi de départs sans bruit.
09:33Ce ne sont pas vraiment des départs.
09:35Il n'y a pas de fermeture de compte.
09:36Mais les utilisateurs ont décidé de moins publier.
09:38C'est presque un départ petit à petit, à petits pas.
09:41Qu'en pensez-vous, Joseph ?
09:44Après les élections américaines, avec le rôle très visible aux côtés de Trump...
09:53Pendant la campagne ?
09:54Pendant la campagne et maintenant, avec le département...
09:58De l'efficacité.
09:59Oui, oui.
10:01Avec Elon Musk.
10:04Ce moment, je crois que c'est la goutte dans l'eau qui a débordé le vase pour beaucoup de gens.
10:17Mais le problème avec X a commencé il y a longtemps, avec l'ancien Twitter, depuis 2016.
10:29Maintenant, je crois que c'est la troisième vague, le troisième effort de sortir X.
10:37Mais c'est plus fort que les autres deux.
10:41On verra.
10:42On verra, effectivement.
10:43Reporter sans frontières déplore le départ des grands médias de cette plateforme.
10:49Il estime que c'est le symptôme de l'échec des démocraties.
10:54Est-ce que vous êtes d'accord avec cette analyse ?
10:56C'est vrai qu'à date, on entend beaucoup de critiques sur X en ce moment, pour plein de raisons.
11:03Mais c'est quand même un des réseaux sociaux qui est le plus utilisé en France.
11:07Qui est hyper important dans les sphères journalistique, politique, économique.
11:12Le fait que ces grands noms, ces monuments, partent, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose.
11:21Entre guillemets, c'est facile de partir.
11:24Mais si derrière, on perd ce lien avec ces gens-là, on perd cette connexion, ce n'est pas forcément pour le mieux.
11:30En tout cas, c'est ma théorie.
11:32Le deuxième sujet, c'est que finalement, où est-ce qu'on va les retrouver ?
11:36Si on les retrouve de manière éclatée, on ne va pas retrouver le même tissu et la même cohérence d'ensemble qu'on avait, je pense, il y a 4-5 ans sur Twitter.
11:47Donc, à voir ce que ça va donner.
11:49C'est une question qu'on va aborder.
11:52Est-ce qu'il va y avoir l'alternative, une plateforme qui va émerger comme étant la nouvelle concurrente de X ?
12:00Ou un effritement et finalement une perte de poids de ces médias qui étaient présents très fortement sur X ?
12:10Qu'est-ce que vous pensez de cette question de quitter ou pas, quand on est un grand média, quitter ou pas X ?
12:17Je crois que pour les médias, c'est une bonne idée.
12:21De partir ?
12:22De partir, pourquoi pas.
12:24Ou au moins, créer le compte sur d'autres plateformes comme Threads ou Macedon.
12:32Ce n'est pas un abandon finalement, un constat d'échec de la démocratie, comme nous dit Reporters sans frontières ?
12:39X, je n'ai pas compris.
12:47Est-ce que le fait de Reporters sans frontières nous dit finalement que les médias quittent X, c'est un échec pour la démocratie ?
12:54Non.
12:55Donc, on peut considérer que c'est une forme d'abandon aussi des utilisateurs qui sont sur la plateforme.
12:59On les laisse finalement entre eux, on les laisse immerger dans des informations qui ne seront plus celles des grands médias.
13:07C'est un choix.
13:09Oui, c'est un choix, mais c'est un choix de partir pour trouver un environnement plus ouvert pour l'information vraie ou au moins pour les conversations vraies.
13:24Parce que X, c'est avec les règles d'engagement, par exemple, l'agressivité des utilisateurs ou les algorithmes qui augmentent ou sont plus essentiels avec les gens qui payent pour le bluecheck.
13:42Donc, c'est absurde.
13:45Avant, le bluecheck, c'était pour les médias ou les gens.
13:49La certification du compte, en fait.
13:51La coche bleue, oui.
13:52Et donc, c'était une autre chose.
13:56Mais maintenant, par exemple, je peux créer un business.
14:00Je peux acheter un compte bluecheck.
14:03Je peux créer le contenu avec Chachipiti avec aucune entrée dans la vérité ou les choses comme ça, mais juste le clic, juste l'engagement.
14:17Et donc, ça, c'est la vérité de X maintenant.
14:22Pour autant, tous les trois, on continue à être sur cette plateforme.
14:26Je précise, alors plus ou moins activement.
14:29C'est vrai que moi, j'ai sans doute beaucoup ralenti.
14:31Joseph aussi, j'ai l'impression.
14:33Moi aussi.
14:34On en parlait juste avant Off.
14:36Il y a aussi un grand nombre de bots, un grand nombre de faux comptes qui nous suivent maintenant.
14:41Donc, l'intérêt se perd un peu parfois.
14:45Est-ce que présente l'algorithme aussi quand on ouvre l'application ?
14:48On voit qu'il y a une présence permanente finalement des postes d'Elon Musk.
14:54Déjà, je ne sais pas si c'est votre cas.
14:55Moi, en tout cas, c'est ça qui arrive en premier.
14:57Alors, où vont justement les déçus de X ?
15:01Qu'est-ce que vous entendez ?
15:02Vous faites du social listening, vous écoutez ce qui se passe sur les réseaux sociaux.
15:05Ils vont où principalement ?
15:06Ils vont chez Thread, chez Blue Sky, chez Mastodon ?
15:09Ça, c'est une très bonne question.
15:11Je pense qu'il y a toutes ces options.
15:13Il y a les réseaux sociaux qui ressemblent vraiment sur la forme à Twitter, X.
15:20Donc, on a Mastodon, Blue Sky.
15:23Anciennement, on avait un peu parlé.
15:25Le sujet là-dessus, je pense qu'il y a un sujet d'adoption en fait.
15:29Concrètement, la promesse technique n'est pas au niveau.
15:34Il y a des fonctionnalités techniques ou algorithmiques qui ne sont pas au niveau,
15:39je trouve, sur ces nouvelles plateformes.
15:42Et du coup, peut-être qu'une des possibilités qui est la plus réaliste,
15:45c'est que ces gens-là se divisent, qu'il y ait certaines sphères
15:48qui aillent sur ces réseaux de substitution, mais que d'autres partent sur LinkedIn,
15:51partent sur, on parlait de Thread, dans des communautés un peu plus restreintes,
15:56sur des canaux de discussion.
15:58Alors, si on rentre un peu plus précisément quand même sur ces plateformes,
16:02sur les infos qu'on a aujourd'hui,
16:04Blue Sky, fondée par Jack Dorsey, qui est le fondateur historique de Twitter,
16:10qui annonce plus de 700 000 utilisateurs qui ont rejoint Blue Sky
16:14dans la semaine suivant l'élection de Donald Trump,
16:18avec un mode de fonctionnement qui est quand même complètement différent
16:21de ce qu'on trouve sur X.
16:22C'est ça qui est intéressant aussi, décentralisation, forte modération.
16:26Oui. Dans quelques sens, Blue Sky, c'est comme l'ancien Twitter,
16:33mais avant 2016.
16:36Et pour Jack Dorsey, il a réalisé, comme j'ai expliqué avant,
16:42la première vague de 2016 a commencé, avec toutes les augmentations des bots,
16:48les choses comme ça, et il a réalisé que son vision originale
16:54pour les réseaux sociaux, comme Twitter, ne marche plus.
16:58Et il a voulu, avec ActivityPub à Macedon, une idée de protocole
17:04où on peut, les utilisateurs, les créateurs de contenu,
17:10vraiment garder le propre contenu, les propres comptes, les suivis,
17:16les suivants, abandonnés, et changer toute notre plateforme.
17:23Et donc, pour Blue Sky, maintenant, ça semble comme l'ancien Twitter,
17:29mais en théorie, à la base, c'est le protocole.
17:35Pas trop technique ici, mais juste l'idée qu'un autre groupe
17:42peut créer une autre plateforme, où je peux créer un compte
17:47sur l'autre plateforme, mais lire les choses sur Blue Sky quand même.
17:53Est-ce que ça vous semble un rempart contre les dérives de X,
17:59un rempart efficace ? Est-ce que sur Blue Sky, on a un environnement
18:05plus serein, plus, je ne sais pas comment on pourrait dire,
18:09d'ailleurs, avec moins de désinformation ?
18:13Pour moi, je trouve qu'après l'élection, avec beaucoup plus d'utilisateurs,
18:21c'est plus fun qu'avant, plus amusant qu'avant Blue Sky,
18:27parce qu'il y a beaucoup plus de créateurs, beaucoup plus d'Américains.
18:32Donc ça, c'est une autre chose, un autre problème.
18:36Donc vraiment, je peux regarder Blue Sky et c'est comme avant.
18:42C'est intéressant, beaucoup d'informations, intéressantes conversations,
18:46des choses comme ça.
18:48Vous avez dit qu'il faut se recréer toute une communauté aussi.
18:52J'imagine que pour les entreprises, avant de décider de quitter
18:56une plateforme aussi puissante que X, c'est un choix difficile à faire.
19:01Oui, courageux ou pas, mais en tout cas, c'est vrai que c'est compliqué.
19:06Après, ça, c'est un peu le sens de l'histoire.
19:08Historiquement, il y a toujours eu...
19:10Quand on me parle de ça, je pense souvent aux pages Facebook.
19:13Qu'est-ce que vaut aujourd'hui une page Facebook
19:15avec plusieurs millions d'abonnés ? Finalement, pas grand-chose.
19:18Donc ça, ce n'est pas tant ça, à mon avis, le sujet.
19:21Même si, en effet, je vois bien, dans les réunions internes d'entreprises,
19:25ça doit être dur de se dire, bah tiens, notre canal,
19:27aujourd'hui, c'est X, on a X millions d'abonnés.
19:30Repartir de zéro, à mon avis, forcément, c'est compliqué.
19:32Oui, donc il faut vous mener les deux en parallèle.
19:34Je pense, oui.
19:35Et Shredd, c'est quand même aujourd'hui déjà une plateforme très puissante
19:39puisqu'elle peut s'appuyer sur les abonnés Facebook, Instagram.
19:43On parle de plus de 275 millions, je crois, d'utilisateurs, déjà,
19:47qui sont inscrits sur Shredd.
19:50Est-ce que ça vous semble, aujourd'hui, l'alternative la plus sérieuse ?
19:56Pour moi, dans quelques sens...
19:57À tous les deux, oui.
19:59Dans quelques sens, oui, parce que c'est une grande plateforme d'Instagram,
20:06de meta, qui a créé une facilité pour les utilisateurs de créer des comptes.
20:12Voilà.
20:13Et en juillet dernier, ils ont annoncé qu'ils ont activé ActivityPub Protocol.
20:24Donc, par exemple, avec mon compte de Mastodon, je peux suivre les gens sur Shredd.
20:32Donc, dans quelques sens, c'est le moment pour les créateurs,
20:37pour les annonceurs, pour les marques de luxe et les choses comme ça.
20:42Bien sûr, c'est gênant de recréer les communautés,
20:47mais il y a un promis pour le futur avec ce protocole de Blue Sky ou d'ActivityPub
20:57parce que si Shredd devient insupportable, comme X maintenant,
21:08par exemple Smartech, vous pouvez créer un compte sur Shredd.
21:15Je peux suivre avec mon propre compte de Mastodon.
21:19Oui, c'est super intéressant.
21:21Si vous avez entré sur Shredd, vous gardez votre communauté et pas.
21:32Ça, c'est le sujet de l'interopérabilité.
21:35Il y a plus de pouvoir pour les gens qui créent les vraies sources d'informations
21:41d'entrer dans les plateformes.
21:43L'autre question, c'est si on est déjà puissant sur Instagram,
21:47parce qu'il y a beaucoup de groupes déjà aujourd'hui,
21:50est-ce qu'on a besoin, en plus, de basculer sur Shredd ?
21:55Ce n'est pas le même type de contenu qui va être posté.
21:59Je pense que pour aller toucher sur des sujets très chauds,
22:02très d'actualité, ou même incarner encore plus certaines thématiques,
22:08je pense que ça peut être une bonne option.
22:13Honnêtement, je le vois bien comme le réseau de substitution
22:17sur toutes les conversations un peu grand public qu'il y avait avant sur X.
22:20Je pense au sport, les soirs de Ligue des champions ou de Formule 1.
22:25Ce type de conversation, à mon avis, peut aller vers ce type de réseau.
22:29Sur tout ce qui va être plus politique, slash économique, j'attends de voir.
22:33Honnêtement, je ne suis pas encore...
22:35Ça va peut-être plus tôt au blue sky.
22:37En tout cas, il y a beaucoup de communication aujourd'hui.
22:40Je n'ai plus beaucoup de temps, j'avais deux questions.
22:44Est-ce que vous pensez que la manière dont X se transforme aujourd'hui
22:48peut causer sa perte ?
22:50Est-ce qu'on en est là, déjà ?
22:52Avec une réponse courte, s'il vous plaît.
22:54Deuxième question, est-ce que ce qu'on appelle les troubles de l'information,
22:58les troubles de l'information contemporains, Joseph,
23:01peuvent se calmer en basculant sur d'autres plateformes ?
23:04Antoine, vous répondez à ma première question.
23:08Est-ce que ça peut causer sa perte aujourd'hui, cette transformation de X ?
23:11Très rapidement, honnêtement, X est à risque, c'est sûr.
23:17Rien qu'on regarde sa valorisation en bourse ou ses sujets, c'est clair.
23:21Moi, je pense tout simplement que ce n'est pas pour demain.
23:24C'est peut-être pour après-demain, mais ce n'est pas forcément pour demain.
23:26Joseph, est-ce qu'on peut calmer les troubles en basculant, en changeant de plateforme,
23:29ces troubles d'information contemporains ?
23:32Je crois que le changement qui est passé cette semaine avec le dévoting,
23:39ou démissionner les liens qui sortent de X, c'est un problème,
23:46parce que les créateurs de contenu, les médias, ne peuvent pas laisser un lien sur leur propre site.
23:54Donc, pourquoi utiliser X quand les autres,
23:58particulièrement dans ce moment-là où il y a beaucoup de discontentement avec X ?
24:06Donc, c'est un bon moment, je crois.
24:10Merci Joseph Baudreau. Je rappelle que vous êtes doctorant en civilisation des pays anglophones à l'Université Sorbonne-Nouvelle.
24:16Et merci Antoine Kétrine. Je rappelle que vous, vous êtes le cofondateur du cabinet de conseil, l'ICTER.
24:21Merci beaucoup.
24:22Merci.
24:29On termine cette édition avec David Lacomblede, le président de la Villa Numéris et son regard sur l'économie numérique.
24:34Bonjour David.
24:35Bonjour Delphine.
24:36Aujourd'hui, on va traverser l'Atlantique pour s'intéresser au procès de Google aux Etats-Unis.
24:40Un premier jury du tribunal fédéral de Washington a déjà reconnu Google coupable de pratiques anticoncurrentielles dans la recherche sur Internet.
24:48La filiale du groupe Alphabet doit aussi répondre d'accusations d'abus de position dominante.
24:54Sans même attendre le jugement qui sera donné en 2025, le gouvernement réclame que Google se sépare de son navigateur Chrome.
25:00Quelles seraient les conséquences ?
25:02Séparer Chrome du moteur de recherche serait un coup très sévère porté à Google.
25:08Il faut bien voir que le navigateur et le moteur de recherche font corps sur le web, que ce soit sur votre mobile ou votre ordinateur,
25:19avec un tout-en-un qui est efficace et très fluide puisqu'indifféremment vous passez de l'un à l'autre, vous mettez vos favoris, vous retrouvez vos pages.
25:29C'est efficace pour l'utilisateur et lucratif pour Google qui connaît parfaitement votre chemin de vie.
25:37On en sait plus et on vous retrouve mieux avec Google sur le web que le petit poussier avec les petits cailloux blancs qu'il a posés derrière lui.
25:48Et cette connaissance infime permet de mieux répondre à vos goûts et à ce que vous cherchez, notamment en matière publicitaire.
25:56Et c'est vrai que c'est une mine d'or.
25:58Il faut bien voir que deux internautes sur trois utilisent Google.
26:02Ça fait trois milliards de terriens pour un navigateur qui est né en 2008.
26:12A l'époque, le dominant, c'était Explorer de Microsoft avec 60% de part de marché.
26:19Aujourd'hui, c'est 5%.
26:21Et les autres, vous les connaissez, c'est Safari sur Apple ou Firefox sur Mozilla.
26:27Autant dire que tous y voient une opportunité pour tenter de regagner un peu de poil de la bête.
26:33Pour autant, c'est des chromes, ça ne veut pas dire que c'est la fin de ce navigateur non plus.
26:38Mais c'est quand même lui retirer une puissance immédiate.
26:43C'est comme si on mettait des pédales sur votre voiture.
26:45Ça continue de rouler, mais un peu moins vite.
26:48Alors, on pourrait voir que Google va récupérer 15 milliards d'euros s'il devait être contraint et forcé de vendre Chrome.
26:57C'est une estimation de Bloomberg, mais ce n'est qu'une estimation parce qu'il n'y a pas beaucoup d'antécédents et d'outils de comparaison.
27:04Il faut bien voir qu'il y aura certainement peu d'acheteurs potentiels.
27:08Tout en plus qu'une fois que vous avez acheté le navigateur, il faut investir pour le maintenir à niveau.
27:14Et c'est là où Google a réussi l'exploit de faire fonctionner les synergies à fond avec le moteur de recherche, bien sûr,
27:21mais aussi les outils tels que la messagerie, Gmail, plus toute la suite Workplace et YouTube, le réseau de vidéos.
27:31Et en plus, Google, avec son navigateur, a imposé un standard dans les navigateurs et perdrait finalement cet avantage.
27:41C'est vrai que s'il y a une scission, je pense que le navigateur périclitera et les revenus de la recherche diminueront.
27:48C'est d'ailleurs le but recherché.
27:50Et pour les utilisateurs, qu'est-ce que ça changerait ?
27:52Comme disent les marqueteurs, l'expérience client serait certainement moins nickel, chrome, avec des retours arrière qui sont toujours difficiles.
28:03Il faut bien voir qu'on perdrait la synchronisation, par exemple, de ces données et donc plus de difficultés, en quelque sorte, à navigater, à naviguer.
28:12La fragmentation ensuite certainement ouvrirait à plus de diversité, à des nouveaux acteurs, même si on a vu que le ticket d'entrée est élevé.
28:21Enfin, il faut voir qu'il y a des marchés émergents sur lesquels chrome est préinstallé.
28:26Et donc, dissocier le navigateur de la recherche du mobile Android compliquerait très certainement l'accès.
28:34On rappelle quand même que c'est une demande du gouvernement et non pas une décision.
28:38Oui, bien sûr, le gouvernement qui va changer en janvier avec l'élection de Donald Trump.
28:45On a cru comprendre à travers les lignes qui n'étaient pas forcément favorables au démantèlement.
28:50Que fera-t-il ? Est-ce que le sort, finalement, de Google est entre les mains des bonnes grâces d'Elon Musk ? Rendez-vous en janvier.
28:58Merci beaucoup, David Lacomblede, président de la Villa Numéris.
29:01Et merci à vous de nous suivre sur la chaîne Bismarck for Change.
29:04C'était Smartech. On peut se retrouver aussi en podcast, je vous le rappelle, mais je sais que vous êtes déjà nombreux.
29:08A très bientôt.
29:15Sous-titrage Société Radio-Canada