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00:00 Hello et bienvenue sur le podcast "Les Matchs de ma vie".
00:06 À travers 5 matchs de foot, notre invité parle de son amour pour ce sport et nous ouvre ainsi
00:10 sur quelques chapitres de sa vie. 5 matchs à raconter, beaucoup de bonheur à partager avec
00:15 vous, où que vous soyez, où que vous nous écoutiez. Merci déjà de nous avoir choisis,
00:19 c'est parti pour ce nouveau numéro 2, "Les Matchs de ma vie" avec moi, Darren Tullette,
00:24 et notre invité aujourd'hui qui est... - Brahim Tchiam. - Yes, very good de début. Brahim,
00:30 ravi de t'avoir avec nous, on se connaît tous les deux depuis le début de Beansport en 2012,
00:34 j'ai eu le plaisir de travailler avec toi de temps en temps à l'antenne pour toutes sortes de matchs,
00:38 de compétitions, mais aujourd'hui on va parler de toi et de tes souvenirs, les matchs qui ont le
00:43 plus marqué, le plus compté pour toi à travers une carrière de joueur qui a commencé avec une
00:48 formation à Montpellier et qui a terminé à Reims à l'âge de 36 ans et demi. Tu as connu
00:54 quatre montées en club avec Malaga en Espagne, Istres, Caen et Reims donc en France et tu as
00:59 joué 17 fois avec l'équipe nationale du Mali, deviens ton papa, c'est bien ça ? - Exactement.
01:04 - Allez sans plus attendre, c'est parti pour les matchs de la vie de Brahim Tchiam,
01:09 match numéro 1, Brahim, quel est ton choix et pour quelles raisons ? - Parmi la riche carrière
01:16 que j'ai eu la chance d'embrasser, mon premier souvenir qui me vient là comme un flash, c'est
01:23 aux alentours d'une catégorie que l'on peut qualifier de poussin, ça doit être dans les
01:32 années 83-84 à peu près, si ma mémoire ne me fait pas défaut. Premier souvenir de foot,
01:46 après avoir essayé plusieurs sports différents qui m'ont laissé sans matériel, j'ai voulu faire
01:53 du vélo au préalable, il faut le savoir, on m'a volé mon vélo, je voulais faire du patin à glace,
01:57 ça coûtait trop cher, j'ai voulu faire du judo, on m'a dit qu'il fallait ramener le tableau,
02:00 bah du coup j'ai dit donnez-moi une paire de crampons, je vais aller jouer au foot. Et ce
02:04 premier match je me rappelle, c'était en poussin avec le club de Saint-Lola-Forêt dans le Val d'Oise,
02:08 moi j'aimais le foot, j'avais envie de jouer au foot et il s'avère que peut-être un après-midi
02:17 de printemps on va faire un match de la région parisienne, je pense peut-être à Persembaumont,
02:23 il me semble, et notre gardien ne vient pas au match sans raison et c'est une journée où il
02:30 fait gris, il pleut et du coup comme moi j'étais le plus grand de l'équipe et le plus costaud,
02:34 déjà à l'époque, du coup on met dans les buts, ça ne m'enchante pas au départ mais comme je suis
02:41 toujours sacrifié pour le bien du collectif, je le fais déjà comme quoi c'était déjà les prémices
02:46 de ce qui m'est arrivé tout le long de ma carrière. Et du coup je me mets dans les buts et arrive le
02:52 début du match, premier ballon que je touche, c'est un 6 mètres pour nous, ce jour-là il y a
02:58 beaucoup de vent, il s'avère que je tire le 6 mètres et ce qu'on aura qualifié d'un autogol,
03:06 le ballon me revient dans les buts et en fait je marque contre mon camp. Repoussé par le vent ?
03:11 Repoussé par le vent. Adversaire fictif. Un but gag mais pas du tout drôle pour toi ? Du tout,
03:16 même traumatisant, traumatisant à tel point que dans la foulée je ne veux même plus rester dans
03:21 les buts et je pleure tout de suite, on me réconforte mais je dis non, c'est pas moi,
03:27 ça peut pas m'arriver, c'est pas possible. Et du coup ça a été un traumatisme et j'ai dit de
03:32 toute façon je ne retournerai jamais dans les buts et ce fut ce premier souvenir que j'ai.
03:37 Je vais bientôt avoir la cinquantaine, faut pas le dire. Oh tu ne les fais pas. C'est gentil. Mais
03:46 j'avais à l'époque, à cette époque-là, j'avais 7, 8, 9 ans, vous imaginez, je flash encore de ce
03:52 ballon qui je vois partir et sans comprendre pourquoi il revient, il revient, il revient,
03:56 il revient et en me retournant je vois qu'il est rentré dans le but. L'effet boomerang. L'effet
04:01 boomerang. Incroyable. Ah c'est terrible, tu revois encore. Je revois encore, je revois les
04:06 coéquipiers qui me regardent, il y en a qui disent tu ne peux rien mais c'est de ta faute quand même
04:11 et puis du coup voilà ce premier souvenir de football qui aurait pu me freiner mais au contraire
04:17 ça m'a permis de mener une révolution dans ma tête et de me dire bon non, il ne faut pas que je
04:22 reste là dessus. C'est un but salvateur en quelque sorte parce que ça t'a convaincu de ne pas faire
04:27 carrière en tant que gardien de but. Tout à fait et j'ai bien eu raison parce que c'est un rôle
04:32 bien trop ingrat pour moi pour avoir vécu de nombreux saisons avec des gardiens qui sont
04:37 toujours dans la boussale, c'est le dernier rempart et souvent les pointer du doigt. Oui,
04:42 oui carrément, carrément. Donc ça commence ta liste avec ce souvenir douloureux et ce match perdu
04:48 en temps en poussin. Dis-moi, tu es né le 24 février 1974 à Saint-Denis. Décris-nous un
04:58 petit peu ton enfance, Prime. Une enfance avec des parents qui se séparent à l'âge de 7 ans,
05:05 je vis avec ma mère et avec mon frère. Une enfance normale avec une maman qui travaille
05:10 pour élever ses deux enfants. A l'époque c'était le franc, c'était un peu plus difficile mais on
05:16 manque de rien, on mange à notre faim, on va chercher un peu cette maturité de vie qu'on
05:22 est obligé quand on est des enfants aussi séparés que la maman en habitait. Il faut savoir que j'ai
05:25 habité dans le Val d'Oise à l'époque à Saint-Lola-Forêt et que ma maman travaillait sur
05:28 Paris donc il fallait prendre les transports une heure et demie le matin, une heure et demie le
05:31 soir. Donc moi et mon frère on allait à l'école en vélo, on goûtait des fois ensemble, ma mère
05:37 des fois préparait le manger le matin pour qu'on le réchauffe le soir. Donc voilà on a eu peut-être
05:41 la chance d'avoir ce dispositif de vie qui nous a rendu mature plus tôt et qui nous a servi,
05:47 qui nous sert encore aujourd'hui dans la vie. Et papa est de Mali alors ? Mon père malien,
05:51 oui oui malien. Quelle influence sur l'homme que tu es devenu ? L'humilité, le goût du travail,
05:59 le sacrifice, les valeurs importantes dans la vie pour pouvoir avancer dans tous les secteurs
06:05 d'activité. Et voilà c'est à l'image de ce peuple qui est un peuple pieux, respectueux,
06:13 avec plein de valeurs, les valeurs du partage, pas un peuple vénal. Voilà donc ça m'a permis
06:19 jusqu'au jour d'aujourd'hui de toujours embrasser cette culture au sein. Et quand est-ce que tu as
06:23 connu le Mali ? J'ai connu le Mali lorsque, véritablement physiquement, lorsque j'ai été
06:30 sélectionné et que j'ai changé parce que j'ai joué avec la France et j'ai eu la chance ensuite de
06:34 pouvoir changer de pays de "football" entre guillemets. Donc je pense que ma première
06:41 sélection ça doit être entre 96 et 97 et j'ai dû aller au Mali ces temps-là à peu près. D'accord,
06:49 donc c'est un pays auquel tu tiens en levoir quand tu parles de Mali ? Oui, j'ai un pays
06:56 formidable, des gens formidables. On apprend qu'on peut vivre heureux sans rien et que tout ce qui
07:04 vient en plus est un bonus dans la vie et qu'on se rend compte qu'à part la santé qui est la
07:08 richesse la plus importante du monde, tout l'aspect matériel est secondaire. Et quand on est là-bas,
07:15 on se fond un petit peu dans ce quotidien. Des exemples tout simples, quand tu vas au Mali,
07:19 tu auras la famille ou les amis, ils sont tous assis devant la maison parce qu'il fait chaud,
07:23 on fait un petit thé, on se partage le thé, le verre, on se le passe de main en main. Voilà,
07:27 c'est des bonheurs simples qui n'ont pas d'équivalent, on va dire, presque dans les relations.
07:34 Donc on voit que tu as ce mix en toi entre le Mali et la France. Quand tu es petit,
07:42 donc tu finis par faire du foot même si tu as goûté à d'autres sports et puis à un moment
07:47 donné, il y a un déménagement vers Montpellier. C'est ça. Qui va changer pas mal de choses. Qui
07:52 va changer pas mal de choses, oui. J'ai ma maman qui est amie avec un monsieur qui s'appelle
07:58 Santolini, à qui je passe le bonjour, qui a été quand même important parce qu'il a été une
08:01 passerelle de ma vie qui m'amène à être là aujourd'hui. Peut-être qu'on ne se serait pas
08:05 vu sans lui. Et donc j'ai eu l'occasion d'aller m'inscrire au club de foot de Montpellier grâce
08:11 à lui qui connaissait quelqu'un dans le club. Ma maman qui travaillait à la banque, l'AN1 Cogé-Fimo
08:17 à l'époque à Montparnasse, j'ai souci du détail, se fait muter parce qu'il y avait une agence aussi
08:23 à Montpellier. Et du coup, on part tous là-bas avec notre petite Fiat Panda rouge et on va
08:28 s'installer à Montferrier-sur-Lez à côté de Montpellier. Changement de décor, tout à fait.
08:32 Changement de vie et ça nous amène justement à ton match numéro 2, Brahim. Nous sommes le 21
08:37 juin 1986, jour d'un quart de finale de la Coupe du Monde entre la France et le Brésil à Guadalajara.
08:46 Tu as 14 ans. Tu es où alors à ce moment-là et tu le vis comment ? Je suis où ? Je suis sur la place
08:53 de l'église avec mon meilleur pote Vincent Candela à Morin, qui est un petit village qui est
09:00 à même pas une petite dizaine de kilomètres de Montpellier. Et il y a un écran géant sur la place
09:05 de l'église et Vincent et moi, parmi toutes les conneries qu'on était en train de faire, je pense
09:11 qu'on arrive cinq minutes avant le pénalty de mon très cher et qui deviendra mon entraîneur par la
09:17 suite. L'histoire est quand même belle. C'est peut-être la première image frissonnante de football
09:21 que je vois et dont je me rappelle. Je vois la place de l'église au moment où je te parle, je
09:27 vois le grand écran, je vois quand Louis s'élance, quand il court derrière le but, comme si c'était
09:31 hier et c'était en 86. Voilà, donc il y a des souvenirs comme ça visuels qui sont très
09:37 importants. Et donc, avec Vincent, on se rappelle du pénalty de Louis. Tout le monde saute, tout le
09:42 monde crie parce que c'est le pénalty gagnant. Et nous aussi, on criait. Et après, on a dû aller
09:47 à la fête du village, en boîte de nuit, je ne sais pas, on gambadait dans les villages à cette époque-là.
09:52 Tu as 14 ans lorsque Louise Fernandez tire le pénalty gagnant contre le Brésil en
09:58 quarte finale de cette Coupe du Monde. Tu te souviens un petit peu du match ou est-ce que
10:01 tu étais en train de vous amuser avec Vincent à faire les idiots quelque part ? Non, je me
10:07 souviens du match parce qu'en fait, le match, c'était sur la place de l'église, il y avait
10:10 du monde. Donc, on alternait les moments, on regardait le match, on s'amusait. Donc, voilà, je me
10:16 souviens quand même des joueurs. Il y avait Carica sur la pelouse, il y avait des grands joueurs.
10:20 C'est lui le buteur pour le Brésil. Exactement. Donc, j'ai ce souvenir global du match. Mais après,
10:26 le moment impactant, c'est la séance des tirs au but. Je revois la séance des tirs au but,
10:31 mais après, je revois le pénalty de Louis et je revois la course de Louis, courir derrière le but.
10:37 Pour fêter ça, oui. Exactement. Il faut savoir que cette course-là, Louis l'a reproduite lors de
10:44 l'année 2009 où il était entraîneur de Reims et j'étais joueur de Reims. Peut-être un jour,
10:50 on ressortira les images. Il y a un match au sommet, Reims-Nîmes, match du maintien. Je marque
10:56 à la 94e minute le but vainqueur et Louis fait la même course d'arrondi, sauf que moi, j'étais à
11:02 gauche et lui, au départ, il part à droite. Finalement, il se rend compte que je suis à
11:06 gauche et tous les joueurs de Reims me sautent dessus. Louis fait la même course que ce 1986,
11:13 sauf que là, il saute sur le moulon et c'est moi qui suis tout en dessous. Magnifique. C'est quand
11:18 même dingue quand tu penses que ce jour-là, tu as 14 ans et tu le regardes à la télé dans
11:23 cette place où tout le monde est agglutiné pour regarder ça. Quelques années plus tard,
11:28 tu vas jouer pour lui à Reims. C'est quand même fou. Socrates, Platini, il y avait de beaux joueurs
11:36 effectivement. Falcao, Zico, sur cette pelouse-là. C'est peut-être Branco. Oui, Branco, je pense.
11:41 C'est quand même la France qui gagne contre le Brésil ce soir-là. Tu as 14 ans, jeune footballeur,
11:49 donc pote de Vincent Candela. Tu me disais qu'il avait une très jolie sœur qui s'appelle Sophie.
11:54 Oui, Sophie, qui était très jolie. Je ne vais pas complètement déclarer sur le moment pour
11:58 pas non plus rompre les liens qui nous liaient, mais il y a toujours un œil qui tournait autour.
12:05 Donc, tous les deux, vous jouez en équipe de jeunes pour Montpellier et ça nous amène justement
12:12 à ton match numéro 3. On est quatre ans plus tard maintenant. 1990, et ce profil, un match très
12:20 important pour toi à Bayeux en Normandie où tu es allé voir les tapisseries forcément, mais ce n'est
12:26 pas pour ça que tu es allé à Bayeux. Il y a un match contre le FC Metz. Alors raconte, c'est quoi ce match
12:30 et pourquoi c'est important ? Donc, dans la continuité de notre jeunesse, c'est l'époque qui
12:38 correspond à une catégorie de cadets nationaux U17. C'est la finale du championnat de France. Ça veut
12:42 dire qu'à cette époque-là, nous, on jouait en cadets nationaux dans le groupe du sud avec
12:48 Monaco, Nice, Marseille. Donc, nous, on a terminé premier. Après, il y avait quatre groupes découpés
12:54 dans chaque région. Metz a fini premier de son groupe. Peut-être que dans l'ouest, c'était peut-être
13:00 Rennes, je ne sais pas, et Bordeaux dans l'autre, on va dire. Il s'avère que nous, on passe les
13:06 tours qualificatifs. On bat Bastia, on bat Agnor, on bat je ne sais plus quelle équipe en demi-finale.
13:10 Et la finale, c'est contre Metz, le Metz de David Therrier. Donc, ce fameux match qui est la finale
13:19 du championnat de France entre les deux meilleures équipes. Et nous, Montpellier, donc on part, je
13:23 crois, deux jours avant et on arrive à l'hôtel, Novotel de Bayeux qui est en face du stade, à
13:29 côté du rond-point. On prend nos quartiers, on arrive la veille et le lendemain, c'est jour du match,
13:33 15 heures. On balade le matin du match et ensuite, on déjeune entre 10h45 et 11h, c'est-à-dire trois,
13:40 quatre heures avant le match, toujours. C'était la coutume. Et Vincent et moi, on est côte à côte,
13:48 à table, toujours. Parce que c'était comme un couple qui s'aimait, mais qui se chamaillait tout
13:52 le temps. Comme Q&Schmidt, voilà, exactement. Comme torchon et serviette, comme ketchup et mayonnaise.
13:57 Et on mange et puis le repas se passe normalement. Et dans le monde normal, tout se passe normalement.
14:06 On attend que le repas finisse et puis après, chacun monte dans sa chambre. Et puis moi, je
14:10 sais pas pourquoi, j'ai une fourchette et comme quelqu'un qui aime bien une autre personne,
14:16 je lui mets un petit coup de fourchette comme ça sur la jambe pour m'amuser. Et lui, il trouve ça
14:21 marrant, il me dit "je vais faire la même chose", sauf que lui, il prend un couteau. Et au lieu de
14:25 me mettre un coup comme ça dessus, il me le fait latéralement. Et je vois ma jambe qui saigne. Et
14:31 du coup, je m'aperçois que j'ai un centimètre et demi, j'ai un trou dans la jambe. Il est 11h,
14:36 on joue à 15h. Le match le plus important de notre vie, celle du club, puisque c'était la
14:40 première fois que le titre de Montpellier a permis, on leur a permis d'avoir ce titre de champion de
14:46 France. Je me retrouve à table et je vois ma jambe qui saigne, je le regarde, je peux pas le
14:51 frapper parce que tout le monde va nous voir. Et du coup, je dis... - Il a dû avoir une peur,
14:55 là aussi, non ? - Et lui, il me dit "excuse-moi, excuse-moi, excuse-moi". Surtout qu'on était
15:01 tous les deux titulaires en plus. Du coup, je prends un torchon, je le mets sur ma cuisse,
15:04 je lui dis "tu démerdes, tu me trouves quelque chose". Tu vas dans la chambre, tu te parades,
15:10 et en fait, j'avais mal, comme si... Quand on te fait une piqûre un peu ou une anesthésie,
15:15 je sens une douleur à la jambe. Normal, j'avais un trou. Du coup, on monte dans la chambre,
15:19 on met un rafistolage, on trouve une espèce de compresse, il me trouve du bandage, je mets tout
15:23 ça. Je mets l'espèce de cuissard qu'on met sous les shorts et personne ne voit. Et il s'avère que
15:28 j'ai mal toute l'après-midi. Du coup, je vais au stade comme ça, je joue. - Parce que forcément,
15:34 tu dis rien, t'as envie de jouer. - Oui, je peux pas le dire. Et puis,
15:37 ça aurait été invraisemblable de dire qu'on m'a mis un coup de couteau en train de manger. On m'aurait
15:43 demandé "qui c'est Vincent Candela ?" Je dis "vous êtes complètement cinglés, tous les deux,
15:46 c'est pas possible". - Oui, déjà.
15:47 - Exactement. Et j'ai encore la marque d'ailleurs. On pourra faire une petite carte pour l'écran,
15:51 parce que j'ai encore la marque sur la jambe. C'est ça qui est incroyable. Et c'était à côté du
15:58 quadri. - Et pas seulement c'est une finale et donc un titre à jouer, mais il y a quelqu'un
16:02 qui est venu te regarder jouer, non ? - Et le comble des combles, c'est que ce match-là,
16:06 je suis supervisé dans le dernier carré par le sélectionneur de l'équipe de France,
16:11 Jean-François Jodard, en prévision du tournoi de Toulon. Donc là...
16:16 - Très important. - Exactement. On était deux joueurs dans
16:18 mon équipe, Vincent Petit et moi, qui étions supervisés. Donc là, il m'a rajouté, en plus de
16:24 la pression naturelle du match, plus de quelqu'un qui venait me voir jouer. Le fait de jouer avec
16:28 un bandage avec un trou dans la jambe, je dis "toi, tu veux vraiment pas que je réussisse dans
16:31 le foot en fait ? C'est que des barrières". Et du coup, je joue le match avec la jambe serrée. Je
16:37 sens que j'ai mal, mais bon, une fois que le match est parti, j'y pense plus. Et du coup,
16:40 on gagne 5-1, on explose Metz. Je fais un super match. Le sélectionneur, à la fin,
16:45 il vient me voir et il me dit que ça s'est super bien passé. Et patati, patata. Et l'histoire veut
16:51 que j'aurais joué comme un blessé de guerre. J'ai fait un super match. Je suis allé en équipe
16:56 de France et après, c'est resté anecdotique. - Incroyable. Et tu fais donc le tournoi de
17:02 Toulon après ? - Oui, je fais le tournoi de...
17:04 Non, j'ai confondu mon cher Darren. Ce match-là, après, je suis allé en équipe de France U18.
17:12 - Ah, les U18 d'abord. - Jean-François Jodard.
17:14 - Oui, d'accord. - Parce que le tournoi de Toulon,
17:16 c'était après. C'était un peu plus tard. Mais là, c'est Jean-François Jodard qui vient me voir
17:22 pour l'équipe de France, moi et Vincent Petit. Et du coup, on va en équipe de France.
17:26 - Et c'était la première sélection avec... - Avec les jeunes.
17:28 - D'accord. - Oui, exactement. Parce que le tournoi de
17:30 Toulon, c'était quand j'ai fait la demi-finale de Gambardella contre Auxerre. C'était en 92.
17:35 - D'accord, deux ans plus tard. - Deux ans plus tard, l'Auxerre de Bernard
17:38 Diomed. On s'est retrouvé ensemble, Bernard Diomed, dans l'équipe de France, qui a fait
17:44 le tournoi de Toulon en 1993, qui a perdu contre les Anglais, de Jamie Retnap et Harry McManaman.
17:53 - Steve. - Steve McManaman.
17:55 - Steve McManaman, oui. - Donc, c'était deux périodes de
17:58 l'équipe de France différentes, mais la première, c'est l'EU18.
18:00 - D'accord. Et ce qui est fou quand je pense à ça, c'est que Vincent Candela, champion du monde
18:06 avec l'équipe de France en 98, et toi, tous les deux ensemble à Montpellier, mais ni toi, ni lui,
18:13 finit par jouer pour Montpellier. - Non, parce que lui n'est pas gardé au
18:20 moment où nous, on signe l'équivalent de stagiaire. Lui n'est pas gardé par le club.
18:24 Ils estiment qu'il n'a pas les qualités pour faire une carrière. C'était des visionnaires,
18:28 ils ont bien vu. Et moi, je gravis tous les échelons des équipes de Montpellier jusqu'au
18:36 professionnel qui aurait dû me permettre de faire une longue carrière à Montpellier.
18:41 Et puis, parfois dans la vie, il y a des facilitants et des fois des blocants.
18:48 Et moi, j'ai rencontré un entraîneur bloquant qui m'a empêché de continuer ma progression
18:52 fulgurante. - Tu as encore ça en tête, tu te dis que la vie aurait pu être différent.
18:59 - Oui, forcément. On se pose toujours cette question là. On partait très vite, très haut.
19:10 Ça aurait pu être différent, ça aurait pu être mieux, ça aurait pu être pire, je ne sais pas.
19:13 On va dire qu'on est chacun heureux de sa destinée, mais je suis convaincu que de la vie,
19:18 des fois, comme ça m'est arrivé quand j'étais jeune, grâce à mon premier entraîneur qui a
19:23 toujours cru en moi, Montpellier, Momo Chebli, qui m'a permis d'accéder à certaines choses.
19:29 Il y en a d'autres qui t'empêchent, ce qui ne tue pas, rend plus fort. Et peut-être que,
19:33 comme on dit, certaines personnes prennent du plaisir à disposer des petites pierres pour
19:37 essayer de te rendre le chemin sinueux. Et bien, comme on dit, avec ces pierres,
19:42 tu fais un mur et tu sautes par-dessus et puis tu continues ton chemin.
19:44 Et donc tu quittes Montpellier après avoir joué, cette fois-ci, si on est d'accord,
19:51 après avoir joué à Toulon.
19:54 Exactement.
19:55 Et là où tu as été, rappelle-nous un petit peu tes coéquipiers et comment ça se passait à cette époque-là.
20:01 Donc, tournoi Toulon, ça doit être mai ou juin 1993. Ça se déroule dans la région de Toulon.
20:08 On fait un match à Arles, à Aubagne et à Toulon. On joue contre le Mexique,
20:17 on joue contre la Bulgarie et un troisième match, l'Ecosse.
20:24 Ensuite, on gagne un quart de finale, on bat le Portugal et on va en finale.
20:29 Je suis dans une sélection avec Lionel Letizy, avec Ibrahim Ba, avec Jean-Christophe Marquet,
20:39 avec Wally Dieng, avec Vick H. Dorasso, Steve Marley, Florian Maurice, Bernard Diomed, Sam Asiabouk.
20:51 Il y a des bons petits joueurs.
20:54 Et vous allez jusqu'en finale.
20:55 Et on va jusqu'en finale et on perd 1-0 dans les derniers instants, je crois, de ce match.
20:58 On avait fait vraiment un très beau tournoi.
21:00 Et je crois que Florian Maurice finit meilleur joueur du tournoi, d'ailleurs.
21:05 Et moi, j'avais fait un super tournoi aussi sur le plan personnel.
21:08 Tu ne nous as pas dit contre qui tu as perdu en finale, Ibrahim ?
21:14 Je ne sais pas. Ils nous ont dit que c'était des Anglais, mais il faudra que je vérifie dans les archives quand même.
21:21 L'Angleterre a gagné ce jour-là le tournoi de Toulon.
21:26 Normalement, tu reviens de cette expérience-là à 18-19 ans.
21:30 Là, tu dois être gonflé à bloc et tu dis c'est là où je vais percer avec Montpellier.
21:34 Mais ça ne se passe pas comme tu veux.
21:35 Non, je suis dans la forme de ma vie.
21:39 La petite anecdote, c'est que moi, je suis sous contrat avec Montpellier à cette époque-là.
21:44 Florian Maurice qui joue à Lyon.
21:46 Il y a Jean Tigana, qui était l'entraîneur de Lyon à cette époque-là, qui vient et qui va absolument me ramener avec lui.
21:51 Ce jour-là, il faut qu'on le ramène chez nous.
21:53 Sauf que parallèlement, Montpellier a dépêché un émissaire pour vite me ramener à la maison.
21:58 Et j'étais vraiment au top.
22:01 Des fois, je rigole, j'en avais même parlé avec lui.
22:03 Je dis que j'étais un peu l'équivalent de Marcel Desailly au même âge, à ce poste-là.
22:08 Donc ça, c'était vraiment important.
22:10 Et puis, j'arrive à Montpellier. Je vais intègrer le groupe des pros pour partir en stage avec eux.
22:15 Je suis troisième central derrière Michel Derzacarian et Jean-Manuel Tétis, qui étaient venus aussi à l'époque du Matra Racing.
22:20 Après avoir joué contre Montpellier en finale de la Coupe de France en 1990, Matra Racing-Montpellier.
22:25 C'était encore des histoires.
22:27 Et puis, l'histoire veut que ces deux joueurs devant moi sont blessés à quelques jours de l'entame du championnat.
22:35 Voie royale, Champs-Élysées, Champs de Mars.
22:37 - Ça y est !
22:39 - C'était impossible que je ne joue pas.
22:41 Et l'impossible est devenu possible, malheureusement.
22:45 Et ce jour-là, c'était la première journée de championnat.
22:48 Ça devait être en 1994, sûrement.
22:51 C'est Montpellier-Lille.
22:53 Et en plus, à Lille, il y avait un gabarit qui me correspondait, parce que c'était l'attaquant Kenneth Anderson.
22:57 Suédois, je crois.
22:59 - Oui, c'est ça.
23:00 - Je crois qu'il était très grand.
23:02 Donc je me dis, c'est bien.
23:03 Moi, j'aime bien les duels.
23:05 Donc je vais être dans le groupe.
23:07 Et je vois, mon nom ne figure pas.
23:09 Je ne suis pas pris.
23:11 Démoralisé, détruit, je vois que je ne suis pas pris.
23:14 Il s'avère que ce match-là a joué Jean-Christophe Rouvière, un milieu de terrain pour le poste de défenseur.
23:20 C'est-à-dire que moi, il ne voulait vraiment pas me faire jouer.
23:23 Et du coup, j'ai pris un coup de massue derrière la tête.
23:25 Et derrière ça, j'ai demandé à être prêté dans les heures qui ont suivi.
23:28 Je suis parti à Bourges.
23:29 - Chez les bourgeois.
23:30 - Chez les bourgeois, mais qui ne sont pas restés bourgeois longtemps, parce qu'ils ont déposé le bilan au mois de décembre.
23:34 - Avec un coach anglais, en plus.
23:36 - Avec un coach anglais, Bobby Brown.
23:37 - Ouais, incroyable.
23:39 - Ils m'ont fait une double oration anglaise en l'espace de deux mois.
23:41 - Quelle histoire.
23:42 - Comme quoi, l'échange et les destins d'un jour à l'autre, tout peut basculer.
23:48 Vous écoutez, les amis, les Matchs de ma vie, le podcast de Beansport,
23:51 où notre invité raconte les cinq matchs de foot qui l'ont le plus marqué.
23:54 On arrive au match numéro 4 de Brahim Thiam, l'homme qui aurait pu jouer au Real Madrid.
24:00 - C'est incroyable de dire ça.
24:01 - Raconte-nous cette histoire-là.
24:03 - Eh bien, je signe à Levante après avoir fait un essai concluant en Espagne.
24:09 À Levante en 96-97, si ma mémoire est bonne.
24:14 Je viens faire un essai à Levante de 15 jours,
24:17 après une saison dans la région parisienne à Saint-Denis-Saint-Leu.
24:21 L'essai se passe très bien à tel point qu'au bout d'une semaine
24:26 et après un bon match amical où je mets un but du mieux au terrain,
24:28 le président va absolument me faire signer.
24:30 Donc, jusqu'à là, tout se passe très bien, puisque c'était le but que je viens de signer.
24:34 Donc, bon, il ne veut plus me laisser repartir en France
24:36 parce qu'il pense que je ne vais pas revenir.
24:38 Je lui explique que j'ai une famille, qu'il faut que je parte.
24:40 Donc, tout se passe bien, je signe et je pars ensuite au mois de juin.
24:45 C'était l'époque où il y avait les qualifications toujours avec les équipes africaines.
24:48 Le mois de juin, on partait un mois.
24:49 Donc, moi, je pars avec le Mali faire des matchs qualificatifs
24:52 et je prévois de revenir début juillet à Levante.
24:55 Donc, moi, quand je reviens, évidemment, je n'ai pas beaucoup arrêté.
24:57 Donc, je suis en forme et je suis en avance physiquement sur les autres joueurs.
25:00 Et il arrive dans cette pré-temporada, comme on l'appelle en Espagne,
25:04 un tournoi de la communauté de Valence avec Alicante et Villarreal.
25:08 Et puisque Levante, c'est dans la ville de Valence, il faut le préciser.
25:12 Et ce jour-là, on fait le premier match contre Villarreal et moi, je joue.
25:17 Et je fais un très bon match, mais ça, c'était le but.
25:20 Et il s'avère que ce jour-là, il y a le Real Madrid qui a dépêché un émissaire
25:23 pour venir voir jouer un joueur de Villarreal qui veulent faire signer.
25:26 Ils recherchent un prospect de moins de 23 ans pour amener au haut niveau.
25:32 Un défenseur central.
25:34 Déjà, il y a de la similitude.
25:36 Et du coup, on fait ce match-là.
25:39 Et ensuite, comme j'explique, après, on va au restaurant.
25:41 Tous les joueurs ont fait une petite bouffe de fin de stage.
25:46 Et pendant le repas, moi, je venais d'arriver en Espagne,
25:48 je ne parlais pas bien espagnol encore.
25:49 Je vois tout le monde rigole et me regarde.
25:52 Je dis tiens, soit j'ai une mèche qui est de travers, soit j'ai quelque chose de marrant.
25:57 Moi, je ne parlais pas bien espagnol.
25:58 J'avais un traducteur. Je lui dis qu'est-ce qu'ils disent?
26:01 Il me dit oui, ils disent que tu fais la une du journal.
26:03 Le Real Madrid a fait une offre pour toi et tout.
26:05 Je dis là, ils me prennent pour un jambon.
26:07 Je viens d'arriver.
26:08 Ils savent que je ne comprends pas bien.
26:09 Ils veulent me tester, voir si je suis tolérant à la blague.
26:14 Et je dis à mon traducteur, il devait être minuit et demi.
26:16 Je dis, puisque c'est ça, trouve-moi le journal.
26:18 Il dit non, mais il est tard.
26:19 Je dis, trouve-moi le journal.
26:20 Je dis, tu ne vas pas dormir sans que je n'ai pas le journal.
26:23 Il s'avère qu'il trouve le journal.
26:24 Et effectivement, il y a une grande page.
26:25 Mais voilà, je l'ai encore, l'article de journal.
26:27 Le Real Madrid a offert 50 millions de paletas par Ibrahim Cham.
26:31 Je me suis dit, à l'époque, c'était un tablouï d'anglais.
26:35 Tu as fait deux matchs amicaux avec Levantic.
26:37 Oui, voilà, exactement.
26:38 Le Real Madrid, tu veux?
26:39 Même pas, c'était un match que j'ai fait.
26:40 C'était après le premier?
26:41 Oui, le deuxième, quand ils reviennent me voir jouer après,
26:44 on me fait croire qu'il faut que je me repose.
26:46 C'est parce qu'en fait, on ne veut pas me faire jouer pour que le Real Madrid
26:49 ne vienne pas me voir jouer.
26:51 Ils t'ont bloqué.
26:52 Et du coup, ils m'ont bloqué.
26:54 J'ai continué la saison dans une équipe qui finalement est descendue.
26:56 J'ai eu la chance de transférer la fin de saison à Malaga.
26:58 Incroyable cette histoire.
27:00 On aurait pu jouer au Real Madrid.
27:01 Oui, incroyable.
27:02 Incroyable. Pour le quatrième match de ta liste,
27:05 mon cher Ibrahim Cham, nous sommes le 30 août 1998
27:09 pour le premier match de la saison de Malaga.
27:12 Club, pour qui?
27:13 Avec qui par exemple, tu es monté en D1 espagnol
27:17 après tes aventures avec Levantic.
27:21 Et te voilà donc pour ce premier match de D1 espagnol
27:25 contre Eibar à la maison.
27:28 Raconte-nous.
27:29 Oui, premier match après
27:33 une arrivée à Malaga où tout se passe bien.
27:35 C'était merveilleux, Malaga, belle région, plage, soleil.
27:40 J'arrive, on est logé pendant un mois à l'hôtel avec Agostinho,
27:44 un Portugais qui a joué au PSG après.
27:46 On est logé à Torremolinos, une super chambre,
27:48 vue sur la plage avec les filles en maillot de bain et tout ça.
27:51 Tout pour nous voir à quel degré on était capable de résister
27:55 dans une période très importante physiquement.
27:57 Donc voilà, on part en stage avec l'équipe à Marbella,
28:00 hôtel 5 étoiles pareil.
28:01 Je dis là, mais vous faites exprès,
28:03 c'est vraiment, vous voulez vraiment nous tester jusqu'au bout ou quoi?
28:06 Et arrive le premier match de championnat, ce 30 août 1998.
28:11 Il faut savoir que Malaga, c'est quand même une équipe vraiment,
28:14 comment dire, historique dans le football espagnol,
28:16 avec un public très, très nombreux, important, donc une grosse ferveur.
28:20 La remontée, il venait de remonter de Segunda B en Segunda
28:23 et ce premier match de retour à la compétition
28:26 en deuxième division était très attendu.
28:28 Donc c'est ce premier match.
28:29 Et moi, il faut savoir que le 29 juillet, soit un mois avant, ma fille est née.
28:34 Voilà, j'étais en stage à Marbella.
28:36 J'ai quitté le stage pour partir à Paris, assister à la naissance de ma fille,
28:41 qui est née le 29 juillet 1998 à Tismons.
28:45 Et donc j'ai pris l'avion le matin, j'ai assisté à l'accouchement le soir.
28:49 Donc j'ai dit au monsieur, forcément, c'est aujourd'hui,
28:52 c'est pas demain, faites en sorte que ça sorte aujourd'hui.
28:55 Et je suis reparti le lendemain à Malaga.
28:57 Et ensuite, je n'ai pas vu ma fille pendant un mois.
28:58 Et elle est arrivée en Espagne le jour du match, à 14h.
29:02 Et le match, c'était le soir ou l'après-midi, je ne sais plus,
29:04 ou peut-être 18h ou 19h.
29:07 Et il s'avère qu'en termes de match,
29:09 premier corner tiré par Ariel Zarate, qui est le grand frère de Mauro Zarate,
29:13 qui joue à la Ligue de Drum.
29:15 Je ne sais pas pourquoi, poussé par cet élan de paternalisme
29:20 qui venait de m'arriver depuis un mois.
29:22 Le ballon arrive et là, c'est le rêve.
29:25 Le ballon, coup de casque, plus personne ne peut m'arrêter.
29:28 Le premier qui arrive, je l'envoie dans la Sierra Nevada.
29:32 Et je marque. Et je marque.
29:33 Et je me retourne, je vais à la tribune, je vois
29:36 mon ex-femme et ma fille là dans les tribunes.
29:41 Et je fais le mouvement du berceau avec...
29:43 - Comme Bebeto. - Comme Bebeto.
29:45 Avec Catania à côté de moi, qui était brésilien.
29:47 Voilà, j'ai la grande une de journal.
29:49 Et voilà, c'est des histoires, si tu veux les écrire,
29:53 tu sais qu'elles vont pas arriver, tu les écris pas, tu les vis.
29:56 Et c'était un grand moment de vie de père et de footballeur.
30:00 - Ouais, un petit touche humaine avec ta fille,
30:03 qui ne sait même pas ce qui se passe forcément.
30:06 Elle était là pour ton premier but.
30:08 - Exactement, elle était là et... - Génial.
30:10 - Elle m'a toujours suivi, elle a toujours été proche de moi.
30:13 On se dit souvent qu'une fille, c'est fusionnel avec son père
30:16 et que c'est des moments...
30:17 Et aujourd'hui, on s'en souviendra.
30:20 Et les articles de journaux de presse que j'ai, les unes,
30:22 elles suivront et après, je lui donnerai fort à Calegaard.
30:25 - Excellent. Et donc, tu as marqué contre Eibar
30:28 et tu passes une saison avec Malaga.
30:31 Tu as joué en France, dans d'autres équipes,
30:35 parfois en national, avant d'aller en Espagne.
30:38 Tu as intégré l'équipe nationale du Mali.
30:41 Est-ce qu'avec le recul, avant d'arriver à ton dernier match,
30:45 tu trouves tout ça un peu chaotique ?
30:48 Il y a des changements de niveau par moment, des hauts et des bas.
30:51 Comment tu l'expliques, tout ça ?
30:53 - Je pense que...
30:55 Je pense que cette irrégularité, on va dire,
30:59 est liée à une histoire de vie,
31:01 d'entourage.
31:07 Voilà, je pense que c'est à l'image de...
31:11 Pas de ce que je représente, mais à un moment donné,
31:13 je n'ai pas eu, au départ de ma carrière,
31:16 l'entourage comme on a aujourd'hui.
31:18 Donc, je me suis adapté.
31:19 J'ai appris la vie au fur et à mesure que je grandissais dans le foot.
31:24 Il y a des moments où il y a des gens qui ne t'ont pas aidé.
31:27 Il y a des moments où il y a des gens qui t'ont aidé.
31:29 Et moi, je reste persuadé que cette vie-là était la mienne,
31:33 avec des hauts, avec des bas.
31:36 On a tous une destinée qui est prédéfinie.
31:39 Si j'ai eu celle-là et pas une autre, c'est que je devais avoir celle-là.
31:42 D'autres ont eu moins bien, d'autres ont eu mieux.
31:44 Mais comme je suis d'une vocation à être heureux de ce que j'ai,
31:47 de ne pas m'apitoyer sur mon sort, ni jalouser qui que ce soit,
31:51 j'estime que ce que j'ai fait, j'en suis fier.
31:54 Et c'était la voie que je devais suivre.
31:56 Et c'était ma destinée, quoi qu'il arrive, jusqu'à ce que la suite arrive.
32:00 Tu as des fabuleux souvenirs avec le Red Star, avec Istres,
32:04 et avec Caen aussi, avant de finir avec le Stade de Reims.
32:07 Oui, exactement. J'ai des super souvenirs avec le Red Star.
32:11 J'ai joué une demi-finale de Coupe de la Ligue avec le Red Star en 2000
32:16 contre Guegnon, qu'on a perdu au penalty, qui a battu le PSG ensuite en finale.
32:19 J'ai vécu avec Istres une montée formidable en 2004-2005 en Ligue 1,
32:26 avec une équipe qui, même pour jouer au boule, tu ne les aurais pas prises,
32:29 parce qu'elle a été rafistolée à la dernière minute,
32:31 avec des briscards, avec Xavier Gravelaine,
32:35 avec Patrice Morel, Laurent Weber, le gardien, une équipe brick-brack.
32:42 Et puis, il s'est avéré qu'on a fait une saison exceptionnelle.
32:44 On est monté à tel point qu'il a fallu construire un stade,
32:46 ce qui n'était pas du tout prévu dans la communauté.
32:49 Vous avez commencé à jouer à Nîmes.
32:51 On a fait la saison à Bardin en Ligue 2, on est monté.
32:54 Ils ont construit le stade à côté de Istres, là où il y a du vent.
32:57 En attendant, on allait jouer à Nîmes.
32:58 Justement, c'était une histoire.
33:00 Mais humainement, c'était top.
33:02 Donc ça, c'était vraiment bien.
33:03 Et puis à Caen, il y a aussi une montée,
33:05 et puis il y a une rencontre avec un entraîneur,
33:07 que tu as apprécié, Franck Dumas.
33:08 Oui, après à Caen, une montée.
33:13 Il faut savoir que le dernier match en 2004-2005 en Ligue 1, c'est Istres-Caen.
33:19 Caen doit faire match nul pour rester en Ligue 1.
33:21 Et moi, je joue ce match-là et je fais un super match.
33:24 Et c'est sur ce match-là que je vais signer ensuite à Caen,
33:27 dix jours plus tard, parce que Franck, il décide de me prendre,
33:31 parce qu'il veut remonter en Ligue 1.
33:33 Il dit qu'il faut des hommes comme ça.
33:35 Comme il était proche de Xavier Gravelin aussi,
33:37 je pense qu'ils en avaient discuté.
33:38 Et puis, Franck Dumas, homme extraordinaire,
33:41 plein de valeurs, histoire de vie.
33:43 Il a vécu plein de choses humainement, footballistiquement.
33:46 On a vécu, je crois que les gens aujourd'hui à Caen sont même nostalgiques de notre époque,
33:49 à tel point que des fois, ils me demandent de revenir,
33:51 parce qu'on a vécu une époque extraordinaire avec un groupe de copains.
33:55 Voilà, moi, je crois qu'il n'y a pas de résultat dans la vie sans une aventure humaine.
34:00 Et toutes les montées que j'ai connues,
34:02 c'est parce qu'il y a un groupe de mecs extraordinaires.
34:04 Aujourd'hui, j'ai un groupe WhatsApp avec tous les gens de l'équipe de Malaga
34:07 avec qui on est montés.
34:09 On est tous ensemble dans ce groupe WhatsApp,
34:10 parce que c'est comme quand tu es amoureux d'une femme,
34:13 même si tu n'es plus avec elle, tu as tellement de bons souvenirs
34:15 que des fois, tu es nostalgique.
34:16 Tu vas voir ce qu'elle a fait, peut-être si elle a un petit réseau social,
34:19 tu vois, ce qui n'est pas mon cas.
34:20 Mais voilà, l'ambiance, c'est celle-là.
34:23 Et à Istres, Xavier Gravelin aujourd'hui, qui est directeur sportif à Avranches,
34:27 c'est comme un frère pour moi.
34:29 C'est-à-dire qu'on a été les porte-drapeaux de cette équipe.
34:32 Et moi, j'ai beaucoup d'attaches avec les gens sur le plan humain,
34:35 parce que je crois aux fortes relations humaines,
34:37 même si l'environnement aujourd'hui est différent.
34:40 Et quand on a fait une super montée,
34:41 on faisait des poker tous les mercredis avec pizza, bière, clope,
34:45 de 19h à 3h du matin.
34:47 Et c'est la meilleure équipe que peut-être ils aient vu ces dernières années,
34:49 avec que des copains.
34:51 Parce qu'on dit souvent, travailler tous ensemble,
34:53 être des bons professionnels, sans être tous les meilleurs amis,
34:56 ça arrive, mais là, on était vraiment tous des meilleurs amis.
34:58 On était très, très proches avec nos femmes et compagnie.
35:00 Donc, je pense qu'il faut l'avoir vécu.
35:03 Et moi, je crois à ça encore aujourd'hui.
35:04 Et Franck Dumas, il avait sa façon aussi de façonner son groupe.
35:09 Oui, Franck...
35:09 Il voulait laisser certaines libertés.
35:11 Franck, il avait déterminé un cadre rigoureux
35:14 et dedans, il y avait la liberté totale.
35:15 Mais en même temps, lui, des fois, il arrivait à la dernière minute
35:17 à l'entraînement sans chaussettes, avec un café, une clope.
35:20 Donc, c'est difficile de vouloir être un caporal-chef avec nous.
35:24 Mais c'était Franck, une vraie connaissance du foot,
35:27 une vraie tolérance de l'humain.
35:29 Moi, je me rappelle d'un jour, il y avait un mec qui jouait avec nous,
35:32 Stéphane Sanson, l'attaquant.
35:33 Je ne sais plus pourquoi, le lendemain de son anniversaire,
35:35 après le match, il est arrivé dans le vestiaire.
35:38 Vingt minutes plus tard, on était en train de faire le débrief de match.
35:40 Il est arrivé bourré.
35:41 Et Franck, il a rigolé, il a dit "prends une douche, rentre chez toi".
35:43 Aujourd'hui, tu fais ça, tu m'en gardes à vue.
35:46 Tu vois ce que je veux dire ? Et nous, on a rigolé.
35:49 De bons souvenirs humains avec ces rencontres et tous ces clubs, Brahim.
35:56 Sans oublier mon ex-président Jean-François Fortin,
35:59 qui est un père fouettard, qui venait me taxer mes clubs l'après-midi du match
36:03 parce qu'il savait que j'en avais tout le temps.
36:06 Avec qui je prenais mes petits clubs une demi-heure avant de sortir sur le terrain.
36:09 Il faut savoir que ce n'est pas les choses sur lesquelles on va donner des conseils,
36:16 mais c'était une époque différente.
36:18 Et que le foot, moi, j'estime que c'est un don de soi et c'est mental.
36:23 Tu rentres sur le terrain, j'aime les Anglais.
36:26 Avant l'heure, ce n'est pas l'heure.
36:28 Une fois que c'est l'heure, c'est l'heure. Après l'heure, ce n'est plus l'heure.
36:30 Et on salue Steve Savidon aussi à travers ces souvenirs-là.
36:33 Ça vigole.
36:34 Avec "con".
36:35 Allez, le dernier des cinq matchs qui ont le plus marqué ta vie, Brahim.
36:39 On est le 21 mai 2010, si tu vas jouer.
36:42 Le dernier match de ta carrière pro à l'âge de 36 ans et demi.
36:46 Reims, à domicile, donc dans ce stade Auguste Delonne contre Hyères.
36:52 Pour boucler le boucle.
36:54 On était déjà remonté en Ligue 2 avec Reims.
36:57 C'était ce pour quoi j'étais resté un petit peu en accord avec le président Jean-Pierre Caillaux.
37:02 Une saison où j'étais parti pour jouer.
37:04 Je joue moins parce que je tombe sur un entraîneur qui fait un peu de zèle.
37:08 Mais comme je maintiens la parole que j'ai donnée au président d'être un soldat pour mener sa mission à bien.
37:16 Que je joue ou pas, je reste le même et j'aide le club à travers cette mission-là.
37:23 On arrive à monter peut-être une journée avant, quelque chose comme ça.
37:27 Et donc ces derniers matchs-là, ces derniers matchs pour vous dire, au lieu de ma titulaire, j'étais déjà remplaçant.
37:32 Donc heureusement qu'il m'a fait rentrer parce que là, je peux vous dire que j'aurais fait le dernier tackle de ma vie par contre.
37:38 Ça c'est sûr.
37:40 Et dernier match, on s'était peint le crâne en rouge et bleu.
37:45 Dernier match d'une vie, donc on ne s'en rend pas compte sur le coup parce qu'on est dans...
37:49 Oui, je me demandais dans quel état d'esprit, émotionnellement, tu es avant ce match-là.
37:53 Tu sais que c'est fini.
37:55 Oui, je sais que c'est le dernier match.
37:56 Je sais que c'est le dernier match et que j'y pense pas, je crois.
38:02 J'y pense pas.
38:04 Quelque part, je me dis, je sais qu'il faut arrêter.
38:08 Donc ça me rassure.
38:10 En même temps, dans l'instant, je n'ai pas le recul nécessaire pour analyser que c'est le dernier match.
38:17 J'ai aussi dans ma tête, et c'est quelque chose qui m'a suivi, me dire, j'ai fait tout ce que je devais faire à ce moment-là.
38:26 C'est-à-dire que je n'ai pas de regrets.
38:27 Quand j'arrête le foot, je n'ai pas de regrets, je n'ai pas de frustration.
38:31 Je ne regarde pas les matchs sur les DVD, je n'ai pas de maillot chez moi.
38:34 Je suis content de ce qui m'est arrivé.
38:36 Et je veux capitaliser sur la suite, donc je ne suis pas non plus détruit moralement.
38:41 Donc je fais ce dernier match, je suis remplaçant, je rentre un quart d'heure, je rentre avançant.
38:45 D'ailleurs, je dis, je ne vais pas rentrer derrière ce dernier match.
38:48 Si je peux marquer un but pour finir, ça serait dommage.
38:51 Exactement. Donc dernier match où je rentre et je me rappelle de ce match-là.
38:59 J'ai mes deux meilleurs amis qui sont comme des frères.
39:01 Jean-Marc Morales et Patrice Morales, qui sont mes amis de 35 ans, qui sont entrepreneurs,
39:06 qui ne me disent rien et qui finalement prennent un TGV en courant à la gare de Montpellier
39:10 pour assister au match.
39:11 Donc ils partent de Montpellier pour être à 20h à Reims.
39:15 Ils ont pris le TGV sans payer d'ailleurs, il paraît.
39:17 Donc ils ont pris tous les risques pour assister à mon dernier match.
39:19 Eux qui m'ont toujours suivi, c'est eux qui ont tous mes maillots.
39:22 C'est inexplicable.
39:25 Jusqu'à la photo où je l'ai encore, ma fille qui me fait un petit bisou sur le crâne à la fin du match,
39:29 qui me dit "papa, t'es le meilleur".
39:31 Voilà, donc tous ces moments-là, c'est des beaux moments.
39:34 C'est magique.
39:35 Et tu savais ce que tu allais faire par la suite ou tu savais juste que c'était la fin ?
39:39 Non, je savais puisque moi je viens dans ce club-là le 31 janvier 2009,
39:48 puisque je pense qu'aux alentours du 15 janvier, 17 janvier,
39:52 je suis installé tranquillement dans mon jardin en fumant une petite cigarette
39:56 et je vois mon téléphone qui sonne et je décroche et j'entends "eh Reims, viens là, je suis à Reims, t'attends".
40:04 Je dis "mais qui c'est ça ?"
40:06 Je dis "c'est qui ?"
40:06 "Ah c'est Louis !"
40:07 "Oh non, pas lui."
40:09 Louis venait d'être nommé entraîneur de Reims.
40:11 Louis Fernandez.
40:12 Exactement, donc il prend une équipe qui était en bas de tableau
40:15 et il a besoin de soldats pour mener sa mission à bien et le premier joueur qu'il appelle c'est moi.
40:19 Et je dis "non, Louis, dans cinq mois..."
40:22 J'avais prévu de terminer ma carrière en 2009 à Caen,
40:25 de rester au club, d'entamer mes diplômes d'entraîneur
40:28 et lui, il m'a tout chamboulé.
40:30 Il m'a saoulé, il m'a appelé, il vient, il vient, il vient.
40:33 Et du coup, me voilà parti à Reims en 2009.
40:36 Donc je m'arrange avec Caen, je vais là-bas, je pars pour six mois normalement.
40:41 Et puis je fais six mois, on arrive presque à avoir ce maintien, il nous manque quelques points.
40:45 J'ai un bon feeling avec le président Caillaux, humainement,
40:47 qui me découvre et qui, à la fin de saison, me dit "écoute,
40:50 tu corresponds à ce qu'on véhicule dans ce club-là,
40:54 on a envie de faire des choses par la suite, on a envie de remonter,
40:56 on peut penser à ton après-carrière".
40:58 Et du coup, il me propose de rester un an pour aider le club à remonter.
41:02 Et il me propose un CDI dans le recrutement.
41:06 Voilà, donc en fait, j'étais parti pour faire ça.
41:09 Donc, je finis mon année, sauf que bon, fin de ma carrière,
41:14 je me sépare de mon ex-femme.
41:17 Donc ça fait beaucoup de complexité dans la vie de tous les jours.
41:20 Et comme j'aime bien faire les choses à 100% et ne pas faire semblant de bien les faire,
41:24 j'explique que malgré le beau projet qu'on m'a proposé,
41:28 c'est une mission que je ne vais pas pouvoir amener à bien.
41:29 Donc on trouve un arrangement financier.
41:31 Et pendant un an, deux ans, j'essaie de régler tout ça
41:34 avant ce fameux mois d'août de 2012,
41:38 où je vais commencer mon premier match lors d'une réunion
41:41 avec Xavier Demergue et Florent Martin pour Beansport.
41:44 Formidable, formidable.
41:45 Quand tu penses que tout à l'heure, tu nous racontais à 14 ans,
41:49 regarder le match de l'équipe de France contre le Brésil,
41:52 avec Luis Fernandez qui marque la pénalty de la victoire de la qualification,
41:55 en tout cas, et tu termines avec Luis Fernandez qui t'appelle
41:59 pour finir le jeu à Rennes, c'est quand même un peu magique.
42:03 On l'aurait écrit ou supposé, c'était impossible à réaliser,
42:06 et pourtant, ça s'est passé.
42:08 Des super souvenirs et de beaux matchs dans toutes ces histoires.
42:12 Merci beaucoup, Brahim.
42:13 Avec grand plaisir.
42:14 D'avoir partagé ces moments avec nous,
42:17 ces souvenirs, ces moments de vie.
42:18 Et on te souhaite plein d'autres matchs mémorables à venir.
42:21 Merci.
42:22 Que ce soit avec Beansport ou ailleurs,
42:24 parce que tu joues encore un petit peu au ballon de temps en temps.
42:28 Le petit ballon d'eau au café en Corse.
42:30 [Rires]
42:32 La vie tranquille.
42:33 Exactement.
42:34 Tu as bien raison.
42:35 Merci beaucoup, en tout cas, d'avoir partagé tout ça avec nous.
42:38 Merci à vous de nous avoir écoutés.
42:40 Si notre podcast vous plaît,
42:42 n'hésitez pas à partager avec vos amis et en parler sur vos réseaux sociaux.
42:45 Spread the word, comme on dit en anglais, prêchez la bonne parole.
42:49 Par contre, si vous n'avez pas aimé,
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42:53 Nous lisons vos commentaires qui sont les bienvenus sur la plateforme où vous nous écoutez.
42:57 N'hésitez pas à nous donner cinq étoiles pendant que vous y êtes.
43:00 Allez, à très vite pour un nouvel épisode de Les Matchs de ma vie.
43:04 Bye bye.
43:05 [Musique]