"Une convergence des colères": l'interview de Fabien Roussel en intégralité sur la mobilisation des agriculteurs

  • il y a 9 mois
Fabien Roussel, secrétaire national du Parti Communiste Français, était l’invité de “Julie jusqu’à minuit” pour évoquer la mobilisation des agriculteurs qui se poursuit pour réclamer des mesures concrètes au gouvernement, notamment sur la question des taxes et de l'accumulation des normes

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Transcription
00:00 Fabien Roussel, merci d'avoir accepté notre invitation. Secrétaire national du Parti Communiste, merci d'être là ce soir.
00:06 Et Guillaume Fard, consultant police-justice BFMTV, je voulais qu'on fasse un point quand même sur cet accident tragique qui a eu lieu ce matin du côté d'Ariège.
00:16 Deux victimes donc, deux personnes décédées ce soir.
00:18 Oui, effectivement, deux personnes décédées, vous le disiez Julie, la mère de famille qui était âgée d'une trentaine d'années.
00:24 Et ce soir, on a appris que sa fille de 12 ans était également décédée.
00:28 Quant au père qui se trouvait lui aussi sur les lieux, il a été très grièvement blessé.
00:34 Donc c'est une tragédie familiale.
00:37 Une enquête qui est en cours, qui a été ouverte du chef de domicile d'un volontaire aggravé, blessure involontaire aggravée, pour déterminer les causes de cet accident.
00:46 La piste accidentelle, non intentionnelle, comme on pourrait dire, est privilégiée à ce stade.
00:53 Mais reste à comprendre pourquoi ce véhicule a emprunté une route nationale qui ne devait pas être empruntée,
00:59 en raison précisément de la présence des agriculteurs qui campaient là.
01:03 Et deuxièmement, pourquoi est-ce qu'il a quitté sa trajectoire,
01:06 percuté ce mur de balleaux de paille avec une bâche pour terminer sa course dans un tracteur après avoir fauché trois personnes, dont deux mortellement.
01:15 Et l'enquête va devoir le déterminer.
01:17 Que sait-on des occupants de la voiture ?
01:19 On sait qu'ils sont au nombre de trois, le conducteur, deux passagers, qu'ils sont tous les trois étrangers arméniens,
01:27 en situation irrégulière sur notre territoire national, déboutés du droit d'asile en 2022,
01:33 et qu'ils étaient visés par des occultèves, dont des obligations de quitter le territoire français, qui leur avaient été notifiés,
01:39 et qu'ils étaient en provenance de Toulouse, ils se rendaient en Andorre, ils n'ont pas d'antécédent judiciaire connu.
01:44 Et ce que l'on sait également, nous dit le parquet de foie, c'est que le conducteur n'était pas positif, ni à l'alcool, ni au cannabis.
01:53 On avait tout à l'heure Jérôme Bale, qui est devenu l'une des figures du mouvement, il est éleveur de bovins.
02:03 C'était un proche, il connaissait, c'était un ami en tout cas, de cette agricultrice, il connaissait la famille, il a témoigné sur notre antenne tout à l'heure.
02:12 Malheureusement, le combat est continu, je l'ai dit, j'ai été me recueillir avec les agriculteurs arriégeois,
02:20 parce que déjà, j'avais prévu de leur rendre visite, mais pas une visite comme ça, j'avais prévu de rendre visite sur leur barrage,
02:27 parce qu'on communique beaucoup, ils sont venus chez nous, je vais chez eux, et là, j'ai été pour un moment de recueillement très triste.
02:36 Beaucoup de gens sont venus me voir, parce qu'ils m'ont entendu ce matin sur votre antenne, et dire que je ne suis pas habilisé beaucoup.
02:44 Ils m'ont dit "c'est pas de ta faute, mais par contre, continue à te battre pour nous, pour elle, pour la famille,
02:51 et maintenant, on va continuer à se battre pour sa petite fille, qui a 12 ans, pour aimer avoir un avenir dans l'agriculture."
02:59 On va continuer à se battre pour elle. Fabien Roussel, une réaction peut-être après l'annonce de ce bilan qui s'est donc alourdi ce soir ?
03:09 D'abord, avoir une pensée pour la famille, pour toute la profession, parce que c'est toute une profession qui est en deuil,
03:17 mais c'est tout notre pays qui doit aujourd'hui pleurer la disparition de cette agricultrice, de sa fille,
03:26 parce que mourir dans ces circonstances, sur un barrage, en manifestant pour défendre son métier, sa passion, avec sa fille,
03:36 c'est insupportable, c'est un drame insupportable.
03:40 Donc, je pense qu'on doit exprimer toute notre solidarité et tout notre soutien à l'ensemble de la profession.
03:48 Vous avez tweeté, après le décès de l'agricultrice ce matin,
03:53 "J'invite les Français à signifier leur soutien et leur aide aux paysans, que la nation soit à leur côté."
03:58 Ça veut dire quoi, concrètement ?
03:59 Ça veut dire qu'aujourd'hui, il y a toute une profession qui se bat, tout simplement, pour pouvoir vivre de leur travail.
04:07 Ils nous nourrissent et ils veulent pouvoir vivre de ça.
04:13 C'est quand même la moindre des choses. Ils sont indispensables pour que l'on puisse manger correctement, manger sainement.
04:22 Or, ils souffrent depuis des années et des années. Ils le disent, ils tirent la sonnette d'alarme.
04:27 Et année après année, les problèmes ne sont pas réglés, les traités de libre-échange sont signés, les importations se développent,
04:36 et il y a de moins en moins d'agriculteurs dans notre pays.
04:39 Beaucoup, 46%, je crois, dans les prochaines années vont partir en retraite, donc il y a la question de la succession.
04:45 Mais il y a surtout la question...
04:46 Ils sont 400 000 dans le pays, à l'heure qu'il est, effectivement, ça...
04:48 Nous avons besoin de 500 000 agriculteurs pour retrouver notre souveraineté alimentaire.
04:52 Ce qui veut dire enrayer le déclin, arrêter de perdre des exploitations, mais en plus, en reconquérir.
05:01 Ça veut dire donner envie à des jeunes de s'installer, de se dire "super, ça va être passionnant, je vais être accompagné".
05:07 C'est pas gagné, là. Là, c'est vraiment pas gagné.
05:10 Oui, mais c'est justement le défi qu'on a.
05:11 Mais au lieu de poser cet objectif-là, aujourd'hui, j'ai l'impression qu'on fait tout pour les entamer.
05:18 Mais ça range qui, justement, ces traités de libre-échange qui font que ces gens sont en train de mourir, actuellement ?
05:22 C'est ça que je voudrais savoir.
05:23 D'abord, en agriculture, comme dans l'économie, il y a des gros et il y a des petits.
05:29 Les gros, sans sort, bénéficient d'ailleurs beaucoup des aides de la PAC.
05:33 Comme dans beaucoup de secteurs économiques, d'ailleurs.
05:36 Les grands céréaliers.
05:37 Parce que...
05:38 Ils sont payés à la surface.
05:41 Ils sont payés à la surface pour les céréaliers, à la tête de bétail pour les éleveurs.
05:46 Donc, grosses exploitations, grosses surfaces, grosses subventions.
05:49 Par contre, l'exploitation familiale, avec peu de tête, avec peu de surface,
05:55 mais avec toujours autant de bras et d'hommes et de femmes du matin jusqu'au soir et 7 jours sur 7.
06:01 Et de la qualité.
06:02 Et de la qualité ne sont pas forcément rémunérés.
06:05 C'est la raison.
06:05 Par exemple, je vous le dis, nous proposons avec André Chassaigne,
06:09 qui est un député du Puy-de-Dôme, connu, historique,
06:13 et qui se bat sur cette question-là à l'Assemblée nationale.
06:16 Nous demandons une réforme de la PAC pour qu'elle puisse être attribuée à la main d'œuvre,
06:19 au nombre de salariés dans les exploitations, ce qui serait plus juste.
06:22 C'est une des revendications qu'ils font, d'ailleurs.
06:24 - Qui paraît cohérente.
06:26 - Nous ne nous opposons pas à la PAC, comme Bardella.
06:30 Nous demandons sa réforme pour qu'elle soit juste
06:33 et qu'elle nous permette de faire cette transition,
06:36 cette révolution écologique que tout le monde doit faire, y compris la profession.
06:41 Et je dis tout de suite que les professeurs, les agriculteurs,
06:46 ne disent pas non à cette révolution, à cette transformation.
06:51 Ils le font, ils se sont déjà transformés, souvent, plein de fois,
06:55 mais ils ont besoin d'être accompagnés, ils ont besoin de temps, ils ont besoin...
06:59 - Et qui va décider donc ça, ce que vous prônez ? Qui ?
07:02 C'est le Parlement européen ? C'est les différents présidents qui vont se réunir ?
07:06 - D'abord, le Parlement européen, il est déterminant pour déterminer les politiques de la PAC
07:10 par des sessions de 4-5 ans, et donc il y a des politiques définies.
07:14 - La dernière PAC a été votée il y a peu de temps.
07:16 - La dernière PAC a été votée il y a peu de temps, il y avait un risque qu'elle soit diminuée,
07:20 on aurait souhaité qu'elle soit légèrement augmentée, avec des normes...
07:26 - La PAC, c'est 9 milliards d'euros par an pour la France, on le rappelle.
07:30 - C'est la première politique européenne.
07:32 - C'est le premier budget de l'Europe.
07:34 C'est le premier budget de l'Europe, donc c'est déterminant.
07:36 Et on ne peut pas dire "on n'a plus besoin de la PAC, on va la renationaliser, on va décider nous-mêmes".
07:42 Ça, c'est bidon de dire ça.
07:43 - Oui, mais c'est pour payer du manque à gagner, c'est ça que c'est pas valorisant.
07:46 - Donc on a besoin, moi qui combat les traités européens,
07:50 je dis qu'on a besoin d'une politique commune en la matière, pour faire cette révolution ensemble.
07:55 - Une demande.
07:57 - Mais la PAC doit être réformée pour mieux rémunérer l'huile de coude, les hommes et les femmes.
08:03 - Le travail.
08:04 - La PAC pour les paysans et pas pour les industriels de l'agriculture.
08:08 - Je veux même pas les opposer, mais je dis qu'elle soit plus juste.
08:11 Plus juste pour mieux rémunérer les unités de main d'oeuvre, comme elle s'appelle, dans le milieu.
08:17 Plus juste pour les rémunérer de cette manière-là.
08:19 - Alors justement, Fabien Roussel...
08:20 - Ceux qui accompagnent la transition écologique, les plus méritants, les plus courageux.
08:23 - Fabien Roussel, vous avez eu des mots forts aujourd'hui.
08:26 Vous appelez le gouvernement à rendre l'argent aux paysans.
08:29 - Oui, parce qu'on a un gouvernement incroyable.
08:33 Et je suis à l'Assemblée, je les entends tous les jours.
08:36 C'est des sacrés menteurs.
08:39 Ils disent "on baisse les impôts des Français, on baisse les impôts des Français".
08:43 Mais qu'est-ce qu'ils font, là ?
08:44 Ils augmentent le gazole non routier, ils augmentent le prix de l'essence.
08:48 - Moins que l'Allemagne.
08:49 - Mais je m'en fous de l'Allemagne, je suis un Français, moi.
08:52 Mais non, mais arrêtez avec ça.
08:54 On dirait M. Macron.
08:56 Je m'en fous.
08:57 - Mais non, non, c'est aussi...
08:58 Non, mais c'est important de montrer que la France, justement,
09:01 - Elisabeth Borne a tenté, justement...
09:03 - Ils ont leur politique, ils ont leur choix, ils ont une politique,
09:06 ils ont une balance commerciale extérieure excédentaire.
09:10 Ils ont sauvé leur industrie, ils nous ont fait payer la sortie du nucléaire.
09:15 Bref, ils nous mettent à l'amende, les Allemands.
09:18 Donc moi, je voudrais défendre la France.
09:20 Et je suis un député français.
09:22 Et je dis que ce gouvernement augmente les impôts, les taxes des Français.
09:27 Ils augmentent la taxe sur l'essence.
09:29 Ils augmentent les franchises médicales.
09:31 Ils augmentent le gazole non routier.
09:32 Ils nous font les poches.
09:34 Rendez-nous notre pognon.
09:35 Et nous demandons, nous, je demande moi,
09:38 à ce que le Premier ministre s'engage sur ces points très précis,
09:42 que revendiquent aussi les agriculteurs.
09:44 - Et donc c'est quoi votre solution ?
09:45 - Ils parlent pas que du gazole non routier.
09:46 Ils parlent aussi de l'électricité.
09:48 Ils sont impactés par ça.
09:50 Et donc, au moins, ne leur alourdissons pas la charge.
09:54 - Et donc on abandonne toutes ces taxes.
09:55 - Et donc, on ne les augmente pas.
09:58 On ne les augmente pas.
09:59 Aujourd'hui, le gouvernement Attal,
10:02 il vient d'arriver avec son nez qui goûte,
10:04 comme on dit, comme dit l'autre.
10:06 Il vient d'arriver.
10:06 Il n'a même pas fait son discours de politique générale.
10:09 Et il nous annonce déjà,
10:11 on va augmenter les taxes sur les Français.
10:14 Mais c'est honteux.
10:15 C'est honteux.
10:16 Donc, où il fait, il soumet au vote son discours de politique générale,
10:20 s'il a le courage.
10:22 - Ce qu'il ne compte pas faire, a priori.
10:23 - S'il ne le fait pas, il y aura une motion de censure.
10:25 Chaque député sera face à ses responsabilités.
10:28 Parce que ne pas voter la motion de censure,
10:31 ne pas censurer un gouvernement qui inflige ça aux Français,
10:34 ça veut dire soutenir les hausses d'électricité.
10:38 - Si vous faites tomber le gouvernement par une motion de censure
10:41 et qu'il licencie une dissolution,
10:42 il y aura 40 jours de campagne législative.
10:44 Bon courage pour les agriculteurs.
10:45 Ça ne va pas les aider.
10:46 - Non, non, monsieur Barbier.
10:48 - Autant vous pouvez exiger qu'il y ait des mesures rapides,
10:50 concrètes et vous avez raison, notamment sur les points que vous avez soulevés.
10:53 Autant provoquer une crise politique,
10:55 en plus de la crise sociale et économique.
10:56 Je ne suis pas sûr que ça aurait servi son pays.
10:57 - Je ne suis pas pour ajouter de la crise à la crise.
10:59 - Je vous propose quelque chose, Christian Converse qui vous a proposé.
11:01 - Non, mais par contre, je vous le dis, je ne suis pas, je ne suis pas.
11:03 Il y a plus simple que ça.
11:05 C'est le président de la République qui dicte la politique aujourd'hui.
11:07 C'est lui qui a dit qu'on pouvait faire tout ça.
11:09 - On est quoi, une émission ?
11:10 - Je demande, non, que le président de la République redise à son ministre,
11:14 c'est bon, on recule, on n'augmente pas les taxes.
11:17 Et monsieur Attal, il peut venir discuter avec le Parlement.
11:20 Mais qu'il recule sur ses propositions.
11:22 S'il ne recule pas, on le sanctionne.
11:24 - Il peut faire ce qu'il a fait sur les Gilets jaunes,
11:26 le moment où il a dit "Ok, on recule et 17 milliards".
11:29 C'est ça.
11:29 Et comment on paye ça ?
11:31 - Oui, je...
11:32 - Oui, mais après, si maintenant, si le débat,
11:34 si on va trouver l'argent, on va aller trouver l'argent.
11:36 - Oui, c'est une vraie question.
11:37 - Mais bien sûr.
11:39 Mais enfin, ça fait depuis 2017 que monsieur Macron est à l'Élysée.
11:45 Il y a eu une politique de baisse des impôts sur la fiscalité du capital.
11:50 J'emploie mot pour mot, c'est ce qu'explique monsieur Bruno Le Maire.
11:52 - Et l'emploi s'en est porté très bien.
11:54 - Pas, pas, pas.
11:54 - Et l'emploi s'en est porté très bien.
11:55 - La précarité s'en trouve très bien.
11:59 Les travailleurs pauvres s'en trouvent très bien
12:01 parce qu'il n'y en a jamais eu autant.
12:02 Et des smicards, il n'y en a jamais eu autant.
12:04 - Il y a moins de chômeurs.
12:06 - Il y a peut-être...
12:06 Ah ben, il y a moins de chômeurs, mais les travailleurs sont pauvres.
12:09 Donc, je vis dans un pays de travailleurs pauvres.
12:11 Je suis heureux.
12:11 Les agriculteurs sont en grève.
12:13 Les aides-soignants démissionnent.
12:14 Et les professeurs se demandent comment ils vont finir leur fin de mois.
12:17 Si c'est ça la République française, riche et grande puissance,
12:22 je regrette, mais c'est un échec.
12:24 Le bilan, il est là.
12:26 Moi, j'ai plus d'ambition pour mon pays que ça.
12:28 J'ai l'ambition que l'on puisse donner à nos agriculteurs de vivre de leur travail.
12:33 Donc, on n'augmente pas leur essence.
12:34 On n'augmente pas leur électricité, comme à tous les Français.
12:37 Et on fait en sorte qu'ils aient des prix rémunérateurs sur ce qu'ils produisent.
12:42 C'est-à-dire que ceux qu'ils produisent, ils puissent le vendre
12:44 et que ça les rémunère de leur travail.
12:46 - Egalim, c'était bien, mais il faut faire plus.
12:48 - Egalim, c'est le but.
12:49 - Egalim, la loi pour protéger le revenu, on rappelle.
12:51 - Egalim, c'est le but.
12:52 - J'ai expliqué à mon collègue, il le dit très très bien.
12:54 Il dit, on a vu que les marges étaient mal réparties.
12:58 On a demandé une meilleure répartition, mais demandé sans moyen d'action.
13:02 J'ai vu que vous aviez soulevé comment on fait.
13:03 - Sans contrainte.
13:04 - Sans contrainte, ça ne marche pas.
13:06 C'est Bruno qui demande.
13:07 C'est Bruno Le Maire qui demande, puis il n'obtient rien.
13:09 Nous, nous disons Egalim, on observe, on a vu.
13:14 Et si les professionnels ne se mettent pas d'accord, l'État intervient et il dit,
13:19 eh bien là, la marge qui existe de la fourche à la fourchette,
13:22 on va la répartir de cette manière et l'agriculteur sera rémunéré autant.
13:26 - Si on s'arrête.
13:27 - L'État peut intervenir juste pour faire ça quand on n'arrive pas à trouver une solution.
13:31 - Si on s'arrête.
13:32 - Donc nous, nous demandons à ce que l'État intervienne et régule la répartition des marges.
13:37 - Si on s'arrête déjà sur ce que vous proposez,
13:38 donc du coup plus de contrôle sur la répartition des marges
13:41 et sur la protection des revenus des agriculteurs
13:43 et ne pas augmenter les taxes de l'électricité, du gazole non routier.
13:47 Est-ce que ça, ce sont des mesures, selon vous Christophe, qui êtes bien informés,
13:51 qui pourraient être annoncées dans les prochains jours par le gouvernement ?
13:54 - Plus qu'une partie de ces mesures, au nom de l'urgence,
13:56 pourrait être annoncée ou plutôt reportée, si on donnera du temps, on décalera.
14:00 Je pense notamment au GNR, mais pas tout, parce que le quoi qu'il en coûte, c'est fini.
14:04 Et ça, ce qu'on propose là autour de la table,
14:06 c'est une sorte de quoi qu'il en coûte agricole,
14:08 parce qu'on voit cette situation désespérée.
14:10 Il y a d'autres mesures peut-être moins coûteuses, mais intelligentes.
14:12 Je pense par exemple à ce que demandait Christian Converse
14:15 il y a quelques minutes à 6 à votre place.
14:16 L'Europe dit qu'il faut doubler la surface cultivée en bio.
14:20 Le marché du bio n'arrive déjà pas à trouver de consommateurs parce que c'est cher le bio.
14:23 Il dit, arrêtons ça, ne nous demandons pas de faire deux fois plus de bio.
14:26 Est-ce que vous êtes d'accord avec lui ?
14:27 Ou est-ce qu'au nom de la transition écologique, il ne faut pas lâcher ?
14:30 - Non, il ne faut pas lâcher, mais on peut donner plus de temps.
14:33 Oui, on peut donner plus de temps.
14:35 Et les agriculteurs disent qu'ils sont prêts à modifier leur mode de production,
14:40 qu'ils sont prêts à se remettre en cause.
14:42 Mais donnons-leur le temps et les moyens de le faire.
14:45 - Un peu comme la pétrave, le glyphosate...
14:46 - La France est le pays où l'agriculture a fait le plus d'efforts en Europe sur l'agroécologie.
14:51 C'est exemplaire et ça ne se dit pas.
14:53 - Mais pardon, mais pour le bio, on a quand même aussi planté cette filière.
14:58 Aujourd'hui, c'est la filière qui est la moins aidée.
15:00 Souvenez-vous quand même que c'est ce gouvernement qui a fait sauter les aides au maintien.
15:03 C'est-à-dire que là aussi, il va falloir répartir de manière juste
15:07 entre ce qui existait et ce qui est en train d'arriver sur la terre.
15:10 - C'est la grande manifestation qu'a envahie Paris.
15:12 Les Parisiens disaient "les paysans se révoltent".
15:14 C'était les paysans céréaliers de la FNSEA qui protestaient contre le fait
15:18 que Michel Barnier avait transféré des fonds de la PAC
15:20 pour l'agriculture de montagne et bio.
15:22 Et bien les autres agriculteurs céréaliers...
15:24 - Les milieux payés, ceux qui récupèrent le plus de la PAC.
15:27 - On doit réussir à faire cette révolution, cette transition écologique
15:32 où chacun est gagnant dans l'opération.
15:36 On ne peut pas la faire si on demande aux gens de perdre,
15:38 que ce soit les agriculteurs ou les ménages.
15:40 Vous savez aujourd'hui, on dit aux ménages "rénovez votre maison
15:44 pour consommer moins d'électricité, c'est bien pour le climat,
15:47 c'est bien pour le pouvoir d'achat".
15:48 On le fait.
15:49 Et au final, on le fait quand on a les moyens quand même
15:51 d'y mettre le pognon qu'il faut, même quand il y a les aides.
15:54 Et au final, qu'est-ce qui se passe ?
15:56 On consomme moins d'électricité, on a rempli le cahier des charges,
16:00 mais on paye toujours autant, voire plus,
16:02 parce que l'électricité a augmenté à côté.
16:04 Et donc on se sent...
16:05 - CQFD.
16:05 - J'allais dire un gros mot.
16:07 On se fait avoir.
16:08 Et donc on se dit "mais mince".
16:09 - On voit bien le gros mot là, on le voit.
16:10 - Mais non, mais...
16:11 - Non, on le sent.
16:12 On va dire "niquez" quoi même.
16:13 - Mais c'est pas...
16:14 Et c'est ça qui n'est pas juste.
16:16 Moi je dis que si on fait la rénovation de sa maison
16:19 et qu'on dépense moins d'électricité,
16:21 on doit voir sa facture baisser.
16:23 Si un agriculteur fait les transformations, les efforts qu'il fait,
16:28 il doit vivre au mieux de son travail,
16:29 il doit être mieux accompagné,
16:31 sinon on ne va jamais les inciter à le faire.
16:33 - Fabien Roussel, vous dites "s'il n'y a pas ce genre de décision concrète
16:36 qui sont prises dans les prochains jours,
16:37 vous voulez faire tomber le gouvernement".
16:39 - Mais parce que...
16:39 - Comment on s'y prend pour ça ?
16:41 C'est quoi, ça sera une jacquerie géante ?
16:42 - Moi je ne suis pas...
16:43 Non, non, je ne suis pas pour ça.
16:45 Si M. Attal n'est pas capable de le faire,
16:48 et s'il maintient ses décisions et qu'il s'arc-boute là-dessus,
16:52 eh bien nous avons le pouvoir, nous parlementaires,
16:55 de ne pas voter la confiance, de voter une motion de censure,
16:58 et il doit démissionner.
17:00 Ça ne veut pas dire, derrière, législative.
17:02 Le président de la République se dira
17:04 "bon, on est peut-être allé trop loin,
17:05 on va renommer un gouvernement, on va redonner..."
17:07 - Voilà.
17:08 - Vous êtes un peu optimiste, visiblement, Fabien Roussel.
17:11 - Vous pouvez même citer une motion de censure
17:13 en laissant le gouvernement qui n'a pas été subi d'une dissolution.
17:15 - C'est bien pour ça que j'appelle aujourd'hui,
17:17 j'appelle aujourd'hui les Français à interpeller leurs députés.
17:21 Qu'est-ce que vous allez voter s'il y a une motion de censure ?
17:23 Vous allez voter la hausse des taxes sur l'électricité ?
17:27 Vous allez voter ça ?
17:29 Mais vous vous souvenez de la pression qu'il y a eu sur les députés
17:31 au moment de la motion de censure sur les retraites ?
17:34 D'accord ?
17:35 Eh bien on en est...
17:36 D'ailleurs, ils ont tellement eu peur qu'ils ont mis un 49.
17:39 - Mais justement, c'est ça que vous appelez de vos voeux, en fait.
17:41 C'est une forme de convergence des luttes
17:42 entre ceux qui étaient dehors pour les retraites,
17:44 les gilets jaunes dont on sait que les colères sont aujourd'hui encore sourdes
17:47 et pas véritablement calmées, loin de là.
17:50 - Maintenant les bonnets jaunes.
17:51 - Et on a les bonnets jaunes,
17:53 on avait les bonnets rouges il y a une dizaine d'années.
17:56 C'est ça, c'est ce réveil-là que vous appelez ?
17:58 C'est ça, se faire tomber le gouvernement ?
17:59 - Comment on se fait entendre dans ce pays ?
18:02 - Les manifestations, ça marche pas.
18:03 - Bah, j'espère que là ça va marcher.
18:06 Comment on se fait entendre ?
18:07 - Les retraites, ça n'a pas fonctionné.
18:08 - Moi, écoutez, on m'a privé 23 fois les gilets jaunes.
18:10 - Les gilets jaunes, ça avait marché quand même.
18:11 - Bah oui.
18:11 - 17 milliards sur la table.
18:12 - On a fait reculer, on a fait retirer la taxe carbone.
18:16 Moi, je veux qu'on fasse retirer la taxe, la détaxe sur le GNR,
18:20 qui bénéficie du détaxe...
18:21 - Le gazole non routier.
18:22 - Le gazole non routier,
18:23 et qu'on fasse reculer le gouvernement
18:25 sur la hausse de la facture d'électricité.
18:28 Moi, je demande qu'elle baisse la facture,
18:30 mais au moins, je demande à Gabriel Attal,
18:32 je dis, je gèle des factures,
18:34 l'augmentez pas, laissez-nous respirer,
18:36 ne nous prenez pas plus d'argent.
18:38 - Et vous ne pensez pas que cette colère-là,
18:40 notamment agricole,
18:41 elle va vers le Rassemblement national, maintenant ?
18:43 - Mais il n'y a pas que le Rassemblement national,
18:45 aujourd'hui, qui est aux côtés des agriculteurs,
18:47 et qui demande, aujourd'hui,
18:49 à ne pas augmenter le gazole non routier,
18:51 et à ne pas augmenter la facture d'électricité.
18:53 - Le premier qu'on a vu sur place, Fabien Roussel,
18:55 c'est Jordan Bardet.
18:57 - Vous savez, moi, je ne fais pas de récupération politique,
19:00 et je vais sur un barrage, demain matin,
19:02 parce que j'y suis invité.
19:04 Je m'incruste.
19:04 - Vous allez où ? À Beauvais, c'est ça ?
19:06 - Je m'en vais à Beauvais, demain,
19:08 et entre nous, soit dit, sur l'agriculture,
19:11 défendre le beefsteak, dans les deux sens du terme,
19:13 des agriculteurs, le bien vivre, le bien manger,
19:17 pendant la campagne présidentielle, je l'ai fait,
19:19 et j'étais assez critiqué et bloqué.
19:21 - La viande et le fromage, et vous avez été insulté.
19:24 - J'étais celui qui, pendant la campagne,
19:27 a défendu notre agriculture, nos agriculteurs,
19:30 parce que je les connais bien, ils sont chez moi.
19:31 J'irai aussi voir ceux du Nord, qui vont aussi se mettre en branche.
19:34 C'est pour ça que je vous dis que ça va continuer à bouger.
19:36 Et effectivement, si le gouvernement ne bouge pas,
19:41 j'appelle à une convergence des colères,
19:44 pour que ce gouvernement entende que la situation
19:46 n'est plus tenable pour nous.
19:48 - Ce qui est juste.
19:48 - On travaille tous.
19:50 Quand je fais les cérémonies de vœux, en ce moment,
19:52 dans les villages de ma circonscription,
19:54 je parle comme ça aux gens.
19:55 Et quand je dis que je vais rencontrer Gabriel Attal jeudi,
19:59 après-demain, et que la première chose que je vais lui demander,
20:01 c'est ça, gel des factures d'électricité,
20:04 c'est pas jusqueboutiste, les gens applaudissent.
20:06 Ils demandent ça, dans la diversité de leur opinion.
20:09 Et d'ailleurs, je le dis, M. Attal,
20:11 si vous ne voulez pas faire de vote de confiance,
20:13 et si vous voulez avoir une majorité, engagez-vous là-dessus.
20:16 Il y a une majorité de députés qui veulent un gel des factures.
20:19 Je dis qu'aujourd'hui, en France, il y a une majorité de députés
20:23 qui sont contre la hausse des factures et qui sont pour le gel.
20:25 Donc, respectez la démocratie, respectez le Parlement,
20:30 respectez les Français.
20:31 - Vous allez faire quoi, Fabien Roussel, à Beauvais demain ?
20:36 - Je vais écouter, écouter, discuter,
20:40 répondre à leurs interrogations, à leurs questions, s'ils en ont.
20:43 Et on se connaît, je fais tous les salons de l'agriculture,
20:47 le sommet de l'élevage à Clermont-Ferrand,
20:49 mais il y a toujours des choses à apprendre,
20:51 il y a toujours des choses à dire, et je serai à leur côté.
20:54 J'étais d'ailleurs un des premiers, dès le mois de novembre,
20:56 à dénoncer la hausse du GNR, du gazole non routier, je l'avais vu,
21:00 c'était inscrit, on n'a pas pu en débattre parce qu'on a eu le 49-3.
21:03 Je l'ai dit dans mes discours que j'ai prononcés à cette époque-là,
21:07 c'était inaudible dans le concert, mais on a alerté là-dessus.
21:12 Après, c'est parce qu'il y a eu des dirigeants syndicaux
21:13 pour négocier avec le gouvernement.
21:15 - Je me permets juste de vous dire,
21:17 moi je suis d'accord avec tout ce que vous dites là.
21:19 La seule chose, c'est qu'on se rend bien compte que le GNR uniquement,
21:22 par exemple, s'il recule sur deux, trois choses, ça ne suffit pas.
21:25 Il crevait déjà bien avant.
21:27 Ce dont vous parlez, la précarité énergétique,
21:29 on est plein à la connaître.
21:30 Ça fait bien longtemps qu'il ne fait pas 19 dans un paquet de logements.
21:33 Ce que je veux dire, c'est une refonte globale à un moment.
21:36 Ce n'est pas des rustines sur un canot qui a déjà plus de rustines que de toile.
21:40 On est d'accord ?
21:41 - C'est bien pour ça que parfois, il m'arrive de parler de révolution globale.
21:45 - Voilà, mais sans parler forcément d'aller chercher des gens.
21:49 - Il y a besoin de rejoindre, de font en comble.
21:50 Nous sommes face à des défis immenses.
21:52 - Parce que je me permets juste, on a l'impression qu'à Bercy ou ailleurs,
21:55 ils ont des tableurs Excel.
21:56 Effectivement, ils regardent pour ne pas avoir une dégradation de la note française
22:00 avec les 3000 milliards.
22:01 Mais ce n'est pas comme ça qu'on a une vision pour un pays.
22:03 Et ça, ce n'est pas nouveau.
22:04 Ce que je veux dire, ça date de Gabriel Attal.
22:06 - Pour un GNR, c'est une très belle vision.
22:08 - Il ne faut pas dire n'importe quoi non plus.
22:10 Si on n'arrive plus à emprunter sur les marchés,
22:11 on ne paiera plus les fonctionnaires, on ne paiera plus les retraites.
22:13 - Il faut faire attention.
22:14 - Il faut faire attention.
22:15 - D'abord, je ne sais pas où va mon pays.
22:18 Je ne sais pas quelle est la trajectoire de la fin.
22:21 Je souhaite, moi, qu'on porte une ambition collective pour notre pays,
22:25 que l'on sache où on va, avec qui on va,
22:27 et quels sont les efforts que l'on va demander à chacun.
22:30 Aujourd'hui, non seulement je ne sais pas où va mon pays,
22:32 mais je sais qu'on demande beaucoup d'efforts au même,
22:35 qu'ils soient retraités, salariés, smicas,
22:38 c'est toujours les mêmes qui trinquent
22:39 et à qui on a demandé de travailler deux ans de plus,
22:41 d'accepter des hausses de factures, sans augmentation de salaire.
22:44 Les efforts, aujourd'hui, ne sont portés que par les mêmes.
22:46 Mais on ne sait pas pour autant où on va.
22:48 Moi, je veux, moi je sais, j'ai un cap pour la France,
22:52 pour relever le défi climatique,
22:53 pour tenir compte du vieillissement de la population,
22:56 pour s'attaquer à des phénomènes nouveaux
22:59 que sont l'intelligence artificielle,
23:01 le terrorisme islamiste qu'on ne connaissait pas
23:04 il y a une vingtaine, trentaine d'années.
23:06 On a des sujets majeurs comme ça, on doit les prendre.
23:08 On doit les prendre ensemble,
23:09 on doit dire on va aller de là à là ensemble
23:12 et chacun va faire des efforts.
23:13 Ça, c'est avoir une ambition collective pour son pays.
23:15 Ça n'existe pas en France.
23:17 On bricole.
23:18 Aujourd'hui, on bricole avec des gouvernements de court terme
23:21 et une valse ministérielle avec des ministres qui se succèdent.
23:24 - Oui, permanent.
23:25 - C'est insupportable.
23:27 Même les entreprises ont besoin de lisibilité.
23:29 Même les entreprises ont besoin de savoir
23:31 combien elles vont payer de factures d'électricité
23:34 dans les cinq ans qui viennent.
23:35 Il n'y a aucune planification sur des sujets qui sont majeurs
23:38 alors que pourtant, nous pouvons sur l'énergie,
23:42 notamment moi j'en fais un discours fort,
23:44 sur l'énergie nous avons un atout maître
23:47 avec nos barrages hydrauliques, avec nos centrales nucléaires.
23:50 - Pardon, il n'y a plus d'eau parce qu'il y a des sécheresses
23:53 et par exemple l'EPR de Finclay Point qui a été fourni par EDF,
23:56 on vient encore d'apprendre qu'il serait retardé de deux ans
23:59 voire de quatre ans.
24:01 Les centrales nucléaires que tout le monde appelle de ses voeux,
24:03 elles ne sont pas pour demain.
24:05 À un moment l'énergie elle coûte plus cher.
24:08 Vous l'avez bien vu avec la crise en Ukraine.
24:10 - Celles qui existent aujourd'hui sont en capacité
24:13 de produire encore dix ans et elles sont en capacité...
24:16 - Elles étaient toutes en arrêt l'année dernière, 34 hectares.
24:18 - Mais elles sont réparées.
24:20 - On est pas dans un parc abîmé.
24:22 - Non, regardez les chiffres de RTE sur la production,
24:25 sur l'état de...
24:27 Aujourd'hui, nous produisons suffisamment d'électricité
24:30 dans notre pays quand on additionne tous les systèmes,
24:33 l'électricité, l'éolien, l'hydraulique,
24:36 on produit suffisamment d'électricité même en cas de pic.
24:39 - Parfois on exporte.
24:41 - Et on exporte.
24:43 - Alors là dernièrement on importe.
24:45 - On importe parfois parce qu'on a des interconnexions.
24:48 - Donc pour vous on a les moyens de baisser la facture.
24:51 - Non seulement nous avons les moyens,
24:53 mais nous avons les moyens de retrouver notre souveraineté,
24:55 de dire c'est un atout,
24:57 on va donner à nos entreprises une électricité moins chère
24:59 et dans tant d'années ils vont pouvoir relocaliser,
25:01 augmenter les salaires.
25:02 On va pouvoir baisser les factures des français,
25:04 tant mieux pour eux, et des communes aussi.
25:06 Et tout ça, tout ça, c'est largement finançable.
25:09 Vous savez que l'État a gagné beaucoup d'argent sur l'électricité,
25:12 parce que la TVA sur une facture d'électricité,
25:16 c'est 20%.
25:18 Quand il y a deux ans on payait 100€,
25:20 on donnait 20€ à l'État,
25:22 mais avec la hausse des cours,
25:24 quand on a payé 300€,
25:26 on en a donné 60 à l'État.
25:28 - C'est revenu par le bouclier.
25:30 - Jusqu'à 1000€ le kWh.
25:32 - Quand on dit que le bouclier a coûté une blinde,
25:35 moi je veux savoir combien l'État a gagné.
25:37 Combien l'État a gagné de TVA,
25:39 avec ces hausses de factures d'électricité ?
25:41 Ils se sont fait un commun de dingue.
25:43 Alors il faut arrêter de passer les français pour des vaches à l'aise.
25:47 - On a quand même 3000 milliards de dettes.
25:49 - Mais enfin...
25:51 - Et c'est pas anodin non plus.
25:53 - Et c'est le quoi qu'il en coûte,
25:55 c'est parce qu'on a sauvé toutes ces entreprises et ces ménages
25:57 - Moi je vais vous dire,
25:59 le jour où la France va faire 10 millions d'excédents,
26:03 dans son budget,
26:05 qu'on va réussir à dégager 10 milliards...
26:07 - C'est plus arrivé depuis 1974.
26:09 - Je serai très heureux, je m'en féliciterai,
26:11 c'est un objectif qu'on doit atteindre.
26:13 Mais ça veut dire qu'à partir de ce jour-là,
26:15 il nous faudra 300 ans pour rembourser la dette.
26:17 - Il ne s'agit pas de la rembourser,
26:19 il ne s'agit pas de la rembourser,
26:21 il s'agit d'avoir une dette supportable
26:23 pour qu'on continue à nous prêter ce dont on a besoin chaque mois.
26:25 - Donc ça veut dire qu'on doit avoir une gestion
26:28 beaucoup plus rigoureuse des données publiques.
26:30 - Oui, tout à fait.
26:32 - Donc on va arrêter de distribuer 160 milliards d'euros d'aides publiques...
26:37 - Non, parce que c'est bon pour l'emploi.
26:39 On va peut-être regarder dans les services publics
26:41 s'il n'y a pas des choses qui pourraient être mieux organisées.
26:43 On va regarder dans les allocations s'il n'y a pas un plus bien spillage.
26:45 - Non, non, non, je parle des entreprises du CAC 40
26:50 qui bénéficient d'aides publiques
26:52 alors qu'elles distribuent des dividendes à leurs actionnaires.
26:54 C'est comme si on faisait un chèque directement à ces actionnaires
26:56 avec l'argent public, l'argent des impôts.
26:58 Non, quand une entreprise distribue des dividendes
27:00 et qu'elle gagne suffisamment d'argent pour le faire,
27:02 elle n'a pas besoin de percevoir des dividendes, des subventions
27:05 et aide de toutes sortes de l'État.
27:07 Je suis désolé, c'est mes impôts.
27:08 Moi, je n'ai pas d'argent à donner à des LVMH, à des BNP,
27:11 à des sociétés générales, etc.
27:13 - Mais ces actionnaires, c'est ce qui permet l'investissement.
27:16 Ils risquent leur capital pour qu'ils s'investissent.
27:18 - Vous êtes d'accord là-dessus au moins ?
27:20 Vous savez que moi qui étais à la commission des finances,
27:22 je me dis que les aides publiques versées aux entreprises,
27:24 sur 10 milliards qu'on donne aux entreprises,
27:28 il y en a 6 qui sont versées aux très grosses, aux GE,
27:32 aux grandes entreprises, et il y en a 4 qui sont versées
27:34 aux TPE et aux ETI, aux entreprises de taille intermédiaire.
27:37 - Exactement ce qu'on entendait pour la PAC tout à l'heure.
27:39 - Exactement.
27:40 Les gros touchent gros, les petits touchent petits.
27:43 Eh bien moi, je veux l'inverse.
27:45 Je veux que les gros touchent petits et que les petits touchent gros.
27:48 - Est-ce que Fabien Roussel...
27:49 - On a contemplé les petits et moins les gros.
27:51 - Ils achètent des entreprises à l'étranger,
27:53 ils conquièrent des parts de marché, ils ne sont pas inutiles.
27:55 - Mais ils conquièrent des parts de marché à l'étranger.
27:58 Je m'en fous, je défends la France.
28:00 - Mais ça les empêche.
28:01 - La France se défend aussi en achetant des parts de marché.
28:03 - Mais Christophe, ça ne les empêchera pas forcément
28:05 de faire certaines acquisitions quand même.
28:06 - Tout peut se discuter, mais est-ce que...
28:08 - Elles ne sont pas malheureuses.
28:09 - Le gros méchant, c'est aussi la locomotive de la France.
28:12 - Comment ça se fait que les entreprises du CAC 40,
28:15 en 2017, elles distribuent 47 milliards d'euros de dividendes
28:19 et en 2022, 97 milliards d'euros de dividendes.
28:22 Les dividendes versés aux entreprises du CAC 40
28:25 ont doublé pendant les 7 ans de Macron.
28:28 Moi, mon salaire n'a pas doublé, celui des agriculteurs n'a pas doublé.
28:31 Donc la richesse que l'on produit,
28:33 elle est bien captée entre les mains de ces grands gros,
28:35 et pas chez nous.
28:36 Et pourtant, ces dividendes, ils viennent d'où ?
28:38 C'est quand même les ouvriers qui les produisent.
28:40 - Mais la question c'est, quand font-ils ?
28:42 - Mais...
28:43 - S'ils réinvestissent dans de l'emploi, c'est bon.
28:44 - Mais enfin, Bernard Arnault a 200 milliards d'euros de patrimoine.
28:47 - Et bien, il crée des magasins, il crée des magazines.
28:49 - Madame Bettencourt, elle a 100 milliards d'euros de patrimoine.
28:51 D'ailleurs, entre les riches, même entre eux,
28:53 il y a de l'idégalité de patrimoine, femme-homme.
28:55 - Est-ce que, Fabien Roussel, vous appelez ce soir aussi
28:57 les Français à la responsabilité ?
28:59 Est-ce que vous leur lancez aussi un message ?
29:01 Eux qui, dans les supermarchés, vont plutôt,
29:03 dans un contexte d'inflation, vers les produits importés, moins chers.
29:06 - Mais, au fond, on le fait tous, tous, plus,
29:08 enfin, de plus en plus, et on le fait naturellement.
29:11 Parce qu'on est soucieux de défendre notre économie.
29:13 On cherche les tickets pour acheter français,
29:15 pour acheter local, pour acheter circours.
29:17 - Vous êtes sûr que les gens ne regardent pas d'un seul prix ?
29:19 - On regarde le prix.
29:21 - Ceux qui peuvent le faire, le font.
29:23 - On le fait de plus en plus.
29:25 - Même dans ce contexte-là d'inflation ?
29:27 - Aujourd'hui, moi, j'ai lancé cet appel
29:30 aux fédérations syndicales agricoles.
29:32 C'est que, dans ce mouvement qui est dur,
29:34 contre le gouvernement, soyons solidaires.
29:37 Et s'ils lancent un appel à l'unité, à la solidarité,
29:41 nous devons répondre présent.
29:43 Et oui, j'appellerai, moi aussi, les français à être solidaires
29:47 et à ce que l'on soit nombreux sur ces barrages,
29:49 sur ces points de rassemblement.
29:51 Ils allumeront le barbecue, ils amèneront la viande,
29:54 on apportera le vin et le bière.
29:57 - La pape à Sandrine Rousseau, ça.
29:58 - Avec modération.
29:59 - Et effectivement, comme je l'entends,
30:01 on va retrouver des espaces...
30:03 - Des champignons pour les vegans, s'ils veulent.
30:05 - Exactement. Il y a même des merguez vegans
30:07 que j'ai goûtées à la fête de l'Huma.
30:09 Et on va faire encore une fois renaître
30:12 des espaces de solidarité, de fraternité,
30:15 de chaleur humaine...
30:16 - Et de convivialité.
30:17 - ... qu'on a besoin, parce qu'on se sent chacun isolé
30:19 face à nos difficultés, face à nos factures.
30:22 Et c'est ça aussi que je retrouve,
30:24 comme je l'avais vécu sur les ronds-points des Gilets jaunes.
30:27 C'est incroyable que notre peuple,
30:30 il a autant besoin de fraternité et de solidarité,
30:33 tellement en gros, il en manque,
30:35 parce qu'on se sent chacun chez soi, face à ses problèmes.
30:39 Et cet entre-soi, il nous fait du mal.
30:41 Eh bien là, on a l'occasion de se retrouver ensemble.
30:43 - Certains disent, et on les a entendus ce soir,
30:45 si on n'obtient pas ce qu'on veut,
30:47 on ira jusqu'à Paris, et le mouvement
30:49 va vraiment prendre de l'ampleur.
30:51 Est-ce que vous appelez vous qui...
30:53 Je le rappelle, vous dites "demain, je vais à Beauvais"
30:55 pour soutenir les manifestants.
30:57 Vous appelez vous aussi à monter sur Paris,
30:59 si vous n'obtenez pas ce que vous voulez ?
31:01 - Moi, j'ai toujours été très respectueux
31:03 des mouvements syndicaux, quels qu'ils soient.
31:06 S'ils nous demandent, et s'ils font appel aux Français
31:10 de les accompagner, j'y répondrai de la même manière.
31:14 Je ne vais pas prendre les devants, je ne vais pas faire à leur place.
31:16 S'ils veulent rester entre agriculteurs,
31:20 je respecterai aussi.
31:22 Donc, je serai à l'écoute, c'est aussi la raison
31:24 pour laquelle j'y vais demain, respectueux de leur choix,
31:27 et on avancera.
31:29 La première chose à faire, c'est que Gabriel Attal
31:32 entende et l'émotion après le décès de sa maman et de sa fille,
31:37 et la colère qu'il recule sur ces projets
31:41 de hausse de taxes, et qu'on se remette sur la table
31:45 pour discuter du reste, et des mesures à prendre
31:48 sur moyen et long terme.
31:49 - Mais justement, dans ces mesures à prendre
31:51 sur moyen et long terme, Fabien Roussel,
31:53 tout ceci nous parle de la PAC, de la politique agricole commune,
31:56 on est en train de rentrer tranquillement
31:58 dans une course aux européennes,
32:00 une course sur laquelle vous avez justement
32:02 aligné votre propre lusse. - Avec Léon Defontaine, oui.
32:04 - Exactement. Qu'est-ce que ça veut dire
32:06 pour cette Europe où on annonce que, typiquement,
32:11 dans beaucoup de pays européens, l'extrême droite
32:13 va être très puissante, potentiellement,
32:15 dans le prochain Parlement, potentiellement,
32:17 va détricoter tous ses acquis.
32:19 Vous, vous vous situez où là-dedans ?
32:21 Vous dites "moi je suis là pour protéger la France".
32:23 Quel européen vous êtes là-dedans ?
32:24 Comment vous allez vous positionner ?
32:26 Est-ce qu'il en faut plus ou est-ce qu'il en faut moins ?
32:27 - D'abord, au risque de vous heurter, je vais vous dire,
32:29 mon problème, ce n'est pas le Rassemblement National.
32:31 Mon problème, c'est la pauvreté,
32:33 c'est le travail qui ne paye pas,
32:35 c'est la précarité, c'est les factures qui augmentent.
32:37 Donc moi, je ne pense qu'à ça.
32:40 Donc je ne regarde pas Jordan Bardella,
32:42 je regarde ce que les Français,
32:44 je regarde leurs fiches de paye, leurs factures, etc.
32:46 - Le problème, c'est que justement, leur voix porte plus que la vôtre.
32:49 - Pour ce que je suis là, j'espère qu'elle va porter.
32:52 - Je me bats, je me bats.
32:54 - Pour offrir une alternative, autre que le Rassemblement National,
32:57 je souhaite offrir une autre alternative,
33:00 et donc de progrès, de justice sociale et de justice fiscale.
33:03 Par exemple, nous proposons, nous, une réforme de la PAC,
33:06 plus juste et qui tienne compte de la main-d'œuvre
33:09 dans les exploitations, plutôt que la surface.
33:13 Donc nous ne demandons pas, contrairement au RN,
33:17 une renationalisation de la PAC,
33:21 et donc une sortie de la PAC.
33:23 Ce serait mortifère pour notre agriculture.
33:25 Nous demandons une deuxième chose.
33:27 Nous demandons que la Banque Centrale Européenne, la BCE,
33:29 nous puissions reprendre la main dessus, l'ensemble des États,
33:32 et que la BCE, elle, prête directement aux États,
33:36 à des taux zéros voire négatifs,
33:38 pour faire la transition écologique.
33:40 - L'Allemagne ne veut pas.
33:41 - Mais oui, c'est un combat qu'on mène avec l'Allemagne.
33:44 Et peut-être qu'on ne sera pas seul.
33:46 - Non, non, il y a un débat en Allemagne.
33:48 La Cour constitutionnelle de Karlsruhe a dit attention.
33:50 - Peut-être qu'on ne sera pas seul.
33:52 Moi, j'irai voir les Espagnols, j'irai voir les Portugais,
33:54 j'irai voir d'autres pays en disant,
33:56 vous ne pensez pas qu'ensemble, on pourrait faire un front
33:58 pour reprendre la main sur la BCE
34:00 et que la BCE finance notre transition écologique,
34:03 finance notre agriculture, beaucoup plus.
34:06 - Comme la Banque de France avant 1973.
34:08 - Exactement. Les taux d'intérêt étranglent les agriculteurs,
34:11 comme les entreprises, mais comme la France.
34:13 La France, elle paye 50 milliards d'euros par an
34:16 de taux d'intérêt, M. Barbier.
34:18 Ça ne vous écorche pas, ça ?
34:20 - Pas du tout, on a emprunté cet argent.
34:22 - Mais si on avait mieux survélu la dépense,
34:24 si on avait moins gaspillé, on aurait moins passé.
34:26 - Si je crée l'Union européenne,
34:28 je crée une Union européenne avec une Banque centrale
34:31 qui prête à taux zéro pour répondre aux besoins des pays.
34:35 Pas pour prêter à des taux usuriers.
34:38 - Christophe, on emprunte aux banques privées.
34:40 - Et qui nous détranglent.
34:42 - Aux banques privées sous intérêt.
34:44 Autrefois, on emprunte à la Banque de France.
34:46 - Et on emprunte aux Français.
34:48 C'est les Français qui prêtaient à la France.
34:50 - Et si je voulais être très sévère,
34:52 ça a commencé ce dérapage avec la gauche en 1981.
34:55 - Mais les Italiens, par exemple,
34:57 continuent à prêter à leur pays.
34:59 - Ils ne prêtent pas tous en même temps.
35:01 - Une vraie Banque centrale,
35:03 qui est une stratégie politique,
35:05 non pas seulement de surveillance de l'inflation,
35:07 mais qui soit un levier politique.
35:09 Là, je suis tout à fait d'accord.
35:11 Et le prêt à taux zéro pour les secteurs qui en ont besoin,
35:13 c'est un vrai outil politique.
35:15 Et la redéfinition politique de la mission
35:17 de la Banque centrale, elle doit être au cœur
35:19 de nos prochains mandats parlementaires.
35:21 - On a été capables de lever collectivement
35:23 des prêts pour financer la dette Covid.
35:25 - Exactement.
35:27 - Donc là-dessus, on a eu un moment
35:29 où on a pu le faire.
35:31 - Je suis pour la liberté.
35:33 Libérons l'économie européenne
35:35 et les économies nationales de ces taux d'intérêt
35:37 que la Banque centrale européenne prête aux États
35:39 sur des critères écologiques et sociaux
35:41 pour financer nos services publics
35:43 et la transition écologique.
35:45 Y compris à des taux zéro, voire négatif.
35:47 Voire négatif en se passant
35:49 des banques et des marchés financiers
35:51 directement aux États.
35:53 Et si pas, on dit même, nous, communistes,
35:55 qu'il est possible de créer un fonds européen
35:57 dédié au financement
35:59 de ces opérations par État.
36:01 La BCE prête à ce fonds et le fonds prête aux États.
36:03 - La Grèce, c'est ce que c'est que de se faire confiance à la BCE.
36:05 - C'est tout à fait possible.
36:07 - La Grèce a été sauvée par l'Europe.
36:09 - Elle serait sortie de l'Europe,
36:11 ça serait un pays du tiers monde aujourd'hui.
36:13 - On leur a menti.
36:15 - L'Europe a sauvé la Grèce,
36:17 qui n'aurait jamais dû rentrer dans l'Europe.
36:19 Elle a triché sur les statistiques.
36:21 - Même le FMI a fini par dire
36:23 qu'on est en train de tuer la Grèce.
36:25 - La potion a été amère,
36:27 mais aujourd'hui l'économie grecque a été sauvée par l'Europe.
36:29 - J'aimerais qu'on aille retrouver nos équipes
36:31 qui sont avec les manifestants ce soir.
36:33 Laura Baquet, vous êtes du côté de la Haute-Garonne
36:35 sur la 64,
36:37 où les manifestations se poursuivent.
36:39 Les blocages sont toujours en cours
36:41 et on a des problèmes
36:43 avec les manifestants.
36:45 Les agriculteurs que vous rencontrez
36:47 sont très touchés d'apprendre ce soir
36:49 ce bilan qui s'est alourdi
36:51 après l'accident du côté de Dariège.
36:53 La fille de l'agricultrice a également perdu la vie.
36:55 Elle avait 12 ans.
36:57 - C'est cela,
36:59 toujours beaucoup d'émotion.
37:01 Il y avait un discours
37:03 pour rendre hommage
37:05 à l'agricultrice de 35 ans
37:07 décédée ce matin.
37:09 Un discours qui a été très bien récité.
37:11 Elle n'est pas morte pour rien,
37:13 me disait un agriculteur.
37:15 Derrière cette détermination,
37:17 il y a beaucoup d'émotion
37:19 suite à ce second décès.
37:21 Je suis avec Clémentine,
37:23 qui est là en soutien aux agriculteurs.
37:25 Clémentine,
37:27 vous êtes fille d'agricultrice,
37:29 compagne d'agriculteur
37:31 et maman de la famille.
37:33 Comment vous vous sentez ?
37:35 - Je me sens bien.
37:37 Je me sens bien.
37:39 - Vous êtes maman d'un agriculteur.
37:41 C'est une nouvelle
37:43 qui vous affecte particulièrement ?
37:45 - Effectivement.
37:47 Ce soir, c'est une action
37:49 qu'on mène avec le coeur.
37:51 Ce matin, on a commencé la journée
37:53 avec le coeur meurtri.
37:55 Ce soir, on a fini
37:57 avec le coeur en miettes.
37:59 Camille aussi,
38:01 on vient d'apprendre la nouvelle.
38:03 On mène une cause légitime.
38:05 On soutient nos agriculteurs
38:07 pour qu'ils puissent
38:09 continuer ou arriver.
38:11 Ce soir, c'est le coeur en miettes.
38:13 Tout le milieu agricole
38:15 pense à cette famille
38:17 et à ces personnes disparues.
38:19 On ne lâchera rien.
38:21 Je pense qu'elles ont donné
38:23 encore plus de force et de signification
38:25 à ce mouvement.
38:27 - Merci beaucoup pour ce témoignage.
38:29 Malgré la tristesse
38:31 de la détermination sans faille
38:33 pour continuer le mouvement,
38:35 l'action en ligne devrait voir le jour
38:37 dès demain pour venir en aide
38:39 au mari d'Alexandra.
38:41 - Merci beaucoup
38:43 Laura Baquet.
38:45 Cette fille de 12 ans
38:47 qui est décédée, sa mère également
38:49 et le papa qui se trouve
38:51 actuellement dans un état
38:53 grave.
38:55 On parlait du positionnement
38:57 du Rassemblement National
38:59 qui essaye de capitaliser sur cette colère
39:01 des agriculteurs.
39:03 Jordan Bardella est un peu partout.
39:05 On l'a vu ce week-end en Gironde.
39:07 On l'a revu aujourd'hui.
39:09 Il était à Lorient pour échanger avec des pêcheurs.
39:11 On écoute le patron du RN.
39:13 - Les gens qui nous dirigent aujourd'hui
39:15 ont abandonné l'agriculture et la pêche.
39:17 Sous la folie normative
39:19 de Bruxelles et de l'écologie
39:21 punitive à outrance, on est en train
39:23 de menacer la souveraineté alimentaire
39:25 de la France avec derrière des vies
39:27 et des gens qui ne veulent plus vivre d'aides permanentes
39:29 mais qui veulent pouvoir vivre de leur travail.
39:31 On aimerait que la voix de cette France du travail
39:33 soit un peu plus entendue
39:35 par les gens qui nous dirigent.
39:37 Je refuse que la France devienne
39:39 une sous-traitante de la mondialisation.
39:41 Je pense qu'on est une grande puissance agricole.
39:43 Notre modèle de pêche familiale, artisanal,
39:45 local a toujours été valorisé,
39:47 défendu, reconnu
39:49 dans le monde entier.
39:51 Je n'entends pas le laisser mourir.
39:53 C'est aussi pour ça qu'on mène un combat
39:55 au Parlement européen contre les accords de libre-échange,
39:57 pour le patriotisme économique,
39:59 pour la prolifération des normes.
40:01 Jusque-là, les agriculteurs ne votaient pas tellement
40:03 pour le Rassemblement national,
40:05 mais les choses seraient en train de changer.
40:07 C'est Robert Ménard qui le disait hier
40:09 qu'ils sont en train de grignoter
40:11 aussi sur cet électorat.
40:13 Qu'est-ce qui explique, selon vous,
40:15 qu'ils y arrivent et vous moins ?
40:17 Mais quand j'écoute le discours de M. Bardella,
40:23 d'ailleurs c'est des discours
40:27 qui surfent sur la colère légitime des agriculteurs.
40:31 Mais c'est un discours.
40:33 Quelles sont les propositions qu'il porte
40:35 concrètement pour l'agriculture
40:37 ou pour réindustrialiser la France ?
40:39 Qu'est-ce qu'il met sur la table ?
40:41 Et quand j'en discute avec les agriculteurs...
40:43 Il veut une exception agriculturelle, par exemple.
40:45 Oui, mais c'est quoi ça ?
40:47 Sortir des traités.
40:49 C'est mettre fin à la PAC.
40:51 Des accords de libre-échange.
40:53 Il ne veut plus de la PAC.
40:55 Et donc il appelle à renationaliser
40:57 la politique agricole française.
40:59 Ça veut dire on se débrouille tout seul.
41:01 Et son projet, à lui, c'est
41:03 il n'y a plus de PAC européenne
41:05 et chaque pays se débrouille
41:07 avec son propre budget
41:09 pour défendre son agriculture.
41:11 Ça, ça veut dire
41:13 que ça va être la guerre entre les pays européens.
41:15 Chacun va se faire en concurrence
41:17 entre nous,
41:19 sans politique commune.
41:21 Mais c'est mortifère.
41:23 Ils ne suivront pas cela.
41:25 Et quand j'étais l'année dernière au salon de l'agriculteur,
41:27 quand j'ai fait le sommet de l'élevage aussi,
41:29 j'en discutais avec eux.
41:31 Ils ne veulent pas de ça, les agriculteurs.
41:33 Ils ne disent pas qu'ils ne veulent plus de PAC.
41:35 D'ailleurs, ils en veulent
41:37 plus et mieux.
41:39 Je rappelle à nouveau ce chiffre.
41:41 C'est 9 milliards d'euros pour les agriculteurs français chaque année.
41:43 Le discours,
41:45 il sonne peut-être bien aux oreilles,
41:47 mais en fond,
41:49 sur le fond, dans les idées,
41:51 c'est mortifère
41:53 pour nos agriculteurs.
41:55 C'est comme un bonbon qui est très sucré, mais à l'intérieur, c'est très agréable.
41:57 Et pourtant, eux, ça a l'air de leur parler.
41:59 Oui, mais il ne faut pas prendre les agriculteurs
42:01 pour des bébêtes, encore une fois.
42:03 Ils savent très bien gérer leurs exploitations.
42:05 Ils savent très bien
42:07 ce que la PAC apporte.
42:09 Ils savent très bien ce qui les pénalise aussi.
42:11 Et
42:13 je ne suis pas certain qu'ils vont
42:15 se laisser leurrer par le discours
42:17 de Jordan Bardella.
42:19 Il y a une crise chez eux,
42:21 identitaire, chez les agriculteurs.
42:23 On leur dit "vous ne pourrez plus chasser",
42:25 on leur dit "le loup est plus important que vos moutons",
42:27 on leur dit "vous empoisonnez les gens avec les produits phytosanitaires,
42:29 vous êtes responsable de tout".
42:31 C'est aussi ça qui peut les pousser à un vote d'extrême droite.
42:33 Parce qu'il y a aussi eu,
42:35 il y a aussi encore maintenant, un discours
42:37 anti-agriculture,
42:39 notamment sous prétexte de
42:41 réformes écologiques,
42:43 où, moi j'ai entendu,
42:45 quand moi j'ai défendu la viande,
42:47 les élevages, et l'élevage bovin en particulier,
42:49 ou l'élevage au vin,
42:51 je me suis fait critiquer par des écolos
42:53 qui disent "c'est fini, il ne faut plus d'éleveurs,
42:55 pour sauver la planète, il ne faut plus manger de viande".
42:57 Je leur ai dit "vous êtes taré".
42:59 - On va dire des véganes, parce qu'il y a des écolos.
43:01 - Si vous défendez la corrida et le foie gras des haussines,
43:03 ce sera pire. - Mais je défends l'art de vivre
43:05 à la française, ce qui est notre patrimoine
43:07 culturel, je respecte
43:09 ces histoires-là, ça fait partie de notre
43:11 patrimoine culturel. - La patrimoine paysan, c'est la patrimoine agricole.
43:13 - Avant même entendre, on ne peut pas
43:15 continuer à manger autant de viande, et surtout
43:17 de la viande importée, de
43:19 Nouvelle-Zélande, du Canada,
43:21 du Brésil peut-être, s'il y a un acteur aléatoire.
43:23 - Mais on est bien d'accord. - Je suis mille fois
43:25 d'accord là-dessus, les français sont
43:27 très majoritairement d'accord là-dessus, ils préfèrent,
43:29 tout le monde le dit, on mange
43:31 moins de viande, mais on mange de la française.
43:33 Or aujourd'hui, 26% du
43:35 bœuf est importé, 50% du poulet,
43:37 tout le monde les chiffre. - Plus que ça.
43:39 - Alors, produisons en France
43:41 ce que nous mangeons, et nous
43:43 verrons bien que, eh bien,
43:45 on va bientôt plus avoir assez de bœuf
43:47 en France pour nourrir les français. - Plus d'éleveurs.
43:49 - Donc il ne faut pas réduire l'élevage bovin,
43:51 il faut au moins le maintenir à ce
43:53 qu'il est aujourd'hui. - La révolution.
43:55 - Et éviter de perdre des exploitations, c'est ça
43:57 qu'il faut faire. Et donc on peut faire cette
43:59 transition écologique, respecter
44:01 le monde agricole, défendre notre souveraineté alimentaire,
44:03 sans pénaliser qui que ce soit.
44:05 - La révolution. - Moi-même j'essaie de manger moins de viande.
44:07 - La révolution, la révolution
44:09 c'est les traditions, c'est un peu votre "et" en même temps,
44:11 finalement. - Oui, bien sûr, c'est respecter
44:13 ce qu'est la France, son identité
44:15 culturelle, son patrimoine, son histoire.
44:17 - Tout en changeant les règles économiques,
44:19 sociales. - Et en même temps, on est face à des
44:21 défis nouveaux, et tout le monde va devoir
44:23 des efforts. Mais on arrivera à faire ces efforts
44:25 si on n'a pas le sentiment de perdre
44:27 et d'y perdre à chaque fois.
44:29 Et donc c'est pour ça qu'on doit être bien

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