• il y a 11 mois
La mobilisation des agriculteurs s'est amplifiée ce mercredi et s'est étendue à d'autres régions, dans le but d'obtenir des réponses du gouvernement sur la question de leur rémunération, l'accumulation de normes ou encore sur la taxation du gazole non routier

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Transcription
00:00 On a vu lors de manifestations un drapeau européen qui a été brûlé ce matin.
00:05 L'Europe qui est pointée du doigt par de nombreux agriculteurs qui dénoncent un empilement de normes.
00:11 Est-ce que vous comprenez leur exaspération ?
00:13 C'est une colère qui est légitime vis-à-vis d'une Union européenne
00:19 qui, je crois, n'a pas compris la réalité du monde paysan à deux égards.
00:23 D'abord parce que l'Union européenne, à travers son exercice actuel de politique agricole commune,
00:30 a refusé d'insérer une juste rémunération des agriculteurs, et notamment ce qu'on appelle un prix plancher.
00:37 D'ailleurs, l'extrême droite y compris l'a refusé et a soutenu cette politique agricole commune
00:42 dont on voit qu'elle ne répond pas aux attentes, aux besoins des agriculteurs dans sa forme actuelle.
00:48 Et puis le deuxième enjeu, c'est évidemment celle d'une concurrence déloyale.
00:52 Et pardon, mais aujourd'hui même, le Parlement européen vient d'adopter en commission deux nouveaux accords de libre-échange
00:59 avec le Chili et avec le Kenya, qui fait suite à l'accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande.
01:04 Donc on importe des produits du monde entier.
01:06 La Nouvelle-Zélande, par exemple, c'est le premier exportateur de lait au monde.
01:10 Mais quel sens il y a à faire venir du lait de 20 000 km d'ici,
01:15 qui sont produits avec des normes sociales et environnementales complètement différentes des nôtres,
01:19 et soumettent nos agriculteurs à une concurrence déloyale ?
01:21 Donc oui, l'Union européenne n'a pas pris la mesure de la crise agricole sur l'ensemble de notre continent.
01:27 L'Union européenne qui est aussi accusée d'être complètement déconnectée de la réalité sur plusieurs normes,
01:32 notamment des normes environnementales, encore une fois,
01:34 que ce soit la rotation des cultures, les questions de jachères, sur les pesticides aussi, un empilement de normes.
01:38 Est-ce que l'Union européenne va devoir simplifier les choses et changer profondément ?
01:43 Parce que c'est toute l'Europe qui manifeste.
01:47 La question qui est posée aujourd'hui, c'est comment on accompagne les agriculteurs.
01:51 On peut les accompagner de deux manières.
01:53 D'abord, on les accompagne financièrement et administrativement, je pense à des marachers que j'ai rencontrés,
01:59 et qui doivent faire un dossier immense pour toucher 200 euros de PAC dans l'année,
02:05 parce qu'ils ont des petites exploitations avec assez peu d'hectares,
02:09 alors que la politique agricole commune favorise des immenses exploitations agro-industrielles,
02:15 qui sont celles d'ailleurs qui s'en mettent plein les poches
02:18 quand l'immense majorité de nos agriculteurs n'arrivent pas à survivre.
02:22 Et puis, il y a un deuxième moyen de les aider, les agriculteurs, pour l'Union européenne,
02:26 c'est de ne pas les soumettre à cette concurrence déloyale que j'évoquais tout à l'heure.
02:31 Et donc, ça veut dire les accompagner financièrement et interdire d'entrer sur le sol européen des produits,
02:39 que ce soit des produits maraîchers, des produits au vin, bovins, etc.,
02:43 qui ne respectent pas les mêmes normes qui existent sur notre continent.
02:47 Ça devrait être une évidence.
02:48 Sinon, comment on va demander à des agriculteurs de respecter des normes,
02:53 alors que dans le même supermarché, il y a des produits qui ne respectent pas les mêmes normes ?
02:57 Et cette concurrence déloyale, on en voit aujourd'hui des effets délétères.
03:01 – Et il y a aussi le pacte vert, ce Green Deal, qui est dans le collimateur des agriculteurs,
03:05 pas seulement français, encore une fois, partout à travers l'Europe, en Allemagne, aux Pays-Bas.
03:10 Est-ce qu'il faut appuyer sur pause par rapport à ce pacte ?
03:15 – Moi, je pense qu'il faut appuyer sur pause sur une chose,
03:19 c'est la rémunération des industries agroalimentaires.
03:24 Parce qu'aujourd'hui, que disent les agriculteurs,
03:26 y compris j'écoutais aussi sur votre antenne juste avant,
03:29 ils disent "mais attendez, vous nous demandez de faire des trucs qui sont hyper compliqués
03:33 et on n'est pas rémunérés en face".
03:35 Et donc, quand on a des prix, quand on fait tous nos courses qui ont augmenté de 20%
03:40 et la rémunération des agriculteurs qui a baissé de 10%, il y a un trou énorme.
03:44 Et ce trou, il fait quoi ? Il remplit les poches des immenses entreprises agro-industrielles.
03:50 Donc, il faut faire une pause sur le gavage des entreprises agro-industrielles
03:57 qui aujourd'hui poussent à l'extérieur, qui chassent les agriculteurs
04:04 et qui les met dans des situations économiques extrêmement compliquées.
04:08 C'est la première pause qu'il faut faire.
04:09 Et la deuxième pause qu'il faut faire, c'est la pause sur les accords de libre-échange
04:13 pour arrêter cette concurrence déloyale.
04:15 Et ensuite, sur l'application des normes, il faudra évidemment accompagner les agriculteurs.
04:20 Les agriculteurs ne peuvent pas être les vaches à lait au sens propre,
04:24 comme figurent des normes européennes en effet.

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