Spéciale agriculteurs sur l'A64 avec un enseignant du lycée agricole d'Auzeville
Olivier Gautié, prof au lycée agricole d'Auzeville et secrétaire général adjoint du SNETAP FSU Syndicat National de l'Enseignement Technique Agricole Publi
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00:00 Il est 8h38, bienvenue sur France 3, bienvenue sur France Bleu Occitanie.
00:03 Et on va continuer de vous accompagner depuis ce premier barrage qui s'est installé jeudi dernier
00:13 dans la colère des agriculteurs avec nos invités.
00:17 Nous serons aussi dans le Cominge dans les prochaines minutes près de Saint-Gaudens,
00:21 à Pointy-Sinard avec la famille Dor qui élève des vaches laitières,
00:25 c'est Robin Dorot et Marie-Lou Robert que nous irons rejoindre dans un instant sur France Bleu Occitanie.
00:31 Et à cette heure-ci, Clémence Avocoté, un professeur d'histoire-géo au lycée agricole d'Ausseville.
00:43 Bonjour Olivier Gauthier, merci d'être avec nous ce matin.
00:45 Vous êtes également secrétaire général adjoint du SNETAP FSU,
00:49 le syndicat national de l'enseignement technique agricole et public.
00:52 Ils sont mobilisés, vos jeunes apprentis agriculteurs dans votre lycée ?
00:56 Alors les élèves sont attentifs à ce qui se passe bien sûr,
01:01 souvent en partie enfants d'agriculteurs eux-mêmes,
01:06 et donc évidemment, il n'y a pas de mobilisation en tant que telle.
01:12 Je vous demande ça parce que dans d'autres lycées agricoles de France,
01:15 ils disent "on va se mobiliser aussi, bloquer ou alors aller sur les barrages, ce n'est pas encore le cas chez nous".
01:20 Oui, en tout cas, ça peut le faire mais ce n'est pas encore.
01:24 Comment est-ce qu'ils vivent ces moments-là ? Qu'est-ce qu'ils vous en disent ?
01:27 Alors, il faut d'abord dire que l'enseignement agricole, c'est à peu près 10% d'enfants d'agriculteurs.
01:33 Donc c'est un enseignement qui est beaucoup plus vaste,
01:36 qui accueille de nombreux non-issus du milieu agricole,
01:40 qui sont intéressés par les questions environnementales, par les questions agricoles aussi,
01:45 et qui donc sont attentifs à tout ce qui se passe.
01:47 C'est aussi ce qu'on appelle la génération climat,
01:50 donc ils sont aussi attentifs aux questions environnementales.
01:53 Toutes ces questions-là, nous, en lycée agricole, public,
01:56 on peut les aborder avec eux et aborder la question de l'eau.
02:00 Donc ils espèrent du gouvernement, qui doit faire des annonces aujourd'hui,
02:04 qu'il y ait des annonces pour les agriculteurs,
02:06 mais compatibles finalement avec la limitation du réchauffement climatique, c'est ça que vous nous dites ?
02:09 C'est ça.
02:10 Il faut signaler que le ministère a réduit drastiquement les moyens de l'enseignement agricole public
02:18 depuis un certain nombre d'années,
02:20 qu'aujourd'hui l'enseignement agricole public est concerné par la loi d'orientation agricole,
02:24 et que dans cette loi d'orientation agricole, il n'y a pas l'ambition que nous attendions.
02:28 La loi d'orientation agricole présentée par le ministre Marc Fesneau,
02:31 en fin d'année dernière, vous dites qu'elle n'est pas à la hauteur.
02:36 Pourtant, il a prévu des mesures, le ministre, pour permettre aux jeunes, par exemple,
02:39 de mieux s'installer, de mieux étudier. Ça ne vous convient pas ?
02:41 Alors de mieux étudier, on n'est pas du tout à la hauteur, puisqu'il avait dit
02:45 qu'il fallait augmenter de 30% le nombre de formés dans l'enseignement agricole,
02:51 et là il nous propose 2000, alors que nous avions estimé à 10000 le nombre de formés en plus qui était nécessaire.
02:58 Donc pour le renouvellement des générations,
03:00 et si en plus on veut rendre les campagnes encore plus vivantes,
03:03 il faudra encore plus former dans l'enseignement agricole.
03:06 Parce que c'est vrai que c'est un vrai problème, énormément d'agriculteurs vont partir à la retraite dans les prochaines années,
03:12 vous n'en formez pas assez aujourd'hui pour les remplacer, notamment de son entourage ?
03:15 La formation c'est à la fois le renouvellement et à la fois aussi la formation à la transition justement.
03:19 Donc tout ça en amont est très important.
03:22 Qu'est-ce qu'il faudrait faire alors, selon vous, Olivier Gauthier ?
03:25 Il faut d'abord mettre des moyens, ça c'est évident,
03:29 depuis de trop nombreuses années l'enseignement agricole a été sacrifié,
03:32 donc des moyens, et puis ensuite aussi renforcer la formation, renforcer le programme, renforcer l'agroécologie.
03:39 Je prends un exemple, nous avons des bacs généraux,
03:41 et bien l'agronomie est devenue une option facultative dans cet enseignement.
03:45 Ça ne l'était pas avant ?
03:46 Non, c'était un enseignement obligatoire.
03:48 Donc voilà, si on veut élever le niveau des formés, si on veut attirer plus, il va falloir mettre des moyens.
03:56 Est-ce qu'on accompagne assez aussi, notamment via le lycée, mais ensuite quand ils en sortent ces jeunes agriculteurs ?
04:02 Ça c'est la question que nous pouvons poser, par exemple avec les centres pour adultes.
04:09 Donc effectivement, nous ce qu'on ressent, c'est qu'après la formation, les jeunes sont un peu livrés à eux-mêmes,
04:16 ces questions de revenus nous reviennent tout le temps,
04:19 et donc il y a aussi une ambition à avoir en termes de formation continue.
04:24 Est-ce que vous sauriez nous dire quand ils sortent du lycée agricole,
04:27 combien ils arrivent à gagner à peu près ces jeunes agriculteurs ?
04:31 Non, parce que ça c'est très divers, comme on le sait, on parle de monde agricole au pluriel,
04:36 mais effectivement on sait que des secteurs sont particulièrement difficiles et puis ça tourne aussi.
04:40 Vous vous enseignez je crois depuis plus de 25 ans,
04:44 est-ce que vous avez la sensation que de moins en moins de jeunes veulent devenir agriculteurs,
04:48 qu'ils sont moins motivés ou pas du tout ?
04:50 Non, on n'a pas du tout ce sentiment-là.
04:52 Les lycées agricoles attirent, ils sont attractifs sur les questions environnementales,
04:56 sur les questions de la nature, etc.
04:58 C'est après à nous de les former, de les amener à ça,
05:01 puisqu'on sait que de toute façon aujourd'hui, il va falloir amener des non-issus du milieu agricole.
05:05 C'est l'enseignement finalement qui ne suit pas leur ambition climatique,
05:08 c'est un peu ce que j'ai l'impression que vous nous dites.
05:10 Leur ambition climatique, agronomique, puisqu'ils sont attirés quand même par les métiers du dehors, du vivant, etc.
05:17 Donc ça c'est quelque chose de très attractif pour eux.
05:19 Merci beaucoup Olivier Gauthier, vous êtes secrétaire général adjoint du SNETAP FSU
05:23 et vous êtes professeur d'histoire-géo au lycée agricole d'Osville.
05:26 Bonne journée.