Des troubles du comportement alimentaire à l'acceptation de soi, grâce à la maternité. Joyce Jonathan, qui ne s'était jusqu'alors jamais exprimé sur l'anorexie et la boulimie dont elle fut victime durant dix ans, nous livre ce précieux témoignage.
L'artiste vient de dévoiler "Si je mange, je vais en enfer", bouleversante chanson qui évoque ses TCA. Elle l'avait écrite l'an passé, à l'occasion du spectacle "Corps à cœurs" de Laurie Darmon, dont la troisième édition a lieu le 29 janvier aux Folies Bergère de Paris, en sa présence et celle de nombreux invités qui raconteront, par leur art, leur rapport à leur corps.
L'artiste vient de dévoiler "Si je mange, je vais en enfer", bouleversante chanson qui évoque ses TCA. Elle l'avait écrite l'an passé, à l'occasion du spectacle "Corps à cœurs" de Laurie Darmon, dont la troisième édition a lieu le 29 janvier aux Folies Bergère de Paris, en sa présence et celle de nombreux invités qui raconteront, par leur art, leur rapport à leur corps.
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00:00 Si je mange, si je mange, je vais en enfer.
00:03 Et c'est vraiment ce que je me disais.
00:05 Je me disais si je mange, je vais en enfer.
00:07 C'était une vraie alternance entre anorexie et boulimie.
00:10 Et j'avais un rapport vraiment très problématique avec le fait de me nourrir.
00:14 Ce qui est terrible avec la nourriture, c'est qu'on en a besoin pour vivre.
00:17 Enfin je veux dire, on ne peut pas,
00:19 soit si on est cosmonaute, on ne mange pas des pilules,
00:21 ou enfin on doit se nourrir.
00:23 Donc on peut facilement déraper dans son addiction à la nourriture
00:29 par le biais de quelque chose qui est normal.
00:30 Ce n'est pas comme quelqu'un qui doit arrêter de boire.
00:32 On peut se dire "j'arrête de boire et je ne touche pas à l'alcool".
00:35 Là on doit toucher à la nourriture.
00:36 Sauf qu'il y a toujours un moment où ça peut déraper.
00:39 Et c'est ce petit seuil qui est très sensible
00:42 et qui est lié à mille choses.
00:44 Et chacun a son histoire et chacun aura ensuite ses propres déclics
00:48 et ses propres clés pour trouver comment s'en sortir.
00:50 Moi le fait d'être maman m'a fait un reset sur mes émotions.
00:53 J'ai retrouvé mes sensations d'avant-maladie.
00:56 Et surtout j'ai accepté de dire que c'était une maladie.
00:58 Ce qui a pu m'aider, c'est déjà de me fixer des challenges personnelles.
01:02 Par exemple, ne plus changer la garniture au restaurant.
01:05 Oser me reservir devant ma mère un plat.
01:08 Oser manger un gâteau devant elle sans me dire "elle va me juger".
01:11 Ou oser commander un dessert au restaurant alors que personne n'en a envie.
01:15 Pour les gens c'était ridicule.
01:16 Quand je racontais ça à quelqu'un de ma famille,
01:19 genre "j'ai pris un dessert, je suis trop contente,
01:21 j'ai juste pris un dessert en fait,
01:23 je suis allée me coucher après normalement".
01:26 Elle me disait "bah ça va, c'est bon, j'ai compris, t'as pris un dessert, cool".
01:30 Je dis "mais tu te rends pas compte, je ne l'ai pas fait depuis trois ans de faire ça".
01:33 Et même si peut-être qu'une semaine après j'allais recraquer
01:37 et manger beaucoup trop,
01:39 c'était quand même des petites victoires
01:42 et des petits challenges que je m'imposais.
01:44 Ou le fait de me dire "j'ai le droit d'avoir chez moi un paquet de gâteaux sans y toucher".
01:48 C'était des défis.
01:49 Ce qui est terrible c'est qu'on est persuadé d'avoir raison.
01:50 Moi pendant dix ans, tout le monde avait tort, j'avais raison.
01:54 Je me disais "mais non, c'est comme ça que je dois faire".
01:57 Je sais très bien comment faire, je sais très bien qu'il ne faut que je ne mange pas là,
02:00 par exemple, parce que j'ai déjà mangé une pépite de chocolat avant-hier.
02:02 La nourriture n'est pas le problème.
02:05 Ce n'est pas du tout ça le problème.
02:06 Le problème c'est souvent une émancipation,
02:09 c'est en effet le fait de rester femme-enfant,
02:12 de rester enfant un peu toute sa vie,
02:14 le fait de ne pas avoir vraiment coupé le cordon,
02:16 le fait de ne pas assumer qui on est.
02:18 Et la nourriture c'est un réconfort, c'est une tétine géante en fait.
02:21 On a l'impression d'être toujours un peu...
02:24 Et puis aussi, c'est un outil.
02:27 C'est un outil qu'on peut utiliser contre soi.
02:29 Et on peut se détruire, on peut s'affaiblir.
02:33 Moi par exemple, je ne me suis jamais droguée,
02:35 j'ai un rythme, je suis hyper saine dans la vie de tous les jours.
02:38 Je ne bois pas beaucoup, très peu, très occasionnellement.
02:40 Je ne me suis jamais droguée, je ne fume pas.
02:43 Et en fait, je me suis dit "mais mon problème,
02:45 la seule arme que j'ai trouvée en tant que personne saine,
02:49 c'est la nourriture".
02:50 C'est comme ça que je me mets dans des étapes impossibles.
02:52 Et je m'en suis voulue énormément.
02:54 C'est une maladie dans laquelle on s'en veut beaucoup.
02:58 J'ai envie de dire aussi aux personnes qui nous regardent
03:02 à travers cette vidéo, qui nous écoutent,
03:04 que ce problème existe, que c'est commun,
03:07 qu'il ne faut pas avoir peur de le dire.
03:09 Donc moi, à travers cette chanson pour le coup,
03:11 je veux vraiment dire qu'il faut en parler.
03:15 Et qu'en parler, c'est déjà guérir d'une certaine façon.
03:19 Si je mange, si je mange, je vais en enfer.
03:23 Est-ce que ça te dérange ?
03:25 Est-ce que ça te dérange ?
03:28 (rires)
03:29 (...)