L’Union Européenne joue-t-elle contre nos agriculteurs ? - L'Heure Libre

  • il y a 7 mois
Avec Marius Boquet, Noémie Halioua, Pierre-Marie Sève , Armand Heitz, Armand Heitz, Céline Imart

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##L_HEURE_LIBRE-2024-01-27##
Transcript
00:00 Sud Radio, l'heure libre, 10h11.
00:05 Bonjour à tous, bienvenue dans l'heure libre, une heure d'analyse, de décryptage de l'actualité
00:10 avec la rédaction de Factuel.Média.
00:13 Une heure pour parler librement également avec nous aujourd'hui Marius Bocquet de Factuel.Média.
00:19 Bonjour Marius.
00:20 Bonjour Stéphane.
00:21 Également avec nous Pierre-Marie Sèvres, directeur de l'Institut pour la Justice.
00:25 Bonjour Stéphane.
00:26 Alors aujourd'hui nous allons parler de la crise agricole que nous connaissons actuellement.
00:30 Nous serons avec plusieurs agriculteurs sur le plateau et en ligne.
00:34 Dans quelques minutes nous parlerons donc de ces raisons de la colère, s'il est encore
00:38 possible de trouver des solutions.
00:40 Nous parlerons du modèle agricole français, est-ce qu'il est encore viable dans un marché
00:43 qui se globalise avec les injonctions d'un côté de l'Union Européenne et de l'OMC,
00:48 de l'autre.
00:49 Nous parlerons plus en détail de l'Union Européenne, est-ce que ce ne serait pas finalement
00:52 le meilleur ennemi ou le faux ami de l'agriculture française.
00:56 Mais tout de suite je voudrais revenir avec vous Marius Bocquet sur l'enquête de la
00:59 semaine dans Factuel.media.
01:01 Loin de s'imaginer la réalité de la vie en détention, le père de la petite Maëlys
01:08 s'est indigné après les révélations faites sur la paternité de Nordal Lelandais en prison.
01:14 Nordal Lelandais, souvenez-vous, condamné en 2022 à la réclusion criminelle à perpétuité
01:19 pour le meurtre de Maëlys, 8 ans, et du caporal Arthur Noyer.
01:24 Eh bien on vient de découvrir qu'il est devenu papa alors qu'il est incarcéré dans la prison
01:29 du Haut-Rhin.
01:30 Alors Marius Bocquet, Factuel.media a enquêté sur les relations sexuelles en prison et la
01:34 vie amoureuse dans les établissements pénibles tancières.
01:37 Et tout d'abord on aimerait savoir ce qui est une nouvelle déroutante pour certains.
01:43 Nordal Lelandais est bien papa depuis deux mois.
01:46 Effectivement c'est une information qu'a révélée le Parisien à la mi-janvier.
01:51 Ça fait deux mois donc que Nordal Lelandais est devenu père en prison.
01:55 On savait qu'il avait déjà eu des relations sexuelles en prison mais on ne savait pas,
02:00 on vient de découvrir donc qu'il est devenu père il y a maintenant un peu plus de deux
02:04 mois.
02:05 Alors le père de la petite Maëlys, Joachim Desaroro, a réagi, je le cite "c'est incroyable
02:10 qu'on laisse une personne après un tel acte commis sur ma fille, incroyable qu'en toute
02:17 impunité ils se permettent de donner naissance à un petit garçon, j'étais loin d'imaginer
02:22 une chambre à coucher à l'intérieur d'une prison comme ça".
02:26 Alors Marius vous avez enquêté, vous nous apprenez que ce n'est pas si exceptionnel
02:30 que ça.
02:31 Ça s'appelle des unités de vie familiale, des UVF et ça permet ni plus ni moins que
02:36 des pauses dans son régime d'incarcération.
02:39 Alors oui c'est un dispositif auquel a eu accès Nordal Lelandais.
02:44 Il avait affirmé avoir eu accès à ce dispositif lors de son procès en 2022.
02:49 En fait c'est une sorte de petit appartement qui fait deux trois pièces avec kitchenette,
02:57 canapé, lit etc. et dans lequel les détenus peuvent recevoir pendant 6 à 72 heures leurs
03:03 proches en toute intimité, c'est-à-dire en dehors de la surveillance de la prison.
03:09 Ce sont des petits appartements qui se situent au sein de la prison mais hors zone de détention.
03:15 Alors ça veut dire que pendant plus de deux jours on peut s'isoler de la prison et vivre
03:20 comme dans un petit appartement, c'est bien ça.
03:23 Alors évidemment, officiellement, seuls les détenus qui ne sont pas réputés dangereux
03:27 peuvent accéder à ces unités.
03:29 Mais vous vous êtes rendu compte Marius que ce n'est pas tout à fait vrai ?
03:33 Disons qu'il y a tout un protocole organisé par la prison pour veiller à ce que le détenu
03:41 ait un bon comportement, donc on prête attention à son attitude, à sa psychologie.
03:45 Mais un surveillant pénitentiaire avec lequel nous avons été en contact nous a affirmé
03:54 qu'en fait en dehors de cette conduite exemplaire qu'il y a à avoir en prison, n'importe
03:59 quel détenu peut y avoir accès, c'est-à-dire n'importe quel condamné, peu importe la
04:04 raison de sa condamnation, il peut bénéficier de ce dispositif.
04:07 Donc quelqu'un comme Nordal-Lelandais qui a été condamné pour meurtre, pour agression
04:11 sexuelle peut bénéficier de ce dispositif et donc rester plusieurs jours.
04:15 Sur une filiète de l'USA je rappelle.
04:17 Alors il se peut que, donc en termes de sécurité ça pose un certain nombre de problèmes,
04:22 mais au-delà de ça on peut se demander assez légitimement pourquoi est-ce qu'on a installé
04:28 finalement un régime à part que celui de l'incarcération ? Est-ce que ce ne serait
04:34 pas pour acheter tout simplement la paix sociale dans les prisons ?
04:37 Alors s'agissant des UVF, c'est plus pour maintenir une intimité, maintenir le lien
04:48 avec les proches, donc officiellement c'est ça.
04:50 Ça leur permet, la prison ne le dit pas officiellement, mais ça leur permet effectivement d'avoir
04:55 des relations sexuelles puisque ce n'est pas interdit dans ces unités de vie familiale.
05:00 Et ensuite, autre chose, autre lieu dans la prison au sein desquels on peut avoir des
05:07 relations sexuelles, c'est le parloir.
05:08 Alors officiellement c'est interdit d'avoir des relations sexuelles au parloir, mais comme
05:12 vous le dites, effectivement, au cours de notre enquête on a découvert que pour "acheter"
05:17 une forme de paix sociale, il arrive que les surveillants, que l'administration, ferment
05:20 les yeux lorsque des détenus peuvent avoir des relations sexuelles avec leur conjoint
05:25 ou leur conjointe.
05:26 Alors on peut comprendre qu'un détenu qui a une vie de famille déjà puisse recevoir
05:32 sa femme de temps en temps.
05:33 Mais enfin là, dans le cas de Normale Lelandais, il a bien fallu que quelqu'un vienne le
05:38 voir, il l'a rencontré en prison.
05:39 On a l'impression du coup que c'est un peu dévoyé de sa mission d'origine.
05:44 Alors effectivement vous pouvez être détenu et tout de même rencontrer des personnes
05:49 venues de l'extérieur.
05:50 Nordal Lelandais n'est pas le seul.
05:52 Par exemple Michel Fourniret avait rencontré Monique Olivier alors qu'il était en prison
05:56 et qu'elle était à l'extérieur.
05:57 Ça se passe d'abord par correspondance.
05:59 Avant d'arriver à l'UVF, il faut quand même avoir rencontré un certain nombre de
06:03 fois au parloir la personne visiteur avant de pouvoir lui faire bénéficier de cette
06:10 rencontre en UVF.
06:12 Mais donc effectivement il est possible pour les détenus de rencontrer l'amour tout
06:16 en étant en prison.
06:17 Alors j'aimerais me tourner vers Pierre-Marie Sèvres, directeur de l'Institut pour la
06:21 justice.
06:22 Vous connaissez tout cela j'imagine mais pour le public c'est assez étonnant quand
06:26 même.
06:27 Oui, oui, oui.
06:28 Vous avez parlé de l'amour en prison.
06:29 Ça me fait tout de suite penser à vous souvenez peut-être ce tueur en série du début du
06:33 20e siècle qui s'appelait Landru me semble-t-il, qui recevait, c'est l'exemple fameux,
06:38 qui recevait des dizaines voire des centaines de lettres d'admiratrices.
06:41 Voilà c'est quelque chose qui n'a jamais vraiment été expliqué d'un point de vue
06:44 psychologique mais qui a toujours été observé.
06:48 C'est que les grands criminels ont toute une flopée d'admiratrices.
06:51 Alors peut-être pas les plus équilibrés non plus mentalement.
06:56 L'exemple de Michel Fourniret est quand même aussi assez connu et assez parlant à ce niveau-là
07:00 puisqu'elle a ensuite assisté dans ses crimes.
07:02 Mais c'est quelque chose qui s'est toujours observé.
07:04 Donc dans le cas de Norland Landé en tout cas ça peut expliquer qu'il ait réussi
07:08 à séduire, puisque c'est de l'ordre dont il s'agit, à séduire une femme et ensuite
07:11 avoir un enfant.
07:12 Mais est-ce que c'est bien logique que soit...
07:15 Je sais pas, peut-être ma représentation de l'univers carcéral date du 19ème siècle
07:21 mais on a l'impression quand même que l'idée de la prison punitive, on en est loin là,
07:26 on s'en éloigne en tout cas.
07:28 Vous savez nous on parle souvent du laxisme judiciaire.
07:31 Dans l'opinion c'est un concept, une critique qu'on fait très souvent à la justice d'être laxiste.
07:38 Nous on a fait un sondage, 81% des français estiment que la justice est trop laxiste.
07:42 C'est un sondage de fin 2022.
07:43 Mais donc le laxisme il existe au niveau du prononcer des peines, au niveau de l'exécution
07:48 des peines, mais aussi à l'intérieur des prisons.
07:52 Il y a en dehors des prisons dans les tribunaux, mais il y a à l'intérieur des prisons le laxisme.
07:55 Donc il ne s'arrête pas là.
07:56 Moi je vais vous dire, j'ai fait avec l'Institut pour la justice, on a fait une petite expérience,
08:01 on est allé devant la prison de la santé, on avait tourné une petite vidéo, un petit
08:05 discours devant la prison de la santé.
08:06 Et on est resté peut-être 20 minutes.
08:09 Et 3 minutes après notre arrivée, qu'est-ce qu'on voit ? Sur le grand boulevard qui longe
08:13 la prison de la santé à Paris, on voit deux bons hommes sur leur vélo et dont un, tout
08:18 d'un coup, il lance un paquet à l'intérieur de la prison.
08:21 On a mis deux minutes pour voir ça.
08:24 Et ça, je l'ai vu, j'étais quand même un peu choqué de voir ça de mes propres yeux,
08:30 mais je suis tout sauf étonné.
08:31 Les gardiens de prison, et d'ailleurs c'était bien dit dans votre article dans Factuel, les
08:35 gardiens de prison le savent très bien, il y a de la drogue qui circule en prison, il
08:39 y a des téléphones qui circulent en prison.
08:40 Donc c'est bien plus que simplement les tueurs en série qui attirent des jeunes femmes un
08:44 peu instables et qui ont des enfants avec elles.
08:48 C'est le laxisme à tous les niveaux en prison.
08:51 On dit que c'est pour maintenir la paix sociale.
08:52 Bon, je me range du côté de ce que dit le père de Maëlys.
08:57 C'est vrai que ça paraît complètement aberrant.
08:58 C'est tout sauf une punition.
09:00 La prison doit être une punition.
09:01 Quand on peut avoir une vie de famille, quand on peut se droguer, quand on peut téléphoner,
09:04 quand on peut vivre comme à l'extérieur de la prison, alors ce n'est plus une punition.
09:08 Alors, on va continuer ensemble dans un instant.
09:10 Et Marius Boquet va nous raconter aussi qu'un détenu se filmait et se mettait en scène
09:15 sur un réseau social TikTok au point d'humilier même le personnel pénitentiaire, ce qui
09:19 manque pas quand même de nous étonner.
09:22 Dans un instant, on verra s'il ne faut pas remettre à plat le régime pénitentiaire
09:25 et comment.
09:26 Et puis on parlera évidemment, c'est le sujet du jour, de la colère du monde agricole
09:29 et de ses développements.
09:30 A tout de suite sur Sud Radio.
09:32 De retour dans l'heure libre, une heure d'analyse, de décryptage de l'actualité.
09:40 Nous sommes toujours avec Marius Boquet, enquêteur à Factuel.média et Pierre Marissev, directeur
09:45 de l'Institut pour la justice.
09:47 Nous a rejoint Armand Heitz, viticulteur, éleveur.
09:50 Nous allons parler ensemble dans un instant de la colère dans nos campagnes.
09:54 Mais revenons sur les révélations de Factuel sur la paternité du meurtrier Nordal-le-Landais
10:00 et les conditions de détention, les unités de vie familiales, les parloirs sexuels.
10:04 Ce que certains dénoncent comme des manières d'avoir la paix sociale en prison.
10:08 Marius Boquet, vous nous révélez aussi dans votre article qu'il y a des choses incroyables
10:12 qui se passent en prison.
10:13 Récemment, vous racontez qu'un détenu se filmait et se mettait en scène sur le réseau
10:17 social TikTok, au point même de moquer le personnel pénitentiaire.
10:23 Oui, alors effectivement, c'est un exemple parmi d'autres qui est arrivé.
10:26 Le détenu en question était jugé cette semaine pour s'être filmé, avoir diffusé
10:31 des vidéos au sein de la prison.
10:32 C'est une prison près de Lille.
10:35 Les surveillants s'estimaient tournés en dérision et malheureusement, ils n'ont
10:39 pas obtenu l'autorisation de la direction pour procéder à des fouilles.
10:44 Donc, une humiliation de plus pour eux.
10:46 C'est un exemple qui montre que les téléphones circulent énormément.
10:51 Et les smartphones, ça a également changé les conditions de détention.
10:57 Avec un téléphone, on peut interagir avec le monde extérieur.
11:01 Oui, absolument.
11:02 C'est certain que ça paraît dans l'absolu.
11:04 Je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup d'exemples maintenant dans le monde où les
11:08 détenus, à part certains pays, Singapore par exemple, ils ont des conditions de détention
11:12 très sévères et c'est connu.
11:14 Mais dans beaucoup de pays modernes, aujourd'hui, malheureusement, les téléphones, ça devient
11:18 très compliqué d'empêcher les détenus de les utiliser.
11:21 C'est au détriment de la paix sociale notamment.
11:24 Mais après, tout ça prend quand même le chemin.
11:27 Il y a un exemple fameux dont on a parlé récemment, c'est le Salvador.
11:30 Le Salvador qui a réussi à faire une diminution complètement folle de la criminalité en
11:34 enfermant tout simplement les criminels.
11:36 Comme quoi ça fonctionne.
11:37 Ils sont passés de 100 homicides pour 100 000 habitants.
11:39 Le taux le plus haut probablement que j'ai vu de ma vie.
11:43 Moi, de l'histoire récente, il n'y a jamais eu un taux d'homicide plus fort que ça.
11:46 En 2015, ils étaient à 100.
11:47 Aujourd'hui, ils sont à 1, qui est le plus faible niveau de toute l'Amérique.
11:50 En 8 mois, ils ont réussi cet exploit.
11:52 Donc comme quoi, il n'y a pas de fatalité.
11:53 On n'est pas obligé sans arrêt d'abolir la prison comme modèle répulsif, d'adoucir
12:00 les conditions du régime carcéral pour obtenir des résultats.
12:03 La peine, normalement, elle a cinq fonctions.
12:05 C'est ce que l'on apprend.
12:06 Moi, c'est ce que j'ai appris pendant mes études de droit.
12:07 La première fonction, c'est la fonction de neutralisation.
12:10 C'est quelque chose qu'on oublie tout bêtement.
12:12 Mais c'est ce que le Salvador a rappelé à tout le monde.
12:13 C'est que quand les criminels sont en prison, dans un endroit où ils ne peuvent pas connaître
12:16 de crime ou de délit, en tout cas à l'égard de la population générale, ils ne commettent
12:19 plus de crime ou délit à l'égard de la population générale.
12:22 Il y a d'autres fonctions.
12:23 Il y a la dissuasion, qui est aussi une fonction qu'on oublie tout le temps.
12:26 Il y a un grand mouvement de politique pénale dans les années 50 qui niait vraiment noir
12:31 sur blanc.
12:32 C'était Marc Ancel, un grand professeur de droit, en tout cas grand, je dis connu,
12:36 qui a lancé un mouvement qui s'appelait les défenses sociales nouvelles et qui disait
12:39 la dissuasion est chimérique et ne fonctionne pas.
12:41 Pourtant, c'est une des bases des fonctions de la peine et beaucoup d'études prouvent
12:47 que ça fonctionne.
12:48 Il y a aussi la réinsertion qui est une autre fonction.
12:50 Il y a aussi la réparation.
12:51 Et donc, toutes ces fonctions-là doivent être équilibrées.
12:56 La première, il ne faut pas oublier que le but de la prison et de la justice pénale,
12:59 c'est de mettre à l'écart les gens qui font du mal à autrui en les mettant en prison.
13:04 Tout simplement.
13:05 Tout simplement.
13:06 Alors, il y a un autre exemple, Pierre-Marie Sèvres, dont j'aimerais que vous nous parliez.
13:09 Ce qui se passe actuellement aux Pays-Bas où la délinquance, les crimes et délits
13:13 sont en net repli, tout simplement parce qu'ils ont eu cette idée absolument folle et originale.
13:18 C'est tout simplement que la prison soit effective et que les délinquants aient la
13:22 certitude d'aller en prison s'ils commettaient un délit.
13:25 Alors, en fait, on parle des Pays-Bas, mais les néerlandais n'ont rien inventé du tout.
13:29 Tout ça part d'un principe de Césaré Becqueria.
13:31 Césaré Becqueria, c'est un grand juriste du 18e siècle, du siècle des Lumières.
13:35 Aujourd'hui, il est unanimement reconnu comme le père du droit pénal moderne et le père
13:39 de la criminologie.
13:40 C'était quelqu'un qui était vu comme très progressiste à son époque.
13:43 Il était contre la peine de mort, il était contre les châtiments corporels.
13:46 Mais il est beau être contre tout ça, il avait des idées bien claires sur d'autres
13:51 points.
13:52 Il a un livre qui est écrit en 1764 qui s'appelle "Des délits et des peines".
13:56 Il dit notamment, il le répète à longueur de son bouquin, un principe fondamental, c'est
14:01 "Une punition extrêmement grave, mais à laquelle se mêlerait l'espoir d'une impunité, aura
14:09 toujours beaucoup moins de poids qu'une punition modérée, mais à laquelle on est certain
14:13 de ne pas pouvoir échapper".
14:14 Voilà le principe de base.
14:16 Et donc aux Pays-Bas, ils l'ont mis en place.
14:18 Mais ça avait été mis en place aux Etats-Unis.
14:20 Il y a eu une expérience assez fameuse au début des années 2000.
14:22 Un juge de Hawaii avait des toxicomanes.
14:24 Il se rendait compte que les toxicomanes, on avait beau les obliger, on avait beau leur
14:27 dire que c'était légal de recommencer à prendre de la drogue, on les testait régulièrement,
14:31 quand ils les étaient testés, ils n'allaient pas en prison parce que l'agent pénitentiaire
14:36 était sympathique.
14:37 Ils les connaissaient bien.
14:38 Ils disaient "Bon, allez, ça va aller pour cette fois".
14:40 Ils donnaient une deuxième chance, une troisième.
14:41 Puis tout d'un coup, on ne savait pas pourquoi, de temps en temps, oui, ils finissaient par
14:44 les jeter en prison pour une durée d'ailleurs assez longue.
14:46 Et bien ce juge de Hawaii a dit "Non, non, on va inverser les choses.
14:49 On va tout de suite, tout de suite, déjà on va établir des règles très claires.
14:54 On va vous tester toutes les semaines.
14:56 Si on vous arrête une fois avec de la drogue, vous allez tout de suite faire une peine de
14:59 prison".
15:00 Une peine de prison courte, pas une peine de prison longue.
15:03 Une peine de prison de un, deux, voire une semaine.
15:05 Un ou deux jours, voire une semaine.
15:07 C'est-à-dire très très court.
15:08 Et les résultats ont été absolument extraordinaires.
15:10 C'est une expérience qui est très connue, l'expérience HOPE, qui a été ensuite recréée
15:13 dans la quasi-totalité des États-Unis.
15:15 Moi j'ai lu une thèse qui a été faite par le département de la justice, une espèce
15:20 de thèse d'exposé qui louait la réussite de ce programme-là.
15:23 Et les néerlandais ont fait la même chose quelques années plus tard.
15:26 Et les résultats sont là.
15:27 Et les résultats sont là.
15:28 Les néerlandais ont quand même d'autres problèmes de drogue.
15:30 Mais sur la criminalité de droit commun en tout cas, c'est clair et net.
15:34 Alors cette méthode simple, qui ne coûte rien aux contribuables, elle est complètement
15:39 dédaignée en France.
15:40 Comment vous l'expliquez ?
15:41 Alors, comment je l'explique ? Ça a tout d'incompréhensible.
15:46 Moi j'ai le très clair souvenir d'avoir vu Jean Castex il y a trois ans.
15:50 Il parlait avec la mère d'une victime, Adrien Perez, qui est un jeune à Grenoble, je crois,
15:56 dans l'ISER, qui a été tué pour absolument aucune raison.
15:58 Pour avoir défendu, enfin bref, pour absolument aucune raison.
16:02 Et Jean Castex, Premier ministre, discute avec cette dame et il lui dit "mais je pense
16:05 qu'il faut faire comme Beccaria, il ne faut pas de punition aléatoire, il faut la certitude
16:11 des peines, etc."
16:12 Donc il dit exactement la phrase de Beccaria.
16:13 Mais pourtant, dans les faits, qu'est-ce qui se passe ? On a Nicole Belloubet qui supprime
16:17 les peines de moins d'un mois de prison.
16:19 Supprimées, purement et simplement supprimées.
16:21 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on n'aime pas, déjà qu'on ne le faisait pas quand
16:23 celles existaient, maintenant qu'on a même supprimé ces peines, on n'a pas le début
16:27 du quart du commencement de cette méthode.
16:29 Je rappelle qu'aujourd'hui, vous pouvez être condamné à six mois de prison ferme,
16:32 mais comme si six mois de prison ferme n'est pas plus d'un an de prison, eh bien vous
16:36 n'allez pas en prison.
16:37 C'est quand même dingue, quoi.
16:38 Vous allez être condamné à de la prison ferme, mais on ne va pas en prison.
16:41 Le résultat, quatre personnes sur dix condamnées à la prison ferme ne vont pas en prison.
16:45 On a fait une moyenne générale.
16:46 Incroyable.
16:47 Alors merci à tous les deux.
16:48 Merci Pierre-Marie Sèvres, directeur de l'Institut pour la Justice.
16:51 Merci Marius Boquet.
16:52 On va retrouver vos enquêtes sur factuel.média.
16:55 On va changer de thème, si vous le permettez.
16:57 Armand Heitz, je suis ravi de vous retrouver.
17:00 Je rappelle que vous êtes viticulteur et éleveur également en Bourgogne.
17:03 Je rappelle que vous tenez un blog sur factuel.média où vous proposez des idées originales pour
17:08 l'agriculture et que vous racontez votre quotidien.
17:10 Et vous comprenez évidemment la colère du monde paysan en ce moment.
17:14 Vous la partagez, j'imagine.
17:16 Je voudrais rappeler quand même que le nombre d'agriculteurs en France a été divisé
17:19 par 4 en 40 ans, que la France a perdu plus de 100 000 fermes au cours de ces 10 dernières
17:24 années.
17:25 Et vous avez écrit sur votre blog, sur factuel.média, "Agriculteurs, nous avons compris depuis
17:30 de nombreuses années que notre filière avait été sacrifiée au profit d'industries
17:36 plus intéressantes économiquement."
17:38 Bonjour Stéphane.
17:39 Alors la colère, moi effectivement, c'est ce qui se passe en ce moment.
17:44 Mais ce n'est pas quelque chose dont je suis très fan.
17:46 Je préfère la construction, la discussion.
17:49 J'ai écrit tout récemment, par rapport à ce qui se passe cette semaine, l'agriculture
17:55 est un sport de combat.
17:56 Tous les jours on se bat et il faut qu'on arrive à construire, à trouver des solutions.
18:01 Voilà un petit peu ce que je préfère défendre.
18:04 Sur l'évolution de l'agriculture ces dernières années, la chute et la révolution agricole
18:11 qui se passe depuis 40 ans, on est passé d'une agriculture paysanne durable, puisque
18:17 c'était vertueux pour l'environnement.
18:19 On arrivait à faire de la nourriture de manière durable, à une révolution agricole qui a
18:24 complètement vidé les villages.
18:25 Les fermes se sont agrandies, on a transformé les villages en hangars à tracteurs, d'une
18:32 agriculture humaine avec des saisonniers qui dormaient dans les granges.
18:35 On a complètement déshumanisé cette agriculture.
18:39 Voilà ce qui s'est passé depuis 40 ans.
18:41 Aujourd'hui on a des paysans qui travaillent seuls dans leur village, 80 heures par semaine,
18:46 jour, nuit.
18:47 Pour rien, pour pas grand chose en tout cas.
18:49 Pour rien, on reviendra après, mais je ne gagne rien sur ma ferme.
18:54 Donc comment ne pas expliquer cette révolte ?
18:57 Alors ça doit vous énerver quand vous me l'avez dit hors antenne, quand vous m'avez
19:02 dit tout à l'heure "j'ai écouté France Inter, j'ai entendu leurs spécialistes parler
19:05 de revenus de certains agriculteurs à 100 000 euros par an".
19:08 Mais où vivent ces gens ?
19:09 Pas dans le coin où je suis, en tout cas en polyculture élevage.
19:13 Clairement cette information était là pour dénigrer le mouvement agricole.
19:19 Ce n'est pas possible autrement.
19:20 Allez dans des fermes, allez au contact des agriculteurs.
19:24 Vous voyez, c'est la femme en général de l'agriculteur qui rapporte un salaire, qui
19:30 fait vivre la famille.
19:31 Et c'est catastrophique de voir son père travailler 80 heures par semaine et même
19:38 pas être capable de sortir les week-ends en famille.
19:40 Alors on va retrouver deux autres agriculteurs, ils sont céréaliers tous les deux, ils ont
19:47 deux destins différents.
19:49 Il y a Céline Imard, 40 ans, deux enfants, productrice de céréales installée dans le
19:53 Tarn, qui est membre du bureau de la FDSEA dans le Tarn.
19:57 Bonjour Céline.
19:58 Et puis Jean-François Lamassé qui est agriculteur céréalier lui aussi, mais en haut de Garonne.
20:04 Bonjour à tous les deux, je suis ravi que vous nous ayez rejoints parce qu'en fait
20:07 la réalité paysanne, on ne s'en rend pas toujours compte quand on est derrière une
20:11 chaîne d'information, c'est une réalité assez contrastée.
20:15 Il y a des petits paysans qui n'arrivent pas à boucler les fins de mois, certains céréaliers
20:21 sont plus, on va dire, plus avantagés.
20:25 Je pense aux très grands céréaliers comme les céréaliers de la Beauce, mais de toute
20:29 façon partout où on porte le regard, ça ne va pas.
20:31 Je voudrais vous entendre là-dessus, peut-être Céline d'abord.
20:33 Alors il ne faut pas opposer les modèles et les différentes fermes en fait qui existent
20:39 sur la Ferme France.
20:40 Alors évidemment il y a des céréaliers, des polyculteurs éleveurs, des maraîchers,
20:45 mais quel que soit le mode de production choisi, quelle que soit la taille de l'exploitation,
20:49 moi je voudrais dire aussi par rapport à ce que vient de dire votre intervenant, que
20:53 certes l'agriculture est un sport de combat, donc on se bat.
20:56 On se bat aussi contre ce plan social puisque vous avez évoqué le nombre exponentiel de
21:01 disparitions des fermes depuis 20, 30 ans, 40 ans.
21:05 C'est un plan social extrêmement fort qui ne dit pas son nom et effectivement dans un
21:09 sentiment qu'on a d'indifférence générale.
21:11 Mais ce que je veux dire c'est que tous, toutes nos fermes, quel que soit leur modèle, leur
21:16 revenu qui n'est pas extraordinaire par rapport au travail qu'on fournit, tous on
21:20 est dans ce combat-là.
21:21 Mais dans un sport de combat, il faut qu'on puisse se battre avec les mêmes armes que
21:24 ceux qui sont sur le même rime que nous.
21:26 Alors aujourd'hui moi je veux bien me battre, mais être constructif et être dans un sport
21:30 de combat.
21:31 Je veux dire, un, qu'on se bat avec les mêmes armes.
21:33 Deux, qu'on connaît les règles du jeu, qu'elles ne changent pas toutes les deux minutes.
21:37 Trois, que l'arbitre du sport de combat est quelqu'un d'intègre.
21:41 Et quatre, que le rime a bien quatre cordes pour contenir les combattants.
21:45 Aujourd'hui, on a des trous dans la raquette de tous les côtés.
21:48 La question de l'arbitrage de ce sport de combat est loin d'être claire et on ne se
21:52 bat pas avec les mêmes armes que ceux qui sont sur le rime en face de nous.
21:56 Donc ça, ça pose question.
21:58 Absolument.
21:59 Pour l'instant, on va entendre Jean-François Lamassé, on va continuer de parler de la
22:02 colère du monde agricole.
22:04 On va notamment se demander dans quelles mesures l'Union Européenne accompagne vraiment
22:07 nos agriculteurs ou au contraire les sacrifie.
22:10 A tout de suite sur Sud Radio.
22:12 Sud Radio, l'heure libre, 10h-11h.
22:16 De retour dans l'heure libre, une heure d'analyse, de décryptage de l'actualité.
22:21 Nous sommes toujours avec Armand Heitz, viticulteur, éleveur en Bourgogne.
22:25 Également avec Céline Imard, 40 ans, deux enfants, productrice de céréales installée
22:29 dans le Tarn.
22:30 Et Jean-François Lamassé, agriculteur céréalier également mais dans la Haute-Garonne.
22:35 On parle aujourd'hui de la colère de nos agriculteurs.
22:38 Et il y a de quoi.
22:39 Je voudrais rappeler la triste réalité de suicides d'agriculteurs par jour.
22:42 Des familles qui se battent courageusement et dans la dignité pour survivre avec des
22:47 revenus de misère.
22:49 Et j'aimerais entendre Jean-François Lamassé, agriculteur céréalier.
22:53 Jean-François.
22:54 Bonjour.
22:55 Alors, Jean-François, vous avez entendu nos deux interlocuteurs, nos deux agriculteurs
23:02 qui ont...
23:03 Qui dépeignent.
23:04 Ils ont remis les grilles au centre du village pour récupérer la situation.
23:08 Voilà.
23:09 Vous savez, quand vous allez faire vos courses au supermarché, que vous avez un panier,
23:14 on va pas le faire simple pour que tout le monde comprenne, de 100 euros.
23:18 De 100 euros de produits alimentaires.
23:20 Je dis bien de produits alimentaires.
23:22 Il n'y a que 6,50 euros qui reviennent à la réduction.
23:26 Donc, c'est à dire 93,50 euros qui part entre les transformateurs et les distributeurs.
23:32 D'accord.
23:33 Le problème déjà, il est là.
23:34 C'est à dire qu'aujourd'hui, le problème de l'agriculture, c'est qu'il nous faut des
23:37 prix rémunérateurs.
23:38 C'est une première chose.
23:40 Deuxièmement, il faut revenir sur certaines taxes.
23:43 Bon, on ne va pas en parler, parce que ça fait bientôt 10 jours.
23:46 Une semaine, oui, que vous parlez de ça.
23:48 Je parle des problèmes du GNR et ainsi de suite.
23:52 Vous savez, en 2021, fin 2021, début 2022, j'avais parlé sur la PAC, que la nouvelle
24:00 PAC allait amener tout le monde au gouffre.
24:02 Et aujourd'hui, on y est.
24:05 Aujourd'hui, on y est.
24:07 Alors, justement, Armand Heitz, vous avez dit dans votre récent blog, vous n'êtes pas
24:15 dans un syndicat agricole et vous avez fait le choix de ne pas l'être.
24:19 Parce que pour vous, vous disiez la FNSEA a fait une erreur stratégique importante
24:23 dans les années 80, en s'imaginant que l'agriculture française allait être en avance, en capacité
24:30 de rivaliser avec ces grandes fermes de l'agriculture mondialisée, comme on en voit un peu partout.
24:38 Et que vous auriez préféré qu'on admette finalement que nous n'étions pas capables
24:44 de rivaliser sur la production de masse et qu'il fallait donc protéger notre modèle,
24:49 le petit ferme familiale, des produits en quantité raisonnable, des produits de façon
24:55 raisonnée et surtout pas essayer d'aller rivaliser dans un cadre libre-échangiste
25:00 comme ça, avec des mastodontes de l'agroalimentaire, des fermes géantes qui sont d'ailleurs excessivement
25:05 productivistes.
25:06 Tout à fait.
25:07 Bon, après, je ne voudrais pas non plus qu'on me prenne...
25:10 Je défends exactement les mêmes propos.
25:13 On est solidaires aujourd'hui dans la démarche.
25:19 Tout à fait.
25:20 Effectivement, je me dis qu'on a essayé, la France s'imagine comme une puissance, s'imaginer
25:25 comme une puissance agricole.
25:27 C'est assez français de s'imaginer qu'il y a la France et les autres pays gravites
25:30 autour de la France.
25:32 Mais voilà, en agriculture, en polyculture élevage, on voit bien le résultat.
25:37 Aujourd'hui, on mange du bœuf, on ne sait même pas d'où il vient, on ne sait même
25:40 pas de quelle race il a été produit.
25:43 La filière a été complètement détruite.
25:45 Alors que je fais du vin par ailleurs, sur l'étiquette, on a marqué le nom du vigneron,
25:50 l'année, l'appellation, la parcelle et on arrive à garder un peu plus de valeur.
25:55 Alors, ce n'est pas vrai forcément pour Bordeaux, mais en Bourgogne, par exemple, où je suis,
26:00 on voit que ça marche bien.
26:01 Le Comté est un bon exemple aussi de ce travail de filière.
26:05 Mais alors moi, j'aimerais savoir qu'est-ce qui dysfonctionne ?
26:09 Est-ce que c'est l'Europe qui est finalement, non pas peut-être l'ennemi de nos agricultures,
26:16 mais quand même ?
26:18 Alors, à chaque fois qu'on entend parler de la politique agricole commune, on dit que
26:22 c'est une aide au monde paysan et sans cela, eh bien, ça ne marcherait pas.
26:26 Et puis, dans le même temps, on a l'impression que l'Union Européenne joue un drôle de
26:29 jeu, une espèce de cisaille terrible.
26:32 C'est-à-dire, dites-moi si je comprends bien les choses.
26:34 D'un côté, l'Union Européenne, c'est toujours plus de contraintes, notamment écologiques,
26:38 et de l'autre, toujours plus de traités de libre-échange signés par cette même Union
26:43 Européenne qui conduisent finalement à toujours plus de concurrence sur l'état-là.
26:47 Vous êtes d'accord, Jean-François Lamassé et Céline ?
26:49 Peut-être Céline, toujours ?
26:51 Oui.
26:53 Alors, effectivement, on a aujourd'hui l'Union Européenne qui joue un double jeu qui est
26:57 très dangereux et qui pourrait s'avérer perdant sur les deux tableaux.
27:01 On a l'Union Européenne où on a d'un côté la Commission, les instances de la Commission
27:04 qui sont aujourd'hui chargées de faire des propositions de loi, qui ne sont pas élus,
27:12 mais qui sont aujourd'hui un petit peu le vecteur législatif.
27:15 Aujourd'hui, elle est proposeur et elle a fait voter des stratégies comme Farm to Fork,
27:22 de la ferme à la fourchette, en imposant des objectifs chiffrions pour les atteindre.
27:25 Moins 20% d'engrais, moins 50% de consommation de produits phytos, sans proposer des développements
27:32 de la recherche, sans proposer de financement, sans proposer de trajectoire.
27:36 D'un autre côté, on a quand même un certain nombre de millions de consommateurs en Europe
27:40 qui mangent trois fois par jour.
27:41 Et donc, de la main gauche, elle va signer des accords de libre-échange à tout va.
27:46 Et même, écoutez, il y a deux jours, la Commission a signalé d'un point de presse
27:52 que l'accord avec le Mercosur allait être ratifié avant la fin de la mandatée.
27:55 Le Mercosur, pour les auditeurs, ce sont les pays d'Amérique du Sud.
28:02 Absolument.
28:05 Donc, si je prends l'exemple du maïs, on va avoir 3,5 millions de tonnes de graines
28:10 de maïs qui vont être importées avec des distorsions de concurrence absolument énormes.
28:15 Il y a une étude indépendante qui a été réalisée où on sait aujourd'hui que le
28:18 maïs qui est produit, par exemple au Brésil ou en Argentine, du Brésil, va venir avec
28:24 78% de traitements phytosanitaires interdits chez nous, dont la trazine, avec des OGM,
28:31 évidemment, puisque là-bas ils produisent OGM, ils font plusieurs récoltes par an.
28:34 Donc, ils vont venir inonder et déstabiliser complètement les marchés européens.
28:39 Donc, la Commission européenne encourage.
28:41 Non, non, mais je vous en prie, Jean-François Lamassé, vous êtes d'accord avec ce que dit Céline ?
28:47 Mais il faut savoir à qui profite le crime.
28:51 Le problème, c'est ça.
28:52 On a eu Mme Merkel qui est arrivée le bon matin, qui a décrété que les Européens ont des fins.
28:57 C'est des gens, le problème, c'est que ce ne sont pas les gens qui sont élus.
29:00 C'est des gens qui arrivent comme ça, voilà.
29:02 Comme Mme Paula Young.
29:03 Alors Mme Merkel, sa grande passion, c'était les voitures.
29:06 Donc, le but du jeu, c'était que les Français, on récupère avec le Mercosur du bœuf qui
29:11 arrivait d'Argentine, qui arrivait des États-Unis, nourri avec la farine animale, alors que
29:16 chez nous, ça fait 25 ans qu'on en a plus et qu'on en veut plus.
29:20 En échange, elle a envoyé des voitures Audi, Volkswagen, Mercedes, détaxées aux États-Unis.
29:28 Alors, on sacrifiait une fois de plus.
29:30 Et aujourd'hui, Mme Van der Leyen, elle a fait encore mieux que ça.
29:33 On a l'impression qu'elle vend l'Europe aux États-Unis.
29:36 Vous voyez ?
29:36 Et puis pour finir, la dernière, pour laisser rallier, elle nous fait rentrer du blé à
29:42 Tarragona, détaxé.
29:44 Et nous, on a les stocks pleins.
29:47 Alors, le contextualisme européen, il est où là ?
29:49 Parce qu'à un moment donné, je pense qu'il y a des gens qui jouent pour leur propre
29:53 curie, pas pour l'Europe.
29:55 Alors, je voudrais prendre un exemple encore.
29:57 Juste comme ça, la même Mme Van der Leyen qui a commandé des vaccins Pfizer.
30:06 On veut tuer un voilà, on ne sait plus ce qu'on va en faire.
30:08 Voilà.
30:09 Et comme par hasard, son fils, alors ça c'est son mari qui est chez Pfizer et son fils qui
30:13 est chez McKenzie.
30:13 Et comme par hasard, tous les gouvernements font appel à McKenzie.
30:16 Alors, on va essayer de rester pour que nos auditeurs se concentrent bien sur la colère
30:21 agricole.
30:22 Évidemment, on comprend ce que vous voulez dire concernant Mme Van der Leyen.
30:26 Mais je voudrais que Harman Heights puisse nous raconter l'élevage et la concurrence
30:30 des viandes importées.
30:31 Parce que les gens ne le savent pas.
30:33 Mais les poulets importés aujourd'hui, vous savez quand vous mangez un poulet rôti, eh
30:37 bien, il y a 45% du marché qui sont des poulets importés.
30:42 Comme si on ne savait pas faire de la volaille en France.
30:45 On sait faire du bon poulet pourtant, mais non.
30:47 Eh bien, il y a un volaille sur deux qui est importé, qui vient du Brésil notamment,
30:51 mais qui peut venir aussi d'Ukraine, dont on a vu récemment qu'on a aboli les taxes
30:56 aux frontières pour encourager, pour soutenir l'effort de guerre ukrainien.
30:59 Et puis la viande, ce n'est pas tout.
31:01 Le bœuf, le bœuf français, un bœuf exceptionnel.
31:03 L'augmentation des importations, c'est 23% l'année dernière.
31:08 Désormais, un steak sur trois sur les étalages vient de loin.
31:13 30% donc de ces viandes sont d'origine, on va dire exotique, c'est-à-dire extérieure
31:20 à la production nationale.
31:22 Ce qui est une aberration en plus sur le plan écologique, Armand Heitz.
31:26 Tout à fait.
31:27 C'est toutes ces aberrations qui s'empilent, qui se cumulent depuis des années et qui
31:31 expliquent le mouvement.
31:32 Et encore, je trouve qu'on est encore gentil par rapport à tous ces éléments.
31:37 Je peux rajouter quelque chose ?
31:40 Je vous en prie.
31:41 On importe, on importe.
31:42 Et moi, on doit exporter 800 000 bœufs vers l'Italie.
31:46 Vous vous rendez compte à quel point c'est aberrant ? On parle de bien-être animal et
31:51 on fait rentrer des animaux qui ont été élevés dans des conditions qu'on ne tolérerait
31:56 pas en France que n'importe qui.
31:57 Et il y a un masque, c'est incroyable.
32:00 Et pour répondre, clairement l'Europe nous met dos au mur et nous met des défis qu'on
32:08 ne peut pas clairement trouver de solution.
32:11 Par exemple, sur ma ferme, je fais un chiffre d'affaires de 150 000 euros.
32:16 Je n'ai pas un revenu, un chiffre d'affaires.
32:19 Un chiffre d'affaires.
32:20 Je vends, j'arrive à faire rentrer 150 000 euros.
32:22 J'ai 300 000 euros de charges.
32:24 L'Europe me donne 50 000 euros.
32:26 Je perds tous les ans 100 000 euros.
32:28 Donc la PAC, elle ne sert à rien.
32:31 Incroyable.
32:32 Alors, j'imagine aussi, et j'aimerais peut-être entendre Céline Imart sur ce sujet, j'imagine
32:38 que la décision de supprimer les droits de douane aussi pour aider l'Ukraine a de quoi
32:42 vous préoccuper.
32:43 Parce qu'on parlait des poulets à l'instant.
32:47 On importe déjà des millions de poulets d'Ukraine qui vivent dans des fermes-usines
32:53 jusqu'à 100 fois plus grandes qu'en France, avec une souffrance animale terrible.
32:57 Un système d'ailleurs qui enrichit un homme qu'on surnomme le roi du poulet en Ukraine.
33:02 Il s'appelle Yurik Kozyuk et sa fortune est estimée à 1,5 milliard de dollars.
33:07 Ça doit vous faire hérisser quand même le poil, Céline, si j'ose dire, et si j'ose
33:12 être un peu familier.
33:13 Non, mais complètement.
33:15 La véritable problématique, c'est que ce genre de décision déstabilise complètement
33:19 nous, les agriculteurs, et toutes nos filières qui sont derrière.
33:22 Parce que derrière les agriculteurs, il y a des collecteurs, il y a des transformateurs.
33:26 Et aujourd'hui, on se retrouve mis en difficulté collectivement sur tous les territoires.
33:29 Le gros problème, c'est qu'aujourd'hui, la France, c'est...
33:33 On nous a demandé de monter en gamme depuis des années.
33:35 Que ce soit sur les signes de qualité, que ce soit sur le bio.
33:38 En fait, aujourd'hui, malheureusement, notre agriculture française est en train de devenir
33:42 un peu le fauchon de l'agriculture.
33:44 Que ce soit sur les AOC, que ce soit sur le poulet, que ce soit sur les grains, on est
33:47 en produit du très haut de gamme, avec énormément de normes.
33:50 Et là où le bas blesse, c'est qu'aujourd'hui, le cœur de marché, c'est-à-dire ce que
33:54 peuvent consommer les citoyens ou ce que les citoyens, les consommateurs, vont choisir
33:58 au final, le cœur de gamme, en fait, c'est l'importation qui prend la place.
34:02 C'est pour ça qu'avec des décisions comme ça, qui accentuent les importations, le consommateur
34:07 se tourne naturellement vers ces importations-là.
34:10 Et aujourd'hui, le cœur de gamme qui est consommé par nos consommateurs, il vient
34:13 de l'étranger.
34:14 Et c'est ça le problème, c'est qu'on perd notre souveraineté alimentaire.
34:17 C'est-à-dire qu'on est un pays qui, aujourd'hui, ne pourrait pas, demain, arriver à nourrir
34:22 sa population.
34:24 C'est extrêmement grave, cette situation-là.
34:26 Alors, dans un instant, on va continuer à s'interroger sur la colère de nos agriculteurs.
34:30 On va voir aussi quelles pourraient être les réponses gouvernementales.
34:34 C'est un test pour le nouveau Premier ministre.
34:35 On parlera aussi de ce projet absolument utopique et fou, Farm to Forks, que visait Ursula von
34:43 der Leyen, dont vous disiez un mot tout à l'heure, Céline, qui assumait carrément
34:46 la décroissance.
34:47 A tout de suite sur Sud Radio.
34:49 Sud Radio, l'heure libre, 10h11 à heure.
34:55 De retour dans l'heure libre, toujours avec Armand Heitz, viticulteur et éleveur en Bourgogne.
35:01 Marius Bocquet de Factuel.Média est avec nous également.
35:04 Également avec nous, Céline Imard, céréalière dans le Tarn.
35:07 Jean-François Lamassé, céréalier, lui, dans la Haute-Garonne.
35:11 Alors, on va toujours poursuivre sur notre thématique du jour.
35:16 Les agriculteurs peuvent-ils encore s'en sortir sans l'aide de l'Europe ? Ou au contraire,
35:22 est-ce que c'est l'Union Européenne qui pénalise nos campagnes ?
35:25 Je voudrais que chacun prenne la parole là-dessus et nous dise son avis.
35:28 Est-ce que nos agriculteurs bénéficient ou au contraire sont pénalisés par l'Europe ?
35:34 Armand Heitz.
35:35 Alors, l'Europe m'a été...
35:38 On a commencé à parler de l'Europe quand j'étais à l'école.
35:41 Donc je pense que je fais partie de cette génération qui doit y croire.
35:44 J'ai beaucoup de peine aussi à imaginer la France rivaliser face à des puissances américaines,
35:50 russes, chinoises, indiennes.
35:51 La France, comme je vous le disais, on a beau avoir l'impression qu'on est les meilleurs
35:55 dans le monde, dans cette économie mondialisée, difficile de rivaliser face à des puissances
35:59 comme celle-ci.
36:00 Après, voilà, l'Europe n'a pas que des bonnes choses, il y a aussi des problèmes.
36:06 On vient d'en parler, en particulier culturel, mais c'est un autre sujet.
36:10 Et donc c'est pour ça, je pense qu'il faut continuer à croire, à fédérer, mais organisons
36:16 mieux les choses.
36:17 Donnons à chacun les mêmes arbres, les mêmes armes, afin qu'on puisse combattre.
36:24 Céline Himard, à votre tour, est-ce que pour vous l'Europe c'est "stop" ou encore ?
36:30 L'Europe, ce sont les politiques et les élus qui la font.
36:35 Et les gens de la Commission, on sait que ce sont des nominations éminemment politiques.
36:38 Aujourd'hui, dans l'Europe, et notamment à la Commission, on a un lobbying extrêmement
36:42 puissant de certaines associations environnementalistes qui sont placées directement dans les cabinets
36:46 des commissaires et parmi les fonctionnaires de la Commission, et qui font beaucoup de
36:50 militantisme dans les décisions qu'ils prennent.
36:52 La question n'est pas pour l'Europe ou contre l'Europe, mais qui dirige l'Europe, et comment
36:56 on peut avoir une Commission des fonctionnaires qui dirige un petit peu avec une véritable
37:02 boussole politique qui est celle de l'intérêt général.
37:04 Ça, c'est la première chose aujourd'hui.
37:06 La deuxième, c'est que cette boussole politique n'est pas présente au niveau de la Commission.
37:10 Tout ce que fait le budget de la PAC, c'est de décroître en euros constants.
37:14 La PAC 2023-2027, c'est moins 15% pour l'Europe, pour la ferme Europe, alors que sur des continents
37:20 comme la Chine, comme les USA, comme en Russie, ils ont très bien compris que l'agriculture
37:25 est un secteur stratégique et qu'il faut apporter un soutien massif pour être maître
37:29 de son alimentation et de son agriculture, parce que l'alimentation et l'agriculture
37:34 sont une arme stratégique.
37:35 Et ça, l'Europe ne l'a toujours pas compris.
37:37 Et aujourd'hui, effectivement, on assiste à cette jonglerie sur deux tableaux entre
37:42 un verdissement surnormé et imposé par des administrations que le Parlement européen
37:47 a bien du mal à freiner, versus une politique d'importation à tout va pour exporter les
37:54 externalités environnementales qu'aujourd'hui, ils ne veulent plus voir sur notre sol.
37:58 Et le problème, c'est que c'est une idéologie où ils vont mettre l'environnement contre
38:03 l'humain, contre l'agriculteur.
38:05 Ils préfèrent que pour importer ces 3,5 millions de tonnes de maïs, on déforeste
38:10 l'Amazonie parce que c'est ça qui est en train de se passer concrètement, mais que
38:13 chez nous, on puisse demander aux agriculteurs de faire de l'herbe, de la jachère, de replanter
38:19 des...
38:20 Et peu importe si les agriculteurs ne vivent pas de leur travail.
38:22 Le problème, c'est cette idéologie qui est à l'oeuvre.
38:25 Jean-François Lamassé, je veux vous entendre aussi sur la même question.
38:28 Est ce que l'Union européenne fait le jeu ou au contraire travaille contre les agriculteurs
38:35 européens et français en particulier ?
38:37 Ma collègue a un peu résumé.
38:40 Le problème aujourd'hui, c'est que qui commande l'Europe ?
38:42 Je vous donne une autre idée.
38:44 Il y avait, je crois, l'an dernier, il y avait 118 ou 122 hobbyistes environnementalistes
38:53 pour, je crois, 25 ou 27 hobbyistes agriculteurs traditionnels.
38:58 Donc, vous comprenez bien que ces gens-là, ils ne vont pas dans l'autre sens.
39:00 Ils sont dans une Europe qui ne peut pas exister.
39:03 Ils s'en foutent.
39:04 Ils s'en foutent. On va tous au casse-pipe, mais on continue.
39:08 Ce qu'il faut rappeler, c'est que l'Europe à la base, la PAC, c'était une aide compensatoire.
39:14 En plus, on a un président qui dit l'Europe, l'Europe, toujours l'Europe, rien que l'Europe,
39:21 qui a des ambitions pour devenir président de l'Europe.
39:24 Donc, il est en train de nous sacrifier.
39:25 Aujourd'hui, le problème, c'est que tout le monde a subi les conséquences.
39:30 Les agriculteurs, les consommateurs, vous le voyez.
39:32 Parce qu'au bout de moments, c'est comme un élève dans une classe.
39:37 Quand il est premier, il est premier, il ne peut pas remplacer le professeur.
39:42 Aujourd'hui, la pollution, on a une agriculture très vertueuse.
39:47 La pollution aujourd'hui de la France au niveau mondial, c'est 0,6% de la pollution mondiale.
39:54 Ça veut dire néant.
39:55 Ça veut dire que même si demain, on ne fait plus rien, on ne bougera pas.
39:58 On est au top du top.
40:00 Aujourd'hui, on a des gens qui veulent en plus des sortes de boboïdisation,
40:07 qui pensent qu'on va vivre comme il y a 50 ou 60 ans, mais il y a 80 ans à l'arrière.
40:14 Aujourd'hui, on est de plus en plus nombreux et qu'il faut nourrir la planète.
40:18 Oui, absolument.
40:19 Et comme tout ça, les cours font que si on veut faire que du bio,
40:23 comme ils aimeraient qu'on fasse que du bio, voilà.
40:26 Non seulement on nourrira pas.
40:28 Le téléphone.
40:30 Non seulement on nourrira pas la planète.
40:33 D'accord.
40:34 Donc ça veut dire que la demande, elle est là.
40:37 La demande, elle est là, qu'on le veuille ou pas.
40:39 Donc on va rentrer en France des produits entre guillemets dégueulasses
40:43 avec tout ce que nous, on ne veut pas dans notre achat.
40:45 Alors justement.
40:46 Et qu'on paiera une fortune.
40:48 Absolument.
40:49 Alors Céline Imart, je voudrais qu'on revienne sur l'exemple que vous preniez,
40:52 qui est extrêmement parlant.
40:54 Vous nous parliez tout à l'heure du maïs brésilien, je crois, ou argentin.
41:02 Vous disiez il y a 78% de produits phytosanitaires qui sont interdits ici.
41:07 Et c'est ça qu'on va retrouver sur les étals parce qu'on a aboli,
41:12 dans les cadres de ces traités de libre-échange,
41:15 on a aboli la taxation à l'extérieur.
41:17 Et ça, c'est quelque chose que les gens ne comprennent pas, ne perçoivent pas.
41:20 Mais on encourage finalement, et ça doit être quand même très rageant pour vous,
41:25 que l'on ne taxe pas aux frontières des produits qui ne sont pas vertueux,
41:29 des produits de grande qualité.
41:31 Il suffirait plutôt d'être un peu protectionniste aux frontières
41:35 pour évidemment rendre un peu plus concurrentiels les produits de l'agriculture française.
41:40 Non mais c'est au-delà d'une simple politique protectionniste.
41:43 Ce n'est pas qu'on est contre les importations et les exportations.
41:46 C'est que les règles doivent être clairement...
41:48 Enfin, ce qu'on demande, les clauses miroirs dans les traités,
41:51 n'importons pas l'agriculture que nous ne voulons pas.
41:53 Aujourd'hui, ce qu'on demande, c'est d'avoir des clauses
41:55 qui permettent de ne pas importer de la trazine, des OGM,
41:59 des choses comme ça si on n'a pas le droit de les produire.
42:02 Aujourd'hui, c'est cette dichotomie-là.
42:05 Ce n'est pas qu'on est contre les importations ou les exportations.
42:07 C'est cette absence de clauses miroirs
42:09 qui pose problème dans les traités d'échange d'alimentation.
42:12 C'est le fait qu'on nous pénalise à nous, clairement,
42:15 agriculteurs français, sur le revenu, sur la taille des exploitations.
42:18 Dès qu'on veut agrandir en élevage, on a des directives,
42:21 des normes qui nous empêchent de le faire ou des recours.
42:24 Alors qu'aujourd'hui, sur le Brésil,
42:26 on va importer les denrées alimentaires sur ce marché Mercosur,
42:29 on a les exploitations les plus grandes qui atteignent 500 000 hectares.
42:33 Une exploitation peut faire la taille d'un département,
42:37 alors qu'une exploitation moyenne sur la ferme Europe,
42:40 elle est d'un peu plus de 60 hectares,
42:42 bon, entre les très petites en maraîchage et les plus grandes.
42:45 Mais on est sur des modèles qui sont beaucoup trop différents.
42:48 Et c'est là que le babelaisse.
42:50 On n'est pas en train de dire qu'on est contre les échanges internationaux,
42:53 mais on ne peut pas complètement dépouiller nos filières et notre agriculture
42:57 tout en déforestant ailleurs,
42:59 tout en nous interdisant à nous de développer nos filières,
43:02 de développer nos fermes et de pouvoir produire.
43:05 C'est bien là que le babelaisse.
43:07 C'est ce manque de cohérence et de courage politique.
43:09 Alors, une question simple,
43:12 quel que soit le plan que va sortir le gouvernement, de son chapeau,
43:17 si l'essentiel quand même des décisions se prennent à Bruxelles,
43:21 c'est à Bruxelles qu'il faut tourner,
43:23 que le modèle doit être mis à plat, Jean-François Lamassé.
43:26 Tout ce que vont annoncer les uns et les autres
43:31 ne vont pas servir à grand chose sur le plan national.
43:33 Mais moi, ce qui me fait un peu peur,
43:35 bon, après, peut-être que M. Attal, le Saint-Gabriel,
43:40 va faire un miracle, mais moi, je n'y crois pas trop.
43:43 Mais je vais vous dire, si on marche sur la tête,
43:46 on nous a imposé les éco-régimes et ce qu'on appelait les HVE,
43:50 les hautes valeurs environnementales.
43:52 Donc, tout le monde, pour ne pas gagner plus et pour ne pas perdre à la PAC,
43:58 on est tous rentrés dans le système.
44:00 Donc, on a dû tout modifier, assolements, les techniques.
44:04 On fait bon, ceux qui sont rentrés dans les HVE,
44:06 ils avaient deux audits par an.
44:08 Très bien.
44:09 Je vais vous faire deux trucs très simples.
44:12 Très simple et très rapide.
44:14 Aujourd'hui, chez moi, dans le sud-ouest,
44:18 comme sur ma collaboratrice,
44:20 les éleveurs de poulet espagnol viennent acheter de l'orge.
44:23 D'accord ?
44:24 Vous avez une orge ordinaire, à 170, 175 euros.
44:30 Vous avez une HVE à 190.
44:32 D'après vous, l'Espagnol, quand il vient acheter, il achète laquelle ?
44:34 Évidemment, la moins chère.
44:36 Tout ça, pour arriver à ce que cette année,
44:39 on soit tous engagés sur les HVE ou les éco-régimes.
44:44 Tout le monde est rentré dans le cadre.
44:47 Ils ont retrouvé des trucs que nous devons enlever encore
44:49 parce qu'ils ont besoin d'argent.
44:51 Ils nous ont enlevé encore à tous 23 euros hectares.
44:53 D'accord.
44:54 Écoutez, je crois que ça a été extrêmement clair.
44:57 Merci à Jean-François Lamassé.
44:59 Merci Céline Nimar d'avoir été avec nous.
45:01 Armand Heitz également.
45:03 Et Marius Bocquet, évidemment, de Factuel Média.
45:06 Vous pouvez retrouver l'émission sur la chaîne YouTube de Sud Radio
45:09 et prolonger le débat avec la lecture des analyses sur Factuel Média,
45:13 notamment celle de Jean-François Lamassé,
45:15 qu'on en avait avec nous durant cette émission.
45:18 Tout de suite, bientôt 11h, c'est On parle auto.
45:21 Et sera-t-il bientôt interdit de réparer votre vieille voiture ?
45:24 C'est Jean-Luc Moreau et Laurence Perrault qui vont répondre à cette question
45:27 juste après les infos.
45:28 A tout de suite sur Sud Radio.

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