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NewsTranscription
00:00 Sud Radio, l'heure libre, 10h11.
00:05 Bonjour à tous, bienvenue dans l'heure libre, une heure de décryptage de l'actualité des faits de société avec la rédaction de Factuel.Média.
00:13 Une heure avec l'indispensable Victor Lefèvre.
00:16 Bonjour Stéphane.
00:17 Bonjour, et avec nous également Alexandre Martinez, enquêteur à Factuel.Média également.
00:22 Bonjour Stéphane.
00:23 Bonjour, bonjour. Dans un instant, on va parler de cold case, vous savez les affaires non résolues.
00:28 Et bien deux journalistes reviennent sur 10 célèbres cold case et développent une théorie particulièrement intéressante dans un livre paru chez Larousse.
00:37 Souvent les cold case ne sont que des affaires dont la réponse était déjà dans le dossier, on va voir tout ça,
00:43 et la morale de ce livre qui m'a passionné est qu'il ne faut jamais refermer un dossier judiciaire.
00:48 On en parle tout à l'heure avec Marion Garnier et Cyriel Adam, auteurs de cold case chez Larousse.
00:54 Mais tout de suite, je voudrais que l'on revienne sur une affaire passée totalement sous les radars médiatiques.
00:59 Cette semaine, une affaire grave, pourtant, a conduit à la condamnation de deux journalistes de Mediapart,
01:05 également pigistes à Radio France, condamnés par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir financé des terroristes de Daech.
01:14 Céline Martelet et Edith Bouvier, condamnés pour avoir envoyé de l'argent à des femmes de djihadistes.
01:23 Alexandre Martinez, vous avez signé hier un article qui rappelle les faits qui sont d'une assez grande gravité. De quoi s'agit-il ?
01:31 - Et bien effectivement, les deux journalistes que vous citez, donc Céline Martelet et Edith Bouvier,
01:36 ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris, en première instance, pour financement du terrorisme,
01:42 puisqu'elles ont en effet donné de l'argent à des soldats de l'armée régulière irakienne
01:49 dans le but d'expiltrer des femmes de djihadistes qui sont présentes sur place afin de les rapatrier.
01:56 Et c'est la raison pour laquelle elles ont fait l'objet de cette condamnation.
02:00 - Alors, soyons bien clairs, ces femmes, ces journalistes, ont payé pour que des femmes de Daech sortent des prisons irakiennes et soient rapatriées, c'est ça ?
02:13 - Oui, tout à fait, d'où la gravité des faits, puisque là, il y a une certaine collusion avec l'entreprise terroriste, en l'occurrence Daech, l'État islamique.
02:23 - C'est pas la moindre en plus ! - Tout à fait, oui.
02:26 Et donc le parquet a bien évidemment rappelé la gravité des faits, et la cour a condamné, selon les réquisitions du procureur,
02:37 donc des peines quand même, il faut le dire, importantes, puisqu'on est sur 10 mois et 12 mois de prison avec sursis simples.
02:44 Et d'ailleurs, elles ne sont pas les seules condamnées en cette première instance.
02:49 - Il y a qui d'autre ?
02:51 - Eh bien, il y a également un ancien avocat du barreau de Paris qui s'appelle Bruno Wieney,
02:56 qui lui aussi a fait l'objet des condamnations similaires, puisque les magistrats ont estimé qu'il avait été l'un des responsables de l'envoi d'argent vers ses soldats irakiens,
03:11 dans le but toujours d'exfiltrer les familles de djihadistes présentes en Irak.
03:17 - Est-ce que cet acte est un acte de pur financement ? Est-ce qu'il y a une arrière-pensée ?
03:24 Est-ce qu'il y aurait derrière la volonté d'entretenir de bons rapports avec les milieux djihadistes,
03:31 sachant que ces deux journalistes travaillent sur des sujets sensibles liés au terrorisme ?
03:37 C'est-à-dire qu'elles ont un appétit pour ces mouvances islamistes.
03:41 - Tout à fait, elles s'y connaissent dans ces milieux, puisqu'elles ont écrit conjointement deux ouvrages parus aux éditions Plon en 2018,
03:50 notamment sur la vie des familles présentes sur place, et puis le cheminement de tous les Français qui sont partis en Irak rejoindre le front pour l'État islamique, pour Daesh.
04:04 Et elles ont d'ailleurs signé plusieurs papiers sur ces mouvances et sur ces départs vers cette zone syro-irakienne.
04:15 Et d'ailleurs, elles en signent toujours, puisqu'elles ont été...
04:19 - Oui, on va y revenir, parce qu'on a présenté ces deux femmes comme étant des anciennes journalistes de Mediapart,
04:25 or elles continuent à travailler manifestement à Mediapart. En tout cas, au mois de février, elles signaient encore des articles.
04:29 On va y revenir, mais je voudrais demander à Victor Lefebvre, est-ce que c'est courant que des journalistes, comment dirais-je,
04:36 n'hésitent pas à mettre la main à la poche pour entretenir des bonnes relations ?
04:41 Est-ce que pour tout simplement avoir des gestes d'humanité envers des terroristes ?
04:46 - En tout cas, ces deux journalistes, ces deux femmes, c'est leur ligne de défense, c'est effectivement de dire qu'elles l'ont fait par humanité
04:53 pour préserver, pour sauver la vie des enfants de djihadistes qui effectivement n'ont commis aucun crime.
04:58 Et effectivement, c'est leur ligne de défense. À ma connaissance, non, en ce qui concerne le pays et les informateurs.
05:04 Après, il faut quand même souligner que ces deux journalistes se trouvent sur un terrain de guerre à l'époque.
05:08 On est en pleine bataille de Mossoul en 2016-2017. Donc, les conditions de travail ne sont évidemment pas les mêmes que pour des journalistes
05:14 de terrain sur n'importe quel autre sujet en France. C'est des conditions quand même qui sont très particulières.
05:19 On se situe un peu dans une forme de zone grise. Donc, voilà, c'est pas forcément pour les défendre ni pour les accabler,
05:24 mais simplement rappeler qu'elles pratiquent un journalisme de reportage de guerre qui n'est pas tout à fait le même
05:30 que celui que pratiquent d'autres journalistes.
05:32 D'accord, mais il n'est pas très fréquent que dans le journalisme de reportage de guerre, comme vous dites,
05:37 on mette la main à la poche comme ça pour faire sortir des gens de prison.
05:42 Oui, alors là, c'était pas pour obtenir des informations. Effectivement, c'était pour faire en sorte que cette négociation
05:47 avec un soldat de l'armée régulière irakienne, simplement pour sauver une vie. Effectivement, elles l'ont dit elles-mêmes
05:54 lors de leur procès. Elles ont dit qu'elles étaient sorties du cadre de leur fonction. Voilà, c'est tout ce qu'on peut en dire pour l'instant.
06:00 D'accord. Alors, en tout cas, l'affaire est suffisamment grave pour que le tribunal de Paris, vous le disiez à l'instant,
06:05 Alexandre Martinez, estime que ces journalistes ont commis des actes graves, des fautes graves, les condamnations ont été importantes.
06:13 Elles vont faire appel ? Tout à fait, elles vont interjeter appel de cette décision en première instance,
06:18 comme le prévoit le délai dans la loi. Et on attend bien évidemment la suite et puis le renvoi en appel à la décision.
06:27 Du coup, ça pose quand même un certain nombre de questions sur le crédit accordé à leur travail.
06:33 Personnellement, j'ai pu lire leur dernière parution sur le conflit Israël-Hamas.
06:39 Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles n'y vont pas avec le dos de la cuillère contre l'État d'Israël.
06:44 Tout à fait, c'est un petit peu une porosité, une collision avec un certain islamo-gauchisme.
06:50 Et quand l'on lit les derniers articles, on est sur des titres quand même particulièrement édifiants.
06:56 Le dernier en date est le 11 mars, titré "Le ramadan dans la douleur dans la bande de Gaza".
07:02 Si l'on remonte un peu plus loin, 18 février "Comment survivre à Gaza".
07:06 Le 15 janvier "Gaza, une guerre trop longue".
07:09 Donc on voit qu'il y a quand même un petit problème au niveau de l'impartialité tout de même.
07:13 Bon, on peut être surpris également par l'attitude de nos confrères,
07:17 puisque beaucoup de nos confrères ont passé totalement cette affaire sous silence.
07:21 Moi, ce que je considère être un manquement au devoir d'information,
07:25 premièrement, c'est pas parce que ce sont des journalistes qu'on doit pas parler de leur démêlée judiciaire.
07:31 D'autres ont minoré l'affaire en expliquant qu'il s'agissait d'anciennes journalistes de Mediapart,
07:35 alors que selon nos informations, on vient d'en parler,
07:38 elles y travaillaient encore récemment.
07:41 Le dernier article, dites-moi, c'était quelle date ?
07:44 Tout à fait, c'était le 11 mars, donc en fait, à peu près deux semaines.
07:47 C'est très récent.
07:48 Et cette affaire a été révélée également par Philippe Valle, je crois, sur un média confrère.
07:58 Tout à fait. Il avait notamment pu rappeler lors d'une chronique
08:01 qu'il y avait un certain problème au niveau de la déontologie entre le service public et certaines mouvances
08:08 qui peuvent s'apparenter en l'occurrence de l'islamisme à du terrorisme
08:12 et que ça a eu tendance à avoir un peu des œillères et à fermer les yeux sur l'engagement un peu poussé
08:18 de certaines journalistes ou pigistes qui en sont directement liés.
08:22 Il faut préciser qu'elles sont menacées de mort quand même depuis cette chronique de Philippe Valle,
08:26 sur internet notamment.
08:28 Bien sûr, bien sûr. Vous avez raison de le faire, Victor Lefebvre.
08:31 Alors, petite question comme ça au passage, il n'existe pas de commission de déontologie pour les journalistes.
08:37 Il y a peut-être quelque chose à dire sur ce sujet.
08:39 Effectivement, c'est une bonne question.
08:40 Et en fait, depuis 2019, il y a ce qu'on appelle un conseil de déontologie de journalisme et de la médiation.
08:47 C'est une association de loi 1901, mais ça n'a pas véritablement de valeur
08:51 puisqu'on n'est pas sur un conseil de l'ordre comme on peut le voir pour les professions assermentées.
08:54 Je prends le cas des médecins ou des avocats qui peuvent prendre des mesures fortes et notamment la radiation.
09:00 Et ça n'est pas le cas pour le journalisme.
09:02 Et d'ailleurs, je n'ai pas encore entendu de projet de création de l'ordre.
09:08 Merci, Alexandre Martinez.
09:10 On peut retrouver votre article sur la plateforme d'actualité factuel.média.
09:14 Dans un instant, on va parler de "call case".
09:17 Savez-vous ce que c'est ?
09:18 Ce sont des affaires non résolues.
09:20 Sont-elles toujours le signe d'un crime parfait ?
09:23 On en parle dans un instant avec nos invités Cyriel Adam et Marion Garnier.
09:27 A tout de suite sur Sud Radio.
09:28 Sud Radio, l'heure libre, 10h-11h.
09:32 De retour dans l'heure libre, une heure de décryptage de l'actualité des faits de société
09:37 avec la rédaction de factuel.média.
09:39 Toujours avec nous Alexandre Martinez et Victor Lefebvre, tous deux enquêteurs.
09:43 Nous accueillons deux auteurs formidables.
09:46 Marion Garnier, journaliste et rédactrice en chef de Non Élucidé.
09:50 Cyriel Adam, rédactrice en chef de Enquête Chrono.
09:54 Et auteure, toutes les deux, ou autrice comme on dit maintenant,
09:57 du livre "Cold Case" paru chez Larousse.
10:00 Bonjour à toutes les deux.
10:01 Bonjour.
10:02 Bonjour.
10:03 Tout d'abord, je voudrais vous demander quelle est la définition de ce qu'est un "cold case".
10:08 Alors littéralement, le "cold case", c'est un cas froid, un cas sur lequel on enquête plus fermé.
10:15 Mais en réalité, et heureusement, depuis des années, ce qu'on appelle "cold case",
10:20 ce sont de vieux dossiers qui ne sont pas résolus.
10:24 Dans notre livre, on parle de dix affaires, certaines sont résolues,
10:28 mais ont été longtemps des "cold case".
10:30 D'accord.
10:31 Alors, depuis quand les "cold case" font l'objet d'un traitement spécifique ?
10:36 Je crois que ça vient des Etats-Unis, c'est parti des Etats-Unis.
10:40 Et puis maintenant, on va y venir, on en parle en France aussi des "cold case".
10:45 Je ne sais pas si ça vient des Etats-Unis.
10:47 En France, on a depuis deux ans une structure judiciaire spécifique,
10:51 qui est le Pôle de Nanterre, qui s'appelle le Pôle.
10:54 En réalité, son vrai nom, c'est le Pôle des Affaires Non-Élucidées et des Crimes Sérielles.
11:00 Mais il y avait déjà, dans plusieurs régions, des services d'enquête spécialisés dans les vieux dossiers.
11:08 Il y avait déjà la cellule "cold case" à la gendarmerie, à la gendarmerie nationale.
11:14 Donc, ce n'est pas si récent que ça.
11:16 Ce qui est récent, c'est qu'en fait, on regroupe les affaires,
11:20 que les affaires qui sont en souffrance remontent,
11:24 qu'on ne dit plus "c'est terminé", et que ça permet un nouvel oeil.
11:29 Mais ce qui est intéressant, c'est que certains dossiers qui sont transmis au Pôle "cold case"
11:33 restent dans leurs services d'enquête initiaux.
11:37 Ce n'est pas forcément le service d'enquête qui est en panne.
11:40 Alors, dites-nous un peu plus sur ce service nouvellement créé il y a deux ans.
11:44 Oui, le Pôle de Nanterre s'est fondé il y a deux ans tout pile, en mars 2022.
11:47 Il y a 385 procédures en souffrance qui ont été portées à la connaissance du Pôle Crimes Sérielles ou Non-Élucidées en deux ans.
11:54 Ça concerne des affaires criminelles ou des disparitions qui datent de plus de 18 mois,
11:59 donc 18 mois après les faits.
12:01 Il y a trois juges d'instruction qui travaillent à temps plein au Pôle de Nanterre,
12:04 plutôt quatre, puisque Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux, a annoncé qu'il y a un quatrième juge d'instruction qui serait bientôt nommé.
12:09 Chaque juge se limite à peu près à 30 affaires.
12:11 On n'essaie pas trop de les surcharger non plus.
12:15 Il y a quelques avancées notables grâce à ce pôle qu'il faut quand même souligner.
12:18 C'est l'interdiction de détruire les scellés jusqu'à dix ans après la prescription des faits
12:22 et la mise en place également de l'étude de ce qu'ils appellent les parcours criminels.
12:26 On va s'intéresser à des tueurs en série, morts ou vivants.
12:30 Il peut s'agir de Michel Fourniret pour parler d'un tueur en série décédé,
12:33 de Nordal-le-Landais, qui est vivant.
12:34 On essaie de voir un peu quelles étaient leurs localisations à l'époque.
12:38 On renverse le processus pour vérifier s'il n'y a pas certains crimes non élucidés à l'époque
12:44 qui pourraient correspondre à la zone géographique de certains tueurs en série bien connus.
12:50 Il y a 88 dossiers qui sont en cours d'instruction dans l'un des trois cabinets du pôle.
12:55 17 sont en enquête préliminaire du parquet.
12:57 Et pour les 280 dossiers restants, le pôle s'est déclaré lui-même incompétent.
13:02 On estime qu'ils ne sont pas prioritaires.
13:03 Le plus vieux dossier qui est étudié actuellement, c'est l'affaire Méchineau.
13:10 C'est un couple en 1972, donc il y a plus de 50 ans.
13:14 Un couple et ses deux enfants, c'est une histoire incroyable,
13:16 qui passaient le réveillon de Noël chez des amis.
13:19 Ils ont disparu dans la nuit de Noël. Ils ne sont jamais rentrés chez eux en réalité.
13:23 Ils ont disparu. C'était à Cognac, en Charente.
13:25 Ils ne l'ont jamais été retrouvé.
13:27 Pour donner quelques chiffres pour compléter ce tableau,
13:29 plus de trois quarts des victimes dont les procédures en cours sont des femmes,
13:32 25% sont des mineurs, et dans 7 cas sur 10, les affaires sont des homicides,
13:36 le reste étant des enlèvements et des viols.
13:38 Ce sera peut-être pour le tome 2, Marion Garnier et Cyriel Adam.
13:43 À la lecture de votre livre, qui traite d'une dizaine d'affaires,
13:47 10 affaires criminelles qui ont marqué les esprits,
13:50 on est frappé par une thèse qui est intéressante.
13:54 C'est que souvent les cold cases, qui sont des affaires non résolues,
13:57 sont non résolues parce que l'on n'a pas supposé les bonnes questions au bon moment,
14:02 ou parce qu'on a été empêché d'enquêter dans la bonne direction.
14:06 Finalement, la vérité est souvent sous les yeux des enquêteurs,
14:09 mais ils ne la voient pas.
14:12 Cyriel ?
14:13 - Ça peut arriver, effectivement, dans le livre.
14:16 On a notamment une affaire qui est l'affaire du petit Jonathan Coulombe.
14:20 - On va y venir, justement. Vous me faites la transition.
14:22 - Qui, pour le coup, la vérité s'inscrit,
14:28 dès le départ des investigations, dans le dossier,
14:31 avec la venue de ces policiers allemands qui viennent donner...
14:35 - Alors justement, pour que nos auditeurs comprennent bien,
14:38 dans cette affaire Jonathan Coulombe,
14:40 est-ce qu'on peut tout simplement rappeler ce que c'était que cette affaire ?
14:44 - Jonathan Coulombe, c'est un petit garçon de 10 ans,
14:47 qui part en classe de mère, il vit à Horval dans le Cher,
14:51 il part découvrir la mer pour la première fois,
14:54 et au bout de quelques jours, il disparaît,
14:58 mystérieusement, dans la nuit.
15:00 C'est vraiment le cauchemar terrible de chaque parent.
15:03 - Oui.
15:04 - Au matin, au petit matin, il est introuvable.
15:07 L'enquête démarre très rapidement,
15:10 c'est-à-dire que directement, un gendarme de Saint-Nazaire arrive sur place,
15:14 font des investigations poussées,
15:16 il y a des recherches colossales qui sont menées tout de suite,
15:22 et surtout, il y a la venue de policiers allemands
15:25 qui viennent dire à nos gendarmes français,
15:29 "Ce mode opératoire, ce petit garçon qui disparaît dans un centre de vacances,
15:34 en pleine nuit, sans bruit, sans éveiller aucun soupçon,
15:37 nous, c'est quelque chose qu'on a déjà en Allemagne,
15:40 c'est arrivé à trois reprises,
15:42 des petits garçons qui ont disparu de camps de vacances en pleine nuit,
15:45 et qu'on a fini par retrouver morts plusieurs semaines plus tard."
15:48 - Et justement, voilà.
15:50 - Ce que je veux dire, c'est qu'au moment où les Allemands arrivent,
15:53 eux, ils sont en pleine enquête.
15:55 Ils cherchent ce tueur en série,
15:57 qui a enlevé et tué plusieurs petits garçons,
16:00 qui en a violé certains,
16:02 c'est toujours des petits garçons d'une dizaine d'années,
16:04 un peu plus ou un peu moins,
16:06 c'est très souvent, même la plupart du temps,
16:08 des enfants qui sont levés en pleine nuit dans des lieux de vie de communauté,
16:12 des pensionnats, des colonies,
16:14 même un mode opératoire particulier.
16:16 Et donc, eux, ils viennent et demandent à rentrer
16:19 dans le centre de vacances de Saint-Brévin-les-Pins.
16:22 - Oui, parce qu'il faut comprendre que pour eux,
16:24 c'est une scène de "crime" qui est toute fraîche.
16:27 - Oui.
16:28 - Donc pour eux, c'est...
16:29 - Et là, qu'est-ce qui se passe ?
16:30 Ils ne sont pas pris en considération par les services d'enquête français,
16:33 par les gendarmes ?
16:34 Qu'est-ce qui fait que ça coince à ce moment-là ?
16:37 - Moi, je pense que ça coince,
16:38 parce que les gendarmes, ils sont dans une effervescence,
16:41 parce que eux, ils arrivent très rapidement, les Allemands.
16:44 Sans doute à un moment où, en France,
16:46 on espère encore retrouver Jonathan vivant.
16:48 - Oui.
16:49 - Donc en fait, l'urgence,
16:50 c'est pas tellement d'aider les Allemands
16:52 sur une série de meurtres qu'ils ont,
16:53 je pense que c'est ça, c'est retrouver Jonathan.
16:55 Et puis, aussi, il y a cette effervescence,
17:00 mais il y a aussi, à cette époque en France,
17:03 l'idée que les tueurs en série, on en parle beaucoup...
17:06 - C'est un truc américain, mais...
17:08 - Quand on sait pas qui a commis un meurtre,
17:11 on a tendance à dire "c'est un tueur en série".
17:14 On n'est pas encore bien dans l'analyse des scènes de crime,
17:17 des modes opératoires.
17:19 Et puis, surtout, très vite, quand on va retrouver
17:24 le corps du petit Jonathan, il y a une erreur.
17:27 Mais on est aussi dans des années où la police technique
17:31 et scientifique et la médecine légale...
17:33 - Ne sont pas exactement comme aujourd'hui.
17:34 - ...n'étaient pas comme aujourd'hui.
17:35 Le médecin légiste fait une conclusion qui va fausser
17:39 et laisser les gendarmes dans cette idée
17:42 que ça ne peut pas être la piste allemande.
17:44 Il va dire que Jonathan est mort, sans doute, 15 jours,
17:48 c'est ça, 2-3 semaines après son enlèvement.
17:51 Donc, ils se disent, il a été enlevé,
17:54 il a été séquestré, il a été séquestré dans le coin.
17:58 Donc, c'est quelqu'un du coin.
17:59 Donc, ça ne peut pas être l'Allemand.
18:01 - D'accord.
18:02 - D'autant plus que Jonathan disparaît à Saint-Brévent-les-Pins,
18:04 il est retrouvé à Guérande.
18:06 - Oui.
18:07 - Donc, on a 30 kilomètres de différence.
18:11 - Et qu'est-ce qui va faire rebondir cette affaire ?
18:15 Et qu'on va se souvenir qu'il y avait les Allemands,
18:17 le tueur en série.
18:18 Et qu'est-ce qui va faire rebondir ce "cold case", justement ?
18:25 - En fait, c'est assez cruel, je trouve, pour la justice française.
18:28 Parce que quand les Allemands arrivent à identifier,
18:33 à arrêter ce qu'ils appellent le "Schwarzmann",
18:36 - Fabienne parle mieux allemand que moi -
18:38 l'homme en noir, parce que les enfants disaient...
18:41 Certains ont pu faire un portrait robot,
18:43 puisqu'en fait, ils relâchaient les enfants, en gros,
18:45 qui devaient tétaniser, qui faisaient pas de bruit.
18:47 Ceux qu'il a tués, c'est ceux qui se sont débattus,
18:50 qui ont crié, là, il a eu peur de se reprendre, donc il est tué.
18:52 Mais certains l'ont vu vivant,
18:54 donc ils ont décrit un homme en noir.
18:55 Quand ils ont réussi à arrêter l'homme en noir,
18:58 qu'on a appris que c'était Martin Ney,
19:01 ils lui ont posé des questions, à Jonathan, les Allemands.
19:04 Parce que les Allemands, eux, ils étaient...
19:06 - Et c'est lui qui a reconnu avoir tué à Saint-Brévent ?
19:09 - Non, non, non, il a pas reconnu.
19:11 - Et c'est pas la France, non plus, qui, à ce moment-là,
19:14 parce qu'à ce moment-là, je crois que les gendarmes
19:16 continuent de dire que c'est peut-être pas Martin Ney.
19:19 C'est en fait un co-détenu de Martin Ney
19:22 qui va aller dire en Allemagne...
19:25 Moi, Martin Ney m'a dit, c'est quand même bizarre
19:27 que j'ai pas été entendue sur l'histoire
19:29 d'un petit Français à Saint-Brévent-les-Pins,
19:32 parce que j'étais sur les lieux...
19:34 - Et voilà, et voilà, et comme ça,
19:36 et c'est ainsi que l'affaire a été hallucinée.
19:39 Dans un instant, on revient sur d'autres affaires de Colquez.
19:41 On va parler de l'affaire Colic,
19:43 et de l'affaire Sylvain Dittrich,
19:45 et bien d'autres.
19:46 A tout de suite sur Sud Radio.
19:48 - Sud Radio, l'heure libre, 10h11.
19:52 - De retour dans l'heure libre,
19:54 une heure d'analyse de faits divers,
19:56 de faits de société qui font l'actualité.
19:58 Nous sommes toujours en compagnie d'Alexandre Martinez,
20:01 de Victor Lefebvre, de Factuel.Médias,
20:03 et nous avons avec nous Marion Garnier et Cyriel Adam,
20:06 toutes deux auteurs d'un livre passionnant
20:08 sur les affaires non résolues,
20:10 "Cold Case", aux éditions La Rousse.
20:12 Il y a une affaire que vous évoquez
20:14 et dont j'aimerais vous reparler avec vous,
20:17 c'est l'affaire Sylvain Dittrich.
20:20 Alors pouvez-vous, brièvement, pour nos auditeurs,
20:23 Marion Garnier, nous rappeler les détails de cette affaire ?
20:27 - Alors pour le coup, l'affaire Sylvain Dittrich,
20:29 c'est un cold case qui a été résolu 25 ans après les faits.
20:32 Ça commence dans un petit bois,
20:34 à la périphérie de Belfort.
20:36 On retrouve le corps d'un jeune étudiant de 24 ans
20:39 qui s'appelle Sylvain Dittrich.
20:40 - C'est Stéphane, hein ? Parce que Sylvain c'est son frère.
20:42 - C'est Stéphane.
20:43 - C'est Stéphane.
20:44 - C'est Stéphane.
20:45 - Bon, Stéphane.
20:46 - Stéphane Dittrich, pardon.
20:47 C'est moi qui vous ai induit en erreur.
20:49 Vraiment, je vous présente les excuses.
20:51 - Son frère a une importance...
20:52 - Son frère a une importance très très grande.
20:55 On retrouve son corps lardé, coup de couteau.
20:59 Il s'est pris 11 coups de couteau.
21:00 C'est un meurtre extrêmement violent.
21:02 Il est à moitié dénudé.
21:04 Et la dernière personne qui l'a vu vivant,
21:08 c'est un de ses amis qui s'appelle Christophe Blinck,
21:11 qui est venu la veille le chercher chez ses parents.
21:13 Ils doivent préparer ce soir-là un départ en vacances dans le sud de la France.
21:18 Et le jeune étudiant est parti en disant "je reviens dans un quart d'heure".
21:21 Il n'est pas revenu, donc évidemment les enquêteurs vont voir ce copain.
21:25 C'est le dernier toujours qu'on va voir.
21:27 Et ils lui disent "on s'est vus et il m'a demandé de le déposer à la fête foraine".
21:33 La famille ne croit pas du tout parce que c'est un garçon,
21:36 c'est un étudiant assez, j'allais dire maniaque, mais c'est pas négatif,
21:39 très organisé.
21:40 Donc ils disent, on connaît ses proches à des détails parfois étonnants,
21:44 ils disent "impossible, il pleuvait, il ne serait pas sorti sans son parapluie,
21:47 ni en short, c'est impossible".
21:49 Les enquêteurs cherchent, le copain reste sur cette affaire-là,
21:54 et ils l'entendent et ils n'arrivent pas à lui faire dire autre chose.
21:58 Et comme dans un film, arrive à ce moment-là une autre piste.
22:01 Et c'est à ce moment-là que l'enquête part sur une mauvaise voie,
22:05 mais là c'est un coup de pas de chance.
22:07 Il y a une femme qui fait un appel anonyme en disant "moi je sais,
22:10 l'affaire du meurtre dans le petit bois, c'est partie du foraterie,
22:13 le lieu de la fête foraine".
22:15 Donc ils mettent un temps fou à rechercher ces forains,
22:18 parce que toutes les enquêtes dans le monde des forains c'est très long,
22:20 ils les identifient, ils tombent, la femme dénonce
22:24 quelqu'un qui tient un stand de loterie et son employé,
22:27 ils finissent par les localiser dans une autre ville où ils sont,
22:30 et le forain vient de se suicider en laissant un mot
22:34 "désolé pour la grosse connerie que j'ai faite".
22:38 Donc évidemment, tout le monde se dit "est-ce que c'est la mort de Dietrich ?"
22:43 Et quand même les enquêteurs continuent,
22:49 il y a une autre piste totalement rocambelaise sur quelqu'un
22:52 qui ressemble un peu à la victime qui dit "on a voulu me tuer moi",
22:55 et puis au bout d'un moment, la justice s'annonce vaincue
22:59 et clôture le dossier.
23:00 - 15 ans après.
23:01 - Voilà, 15 ans après les faits,
23:03 plus aucune investigation.
23:05 - Erreur d'ailleurs.
23:07 - Erreur, mais deux ans plus tard, finalement on rouvre le dossier.
23:11 - En fait le frère né Seba, Seba médiatise,
23:15 il fait des galas pour obtenir de l'argent.
23:17 - Oui, comme parfois les médias peuvent être un recours
23:20 pour qu'une affaire ne soit pas enterrée si on ose dire.
23:23 - Bien sûr, il médiatise l'affaire et il fait notamment
23:26 l'affaire dans laquelle on travaille,
23:29 on consacre un documentaire à l'affaire non élucidée.
23:33 - Oui.
23:34 - Peu de temps après...
23:35 - Vous prépariez ça pour quelle chaîne, pardon ?
23:37 - France 2.
23:39 - France 2, d'accord.
23:40 - C'était sur France 2 l'affaire, après.
23:41 - D'accord, ouais.
23:42 - Et il y a des nouveaux témoignages qui arrivent,
23:45 l'affaire est rouverte, je vous le dis rapidement,
23:48 il faudra lire le livre, mais l'affaire est rouverte
23:51 et quelqu'un fait le lien grâce à un document
23:55 que distribue le frère sans arrêt,
23:57 des années après, il passe son temps à faire des galas,
23:59 à distribuer si vous avez un témoignage et tout ça,
24:02 quelqu'un fait le lien entre ce document
24:05 et une émission de télé qu'il a vue, non élucidée,
24:07 et il dit "mais c'est vrai, il parle,
24:10 il dit qu'il était ami avec un pion,
24:13 et moi c'est vrai, quand j'étais jeune,
24:15 il y avait un pion qui m'avait dit
24:16 "mais t'accepterais de tuer quelqu'un pour moi ?"
24:18 - Ah oui !
24:19 - Il s'était jeune, il savait pas trop
24:21 quelle était la part du vrai et du faux,
24:23 et là il se dit "ben c'est peut-être vrai",
24:25 il va voir les enquêteurs,
24:27 le copain Christophe Blain,
24:29 on est quasiment 20 ans après les faits,
24:31 - Ils ont vieilli tous ces gens, bien sûr.
24:33 - Il est réentendu, et il craque assez vite en fait,
24:36 quand on le confronte à ses nouveaux témoins,
24:39 et il craque assez vite,
24:41 et moi l'impression que j'ai, c'est que je pense qu'en fait,
24:44 il aurait mieux fait d'avouer tout de suite,
24:46 parce qu'il a dû avoir une vie épouvantable,
24:48 rongé par la culpabilité,
24:50 il a déménagé très vite,
24:52 il paraît, tout le monde s'est étonné,
24:53 j'ai perdu 10 kilos en deux mois.
24:55 - Et quels étaient les mobiles de cet assassinat ?
24:58 - Alors, le...
25:00 - Qu'est-ce qu'il va reconnaître, précisément ?
25:03 - Lui, ce que dit Christophe Blain,
25:05 il dit qu'il avait eu des relations sexuelles
25:08 avec Stéphane Dietrich,
25:11 que Stéphane Dietrich voulait continuer ses relations sexuelles,
25:15 que lui ne voulait pas, et qu'il subissait un harcèlement
25:18 de sa part.
25:22 Le procès, il est resté là-dessus,
25:24 la famille... Rien ne... Il n'y a rien qui prouve ça.
25:27 Personne dans l'entourage ne sait si effectivement
25:30 ils avaient une relation autre qu'une relation amicale.
25:33 - Mais est-ce que vous pensez que dans la famille de la victime,
25:37 on n'avait pas envie vraiment d'aller explorer
25:40 du côté de la vie sentimentale de ce garçon,
25:42 et que peut-être ça a un petit peu influencé
25:45 le cours de l'enquête ?
25:48 - Je pense que c'est terrible, parce qu'en l'occurrence,
25:50 on voit combien les parties civiles peuvent être essentielles,
25:54 mais en fait il ne faut pas que les enquêteurs écoutent trop les familles non plus.
25:57 Parce que dans chaque enquête,
26:00 tous, il nous arrive n'importe quoi,
26:03 il y a sûrement des parts d'ombre, des choses que les gens vont découvrir,
26:06 notre entourage, des anecdotes qui vont être très importantes
26:09 pour l'enquête dont personne n'a entendu parler,
26:12 il ne faut pas que les enquêteurs écoutent trop les proches.
26:16 Et oui, et les proches disaient non, Stéphane,
26:19 il n'est pas homosexuel,
26:22 il construit sa vie, il fait ses études,
26:25 il faisait des études brillantes, et il verra pour sa vie amoureuse après.
26:28 Je ne sais pas si c'est vrai qu'ils avaient des relations sexuelles,
26:32 en tout cas ce qui est sûr, c'est qu'il s'est noué entre ces deux garçons,
26:35 autre chose que...
26:38 il y a un mobile, et le mobile est personnel,
26:41 de quel ordre est-il ? Voilà.
26:44 - Mais ça montre qu'effectivement, plus de 20 ans après,
26:47 grâce à votre documentaire et aussi grâce à l'activisme du frère de Stéphane,
26:51 un signalement a été rendu possible, et qui a rendu possible la résolution
26:54 de cette affaire, comme quoi il ne faut jamais...
26:57 - Mais il y a quelques affaires qui ont rebondi grâce à la médiatisation,
27:01 on l'a vu avec l'affaire Moritz dans le Nord,
27:04 cet artificier qui avait été retrouvé tué.
27:07 - En fait, ce qui est très important,
27:10 c'est que même les vieilles affaires, il peut toujours y avoir
27:13 de nouveaux témoignages. Là, en l'occurrence sur Dietrich,
27:16 ça semble énorme, on se dit "comment lui, il n'a pas pensé à les dire, mon pion ?"
27:19 Il n'avait pas fait le lien entre l'affaire.
27:22 Il peut toujours y avoir des témoignages très importants qui arrivent.
27:25 C'est pour ça que c'est important de jamais clôturer les dossiers.
27:28 Parce que quand un dossier est clôturé, avant de pouvoir traiter
27:31 les nouveaux témoignages, il faut obtenir la réouverture du dossier.
27:34 Et la réouverture d'une information judiciaire.
27:37 Et tout ça, ça prend du temps. - Comment ça s'obtient d'ailleurs ?
27:40 Il faut demander à la justice de réouvrir,
27:44 ça demande des examens de professionnels, de magistrats.
27:47 C'est un combat, j'imagine, qui est très compliqué.
27:50 C'est un combat dans lequel on a intérêt à être très bien accompagnés d'avocats.
27:55 Ce sont souvent des familles qui ont des avocats pendant des années,
27:59 y compris quand les procédures sont fermées, et qui passent leur temps
28:02 à demander des choses, à essayer de trouver comment faire couvrir le dossier,
28:07 à demander des actes. C'est un combat.
28:10 D'ailleurs, vous le rappelez à la fin de votre livre, vous militez justement
28:13 pour le fait qu'il y ait des actes d'enquête régulièrement.
28:16 Ça permet de repousser la prescription des faits.
28:19 Ça paraît bête, mais c'est quand même très important dans un acte judiciaire.
28:22 - Oui, et ne jamais faire en sorte que ce soit des actes nouveaux,
28:28 ça permet de reculer la date de clôture à chaque fois.
28:32 - Et puis un acte nouveau, c'est pas forcément qu'en chaud,
28:35 c'est peut-être juste un PV qu'on inscrit au dossier,
28:38 qui peut faire un état des lieux de là où en est le dossier,
28:41 mais qui permet de faire s'éloigner cette prescription.
28:46 - En fait, la prescription court à partir du dernier acte d'enquête.
28:50 - Et c'est 10 ans, c'est ça, pour un crime ?
28:52 - Tant qu'on est en mouvement, il n'y a pas de prescription.
28:55 - D'accord. Donc, par exemple, pour un crime, je crois que c'est 10 ans après ?
29:00 - C'est 20 ans maintenant. - Ah, 20 ans après, d'accord.
29:03 - J'espère que... - Bon. De toute façon, si c'est 10 ou 20 ans,
29:07 c'est déjà des délais très longs, mais la recommandation,
29:10 et c'est très intéressant dans votre livre, c'est qu'à chaque fois
29:13 que l'on peut trouver l'occasion d'un petit complément d'enquête,
29:17 c'est reculer d'autant la fermeture de cette affaire
29:22 et donc espérer avoir des éléments nouveaux.
29:26 - Et puis le dossier qui n'est pas fermé, c'est aussi un dossier
29:29 qui n'est pas dans les grèves des tribunaux,
29:32 c'est aussi un dossier que le service d'enquête est obligé de garder physiquement.
29:35 Donc c'est aussi souvent, on l'a vu aussi, des dossiers où quand un jeune enquêteur
29:39 arrive dans un service, on lui dit "ben tiens, relis le dossier, machin,
29:42 tu diras s'il t'a une idée". Donc c'est important que ces dossiers-là
29:45 ne soient pas fermés, puisque chaque nouvel oeil peut apporter quelque chose.
29:50 - Ça c'est très important, la lecture, la relecture d'un dossier.
29:55 C'est-à-dire qu'on n'imagine pas extérieurement que des enquêteurs,
29:59 en fait, sont tellement collés parfois à la réalité de leur enquête
30:03 qu'ils oublient, qu'ils ne voient pas certaines choses que d'autres témoins extérieurs
30:09 pourraient noter, trouver surprenants, etc.
30:12 C'est très important la relecture d'une affaire par une tierce enquêteur.
30:18 - C'est d'autant plus important que les membres des services d'enquête,
30:23 police ou gendarmerie, changent régulièrement de poste,
30:26 que les magistrats, instructeurs, changent aussi de poste.
30:29 Donc, en fait, parfois il y a des affaires où on sent que les enquêteurs
30:33 ont le sentiment de toucher la vérité, mais il va y avoir un autre juge d'instruction
30:38 ou alors on va les désaisir au profit soit de la gendarmerie s'ils sont policiers, soit...
30:43 Donc, en fait, c'est important tout le temps de relire qu'il y ait quelqu'un qui ait une vision.
30:48 - Ça, c'est quelque chose de préjudiciable, souvent aussi, curieusement.
30:52 Parfois, quand un dossier change de juge d'instruction,
30:58 parfois on oublie...
31:01 Alors, ça peut être intéressant s'il a de nouvelles convictions,
31:05 mais à côté de ça, ça peut être aussi terrible pour un dossier
31:08 parce qu'on oublie le fil conducteur que poursuivait ce magistrat.
31:12 Donc, c'est à double tranchant, Cyrielle.
31:14 - Oui, et c'est là, justement, l'importance d'avoir un bon avocat pénaliste
31:18 qui va accompagner les familles, qui, lui, a cette connaissance du dossier
31:21 et qui, selon les enquêteurs, selon les changements de magistrats,
31:25 va pouvoir dire "il y a encore cette analyse à faire, cette expertise,
31:29 ce complément d'information, c'est crucial pour la vérité".
31:32 - Par exemple, pour prendre le cas peut-être le plus connu,
31:35 le fait divers, le plus emblématique des 20 dernières années en France,
31:38 Xavier Dupont-Ligonnès, la prescription est à chaque fois remise à zéro.
31:42 À chaque fois qu'il y a une perquisition, par exemple, il y a des ABIs
31:44 qui avaient été perquisitionnées il y a quelques années,
31:46 on repart à chaque fois à zéro.
31:48 Je crois que la prescription est de 25 ou 30 ans,
31:50 dans le cadre d'un double homicide, puisque c'est le principal...
31:53 - C'est la même durée qu'il y ait un meurtre ou dix.
31:59 - D'accord. - Donc à chaque fois c'est renouvelé,
32:01 ce qui fait que si un jour Xavier Dupont-Ligonnès était retrouvé,
32:05 il pourrait être jugé et ne pas être prescrit.
32:09 - Pardonnez-moi, mais dans un instant vous allez nous rappeler
32:12 qu'il y a eu un élément nouveau.
32:14 Il y a quelque chose que l'on n'a pas dit la dernière fois sur Sud Radio
32:17 à propos de l'affaire Dupont-Ligonnès.
32:19 C'est qu'en fait on pense... Ah, j'en dis pas plus,
32:21 on se retrouve tout de suite sur Sud Radio avec nos auteurs.
32:24 Toujours en compagnie de Victor Lefèvre,
32:32 d'Alexandre Martinez de Factuel.Média,
32:35 et avec nous, deux journalistes spécialisés dans le fait d'hiver,
32:38 Marion Garnier et Cyriel Adam, auteurs du livre "Cold Case"
32:41 paru chez Larousse.
32:43 Juste avant la coupure, on parlait d'affaires non résolues, évidemment,
32:47 et je faisais une petite incidente sur l'affaire Dupont-Ligonnès
32:52 parce qu'on dit toujours que la dernière image de Xavier Dupont-Ligonnès
32:56 c'est Roquebrune-sur-Argence, où on le voit sur le parking
33:00 et qui part vers les montagnes.
33:03 Et bien en fait, pas tout à fait.
33:05 - Alors c'est la dernière image sûre et certaine de lui,
33:08 effectivement, à Roquebrune-sur-Argence.
33:10 Mais le dernier signalement, c'est ce qu'avait révélé l'enquête de Société à l'époque,
33:13 qui a été pris au sérieux par les autorités, c'est le 26 avril 2011,
33:16 à Lançon-Provence.
33:18 Et là, c'est en pleine nuit, à la station Total, après le péage de Lançon.
33:21 C'est un homme qui correspond aux caractéristiques physiques de Dupont-Ligonnès.
33:25 Alors on n'est pas sûr à 100% que ce soit lui,
33:27 mais il y a quand même un détail qui trouble les enquêteurs.
33:29 - Très troublant.
33:30 - C'est qu'il lui manque une dent.
33:31 Et c'était quelque chose qui n'avait jamais été révélé dans la presse.
33:34 Donc en fait, la femme qui aperçoit l'homme présumé être Xavier Dupont-Ligonnès
33:38 dit "Voilà, il y a un homme qui lui manque une dent".
33:40 Et les images de vidéosurveillance confirment une ressemblance frappante
33:43 avec effectivement Dupont-Ligonnès.
33:46 Il est pris en stop à 3h du matin par une Volkswagen Combi.
33:49 Et alors là où ça devient effectivement assez dingue,
33:51 c'est que le conducteur qui a été retrouvé par la police
33:53 était peut-être le seul homme en France à l'époque, en 2011,
33:55 à ne pas avoir entendu parler de l'affaire.
33:57 Donc il le prend en stop, mais il ne le reconnaît pas.
33:59 Il pense que c'est un autostopper lambda.
34:01 Et il dépose le présumé ou le pseudo Xavier Dupont-Ligonnès
34:05 à la gare d'Aix-en-Provence.
34:07 Et là, il est filmé sur le parvis de la gare à 6h du matin.
34:10 Et à 7h du matin, il achète un billet à 1,20€, destination libre.
34:14 Et là, on ne sait pas ce que devient cet homme.
34:16 - Quel mystère ! - C'est Xavier Dupont-Ligonnès.
34:18 - Quel mystère !
34:20 Nous parlons de Colt Case.
34:22 Et je le disais, votre livre absolument formidable
34:26 revient sur une affaire passionnante
34:28 qui est l'affaire Culic.
34:29 C'est une affaire sordide.
34:31 On a oublié ce crime qui était vraiment atroce.
34:35 Cette jeune femme retrouvée violée, brûlée.
34:38 Rappelez-nous, Marion Garnier ou Cyrielle Adam,
34:41 déjà le contexte.
34:44 - Élodie Culic, c'est une jeune femme de 24 ans
34:47 qui est retrouvée morte
34:51 dans une décharge agricole.
34:55 On se rend compte qu'elle a été étranglée, qu'elle a été brûlée.
34:58 Et dès le départ, l'enquête a un élément crucial
35:03 qui est un enregistrement
35:07 de l'appel téléphonique qu'Élodie a passé
35:09 vers le centre d'appel des pompiers
35:11 au moment de son meurtre.
35:13 Donc on a 26 secondes
35:15 qui montrent tout le calvaire que cette jeune femme a vécu.
35:18 Et sur lequel, derrière les cris d'Élodie Culic,
35:24 on entend la voix de ses agresseurs.
35:27 - On entend des voix d'hommes.
35:29 - Oui, tout à fait.
35:31 - Avec des accents picards.
35:33 - Avec des accents picards, voilà.
35:35 - Alors cette enquête, elle va piétiner.
35:37 - Elle va piétiner.
35:39 Pourtant, il y a cet enregistrement
35:41 qui donne une information cruciale,
35:43 à savoir il y a au moins deux auteurs
35:45 du coin, puisqu'ils ont un accent picard.
35:48 Et l'autre élément très important,
35:51 c'est qu'à côté du corps d'Élodie Culic,
35:54 sur la scène de découverte du corps,
35:56 sur la scène de crime,
35:58 on retrouve un préservatif.
36:00 Avec un préservatif usagé,
36:02 on peut extraire de l'ADN de ce préservatif
36:06 le même ADN que celui qui est retrouvé
36:08 dans le corps d'Élodie.
36:09 Donc il n'y a aucun doute que le violeur
36:11 a utilisé un préservatif et a oublié
36:13 le préservatif sur la scène de crime.
36:15 Avec ces deux indices,
36:17 c'est vrai qu'au départ,
36:19 ils pensent, et les parents d'Élodie Culic
36:22 qui sont formidables, s'attachent,
36:24 s'accrochent à ça.
36:26 On va trouver le papa aux obsèques,
36:29 on va trouver tes assassins.
36:32 Et en fait, ça piétine.
36:34 - Ça ne marche pas parce qu'on ne trouve pas
36:37 la trace de celui qui a laissé des empreintes.
36:42 - L'ADN n'est pas rentré au FNAEG.
36:45 - Ça piétine. Là, honnêtement, dans cette affaire,
36:48 c'est la SR, les gendarmes de Damien,
36:51 qui font un boulot formidable.
36:53 Parfois, il y a un peu de malchance
36:55 aussi dans les enquêtes.
36:57 Ils recueillent plein de témoignages,
37:00 ils font plein de choses.
37:02 Il se trouve, c'est peut-être...
37:04 Il y a deux autres meurtres de jeunes femmes
37:06 peu de temps après dans la région.
37:08 Donc, ils enquêtent aussi beaucoup là-dessus
37:10 pour identifier l'auteur qui va être identifié,
37:13 mais il ne peut pas avoir tué Élodie
37:15 puisqu'il était au moment en prison,
37:16 donc il a un alibi en béton, comme on dit.
37:18 Le temps passe,
37:20 et c'est vrai que les choses n'avancent pas.
37:22 Et le père d'Élodie Culic,
37:24 qui est seul, puisque la maman fait une tentative de suicide
37:28 peu de temps après le meurtre de sa fille,
37:32 va médiatiser aussi l'affaire.
37:34 Et il va même proposer une récompense
37:38 pour avoir des témoignages.
37:40 Bon, ça ne donnera rien,
37:41 mais cette médiatisation,
37:43 je ne sais pas si c'est que ça,
37:45 mais il n'a jamais été question
37:47 de fermer le dossier d'Élodie Culic.
37:49 Et ils ont cherché, cherché, cherché
37:52 jusqu'au dernier rebondissement
37:54 qui arrive de la gendarmerie.
37:57 - Oui, dix ans plus tard.
37:59 - Alors c'est ça, rebondissement,
38:00 dix ans plus tard,
38:02 on a la trace,
38:04 on retrouve la trace de l'assassin,
38:08 donc cette fois-ci l'analyse génétique match,
38:12 mais les enquêteurs appellent les parents
38:15 et ils disent cette phrase,
38:17 "on a une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer".
38:19 - Oui, et c'est au départ,
38:21 ils ont l'ADN parce que
38:23 c'est un gendarme de la SR d'Amiens
38:25 qui a été en poste, en stage à Quantico,
38:29 le centre de formation du FBI,
38:31 et qui revient en disant,
38:32 "mais pourquoi on ne fait pas un ADN en parentèle ?
38:34 Un peu de, si ce n'est toi, c'est donc ton frère,
38:36 donc on n'a pas l'ADN direct,
38:39 mais peut-être que dans le fichier,
38:41 il y a un ADN très approchant de quelqu'un de la famille".
38:44 Et là, bingo, ils trouvent quelqu'un,
38:46 un homme, ils se disent, c'est peut-être son fils,
38:48 ils exhument, ils font les,
38:50 et c'est lui, c'est le violeur d'Hélodie-Culic.
38:52 Mais la mauvaise nouvelle,
38:54 c'est qu'il est mort.
38:55 Il est mort dans un accident de voiture
38:57 un an après le meurtre.
38:59 Et là, tout l'enjeu,
39:02 et c'est rarissime,
39:04 c'est-à-dire qu'on est quand même longtemps après les faits,
39:06 c'est de dire, mais avec qui cet homme ?
39:08 - Oui, c'est d'essayer de retrouver le complice.
39:10 - Voilà, retrouver le complice.
39:12 - Ce qu'il y avait, je rappelle, pour nos auditeurs,
39:14 il y avait deux voix masculines au moment.
39:16 - Au moins deux voix.
39:18 - Et là, c'est un travail,
39:20 c'est vraiment le travail de proximité.
39:22 Alors, Grégoire Hiviard, il passait ses soirées avec qui ?
39:24 C'est qui ? Il faisait quoi ?
39:26 Il était inscrit dans un centre de 4/4 ?
39:28 Il aimait bien les soirées entre potes
39:30 alcoolisés ? Enfin voilà.
39:32 Ils font tout un truc et ils tombent sur un type
39:34 qui s'appelle Willy Bardon,
39:36 et ils se disent,
39:38 Willy Bardon,
39:40 il sent bon, quoi.
39:42 Donc ils mettent en garde à vue
39:44 Willy Bardon et six autres personnes
39:46 du même coin
39:48 qui connaissaient Grégoire Hiviard
39:50 et qui connaissent Willy Bardon.
39:52 Pendant cette garde à vue,
39:54 ils font écouter les enregistrements,
39:56 l'enregistrement, l'appel au secours,
39:58 et parmi les gardés à vue,
40:00 cinq disent, c'est la voix de Willy.
40:02 Il faut préciser quand même,
40:04 pour être totalement honnête,
40:06 c'est que sur cet enregistrement,
40:08 on n'entend pas ce qui est dit.
40:10 On entend Elodie hurler,
40:12 on entend un au secours,
40:14 on entend un au secours,
40:16 on entend pas trop,
40:18 et derrière, on peut entendre un petit mot,
40:20 on entend qu'il y a deux voix et qu'il y a un accent picard.
40:22 - C'est pas facile, vous voulez dire,
40:24 de dédontifier les voix.
40:26 - C'est pas facile, et honnêtement,
40:28 l'analyse vocale, c'est pas une science exacte.
40:30 Et Willy Bardon,
40:32 qui est quand même,
40:34 il est quand même certain
40:36 qu'il passait ses vacances,
40:38 ses soirées avec Grégoire Hiviard,
40:40 que c'est le style de gars
40:42 un petit peu violent
40:44 avec les femmes,
40:46 que certaines témoignent que c'est déjà
40:48 amusé à les poursuivre en voiture,
40:50 sur la route,
40:52 où Elodie a été
40:54 au début agressée, ils ont provoqué
40:56 son accident, ils l'ont enlevé, puis ils l'ont emmené sur la décharge.
40:58 Donc il y a beaucoup d'éléments,
41:00 il a toujours clamé son innocence, mais il y a beaucoup
41:02 d'éléments qui amènent jusqu'à Willy Bardon,
41:04 jusqu'au procès de Willy Bardon,
41:06 et jusqu'à la condamnation
41:08 de Willy Bardon. - Ah oui, il a été condamné.
41:10 - Il a été condamné.
41:12 - Et Elodie Kulik était
41:14 une jeune femme brillante,
41:16 une avocate, c'est ça, brillante.
41:18 - Elle dirige une agence bancaire, c'était la plus jeune
41:20 directrice d'agence bancaire en France,
41:22 en 2002. - Et les conditions
41:24 de sa mort sont terribles, puisque vous parliez de cet appel,
41:26 elle savait, elle pressentait, du coup,
41:28 elle voyait ses hommes fondre sur elle,
41:30 et elle
41:32 pressentait leurs intentions meurtrières.
41:34 - Honnêtement, c'est une scène de film
41:36 d'horreur, quand on imagine, c'est-à-dire qu'elle doit être
41:38 là, elle rentre d'une soirée avec un copain,
41:40 elle sort d'un resto chinois, elle rentre chez elle à Péronne,
41:42 elle est sur sa départementale
41:44 dans la nuit, c'est...
41:46 une grosse voiture arrive, elle lui fait des embardés,
41:48 des queues de poissons, des trucs,
41:50 elle, elle fait une embardée, elle part,
41:52 et là, dans le champ, c'est là qu'elle appelle
41:54 au secours, elle voit les silhouettes
41:56 arriver, et après, bon, après,
41:58 il la transporte, après, c'est affreux.
42:00 Et cette affaire, c'est l'horreur
42:02 des faits que je pense qu'a mobilisé
42:04 beaucoup, mais c'est aussi la personnalité
42:06 du père, le père qui est quelqu'un
42:08 avec une force vitale, tous ceux qu'on rencontrait,
42:10 Jacqui Culli, qui sont une force
42:12 vitale incroyable, parce que cet homme, il a
42:14 vécu l'enfer à de multiples reprises
42:16 dans sa vie, avant la naissance d'Élodie,
42:18 il avait eu un accident de voiture,
42:20 et les deux premiers enfants de 5 et 6
42:22 ans étaient morts. Donc c'était terrible.
42:24 Et c'est son combat, la
42:26 vérité. Et il l'a mené.
42:28 - Tragédie familiale absolument terrible.
42:30 Merci Marion Garnier, merci
42:32 Cyriel Adam d'être venu nous parler
42:34 de votre livre "Colcaise"
42:36 aux éditions Larousse.
42:38 Alors vous pouvez retrouver notre émission sur la chaîne
42:40 YouTube de Sud Radio. Et à ce propos,
42:42 Sud Radio bat encore des records.
42:44 Vous êtes désormais 900 000 à être
42:46 abonnés à la chaîne YouTube de Sud Radio.
42:48 Merci 900 000 fois.
42:50 La semaine prochaine, on se retrouve
42:52 samedi 10h pour une nouvelle heure libre. Tout de suite,
42:54 bientôt 11h, c'est "On parle auto"
42:56 avec Jean-Luc Moreau et Laurence Perrault. La fin
42:58 de la vignette verte sur vos pare-brise, c'est
43:00 à partir de lundi 1er avril, et
43:02 ce n'est pas un poisson d'avril. A tout de suite,
43:04 on parle de tout cela dans "On parle auto"
43:06 justement sur Sud Radio.