• il y a 9 mois
Philippe d’Orange fait revivre, à travers un très bel album, l’œuvre considérable de son père, Alain d’Orange. Illustrateur virtuose et populaire, Alain d’Orange a créé les récits en bande dessinées de livres pour la jeunesse : Cœurs vaillants, La semaine de Suzette, Fripounet et Marisette, Bayard, le Prince Eric et beaucoup d’autres. Aujourd’hui encore, l’esthétisme et l’élégance de l’œuvre d’Alain d’Orange, couplés à une volonté de défendre le Beau et le Vrai, font le succès d’ouvrages très largement réédités.
A travers l’album du centenaire de la mort de son père, Philippe d’Orange nous fait découvrir de multiples autres facettes du peintre et illustrateur notamment sa passion de l’Histoire de l’Europe ou de l’histoire de France à travers Napoléon, par exemple.
Vous aussi, partez à la redécouverte de cet artiste hors norme par la profusion de son travail et son acharnement à promouvoir la beauté de nos traditions.

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Transcription
00:00 Alors, il y a tout d'abord des enfants qui défendent avec passion l'œuvre de leur père,
00:10 Alain Dorange. Il y a ensuite le franc succès d'une exposition consacrée à ce même Alain
00:16 Dorange à Paris. C'était il y a peu, en octobre dernier. Et puis, il y a un ouvrage de dessin pour
00:23 retracer l'ensemble de l'œuvre d'Alain Dorange pour la découvrir ou mieux la connaître et donc
00:29 pour mieux la voir ensemble, j'ai demandé à son fils Philippe Dorange de venir défendre son père.
00:36 Bonjour monsieur. Merci de votre accueil. Alors, Philippe Dorange, vous êtes venu avec votre
00:41 soeur Hélène, il manque Françoise, vous êtes trois enfants, à faire chercher, à faire mieux
00:46 connaître, à faire revivre, redécouvrir l'œuvre de votre père Alain Dorange et vous consacrez
00:52 donc un ouvrage somptueux à l'ensemble de son œuvre et à son grand talent. Mais pourquoi avoir attendu
00:59 quelques années après sa mort, c'est-à-dire au moins cinq ans après 2017, pour se lancer dans
01:04 une telle opération ? Alors, pour une raison très simple, c'est que nous avons dû faire la récollection
01:12 de l'ensemble des originaux qui étaient encore en possession de notre père. Et nous avons véritablement
01:20 découvert son œuvre à ce moment-là, parce que, étant jeunes, à la maison, nous n'avions pas la
01:27 possibilité véritable de lire des bandes dessinées et par conséquent, nous ne connaissions pas
01:35 l'immensité de cette œuvre. Immensité qui nous est apparue assez vite, lorsque nous avons découvert
01:40 qu'un certain nombre de journalistes spécialisés avaient écrit des articles après sa mort,
01:45 le qualifiant comme probablement l'illustrateur le plus prolixe de sa génération. Et donc,
01:53 nous avions toujours eu l'intention d'essayer de faire revivre l'œuvre de nos pères, mais sans
01:59 en connaître l'importance. Parce que de 1949, date à laquelle il est rentré d'Indochine, jusqu'en 2007,
02:09 il n'a pas arrêté de travailler tous les jours, tous les jours, tous les jours, y compris le
02:14 samedi et le dimanche et y compris pendant les vacances. - Alors, qui est Alain Dorange ? C'est un
02:20 peintre, c'est un illustrateur, c'est un auteur de bandes dessinées. Comment vous le qualifieriez
02:28 pour quelqu'un qui découvre, comme moi, encore que ce ne soit pas totalement exact, l'œuvre
02:33 d'Alain Dorange ? - Alors, c'est d'abord quelqu'un qui est né dans une famille de sept frères et
02:43 sœurs, catholiques, et c'est quelqu'un qu'on peut qualifier d'illustrateur. Mais à côté des
02:54 illustrations qu'il a fait pour un certain nombre d'organes de presse de l'époque, et notamment des
03:00 organes destinés à la jeunesse, que ce soit Fleurus, Bayard, J2 Magazine, J2 Jeunes, etc. - Les
03:08 grands éditeurs de presse. - Friton et Marisette. Il a toujours, à côté, dessiné, soit pour illustrer
03:16 des livres, également des livres pour la jeunesse, Bibliothèque Rourose, Bibliothèque Verte, ou des
03:22 livres destinés au scout, mais également des dessins pour lui-même. Et un certain nombre
03:28 d'œuvres qu'il a non seulement dessinées, mais qu'il a écrites lui-même. Et beaucoup d'œuvres
03:34 non publiées. - Alain Daurange est ce qu'on pourrait appeler un enfant de la guerre. Quelques
03:40 dessins d'ailleurs subsistent. On les découvre de son adolescence, précédant donc la période 1940-1944.
03:47 Et puis, autre élément, il est membre d'une très importante fratrie. - Absolument. Absolument. D'une
03:54 très importante fratrie qui lui a probablement donné le goût de dessiner pour la jeunesse. Et
04:03 de dessiner pour la jeunesse à une époque. C'est aussi un témoignage de l'époque. Et sans aucunement
04:11 prendre, bien sûr, position sur ce qui peut se passer aujourd'hui. C'était une époque où, j'allais
04:18 dire du moyen très simpliste, un garçon était un garçon, une petite fille était une petite fille.
04:23 Et il les dessinait en tant que telle. Il a toujours dessiné la réalité telle qu'il la voyait, et
04:31 telle qu'elle était à son époque. De la même manière que lorsqu'il a dessiné d'autres choses
04:35 que des bandes dessinées, et notamment un Napoléon avec Lucien Belli, il a voulu montrer la réalité
04:43 des choses. Il a montré la fatigue des maréchaux au bout d'un certain temps pour repartir. Il a
04:51 montré l'horreur de la guerre ensuite dans un autre ouvrage, qui est un ouvrage sur 14-18, où il a
04:59 montré véritablement ce qu'était la guerre. Autrement dit, il ne voulait pas déroger à la
05:06 vérité, ni de l'histoire, ni des choses telles qu'elles étaient. Il ne voulait pas les déguiser.
05:11 Alors après la guerre, il se lance dans la vie active. Après s'être engagé en Indochine,
05:17 vous l'avez indiqué il y a quelques instants, pour l'Indochine. Ses goûts, alors, sont le dessin,
05:23 l'illustration, mais pour arriver à ce rôle d'illustrateur, si vous me permettez l'expression,
05:27 ce n'est pas du tout cuit. Pardon ? Je dis pour arriver à ce rôle d'illustrateur,
05:31 si vous me permettez l'expression, ce n'est pas du tout cuit. Ce n'est pas si simple que ça.
05:34 Non, non. Si ce n'est quand même qu'il avait fait l'école des arts appliqués,
05:39 donc juste avant de partir en Indochine, et il avait déjà du goût pour un certain nombre de
05:46 choses. Et c'est vrai que son environnement familial est également celui avec un certain
05:51 nombre de choses qui pouvaient lui donner le goût, si vous voulez, j'allais dire, des belles choses.
05:58 Donc il avait quand même cet aspect-là. Et deuxièmement, il s'est marié très vite,
06:04 et donc nouveau marié, avec ma sœur qui est rapidement arrivée, il fallait absolument
06:12 travailler et trouver du travail. Et c'est un peu par hasard qu'il a eu un rendez-vous,
06:19 et on lui a proposé de faire des dessins. Il avait une patte qui était quasiment équivalente à deux
06:28 autres auteurs, deux autres illustrateurs, que sont Pierre Joubert, qui a beaucoup dessiné pour
06:32 les Scouts également, et puis Noël Gloisner, qui sont deux illustrateurs qui ont également
06:38 beaucoup produit à cette époque, et qui est à peu près dans les mêmes journaux. Et d'ailleurs,
06:42 grosso modo, si ce n'était pas les dessins de l'autre qu'on trouvait dans un numéro,
06:48 c'était les dessins du premier. Ils se connaissaient, ils s'appréciaient, même s'ils
06:54 ne se voyaient pas beaucoup pour des questions géographiques, mais effectivement, ils avaient
06:58 les mêmes exigences. À aucun moment il se dit que s'il faut vivre et travailler,
07:03 c'est peut-être pas de sa passion qu'on peut le faire. Alors, la passion s'est quand même
07:09 devenue, non pas un pinceau, mais c'est vrai qu'à bout d'un certain temps, il le disait
07:14 notamment à propos des histoires des congrégations, qui lui ont sauvé un petit peu l'activité à un
07:21 moment où elle déclinait. Il disait que toutes ces histoires sont des histoires de gens qui se
07:29 sont dévoués pour les autres, qui sont presque tous sains, mais c'est un peu toujours la même
07:37 histoire. Le jeune ou la jeune fille née dans une famille pratiquante, qui aide ses frères et
07:45 sœurs, qui aide ses voisins, puis qui petit à petit rencontre l'évêque, crée une congrégation
07:51 et ainsi de suite. Donc c'était un peu toujours la même histoire et c'est vrai qu'au bout de la
07:55 40e, parce qu'il y en a eu 40 ou 50, c'était devenu moins une passion qu'un pinceau. Néanmoins,
08:02 il les a toujours représentés avec beaucoup de goût et en ayant les différences, il y en avait
08:07 entre les différentes congrégations. Mais il y avait aussi le fait qu'en 1900, fin des années 60,
08:14 vous avez une forte rupture dans les rédactions qui ont voulu faire du moderne et qui se sont un
08:22 peu débarrassées des anciens illustrateurs. Et à partir de ce moment-là, il a fallu qu'ils
08:26 se renouvellent, qu'ils renouvellent sa clientèle, qu'ils renouvellent un petit peu les liaisons
08:30 avec les éditeurs. Et il y a eu des périodes un peu difficiles de ce côté-là, mais il a toujours
08:35 réussi, si vous voulez, à trouver. Il voulait que nous ne manquions de rien et il a beaucoup
08:40 travaillé pour ça. Et c'est aussi une des raisons pour lesquelles nous ne nous sentons pas dans
08:46 l'obligation, parce que c'est également un plaisir de faire quelque chose. J'ai bien compris. Les
08:51 années 50, les années 60, on parlait de la 68, mais avant c'est quand même le premier âge d'or.
08:55 Quand je vois qu'il illuse des livres pour les jeunes de Cœurvaillant, de Fripounet à Marisette,
08:59 il y a beaucoup d'ailleurs de ces œuvres qui ont été rediffusées ou rééditées par les éditions du
09:03 Triomphe. Donc ça a permis à des générations actuelles de redécouvrir cette qualité d'illustration.
09:11 Et vous dites quand même que ces dessins sont le signe d'une époque. Et c'est d'autant plus
09:16 vrai que vous me dites après qu'en mai 68, comme il y a une rupture, il n'est plus à la mode. Désuet,
09:21 ringard ? Alors, je ne dirais pas ça. Peut-être l'a-t-il été à un moment, mais c'est vrai
09:30 qu'aujourd'hui, on voit que dans la production actuelle des bandes dessinées, on retrouve un
09:35 certain nombre d'illustrateurs qui reviennent avec cette exigence de vérité. Je pense à certains
09:42 ouvrages sur la marine, avec des bateaux, où on voit véritablement qu'il y a une très forte
09:49 attention prêtée à la réalité, où la mer est représentée d'une manière parfaitement réelle.
09:55 Et donc, je ne suis pas certain qu'on puisse aujourd'hui dire que ce soit désuet. Au contraire.
10:01 Et d'autant moins que, vous voyez, l'exposition, c'est vrai, nous a permis de rencontrer tout un
10:10 tas de personnes qui n'étaient pas uniquement des amis ou de la famille, mais qui venaient parce
10:15 que tout d'un coup... Alors, certains retrouvaient des dessins qu'ils avaient vus enfant, mais d'autres,
10:21 beaucoup plus jeunes, et qui étaient eux-mêmes en école de dessin, étaient intéressés par ces dessins.
10:29 Quel regard il avait quand, de son vivant, il voyait la reprise de ses œuvres dans les années 2000,
10:34 et avec le succès, parce que les éditions de Trunon ont mené cela avec beaucoup de succès.
10:39 Comment il voyait cela ?
10:41 Il en était très heureux, parce qu'effectivement, là aussi, il y a eu une deuxième rupture fin des années 90,
10:49 où c'était difficile, où nous étions déjà pourtant tous les trois enfants sortis d'affaires, comme on dit,
10:57 mais il voulait continuer malgré tout, s'il voulait produire et gagner sa vie.
11:04 Et c'est vrai qu'à ce moment-là, on voit qu'il se renouvelle. Encore une fois, il se renouvelle.
11:15 Et il se renouvelle en écrivant des choses. Le triomphe a été pour lui, et nous remercions toujours le triomphe,
11:23 d'avoir continué, et les éditions du triomphe, d'avoir toujours continué.
11:26 Et d'ailleurs, ils ont eu la distribution du livre en partie, ils en ont vendu beaucoup,
11:33 et véritablement, ils ont joué un rôle qui a été très bien pour qu'il n'y ait pas une rupture totale.
11:41 Mais ça ne représente qu'une toute petite partie de ce qui est publiable.
11:46 Il y a de très nombreuses histoires qui soit n'ont jamais été publiées, je pense notamment à une histoire de l'Europe,
11:54 soit qui sont un petit peu tombées dans l'oubli, et qui pourraient être rééditées assez facilement.
12:03 Je pense notamment à des illustrations de romans d'Alexandre Dumas.
12:08 On a "La Tulipe Noire", on a "Janet", on a un certain nombre de romans de ce type-là.
12:13 On a une histoire de la fête des grèves au Mont-Saint-Michel, qui est remarquable,
12:19 et qui probablement pourrait retrouver du public, et surtout, il y a une part de rêve dans les dessins.
12:26 Il y a une exactitude dans la représentation des choses, mais aussi une part de rêve.
12:31 Je prends la fête des grèves, bon alors, tout le monde n'est pas allé au Mont-Saint-Michel,
12:38 mais c'est vrai qu'au Mont-Saint-Michel, il se passe quelque chose, si vous voulez.
12:41 C'est une ambiance particulière, cette baie du Mont-Saint-Michel, c'est tout à fait particulier,
12:45 et la fête des grèves est tout à fait la représentation de cette atmosphère du Mont-Saint-Michel,
12:53 qui peut être uniquement géographique, un lieu géographique, qui est également un lieu religieux,
13:01 qui a été une prison aussi à un moment, c'est un lieu particulier, avec un éclairage particulier,
13:07 et c'est très bien représenté.
13:09 Donc on a beaucoup de choses qui n'ont pas été rééditées ou éditées,
13:13 et qui peuvent être effectivement intéressantes.
13:17 Ce sont souvent des histoires simples, et c'est vrai que de la même manière qu'un petit garçon est un petit garçon,
13:23 un bon est un bon, un mauvais est un mauvais.
13:25 Ça peut paraître simpliste, mais c'est aussi quelque chose qui est de nature à rassurer
13:32 les enfants sur des choses qu'ils peuvent lire.
13:37 - Alors il y a eu des périodes de Vachemec, à ces périodes de Vachemec, il y a toujours,
13:39 et vous l'avez évoqué aussi, une réponse d'Alain Dorange à cette situation.
13:44 Il se fait par exemple illustrateur presque historien, et de l'esthétisme et de l'élégance,
13:50 il va les mettre au service de personnages de l'histoire de France,
13:53 et en particulier, l'ouvrage que j'ai entre les mains le démontre, Napoléon.
13:59 - Oui, il avait pour la période napoléonienne un goût particulier.
14:08 Alors, il y avait d'abord le goût de l'illustrateur.
14:11 Le goût de l'illustrateur pour les uniformes.
14:14 Ces uniformes chamarrés, tous plus extraordinaires les uns que les autres,
14:19 avec pour la grande armée, on répertorait plus de 1000 uniformes différents.
14:26 Et donc, si vous voulez, Napoléon savait exactement chaque bouton de chaque uniforme,
14:34 et il admirait aussi cette mémoire.
14:36 Et il a dessiné beaucoup de cavaliers.
14:42 Le cheval a été quelque chose qu'il a toujours beaucoup attaché,
14:45 il n'était pas cavalier lui-même, mais il a toujours dessiné beaucoup les chevaux.
14:51 Et donc, Napoléon, l'histoire de France et les chevaux,
14:56 ça faisait un couple qui l'attirait véritablement.
14:58 - Vous évoquez les méthodes de travail de votre père,
15:01 le traçage des cadres, la copie du texte à l'encre de Chine,
15:04 des contraintes qui ne l'empêchaient pas de produire, vous dites, une planche par jour.
15:08 L'informatique a changé tout cela, mais une planche par jour,
15:10 j'ai du mal à cerner si c'était rapide ou c'était une besogne
15:16 faite pendant un temps important.
15:19 - Ah, pendant un temps important ?
15:20 - Mais fait de l'informatique.
15:21 Pendant un temps important, premier levé, dernier couché,
15:24 plus de 20 000 planches, vraisemblablement,
15:28 dont on a pu récupérer peut-être un peu plus du tiers.
15:32 - Il y a un thème qui l'exploite aussi,
15:36 vous l'avez parlé sur les congrégations, sur les religions,
15:38 les grandes religions sont présentes dans son œuvre,
15:40 et pourtant vous dites qu'il était, je vous cite, "pudique sur sa foi".
15:45 - Oui.
15:45 - Qu'est-ce que ça veut dire ?
15:46 Ça veut dire qu'il n'avait pas de foi ou qu'il avait une foi
15:47 qui ne voulait pas ?
15:48 - Il avait une foi.
15:49 - Vous l'avez dit, qu'il gardait dans l'espace privé, vous savez ?
15:50 - Une fois...
15:51 - Vous connaissez ce débat ?
15:53 - Non. Il avait une foi catholique qui était familiale,
15:57 mais qui était profondément ancrée chez lui,
16:00 mais il respectait d'une manière...
16:04 peut-être du fait de sa foi,
16:05 il respectait véritablement toutes les autres religions.
16:08 Je dirais toutes les autres individus,
16:11 quelle que soit leur religion.
16:14 Il n'aurait pas fait de mal à une mouche,
16:17 il n'en aurait même pas...
16:19 comment dirais-je ?
16:20 Il n'aurait même pas eu une parole,
16:24 quelle que soit sa pensée profonde.
16:27 Il était...
16:30 je vais dire, c'était un homme bon, soudé dehors,
16:33 papa mesurait 1m85,
16:35 il était toujours extrêmement bien habillé,
16:39 on le dit dans le livre,
16:42 c'était pas quelqu'un auquel on tapait dans le dos dans la rue.
16:48 Mais c'était un homme bon, tout simplement.
16:51 C'était un homme bon, généreux,
16:55 il a beaucoup assisté avec les petits frères des pauvres,
16:59 des personnes âgées.
17:02 Il a...
17:04 oui et non, il était catholique, mais...
17:08 - Est-ce que pour autant on peut dire que c'est un illustrateur catholique ?
17:11 Un artiste catholique ?
17:12 - Non.
17:13 Non, on ne peut pas le qualifier d'illustrateur catholique
17:15 parce que justement la variété de ce qu'il a dessiné est telle
17:20 qu'il y a, je dirais même presque,
17:25 que si on faisait la somme de chaque type d'œuvres,
17:30 on...
17:31 peut-être même que les œuvres purement catholiques,
17:35 illustrant des vies de saints ou autres,
17:38 sont peut-être moins importantes que le reste.
17:41 Mais bien sûr,
17:43 il y a quand même toutes les histoires qui continuent d'ailleurs
17:46 à être commercialisées, parachutées.
17:49 "Belles histoires, belles vies" continue à...
17:52 - Comment le qualifier ?
17:54 Auteur de tradition, auteur conservateur,
17:58 auteur classique, auteur...
18:00 Comment le qualifier ?
18:01 Comment le qualifier, vous, pour que les téléspectateurs se disent
18:04 "Ah voilà, Alain Dorange, c'était..." ?
18:07 - Alors, disons qu'on peut le qualifier d'illustrateur,
18:11 mais c'était plus un...
18:14 Vous savez, maintenant c'est complètement...
18:17 là, c'est un terme complètement désuet,
18:19 mais je dirais que c'était plutôt ce qu'on appelle un homme de bien.
18:22 C'est-à-dire qu'il avait une culture générale extrêmement étendue,
18:25 il était tout à fait capable,
18:27 il était tout à fait capable, si vous voulez,
18:29 sur quelque sujet que ce soit,
18:31 sauf les sujets techniques,
18:33 mais sur quelque sujet que ce soit,
18:35 il avait toujours un petit mot, une petite anecdote.
18:38 Dans les dîners, c'était...
18:42 je ne dis pas la vedette, mais c'était toujours quelqu'un
18:44 qui avait quelque chose à raconter
18:46 et quelque chose qui mettait de l'ambiance.
18:49 Donc, soudé d'or, extrêmement strict,
18:52 c'était quand même quelqu'un qui...
18:55 qui avait beaucoup d'attention pour les autres.
18:57 - On le voit à travers l'album du "Centenaire",
18:59 que je n'arrête pas de feuilleter dans cette émission,
19:03 "Centenaire", d'abord de votre père,
19:05 l'oeuvre d'Alain Dorange, elle est considérable,
19:07 parce qu'on n'a pas évoqué,
19:08 il faut faire quand même deux secondes aussi,
19:10 il y a le peintre.
19:11 - Oui, effectivement.
19:13 Alors ça, il y a un certain nombre d'oeuvres
19:16 qui n'ont jamais été publiées,
19:19 que nous avons nous-mêmes découvertes,
19:22 où il y a...
19:23 ce sont des peintres, des peintures à l'huile,
19:27 des aquarelles ou des dessins, simplement,
19:32 sur lesquels on a découvert effectivement cette capacité.
19:37 A posteriori, on pourrait presque regretter
19:39 qu'il n'y ait pas plus de produits de peinture,
19:42 mais on est très content de les avoir,
19:44 et elles restent chez nous, ces peintures.
19:47 D'ailleurs, comme tous les originaux resteront chez nous,
19:50 ce n'est pas une matière à vendre.
19:53 La reproduction, oui, mais les peintures, non.
19:55 Enfin, on ne vendra pas.
19:57 - Pour ma part, si vous me permettez
19:58 d'évoquer deux secondes mon cas,
20:01 moi, je dois l'émerveillement d'une bande dessinée
20:03 qui est celle du "Prince Eric",
20:04 et j'avais l'honneur d'être l'ami de Serge Talens,
20:07 l'auteur du "Prince Eric", Yves de Verdiac, de son vrai nom.
20:11 Et à ça, je me suis dit,
20:12 je vais poser la question à Philippe Dorange,
20:14 donc je vais le faire maintenant.
20:16 Si au sein de cette œuvre considérable,
20:18 vous ne deviez conserver qu'un croquis,
20:20 qu'une esquisse, qu'un tableau,
20:22 qu'une planche de bande dessinée, qu'une illustration,
20:24 quelle serait-il, quelle serait-elle ?
20:28 C'est un cadeau comme question.
20:30 - Ce n'est pas une question cadeau, M. Bile.
20:33 Ce n'est pas une question cadeau, c'est une question très difficile.
20:36 - Moi, je l'ai dit, c'est le "Prince Eric".
20:38 - Alors, je dirais qu'il y a un dessin
20:44 qui nous a réunis tous les trois.
20:45 C'est celui que nous avons mis en page de couverture de ce livre.
20:51 Nous avons tous les trois travaillé à cet ouvrage.
20:56 Nous travaillons tous les trois à sa diffusion.
21:00 Et la participation de mes sœurs a été d'ailleurs sur le choix des dessins
21:05 beaucoup plus importante que la mienne,
21:07 parce que je dois dire que mes sœurs ont une capacité artistique
21:10 peut-être beaucoup plus développée que la mienne.
21:12 Mais, alors, ce dessin que vous avez là, ce cheval à peine esquissé...
21:22 - C'est mon second choix, c'est pour ça que je l'ai mis là.
21:24 - Voilà. C'est effectivement une particularité.
21:27 On trouve des choses comme ça,
21:29 qui ne sont pas les dessins léchés, extrêmement précis, etc.,
21:33 mais qui sont aussi des choses qu'on ne rencontre pas tous les jours.
21:39 En fait, je vous dirais que nous, c'est bon, toutes les œuvres font un choix.
21:43 Et quant à partir sur une île avec un seul dessin,
21:49 on préfère peut-être tous les garder dans la tête que d'en avoir un seul.
21:54 - Voilà. C'est une réponse qui n'en est pas une, mais on va la prendre.
21:57 - Pardonnez-moi.
21:58 - Dites-moi, Alain Dorange, est-ce qu'il voulait faire de Philippe,
22:02 Hélène ou Françoise Dorange des illustrateurs ?
22:05 - Non. Non.
22:07 - Et pourquoi non ?
22:07 - Non. Non. Jamais. Jamais.
22:10 - Pourquoi ? C'était pas digne ?
22:12 - Par contre, ce qu'il a voulu faire de nous,
22:15 et j'espère qu'il y a réussi,
22:21 c'est des gens curieux,
22:26 se faisant leur propre opinion sur les choses,
22:29 et n'attendant pas, si vous voulez, ne prenant pas les choses
22:32 telles qu'elles étaient dites automatiquement,
22:34 de quelque bord qu'elles soient,
22:36 et essayant toujours de ne pas avoir d'idées préconçues sur les choses,
22:43 c'est-à-dire de ne pas simplement prendre les choses celles qu'elles étaient présentées.
22:48 Ça, il l'a fait, et il l'a fait en nombreuses reprises.
22:54 C'est vrai que quand on a 15 ans, 16 ans,
22:58 on peut se laisser emballer par un bord ou un autre,
23:03 et il a su nous inculquer cette exigence-là,
23:09 c'est-à-dire celle d'aller chercher soi-même les renseignements à diverses sources,
23:16 de telle manière à ne pas être dépendant, si vous voulez,
23:20 d'une idée qui court, qui peut ne pas être bonne.
23:23 – Merci beaucoup, monsieur.
23:24 Merci aussi de faire revivre votre père Alain Dorange,
23:27 il était né en 23, Colmar, et cette année a eu lieu, en 2023,
23:33 le centenaire de sa mort,
23:35 on voit ce virtuose talentueux et populaire,
23:38 le terme, vous l'acceptez celui-là ?
23:40 – Il a été donné par un journaliste, virtuose et populaire, oui, c'est vrai,
23:44 et on l'accepte parfaitement.
23:45 – Voilà, on va garder ce terme-là, je vous invite à découvrir toute cette œuvre,
23:49 et je vous invite surtout à offrir à vos enfants, à vos petits-enfants,
23:53 toute l'œuvre d'Alain Dorange, vous savez, la sûreté, la sécurité,
23:56 d'une œuvre qui fait rêver et qui… défend le bien ?
24:02 – Oui, j'irai, on peut le dire.
24:04 – Merci à vous.
24:05 – On peut le dire. Merci, monsieur.
24:07 [Musique]

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