• il y a 10 mois
Chaque semaine, le tour de l'actualité cinéphile avec des sujets inédits, des entretiens, des analyses de séquences, des archives, des montages et des nouvelles rubriques pour combler les amoureux du cinéma.
Transcription
00:00 [Musique]
00:21 J'en avais par-dessus la tête de ces histoires de sexe.
00:25 Il y avait quand même d'autres plaisirs sur Terre. Prendre à Bourbinchaud, voir Raffin de Rodorovski, manger du râle-loucoum ou descendre une montagne.
00:35 Mais je n'arrivais pas à l'oublier. A partir d'aujourd'hui, en travaillant d'arrache-pied, je suis arrivé à l'oublier.
00:43 Salut à tous, vous êtes bien sur Ciné+ Classique. C'est parti pour votre Vive à Cinéma consacré cette semaine au cinéaste Luc Moulet.
00:51 Au sommaire également, Le Rosebud de Louise Bunuel, La mélodie du bonheur de Rodolphe Burget et une brève rencontre avec Jean Becker. C'est parti.
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01:08 En plus de 60 ans de carrière, 10 longs-métrages et plus de 30 courts-métrages, Luc Moulet s'est tracé une carrière à part dans l'histoire du cinéma français.
01:17 A l'occasion de la ressortie en salle de ses films, votre Vive à rencontrer Luc Moulet, le plus pince-sans-rire des cinéastes français,
01:25 ainsi que sa compagne et plus proche collaboratrice Antonietta Pizzorno, portrait d'un vrai couple de cinéma.
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01:45 L'exercice me faisait du bien. Enfin, je réalisais l'expression physique que je voulais avoir avec elle.
01:53 Peut-être avais-je été bête de dépenser tant d'énergie pour aboutir à une jouissance qui ne dure que quelques instants dans une journée et encore.
02:02 Par rapport aux autres décahiers, j'étais très sportif. En vélo, j'ai monté 230 cols. Je suis marathonien.
02:13 Et je suis tracker. Enfin, j'étais. A 86 ans, je me suis un peu rangé.
02:21 C'est vrai que ce sont des films un peu ovnis. D'ailleurs, il y a une critique qui a défini Luc "le poil à gratter du cinéma français".
02:34 J'aime bien, parce qu'on ne sait pas comment le définir, comment le prendre. Voilà.
02:42 Donc, mon principe dans la vie, comme dans les films, c'est de faire rire le spectateur.
02:49 Venez voir ma filmothèque.
02:53 J'adore les caves, les greniers. Je peux y passer toute la journée.
03:04 Je supporte mal d'être avec plus de deux personnes.
03:09 Depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours recherché les antres, les refuges où je pouvais être seul, loin des autres, loin des conflits familiaux.
03:23 J'ai travaillé au cahier de 55 à 60. Et même après, j'avais une chance, c'est que j'étais un rat de bibliothèque.
03:33 Donc, je pouvais trouver toutes les documentations plus facilement que les autres.
03:39 Donc, j'étais le seul à pouvoir faire une filmographie complète des plus grands réalisateurs, ce qui, à l'époque, était très, très difficile.
03:48 J'ai écrit un article sur Edgar Woolmer, qui était le premier artiste mondial sur Woolmer, qui n'était pas très bon, d'ailleurs.
03:58 Parce que j'avais 18 berges et puis j'avais vu que des versions doublées.
04:04 Mais ça a été pris par Truffaut parce qu'il y avait une filmographie.
04:09 Luc est vraiment, à la base, un cinéphile. Dans la vie, il a toujours une référence filmique.
04:18 On parle de quelque chose et il dit "Ah oui, comme, comme, comme, comme". C'est sans arrêt. C'est comme si l'explication, tout est déjà dit dans le cinéma.
04:33 Quels sont les trois meilleurs cinéastes américains ?
04:36 Finchante Minnelli, Henri Revier et Edvard Ludwig.
04:39 Ton dernier film est si prodigieux qu'en projection, j'ai pris 12 pages de notes. Non, 13.
04:46 Vous voyez les films dans votre quartier ?
04:48 Je vais à Londres, à Bruxelles ou à New York quand il y a un nouveau film d'Edvard Ludwig.
04:53 Quel est votre plus ardent désir de cinéphile ?
04:58 Mourir en projection.
05:01 En plus, j'étais un groupie. Un groupie de Truffaut et de Rivette.
05:11 J'ai écrit le premier grand article aussi sur Godard. 10 pages.
05:19 Et Godard m'a invité au vernissage au cocktail avant "Un bout de souffle".
05:27 Je me souviens que j'étais en conversation avec Gene Seberg.
05:31 Et il a dit "Ah, Beauregard, faites faire un film à mouler".
05:37 C'était le Godard System.
05:41 J'étais le premier fan de Fuller, puisqu'il a écrit le premier article global sur son oeuvre.
06:03 Il a été très ému. Il faisait tout ce que je voulais.
06:08 Monsieur Samuel Fuller, I am très ému d'interviewer le plus grand metteur en scène du monde.
06:16 Et j'ai oublié mes questions.
06:18 Ah, Bridget, moi aussi je crois que vous êtes très très belle, très charmante,
06:27 très ému pour moi de répondre à vous.
06:33 J'ai fait un western, mais qui était aussi un western marginal, un peu comme les films de Monty Hellman.
06:42 Vous connaissez "The Shooting" par exemple, mais qui allait encore plus loin.
06:47 D'ailleurs, j'ai copié Jean-Luc, qui avait fait à l'époque le seul western de la nouvelle vague, "Vendeste".
06:55 C'était le western maoïste.
06:59 Ce western a eu un succès sur le titre.
07:21 Je pratiquais la vente aveugle, enfin l'achat aveugle.
07:26 Je leur envoyais le film "Annonce", qui était assez menteur, et ça s'achetait.
07:34 C'est-à-dire que j'ai pu vendre le film aux Sri Lanka, aux Malawi, aux Philippines, aux Colombies, sur le titre.
07:46 Comment ? Je ne comprends pas.
07:50 Les spectateurs ont peur de quoi ? Des lions ?
07:54 Et vous n'arrivez pas à faire partir les lions des salles le soir ?
07:58 Écoutez, quand vous avez résolu ce problème de lions, vous me téléphonez, vous m'envoyez l'argent, et je vous envoie le film.
08:06 Oui, j'ai joué des rôles secondaires dans mes premiers films, parce que j'étais là, ça ne coûtait rien.
08:13 Et puis c'était un peu la même chose pour les longs-métrages.
08:16 J'avais le premier rôle avec ma femme, mais c'est le principe des films familiales.
08:21 Après le thon, nous mangerons une omelette et des bananes.
08:28 Vous les reconnaissez, mais vous ne savez pas ce que c'est.
08:32 Du thon, une omelette, des bananes.
08:35 Ça m'est arrivé de jouer dans ces films.
08:39 Et souvent, on donne le rôle de la râleuse, je ne sais pas si vous avez remarqué.
08:49 Et ça m'arrive de le tuer un peu à la fin.
08:55 Des fois, je m'appelle Moulet dans ces films, mais c'est un double.
09:01 C'est Moulet s'il avait mal tourné. Enfin, si je suppose que j'ai bien tourné.
09:07 C'était inversé.
09:10 Par exemple, dans Le Prestige de la Mort, je joue le rôle d'un réalisateur qui devient complètement crétin
09:17 et qui voudrait devenir Luc Besson.
09:20 Ou quelque chose comme ça.
09:23 Mais encore tes combines !
09:27 Tu n'as pas pensé à Riel ? Qu'est-ce que je vais lui dire quand elle sortira de l'école ?
09:31 Mais il est trop sensible, elle en aura un choc.
09:35 Mais c'est l'occasion rêvée, ça va créer un scoop monstre.
09:39 Je vais enfin vendre tous mes films.
09:43 J'ai 30 films sur 33 qui ne sont pas encore passés à Arte.
09:47 C'est peut-être sa fragilité qui l'amène à se déguiser dans les films.
09:56 Dans ses apparitions, et cet humour qu'il déploie 24 heures sur 24,
10:05 parfois ce n'est pas facile à supporter.
10:10 C'est quelqu'un qui est plutôt fragile, qui utilise cette arme,
10:18 et qui a su l'utiliser pour faire son cinéma.
10:23 Retrouvez 10 longs-métrages et 11 courts-métrages de Luc Moulet dans vos salles à partir du 31 janvier
10:29 dans le cadre de Moulet Jeunesse, la rétrospective consacrée aux cinéastes par La Traverse.
10:35 1963. Le producteur Serge Silberman sonne à la porte de Louis Bunuel une bouteille de whisky à la main.
10:47 Entre les deux hommes, l'entente est immédiate,
10:50 et Silberman propose à Don Lewis, cinéaste de L'Exil et du Scandale,
10:54 de revenir tourner en France 33 ans après L'Âge d'or.
10:58 Le journal d'une femme de chambre est ainsi lancé comme un train dans la nuit.
11:02 Pour adapter le roman d'Octave Mirbeau, Bunuel travaille avec Jean-Claude Carrière
11:06 pour ce qui sera la première de leurs six collaborations.
11:09 Les deux hommes s'entendent comme larrons enfoirés
11:12 et signent une adaptation à l'humour cruel et à la férocité joyeuse.
11:16 - Vous n'aviez jamais tiré ? - Je ne crois pas.
11:19 - Très bien, très bien. Je croyais que vous aimiez les papillons.
11:22 - Oui, oui, je les aime. J'aurais préféré le rater.
11:25 Ils situent leur histoire à la fin des années 1920, une époque que Don Lewis a bien connue,
11:30 ce qui lui permet de faire crier "Vive Schiappe" aux manifestants d'extrême droite
11:34 dans la dernière séquence du film, le dénommé Schiappe étant le préfet
11:38 qui avait fait censurer L'Âge d'or en 1930.
11:43 L'autre rencontre majeure du film est celle avec Jeanne Moreau.
11:47 Dans son autobiographie "Mon dernier soupir", Bunuel écrit
11:50 "Il faut remercier Louis Malle de nous avoir révélé la démarche de Jeanne Moreau.
11:54 J'ai pris un vrai plaisir à la faire marcher et à la filmer. La preuve en images."
11:59 - Tout ça doit vous paraître un peu bizarre, non ?
12:02 Mais enfin à mon âge, bien des petites choses sont permises, non ?
12:07 Tenez, pour vous donner un exemple.
12:09 Vos bottines sont sales, n'est-ce pas ?
12:13 Eh bien, je ne trouve pas convenable qu'une femme cire ses bottines.
12:16 Non. Je respecte beaucoup les femmes, Marie.
12:20 Et ces chères petites bottines, c'est moi qui les cirerai.
12:25 Là, maintenant, levez-vous un peu et marchez.
12:31 Marchez un peu par là. S'il vous plaît, retroussez un peu vos jupes.
12:38 Allez, marchez, marchez.
12:42 Allez, allez, marchez.
12:49 Allez, allez.
12:54 Que je les vois remuer un peu, ces petites bottines.
12:58 Que je les vois vivre, ma petite rose des vents, rediviva.
13:05 Montrez-moi la semaine.
13:08 Oh, elle est un peu trouée, n'est-ce pas ?
13:14 Eh bien, je vous les réparerai. Elles seront comme neuves.
13:17 C'est bien, Marie.
13:19 Maintenant, asseyez-vous, Marie. Venez.
13:22 Asseyez-vous.
13:24 Maintenant, vous allez me les donner, vos petites bottines.
13:27 Tout de suite. Je vous les prends, vous voyez ?
13:30 Et je vais les emporter avec moi.
13:33 Les chères petites bottines.
13:36 Entre Don Luis et Jeanne, le courant passe, cela se sent, même sans dialogue.
13:40 Ce sont deux transgressifs qui sont faits l'un pour l'autre.
13:43 Je le trouvais magnifique, cet homme-là.
13:46 Son imaginaire, tout ce qu'il faisait.
13:49 J'aurais aimé avoir un père comme vous.
13:51 Il me disait "Mais tais-toi, tu sais pas à quoi tu as échappé.
13:54 Je t'aurais enfermé dans un placard. Ta vie aurait été un enfer."
13:58 Si cette scène des bottines avec Jean Ozen en vieux pervers fétichiste et rassuré
14:02 est remarquable, c'est parce que, comme l'écrira Jean Collet,
14:05 Buñuel filme les fantasmes avec la caméra la plus terre-à-terre,
14:09 matérialiste quand il parle de Dieu, révolté quand il parle de la société des hommes.
14:14 Tout est dit.
14:16 Alors moi, si j'étais à Paris, j'en creverais un tous les jours.
14:18 Les ministres, le gouvernement, les juges, tout ça, c'est des vendus.
14:22 C'est pour ça que tout va mal, c'est pas pour autre chose.
14:24 Là, vous voyez un bolchevik derrière lui, un juif.
14:27 Délectez-vous du journal d'une femme de chambre de Louise Buñuel 1964
14:32 avec aussi Michel Piccoli et Georges Géret lors de la soirée Jeanne Moreau
14:37 avec Les Amants de Louis Malle et le documentaire Jeanne Moreau la franchie
14:41 très bientôt sur Ciné+ Classique et à tout moment sur My Canal.
14:45 Espèce de salaud !
14:52 J'accélère, je fonce, je passe la corniche.
14:56 Je connais les attaques.
14:57 Rodolphe Burget est musicien et fondateur du groupe Catonoma.
15:01 Depuis plusieurs années, il poursuit également une carrière en solo
15:04 via le label qu'il a fondé, Dernière Bande.
15:07 Il revient pour nous sur la bande originale d'un film de Werner Herzog,
15:10 L'énigme de Kaspar Hauser 1974, sa Mélodie du Bonheur.
15:20 J'ai choisi un film de Werner Herzog.
15:22 J'aurais pu choisir d'autres films de Herzog.
15:25 Je suis très fan de son cinéma.
15:27 Et ce qui aurait été peut-être plus attendu, c'est un film avec une musique originale
15:32 et notamment un des nombreux films dont la musique a été faite par Paul Vaud.
15:36 Ce groupe un peu à l'avant-garde de ce qu'on a appelé le krautrock.
15:39 Là, j'ai plutôt choisi L'énigme, le titre français c'est L'énigme de Kaspar Hauser.
15:44 Ce film a eu une grande importance pour moi
15:49 et pas seulement pour moi, mais aussi pour mon ami Olivier Cadiot.
15:52 En fait, il est à l'origine de tout un album qui s'appelle Psychopharmaka
15:56 et qui est un album dédié d'une certaine manière à l'Allemagne.
16:00 Sa manière de faire de la reconstitution est très belle.
16:16 Parce qu'on n'est ni dans le théâtre, ni dans le film historique vraiment.
16:22 On sent bien qu'on est dans de la reconstitution,
16:24 mais il n'y a pas de volonté de distanciation brechtienne,
16:27 il n'y a pas le côté télé, tout de suite un peu série télé qu'on a avec les films historiques.
16:32 Je ne sais pas comment il s'y prend exactement pour obtenir ça.
16:35 Ce que la musique amène, c'est une puissance onirique.
16:38 C'est-à-dire que ça transforme le paysage soudain, ça le fait décoller.
16:42 Il y a beaucoup de passages comme ça dans les films de Herzog
16:46 où tout d'un coup il y a une sorte de rêverie visuelle
16:49 que la musique joue un rôle de déclencheur par rapport à ça.
16:52 Donc ce n'est pas une musique originale qu'il a commandée à un musicien,
17:06 c'est plutôt qu'il a utilisé des musiques, Pachelbel, Albinoni je crois aussi.
17:11 Mais il a ce talent de pouvoir justement mobiliser la puissance,
17:19 le côté presque stéréotypé, très évocateur dans la mémoire de cette musique
17:27 et de tableaux qui sont eux-mêmes, qui jouent aussi avec le cliché du romantisme, etc.
17:33 Il y a une adéquation très émouvante dans ce film, très réussie.
17:37 Il y a ce fameux canon de Pachelbel, j'avais simplement samplé ça.
17:51 Ensuite on est allé échantillonner, piocher dans le film des fragments,
17:59 des fragments qui peuvent être des sons.
18:01 Donc il y a deux ambiances tirées du film.
18:11 On peut mélanger à cette musique de Pachelbel.
18:22 Ensuite, il y a les voix de Kaspar, la voix de Bruno.
18:27 Cette voix est extraordinaire.
18:32 "Moutard"
18:34 Une petite fille qui lui chante une chanson.
18:40 "Moutard"
18:42 "Moutard"
18:44 "Moutard"
18:48 "Moutard"
19:00 "Messiah"
19:10 "Messiah"
19:12 "Messiah"
19:27 La musique de Popole Voult aurait eu un autre rôle, plus psychédélique.
19:38 Elle nous aurait fait triper à partir d'une image de lac.
19:42 Alors que là, il s'agit plus de nous ramener à la foi du passé,
19:47 et à du tableau, et à un tableau historique.
19:50 Évidemment, comme souvent chez Herzog, il y a une citation du romantisme allemand.
19:55 Il ne peut pas s'empêcher.
19:57 Votre Viva vous recommande Mademoiselle, dernier album en date de Rodolphe Burget,
20:02 avec Mehdi Hadab et Sofiane Saidi.
20:05 Des concerts sont prévus partout en France en ce début d'année.
20:09 Après avoir été assistant de son père Jacques Becker,
20:20 Jean Becker signe en 1961 son premier film comme metteur en scène,
20:24 innommé "La Roca", d'après un roman de José Giovanni.
20:28 Il nous a accueillis chez lui pour revenir sur cette première fois,
20:31 brève rencontre avec Jean Becker.
20:34 [Musique]
20:42 Je sortais d'un tournage, "Le Trou", que mon père a fait,
20:48 comme vous le savez, c'était son dernier film.
20:52 Et c'était un livre de José Giovanni, qui s'appelait "Le Trou".
20:58 Il y a José qui a demandé à mon père s'il pensait que j'étais prêt à faire aussi un film,
21:07 la mise en scène.
21:09 Mon père lui a dit "Oui, il est prêt maintenant, tu peux y aller".
21:12 [Musique]
21:18 Mon père est mort, et je me suis retrouvé un peu complètement à côté de la plaque,
21:24 je veux dire, parce que c'est un homme que j'aimais par-dessus tout.
21:31 Et en plus, j'ai appris avec lui, vraiment,
21:37 même ayant travaillé avec d'autres réalisateurs, comme assistant,
21:41 c'est avec lui que j'ai vraiment appris, je pense, mon devenir de réalisateur.
21:52 Et un jour, José est venu me proposer, après dix ans, un an,
21:57 après la mort de mon père, de faire un film tiré de son roman.
22:03 J'avais beaucoup aimé ce roman, qui n'en était pas un d'ailleurs,
22:06 parce que c'était la vie de José, de Giovanni en prison.
22:11 Donc, au fait de ça, j'ai sauté dessus, à pieds joints, évidemment,
22:16 même si je me demandais si j'étais capable ou pas.
22:19 Allez, hop, il faut y aller.
22:21 Alors, ça y est ? Oui, chef.
22:23 Comment tu as pris, toi ? Je viens de se chauffer.
22:29 Tu le mettras à la salle ? Qu'est-ce que c'est que ça ?
22:34 J'ai été blessé avant mon arrestation.
22:36 Mais tu es nouveau ici ? Oui.
22:38 Oui, chef. Oui, chef.
22:40 Disons que l'univers carcéral a toujours été, de toute façon, quelque chose,
22:45 même avant, quand j'étais plus jeune encore,
22:48 parce que l'univers me faisait peur.
22:51 J'avais peur de me retrouver un jour,
22:54 après une connerie que j'aurais faite, de me retrouver en prison.
22:57 J'avais très peur de ça.
22:59 En plus, pour préparer le trou, j'ai été à la santé,
23:04 je me suis baladé partout, dans les sous-sols,
23:07 et j'ai vu l'univers qui avait, avec ces mecs qui étaient là-dedans,
23:12 dans les cellules, même à l'époque, ils étaient 5 ou 6,
23:16 ils se sont laissés les deux-deux, enfin, vous voyez, c'était affreux.
23:20 Je pense que si on pense qu'on peut se retrouver en prison, on ne fait pas.
23:27 Enfin, moi, c'est mon avis.
23:29 Je dis, tu ne devrais pas faire ça, parce que si tu te fais choper,
23:33 tu es en taule, et en taule, crois-moi, c'est l'horreur.
23:37 [Musique]
24:01 Dans ce film, que je ne renie pas du tout, c'est mon premier,
24:05 je ne le renie pas, bien au contraire,
24:08 mais c'est un film, j'allais dire, de débutant, oui, je veux dire, oui.
24:13 C'est pas mal mis en scène, mais c'est un peu, par moments, un peu simpliste.
24:18 Voilà.
24:19 Mais il y a une scène que je trouve vraiment bien faite,
24:24 je ne sais pas si je la ferais aussi bien maintenant.
24:27 C'est la scène du demi-nage avec Van Eyck, lorsque Van Eyck se fait sauter, etc.
24:33 Ça, c'est une scène que je trouve très forte.
24:36 Pour ne rien vous cacher, on était quand même relativement jeunes,
24:41 même très jeunes, et que, même pendant ce film, on se marrait beaucoup.
24:47 Donc, on était toujours en train de se marrer.
24:49 Là, on n'avait pas du tout envie de se marrer, je veux dire.
24:52 Là, il y a la gaudriole et les gars, il n'y en avait pas là.
24:57 Concentration à mort.
24:59 Et ça se voit.
25:01 Ça se voit.
25:04 Laisse ça.
25:06 Tire-toi.
25:10 Tire-toi, je te dis.
25:16 Laisse ça.
25:18 Xavier.
25:25 Xavier.
25:32 Ferme-toi. Ferme-toi, va chercher du monde.
25:35 On finira tous par sauter un jour.
25:41 Là, je croyais vraiment née une amitié profonde
25:45 que nous avions ensemble avec Jean-Paul.
25:49 Voilà, avec qui j'ai fait trois films, celui-là,
25:52 "Échappement libre" et "Tendre voyou".
25:55 C'est marrant, c'est par trois, parce que, avec Depardieu, c'est pareil.
26:00 J'ai fait à chaque fois trois films avec des gens
26:05 avec qui je me suis lié d'une amitié très forte.
26:10 Un "Nommé la roca", premier film de Jean Becker,
26:14 est à retrouver sur Ciné+ Classique et sur MyCanal.
26:17 Et en attendant la semaine prochaine, "Votre vive à cinéma"
26:20 est disponible sur les réseaux sociaux de Ciné+, mais aussi sur MyCanal.
26:24 Oh !
26:28 Quoi ?
26:30 Ils vont peut-être construire des villas ici, avec des piscines.
26:34 Ça fera un drôle de changement. Moi, je reviendrai voir.
26:38 Tu sautes pas avant.
26:41 ...