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Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la réunion avec Gabriel Attal ce lundi, des annonces attendues du Premier ministre, de la dimension européennes Loi Egalim et de la détaxe sur gasoil non routier.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
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Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la réunion avec Gabriel Attal ce lundi, des annonces attendues du Premier ministre, de la dimension européennes Loi Egalim et de la détaxe sur gasoil non routier.
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NewsTranscription
00:00 Bienvenue et bonjour à vous Arnaud Rousseau.
00:02 Bonjour Sonia Maibrouk.
00:03 Merci de votre présence.
00:04 C'est votre grande interview ce matin sur CNews et Europe 1.
00:06 Vous êtes l'un des visages de la colère des agriculteurs
00:09 et vous êtes un acteur clé dans ce domaine en tant que président de la FNSEA.
00:13 Arnaud Rousseau, vous avez passé plus de trois heures hier à Matignon
00:16 avec le Premier ministre Gabriel Attal,
00:18 également avec les jeunes agriculteurs qui ont été reçus ce matin,
00:21 alors que de nombreux agriculteurs, je le précise, ont dormi sur des autoroutes autour de Paris.
00:26 La pression est grande, l'attente est tout aussi grande.
00:29 Qu'est-ce que vous dites ?
00:30 Est-ce que vous êtes toujours aussi déterminé à poursuivre le mouvement ?
00:33 Oui, je voudrais rappeler que ce mouvement a des racines profondes
00:38 qui consistent à la volonté de continuer à produire pour nourrir,
00:43 nourrir les Français, faire notre métier.
00:45 Ça passe par évidemment la possibilité d'avoir du revenu,
00:48 mais ça passe aussi par tous les moyens de production dont on a besoin au quotidien,
00:52 dans un cadre de concurrence qu'on ne supporte plus,
00:55 alors qu'on est parfaitement conscient qu'il faut être dans un monde ouvert.
00:58 Évidemment, mes premiers mots ce matin, vous le comprendrez,
01:02 c'est pour l'ensemble de mes collègues agriculteurs.
01:06 Nous sommes sur le terrain depuis des jours.
01:09 Je sais que les attentes sont fortes, j'entends les demandes partout.
01:13 Je rappelle la nécessité du calme, de la non-violence,
01:18 de la grande détermination qu'ils me disent à chaque fois.
01:20 Et au moment où je suis, je veux vous dire que j'ai reçu encore une fois le message de 5 sur 5,
01:24 toute la nuit, avec les conversations que j'ai eues avec les uns et les autres.
01:27 Vous l'avez compris, Sonia Mabrouk, la détermination est totale.
01:30 Il faut le faire dans l'ordre, il faut le faire dans la rigueur,
01:34 et il faut le faire dans l'échange, c'est ce qu'on a fait hier à Matignon.
01:37 Détermination totale, c'est-à-dire très clairement, Arnaud Rousseau,
01:39 que vous appelez à maintenir la pression, que le blocage, en tous les cas,
01:43 ce qui est en cours autour, notamment, il n'y a pas que la capitale,
01:46 mais autour de Paris, doit se poursuivre aujourd'hui.
01:49 Ce qui doit aboutir et ce qui doit permettre de faire en sorte que les gens rentrent chez eux,
01:55 parce que je voudrais rappeler que partir de chez soi plusieurs jours, c'est compliqué.
02:00 Nous, ce qu'on demande, c'est assez simple.
02:03 On demande d'abord des mesures d'urgence, symboliques,
02:05 parce qu'on a besoin tout de suite, pour repartir, de comprendre qu'il y a des signes qui sont donnés.
02:09 C'est ce que vous avez dit hier au Premier ministre, que vous a-t-il répondu ?
02:11 Alors, il nous a répondu qu'évidemment, il était volontaire pour le faire,
02:15 qu'il avait commencé et qu'il souhaitait aller plus loin.
02:18 Plus loin sur quoi, pardonnez-moi ?
02:20 Plus loin sur tous les sujets sectoriels, vous savez, l'agriculture…
02:23 Procurence déloyale, transposition…
02:25 Bien sûr, transposition, Ukraine, Hercosur, tous les sujets catégoriels.
02:29 Quand on parle de l'élevage, ce ne sont pas les mêmes sujets que quand on parle de la viticulture,
02:33 qui ne sont eux-mêmes pas les mêmes sujets que quand on parle de la production végétale.
02:37 Donc, il y a des demandes fortes et qui sont différentes.
02:40 Mais le sujet de fond, c'est le changement de logiciel,
02:44 c'est-à-dire l'idée que, puisqu'il a indiqué que l'agriculture était au-dessus de tout,
02:48 ça se traduit très concrètement.
02:50 Oui, je ne sais pas si vous croyez à cette formule, vous nous l'expliquerez,
02:53 mais sur les demandes catégorielles que vous venez de citer, Arnaud Rousseau,
02:56 donc à la fois la concurrence déloyale, moins de surtransposition des normes,
02:59 encore de la simplification, est-ce que vous avez la garantie que ce sera annoncé
03:03 en bonne et due forme tout à l'heure lors de son discours de politique général ?
03:06 Nous continuons à négocier, vous savez, moi je ne sais pas, bien sûr.
03:10 Vous savez, tout ça vient de très loin et il y a beaucoup de sujets sur la table.
03:15 Je pourrais vous parler du prix, qui est central, évidemment,
03:19 dans la manière dont on construit les choses, donc c'est un tout.
03:22 Je vous ai parlé des mesures d'urgence, on a des mesures européennes qu'on attend aussi.
03:25 Ces mesures européennes, on est conscient qu'elles peuvent prendre quelques jours.
03:28 Et puis surtout, on aura besoin de traduire dans la loi
03:32 que les choses soient inscrites en dur, se concrétisent.
03:36 Parce que ce qui se passe là, ce n'est pas un feu de paille.
03:39 Ce n'est pas juste une poussée de fièvre ou un prendre deux aspirines
03:42 et puis les gens vont rentrer.
03:44 Ce qu'ils attendent profondément, c'est de témoigner dans la loi en dur
03:48 que la souveraineté alimentaire, l'acte de production, est quelque chose qui devient central.
03:53 Donc si ce n'est pas gravé dans le marbre à vous entendre ce matin, Arnaud Rousseau,
03:56 le mouvement ne s'arrêtera pas, j'insiste, parce que ce matin,
04:00 et tous nos reporteurs à la fois sur Europe 1 et sur CNews,
04:03 nous ont affirmé que les écriteurs, en grande partie, vous écoutent,
04:06 attendent beaucoup de ce que vous allez dire en fonction, hier, de la réunion.
04:10 Vous avez répété à plusieurs reprises depuis les débuts de notre entretien
04:13 la rigueur et l'ordre. Qu'est-ce que vous craignez exactement ?
04:16 Vous savez, il y a beaucoup de tensions sur le terrain.
04:18 Moi, tous mes responsables me disent que les gens n'en peuvent plus, ils sont excédés.
04:22 Quel est le risque ?
04:23 Le risque, c'est évidemment les débordements, la violence, l'excès,
04:27 que nous ne souhaitons pas, parce que, encore une fois,
04:29 notre objectif, ce n'est pas le désordre.
04:31 Notre objectif, c'est de produire pour nourrir et faire en sorte
04:34 qu'on puisse proposer aux Français de continuer à avoir dans leurs assiettes
04:37 des produits de qualité.
04:38 On a compris qu'on était soutenus par les Français,
04:40 mais les Français, ils n'attendent pas de nous qu'on casse tout.
04:43 Ils attendent de nous qu'on puisse rentrer dans nos exploitations
04:46 pour continuer à les nourrir.
04:47 Et je sais que ce qui se passe en Ile-de-France peut aussi causer quelques troubles.
04:51 Tout ça n'a pas intérêt.
04:52 Vous savez, les gens qui mettent...
04:53 Autour d'Orange-Y, c'est un temps très concret.
04:55 Les gens qui ont mis deux heures de plus pour rentrer chez eux hier soir,
04:58 ils ont de légitimes raisons de ne pas être satisfaits.
05:01 Moi, ce que je veux leur dire, c'est que nous, on n'est pas là pour les ennuyer,
05:04 on est là pour les nourrir.
05:05 Et que le plus court ce sera, et le plus tôt les réponses arriveront,
05:08 le mieux ce sera.
05:09 Mais encore une fois, je veux leur dire que notre détermination, elle doit aboutir.
05:14 Et quand je dis dans la loi, chaque agriculteur, mes collègues,
05:18 nous savons que ça prendra quelques jours.
05:20 Et donc, on a besoin de le faire.
05:21 - Mais quelques jours, et on a compris qu'il y a en même temps
05:23 la tente et la tension très concrètement pour le blocage de Rungis.
05:26 On a entendu, notamment sur notre antenne,
05:29 celle qui préside, Véronique Leflocq, qui préside la coordination rurale,
05:34 les tracteurs sont en train de se diriger vers Rungis.
05:36 Est-ce que vous dites, stop, il n'y a pas besoin d'aller jusque là,
05:39 pas la peine de bloquer ce qu'on appelle le ventre de Paris ?
05:42 - Vous savez, moi, je suis agriculteur en Ile-de-France,
05:44 donc je connais bien cette région.
05:45 Et je connais bien Rungis et les gens qui y travaillent,
05:47 et notamment un certain nombre de mes collègues,
05:49 qui tous les matins vont livrer leurs produits.
05:51 Nous avons, depuis le début de cette action, fait le choix de ne jamais aller à Rungis.
05:56 Parce que notre objectif, ce n'est pas d'affamer les Français,
05:59 on veut les nourrir.
06:00 Et donc, ceux de nos compétiteurs syndicaux,
06:03 qui veulent aller à Rungis pour faire le coup de force,
06:05 nous, on a dit depuis le début que ce n'était pas une bonne idée.
06:08 Donc, après, chacun prend ses responsabilités.
06:10 Je le dis aussi parce qu'on aura des élections professionnelles dans un an.
06:14 Mais dans le moment dans lequel on est, ce n'est pas le temps de la campagne.
06:16 Il viendra, et les agriculteurs sont bien assez grands pour savoir ce qu'ils ont à faire.
06:20 Mais dans le moment dans lequel on est,
06:22 l'objet, c'est comment on sort de l'agriculture,
06:24 de la situation dans laquelle elle est,
06:25 et comment surtout on fait pour que le changement de logiciel
06:28 attendu par le gouvernement prenne forme.
06:29 - On y vient, mais est-ce que vous avez encore la main ?
06:31 Je dis les têtes syndicales, Arnaud Rousseau,
06:34 est-ce que la base, comme on dit souvent, n'est pas en train de déborder
06:37 les têtes syndicales et le mouvement n'est plus maîtrisable ?
06:40 - Écoutez, au moment où je vous parle, il l'est,
06:42 mais un agriculteur, vous savez, c'est un chef d'entreprise.
06:44 Il est responsable. Il est responsable de ses actions.
06:47 Donc, si les gens veulent déborder, voilà.
06:49 Moi, ce que je dis juste, c'est que qui va négocier avec le gouvernement ?
06:52 Qu'est-ce qu'on veut ? Le chaos ?
06:54 Nous, depuis toujours, l'histoire de notre syndicat, c'est la responsabilité.
06:57 C'est l'exigence et la responsabilité.
06:59 Et donc, le mandat qui m'a été donné par les gens que je représente,
07:02 par mes collègues agriculteurs, le mandat qui m'a été donné,
07:05 c'est, avec l'ensemble des administrateurs de la FNSFA,
07:07 de négocier avec le gouvernement.
07:09 Pas dans n'importe quelle condition.
07:11 On a des revendications claires qu'on a portées au gouvernement.
07:13 Mais si on ne veut plus de dialogue, si on veut juste la violence,
07:15 eh bien, ça ne sera pas chez nous.
07:17 - C'est un avertissement clair que vous lancez ce matin.
07:21 S'il y a le moindre débordement, s'il se passe quelque chose tout à l'heure,
07:24 et on ne l'espère pas, évidemment, autour de Rungis ou ailleurs,
07:26 ce sera terminé.
07:28 - Non, mais moi, j'appelle aussi le monde des médias
07:30 à ne pas mettre de l'huile sur le feu.
07:32 Vous savez, c'est un moment difficile pour tout le monde.
07:34 C'est un moment difficile pour les agriculteurs
07:36 parce qu'ils attendent beaucoup.
07:38 Je pense que le gouvernement a maintenant pris le message,
07:40 et je le dis très clairement, mais je l'ai déjà dit,
07:42 que ce qui a été fait vendredi a heurté un certain nombre d'agriculteurs.
07:44 - C'est-à-dire ?
07:46 - C'est-à-dire de la communication sur trois baleaux de paille,
07:48 en faisant des annonces et en se tapant dans le dos.
07:50 C'est beaucoup plus ce qui est attendu.
07:52 Je crois que le Premier ministre a entendu le message très clairement.
07:54 - Changement de logiciel, vous dites, Arnaud Rousseau.
07:56 Rentrons dans le long terme.
07:58 Il se passe totalement différemment.
08:00 Par exemple, hier, le président de la République, Emmanuel Macron,
08:02 qui se rendra jeudi à Bruxelles,
08:04 affirme que les négociations
08:06 et tout ce qui est en cours sur le Mercosur
08:08 est à l'arrêt.
08:10 Pas terminé.
08:12 Est-ce que vous demandez des garanties ?
08:14 - Non, mais je suis obligé de reconnaître que,
08:16 depuis le début, le président de la République
08:18 a porté cette position un peu seul en Europe
08:20 et qu'évidemment, on n'est pas tout seul en Europe.
08:22 On décide à 27.
08:24 Donc on ne peut pas arriver comme ça
08:26 en disant qu'on va aligner tout le monde.
08:28 Mais je redis que, pour nous,
08:30 cet accord, il est le symbole
08:32 de ce qu'on ne veut plus,
08:34 c'est-à-dire un monde dans lequel on nous demande
08:36 de produire avec des conditions les plus élevées de la planète
08:38 et qu'on n'exige pas de nos contreparties.
08:40 Donc ça, ça va dans le bon sens.
08:42 Est-ce qu'il est suspendu ?
08:44 Est-ce qu'il y aura des conséquences ? Je ne sais pas.
08:46 Est-ce qu'on sortira de l'agriculture de cette négociation ?
08:48 Je ne sais pas, mais en tous les cas,
08:50 l'engagement du président de la République à Bruxelles est décisif.
08:52 Pourquoi ? Parce qu'à Bruxelles,
08:54 c'est une grande partie des questions agricoles qui s'y décident.
08:56 Et notamment, quand on parle
08:58 des conditions de production,
09:00 je veux parler du Green Deal et de son volet
09:02 agricole qui s'appelle le "Farm to Fork",
09:04 de la fourche à la fourchette,
09:06 on est clairement dans un volet décroissant.
09:08 On ne peut pas rester dans cet état-là.
09:10 Ça se traduit par des mesures de non-production
09:12 qui ne sont pas possibles. En ce moment, quand on voit
09:14 ce qui se passe en Ukraine, ça se traduit par des contraintes,
09:16 notamment sur les prairies en élevage.
09:18 Ça se traduit par des directives sur l'élevage industriel
09:20 qui ne satisfont pas les producteurs français
09:22 qui font essentiellement des élevages familiaux.
09:24 Je pourrais multiplier les exemples.
09:26 - Vous êtes en train de dire que cette Europe-là est en train de prôner
09:28 un modèle de décroissance.
09:30 - Je dis que ce qu'il y a dans le Farm to Fork,
09:32 clairement, est décroissant.
09:34 - Il y a quand même un grand projet porté, pardonnez-moi,
09:36 par Pascal Canfin, qui fait partie de la majorité présidentielle.
09:38 - Oui, mais je vois aussi les fractures
09:40 au sein de la majorité. Je vois très bien
09:42 les fractures au sein de la majorité, mais encore une fois,
09:44 je laisse la politique à ceux qui la font.
09:46 Moi, je représente les agriculteurs.
09:48 Nous voulons une ligne de lecture
09:50 pour que l'Europe ne désarme pas
09:52 sur le plan de la souveraineté alimentaire.
09:54 Je crois que c'est assez clair comme vision.
09:56 On veut continuer à nourrir les Européens.
09:58 - Comment on fait sur le poulet ukrainien,
10:00 sur le sucre également ?
10:02 Est-ce qu'on rétablit des quotas ?
10:04 Est-ce que sur un pays en guerre, on se dit
10:06 qu'il faut protéger d'abord
10:08 les agriculteurs et les éleveurs français ?
10:10 - On dit que c'est important
10:12 de soutenir les pays qui se battent
10:14 pour la démocratie, la paix et leurs frontières.
10:16 On a toujours dit ça. Mais quand on est sur le volet agricole,
10:18 l'Ukraine est un grand pays agricole.
10:20 Les conditions de production n'ont
10:22 rien à voir avec celles
10:24 qu'on exige en Europe.
10:26 Il y a un certain nombre de cadres à mettre,
10:28 dont des clauses de sauvegarde.
10:30 - Les cadres ne sont pas mis, selon vous ?
10:32 - Je pense que l'Europe n'a pas réagi assez vite.
10:34 Au moment où il y a une crise en France agricole,
10:36 nos amis belges ont démarré hier,
10:38 les Allemands depuis près d'un mois,
10:40 les Polonais, les Roumains,
10:42 les Italiens m'ont appelé hier.
10:44 Ce sujet de Green Deal, ce n'est pas un sujet
10:46 franco-français. Ce sujet de Green Deal,
10:48 c'est tous les pays européens qui disent
10:50 qu'on s'est trompé. Quand on se trompe,
10:52 on remet l'ouvrage sur le métier
10:54 et on fait en sorte d'améliorer les choses.
10:56 Ça prendra quelques semaines.
10:58 Ce sera un sujet des élections européennes.
11:00 Il va falloir qu'on dise très clairement ce qu'on veut.
11:02 Nous, ce qu'on veut, c'est affirmer notre souveraineté.
11:04 On importe en France
11:06 plus d'un tiers de notre alimentation.
11:08 On est contents de pouvoir consommer des produits
11:10 d'ailleurs. Par exemple,
11:12 quand vous prenez un café ce matin,
11:14 le nombre de gens qui nous écoutent sont en train de boire un café.
11:16 Il ne sera pas français demain matin.
11:18 Donc, être dans un monde ouvert,
11:20 c'est important, mais assumer notre souveraineté.
11:22 Quel coût paie-t-on aujourd'hui à notre absence
11:24 de souveraineté énergétique ? Plus 35%
11:26 sur la facture d'électricité des Français.
11:28 Nous, on ne veut pas vivre ça sur l'alimentation.
11:30 Il ne faut pas qu'on désarme sur le plan de la production agricole.
11:32 C'est ça qu'on porte sur mes propres mains.
11:34 Ce qui est arrivé à notre secteur énergétique
11:36 peut arriver aussi à notre secteur agricole.
11:38 On en est là aujourd'hui.
11:40 Bien sûr, on a perdu 100 000 agriculteurs
11:42 entre 2010 et 2020.
11:44 On n'est plus que 400 000 en France.
11:46 Donc, les querelles entre nous, c'est très sympathique.
11:48 Mais en fait, ce n'est pas la hauteur de l'enjeu.
11:50 L'enjeu, c'est qu'est-ce qu'on veut faire de l'agriculture
11:52 dans les 20 prochaines années, qui sera un vecteur, je le dis,
11:54 d'alimentation, mais demain, d'énergie renouvelable
11:56 et de production, et puis surtout,
11:58 du volet du levier environnemental, que je n'oublie pas.
12:00 Parce qu'on oppose l'agriculture et l'environnement.
12:02 Moi, je ne le fais pas, parce que l'un n'ira pas sans l'autre.
12:04 Il y a aussi la question, on va s'y arrêter,
12:06 de la loi EGalim. Alors, on a reçu un rapport,
12:08 il devait être publié, d'ailleurs, sur les différences de marge,
12:10 un rapport qu'on n'a toujours pas.
12:12 Mais le gouvernement affirme déjà que les contrôles
12:14 vont être doublés, vous le savez, et qu'il y aura des sanctions.
12:16 Demain, notre invité, ici même, à votre place,
12:18 lors de la grande interview, ce sera Bruno Le Maire,
12:20 qui a annoncé contre les sanctions.
12:22 Et qu'avons-nous découvert dans la presse ?
12:24 Eh bien, que ces sanctions, ce sont des injonctions.
12:26 Que ces trois grands groupes visés,
12:28 dont les noms sortent plus ou moins dans la presse,
12:30 n'auraient reçu qu'un petit avertissement.
12:32 A plus.
12:34 Bon, d'abord, qu'il y ait des contrôles qui soient diligentés,
12:36 c'est normal. Et puis, s'il y a des gens
12:38 qui sont contrevenants, qui soient punis,
12:40 c'est normal aussi. Voilà.
12:42 Nous, ce qui nous intéresse, c'est comment
12:44 on rend plus robuste cette loi et qu'on fasse en sorte
12:46 que la matière première agricole ne soit pas attaquée.
12:48 Donc ça, on en discute. Hier soir, on a passé
12:50 beaucoup de temps sur le sujet.
12:52 Mais qu'est-ce que vous garantissez, vous donne le Premier ministre ?
12:54 A part de dire, oui, il faut que la loi soit appliquée
12:56 par deux numéros 1, mais ceux qui nous regardent
12:58 sur CNews et nous écoutent sur Europe 1,
13:00 heureusement qu'un responsable dit que la loi
13:02 doit être appliquée.
13:04 Oui, mais c'est ça. Jusque-là, c'est assez facile
13:06 et ça ne nous aurait pas pris 3h30, je vous concède.
13:08 On est rentré dans les sujets.
13:10 Comment on fait, par exemple, pour qu'on s'assure
13:12 que la construction du prix en marche avance,
13:14 c'est-à-dire la prise en compte du coût de production
13:16 interprofessionnelle dans la construction du prix
13:18 soit prise en compte avant les négociations
13:20 entre industriels et grandes distributions ?
13:22 Il y a un sujet de timing.
13:24 Parce que si on négocie entre industriels et grandes distributions
13:26 et qu'à la fin, on revient voir les paysans
13:28 pour leur dire "ben voilà ce qu'on peut vous donner",
13:30 ça, c'est pas tenable.
13:32 Nous sommes d'accord, mais elles sont où les marges ?
13:34 La valeur captée, où est-elle ?
13:36 C'est pas pour les viser, mais qui sont ces 3 grands groupes ?
13:38 C'est important.
13:40 Je sais que pour vous, ça vous tient à cœur
13:42 d'insuffler la confiance aux consommateurs.
13:44 Bien sûr, mais le gouvernement,
13:46 il ne m'appartient pas de dire qui sont ces groupes.
13:48 D'ailleurs, je n'ai pas ces informations,
13:50 si ce n'est ce que je lis dans la presse.
13:52 Mais encore une fois, mon sujet,
13:54 c'est nous, c'est le monde agricole.
13:56 C'est qu'est-ce qu'on fait pour garantir que cette loi
13:58 crédibilise ce qui a été écrit,
14:00 c'est-à-dire la protection de la matière première agricole.
14:02 Vous ne voulez pas pointer du doigt ce matin,
14:04 Arnaud, sauf que je vous comprends bien, les industriels et la grande industrie.
14:06 Non, mais moi, je ne sais pas.
14:08 Vous avez quand même une petite idée.
14:10 On attend le rapport de l'inspection générale des finances.
14:12 Parce que moi, je veux pouvoir analyser...
14:14 Il devait déjà arriver.
14:16 Oui, alors ce que nous a dit Bruno Le Maire,
14:18 c'est qu'il devait être là dans les tous prochains jours.
14:20 Donc là, on l'attend évidemment avec impatience.
14:22 L'intérêt, c'est de savoir où sont les marges
14:24 et comment se construit encore une fois le prix.
14:26 Vous savez, l'agriculteur,
14:28 c'est compliqué de comprendre
14:30 le contenu de la loi EGalim.
14:32 Lui, ce qu'il comprend très bien, en revanche,
14:34 c'est quand on lui explique qu'on va lui demander une fois encore
14:36 de la déflation sur son prix de matière première agricole.
14:38 Et ça, ce n'est plus possible.
14:40 Vous êtes, je l'ai dit, évidemment le président de la FNASR.
14:42 Vous êtes aussi, Arnaud Rousseau,
14:44 à titre non exécutif, je le précise,
14:46 et au nom du monde agricole, le président du conseil d'administration
14:48 d'un grand groupe agroalimentaire français.
14:50 C'est le groupe Avril, avec des marques
14:52 qui sont très identifiées pour nos téléspectateurs
14:54 et nos auditeurs.
14:56 Donc à la fois, vous avez la casquette de producteur et d'industriel.
14:58 J'ai écouté ce matin, sur une autre radio,
15:00 la patronne de la CGT qui dit
15:02 "Mais Arnaud Rousseau, c'est plus un patron qu'un paysan.
15:04 Il ne connaît pas grand-chose à la révolte en ce moment.
15:06 Il dit être le visage
15:08 de ses agriculteurs en souffrance,
15:10 mais il ne l'est pas du tout en souffrance lui-même.
15:12 Où le répondez-vous ?
15:14 - Écoutez, je l'invite à venir sur ma ferme si elle veut venir avec moi
15:16 biner des betteraves montées
15:18 au mois de juillet,
15:20 sans mauvais jeu de mot.
15:22 Ce qui compte, c'est que
15:24 tout le monde comprenne bien
15:26 que le monde agricole,
15:28 il n'est pas seulement focalisé sur sa ferme,
15:30 il est aussi focalisé sur la construction
15:32 des marges. Et au même titre qu'on a des coopératives,
15:34 il y a 40 ans, il y a des agriculteurs
15:36 qui se sont dit "On va se prendre en main
15:38 et plutôt que de critiquer les gens qui nous piquent
15:40 les marges, eh bien on va faire le travail nous-mêmes."
15:42 Et donc ils ont construit un groupe
15:44 et qui sera toujours présidé par un agriculteur,
15:46 après moi, qui est avec des capitaux agricoles
15:48 et qui ne redistribue aucun dividende.
15:50 Ça, je pense que Mme Binet ne le sait pas.
15:52 - Elle ne le sait pas. A bon entendeur.
15:54 Mais vous êtes toujours en résonance
15:56 avec ce monde agricole, par exemple,
15:58 sur le GNR, sur le fameux gasoil
16:00 non routier. Il est vrai qu'il y a quelques mois,
16:02 Arnaud Rousseau, quand vous étiez en négociation
16:04 avec Bruno Le Maire,
16:06 vous êtes parti dans ce sens-là. Vous n'avez pas vu
16:08 l'étincelle sociale prendre.
16:10 - Alors d'abord, je prends mon mandat,
16:12 il est le fruit de la légitimité
16:14 d'un conseil d'administration. Vous savez, mon premier
16:16 vice-président est viticulteur,
16:18 le deuxième vice-président de la FNSA
16:20 est éleveur bovin dans le Cantal.
16:22 Et la légitimité, c'est important
16:24 pour agir. Ensuite, je vais vous dire, le sujet de fond,
16:26 c'est que les gens qui auront un problème
16:28 avec le message, attaquent le messager. C'est une vieille ficelle.
16:30 Le sujet, c'est pas Arnaud Rousseau.
16:32 Les agriculteurs sur le terrain, dans les autoroutes,
16:34 aujourd'hui, ils s'en moquent. Et puis,
16:36 après moi, il y en aura un autre. C'est pas du tout...
16:38 Voilà, vous avez compris que
16:40 les choses sont lourdes à porter et on le fait collectivement.
16:42 Collectivement, avec les jeunes agriculteurs.
16:44 Parce que la FNSA n'agit pas seule.
16:46 Elle le fait aussi avec l'idée qu'il faut
16:48 construire les générations derrière.
16:50 Elle le fait avec l'idée que
16:52 si on ne sort pas positivement,
16:54 on aura une forme de défiance.
16:56 Et je pense que personne n'y a intérêt parce qu'encore une fois...
16:58 C'est un avertissement. C'est-à-dire que si
17:00 on ne sort pas par le haut de cette crise,
17:02 et vous le dites à la fois aux agriculteurs qui sont nombreux
17:04 à nous écouter ce matin sur Europe 1 et sur CNews,
17:06 et au gouvernement, une défiance s'installe
17:08 et dont les racines seraient profondes.
17:10 Mais elle existe déjà, la défiance. Elle existe déjà.
17:12 Le sujet, aujourd'hui, c'est d'apporter des réponses concrètes.
17:14 Dans un premier temps d'urgence.
17:16 Ensuite, dans quelques jours,
17:18 au niveau européen. Et enfin,
17:20 dans quelques semaines, au niveau de la loi.
17:22 Merci Arnaud Rousseau.
17:24 Merci pour votre invitation.
17:26 Merci à vous de mobiliser, je suppose, évidemment.
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