• il y a 9 mois
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Arnaud Rousseau, président de la FNSEA répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la crise agricole à quelques jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture.
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Transcription
00:00 - 8h et bientôt 13 minutes sur Europe 1. Merci d'être en notre compagnie.
00:07 Sonia Mabrouk reçoit Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA.
00:12 - Bienvenue et bonjour à vous Arnaud Rousseau. - Bonjour Sonia Mabrouk.
00:19 - Merci de votre présence. Vous êtes le président de la FNSEA, c'est la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles.
00:25 Vous allez rencontrer Arnaud Rousseau demain, le président de la République avec aussi le président des jeunes agriculteurs.
00:31 Alors je précise que c'est une rencontre annuelle, mais elle intervient généralement toujours avant le salon de l'agriculture.
00:37 Là c'est un contexte particulier, inflammable. Ce matin encore un supermarché a été bloqué près de tard dans les Hautes-Pyrénées.
00:44 Il y a des actions éparses d'agriculteurs. Dites-nous dans quel état d'esprit vous allez à cette rencontre avec le président de la République ?
00:51 - Écoutez, on y va conscient du travail réalisé et particulièrement déterminé puisque vous l'avez suivi, nous avons eu depuis le mois de novembre
00:59 des actions pour dire qu'on marchait sur la tête en agriculture. On a pris l'opinion publique à témoin avec son soutien de l'intérêt de produire
01:07 pour nourrir en France, de veiller au prix de nos produits, de faire en sorte qu'on n'importe pas. On a d'abord eu un mouvement sur le terrain
01:14 qu'on a suspendu le temps de travailler parce qu'on est conscient aussi que parfois ça nécessite un peu de temps pour faire bouger les lignes
01:21 et que tout ça vient de loin. Cette période a été mise à profit pour travailler. Nous avons travaillé avec nos partenaires des jeunes agriculteurs
01:28 pour faire des propositions très concrètes. Maintenant on va arriver dans le temps où on va attendre la décision politique, la décision publique.
01:36 C'est donc très déterminé qu'on va voir le président de la République demain.
01:40 Donc très concrètement, 5 jours avant le salon, vous demandez que les actions concrètes soient enfin appliquées sur le terrain.
01:46 On est passé de l'attente à un mouvement aussi de colère à véritablement quelque chose qui est urgentissime.
01:51 Oui, la colère elle est toujours là. Je le redis, ce n'est pas parce que les gens sont repartis dans les exploitations que le sujet est terminé.
01:57 Simplement, on l'a dit, il faut travailler. Vous savez, la valeur travail en agriculture, c'est une valeur centrale.
02:02 Et donc le rôle d'un syndicat comme le nôtre, la FNSEA, c'est que nous soyons dans la proposition et que nous cherchions des solutions.
02:09 C'est l'histoire de notre syndicat. Et donc là, on l'a dit, on veut maintenant que ça puisse se traduire très concrètement,
02:14 que cette colère, elle trouve finalement des réponses, des solutions.
02:19 Et je le dis encore une fois, pas simplement des mots, mais qu'ils puissent se voir dans nos exploitations.
02:23 Mais est-ce que vous pouvez expliquer, Arnaud Roussois, nos auditeurs et téléspectateurs, ce qui s'est passé depuis votre mobilisation
02:27 et les promesses qui vous ont été faites très concrètement à l'heure actuelle ?
02:31 Est-ce que vous avez le début de la trame de ce qui va changer dans la vie des agriculteurs ?
02:35 Nous, d'abord, on l'a dit, il y a plusieurs niveaux. Il y a le niveau européen, parce que ce que vos auditeurs doivent savoir,
02:40 c'est que de nombreuses décisions qui concernent l'agriculture sont prises à Bruxelles.
02:44 Et qu'il y avait aujourd'hui un cadre qu'on appelle le pacte vert, qui était essentiellement décroissant concernant les sujets agricoles
02:50 et qui n'est pas tenable parce qu'il a été pensé avant le Covid et avant la guerre en Ukraine.
02:54 Et tout le monde comprend que le cadre a changé. Donc on a besoin de revenir sur ce cadre.
02:58 Mais quelle garantie vous avez eue sur ce changement ?
03:00 On a déjà, par exemple, très concrètement dans nos exploitations, on avait l'obligation de faire 4% de jachères dès cette année,
03:06 des notaires qui ne sont pas mis en culture, alors qu'on importe massivement, notamment d'Ukraine.
03:11 Et ça, on ne le comprend pas. Donc ça, on vient de revenir dessus.
03:14 Il y a d'autres sujets qui concernent les prairies, qui concernent l'élevage.
03:17 Il y a beaucoup de sujets qui sont à reprendre. Et ça, c'est à faire avant les élections européennes.
03:21 Puis après, on a le cadre national. Sur le cadre national...
03:24 Je préfère qu'on fasse partie par partie sur le plan européen, par exemple, très concrètement.
03:29 On a entendu beaucoup d'agriculteurs et vous-même.
03:31 Ici, vous m'aviez parlé du poulet crénien, des céréales, etc. Est-ce que vous avez des garanties sur ce plan-là ?
03:37 Oui, des décisions ont été annoncées concernant l'Ukraine sur un certain nombre de denrées.
03:40 Je pense à la volaille, je pense aux oeufs, je pense au sucre, je pense aux céréales.
03:45 Donc ça, c'est une bonne chose puisqu'on va mettre des clauses de sauvegarde.
03:48 Maintenant, ce qui nous intéresse, c'est que ce soit efficace.
03:51 Des clauses de sauvegarde pérennes ?
03:52 Alors, c'est ce qu'on demande, évidemment.
03:54 On demande deux choses. On demande d'abord que ce soit robuste juridiquement.
03:57 On va le mesurer très vite parce qu'en fait, à un moment où les choses rentrent et sont consommées en Europe,
04:04 ou alors elles transitent et elles repartent, ce qu'on demande...
04:06 Je vous donne un exemple. Sur le sucre.
04:08 Le sucre, avant la guerre en Ukraine, l'Ukraine importait 20 000 tonnes de sucre en Europe.
04:12 Elle en a importé l'année dernière 700 000 tonnes.
04:15 Tout le monde comprend bien que ça n'est pas tenable.
04:16 Et le sujet n'est pas de refuser que l'Ukraine soit un partenaire de l'Europe dans le moment dans lequel on est.
04:22 Le sujet, c'est juste que les choses soient équilibrées.
04:24 Donc ça, ça n'est pas tenable. Ça doit se faire vite.
04:26 Et ça doit se faire avec des références qui sont avant la guerre.
04:29 J'entends. Mais je vais plus loin sur cette question.
04:30 Du seul point de vue agricole, quel serait, par exemple, pour voir Norosso, la conséquence de l'entrée de l'Ukraine dans l'UE ?
04:36 C'est assez simple. Elle a été expertisée.
04:38 Demain, si l'Ukraine était dans l'Union, peut-être dans une vingtaine d'années, mais en tous les cas dans l'Union,
04:46 c'est un quart de l'agriculture européenne, l'agriculture ukrainienne.
04:49 Et c'est un coût de 100 milliards d'euros.
04:52 Nous, on pose une question assez simple, en fait.
04:54 C'est que qui paye ? Qui paye ?
04:56 Après, c'est un intérêt parce qu'on voit bien que face à la géopolitique de la Russie,
05:00 notamment sur les céréales, vers le continent africain,
05:02 que l'Europe de moins renforce son poids, ça peut avoir du sens.
05:05 Mais pour les agriculteurs européens et singulièrement pour nous en France,
05:08 la question c'est dans quel cadre, avec quels moyens, avec quelle cohérence, et qui paye ?
05:13 Plus précisément, ma question c'est est-ce que l'Europe est au service des agriculteurs français ou des céréaliers ukrainiens ?
05:18 Non, mais je n'ai pas de doute quand je réponds à cette question.
05:21 En tous les cas, sur ce que nous, on porte, l'Europe, vous savez, l'agriculture européenne, c'est le premier budget de l'Union.
05:27 C'est près de 26 à 27 % de son budget.
05:29 Et donc, l'agriculture, elle se conçoit forcément de manière européenne.
05:33 D'ailleurs, tous les partis d'où qu'ils viennent en sont d'accord.
05:36 Donc la question c'est qu'est-ce que pèse l'Union européenne dans son volet agricole
05:40 face à tout ce qui se passe en termes de géopolitique.
05:42 On pourrait passer du bassin méditerranéen, on pourrait parler de l'Ukraine, on pourrait parler de la Russie et au-delà.
05:47 Donc nous, affirmer cette vision, une vision qui est moins naïve et qui donne la capacité de produire
05:52 pour réduire les importations, encore une fois, produites avec des conditions qui ne nous sont pas demandées.
05:56 Revenons dans le cadre national. Par exemple, pour être très précis, sur le plan élevage,
06:00 ce plan devait être lancé avant le salon de l'agriculture à Arnault-Rousseau.
06:05 C'est ce qu'a dit le Premier ministre Gabriel Attal. Est-ce que ce calendrier, il est respecté aujourd'hui ?
06:08 Écoutez, vous vous souvenez que la semaine dernière, on avait dit que le tempo n'était pas le bon.
06:12 Je me réjouis de voir que la semaine dernière, des réunions importantes ont eu lieu
06:16 avec l'ensemble des représentants des filières d'élevage.
06:18 Et les décisions ? Après les réunions, à qui il y en a ?
06:20 Au moment où je vous parle, je ne les connais pas, puisque je pense que c'est le président de la République
06:24 qui se réservera à l'annonce.
06:26 Mais c'est nécessaire dans toutes les productions d'élevage de pouvoir donner de la vision et avancer.
06:31 Je vais vous prendre un exemple. En apiculture, dont on oublie que par définition, c'est de l'élevage,
06:36 il y a des besoins en ce moment, sur le plan apicole, de sécuriser le volet sanitaire,
06:40 de favoriser l'écoulement de la production française, qui est très attaquée,
06:44 y compris avec des miels importés qui ne sont pas du miel, qui sont de la fraude.
06:48 Donc le secteur apicole a besoin de soutien.
06:50 Eh bien, nous attendons du président de la République que sur ce volet précis que je viens de vous décrire,
06:54 on puisse accompagner les apiculteurs. On a besoin de 4 à 5 millions d'euros. Il faut le faire tout de suite.
06:58 Et si ces annonces ne sont pas faites avant le Salon de l'agriculture, est-ce que vous reprendriez votre mouvement de colère ?
07:03 Écoutez, nous, depuis le début, on est très clair sur le sujet. On a pris nos responsabilités.
07:07 On a dit qu'il y avait un temps sur le terrain.
07:08 Alors, qui ne les a pas prises ?
07:09 Moi, j'attends du pouvoir politique, mais en l'occurrence du président de la République,
07:13 puisque c'est lui qui vient samedi, qui nous annonce ce qu'est sa vision de l'agriculture des prochaines années
07:19 et qu'est-ce qu'on fait tout de suite.
07:20 On est caution aussi qu'il y aura un temps après le Salon de l'agriculture, notamment avec la loi.
07:24 Si, expliquez-nous le plan, si ces annonces sont faites, évidemment, vous jugerez en monnaie sonnante et trébuchante,
07:30 comme on dit, mais si elles ne sont pas faites, Arnaud Rousseau, d'ici 5 jours, que se passera-t-il ?
07:33 Si elles ne sont pas faites, les agriculteurs feront le constat qu'on se moque d'eux et j'imagine que les actions reprendront.
07:38 On l'a dit, nous, de toute façon, dans le moment dans lequel on est, il n'y a pas d'esprit de recul.
07:42 Il faut que les décisions attendues depuis longtemps se mettent en œuvre avec des actions d'urgence,
07:47 comme elles ont été décrites, et leur application, parce que sur la mesure élevage, par exemple,
07:51 qui concerne les bovins sur le fiscal et le social, on nous explique que ce sera une mise en œuvre en 2025,
07:55 il n'en est pas question. C'est 2024 sur l'ésolat 2023. C'est l'engagement du Premier ministre.
07:59 Donc ça, maintenant, il faut que ça se mette en place.
08:01 Continuons avec des exemples très précis.
08:03 Des contrôles ont été annoncés sur des distributeurs et industriels, Arnaud Rousseau,
08:06 pour faire appliquer la fameuse loi EGalim, afin de préserver, bien sûr, le revenu des agriculteurs.
08:11 Bruno Le Maire l'avait annoncé ici même.
08:13 Mais qu'est-ce qui garantit que ça va aller au-delà, j'allais dire, d'une certaine séquence politique et médiatique aujourd'hui ?
08:18 Écoutez, au moment où je vous parle, rien ne le garantit, si ce n'est l'intérêt que,
08:22 collectivement, on a à faire respecter la loi.
08:24 Quand le ministre, M. Le Maire, dit « les gens ont des contrôles », on trouve plus d'une centaine de gens qui sont en infraction,
08:29 ce qui veut dire qu'il y a des gens qui s'affranchissent de la loi de manière très à l'aise.
08:33 Ça, ça ne peut pas durer.
08:34 Maintenant, si l'État ne veut pas faire son travail, que personne ne doute qu'à un moment,
08:37 les agriculteurs reviendront pour faire appliquer ce qui est la construction du prix en marche avant,
08:42 qui est essentiel pour nous.
08:43 Qui est essentiel parce que si on ne respecte pas le prix de la matière première à l'école,
08:47 alors derrière, il n'y a plus rien qui tient.
08:49 Donc ça, on a besoin de l'État.
08:51 On a besoin aussi d'aller plus loin sur le contrôle du prix.
08:53 On a besoin, sur le commerce, de vérifier que les échanges se font de manière loyale.
08:58 Ce n'est pas question de ne pas échanger, comme je le dis parfois.
09:01 On veut continuer à échanger, mais de manière loyale.
09:03 Or, aujourd'hui, c'est possible.
09:04 Mais c'est quoi de manière loyale ?
09:05 Parce que parlons des... c'est quand même le cœur aussi de la colère,
09:08 ces fameux accords de libre-échange sur le plan européen et mondial.
09:11 La FNSEA, Arnaud Rousseau, expliquez-nous votre position.
09:14 On n'est pas contre ces accords de libre-échange.
09:16 Et certains affirment que vous auriez un double discours à Bruxelles,
09:19 et puis pas le même dans les territoires.
09:21 Non, non.
09:22 Oui, pour les accords de libre-échange à Bruxelles,
09:23 et pas vraiment quand on est dans les territoires en France.
09:26 On n'a qu'un seul discours, et je voudrais être précis, sur le Mercosur, vous voyez,
09:29 qui est un accord de libre-échange qui concerne tout un tas de domaines,
09:33 dont de la viande bovine, 99 000 tonnes, dont on ne veut pas.
09:36 Mais aujourd'hui, il n'y a pas d'accord de libre-échange avec le Mercosur,
09:38 et pourtant, on commerce.
09:40 Il y a déjà 300 000 tonnes tous les ans qui arrivent d'Argentine, du Brésil.
09:44 Donc vous voyez que se focaliser sur les accords de libre-échange,
09:47 alors que par ailleurs, on a des échanges en dehors de ces accords,
09:50 déjà aujourd'hui, qui rentrent dans des conditions de production,
09:53 avec de la viande aux hormones, dans des feedlots qui ne sont pas notre modèle,
09:56 qui rentrent, vous voyez là, très précisément.
09:58 Donc il ne faut pas se focaliser en disant "on ne veut pas d'accord".
10:01 Il y a déjà du commerce qui se fait, et c'est tant mieux,
10:03 parce qu'y compris en viande bovine, on exporte de la viande vers l'Italie.
10:07 On voudrait rouvrir le marché algérien, qui est fermé pour des questions sanitaires.
10:11 Donc le commerce, il existe.
10:13 Quand vous êtes un producteur de vin, vous avez besoin de commercer.
10:15 Quand vous êtes un producteur laitier, vos fromages, ils ont besoin d'être vendus,
10:18 y compris hors de la France, quand vous êtes un céréalier également.
10:21 Donc le sujet, ce n'est pas de refuser les échanges.
10:23 Le sujet, c'est de le dire.
10:25 On ne peut pas le faire avec des règles qui sont parmi les plus drastiques,
10:27 les plus durables en Europe.
10:29 Et tant mieux pour le consommateur, et ouvrir nos portes à des gens
10:32 qui ne respectent aucune de nos normes.
10:34 Je crois que c'est cohérent. C'est ce que porte l'FNSL.
10:36 On a pu tout à l'heure ce matin atteindre des réponses extrêmement concrètes.
10:39 Est-ce que vous n'avez pas suspendu trop tôt, trop vite le mouvement,
10:42 croyant peut-être avoir eu gain de cause trop rapidement à Orneau-Rousseau ?
10:45 Pas du tout.
10:46 Est-ce que certains disent, j'allais dire la base, c'est un mot noble,
10:49 c'est-à-dire beaucoup d'agriculteurs et de paysans pensent que vous auriez pu maintenir
10:52 un peu plus la pression et obtenir davantage ?
10:54 Cette décision, elle a été prise collégialement à l'FNSL.
10:57 Ce n'est pas simplement la décision du président.
10:59 Elle a été prise dans un moment où, au terme des annonces d'urgence,
11:02 il nous semblait ensuite que le temps plus long, et on vous venait d'y faire référence,
11:06 ça ne va pas s'arrêter avec le salon, avait besoin d'être travaillé.
11:10 Je précise aussi que depuis, un certain nombre d'actions se poursuivent
11:13 à l'initiative des départements.
11:15 Vous l'avez dit, sur des blocages de la Grande distribution.
11:19 Et vous continuez à se poursuivre des actions comme celle-là ?
11:21 Mais vous savez, encore une fois, c'est l'initiative du terrain.
11:24 Et vous les encouragez ?
11:25 Non, mais nous, ce qu'on encourage, c'est le fait de continuer à mettre la pression
11:29 pour qu'on puisse avoir le maximum de résultats probants au salon
11:32 et continuer le travail sur la loi.
11:34 Dans cinq jours, hein ?
11:35 C'est-à-dire que les annonces doivent intervenir entre là, votre interview, et ce samedi ?
11:39 On dit la même chose depuis trois semaines, Sonia Mabrouk.
11:41 On dit la même chose, et on a fait preuve de responsabilité.
11:44 Je le dis aussi parce qu'il n'y a pas eu un blessé sur ces manifestations.
11:48 Il n'y a pas eu de dégradation.
11:50 Malheureusement, il y a eu, mais c'est autre chose, évidemment.
11:52 Un accident dramatique dans la riège.
11:54 Qui a d'ailleurs été un élément, vous savez, dans la décision de suspendre le mouvement.
11:59 Parce que, que les gens commentent en disant "on l'a levé trop tôt" ou "trop tard"
12:03 ou "pas comme il fallait" ou "on aurait dû faire mieux".
12:05 C'est l'avis de la responsabilité, vous voyez ?
12:07 Mais je vous pose directement la question.
12:09 En fait, vous dites "responsabilité Arnaud Rousseau".
12:11 Certains estiment que vous avez négocié une sorte de paix avec le gouvernement
12:15 puisque vous êtes leur principal vis-à-vis.
12:17 Est-ce que vous êtes une sorte de, j'allais dire, entre guillemets, complice du gouvernement
12:21 ou est-ce que vous voyez votre rôle, au contraire, comme un rôle de responsabilité
12:24 pour ne pas que ça dégénère ?
12:25 Non mais soyons sérieux, la FNSA, elle va fêter ses 78 ans cette année.
12:30 Elle négocie depuis 78 ans avec tous les gouvernements,
12:34 quelle que soit leur couleur politique.
12:36 Parce que ce qui fait notre colonne vertébrale,
12:39 c'est d'être un syndicat de solution qui veut faire avancer l'agriculture.
12:42 Donc nous négocions avec ce gouvernement aujourd'hui,
12:44 nous négocions avec le précédent gouvernement,
12:47 avec le suivant, c'est notre histoire.
12:49 Exercer une responsabilité, faire en sorte qu'on trouve des solutions
12:53 et des voies de progression, c'est notre ADN.
12:55 Après, certains considèrent que c'est de la connivence.
12:58 Nous concernant, ça n'est ni défiance ni complaisance,
13:02 c'est la responsabilité engagée et la volonté de trouver des solutions.
13:05 Et puis après, les agriculteurs, ils se définiront, vous savez,
13:07 ils sont libres de pouvoir voter pour qui ils veulent, comme ils veulent.
13:10 La FNSA, c'est pas un syndicat politique.
13:11 La FNSA, c'est un syndicat qui porte l'avenir de l'agriculture
13:14 et qui veut le faire dans un monde qui aujourd'hui est dans un grand trouble.
13:17 Comment le président de la République va-t-il être accueilli
13:20 dès l'ouverture du Salon de l'agriculture ?
13:22 Vous l'avez compris, l'attente est très forte.
13:24 Donc, ça ne sera pas un salon comme les autres.
13:26 C'est un salon où le président de la République devra d'abord dire
13:29 ce qu'il entend faire, entendre aussi l'agacement.
13:32 Personne n'imagine qu'il puisse, comme tous les ans,
13:35 défiler dans les allées sans avoir eu un propos fort, clair
13:38 et être à l'écoute du monde agricole qui a des revendications claires.
13:42 Donc, c'est un accueil électrique qui est attendu, voire...
13:45 Il y a une très forte attente, mais je pense que personne ne l'ignore et pas lui.
13:48 Et en tous les cas, on lui redira demain après-midi.
13:51 Donc, ça ne sera pas un salon comme les autres, c'est évident.
13:53 Pour autant, le Salon de l'agriculture, ça reste un moment
13:56 où les agriculteurs viennent vendre leurs produits,
13:59 montrer leurs animaux, accueillir les Français.
14:02 Nous, on pense que c'est aussi important...
14:04 C'est une très belle vitrine, elle le restera.
14:06 Juste encore un moment sur le plan politique,
14:08 c'est-à-dire l'accueil du président et des politiques ne se fera pas comme avant.
14:11 C'est ce que vous dites.
14:12 Non, mais personne n'imagine que chacun va venir faire la photo au cul des vaches,
14:16 comme le veut l'histoire populaire.
14:18 Aujourd'hui, le président de la République, mais je dirais tous les partis politiques,
14:22 sont attendus sur ce qu'est leur vision de l'agriculture,
14:24 comment ils entendent la construire.
14:26 Et donc, évidemment, ce sera encore une fois un salon différent.
14:30 Nous, ce qu'on veut, c'est des réponses du gouvernement.
14:33 Et puis, c'est aussi que l'ensemble des personnels politiques
14:35 qui viennent sur ce salon puissent dire aussi quelle est leur vision de l'agriculture.
14:39 Vous n'excluez pas des actions qui pourraient se tenir au salon de l'agriculture,
14:43 avec certains disent peut-être retirer les bovins
14:45 pour qu'il n'y ait pas justement une sorte de mise en scène politique.
14:49 Non, écoutez, soyons sérieux, ce salon, vous savez,
14:52 c'est un an de travail pour ceux qui l'organisent.
14:54 Ce sont des gens qui ont fait des concours pour leurs animaux depuis des mois,
14:57 qui sont extrêmement fiers de ce qu'ils font et qui ont raison d'être fiers de ce qu'ils sont.
15:00 C'est un concours général agricole qui se tiendra, quoi qu'il arrive.
15:03 Voilà, donc ne confondons pas ce qu'est la vie du salon,
15:07 le grand public, la nécessaire communication,
15:09 la mise en valeur de nos produits et de nos animaux,
15:11 avec ce qu'est le moment politique, qui est un moment attendu,
15:15 qui ne sera pas un moment comme les autres,
15:16 sur lequel il y a un niveau d'exigence élevé
15:18 et sur lequel on attend des réponses très concrètes.
15:20 Et demain, pour conclure avec le président de la République,
15:23 le principal message et l'état d'esprit qui vous anime,
15:26 ce sera en quelques mots, Arnaud Rousseau, pour conclure ?
15:28 Ce sera une détermination totale à faire passer auprès du président de la République
15:33 la nécessité qu'il n'y a pas à prendre de demi-mesure.
15:35 Il faut y aller à fond, il faut y aller profondément,
15:38 il faut y aller dans la durée, parce que l'attente est tellement forte
15:42 que si la réponse n'était pas au rendez-vous,
15:45 derrière on ouvre une période d'incertitude majeure
15:47 qui serait finalement contre-productive pour le gouvernement.
15:52 Donc s'il veut prendre le risque, c'est sa responsabilité.
15:55 Mais je veux lui redire que le monde agricole est d'une détermination totale
15:58 comme elle l'a rarement été.
16:00 Avec le soutien des Français, d'une grande majorité de la population française.
16:03 Merci Arnaud Rousseau, c'était votre grande interview ce matin sur CNews et Europe 1.
16:07 Et à bientôt.
16:08 Merci Sonia Mabrouk, merci Arnaud Rousseau.
16:11 Bientôt 8h30 sur Europe 1, restez avec nous.
16:13 Dans un quart d'heure, la revue de presse de Jacques Serret,
16:16 juste après le journal de Christophe Lamarre.
16:17 A tout de suite.

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