Au restaurant, à la ferme et au cimetière

  • il y a 8 mois

Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, il s'intéresse au nouveau concept de restaurant Pacific 91 qui cartonne à à Fleury Merogis, au reste à vivre des classes moyennes, à la colère agricole et aux apéros de la mort.

Retrouvez "La revue de presse" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presse2

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00:00 *Générique*
00:02 La revue de presse d'Europe 1, Olivier Delagarde.
00:04 Ce matin, vous nous emmenez à la rencontre d'une France dont on parle peu.
00:07 Et direction Fleury-Mérogis en Essonne, rassurez-vous Dimitri, pas pour aller en prison,
00:12 mais au restaurant Pacifique 91.
00:15 Ça ne vous dit rien ? Eh bien c'est le nouveau concept qui cartonne
00:19 et qui promet de faire des petits dans toutes les périphéries.
00:21 Enfin des petits...
00:22 Il s'agit de restaurants gigantesques qui proposent à leurs clients
00:27 des buffets à volonté, 500 places assises, 50 mètres de linéaire de nourriture,
00:32 de la pizza au curry d'agneau en passant par le pâté croûte et le rouleau de printemps,
00:36 autant que vous voulez pour 17,90€ à midi et 26,90€ le soir et le week-end.
00:43 C'est Armel Kamelin du Parisien qui nous fait découvrir ce temple paradoxal de la place moyenne.
00:49 Paradoxal parce que les Français ont une double vie alimentaire, écrit-elle.
00:53 C'est-à-dire qu'ils mangent plutôt sainement à la maison, mais plus du tout quand ils sortent
00:57 et ça leur plaît beaucoup.
00:59 "On est effectivement ici dans la surconsommation conviviale",
01:02 explique Jean-Pierre Corbeau, sociologue de l'alimentation.
01:06 "Il y a dans ces lieux une mise entre parenthèses des injonctions environnementales.
01:10 Les clients que l'on rencontre, précise-t-il, ont souvent du discours du genre
01:13 "j'en ai marre de l'environnement".
01:15 Ici, les Français expérimentent la jubilation à surconsommer
01:19 et sont dans une logique de revanche sociale.
01:23 Article passionnant dans les pages Ile-de-France du Parisien.
01:25 - Mais pourquoi nous parler ce matin des classes moyennes, Olivier ?
01:28 - Et bien parce que c'est à elles que va s'adresser le Premier ministre cet après-midi.
01:32 "Discours de politique générale et ce sont les classes moyennes
01:36 qui seront au centre des préoccupations", affirme Lacroix.
01:39 Alors d'abord, de qui parlons-nous ?
01:40 Pour faire simple, les classes moyennes représentent ceux qui se situent
01:43 entre les 30% les plus pauvres et les 20% les plus riches,
01:47 explique Louis Morin, directeur de l'Observatoire des Inégalités.
01:51 On y trouve ce que l'INSEE appelle les professions intermédiaires,
01:54 mais aussi des ouvriers qualifiés jusqu'aux enseignants.
01:57 Mais le plus important, c'est leur moteur.
01:59 Les classes moyennes se sont construites au XXe siècle
02:02 sur une aspiration à l'ascension sociale.
02:05 Résultat du travail, de l'épargne, du mérite,
02:08 bref, une récompense de la vertu, écrit Nicolas Senez.
02:13 Or, ces dernières années, ce modèle semble remis en cause.
02:16 Pour eux, l'accès à la propriété est plus difficile,
02:19 l'ascenseur social leur paraît comme bloqué,
02:21 et elles contribuent plus légèrement au système qu'elles n'en sont bénéficiaires.
02:26 Leur reste à vivre n'est pas significativement supérieur
02:30 à celui de ceux qui ne travaillent pas et bénéficient des minima sociaux.
02:34 Et c'est donc à eux que Gabriel Attal va devoir redonner des raisons d'y croire,
02:38 cet après-midi.
02:39 - Alors le Premier ministre va également, évidemment,
02:42 être très attendu par les agriculteurs.
02:44 - Eh oui, annonce à gogo, et urgence oblige dans les écoles.
02:46 Cécile Cornudet explique qu'il s'agit pour lui d'abord de calmer la colère agricole
02:51 sans donner un coup d'arrêt à la transition écologique.
02:54 Mais avant qu'il ne s'exprime, on se permettra de conseiller à notre Premier ministre
02:58 la lecture de la longue interview de Pierre Vermeerhen dans les Écoles.
03:02 Cet historien s'intéresse depuis longtemps à l'évolution de la société française
03:06 et il nous refait le film de ce qui s'est passé depuis les années 50,
03:10 cette américanisation du pays.
03:12 "Parce que nous sommes le pays le plus américanisé d'Europe,
03:15 record du nombre de fast-food et de supermarchés,
03:17 notre alimentation a été saccagée", écrit-il.
03:20 "Pizza, hamburgers, donuts, kebabs, frites,
03:23 les pauvres mangent de plus en plus gras et sucrés,
03:26 les Français sont devenus des consommateurs hors-sol."
03:30 Et dans une société à la dérive, qui doit suivre les injonctions contradictoires de ses dirigeants,
03:35 les paysans sont devenus un refuge culturel de l'identité de la France,
03:41 affirme-t-il.
03:42 Nous sommes face à des choix de société et de civilisation,
03:46 mais c'est à ceux qui dirigent l'état de choisir, pas au peuple appauvri.
03:50 - Vous n'avez pas terminé sur une note aussi grave, Olivier, rassurez-moi.
03:53 - Écoutez, on commençait avec les buffets à volonté,
03:56 et bien nous allons terminer avec les apéros de la mort.
03:59 - Oula !
04:00 - C'est la croix qui s'intéresse aujourd'hui au nouveau rythme funéraire,
04:03 à ces start-up qui s'appuient sur le numérique pour accompagner le deuil
04:07 et qui secouent tout de même pas mal le milieu traditionnel des obsèques.
04:10 Il y a donc ce concept d'apéro de la mort,
04:12 des groupes de parole entre inconnus qui se retrouvent dans un bar
04:15 pour papoter de la perte d'un être cher ou de sa préparation à son propre départ.
04:20 "Mais il y a plein de nouveaux services", raconte Baptiste Candas,
04:23 "des coachs en accompagnement au deuil,
04:26 et puis cette entreprise qui vous propose, si vous n'avez ni famille ni amis,
04:29 d'entretenir votre tombe après votre mort, 33 euros par mois,
04:33 quatre passages par an, nettoyage, fleurissement,
04:36 photo du résultat communiqué par mail".
04:38 Mais ma grosse préférence va quand même à cette start-up
04:41 qui s'occupe de gérer vos réseaux sociaux après votre mort,
04:45 et là, nous voilà sauvés, même plus besoin de ressusciter, Dimitri,
04:50 au 21ème siècle.
04:51 Le réseau social n'est-il pas à la mémoire
04:54 ce que le buffet à volonté est à la gastronomie ?
04:57 - On va y réfléchir aujourd'hui. Merci beaucoup.
05:00 - On a bien fait de venir et de se lever.
05:03 - Vous avez manqué le début, c'était très bien le restaurant.
05:06 - C'était l'apéro de la mort dans le temps, dans les campagnes,
05:08 il y avait toujours une sorte de... on appelait ça "vin d'honneur",
05:11 où les gens se réunissaient ensemble.
05:13 Dans les campagnes des années 70, dans les enterrements,
05:17 je me souviens très bien, après t'avais un déjeuner !
05:20 - Mais là c'est gratuit là, maintenant il faut payer une entreprise.
05:24 - C'était une tradition séculaire !
05:27 Pascal Prohevouz, Star 11 heures sur Europe 11.

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