L'ÉDITO - À quand une Europe aussi increvable que les Etats-Unis ?
Entre l’UE et les USA, il n’y a pas match. L’économie américaine affiche une croissance de 3%, quand l’Europe stagne ; un Américain produit 78 000 $ de richesse chaque année, quand un Français en produit 42 000.
Il est temps de s’inspirer de l’extraordinaire capacité de États-Unis à se relever des crises, estime Stéphane Soumier dans son édito de la semaine.
Il est temps de s’inspirer de l’extraordinaire capacité de États-Unis à se relever des crises, estime Stéphane Soumier dans son édito de la semaine.
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00:00 Cette semaine je vais vous parler de la dérive des continents, la dérive économique des continents.
00:04 L'accroissement de l'Atlantique d'une certaine manière entre les Etats-Unis et l'Europe.
00:08 Pourquoi ? Parce que les chiffres sont tombés.
00:10 L'Amérique est sur un rythme de croissance qui dépasse les 3%, enfin de manière très immédiate,
00:15 c'est un rythme, on dit, annualisé, pendant que nous, nous sommes en totale stagnation.
00:19 Ce qui se passe, c'est qu'à coup d'investissements publics massifs,
00:22 l'Amérique est en train de reconstituer une classe moyenne industrielle.
00:27 C'est comme ça que parle la Maison Blanche.
00:28 Elle dit "la croissance se fait à partir du milieu et de la base pour bien marquer la rupture".
00:35 Avec la croissance de la fin des années 90, du début des années 2000,
00:39 qui était d'abord une croissance financière et sans doute un peu exubérante.
00:43 Mais il ne faut pas se tromper.
00:44 Alors oui, effectivement, tout cela se fait au prix d'un déficit public qui explose,
00:49 tout cela se fait au prix d'une dette publique de 120% sur PIB, 120%.
00:53 Et alors, nous c'est 111, 120% mais d'un PIB en expansion.
00:58 Alors que nous, c'est plus de 110% d'un PIB totalement stagnant
01:02 et d'une activité totalement stagnante.
01:04 Et puis, ce serait se tromper que de mettre ça sur le seul fait de l'investissement public.
01:12 Parce que ça fait des décennies que le fossé se creuse.
01:15 Sur les 25 dernières années, le différentiel de richesse produite
01:18 entre la France et les États-Unis, entre l'Europe et les États-Unis, a été multiplié par 3.
01:23 Sans doute d'ailleurs parce qu'on investit moins, moins vite, moins efficacement.
01:27 Alors on le sait, les causes sont multiples, profondes, structurelles, sociales.
01:31 Au fond, c'est une façon de regarder l'avenir.
01:33 Tenez, un autre chiffre.
01:35 Les ménages européens ont épargné 15% de leurs revenus disponibles l'année dernière
01:40 quand les ménages américains épargnaient 3% de leurs revenus disponibles l'année dernière.
01:44 Et pourtant, je sais pas ce que vous voulez dire,
01:47 les angoisses face à l'inflation étaient les mêmes.
01:49 Mais non, justement, elles n'étaient pas les mêmes.
01:51 Les Américains regardent l'avenir.
01:52 Alors, est-ce qu'on ne peut pas s'inspirer un tout petit peu de cet Américain crevable ?
01:57 Ça fait 40 ans que je lis des chapitres entiers sur le déclin de l'empire américain.
02:01 Et puis, ça fait 40 ans que l'Amérique elle-même,
02:03 elle s'interroge sur sa place dans le monde, sur sa démocratie vacillante,
02:08 sur cette guerre civile qui n'en finit pas.
02:10 Elle sort toujours vainqueur des derniers défis,
02:12 que ce soit le Covid avec le vaccin ou que ce soit maintenant l'intelligence artificielle.
02:16 S'en inspirer, ça veut dire regarder l'avenir avec confiance.
02:20 Ça veut dire aimer la prise de risque.
02:23 Ça veut dire respecter l'ensemble de ceux qui créent les richesses.
02:27 Il semble que ce soit à nouveau à l'agenda dans notre cher et vieux pays.
02:31 Tant mieux, je m'en félicite.
02:33 Mais il faudrait d'abord accepter ce constat de dérive des continents
02:38 pour pouvoir commencer à le réduire.
02:40 [Musique]