Les Français font moins l'amour. La récession sexuelle fait l'objet d'une nouvelle étude de l'IFOP menée auprès d'environ 2.000 personnes, à l'approche de la Saint-Valentin. La proportion de Français ayant eu un rapport au cours des 12 derniers mois n’a jamais été aussi faible en 50 ans: 76 % en moyenne, soit une baisse de 15 points depuis 2006, notamment chez les 18-24 ans: ils sont 5 fois plus qu'en 2006 à admettre ne pas avoir eu de rapport en un an. Certains jeunes se désintéressent de la sexualité.
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00:00 Les français, quand ils font moins l'amour, notre taux d'activité sexuelle est au plus bas depuis les années 70.
00:06 Oui, oh bah parlez pour vous ! Je plaisante là, normalement j'ai des chiffres pour tout le monde.
00:11 Ah c'est moche, ça commence bien.
00:13 Ah c'est la dernière étude IFOP effectivement.
00:15 Je vois que Stéphane reste aussi, enfin je veux pas...
00:17 Oui, tout le monde reste d'un coup, c'est bizarre que ma chronique intéresse autant.
00:20 C'est vrai que, attention, on s'emballe pas les amis, donc les chiffres ne sont pas du tout affriolants.
00:24 Que les termes soient posés ici. Donc si on veut voir le verre à moitié plein,
00:29 on peut dire que 76% des français en moyenne ont eu un rapport au cours de l'année écoulée.
00:34 Ça veut quand même dire que 24% n'en ont eu aucun, vous me suivez jusque là.
00:37 Et on monte à 33% pour les franciliens, pour les parisiens, pardon.
00:41 Donc voilà, je dis ça pour nous autour de la table.
00:45 On est donc en baisse de 15 points depuis 2006, le chiffre le plus bas, vous l'avez dit, depuis 50 ans.
00:51 Donc c'est une tendance à la baisse en plus qui affecte autant les hommes que les femmes.
00:56 Et on fait moins l'amour et moins souvent.
00:59 Bon, alors attendez, en 2024, 43% des français déclarent le faire une fois par semaine contre 58% en 2009.
01:10 Oui voilà, en 2009. D'ailleurs aujourd'hui, plus de la moitié des femmes adultes, c'est-à-dire 54% et 42% des hommes,
01:16 déclarent par exemple qu'ils pourraient vivre avec quelqu'un totalement platoniquement.
01:20 Sans aucune relation, sans aucune vie sexuelle.
01:23 Vous avez vu, parce que tout le monde voit vos paroles.
01:26 On se dit, si on fait une remarque, on va s'en prendre une.
01:29 Non mais en gros, ça veut dire qu'on ne se dit plus qu'être en couple, ça veut absolument dire qu'on a une vie sexuelle totalement trépidante,
01:36 que les choses peuvent se passer ailleurs.
01:38 Ce qui est intéressant aussi, c'est que les jeunes sont particulièrement concernés.
01:41 Plus d'un quart des jeunes de 18 à 24 ans, qui ont déjà eu des relations sexuelles au cours de leur vie,
01:46 admettent ne pas avoir eu de rapport en un an, soit cinq fois plus qu'en 2006.
01:50 Alors est-ce que c'est aussi la pression de la performance, quand on s'y met,
01:53 la pression, l'explosion du porno qui peuvent en paralyser certains ? C'est vrai.
01:57 Mais l'abstinence est clairement mieux considérée, clairement mieux acceptée aujourd'hui.
02:02 Alors, chez les femmes en particulier, l'étude pointe le fait que la sexualité occupe une place nettement moins grande dans leur vie aujourd'hui.
02:10 62% des femmes accordent de l'importance à la sexualité aujourd'hui, contre 82% en 1996.
02:18 Voilà, ça c'est toutes les... Alors, vous allez me dire, mais pourquoi donc ?
02:23 Quel type d'explication peut-il y avoir ? Eh bien, il y a notamment la concurrence des écrans.
02:28 Les écrans, c'est absolument incroyable, la concurrence des écrans sur la sexualité,
02:33 elle se fait vraiment ressentir en particulier chez les plus jeunes.
02:35 Attention à ces chiffres, près de la moitié des moins de 35 ans qui vivent en couple sous le même toit
02:41 reconnaissent par exemple avoir déjà évité un rapport sexuel pour regarder une série.
02:46 - Oh, c'est moche ! - Ou un film, non mais c'est absolument dingue.
02:49 Voilà, qu'est-ce qu'il y a d'autre aussi ? 53% des hommes de moins de 35 ans en couple
02:55 reconnaissent aussi avoir évité ça pour jouer aux jeux vidéo.
02:58 Voilà, on est bien.
03:01 Voilà, ou alors, 48% des hommes, c'est pour consulter les réseaux sociaux.
03:08 - Laurent, qui ne voulait pas parler du sujet, est affligé. Vous êtes là, vous allez devoir en parler, Laurent.
03:12 - Non, j'écoute ce qu'on dit. - Mais non, mais ce qui est important aussi...
03:15 - On va en parler ensemble, il n'y a rien de grave, Laurent. On va en parler tous ensemble.
03:19 - C'est très intéressant parce qu'il y a aussi, et ça on va en parler bien sûr avec Johanna,
03:22 il y a la révolution sociétale, l'ère post-MeToo. On n'est plus obligé en fait, on ne se sent plus obligé.
03:28 Et plus de la moitié, 52% des femmes âgées de 18 à 49 ans déclarent qu'ils leur arrivent de faire l'amour
03:34 sans en avoir envie, contre 76% à 81%.
03:38 Et ça, c'est lié au fait que, effectivement, maintenant les femmes, elles sont autonomes,
03:41 elles ne se disent pas qu'elles sont à la maison et que leur devoir, c'est le devoir conjugal.
03:45 Et il n'y a plus ce rapport de force, heureusement. Voilà.
03:48 - Bon, on a posé les choses. - On a posé les choses.
03:50 - Johanna Rosenblum, est-ce que c'est grave ?
03:52 - Alors, non, ce n'est pas grave. Ce qui est intéressant, c'est de comprendre les causes.
03:56 Ce n'est pas une maladie de ne pas avoir de relation sexuelle, sauf quand il y a un vrai trouble de la sexualité.
04:00 Mais c'est vrai que Candice a balayé les bonnes hypothèses.
04:03 Il y a le quotidien très passif qu'a généré les écrans, les réseaux sociaux.
04:09 On regarde une série, on communique avec nos amis sur les réseaux sociaux,
04:12 on va parfois sur les sites de rencontres, ce qui n'engage pas le passage à l'acte.
04:16 Et puis c'est vrai que les jeunes regardent de plus en plus de porno.
04:19 Et quand on regarde de plus en plus de porno, on cherche l'orgasme.
04:22 On cherche l'orgasme à tout prix et parfois à répétition.
04:25 Et souvent, les jeunes s'arrêtent à là. Ils ont réussi à jouir devant une vidéo,
04:30 ils vont pouvoir le faire plusieurs fois par jour, ils ne vont pas solliciter la rencontre,
04:33 la relation amoureuse ou solliciter une jeune fille ou un jeune garçon.
04:38 Et puis c'est vrai qu'il y a la question du consentement.
04:41 Les jeunes filles, les femmes sont de plus en plus à l'écoute de leur corps.
04:44 Elles ont appris de plus en plus qu'elles pouvaient dire non et que faire l'amour,
04:48 ce n'est pas anodin. Il faut y avoir du désir, il faut le souhaiter, il faut le vouloir.
04:54 Et qu'aujourd'hui, quand on ne veut pas être touché, quand on ne veut pas faire l'amour,
04:57 on peut dire non. Mais il y a aussi l'hypothèse de peut-être qu'on fait moins l'amour
05:01 parce qu'on fait mieux l'amour. On est plus attentif à ce quoi.
05:04 - Ça c'est le verre à moitié plein. - Voilà, c'est le verre à moitié plein.
05:07 C'est important aussi. - C'est-à-dire faire mieux l'amour.
05:09 - C'est-à-dire avec une personne que l'on désire, parce qu'on a envie,
05:13 parce qu'on a une sexualité aboutie, parce qu'on s'écoute et parce que le désir est réciproque.
05:19 Et ça c'est très important. Je pense qu'il y a quelque chose de qualitatif
05:23 qui est davantage arrivé dans notre esprit et ça c'est extrêmement positif.
05:27 - Mais est-ce que vous, et après on viendra sur les différentes hypothèses
05:30 et sur les différentes explications avec Laurent notamment, bien sûr.
05:33 - On a envie de l'entendre. - Bien sûr.
05:35 - Il a toujours pas en parlé. Je pense qu'il n'y a pas de gêne Laurent.
05:37 - Mais qui vous a dit que je ne voulais pas en parler ?
05:39 - Mais vous, vous êtes... Attendez, vous êtes arrivés en plateau en disant
05:43 "Non, non, non, moi je viens pour parler de François Bayrou, je viens pour parler de sexe".
05:48 - Mais parler d'amour surtout. - Oui.
05:51 - Juste une chose. Johanna, pardon, je reprends mon sérieux.
05:54 Est-ce que vous, vous notez dans l'intimité de votre cabinet
05:58 que vous avez de plus en plus de patients qui vous disent
06:01 "Bah oui, moi je n'ai plus d'activité sexuelle".
06:03 Est-ce que ce que Candice racontait, ça se traduit dans votre cabinet ?
06:06 - Moi ce que j'ai vu, c'est le post-Covid qui a créé davantage de symptômes anxio-dépressifs
06:11 et c'est vrai que quand on est anxieux, quand on est un petit peu déprimé,
06:14 quand on a du mal à se projeter dans l'avenir, dans une vie de famille
06:18 ou même juste dans une vie de couple, et bien on a moins envie de faire l'amour.
06:21 Et ça c'est vrai que c'est un sujet dont on a beaucoup parlé en 2022, 2023.
06:26 Et puis il y a toujours, chez les garçons, je dis les garçons parce que les hommes,
06:30 les plus jeunes, se soucient de la performance, de la comparaison
06:34 qui est très très liée à la consommation de vidéos pornographiques.
06:38 - Mais c'est d'abord une histoire de grande déprime en réalité ?
06:41 - Bah quand on est déprimé...
06:43 - Je veux dire de grande déprime quasiment au niveau d'un...
06:45 Je vais employer des grands termes, mais quasiment au niveau d'un pays.
06:47 Dans ce que vous dites, le post-Covid etc. où on a été plus plombés,
06:50 où il y a des choses qui ont été plus angoissantes etc.
06:53 Il y a un côté, on ne fait plus l'amour parce que voilà, il y a une petite déprime
06:56 pour avoir une grosse...
06:57 - C'est une hypothèse, quand on est déprimé, on fait moins l'amour, n'est-ce pas ?
07:00 - Moi je ne suis jamais déprimé.
07:02 (Rires)
07:03 - Mais on peut décider aussi de se faire mieux.
07:05 - Tant que Stéphane Zellani est plutôt épargné de ça maintenant.
07:07 - Mais j'essaie de le faire participer.
07:08 - Non Stéphane est libre sur la question.
07:10 - Voilà, sérieux Stéphane.
07:11 - Mais je pense quand même qu'il y a quelque chose de l'ordre de je me respecte davantage,
07:14 je sais dire non quand je n'ai pas envie de faire l'amour
07:17 et donc je fais l'amour quand j'en ai envie.
07:19 Et donc moins de façon pulsionnelle mais plus de façon qualitative.
07:24 - Est-ce que je peux émettre une autre hypothèse ?
07:26 - Ah bien sûr.
07:27 - Avant de passer à l'acte, avant de passer aux travaux pratiques,
07:30 il faut d'abord commencer par se rencontrer.
07:33 Et moi ce que je vois chez les jeunes, puisque le sujet inquiétant,
07:37 dans ce que nous disait Candice, c'est plutôt les jeunes,
07:39 c'est comment on se rencontre.
07:41 Et j'ai l'impression que les relations physiques, avant de passer à l'acte sexuel,
07:46 déjà faire connaissance, s'apprécier, créer une envie commune,
07:51 il faut être deux, il faut avoir envie à deux.
07:53 Et bien il faut d'abord commencer par se rencontrer.
07:55 Et là j'ai l'impression que c'est moins la concurrence des écrans
07:58 que l'intermédiaire des écrans.
08:00 Moi je vois des jeunes qui sont énormément sur leur téléphone portable,
08:03 sur les réseaux, mais y compris pour rencontrer les autres.
08:07 - Oui mais pardon, à la limite on pourrait se dire que c'est beaucoup plus facile aujourd'hui.
08:11 - Mais non.
08:12 - Parce qu'il y a Tinder, etc.
08:14 Pardon pour la pub, mais pour rencontrer d'autres personnes.
08:16 - Mais oui.
08:17 - Tu les donnes aussi.
08:18 - Mais bien sûr.
08:19 - Vous voyez.
08:20 Pour rencontrer les gens, il faut les voir physiquement,
08:23 pas par écran intermédiaire.
08:25 Je sais pas, moi vous les rencontrez au collège, au lycée, à la fac,
08:30 au travail, en boîte de nuit, au restaurant, à une fête entre copains.
08:34 C'est là où on rencontre l'autre.
08:36 - C'est vrai que le fait que les jeunes aient moins de relations sexuelles
08:39 ne veut pas dire qu'ils aient moins de libido.
08:41 Mais c'est sûr que ça veut dire qu'ils se rencontrent moins,
08:43 qu'ils sont moins dans la sollicitation de l'autre.
08:46 - Ça fait partie dans les chiffres de l'étude.
08:48 Les jeunes disent, je crois, à plus de 60% qu'en fait,
08:51 ils ont un peu flemme de rencontrer les gens.
08:53 - C'est pas la déprime, c'est la flemme.
08:55 C'est terrible.
08:56 - Oui, mais c'est un peu...
08:57 - C'est terrible quand ils se moquent de ce qui est en train de se passer.
08:59 - Et regardez, mettez quatre jeunes autour d'une table.
09:01 Regardez-les dans les restaurants, etc.
09:03 Ils pourraient se parler, ils sont sur leur portable.
09:05 Parfois, ils s'envoient des messages, même par portable,
09:08 alors qu'ils sont l'un en face de l'autre.
09:10 Donc, rencontre...
09:11 Est-ce que vous voyez beaucoup de jeunes qui se téléphonent ?
09:14 - Non, on n'écoute même plus les messages.
09:17 - Parce que non seulement la rencontre est difficile,
09:20 mais l'échange, se parler, juste se parler avant de coucher,
09:25 avant de passer à l'acte, il faut commencer par se parler un peu.
09:28 C'est peut-être ça, me semble-t-il, le plus compliqué.
09:33 Et peut-être que si on arrivait à se reparler,
09:36 peut-être qu'on pratiquerait plus la chose.