• il y a 10 mois
Son métier passion tourne au cauchemar. Fabien a repris l'élevage de ses parents, qui étaient déjà en difficulté, à Villers-Saint-Sépulcre, dans l’Oise. Après avoir investi pour moderniser son exploitation et la mettre aux normes, son affaire périclite. Travaillant sans compter, sept jour sur sept, sans pouvoir embaucher ou se verser de salaire, le producteur laitier « a la rage et même la haine», d'être au bord de la faillite.

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Transcription
00:00 - Vous mettez du lait dans votre café ? - Oui.
00:02 - Le lait de votre fils ? - Oui.
00:04 - Donc là en fait, je suis dans une famille d'éleveurs.
00:07 - Oui, c'est la quatrième génération.
00:09 - Donc sur mon exploitation, j'ai à peu près 200 bêtes
00:13 et je produis 400 000 litres de lait.
00:15 - C'est quoi la difficulté pour vous aujourd'hui ?
00:18 - La plus grande difficulté, c'est que... Financière.
00:21 Et du coup, on peut pas embaucher de personnel.
00:23 - On va traire les vaches.
00:24 - Vous avez des recrues de première jeunesse ?
00:28 - Tout à fait.
00:29 - C'est mes parents âgés qui m'aident.
00:31 - Moi, je fais que la traite.
00:33 Et s'il faut, les petits vaux du haut.
00:35 - Vous pensez travailler aussi tard ?
00:37 - Donner un coup de main au fils, oui.
00:39 Autant, non.
00:41 - Vous habitez où ?
00:43 - Moi, j'habite dans un mobilhome.
00:44 Parce que payer un logement, aujourd'hui, c'est pas possible.
00:48 Je me suis installé moi en 2011.
00:51 Et j'ai repris l'exploitation de mes parents.
00:54 Il y avait un bâtiment à construire pour la mise aux normes.
00:57 Ce bâtiment m'a coûté 300 000 euros.
00:59 On gagne pas d'argent.
01:01 On a toujours de plus en plus de contraintes.
01:03 Pour que l'exploitation réponde à un cahier des charges, des critères.
01:07 On en parle.
01:09 On a tout mécanisé.
01:10 Le matériel, c'est du moteur.
01:12 Le carburant, c'est des sommes colossales à l'année.
01:15 - Qu'est-ce que vous pensez de la concurrence étrangère ?
01:18 - Concurrence zéloïale.
01:19 Vous prenez la Nouvelle-Zélande, 80% des élevages sont en prairie permanente.
01:23 Ils ont pas ces investissements dans des bâtiments comme nous.
01:26 La Nouvelle-Zélande, c'est pas la porte à côté.
01:28 On va quand même mettre du lait dans un bateau.
01:31 On va le transporter.
01:33 C'est absurde.
01:35 - Vous les aimez, vos bêtes ?
01:37 - Vous pouvez pas savoir à quel point je les aime.
01:39 C'est nos bébés.
01:40 Ça me fait mal au cœur de travailler comme je travaille.
01:43 D'être aussi mal rémunéré qu'on l'est aujourd'hui.
01:46 Moi, je sais que j'investis tout pour elles.
01:48 Tout pour leur confort.
01:51 - Vous êtes fier ?
01:53 - Fier, ouais.
01:54 Fier d'avoir tout ce que j'ai.
01:56 Mais fier à quel prix ?
01:58 Je me lève, il est 6h du matin.
02:00 Je m'arrête quand c'est fini.
02:02 C'est-à-dire, il peut être 21h.
02:04 Des vacances, y'en a pas.
02:05 C'est oublié depuis de nombreuses années.
02:08 - Vous avez la rage ou vous êtes désespéré ?
02:10 - La rage.
02:11 La rage, la haine.
02:12 La haine de tout ça.
02:13 La charge administrative, elle est immense.
02:16 Les papiers, vous savez, quand on travaille comme moi toute la journée,
02:19 j'en ai marre.
02:21 Des fois, je rentre, je dis "on verra ça plus tard".
02:23 Alors, on le fait le dimanche.
02:24 La vie de famille, elle est entre parenthèses.
02:26 Mes enfants, j'ai du mal à les voir.
02:28 J'ai du mal à partager du temps avec eux.
02:30 Ne serait-ce que d'aller faire des balades.
02:32 J'ai même plus le temps de ça.
02:34 Je vais passer bientôt plus de temps avec mes animaux qu'avec mes enfants.
02:37 C'est complètement absurde.
02:40 - Je vais te soigner, mec.
02:42 - Hein ?
02:43 - Je vais te soigner. Je vais te faire des caresses.

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