LA BANDE PREND LE POUVOIR - Pas cher, pas bon: voici la "cheapflation"

  • il y a 6 mois
La bande de "Julie jusqu'à minuit" réagit à la pratique consistant pour les industriels à augmenter le prix d'un produit tout en altérant sa qualité
Transcript
00:00 Autre sujet qu'on voulait aborder, c'est vous Aziliz, qui prenez le pouvoir sur ce phénomène.
00:06 On avait eu la "shrinkflation" il y a quelques mois sur "on baisse la quantité des produits tout en gardant le même prix et en ne le disant pas aux consommateurs".
00:17 Place maintenant à la "cheapflation", contraction, vous allez le voir, de l'adjectif "cheap", bon marché en anglais, et du mot "inflation".
00:25 Alors concrètement, qu'est-ce que c'est ? Vous allez voir la définition, c'est la réduction ou la suppression ou le changement d'ingrédients dans une recette pour réduire le coût de production tout en augmentant le prix de vente du produit.
00:37 Un exemple, l'association Foodwatch qui pointe les bâtonnets de surimi, Fleury-Michon qui comprennent 11% de chair de poisson en moins, alors que le prix...
00:46 Déjà qu'il n'y en avait pas beaucoup...
00:47 Déjà qu'il n'y en avait pas beaucoup, là c'est 11% de chair de poisson en moins...
00:50 Il y en avait 3% !
00:52 Alors que le prix au kilo augmentait de 40% entre 2021 et 2023.
00:57 C'est délicieux, cela dit.
00:59 J'avoue que...
01:00 Avec de la mayonnaise.
01:01 C'est sublime.
01:03 C'est addictif mais ça n'a pas trop de goût.
01:06 C'est une texture avant tout.
01:08 C'est une texture avant tout.
01:10 Parenthèse refermée.
01:12 Dans une bonne mayonnaise industrielle.
01:14 Il n'y a rien de meilleur que la mayonnaise industrielle.
01:17 La gastronomie française.
01:18 Les gens nous gonflent avec leur mayonnaise maison mais une mayonnaise industrielle, il n'y a rien de meilleur qu'avec un surimi industriel.
01:24 Vous passez une bonne soirée.
01:26 Tu me dis ce que tu penses des rillettes Bordeaux Chanel parce que c'est aussi le cas.
01:29 Ils ont enlevé 5% de poulet et remplacé la graisse de canard par de la graisse végétale.
01:35 Et on voit que dans d'autres aliments, c'est des graisses végétales type tournesol qui sont remplacées par de l'huile de palme.
01:40 Donc on va vraiment vers des produits de très très mauvaise qualité.
01:43 La question c'est qu'est-ce qu'on fait face à ça ?
01:45 Laissez l'huile de palme.
01:46 Il y a un arrêté de Bruxelles qui prévoit...
01:48 Il y a un arrêté de Bruxelles qui prévoit et qui sera certainement appliqué en avril en France
01:56 qu'on affiche les produits qui ont suivi la shrinkflation.
01:59 Donc dont la quantité a été diminuée et dont les prix ont augmenté profitant de l'inflation actuelle.
02:07 Est-ce qu'on ne pourrait pas faire pareil avec la chipflation ?
02:10 Donc on aurait une forme d'étiquetage, de sur-étiquetage des produits
02:13 pour quand même alerter le consommateur sur ce qu'il achète.
02:16 Et la vraie question aussi, et c'est la question que posait finalement ces dernières semaines
02:21 la crise agricole qui a été mise en exergue, c'est quel est le rôle du consommateur ?
02:25 Et je vais reprendre les mots de Karine Lemarchand.
02:27 Est-ce que ce n'est pas au consommateur aussi d'arrêter de bouffer de la merde ?
02:29 Et d'acheter de la merde ? Eh bien oui, il peut y avoir les grandes références.
02:32 Mais là en l'occurrence, tout le monde n'a pas d'ailleurs forcément le temps de regarder chaque paquet,
02:37 de vérifier quel est le taux de poisson par rapport à avant.
02:40 Oui, mais c'est peut-être une démarche de responsabilisation des consommateurs
02:42 sur les produits qu'ils achètent.
02:43 Là en l'occurrence, ce sont tous des produits transformés.
02:45 Donc peut-être acheter, et je ne veux pas faire la morale aux gens,
02:48 mais des produits de meilleure qualité, des produits qui rétribuent correctement
02:54 les producteurs également, et qui ne sont pas des produits de merde.
02:58 Que fait-on Christophe ?
03:00 Pour rester dans les grands auteurs, j'en citerai deux.
03:03 D'abord Bria Savarin, "Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es".
03:08 Grand gastronome de la fin du 18e, début du 20e.
03:11 Je sais que Charles Consigny mange des surimis toute la journée.
03:14 C'est une révélation du soir.
03:16 Je m'en doutais un peu, idéologiquement il est mi-chair, mi-poisson.
03:19 J'aime aussi le Bria Savarin qui a un excellent fromage.
03:22 Et deuxième grand auteur disparu, Feu Jean-Pierre Coff.
03:26 Il se serait régalé, si j'ose dire, non pas avec ce qu'il y a dans la chipflation,
03:29 mais avec ce débat, parce qu'en effet il aurait pu dénoncer cela.
03:32 Non, il faut que la vigilance des consommateurs et de leurs associations,
03:35 de la puissance publique, soit permanente.
03:38 Parce que toujours les industriels, les marchands de bouffe,
03:40 ils cherchent à tricher, à enlever, à composer, à recomposer.
03:44 Pourquoi ? Pour faire plus de profit.
03:46 Donc c'est leur nature commerçante.
03:49 Il faut lutter contre ça en étant plus exigeant et en mettant à l'index
03:52 ce qui n'est pas de l'ordre du bon goût.
03:54 Avec peut-être tout ce qui se passe, une prise de conscience
03:56 qui commence à prendre un peu chez les Français.
03:58 Charles, est-ce que vous serez prêt à...
04:01 Non, vous inquiétez pas, je vais sur le dossier surimi avec Charles Tensini.
04:05 Est-ce que même si vous réalisez sur un paquet qu'il y a 11% moins de chers de poisson,
04:10 sur le surimi, est-ce que vous les achèteriez quand même ?
04:12 Oui, on s'en fout, on sait qu'il n'y a même pas de poisson.
04:14 C'est la grande question.
04:15 S'il en mange 11% de plus, il reconstitue plus son stock de poisson.
04:17 Il n'y a pas de poisson dedans.
04:19 Voilà, c'est tout ce que vous avez à dire.
04:21 Non, mais je pense qu'il faut arrêter de criminaliser les consommateurs aussi.
04:26 Les gens achètent ce qu'ils veulent, mangent ce qu'ils veulent.
04:29 Mais c'est eux qui se plaignent.
04:31 S'ils ont envie de se goinfrer de sucre, ils le font.
04:34 Mais on connaît son truc.
04:35 Il y a tromperie là.
04:36 Oui, mais on sait quand même, on n'est pas des beunets,
04:39 les consommateurs ne sont pas des beunets.
04:41 Quand on veut acheter un produit de bonne qualité, même dans un supermarché,
04:44 on sait différencier quand même un produit qui a l'air à peu près bien fait,
04:49 fermier, pas trop transformé, pas trop mélangé en sel et en sucre,
04:54 d'un produit qui est une forme de junk food.
04:57 Donc, il faut un peu de liberté du commerce aussi dans ce pays
05:02 qui veut tout le temps tout surveiller, tout réguler.

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