Grégory Doucet : "On attend quoi pour mettre fin aux groupuscules d'ultra-droite à Lyon ?"

  • il y a 7 mois
Le maire de Lyon, Grégory Doucet, est l'auteur d'une nouvelle lettre à destination du ministère de l'Intérieur dans laquelle il réclame la dissolution de deux groupuscules d'ultra-droite dans sa ville. Il était invité ce mercredi à 7h50. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-14-fevrier-2024-8784588

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00:00 - On va inviter ce matin le maire Les écologistes de Lyon.
00:02 - Bonjour Grégory Doucet.
00:04 - Bonjour.
00:05 - Vous venez d'écrire à Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, pour lui demander
00:09 la dissolution de deux groupuscules d'ultra-droite, les Remparts et Lyon Populaires.
00:14 Vous demandez aussi la fermeture des lieux où ils se réunissent dans votre ville.
00:18 C'est la quatrième fois que vous interpellez l'exécutif pour obtenir ces dissolutions.
00:22 Qu'est-ce qui se passe Grégory Doucet ? Dites-nous quelle est l'urgence dans la troisième ville de France ?
00:27 - Déjà, je ne lâche pas l'affaire.
00:30 J'ai déjà écrit trois fois à Gérald Darmanin, une fois au président de la République.
00:34 Au début de ce mois de février, on a eu l'ancien porte-parole des Remparts qui a été condamné
00:40 à six mois de prison ferme suite à Inrix au couteau.
00:42 On a neuf personnes proches de l'ultra-droite qui viennent d'être interpellées à Lyon
00:48 parce qu'ils ont participé à une agression de personnes qui participaient elles-mêmes
00:53 à une conférence sur la Palestine.
00:55 On va attendre quoi pour véritablement mettre fin à ces groupes uscules d'ultra-droite
01:01 qui sévissent à Lyon ? Il faut qu'il y ait un mort ?
01:04 Non, moi je dis qu'il faut là, maintenant, agir.
01:07 C'est ce que je demande aux ministres de l'Intérieur.
01:08 Il y a suffisamment d'éléments aujourd'hui, maintenant, pour mettre un terme à ces groupes.
01:13 - Alors, la préfète de région n'est pas tout à fait d'accord avec vous.
01:16 Elle dit les dix solutions, ça se construit dans le calme.
01:19 Mais sérieusement, plus que des lettres ou des injonctions, en clair, il faut monter des dossiers
01:24 qui ne se feront pas retoquer devant la justice.
01:26 - L'université Lyon III a demandé ces dix solutions.
01:30 Là, vous avez de nouveau dix députés, notamment les députés du Rhône, les députés lyonnais,
01:36 toutes tendances politiques confondues, qui viennent de nouveau aussi décrire à Gérald Darmanin.
01:40 Il y a un consensus, il y a suffisamment d'éléments.
01:42 Je vous parlais un petit peu plus tôt des interpellations qui ont eu lieu, des condamnations
01:47 qui ont déjà été prononcées.
01:48 Donc des éléments, on en a.
01:50 - Alors, qu'est-ce qui se passe, ce gouvernement, vous le connaissez.
01:53 Il est justement fameux pour avoir le record de dix solutions de l'association de la Ve République.
01:58 34 depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Élysée.
02:02 Trois groupuscules d'extrême droite dissous en 2023.
02:04 Je vous fais la liste.
02:05 Un en 2024.
02:06 Est-ce qu'il y a un problème particulier ?
02:08 Pourquoi ? Est-ce qu'il y aurait un problème particulier à Lyon ?
02:12 - Écoutez, moi, je me contente là, aujourd'hui, en tant que maire, de faire mon boulot de maire.
02:18 Je fais le constat qu'il y a suffisamment d'éléments qui ont été réunis.
02:21 On mobilise, vous savez, les forces de la police municipale,
02:24 nos caméras de vidéosurveillance pour apporter des éléments à la justice, à la police nationale.
02:30 Voilà, donc nous, on contribue, on fait notre job.
02:34 Maintenant, il faut que l'exécutif fasse le sien.
02:36 - Est-ce qu'il y a un problème particulier à Lyon, cependant ?
02:38 Pourquoi ces groupuscules d'ultra droite chez vous, en particulier ?
02:43 Est-ce que c'est Lyon 3 ? Est-ce qu'il y a des racines universitaires ?
02:46 Est-ce que c'est l'actualité qui provoquerait une résurgence ?
02:50 - Ecoutez, il y a une histoire qui n'est pas nouvelle de la présence de l'ultra droite à Lyon, ça c'est certain.
02:55 Mais je crois que par un volontarisme politique, par des actions concrètes,
03:01 comme celle que je viens de vous décrire, on peut mettre fin à ces groupuscules.
03:06 Parce qu'il faut pouvoir attaquer leur ingénierie, leur logistique et aussi leur envoyer un message.
03:12 La République ne veut pas de ceux qui agissent contre la République. Point.
03:17 - Grégory Doucet, on passe à l'actualité. Le gouvernement qui recule sur le gazole non routier.
03:21 Donc il maintient des avantages sur les énergies fossiles pour les petites entreprises du bâtiment
03:26 et des travaux publics. Il a déjà accordé la même chose aux agriculteurs.
03:30 Est-ce que le maire écologiste de Lyon comprend ?
03:33 - Vous évoquez deux sujets. Il y a la question de la crise agricole que l'on vient de traverser,
03:36 dans laquelle on est encore plongé. Et puis ce que vous évoquez,
03:40 c'est une mesure qui vise aussi à venir répondre à la crise du logement, de manière générale.
03:45 - Sur le gazole non routier, c'est parce que ce sont deux secteurs en difficulté,
03:48 le bâtiment et puis les agriculteurs. Et le gouvernement dit que ce n'est pas le moment.
03:52 - Sur la question du bâtiment, c'est globalement lié à la crise du logement.
03:56 La crise du logement, on le sait, elle est principalement liée à la fois
03:59 aux taux d'intérêt qui sont très élevés et aux matériaux de construction,
04:03 en matière première, qui sont elles-mêmes aussi victimes de l'inflation.
04:08 Maintenant, ça c'est le paysage général. Il n'est pas très reluisant.
04:10 Mais moi, à Lyon, en tant que maire, mon boulot c'est d'actionner des leviers
04:14 pour venir répondre aux problématiques de logement des personnes.
04:17 Parce qu'aujourd'hui, on a énormément de personnes qui n'arrivent pas à trouver de logement.
04:22 Alors, d'abord, première chose, agir sur le logement social.
04:25 Parce qu'il y a un vrai besoin de construire du logement social.
04:28 Nous, sur cette mandature, on a voté 34,5 millions d'euros,
04:33 un budget en augmentation de 25% par rapport à la mandature précédente,
04:37 pour construire du logement social.
04:39 Ensuite, il faut agir sur les loyers, le montant des loyers,
04:42 pour que les gens puissent accéder à des logements, à des tarifs abordables.
04:46 Donc, on a mis en place l'encadrement des loyers.
04:49 Et cet encadrement des loyers, il fonctionne.
04:51 Mais je vous comprends sur Lyon. Mais ma question est plutôt sur la fiscalité écologique.
04:56 La question porte sur le GNR, il n'y aura pas de hausse des taxes, elle va être compensée.
05:01 Est-ce que vous pensez que c'est une bonne décision
05:03 au regard de la difficulté que traversent ces secteurs ?
05:06 Le bâtiment, les agriculteurs ?
05:08 Justement, laissez-moi donner un dernier exemple, toujours concernant le logement.
05:11 Nous venons de voter avec ma majorité un dispositif de financement
05:15 avec une enveloppe de 500 000 euros qui est destiné aux petits propriétaires
05:19 qui veulent faire des travaux chez eux de rénovation énergétique.
05:23 Pour qu'ils puissent mettre au niveau leur appartement qu'ils possèderaient,
05:28 qui aurait un mauvais DPE, un mauvais diagnostic de performance énergétique.
05:32 Donc, plutôt que d'agir sur une fiscalité qui elle-même va aller contre,
05:39 par ailleurs tout ce qu'on peut mener pour résorber la question climatique,
05:44 au contraire, mettons en place des dispositifs vertueux qui tirent vers le haut.
05:49 Vous voulez parler du diagnostic de performance environnementale ?
05:53 C'est un sujet effectivement, là le gouvernement vient de décider
05:56 qu'il y avait une correction à apporter sur les petites surfaces.
06:00 Certaines étaient désavantagées et se retrouvaient catégorisées "passoir énergétique".
06:04 Il va assouplir ce DPE.
06:06 Ça, vous trouvez que c'est une bonne ? Il fallait apporter cette correction ou pas ?
06:09 Ça va quand même soulager des propriétaires et ramener des appartements sur le marché ?
06:13 L'exemple que je viens de vous donner avec le dispositif que nous mettons en place, il vise à quoi ?
06:17 Il vise au contraire à tirer vers le haut, à faire en sorte que les petits propriétaires
06:22 aient des ressources pour pouvoir isoler leur bâtiment.
06:25 Ces passoires thermiques, si on les loue, qu'est-ce qui va se passer ?
06:28 Les gens vont devoir se chauffer avec une augmentation de 10% du tarif de l'électricité.
06:34 Vous allez en fait appauvrir les Français et notamment sous des classes moyennes.
06:37 Donc c'est juste une fausse bonne idée.
06:40 Alors que faut-il faire ?
06:41 Samedi dernier, il y a deux militantes qui sont allées au musée des Beaux-Arts de Lyon
06:43 et qui ont lancé de la soupe sur un tableau de Claude Monet.
06:46 Le printemps, le même groupe de militants avait lancé de la soupe sur la Joconde.
06:53 Vous avez tweeté, vous avez dit "je regrette l'action mais le "mais" est de moi".
06:58 Face à l'urgence climatique, l'angoisse est légitime.
07:01 Ce n'est pas vraiment une condamnation ça Grégory Dupié ?
07:03 Je désapprouve cette action assurément.
07:05 Vous savez, il y a une plainte qui a été déposée pour vandalisme.
07:07 Donc c'est clair, ce n'est pas avec ce type d'action qu'on va embarquer les gens
07:10 dans la transition écologique et qu'on va leur donner envie d'aller vers la décarbonation
07:14 de notre économie et de nos modes de vie.
07:16 Donc ça n'a aucune utilité ? Cette désobéissance civile, cette résistance ?
07:20 D'ailleurs, vous êtes en train de m'interroger finalement sur la forme et pas sur le fond.
07:23 Et c'est d'ailleurs ce qui se passe.
07:26 Les réactions ici et là, elles portent sur la forme.
07:28 Ça veut dire que le message n'a pas réussi à être transmis.
07:31 Après sur la question de la décarbonation et de la transition écologique, je vous le
07:35 dis ici, Lyon est une des villes pilotes.
07:38 Elle vient d'être nommée ville pilote par la Commission Européenne pour la neutralité
07:43 carbone en 2030.
07:44 Grégory Dousset, les vacances scolaires à Lyon, c'est samedi, chassez-croisés de
07:49 la zona avec ceux de la zone C qui reviendront de leur première semaine.
07:52 La Pardieu, c'est une des plus grandes gares de transit d'Europe.
07:56 La plus grande.
07:57 Les contrôleurs sont appelés à la grève.
07:59 Est-ce que leur action est justifiée ou pas selon vous ?
08:01 Écoutez, là aujourd'hui, il y a encore des négociations entre Jean-Pierre Farandou,
08:07 le patron de la SNCF et les syndicats.
08:10 On va aller mener ces négociations en espérant que tout le monde pourra partir en vacances
08:14 samedi.
08:15 Donc pas de prise de position particulière sur les contrôleurs ? Vous êtes un maire
08:21 qui gère les grèves à la Pardieu ?
08:23 J'ai confiance dans le dialogue social parce que je le pratique moi-même en tant que maire
08:28 au sein de la municipalité et que dans le dialogue social, on arrive très souvent à
08:33 sortir par le haut.
08:34 Donc pas de message particulier pour les contrôleurs.
08:35 Aujourd'hui, journée d'hommage national à Robert Badinter.
08:40 A Lyon, dimanche dernier, vous avez commémoré la rafle de la rue Sainte-Catherine au cours
08:45 de laquelle son père Simon a été pris par la Gestapo et déporté.
08:50 Robert Badinter, il a échappé à cette rafle ?
08:54 Oui, le jour de cette rafle, le 9 février, le papa de Robert Badinter était tombé dans
09:03 le piège tendu par Claus Barbie, rue Sainte-Catherine.
09:07 Sa maman inquiète, envoie Robert aller chercher son père.
09:12 Il est ado ?
09:13 Il a 14 ans.
09:14 Il se présente aux 12 de la rue Sainte-Catherine.
09:16 Il monte les deux étages.
09:18 Un officier SS lui attrape le bras.
09:21 Il se débat et il s'enfuit.
09:23 Et à ce moment-là, Robert Badinter échappe miraculeusement à la souricière tendue par
09:29 Claus Barbie et ses sbires.
09:30 Par contre, son père, malheureusement, lui, est emmené à Saubibor où il périra.
09:36 Grégory Doucet, le maire de Lyon, merci d'avoir été sur France Inter.
09:40 Merci à vous.
09:41 Et merci Alexandra Benzaïde.
09:43 !

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