Sénégal : le Conseil constitutionnel "invite les autorités compétentes à tenir l'élection dans les meilleurs délais"

  • il y a 8 mois

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Transcription
00:00 Bonjour Bounoudaou.
00:01 Bonjour Philomé. On va essayer d'analyser cette dernière évolution
00:05 au Sénégal avec cette décision du Conseil constitutionnel. Est-ce qu'on peut
00:08 parler d'un coup de théâtre ?
00:10 Oui on peut parler d'un coup de théâtre dans cette crise qui dure maintenant
00:13 depuis le
00:14 le 3 février annonce par Macky Sall donc
00:17 de l'annulation du décret qui convoquait les élections pour le 25
00:21 février et puis le 5 février
00:22 la loi adoptée dans des circonstances très controversées
00:26 au Parlement pour le report de l'élection
00:29 au 15 décembre. Alors qu'est-ce qu'a fait
00:31 le Conseil constitutionnel ? En fait il a fait
00:33 deux choses. Premièrement
00:35 il a déclaré contraire à la Constitution
00:38 la loi donc qui avait été adoptée
00:40 le 5 février par l'Assemblée nationale
00:42 qui repoussait l'élection de dix mois et
00:45 qui maintenait Macky Sall
00:47 en poste jusqu'à la désignation
00:50 de son successeur ce qui repoussait quasiment
00:52 jusqu'au début de l'année
00:54 2025 jusqu'en janvier 2025
00:56 premièrement et deuxièmement
00:58 le Conseil annule aussi le décret
01:01 du 3 février de Macky Sall
01:04 qui repoussait donc
01:06 la convocation du corps électoral.
01:10 Le Conseil constate donc
01:12 l'impossibilité d'organiser l'élection présidentielle
01:15 à la date initialement prévue qui était donc
01:17 le 25 février. Pourquoi ? Parce qu'avec
01:20 ce qui a été décidé par Macky Sall puis par l'Assemblée nationale
01:23 évidemment la période
01:25 de campagne électorale officielle de trois semaines
01:28 ne peut pas se tenir
01:30 et alors il ne fixe pas ce Conseil
01:32 de nouvelle date. C'est là une des
01:34 complications de la situation ce matin.
01:36 Il invite simplement, je cite,
01:38 les autorités compétentes
01:39 à tenir l'élection
01:41 dans les meilleurs délais
01:43 et puis très important, Philomé,
01:45 le Conseil réaffirme
01:47 le principe d'intangibilité
01:49 de la durée du mandat présidentiel.
01:52 Ça veut dire donc
01:53 que le mandat actuel de M. Macky Sall
01:56 qui s'achève le 2 avril,
01:59 cette durée est, pour le Conseil constitutionnel,
02:02 intangible. On ne peut pas modifier
02:05 la fin du mandat. C'était
02:06 un élément très important pour
02:08 tous ceux qui s'opposaient à la décision de Macky Sall.
02:11 Cette décision, il faut le dire aussi, du Conseil constitutionnel
02:14 a été rendue publique le jour même
02:17 où il y avait une forme de décrispation
02:19 de la part des autorités. Décision
02:21 unilatérale d'ailleurs de libérer
02:23 certains opposants
02:24 qui étaient donc emprisonnés. Mais attention,
02:27 ni le principal opposant
02:29 Ousmane Sonko, ni
02:30 son numéro 2, Basirou Dioumaïfaye,
02:33 n'ont été libérés à ce stade
02:36 et cette décision
02:37 du Conseil survient aussi
02:39 alors que des appels à manifester
02:41 ont été lancés pour ce vendredi
02:43 et pour demain samedi.
02:44 - Ça c'est pour l'analyse et le contexte.
02:46 Quelles conséquences, Bruno,
02:48 pour Macky Sall et bien entendu pour les opposants sénégalais ?
02:51 - J'ai envie de vous dire, c'est toute la question ce matin.
02:54 On est un peu dans l'inconnu pour l'instant.
02:56 Le côté positif, c'est que le Sénégal
02:59 démontre d'une certaine manière que ces institutions démocratiques
03:02 fonctionnent, qu'elles sont solides
03:04 et qu'un dirigeant doit en tenir compte.
03:07 Mais ces décisions du Conseil constitutionnel
03:10 ne permettent pas dans l'immédiat de régler
03:12 l'ensemble de la crise politique que traverse
03:15 le Sénégal. Le Conseil en fait,
03:17 il dit le droit
03:18 et en quelque sorte il s'en remet maintenant à la bonne volonté
03:21 des différents acteurs du côté des autorités
03:23 et du côté des oppositions,
03:26 tout encadrant donc leurs possibles réactions.
03:29 Le fait par exemple de ne pas fixer de nouvelles dates
03:32 mais d'inviter les autorités
03:33 à le faire elles-mêmes dans les meilleurs délais
03:36 contraint le président Macky Sall.
03:39 D'autant qu'en rappelant donc ce principe d'intangibilité
03:42 du mandat, le Conseil
03:44 indique que le mandat de Macky Sall ne peut pas courir
03:47 au-delà du 2 avril. Ça veut dire,
03:49 si on est logique, que ce jour-là, le 2 avril,
03:53 il doit donc y avoir un successeur,
03:55 ce qui suppose d'organiser
03:57 le scrutin présidentiel
03:59 dans le courant du mois de mars, quand exactement,
04:02 c'est une des questions ce matin.
04:04 Il en reste beaucoup d'autres questions,
04:06 la plus importante bien sûr c'est
04:08 quelle va être la réaction du président Macky Sall,
04:11 que va-t-il faire ?
04:12 Il avait dit qu'il aviserait
04:15 sur les termes d'une décision
04:17 du Conseil,
04:19 donc s'il accepte, on part sur une élection
04:22 dans le courant du mois de mars
04:23 et un nouveau président entre en place le 2 avril.
04:25 S'il conteste la décision,
04:27 on entre là dans une nouvelle phase
04:30 un peu inconnue pour la démocratie
04:31 au Sénégal.
04:33 Autre question
04:34 qui est quand même importante,
04:35 que devient la candidature de Karim Ouad ?
04:38 En l'état, il est toujours empêché
04:40 de se présenter.
04:42 Dans l'immédiat, on peut parler quand même
04:44 d'une première victoire
04:45 pour les opposants politiques
04:47 et les acteurs de la société civile
04:49 qui s'étaient mobilisés
04:50 depuis le 3 février,
04:52 mais au moment où on se parle,
04:53 rien n'est acquis.
04:55 La balle ce matin est plus que jamais
04:57 dans le camp du président Macky Sall.
04:58 Merci beaucoup Bruno Daru pour
05:01 cette explication, cet éclairage
05:02 sur la situation au Sénégal.

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