Grève SNCF : comment sortir de l'impasse ?

  • il y a 7 mois
Avec Fabien Villedieu, délégué syndical de SUD-RAIL.

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Transcript
00:00 Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:04 Et notre invité c'est Fabien Vildieu, délégué syndical de Sudra.
00:08 Bonjour, merci d'être avec nous.
00:10 Alors, encore une grève ?
00:12 Quoi ? Comment c'est possible ?
00:14 On va écouter tout de suite, d'abord ce qu'a dit le Premier ministre sur les droits et les devoirs.
00:21 Moi je vais vous dire, je pense que les Français sont très attachés à notre Constitution et aux droits de grève, et constitutionnels.
00:28 Je pense que la grève c'est un droit.
00:30 Mais je crois qu'ils savent aussi que travailler c'est un devoir.
00:33 Alors la grève c'est un droit, oui, et travailler c'est un devoir. Vous êtes d'accord avec ce que dit Gabriel Attal ?
00:38 Je remarque, on dit toujours "la grève c'est un droit, mais j'attends toujours le mai".
00:43 Et puis les gens disent "la grève c'est un droit", et puis ils insistent sur le mai.
00:47 Parce que ce qui est important c'est le mai, mais c'est un droit, mais en fait il ne faudrait pas le faire.
00:51 C'est comme si je disais "la liberté de la presse c'est un droit, mais ça serait bien que de temps en temps vous ne fassiez pas tel ou tel article
00:57 où le droit de vote c'est un droit, mais ça serait bien de temps en temps les gens ne les aillent pas voter".
01:00 Voilà, un droit c'est un droit. Il n'y a pas de question.
01:04 Par contre, je trouve que quand même, je respecte le Premier ministre, évidemment,
01:09 mais c'est quand même un Premier ministre qui a 34 ans, le devoir de travailler en s'adressant à des contrôleurs
01:15 qui pour la plupart font 30 ou 40 ans d'horaires décalés dans leur vie,
01:20 leur expliquer qu'ils ont le devoir d'aller travailler, et à un moment donné il y a aussi un devoir d'humilité.
01:25 On peut penser ce qu'on veut des contrôleurs, en tout cas je pense qu'il n'y a pas grand monde qui aimerait,
01:30 qui envie leur vie, vu les difficultés qu'on a de recruter, notamment chez les contrôleurs,
01:34 c'est que ça ne se bouscule pas vraiment au portillon.
01:36 Donc il y a aussi un devoir un peu de ne pas forcément stigmatiser, de jeter de l'huile sur le feu.
01:40 Justement sur le droit de grève, immédiatement sont montés au créneau quelques élus,
01:45 sénateurs centristes, mais aussi les républicains, qui voudraient attaquer le droit de grève,
01:50 encore une fois en disant "c'est un droit, très bien, mais alors ce serait un droit qui serait plus un droit
01:55 pendant 60 jours environ, par an, pour sanctuariser les vacances".
02:00 Oui, on aura toujours cet endroit le mai, et dans cet endroit mai,
02:05 du coup c'est marrant parce qu'il s'inspire de ce qui s'est passé en Italie,
02:09 où effectivement en Italie on a corseté le droit de grève,
02:15 et du coup j'ai été voir un peu ce qu'il se passe, le monde merveilleux de l'Italie,
02:19 parce que j'ai faiblesse de croire que le droit de grève et les droits sociaux,
02:24 ça va s'ouvrir ensemble. En vrai, plus on fait grève, et plus finalement on arrive à avoir des droits sociaux.
02:29 Et en Italie, on a évidemment, effectivement, réduit le droit de grève,
02:34 et en Italie on a tellement réduit le droit de grève que les droits sociaux,
02:38 ils arrivent à partir la retraite aux 67 ans, le temps de travail c'est pas 35 heures, mais c'est 40 heures,
02:45 et il y a tellement de droits sociaux en Italie que le SMIC, ça n'existe pas.
02:49 Donc il faut avoir conscience que derrière toutes les bonnes intentions pour que les gens puissent prendre le train,
02:54 il y en a quand même qui voudraient tout simplement restreindre le droit de grève,
02:58 pas l'interdire parce que ça se dit pas, mais restreindre le droit de grève,
03:02 en tout cas l'interdire sur 60 jours, parce qu'ils ont quand même la volonté aussi
03:06 de restreindre un certain nombre de droits sociaux, que heureusement en France,
03:10 on a, et on a d'ailleurs de façon bien meilleure que dans beaucoup de pays européens,
03:15 qui font pour le coup moins grève que chez nous.
03:18 Alors, quelles sont les revendications actuelles en fait ?
03:21 Pourquoi cette nouvelle grève des contrôleurs ?
03:23 Il y avait déjà eu une grève, je crois en 2022, c'est ça, autour des vacances de Noël.
03:27 Pourquoi deux ans après, un an après, de nouveau cette grève ?
03:32 Eh bien, en partie parce que justement, sur cette grève qui avait été compliquée,
03:37 où il y avait eu finalement un protocole d'accord qui avait été signé un peu à la dernière minute,
03:42 un peu dans la douleur, le protocole du 22 décembre 2022, deux jours avant Noël,
03:48 il y avait eu des engagements qui avaient été portés, qui avaient été écrits,
03:52 et suite à ces engagements, les organisations syndicales avaient décidé de retirer le préavis,
03:57 en tout cas pour le 31 décembre, et ces engagements n'ont pas été tenus.
04:01 Voilà, en tout cas une partie, certains oui, mais une partie n'ont pas été tenus,
04:04 notamment le fait qu'il devait y avoir l'accompagnement des TGV par au moins deux contrôleurs,
04:11 et c'est quelque chose auquel les contrôleurs sont attachés,
04:14 mais auquel je pense les voyageurs sont aussi attachés,
04:16 parce que c'est vrai que quand c'est un petit peu compliqué dans les TGV,
04:19 TGV c'est 600 personnes, c'est pas 10 personnes, c'est 600 personnes.
04:23 Quand le TGV est arrêté en pleine pampa, sans électricité, sans eau,
04:28 vous êtes quand même content d'avoir au moins deux contrôleurs pour, je dirais, ces 600 personnes.
04:32 En termes de sécurité, en termes de sécurité au travail,
04:36 quand on sait les risques d'attentat, un seul contrôleur c'est quand même peu pour un 3600 personnes.
04:41 Voilà, donc du coup c'était une des remondications, un des engagements qui devait être mis en place
04:45 qui n'a pas été mis en place. Il y avait eu un deuxième engagement,
04:48 c'était une reconnaissance de la pénibilité du métier de contrôleur
04:54 avec la mise en place d'une cessation progressive d'activité,
04:59 et la troisième remodification, c'était une revalorisation de la prime de travail,
05:03 enfin une augmentation du pouvoir d'achat, parce que les contrôleurs,
05:06 comme les français, comme les salariés, sont aussi confrontés à une augmentation de l'inflation de dingue.
05:10 Et ça c'est des engagements qui n'ont pas été pris finalement ?
05:16 C'est des engagements qui n'ont pas été pris mais qui n'ont pas été tenus.
05:20 Et c'est pour ça qu'aujourd'hui il y a une colère assez profonde.
05:25 Donc vous êtes en train de nous dire qu'ils vous ont baladé pendant un an ?
05:29 Voilà, alors une partie des engagements ont été tenus,
05:33 je vais rendre à César ce qui est à César,
05:35 mais notamment sur ces trois points, ils n'ont pas été tenus.
05:39 Et ça du coup, vu que ça fait quand même plus d'un an que ça devait être mis en place
05:43 et que ce n'est toujours pas fait, ça a créé beaucoup de frustration,
05:46 beaucoup de colère, et qu'à un moment donné, il y a un collectif qui existe aujourd'hui,
05:50 le collectif national des ASCT, des contrôleurs en vrai,
05:54 pour parler en langage que les français comprennent,
05:56 est venu nous voir en nous disant "voilà, nous on a eu un accord avec des engagements,
06:02 il n'a pas été respecté, qu'est-ce que vous faites vous les organisations syndicales ?"
06:06 On a fait une alarme sociale au mois de novembre,
06:10 le nouveau ministre des Transports se dit surpris de cette situation,
06:15 mais en fait depuis novembre la direction de la SNCF est au courant qu'il y a péril en la demeure,
06:19 et d'alarme sociale en alarme sociale, on arrive à la situation aujourd'hui.
06:24 Mais est-ce qu'il n'y a pas aussi un mouvement qui a dépassé le cadre syndical,
06:29 qui est venu de la base et qui n'était pas un appel d'ordre des centrales ?
06:33 Comment vous gérez ça les différents syndicats ?
06:36 Alors complètement, moi je ne parlerai pas au nom des autres organisations syndicales
06:39 que au nom de Sud Rail, nous ça nous va bien nous faire dépasser aussi.
06:43 Le respect de la base, c'est l'ADN de Sud Rail.
06:45 Nous on pense que la base, y compris bien de se faire bousculer,
06:49 c'est toujours bien de se faire bousculer un peu dans la vie,
06:51 y compris quand vous êtes une organisation syndicale, ça vous permet de vous remettre en cause,
06:54 et on s'est fait bousculer par ce collectif, on s'est fait bousculer par les contrôleurs,
06:59 mais nous on le prend, c'est bien, on le prend positivement,
07:03 et ça apporte un peu de fraîcheur, ça apporte un peu de démocratie,
07:06 ça apporte des fois, les organisations syndicales, il y a des fonctionnements un peu verticals,
07:10 des fois les organisations syndicales, il y a un peu de polémiques,
07:12 un peu de guéguerre, un peu débile entre les organisations syndicales,
07:15 tout ça, ça a permis aussi un peu de rassembler toutes les organisations syndicales,
07:19 et nous Sud Rail, on le prend vraiment positivement.
07:22 Aujourd'hui, c'est combien de grévistes, quel est l'état de la mobilisation ?
07:27 C'est assez variable en fonction des secteurs, des chiffres que j'ai,
07:33 on est à peu près à 80, entre 75 et 80% de grévistes chez les contrôleurs des TGV,
07:39 et on est entre 50 et un peu plus de 50% chez les contrôleurs ATR.
07:45 Et la grève, elle est tenue jusqu'au 19 février, c'est ça ?
07:50 Jusqu'à dimanche, oui.
07:51 Est-ce qu'elle est possiblement reconductible, ou quelles sont les attentes ?
07:55 Aujourd'hui, il y avait un certain nombre d'assemblées générales
07:58 où je pense que cette question doit être discutée,
08:00 je sais aussi que le collectif des ASCT, eux, proposait un temps de négociation de deux mois,
08:08 et si ce temps de négociation n'aboutissait pas sur les revendications,
08:12 la possibilité de remettre une couche, de remettre une journée ou un week-end de grève,
08:19 je sais que ça a aussi été un peu dans les tuyaux,
08:22 après je pense que ça va aussi beaucoup discuter ce week-end de la stratégie à mettre en place.
08:27 D'accord, on va parler de cette stratégie, bien sûr, dans un instant.
08:30 On se retrouve avec notre invité Fabien Vildieu pour lui poser des questions,
08:34 6300, trois cendres à propos de cette grève des contrôleurs.
08:38 A tout de suite sur Sud Radio.
08:40 Et on se retrouve pour la suite de notre interview avec Fabien Vildieu,
08:59 délégué syndical de Sud Rail, pour parler de cette grève des contrôleurs.
09:03 Une grève en période de vacances, est-ce que vous n'avez pas peur que l'opinion publique,
09:08 les français vous lâchent à un moment en disant "mais pourquoi choisir systématiquement
09:12 quand c'est le moment des loisirs et des vacances de se mettre en grève ?"
09:17 On a conscience que l'opinion publique ne sera pas avec nous,
09:20 et ce n'était pas forcément l'objectif qu'on recherchait.
09:24 Je rappelle quand même que quand on fait grève, c'est pour gagner sur des revendications.
09:29 On peut avoir l'opinion publique avec nous, c'est mieux, mais ce n'est pas le but recherché.
09:33 Il y a eu une grève très importante l'année dernière sur les retraites,
09:36 où l'opinion publique était largement derrière les grévistes,
09:38 et résultat des courses, on a perdu.
09:40 Donc nous, le but c'est évidemment de gagner sur revendications,
09:44 et pour ça, si vous faites grève un mercredi entre minuit et 4h du matin,
09:50 vous pouvez faire grève pendant 20 ans, tout le monde s'en fout.
09:52 Donc on recherche quand même une certaine forme d'efficacité pour gagner sur les grèves.
09:56 Par contre, si je viens ici sur les plateaux discuter,
10:00 c'est parce que, sans essayer de convaincre, en tout cas essayer d'expliquer,
10:05 parce que je pense que l'opinion publique c'est aussi important.
10:08 Oui, parce que la grève c'est un droit, et c'est important de le rappeler dans le climat actuel.
10:12 Alors on a Christophe de Laude qui est avec nous,
10:15 et qui souhaitait réagir et vous poser une question. Bonjour Christophe.
10:18 Bonjour.
10:20 Alors moi j'entends les revendications de ce syndicat, ou du représentant du syndicat.
10:26 Moi je voudrais poser une question toute simple.
10:28 Combien touche un contrôleur en début de carrière ?
10:30 Combien il touche en milieu de carrière et en fin de carrière ?
10:34 Et quand j'entends la plainte de ce représentant qui dit que ces gens-là sont en horaire décalé,
10:41 quand ils ont signé pour faire ce travail-là, vous savez aussi les avantages et les contraintes.
10:48 Parce qu'on a l'impression d'entendre, ça y est, les popes, je pense que la SNCF,
10:55 qui est l'opinion en général, ont énormément d'avantages,
11:00 qui en profitent, c'est très bien, c'est formidable,
11:05 mais ça vient se plaindre et ça prend surtout en otage les gens.
11:09 Ah ce terme, alors on va donner la parole à...
11:12 Il faut parler autrement qu'otage, parce qu'il y a des gens qui sont,
11:18 qui des fois vont économiser pendant des mois pour se payer un voyage en famille,
11:23 pour aller voir la famille, pour partir en vacances avec les gamins, les gosses,
11:27 un endroit, et ces gens-là vont avoir leurs vacances gâchées,
11:32 parce que comme à chaque début et fin de vacances,
11:36 on prend, il n'y a pas d'autre mot qu'otage, on prend les gens en otage...
11:40 Alors on va donner la parole à Fabien Vildieu, délégué syndical de Sudray,
11:45 pour vous répondre, on parlait justement de ce soutien à l'opinion publique,
11:49 voilà, je crois que là, Christophe se donne la voix de nombreux Français,
11:53 comment vous lui répondez ?
11:56 Pour répondre au début de sa question, un contrôleur, quand il commence,
12:00 en début de carrière, il est à 2000 euros brut et il finit à 3500 euros brut.
12:04 Je tiens quand même à préciser que les contrôleurs,
12:07 à peu près entre 8 et 10 jours par mois, ne dorment pas chez eux,
12:10 tranquillement avec leur femme, ou quand c'est une femme avec leur mari,
12:14 ils dorment loin de chez eux, dans un foyer,
12:17 quelques fois bien grasseux, qui bosse en horaires décalés,
12:20 parce que quand vous imaginez bien que le train commence à 6h du matin,
12:25 le contrôleur, lui, il s'est levé à 4h du matin.
12:27 Alors tout le monde dit "oui, mais moi aussi j'ai connu les horaires décalés",
12:30 oui, sauf que quand vous êtes contrôleur, vous ne connaissez pas les horaires décalés
12:33 un an, deux ans, trois ans, non.
12:35 Vous connaissez les horaires décalés 20 ans, 30 ans, 40 ans,
12:39 parce que c'est ça aujourd'hui, la réalité des contrôleurs.
12:42 C'est-à-dire que pendant 40 ans, vous vous tapez les week-ends,
12:45 pendant 40 ans, vous vous tapez, parce que les gens, ce qu'ils ne réalisent pas,
12:48 c'est que pendant les vacances scolaires, il y a là besoin de beaucoup de trains.
12:51 Donc pendant les vacances scolaires, c'est la période où justement,
12:54 on refuse le plus les congés des contrôleurs.
12:56 Donc toutes ces contraintes-là, au regard de ce salaire-là,
12:59 finalement, je me dis que ce n'est pas si cher payé.
13:02 D'ailleurs, les gens ne le savent pas, mais est-ce que vous savez
13:05 quel est le salaire moyen en France ?
13:08 - Le salaire moyen en France ? - On est sur le SMIC, un peu...
13:11 - Ah non, le salaire moyen en France, aujourd'hui, il est 3 400 euros.
13:14 - Ah, tant que ça ? - Oui, selon l'INSEE.
13:16 - 3 400 euros. - Oui, parce qu'on a l'impression que c'est un pays
13:19 qui se SMICardise, etc. - Et oui, donc il faut aussi,
13:21 derrière toutes ces histoires, et je ne suis pas persuadé que le salaire français
13:26 soit en horaires décalés.
13:28 Donc voilà, il y a un moment donné, tout ça, ça se paye.
13:31 Le professionniste, ça se paye.
13:33 Si on veut, effectivement, avoir n'importe qui dans les trains,
13:37 il n'y a pas de problème, on peut.
13:39 On peut payer 1500 balles quelqu'un dans les trains,
13:41 mais après tout ça, ça se paye.
13:43 La qualité de service ne sera pas la même.
13:45 - Et sur ce terme de prise en otage, qu'on entend beaucoup
13:48 dans la bouche des Français, mais aussi des responsables politiques,
13:51 systématiquement, on parle de prise en otage.
13:53 Qu'est-ce que vous répondez à cette accusation ?
13:57 - Écoutez, nous, on n'est pas des terroristes.
13:59 Je pense qu'il y a eu un épisode de mouvement terroriste assez important
14:02 il n'y a pas encore si longtemps.
14:04 Je pense que c'est ces éléments de langage.
14:07 Sûrement le monsieur, en disant ça, s'est fait plaisir.
14:09 C'est bien, je suis content pour lui, il s'est fait plaisir.
14:11 Il m'a traité de preneur d'otage.
14:13 Mais moi, il y a un moment donné, on n'est pas des terroristes.
14:18 Ou alors, on va au bout.
14:20 Si effectivement, faire grève, c'est une méthode de terroriste,
14:23 dans ce cas-là, il faut enlever le droit de grève dans la Constitution.
14:26 Il y a un moment donné, il y a un truc qui n'est pas logique.
14:28 Par contre, je tiens quand même à dire,
14:30 il y a une étude qui vient de sortir aujourd'hui du ministère des Travails,
14:33 qui pointe le lien direct entre les conditions de salaire et de travail des salariés en France
14:41 et l'exercice du droit de grève.
14:43 Il dit une chose très simple, plus vous faites grève, plus vos salaires augmentent
14:47 et mieux sont vos conditions de travail.
14:49 Donc, au lieu de se jalouser les uns les autres en disant
14:52 "Ah, toi tu fais trop grève, t'es un privilégié machin",
14:54 peut-être qu'il faudrait plus se syndiquer et de temps en temps plus faire grève.
14:59 Parce que faire grève, ça veut dire perdre de l'argent.
15:01 Et aujourd'hui, les contrôleurs, en dehors du fait qu'il n'y a pas de train,
15:05 beaucoup de contrôleurs ont décidé pendant trois jours de perdre de l'argent.
15:09 Donc, moins de frustration et plus de combat collectif.
15:12 Une autre question d'une auditrice de Annière, Sophie,
15:16 qui souhaitait également réagir. Bonjour Sophie.
15:19 Oui, bonjour. Je vais poser une question à ce monsieur charmant.
15:22 Est-ce qu'il sait combien gagne une infirmière de bloc en début de carrière,
15:26 dont il serait content, évidemment qu'il serait content de trouver jour et nuit,
15:29 si son enfant a une crise d'appendicite ou si lui-même est victime de quelque chose ?
15:33 Elle gagne 1 500 francs par mois.
15:35 Elle gagne à peine, si vous voulez, de quoi payer son loyer et faire manger ses enfants.
15:41 C'est scandaleux. Vous prenez la France en otage,
15:45 vous êtes des monstres d'égoïsme et franchement, vous n'avez aucun sens.
15:49 Des monstres d'égoïsme ? Attendez, est-ce que vous avez le sentiment d'être égoïste en défendant vos droits ?
15:54 Non, pas du tout. Et puis, par ailleurs, vous savez, les cheminots sont tellement égoïstes
15:59 que souvent, ils se battent pour tout le monde.
16:01 On a même expliqué que les cheminots faisaient la grève par procuration.
16:04 Et je pense que les infirmières sont aussi bien contentes qu'ils sont,
16:08 et je suis d'accord avec l'auditrice, mal payées.
16:11 Et à un moment donné, ça ne sert à rien de s'opposer telle ou telle profession.
16:15 Moi, je suis pour qu'on augmente évidemment les infirmières et qu'on reconnaisse leurs conditions de travail.
16:20 Mais par ailleurs, les infirmières aujourd'hui qui partent à la retraite, pour certaines, à 64 ans,
16:26 là où dans les autres pays européens, on part à 67 ans. Pourquoi ?
16:29 Parce que les cheminots se sont battus aussi sur les histoires de retraite.
16:32 Donc, au lieu de passer notre temps à jalouser les uns les autres,
16:35 et tomber dans le piège de la division au moment où, d'ailleurs, ce qui est assez marrant,
16:39 c'est qu'hier, les patrons du CAC 40 nous ont expliqué qu'il y a eu 120 milliards de bénéfices
16:44 qui ont été distribués aux patrons du CAC 40.
16:46 Ça, ça passe comme une lettre à la poste.
16:48 Par contre, on va pointer du doigt le contrôleur, on va le traiter de terroriste,
16:52 on va lui dire "Ah, c'est pas normal, tu gagnes 2500 euros".
16:55 Mais en fait, tous les petits, aujourd'hui, tous les petits salariés,
16:58 on passe notre temps à se bouffer le foie,
17:00 et les grands patrons du CAC 40, qu'est-ce qu'ils font ? Ils rigolent. Ils rigolent aujourd'hui.
17:05 Une certaine illustration de la lutte des classes. Merci, Sophie.
17:08 Qu'est-ce que vous dites à Mathilde Panot, qui appelle quasiment à faire grève avant et pendant les Jeux Olympiques ?
17:15 Est-ce que les Jeux Olympiques vont être une cible, là encore, ou un moment privilégié pour l'action syndicale ?
17:20 En tout cas, nous, on ne s'interdit rien. Peut-être qu'il y aura grève sur les Jeux Olympiques.
17:24 En tout cas, clairement, si la direction de la SNCF ne met pas les relations syndicales autour de la table
17:29 et ne fait pas de vraies propositions par rapport aux collègues qui vont travailler pendant les Jeux Olympiques
17:34 et aujourd'hui, les propositions qui sont faites ne sont pas suffisantes,
17:37 en tout cas, à Sud-Hraïl, on assumera une grève pendant les Jeux Olympiques.
17:40 Donc ça, c'est peut-être à attendre en plus de tout le reste pour les Jeux Olympiques.
17:45 On a encore en ligne, vous êtes nombreux aujourd'hui à vouloir réagir, Serge Deslandes qui voulait également réagir et poser une question. Bonjour, Serge.
17:53 Oui, bonjour à vous deux. Je voulais juste répondre aux deux intervenantes d'avant.
17:58 J'ai un petit peu de mémoire. Il y a 88 ans, en arrière, existait le Front National.
18:04 Et ces gens-là se sont battus pour des équipes sociaux, notamment les cheminots.
18:08 Et moi, je les encourage à continuer à faire grève. J'encourage aussi les inter... Pardon, je suis un petit peu énervé.
18:17 Les gens devraient... Les patrons des syndicats devraient se réunir pour faire toutes grèves en même temps
18:24 et non pas une semaine les intermédiaires, une semaine les agriculteurs et une semaine les cheminots.
18:30 Si on fait toutes grèves en même temps, je peux vous dire que le gouvernement en haut, il va commencer à s'inquiéter.
18:34 Simplement, on vit dans un monde individualiste où le secteur industriel des élus...
18:39 Avant, j'ai connu un somme à Tartre où il y avait des milliers d'ouvriers qui sortaient à 5 heures avec leur mobilette et leur vélo.
18:46 Tout ce secteur industriel a été bouffé durant des décennies et des décennies pour que le capitalisme puisse avoir pied sur rue ici en France
18:54 et nous dédiquer, nous individualiser. Pourquoi ? Parce que la technologie est arrivée.
18:59 Il faut savoir qu'on est bien content de les avoir, mais ça individualise la personne.
19:03 Personne ne se remet en...
19:05 Alors, on va donner la parole à notre invité sur la coordination intersyndicale où on en est aujourd'hui.
19:12 C'est vrai qu'on a l'impression que chacun y va de sa grève. On a eu les professeurs il y a ça quelques semaines.
19:17 Maintenant, c'est de nouveau les cheminots, puis ce sera les soignants avec toujours cette division.
19:22 Pourquoi pas davantage de coordination ?
19:25 Oui, c'est une bonne question et l'union fait la force. Après, à l'occurrence, ce sont les contrôleurs avec le collectif qui nous avaient demandé de faire un mouvement catégoriel
19:35 que nous assumons aussi bien à Sud-Arrahe, les mouvements catégoriels, que les mouvements interprofessionnels.
19:40 Donc là, la question ne s'est pas posée. Par contre, c'est sûr que la question pourra se poser demain.
19:47 La nécessité, à mon avis, de faire de converger toutes les colères.
19:51 Parce que moi, j'ai tendance à penser qu'au lieu de se jalouser les uns les autres, au lieu de se critiquer les uns les autres,
19:56 on ferait mieux de se tenir les coudes et se rendre compte que finalement, si on veut régler ces problèmes de pouvoir d'achat,
20:02 c'est quand même dingue. EDF vient d'annoncer 10 milliards de bénéfices et en même temps, ils vont augmenter les prix de l'électricité.
20:11 Et nous, on est là, entre salariés qui essayent de se battre un petit peu à droite à gauche et en train de se bouffer le foie les uns les autres.
20:17 C'est ridicule. Effectivement, à un moment donné, il va falloir que les salariés, on se serre les coudes, on arrête la division, on arrête de se jalouser.
20:25 "Ah, toi, t'as un petit privilège, donc c'est toi le pourri."
20:29 D'ailleurs, on nous a tellement fait passer les contrôleurs pour des privilégiés qu'on se demande si Mbappé, il ne va pas finalement arrêter sa carrière de foot
20:37 et pour devenir contrôleur SNCF. Mais ça en devient ridicule.
20:41 Donc, à un moment donné, effectivement, il faudra peut-être se poser la question de partir tous ensemble.
20:47 Merci beaucoup, Fabien Villieu, d'avoir répondu à nos auditeurs et à nos questions au micro de Sud Radio à propos de cette grève qui continue.
20:56 On apprend à l'instant la mort d'Alexandre Navalny, opposant de Vladimir Poutine, qui était en prison depuis plusieurs années à 47 ans.
21:04 Et tout de suite, c'est la culture dans tous ces États pour parler d'un autre résistant avec Céline Alonso et André Bercoff.
21:10 Ils reçoivent Jean-Pierre Saccoun pour parler de Missak Manouchian, héros de la Résistance française, qui va entrer au Panthéon mardi prochain.
21:19 Sud Radio, parlons vrai.

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