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NewsTranscription
00:00 Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:03 Et notre invité aujourd'hui est Christian Grollier, secrétaire général de FGFFO.
00:07 Bonjour.
00:08 Bonjour.
00:08 Alors, les annonces du ministre de la Fonction Publique, Stanislas Guérini, cette semaine ont provoqué la stupeur, la stupéfaction, l'inquiétude, le questionnement aussi.
00:18 Il veut lever un tabou, l'emploi à vide et fonctionnaire.
00:21 Est-ce que c'est un tabou d'abord, puisqu'il s'agit du statut de la fonction publique ?
00:27 Et pourquoi ce ministre de la Fonction Publique est en guerre finalement contre la fonction publique ? Qu'est-ce qui se passe ?
00:33 Deux questions, on va dire, mais je vais essayer de faire deux réponses rapides.
00:37 Ce n'est pas un tabou.
00:39 Le licenciement dans la fonction publique existe déjà.
00:41 Alors, on a le sentiment d'un seul coup que les fonctionnaires seraient intouchables et qu'il n'y en a pas.
00:45 Donc, il y a des licenciements pour faute professionnelle.
00:47 D'ailleurs, ce n'est pas ça qu'évoque le ministre.
00:50 Il évoque le licenciement pour insuffisance professionnelle, c'est-à-dire comme des agents qui ont passé un concours,
00:55 mais qui finalement ne sont pas adaptés au poste.
00:57 Et pourquoi il y a peu de licenciements pour insuffisance professionnelle ?
01:00 Parce que le manager, le chef de service, qu'est-ce qu'il fait ?
01:03 Il essaie soit de renforcer la formation, soit de le détacher dans un autre corps,
01:08 où il sera plus à l'aise et plus en adéquation, j'allais dire, avec ses capacités.
01:11 Et c'est pour ça qu'il y a peu, au final, de licenciements pour insuffisance professionnelle.
01:16 Et après, pourquoi il est allé sortir ça ? Alors là, je vais vous dire, est-ce que c'est le printemps ?
01:20 Est-ce que c'est parce que ça bourgeonne partout qu'il a une idée géniale ?
01:22 Ce ne sont pas les européennes, surtout.
01:24 Est-ce que ce sont les élections européennes ? Je ne sais pas ce que ça peut lui rapporter.
01:26 Il y a quand même 5,7 millions d'agents publics, plus leur famille,
01:30 donc ça fait quand même quelques millions d'électeurs.
01:33 Je ne suis pas certain que ce soit très favorable au gouvernement, ce genre de proposition.
01:36 Mais il y a bien une volonté politique derrière de faire cette annonce-là.
01:41 Est-ce que c'est aussi parce qu'il faut faire des économies partout
01:44 et que l'idée, c'est aussi de se délester d'un certain nombre de fonctionnaires d'ici 2027 ?
01:48 Alors, il faut faire des économies partout.
01:49 C'est vrai qu'on parle plus des économies que des recettes qu'on pourrait améliorer, ceci étant.
01:53 Après, vous savez, en 2019, toujours sur le premier quinquennat d'Emmanuel Macron,
01:58 le gouvernement a créé ce qu'on appelle la loi de transformation de la fonction publique.
02:02 Et cette loi, qu'est-ce qu'elle dit ?
02:03 Ne recrutons plus des fonctionnaires quand il faut les remplacer, recrutons des contractuels.
02:08 Donc, quelque part, c'est un faux problème.
02:09 Ça veut dire qu'en plus de recruter des agents qui sont sous contrat de trois ou six ans maximum,
02:14 ça ne suffit pas, il faudrait virer des fonctionnaires.
02:17 Ce qui est catastrophique pour nous, c'est que ça sous-entend,
02:19 dans l'opinion publique, que les fonctionnaires ne font rien.
02:22 D'un seul coup, on en aurait des milliers comme ça, partout,
02:24 qui ne font rien, dont les chefs de services ne s'occupent pas,
02:27 puisqu'apparemment, ils n'instruisent pas de procédure, ou ils ne font rien pour que ça s'améliore.
02:32 Voilà, donc nous, on trouve que c'est vraiment très exagéré.
02:34 Ce sont les mêmes ministres, etc., gouvernements, qui nous ont dit
02:38 que les policiers étaient fantastiques pendant les attentats,
02:40 les soignants fantastiques pendant la Covid,
02:42 et encore récemment, les personnels techniques sur les crises climatiques.
02:46 Donc, soit on veut répondre à des impératifs européens de réduction de la dépense publique,
02:50 et il faut être courageux, il faut le dire,
02:52 soit on veut avoir une bonne note avec les agences de notation,
02:54 et qu'on n'arrive pas à faire croire que les fonctionnaires ne travaillent pas.
02:57 Donc, comme je l'ai dit au ministre, qu'il aille dans un hôpital,
02:59 qu'il passe une journée dans un véhicule de police,
03:01 et il verra si les fonctionnaires ne travaillent pas.
03:02 - Oui, ce serait un bon stage à faire pour voir de quoi on parle,
03:07 et ce qu'il en est sur le terrain.
03:09 C'est aussi les mêmes qui ont fait appel à des cabinets de conseil
03:12 pour des centaines de millions d'euros,
03:15 cabinets de conseil qui faisaient le travail, finalement,
03:17 de ce qu'aurait pu faire la haute administration, en réalité.
03:20 Donc, pourquoi vouloir systématiquement attaquer ?
03:24 Enfin, c'est un peu pour accuser son chien,
03:26 enfin, pour tuer son chien, on l'accuse de la rage.
03:28 L'idée, c'est de faire croire ce que vous dites,
03:30 qu'il y a trop de fonctionnaires en France,
03:33 que ça coûte trop cher,
03:35 qu'ils sont surprotégés par le statut de la fonction publique.
03:38 C'est diviser, en fait, l'idée, les Français,
03:41 entre la fonction publique et puis le monde du privé.
03:44 C'est un peu ça, je pense, qui est le curseur.
03:47 Oui, tout à fait.
03:48 Effectivement, quand on met le focus sur les fonctionnaires,
03:51 on donne le sentiment qu'ils sont privilégiés.
03:53 Et donc, effectivement, du coup, les salariés du privé se disent
03:56 « il y en a trop, chaque fois que je vais dans un service public,
03:59 de toute façon, il n'y a pas assez de personnes au guichet, etc. »
04:01 Mais tout ça, c'est une politique qui a été voulue.
04:04 Des années qu'on réduit les effectifs,
04:06 même si, de manière mécanique,
04:08 on est bien obligé d'embaucher des contractuels après pour faire l'émission.
04:12 Et vous dire pourquoi aujourd'hui ça sort du chapeau,
04:15 c'est extrêmement compliqué de comprendre ce qui se passe.
04:17 Parce que quand même, en début de semaine, le matin,
04:20 le ministre Guérini reçoit toutes les organisations syndicales
04:23 en disant « j'ai un projet de loi pour donner de l'attractivité à la fonction publique »
04:27 et quelques heures après, sans nous en parler pendant la réunion,
04:30 il dit « je veux plus de licenciements ».
04:31 Alors, je ne sais pas s'il n'a pas un peu de schizophrénie.
04:34 Oui, mais il n'y a pas que ça, parce qu'il dit qu'il y a plus de formation aussi,
04:37 revalorisation aussi salariale, plus de mobilité aussi.
04:40 Il y a des bonnes choses quand même dans ce projet de réforme,
04:42 ou tout est à mettre du côté de l'idéologie politique ?
04:46 Ou est-ce qu'il y a quand même des choses qui font entrer la fonction publique
04:50 dans quelque chose de plus positif ?
04:53 Alors, d'abord, quand il dit « je vais mieux les payer »,
04:55 il ne faut pas qu'il oublie qu'il nous a dit que c'était une année blanche pour 2024.
04:58 Encore une, ce n'est pas la dernière.
05:00 Et qu'en plus, le ministre de l'Économie et M. Cazenave également
05:04 ont dit que l'année prochaine, ce n'était pas 10 milliards de réduction,
05:06 c'était 20 milliards.
05:08 Je pense que M. Guérini n'aura pas beaucoup d'argent l'année prochaine non plus.
05:11 Donc, ce projet de loi ne va pas améliorer la rémunération des fonctionnaires.
05:14 Je rappelle qu'on est classé en trois catégories,
05:16 A, B, C.
05:17 A pour les cadres et C pour la plus basse, pour les employés.
05:20 La catégorie C et B démarrent au SMIC.
05:23 Et la catégorie A, où on a des recrutements à BAC+6, BAC+7,
05:26 démarre 10% au-dessus du SMIC.
05:28 Donc, l'attractivité de l'emploi public, c'est d'abord de mieux payer les fonctionnaires.
05:32 Mais comme il n'a pas d'argent,
05:33 l'arbre qui cache la forêt, c'est l'annonce de la rémunération au mérite.
05:37 En disant que certains seraient plus méritants que d'autres.
05:40 D'abord, il faut savoir sur quelle base on va se poser.
05:44 Si je prends un camarade de la fonction publique territoriale,
05:47 qui était boueur,
05:48 c'est celui qui va mettre le plus de poubelles dans le camion,
05:50 qui va être mieux payé que l'autre.
05:52 C'est complètement le délire.
05:54 - Ou si on va à l'hôpital, on va marcher sur la tête.
05:56 - À l'hôpital, est-ce qu'on va compter les piqures ?
05:58 Vous voyez, ça n'a aucun sens.
06:00 La priorité, c'est redonner de l'attractivité par l'amélioration des salaires,
06:04 ce qui sous-entend aussi de meilleures retraites au final.
06:06 Après, qu'on doive améliorer les conditions de travail,
06:09 qu'on puisse aussi améliorer le management,
06:12 la formation professionnelle, la mobilité.
06:14 Bien sûr qu'on peut le faire tout ça.
06:15 Il y a déjà beaucoup d'outils pour le faire.
06:17 Le problème, c'est qu'il n'y a pas de budget pour le faire.
06:19 Vous savez, quand on dit rémunération au mérite,
06:21 je vous prends un exemple très concret.
06:22 Vous avez 10 agents,
06:24 et vous savez que le taux moyen de la prime, c'est 1000 euros par agent.
06:28 Donc, quand vous êtes chef de service, vous recevez 10 000 euros de fait.
06:32 Admettons qu'ils fassent tous bien leur travail.
06:34 Mais il y en a un qui ne s'est plus investi cette année-là.
06:37 Mais si vous voulez lui donner 1000 d'eux,
06:38 il faut en lever aux autres.
06:40 Vous n'avez pas la marge de manœuvre financière pour donner un petit peu plus
06:44 quand vous avez une équipe qui fait correctement son boulot.
06:46 Donc, les outils existent, il n'y a pas de budget pour le faire.
06:49 Et donc, évidemment, on fait croire que si c'était au mérite,
06:52 on serait mieux payé pour quelques-uns au détriment des autres.
06:55 Il y a aussi la haute fonction publique,
06:57 où là, il y a eu des budgets qui ont été débloqués pour les ambassadeurs,
07:01 où il y a eu une harmonisation de certains hauts fonctionnaires pour leur paye.
07:10 Oui, ça a été à la suite de la suppression de l'ENA et de ce qu'on appelait les "ENARC",
07:15 on a créé ce corps d'administrateur de l'État, où on met tout le monde dedans.
07:19 Certes, il y a eu une revalorisation de leur rémunération,
07:22 ce qui est après tout tout à fait légitime.
07:25 Mais on oublie quand même tous les autres.
07:26 C'est ça.
07:26 Je rappelle que dans la fonction publique, sur les 5,7 millions d'agents,
07:30 il y a 3,8 millions de fonctionnaires,
07:34 et que la moitié de ces 3,8 millions sont en catégorie C, les moins bien payés.
07:38 Mais la philosophie de regrouper tous les hauts fonctionnaires dans un corps,
07:42 c'est une philosophie politique.
07:43 Et ça veut dire que demain, ce que souhaite ce président de la République,
07:47 c'est une fonction publique de haut niveau,
07:49 qui soit en fait à la botte du gouvernement, c'est-à-dire à l'américaine.
07:52 Comme quand on dit "l'administration de Trump sort, l'administration de Biden rentre",
07:57 ce qu'on veut aujourd'hui, c'est que les hauts fonctionnaires soient à la botte du pouvoir.
08:00 Mais sauf que le "spoil system", c'est qu'aux États-Unis, quand vous êtes élu,
08:04 toute l'ancienne administration démissionne,
08:06 et c'est une nouvelle administration.
08:07 En France, ce n'est pas du tout le cas.
08:08 C'est-à-dire si on a un opposant d'Emmanuel Macron qui va gagner en 2027,
08:12 il récupérera tous les hauts fonctionnaires placés par Emmanuel Macron en réalité.
08:15 Et ça pour la suite de leur carrière.
08:18 Oui, pour l'instant, ceux qui sortent sont les ministres et secrétaires d'État.
08:21 Pour certains, on me dirait qu'on ne les regrettera pas.
08:23 Mais effectivement, on n'en est pas encore là.
08:25 Mais c'est quand même la philosophie qui a guidé
08:27 cette espèce de fusion de tous les hauts fonctionnaires.
08:30 Alors heureusement, on a une chance inouïe,
08:32 c'est qu'on a le statut général des fonctionnaires,
08:34 qui n'est pas la garantie de l'emploi, comme on le dit,
08:36 mais la garantie de la carrière, ce qui est bien différent.
08:38 Et surtout, qui permet aujourd'hui, au-delà de ça, d'être recruté par concours.
08:42 Et quand on est recruté par concours, on a de la neutralité.
08:46 Quand on est contractuel, on est recruté par cooption, copinage, etc.
08:49 Et ce n'est pas la même manière de résister à la pression hiérarchique.
08:51 Donc ce serait une fonction publique dépendante d'un pouvoir politique,
08:54 en fait, un changement de paradigme.
08:55 En tout cas, sur la première partie, sur la haute fonction publique,
08:57 oui, ça pourrait être le cas.
09:00 Aujourd'hui, quelle est l'administration qui emploie le plus de fonctionnaires ?
09:04 Alors là, sans ambiguïté, c'est l'Éducation nationale.
09:07 Et après, c'est assez équilibré entre l'État,
09:11 où on est à peu près 2,4 millions, et la territoriale,
09:13 puisqu'il y a eu beaucoup d'actes de décentralisation,
09:15 où on est quasiment à 2 millions,
09:17 et à la fonction publique hospitalière, à 1,2 million.
09:20 Et on mélange, bien sûr, fonctionnaires et contractuels.
09:22 Mais alors, ce que vous disiez tout à l'heure sur l'attractivité,
09:26 et en même temps de dire qu'il n'y a plus d'emplois à vie, etc.
09:30 C'est un cercle vicieux.
09:32 Comment faire aujourd'hui ?
09:35 Parce qu'on entend partout qu'on manque, en réalité, de soignants,
09:38 qu'on manque de professeurs.
09:39 On n'arrive pas à recruter les professeurs.
09:42 La police aussi a baissé les concours pour être sûr de pouvoir faire entrer du monde.
09:47 Qu'est-ce qui se profile pour la fonction publique,
09:50 si on continue avec cette idéologie-là ?
09:52 Si on continue avec cette idéologie,
09:55 ce qui va se profiler, ça va être la privatisation
09:57 de certaines missions de services publics.
09:59 Y compris parce que ça fera des économies d'effectifs,
10:02 et on renverra vers le privé, évidemment, certaines missions,
10:05 lesquelles on ne le sait pas aujourd'hui.
10:07 Après, ce qu'il faut que les usagers comprennent,
10:08 et les citoyens au sens large,
10:10 c'est que le service public, aujourd'hui,
10:11 il est principalement financé par l'impôt.
10:13 Que si demain, ce n'était pas la solidarité nationale
10:16 qui finance le service public,
10:17 mais qu'on devait, pour mettre ses enfants à l'école,
10:19 payer l'école, payer la sécurité,
10:21 ça coûterait beaucoup plus cher.
10:22 En particulier à une grande partie de la population.
10:25 Nous, ce qu'on dit depuis des années,
10:26 on avait cru l'obtenir à l'époque du gouvernement de François Hollande.
10:30 Bon, ça n'a pas été le cas.
10:31 Mais on avait réussi à mettre en place une instance
10:33 qui s'appelait le Conseil national des services publics,
10:35 qui n'a jamais été abrogé, mais qui n'est plus convoqué.
10:37 Cette instance, elle réunissait tous les employeurs,
10:40 les organisations représentatives,
10:42 et on discutait sur le long terme
10:44 quelles pourraient être les futures missions de services publics demain,
10:46 comment on les organise entre les différents employeurs,
10:49 est-ce qu'il y en a quelques-unes qu'il faut mettre en délégation.
10:52 Et ça permettait un débat de fonds
10:53 qui était un petit peu, comme ça, déconnecté de la pression budgétaire.
10:57 Malheureusement, plus personne ne veut parler de ça.
10:59 Et c'est bien dommage, parce que si on n'essaie pas d'abord
11:01 de faire le bilan des réformes...
11:03 Vous savez, vous avez des services déconcentrés de l'État, par exemple,
11:06 ils sont en réforme permanente depuis 2010.
11:09 Il y a des agents, ils ne savent même plus
11:11 quel est l'intitulé de la direction dans laquelle ils travaillent.
11:13 On change les noms, on regroupe un coup,
11:15 on a le logement, un coup là, mais un coup en ralle.
11:17 On a fusionné les régions.
11:19 Pareil, on a des entités qui ont changé.
11:21 On ne fait jamais le bilan de ces réformes,
11:23 ni par rapport, bien sûr, à l'agent avec qui ils travaillent,
11:25 ni par rapport aux services rendus à l'usager.
11:28 Faisons un bilan de toutes les réformes, posons-nous un petit peu,
11:31 réactivons le Conseil national des services publics,
11:33 et faisons une autre loi qui soit à la fois porteuse
11:36 pour les agents qui sont en exercice aujourd'hui
11:38 et pour ceux qui rentreront demain.
11:40 - Justement, est-ce que vous avez des contacts
11:42 avec Stanislas Guérini ou avec le gouvernement ?
11:45 - Alors, jusqu'à cette semaine, oui !
11:49 Un peu moins.
11:51 Je pense qu'en plus, le passage dans tous les médias
11:53 ne doit pas ranger nos relations,
11:54 mais ça, ce n'est pas bien grave.
11:55 Nous sommes la première organisation de la fonction publique de l'État,
11:58 donc il sera bien obligé de revenir vers nous.
12:00 Mais là, on a un vrai sujet.
12:02 Nous, on a le sentiment que Guérini ne maîtrise plus rien.
12:05 Quand vous avez Bruno Le Maire qui fait des annonces
12:07 de réduction de la dépense à tour de bras,
12:09 en plus apparemment qu'il s'est planté
12:10 dans ses perspectives de croissance,
12:13 finalement, Guérini, on lui dit "fais une réforme,
12:15 mais tu n'as pas un euro".
12:17 Voilà, donc je comprends qu'il soit en difficulté.
12:19 Après, à rajouter à ça,
12:21 dans la provocation avec l'histoire des licenciements,
12:23 moi, c'est depuis quelques années que je suis en charge de ma fédération,
12:27 c'est le Premier ministre que je vois souhaiter
12:29 plus de licenciements de ses propres fonctionnaires.
12:32 Voilà, je n'avais jamais vu ça.
12:34 C'est vrai que ce gouvernement nous aura pratiquement tout fait voir.
12:37 Récemment, la taxe sur l'assurance chômage,
12:39 ce matin encore le logement social.
12:42 Bon.
12:43 Il faut faire des économies,
12:44 donc on sent l'austérité arriver.
12:46 Plutôt que d'aller chercher des recettes, il y en a.
12:47 Arriver partout.
12:48 Est-ce que vous allez profiter des Jeux Olympiques
12:53 d'une certaine façon pour faire avancer vos revendications
12:57 avec la menace de grève ?
12:59 Alors nous, nous avons déposé le préavis de grève
13:01 depuis le 19 mars,
13:03 qui était la journée de grève fonction publique,
13:04 jusqu'au 8 septembre.
13:06 Donc qui couvre les Jeux.
13:07 La période où couvre la totalité des Jeux Olympiques.
13:09 Comme on le dit souvent, notre objectif,
13:11 ce n'est pas de dire qu'il faut faire échouer les JO.
13:14 Bien sûr que non, ce n'est pas le sujet.
13:15 Maintenant, on a un moyen de pression
13:17 qu'on a une fois tous les 100 ans.
13:19 On a un moyen de pression qu'on n'a jamais.
13:21 Donc si on n'arrive pas à persuader le Premier ministre,
13:23 qu'on rencontrera à la fin du mois,
13:26 qu'il faut arrêter ce projet de loi,
13:27 se mettre autour de la table et essayer de discuter sereinement.
13:30 Parce qu'il ne faut pas oublier que le ministre Guérini,
13:33 quand il annonce son projet de loi en début de semaine,
13:35 il nous dit que son inspiration,
13:37 c'est une consultation directe qui a été faite auprès des agents.
13:40 Il y a eu à peu près 100 000 réponses sur 5 017.
13:43 C'est pas énorme.
13:43 Et inspirée aussi par des think tanks,
13:46 des collectifs de services publics.
13:48 Il oublie quand même que les représentants des services,
13:50 ce sont les organisations syndicales représentatives.
13:53 Donc ça veut dire aussi dans la démarche,
13:55 qu'il y a une volonté qui est moins de dialogue social
13:57 et pas de négociation.
13:59 Mais après, évidemment qu'il ne peut pas négocier,
14:00 puisqu'il n'a rien à négocier.
14:02 Donc bloquons ce projet,
14:04 partons sur une autre dynamique
14:05 et je suis certain qu'on peut améliorer l'efficacité du service public.
14:07 Et pas de trêve pour les JO, ça c'est sûr.
14:10 Si on n'est pas entendu, il n'y aura pas de trêve pour les JO.
14:12 Parce qu'on n'en a pas parlé,
14:13 mais les sénateurs aussi attaquent le droit de grève.
14:15 L'idée de ne pas avoir le droit de faire grève pendant certaines périodes,
14:18 enfin on sent que de tous les côtés,
14:20 l'attaque au droit de grève et au droit syndical est partout.
14:23 Ça fait quand même plusieurs années que le droit de grève se restreint,
14:26 ou en tout cas se complexifie.
14:28 À une époque, les enseignants n'avaient pas besoin
14:31 de se déclarer 48 heures à l'avance.
14:32 Alors les transports c'est encore pire et petit à petit ça se durcit.
14:35 Et quand on durcit le droit de grève,
14:37 d'abord c'est un droit constitutionnel,
14:38 on durcit aussi globalement les libertés individuelles et collectives de chacun.
14:42 - Oui, absolument.
14:43 Merci beaucoup Christian Grelier d'avoir répondu à nos questions sur Cédrodio.
14:47 Vous êtes secrétaire général de FGFFO
14:49 et on va suivre bien sûr les discussions que vous aurez
14:52 dans les semaines qui viennent avec le gouvernement.
14:54 Merci à vous.
14:54 On se retrouve dans un instant.
14:55 Notre invité en deuxième partie sera le sénateur UDI de Haute-Savoie,
14:58 Loïc Hervé, pour parler de délit d'outrage en ligne.
15:02 Si vous souhaitez réagir ou poser vos questions, 0 826 300 300.
15:05 A tout de suite.
15:06 Sud Radio, midi 13h.
15:09 Alexis Poulin, sans réserve.
15:12 *Musique*