Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Quasiment 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Philippe Devilliers.
00:04 Philippe Devilliers, bonsoir.
00:06 Bonsoir, Eliott.
00:07 Geoffroy Lejeune, bonsoir.
00:08 Bonsoir, Eliott. Bonsoir, Philippe.
00:09 Je vois, vous êtes dans les starting blocks, Philippe Devilliers.
00:13 Très en forme.
00:14 On peut lui adresser un petit mot de compassion ?
00:17 Parce que dans la même semaine, il a perdu son stade et il a perdu son joueur fétiche.
00:22 Vous vous moquez de moi parce que vous connaissez mon amour pour le Paris Saint-Germain.
00:26 Et je vous sais, vous êtes un grand connaisseur du football, du ballon.
00:31 Mbappé ne sera plus le joueur du Paris Saint-Germain l'année prochaine.
00:35 Il l'a d'ailleurs annoncé cet après-midi à ses coéquipiers.
00:39 C'est une perte quand même pour la Ligue 1, Philippe Devilliers.
00:42 Oui, mais moi je me souviens du traumatisme.
00:44 Vous n'étiez pas né.
00:46 Du traumatisme des Français lorsque Raymond Coppa a quitté le stade de Reims en 1957,
00:55 je crois, 1956 même, pour aller au Real Madrid.
00:58 S'il n'était pas allé au Real Madrid, il n'aurait pas eu le ballon d'or.
01:02 Il est allé deux ans au Real Madrid, puis il est revenu ensuite au stade de Reims.
01:07 Mais c'est une défaite de dire ça.
01:10 Pardonnez-moi, j'interviens, mais de dire qu'un Français ne peut pas s'épanouir
01:13 et devenir le meilleur joueur du monde s'il reste en France, c'est...
01:15 Il y a quelque chose de pathétique.
01:17 Parce que ça a été pareil pour Zidane, ça a été pareil pour Platini qui est parti à la Juve.
01:20 Bon, on n'est pas là pour ça, je pense.
01:23 Non, mais...
01:25 Mais quand même, par amitié, par affection.
01:27 Pour l'amour du football, mais on a énormément de sujets et on va aborder un vaste sujet.
01:34 Philippe de Villiers que la liberté d'expression, la liberté de la presse.
01:38 Cette semaine, vous le savez, le Conseil d'État a demandé à l'Arkom de renforcer son contrôle sur CNews,
01:43 lui offrant de nouveaux outils.
01:45 Le Conseil d'État a d'ailleurs confirmé la requête de Reporters sans frontières
01:50 et de son secrétaire général, Christophe Deloire,
01:54 un homme qui a ciblé à de nombreuses reprises le groupe ainsi que son propriétaire.
01:59 Les Français ont très certainement découvert Christophe Deloire, invité de leur dépôt.
02:04 Ça s'est passé mercredi.
02:06 Il a été interpellé par l'un des pères fondateurs pendant cette émission de Reporters sans frontières,
02:11 à savoir Robert Ménard.
02:13 On écoute Robert Ménard et on en parle juste après.
02:15 Christophe, je suis atterré.
02:20 Je te le dis, quand on a créé Reporters sans frontières,
02:23 c'était exactement pour ne pas avoir cette attitude-là.
02:26 Je me contrefous de savoir si je suis d'accord ou pas d'accord
02:32 avec ce qui se passe à l'antenne de CNews.
02:34 Tu devrais être le premier à te réjouir qu'un certain nombre de points de vue
02:38 qui n'étaient jamais entendus sur des médias et des télévisions en France
02:44 le sont grâce à CNews.
02:46 C'est ça, ton boulot.
02:48 Ton boulot, c'est pas de quoi.
02:49 Tu es l'arbitre des élégances maintenant.
02:52 Tu vas nous dire ce qu'il convient de faire ou de ne pas faire.
02:55 Mais enfin, on s'en contrefous de ça.
02:58 Reporters sans frontières, ça a été créé, pardon, c'est moi qui l'ai créé avec trois journalistes.
03:01 Tu le sais, je l'ai dirigé pendant 23 ans.
03:04 Ça a été fait pour défendre des gens dont on trouvait des opinions,
03:09 pour certaines de temps en temps, même indéfendables, figure-toi.
03:12 On allait sortir des gens de prison dont je ne partageais rien, absolument rien.
03:17 Geoffroy Lejeune.
03:18 Cette séquence était exceptionnelle.
03:19 Comment vous décryptez-vous l'action, le rôle de Christophe Deloir depuis le début de la semaine ?
03:27 Il a deux casquettes.
03:31 La deuxième casquette,
03:33 fluorescente,
03:36 qui ne se voit que dans l'obscurité,
03:39 explique la première casquette et lui donne un sens.
03:42 C'est ça que je voudrais vous répondre.
03:44 La première casquette,
03:47 qui lui a valu de se faire remettre en place par le fondateur,
03:53 effectivement, de "Reporter sans frontières", Robert Ménard.
03:56 La première casquette, c'est donc celle du patron de "Reporter sans frontières".
04:01 "Reporter sans frontières", c'est une ONG qui a pour vocation,
04:05 contre les États qui voudraient brider, brimer la liberté d'expression, de la défendre.
04:10 Et voilà que le patron de "Reporter sans frontières" demande à l'État de contrôler
04:16 et de brimer et de brider une chaîne de télévision.
04:19 On est quand même à front renversé.
04:22 Et non seulement ça, mais en fait,
04:24 le missionnaire de la liberté devient un commissaire politique
04:29 et qui utilise les expressions de la peste rouge et de la peste brune.
04:34 Quand vous animalisez votre adversaire, c'est que vous êtes dans une dérive totalitaire.
04:40 Il a eu le culot de parler de la stratégie du putois.
04:44 Et en fait, je crois vous avoir reconnu, puisque le putois en question,
04:48 c'était le nouveau patron du JDD.
04:52 Alors le putois, pour les gens qui ne connaissent pas les animaux,
04:55 parce qu'il y a beaucoup de gens qui ne connaissent plus la nature,
04:59 c'est un animal qui a une glande de puanteur, etc.
05:04 Donc en fait, le putois en politique, j'imagine, il a mauvaise haleine.
05:09 C'est une France qui a mauvaise haleine.
05:10 C'est la France de Cégnous, c'est la France qui a la tripe vilaine,
05:15 qui a le regard infecté, la bouche ampiantie.
05:19 C'est en fait le ventre fécond qui a enchanté le monstre.
05:27 Et donc, ça, c'est la première casquette.
05:32 Donc, il croit avoir bien fait.
05:34 Il faut fermer Cégnous, au nom du pluralisme.
05:38 La deuxième casquette, elle est plus intéressante.
05:41 Le 3 octobre 2023, il a été nommé par qui ?
05:45 Par Emmanuel Macron.
05:48 Il a été nommé délégué général des Etats généraux de l'information.
05:53 L'État met, c'est le contribuable, 2 900 000 euros
05:59 pour financer un arrêt aux pages de censeurs virtuels sur le thème suivant.
06:06 Ça ne s'invente pas.
06:08 Le pluralisme à l'indépendance de la presse.
06:12 Et donc, voilà que ce délégué général, monsieur Deloire,
06:18 fait une première déclaration avant d'être nommé le 3 juillet 2023.
06:23 Le président de la République aurait pu s'en apercevoir.
06:25 Et il dit "là où passe le bolloré, le journalisme trépasse".
06:31 Le bolloré, c'est le furé, c'est toujours l'animal.
06:34 On est toujours dans l'animalisation totalitaire.
06:39 Et donc finalement, avec sa première casquette,
06:46 cet individu se requérant s'adresse au Conseil d'État
06:51 pour s'en prendre à la liberté d'expression.
06:55 Et avec sa deuxième casquette, il s'en prend à la liberté d'entreprise.
07:02 Avec l'idée incroyable qu'avait courue cet été pour le JDD,
07:07 un patron de presse, un propriétaire, il est propriétaire, point.
07:11 Mais après, c'est la rédaction qui s'organise en soviète pour la ligne éditoriale.
07:15 Le patron n'a rien à faire avec la ligne éditoriale.
07:18 Alors moi, je voudrais vous dire quelque chose ce soir.
07:23 Eliott Zoffroi et à tous les téléspectateurs qui nous suivent.
07:29 Je connais bien et depuis longtemps Vincent Bolloré.
07:37 Vincent Bolloré, c'est un capitaine d'industrie dont la réussite honore la France.
07:48 Il n'y en a pas beaucoup.
07:51 C'est aussi un patron de presse.
07:54 J'en témoigne et vous pouvez en témoigner, qui a une déontologie personnelle
08:00 qu'il incline à la discrétion.
08:06 Il applique un vieux principe des légistes, donner et retenir ne vaut.
08:15 C'est-à-dire, il fait confiance à ses rédactions.
08:18 Vous en êtes témoin.
08:20 Ce n'est pas du tout un patron interventionniste dans la ligne éditoriale.
08:24 Absolument pas.
08:26 C'est mal le connaître.
08:29 Et ensuite, j'ajoute quelque chose qui me tient à cœur.
08:31 C'est un amoureux de la France.
08:33 C'est un passionné.
08:34 C'est un français passionné.
08:36 Je dirais que c'est un mécène de l'âme de la France.
08:41 Et j'en ai marre de tous ces politiciens lâches,
08:50 de tous ces journaleux qui s'en prennent à ceux qui créent la valeur
08:57 et la valeur ajoutée en France, les entrepreneurs.
08:59 Philippe Devilliers, ce qu'il faut comprendre aussi,
09:04 c'est que l'Arkom avait estimé il y a un an que CNews respectait strictement
09:08 le pluralisme politique.
09:10 Là, le Conseil d'État demande de revoir ce contrôle
09:13 avec une interprétation renouvelée de la loi de 1986.
09:18 Il s'avère que c'est une loi que vous avez portée.
09:22 On est le 1er avril 1986 et vous êtes le tout nouveau secrétaire d'État
09:26 auprès du ministre de la Culture et de la Communication, François Léotard.
09:30 Alors, dans cette émission, on aime bien avoir des archives.
09:33 C'est d'ailleurs frappant, puisque sur toutes les questions de société
09:38 qu'on peut aborder, on se retrouve 40 ans, 30 ans en arrière
09:43 et on vous retrouve, vous.
09:45 - Il ne le fait pas exprès.
09:46 - Mais non, mais je me dis, mais ce n'est pas possible.
09:47 Il y a quelque chose de...
09:49 Chaque semaine, il faut que ça tombe sur vous.
09:51 - C'est Forrest Gump, il est là où le discours se fait.
09:54 - 1er avril 1986.
09:57 Regardez.
09:58 - Philippe Devilliers, secrétaire d'État à la Culture et à la Communication,
10:03 a fait en Vendée hier sa première apparition publique depuis sa nomination.
10:07 Le fondateur du Puy du Fou avait tenu à assister à la finale
10:10 de Nation du Mondial Minime de Football à Montaigu.
10:13 Et il a accepté de répondre à nos questions
10:15 concernant l'avenir du système audiovisuel.
10:19 - Conformément à la plateforme de gouvernement que nous avons prévue,
10:22 nous allons mettre en place, sans qu'il soit possible aujourd'hui
10:26 de donner le détail, trois éléments qui, pour nous, sont très importants.
10:29 Une clé de voûte, d'abord, qui soit une véritable autorité indépendante de l'État.
10:35 Ensuite, un secteur public très fort, c'est-à-dire qui fasse référence
10:40 et qui, pour nous, compte beaucoup et qui soit très largement rénové.
10:43 Et puis enfin, un secteur privé fondé sur les idées de transparence et de concurrence.
10:51 Voilà ce que sera pour nous le cadre devant régler l'ensemble des problèmes
10:56 de la communication audiovisuelle en France.
10:58 - Vous avez parlé il y a un instant de reporter Son Frontière et de Christophe Deloyer.
11:02 Venons-en maintenant au Conseil d'État.
11:06 Comment Philippe de Villiers a-t-il interprété la décision du Conseil d'État ?
11:11 - Alors, le Conseil d'État s'est appuyé de manière explicite.
11:17 J'ai lu et relu le communiqué.
11:21 S'est appuyé sur la loi du 30 septembre 1986.
11:27 Quand j'ai lu ça, je suis tombé de l'armoire. Et pourquoi ?
11:33 Parce que cette loi, c'est moi qui l'ai écrite avec François Oléotard.
11:39 Donc je m'en souviens très, très bien.
11:43 Je me souviens de la lettre et de l'esprit de cette loi.
11:47 Et l'interview, il fait allusion, on est le 1er avril.
11:50 En fait, on est en train d'écrire la loi.
11:54 Et en fait, nous avons deux préoccupations
11:58 dans une vision libérale de l'information et de la télévision.
12:03 C'est la privatisation de TF1, etc.
12:07 Première préoccupation, garantir la liberté éditoriale.
12:12 Deuxième préoccupation,
12:16 qui a été rappelée par M. Chottel dans le Figaro de manière magistrale,
12:21 garantir les deux pluralismes.
12:23 Écoutez-moi bien, c'est important.
12:25 Ça paraît technique, mais c'est très simple.
12:29 Le pluralisme interne et le pluralisme externe.
12:32 Le pluralisme externe, c'est faire en sorte qu'il y ait un secteur public et un secteur privé
12:38 qui sont en concurrence avec chacun, des couleurs d'antenne, on appelle ça à l'époque.
12:45 Et ensuite, le pluralisme interne, c'est faire en sorte,
12:49 et c'est l'article 13 qui n'a pas changé,
12:52 que j'ai écrit de ma main.
12:55 Le pluralisme interne, c'est, il garantit en interne, dans une chaîne,
13:02 l'équilibre des temps de parole, des personnalités politiques.
13:05 Je me souviens qu'à l'époque, avec Dominique Ambiel,
13:08 Rocc-Olivier Mestre, qui était membre de mon cabinet,
13:12 qui était un jeune conseiller de théâtre, qui venait de la mairie de Paris.
13:16 - Et qui aujourd'hui est le patron de l'Arkom.
13:19 - Oui, et voilà pourquoi la vie rebat les cartes,
13:23 mais les cartes changent rarement, en tout cas dans la durée.
13:26 Et je peux vous dire que j'ai gardé un souvenir de lui remarquable,
13:30 c'était un garçon très intelligent, très subtil, très loyal, très honnête.
13:37 Et on disait tous, il faut qu'on touche à cette loi,
13:40 comme disait Montesquieu, d'une main tremblante.
13:46 Et en fait, l'article 13 qu'on a finalement défini est le suivant.
13:51 L'autorité de régulation, qui s'appelait la CNCL à l'époque,
13:54 précisée par Michel Cotta,
13:57 elle devra garantir le pluralisme et l'équilibre des temps de parole,
14:03 des personnalités politiques.
14:04 Pourquoi des personnalités politiques ?
14:05 Parce que ça voulait dire que là, on pouvait calculer,
14:08 puisqu'une personnalité politique, elle a un mandat
14:11 ou une appartenance politique dont c'est facile à contrôler.
14:16 Qu'est-ce qu'a fait le Conseil d'État ?
14:18 J'y arrive.
14:20 Le Conseil d'État, il a dit ceci,
14:24 non seulement vous allez faire la comptabilité des personnalités politiques,
14:27 mais vous allez pour CNews, il s'adresse à l'ARCOM,
14:32 aux régulateurs, vous allez comptabiliter aussi,
14:37 par-delà les personnalités politiques, tous les intervenants à l'antenne,
14:40 tous les participants, c'est-à-dire les chroniqueurs,
14:45 les animateurs et les invités.
14:47 Il ne reste pas grand monde.
14:49 Et donc, en fait, il va falloir sonder les reins et les cœurs,
14:54 mais ce n'est pas ça qui est grave,
14:57 c'est que ce n'est pas dans la loi en fait.
14:59 C'est une violation, une dénaturation de la loi du 30 septembre 1986.
15:05 Donc le Conseil d'État viole la loi dont il se réclame.
15:11 C'est pour des juristes de ce niveau-là,
15:15 une défaillance qu'il va falloir relever.
15:20 Peut-être que des juristes vont s'en occuper d'ailleurs.
15:22 Bon, en fait, quand on prend de la hauteur,
15:27 le Conseil, je ne sais pas si vous connaissez le Politic des Hospices de Beaune,
15:34 c'est un Politic à trois panneaux,
15:37 surmonté en fait de ce qu'on appelle un antonyme,
15:41 c'est-à-dire il y a marqué la mort et l'éternité,
15:45 comme si c'était un oxymore.
15:48 Et là, pourquoi je prends cette image ?
15:53 Parce que vous avez le panneau du Conseil d'État,
15:56 qui apporte son obol avec en lettre d'or en dessous, "Police de la pensée".
16:01 Mais à côté, récemment, vous avez le panneau,
16:04 il ne faut pas qu'il soit jaloux, de M. Moscovici,
16:06 la Cour des Comptes, deuxième Cour suprême,
16:09 dissimulation de rapports sur l'immigration.
16:13 Et puis, vous avez le troisième panneau,
16:15 il ne faut pas qu'il soit jaloux, avec le Conseil constitutionnel,
16:19 enterrement d'une loi,
16:20 vidé de sa substance du Parlement sur l'immigration.
16:24 Et donc, en réalité, quel est l'antonyme
16:28 qui surmonte le politic devant lequel nous sommes ?
16:34 Liberté d'expression, deux points, censure d'État.
16:37 C'est du Orwell que Orwell n'avait même pas imaginé.
16:43 - Continuons, Philippe Devilliers.
16:44 On a parlé de Christophe Deloire, du Conseil d'État,
16:46 et puis on a découvert, les téléspectateurs ont pu le découvrir,
16:50 François Jost.
16:51 Et je ne suis pas sûr qu'ils aient tout découvert de cet homme,
16:54 sémiologue, auteur du rapport qui a permis à "Reporters sans frontières"
17:01 d'appuyer sa requête devant l'ARCOM,
17:03 et notamment aussi devant le Conseil d'État.
17:05 Rapport qui a été fait il y a deux ans,
17:09 en regardant l'antenne pendant 15 jours,
17:13 et en la comparant, c'est quand même assez aléambiqué, avec BFM.
17:21 Ce que je vous propose, c'est d'écouter François Jost.
17:23 Il était sur Sud Radio cette semaine,
17:26 et les journalistes lui ont posé des questions très claires.
17:32 - Je comptabilise à gauche ou à droite pour l'ARCOM ?
17:36 Je vous comptabilise comment ?
17:39 - Comme qu'un humaniste.
17:40 - Ah bah...
17:42 - C'est ma tendance, c'est mon courant de pensée.
17:44 - Oui mais l'ARCOM va nous dire quoi ?
17:47 L'ARCOM va nous dire quoi, non ?
17:48 Faut choisir ?
17:49 Vous avez reçu quelqu'un qui a...
17:50 - Mais non, attendez...
17:52 - Que va faire l'ARCOM ? Que peut faire l'ARCOM ?
17:54 - Ils ont six mois pour le dire.
17:56 - Mais concrètement, il y a des pistes ?
17:58 - Il y a trois pistes pour l'instant.
18:00 - Alors ça m'intéresse.
18:01 - Il y a trois pistes.
18:02 Il y a une piste qui dit...
18:05 C'est déclaratif, on va demander aux gens où est-ce que vous vous situez.
18:08 - Mais c'est horrible.
18:09 - C'est une solution.
18:10 - Mais c'est fasciste.
18:11 - Je vous l'ai dit.
18:12 - Mais c'est fasciste.
18:13 - Mais c'est pas fasciste, écoutez, quand même.
18:16 - Mais moi j'ai pas envie qu'on fasse les ombilions pour l'autre côté.
18:17 - Vous vous rappelez qu'ils ont dit aux gens "mais d'où tu parles toi ?"
18:20 - Oui mais...
18:21 - La deuxième, ça consiste à dire "on va regarder si la personne appartient à Think
18:27 Tank, si elle a été dans un meeting électoral avec machin ou machin".
18:34 - Troisième, c'est un peu semblable à la dernière, c'est de dire "je regarde comment
18:41 cette personne dans la société se classe".
18:44 - Qui va regarder ?
18:45 - Attendez, laissez-moi finir.
18:46 Valeurs actuelles, tout le monde dit que c'est quelque chose d'extrême droite.
18:49 - Alors bon, si je demande...
18:51 - C'est dit tout le monde.
18:52 - Non mais...
18:53 - Il y a une sorte de consensus là-dessus.
18:55 - Il y a un consensus sur l'humanité, sur des journaux qui ont des...
18:58 - Ils se le revendiquent.
19:00 - Ils le revendiquent.
19:01 Mais à la télévision c'est différent, vous avez des individus qui viennent débattre,
19:04 qui sont des intellectuels, des éditorialistes.
19:07 L'éditorialiste, il a, selon les sujets, une sensibilité qui peut varier d'un sujet
19:13 à l'autre.
19:14 - Vous avez d'un côté des politiques, comme on en a croisé tout à l'heure dans ce studio,
19:18 et puis vous avez le vulgum pecus des gens qui sont rien, etc.
19:22 Alors ceux-là, on ne doit pas prendre en compte.
19:26 Les agriculteurs, quand ils disent un certain nombre de choses,
19:31 ce n'est pas une parole orientée.
19:32 - Geoffroy Lejeune.
19:34 - Philippe, vous avez dit, pendant qu'on écoutait cet extrait,
19:36 c'est un morceau d'anthologie.
19:37 - Ah oui.
19:38 - Et Valérie Expert dit au début de l'extrait "c'est fasciste".
19:42 Imaginons qu'on doive se projeter dans ce fichage des intervenants à la télévision,
19:46 comment ça va se passer ?
19:47 - Alors, on va retenir le mot fichage, parce qu'il a une connotation historique.
19:55 Comment on a affaire à des incultes ? Ils ne savent pas, mais nous on sait.
19:59 Donc on va le rappeler à tous les Français.
20:01 Alors d'abord, pour être très clair et très précis,
20:06 donc il y a la question des hommes politiques, eux, il n'y a pas de problème,
20:10 donc ils ont soit un mandat d'élu, soit une carte de parti.
20:14 Donc pour l'Arkom, c'est facile.
20:16 Mais Rocc-Olivier Mestre avait très bien vu le problème,
20:22 puisque le 3 décembre 2023, ça a été rappelé dans une tribune du Figaro ce matin par Bruno Rotailleau,
20:32 il dit ceci, il dit "il n'y a pas un pays en Europe qui demande au régulateur
20:41 de lui fournir la liste des éditorialistes".
20:46 Pourquoi il dit ça ? Parce qu'il a conscience que si jamais on fait ça en France,
20:52 l'instance de régulation devient le ministère de la vérité, d'Orwell,
21:00 c'est-à-dire une instance idéologique de contrôle au sens totalitaire du terme.
21:06 On va vers ça.
21:08 Alors il y a trois...
21:09 Je reprends la proposition de monsieur Jost, qui est un phénomène extraordinaire,
21:15 c'est le Mbappé de la sémiologie.
21:18 Alors lui, il ne risque pas de partir au Real Madrid, il ne s'en voudra pas.
21:23 - Quoique, il joue très bien à gauche.
21:25 - Oui, il est parfait, il est plutôt sur le banc de touche.
21:31 Alors, monsieur Jost, il propose...
21:37 Vous remarquerez qu'il propose une chose extraordinaire, c'est la phrase de Foucault en mai 68.
21:41 "D'où parles-tu camarade ?"
21:44 Et moi, on me l'a fait ça.
21:45 Ma première horreur de vérité, Yvan Levin me dit "mais d'où parlez-vous ?
21:49 Vous appartenez à une vieille famille ?
21:52 Oh là, oh là, oh là, ça veut dire quoi ça ?
21:55 Ah oui ?
21:55 Donc, assignation à résidence.
21:58 Qui es-tu pour parler ?
22:00 Qui es-tu, Jean-François Lejeune ?
22:01 D'où viens-tu ? Etc.
22:03 - Je suis un putoie, donc...
22:06 Alors, moi, je fournis bénévolement trois méthodes,
22:15 inspirées de l'histoire et de la fiction.
22:17 La première méthode, c'est le certificat de civisme.
22:21 Ça, ça a très bien marché.
22:23 À partir de la loi du 17 septembre 1793.
22:28 C'est-à-dire que les tièdes indifférents, selon la loi, c'est le mot qui est utilisé,
22:32 doivent fournir un certificat de civisme au comité de salut public.
22:36 Sinon, ils sont éliminés.
22:37 Et avec le certificat de civisme, ils sont éliminés plus rapidement et guillotinés.
22:42 Bon, ça, c'est une méthode du certificat de civisme.
22:46 Il y a une deuxième méthode, puisqu'on parle de fichage.
22:49 L'affaire des fiches.
22:51 Ma famille en a été victime.
22:53 Les officiers français, en 1904, étaient fichés pour leurs opinions.
22:59 Catholiques, patriotes, etc.
23:01 Et ça a créé un énorme problème en 1914.
23:03 Beaucoup d'officiers ont quitté l'armée.
23:06 Et ça a valu au petit père Combes de perdre son poste de Premier ministre,
23:12 de Président du Conseil à l'époque.
23:14 Parce que, évidemment, il était mêlé à une histoire incroyable.
23:17 L'affaire des fiches.
23:19 Le général André, ministre de la guerre, fichait les officiers.
23:22 C'est ça qui nous attend.
23:23 Alors, il y a une troisième méthode.
23:25 Je reviens au putois.
23:27 C'est l'odeur.
23:29 Un putois, ça a une odeur.
23:30 Donc, c'est le doigt mouillé de l'arc Combes qui dira,
23:35 "Fin que le crotte, il sent une gauche mauvaise,
23:41 on va le mettre à l'extrême droite."
23:44 Michel Onfray, c'est quand même une gauche qui tape sur la gauche,
23:49 donc on va le mettre au centre droit, etc.
23:51 C'est Orwell, mais Orwell n'y a pas pensé à ça.
23:57 C'est-à-dire que ce qu'a fait Macron, avec son secrétaire général,
24:00 son délégué général des instances de l'information,
24:05 de la communication, il a fait un truc inouï.
24:08 Il restera dans l'histoire, Emmanuel Macron.
24:11 Emmanuel, tu resteras dans l'histoire.
24:13 Il ne faut pas que tu t'inquiètes.
24:14 La publicité, on revient dans un instant.
24:18 On reviendra sur les déclarations après cette décision
24:22 de journalistes, d'historiens, de politologues.
24:26 On parlera d'autres choses aussi dans la deuxième partie.
24:28 A tout de suite sur CNews.
24:28 La suite de Face à Philippe Devilliers,
24:33 toujours avec Philippe Biensure et Geoffroy Lejeune.
24:36 Dans la première partie, nous sommes longuement revenus
24:38 sur la décision du Conseil d'État qui demande à l'ARCOM
24:42 de se prononcer à nouveau sur le respect des obligations
24:45 de notre chaîne, la chaîne CNews.
24:47 C'est une décision qui en a choqué plus d'un,
24:50 qu'il soit historien, journaliste ou politologue.
24:52 Ce que je vous propose, c'est qu'on écoute ensemble,
24:55 successivement, François-Olivier Gisbert,
24:58 Dominique Régnier ou encore Georges Bensoussin.
25:02 C'est honteux et c'est très grave.
25:04 C'est-à-dire, je pense vraiment, c'est la liberté d'expression
25:06 qui est en question.
25:08 Le problème de fond, c'est, vous avez raison,
25:10 bon, au départ, il y a la plainte de Reportage sans frontières,
25:14 mais le problème de fond, c'est le gouvernement des juges.
25:16 Je ne comprends pas l'évolution du Conseil d'État.
25:19 Le Conseil d'État est en train de changer de nature.
25:21 Et cela devient une espèce d'autorité souveraine.
25:23 Moi, je ne vois pas le pouvoir supérieur au Conseil d'État aujourd'hui.
25:26 On met en avant CNews au nom de la pluralité d'expression,
25:30 alors que dans les médias publics,
25:31 la pluralité d'expression n'est pas la règle.
25:33 Je suis là pour en témoigner d'une part.
25:36 Et d'autre part, je crois que c'est surtout l'expression
25:38 d'une panique en haut lieu.
25:40 Geoffroy Lejeune.
25:41 Le constat est sans appel.
25:42 Qu'est-ce qui va se passer maintenant, Philippe ?
25:45 Là, Dominique Régnier a très bien répondu à cette question
25:51 lorsqu'il était chez Laurence Ferrari avec vous, je crois, d'ailleurs.
25:53 Il a dit qu'on revient à avant 1881, la loi de la liberté de la presse.
26:01 Et ça me rappelle, je ne sais pas si vous vous souvenez,
26:06 du monologue de Figaro, dans "Le mariage de Figaro".
26:12 "Pourvu que je ne parle ni de l'autorité, ni de la politique,
26:18 ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit,
26:21 alors j'ai le droit de tout imprimer librement
26:25 sous l'inspection de deux ou trois censeurs."
26:28 Voilà, on revient à ça.
26:29 OK, voilà.
26:31 Il a dit une autre chose, Dominique Régnier, très intelligente.
26:38 Il a dit "dans le nouveau paysage audiovisuel,
26:41 il y a un pluralisme nouveau qu'incarnent ces news,
26:45 c'est le pluralisme thématique".
26:46 En d'autres termes, ces news parlent de choses
26:49 dont les autres ne parlent pas.
26:51 Ou à une manière de parler.
26:53 Crépole, Lampedusa, Lola, le 7 octobre le pogrom, etc.
26:57 Alors que le service public, etc.
26:59 Ou l'AFP parle d'attaques résistantes, etc.
27:04 Bon, voilà.
27:05 C'est-à-dire qu'il y a un ton, il y a une couleur.
27:07 Et ça, c'est capital.
27:08 Le pluralisme thématique.
27:11 Alors, tout à l'heure, je vous disais,
27:13 un patron de presse privée n'a pas le droit
27:15 de toucher à la ligne éditoriale.
27:17 Mais tout à l'heure, à la pause,
27:19 j'ai repensé à une phrase d'Elphine Arnot,
27:22 elle, la tête du service public,
27:23 elle avait dit en août dans "Le Monde",
27:26 en août dernier, "Je veux, nous,
27:28 nous voulons une représentation de la France
27:30 telle que nous la voulons et pas telle qu'elle est".
27:32 Ah ah !
27:33 Donc, elle va toucher à la ligne éditoriale.
27:35 Elle ne fait que ça, vous voyez.
27:37 Alors, qu'est-ce qui va se passer ?
27:39 Eh bien, on ne sait pas.
27:41 Ce qu'on sait, par contre,
27:43 c'est que je leur souhaite bien du plaisir
27:44 parce que c'est un fusil à tirer dans les coins.
27:47 Vous avez bien compris qu'il va y avoir
27:48 des bonnes âmes qui vont se plaindre
27:51 du service public.
27:51 4 milliards de nos impôts, quand même.
27:53 Eux, le pluralisme, c'est entre
27:55 la gauche et l'extrême gauche.
27:57 OK ?
27:59 Alors, qu'est-ce qui va se passer ?
28:01 Soit le pluralisme thématique s'impose,
28:04 soit ils nous ferment.
28:06 Mais à ce moment-là,
28:08 à ce moment-là, c'est très, très, très grave.
28:13 Et les gens qui se font apporter
28:17 la bassine de Pilate en ce moment,
28:20 tous ces politiciens qui se taisent,
28:21 tous ces journalistes qui se taisent
28:23 et qui s'en lavent les mains,
28:26 ils seront pointés du doigt
28:28 par tous les Français,
28:30 qui diront "vous avez tué la chose
28:33 la plus précieuse pour que nous puissions
28:35 réfléchir et penser tous ensemble
28:37 la liberté d'expression".
28:39 Philippe Devilliers,
28:40 parlons de l'Europe à présent.
28:42 Bruxelles, on en a parlé dans cette émission,
28:44 a été l'épicentre de la colère
28:46 des agriculteurs.
28:47 Il s'avère que la crise agricole
28:49 a pour certains été le révélateur
28:51 du déclin de l'Europe dans la mondialisation.
28:54 Cette problématique a été le fruit
28:56 d'un entretien et d'un débat passionnant
28:58 dans le Figaro entre l'économiste
29:00 Christian Saint-Etienne
29:02 et le banquier d'affaires Philippe Bilin.
29:05 Les agriculteurs, c'est le titre,
29:06 sont les lanceurs d'alerte
29:08 sur le déclin auto-imposé de l'Europe.
29:11 Philippe Devilliers,
29:11 en quoi la crise agricole est le symptôme
29:14 d'une Europe en voie de disparition ?
29:19 L'Europe, l'Occident a dominé le monde.
29:26 Et aujourd'hui, selon une formule de Raymond Aron,
29:31 les Européens sont en train de sortir de l'histoire.
29:36 Je me souviens d'Hélène Carard d'Ancos,
29:38 à la sortie de l'enterrement de François Léotard,
29:42 aux Invalides, qui m'avait dit
29:43 "Vous savez Philippe, le moment de l'Occident est passé."
29:48 Ça en a beaucoup marqué.
29:51 Il y avait deux slogans qu'on nous répétait,
29:57 que le cercle de la raison nous répétait.
30:00 "L'Europe, puissance, l'Europe, c'est la paix."
30:03 Les deux slogans ont chacun reçu un coup de grâce.
30:09 Premier coup de grâce, le Green Deal.
30:12 Deuxième coup de grâce, l'Ukraine.
30:14 Premier coup de grâce, le Green Deal.
30:18 Le Green Deal, d'abord, il était inutile,
30:23 puisque l'Europe ne pèse que 8% du carbone mondial,
30:28 alors que la Chine, l'Asie et le Moyen-Orient pèsent 60%.
30:35 Il s'est traduit par un modèle punitif,
30:41 sans réciprocité,
30:44 ce que note Philippe Villain et Christian Saint-Etienne.
30:46 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, est-ce que vous pensez
30:49 que l'Europe a accès à 2% des marchés publics chinois
30:54 et la Chine a accès à 98% des marchés publics européens ?
31:01 Ensuite, le Green Deal, il casse notre croissance
31:06 avec un carcan de normes.
31:08 Je n'insiste pas, l'agriculture en est victime,
31:10 mais aussi l'industrie, la réindustrialisation.
31:14 Et surtout, cette chose extravagante,
31:17 c'est que le Green Deal favorise le "Buy China Act",
31:24 c'est-à-dire acheter chinois.
31:26 C'est-à-dire qu'en fait, avec les normes du Green Deal,
31:29 on n'a pas le choix, il faut acheter chinois.
31:31 On achète chinois.
31:32 Je peux prendre quelques exemples.
31:35 78% des panneaux photovoltaïques, des batteries,
31:41 sont fabriquées par la Chine.
31:43 58% des éoliennes, 38% des semi-conducteurs
31:49 qui sont le pétrole du 21ème siècle.
31:52 Bref, le "Buy China Act".
31:56 Merci le Green Deal.
31:57 C'est-à-dire que l'Europe, l'Union européenne,
31:58 quand même, c'est des champions du monde.
32:00 Donc, ils nous tournent vers la Chine
32:03 pour pouvoir satisfaire les normes du Green Deal.
32:06 Mais ce n'est pas fini.
32:08 Ça, c'est l'Europe puissance.
32:11 Mais il y a aussi l'Europe, c'est la paix.
32:14 Et je le dis en ce jour important où il y a une rencontre importante.
32:18 L'Europe, c'est la paix.
32:19 Non, l'Europe, c'est la guerre.
32:21 On a affaire à des vattes en guerre.
32:25 L'Europe, c'est la guerre et c'est la défaite.
32:28 Et quand il y a la défaite,
32:29 tout le monde entier va pointer du doigt l'Europe.
32:32 C'est vous, les responsables avec l'Ukraine.
32:34 C'est vous qui avez été vattes en guerre.
32:36 C'est vous qui avez donné les derniers crédits.
32:38 Les Américains, ils se sont retirés.
32:40 Et qu'est-ce qu'on a vu avec l'Ukraine ?
32:43 Le "Buy American Act".
32:44 C'est-à-dire que Nicolas Baverez dit très bien
32:47 dans la revue "Politique internationale",
32:49 mon ami Patrick Vachemann, dans un article remarquable,
32:52 il dit en fait, les grands bénéficiaires des sanctions,
32:55 c'est l'Amérique.
32:56 Et donc, en fait, on a acheté,
32:58 on achète notre pétrole, notre gaz à l'Amérique,
33:01 qui fait ses choux gras des sanctions
33:03 qui nous ont évidemment coupé de la route du gaz de la Russie.
33:09 Et donc, c'est le "Buy American Act".
33:11 Donc, on a, je résume, avec le Green Deal,
33:14 le "Buy China Act" et avec l'Ukraine,
33:18 le "Buy American Act".
33:21 Quand on sait qu'en plus, nous sommes, nous l'Europe,
33:26 un espace du monde qui ne sait plus d'où il vient,
33:29 qui ne croit plus en lui-même,
33:31 parce que pour être une grande puissance,
33:32 il faut croire en soi.
33:35 Si vous voulez, toutes les sociétés obéissent à la même loi.
33:37 Quand elles ont cessé de se souvenir de leur raison d'être
33:45 et que l'idée qui les a fait naître leur est devenue comme étrangère,
33:50 elles se démolissent de leur propre main.
33:53 C'est le cas aujourd'hui.
33:55 L'Europe est en train de sortir de l'histoire.
33:58 - Voilà pour la question européenne.
34:00 Vous ne prenez pas le train ce week-end, Philippe Devilliers ?
34:05 - C'est extraordinaire, il y a...
34:07 - Vous ne répondez pas à ma question.
34:08 Est-ce que vous prenez le train ?
34:09 - Non.
34:10 - Non.
34:11 Vous n'aviez pas prévu de partir en vacances ce week-end non plus.
34:14 - Non, mais on va finir à cheval.
34:17 Non, mais je vous explique.
34:18 - L'empreinte carbone est plutôt bonne.
34:19 - Il ne faut pas prendre la voiture thermique.
34:23 Et ça pollue.
34:26 Donc pour plaire aux écolos, pas la voiture.
34:29 Ensuite, il ne faut pas prendre l'avion.
34:30 - Ah non, que quatre fois dans l'année.
34:33 En plaisant bien sûr.
34:34 - Et maintenant, il ne faut plus prendre le train
34:36 parce que le train est en grève.
34:37 Donc moi, il n'y a qu'une solution.
34:40 Il y a des chevaux au Puy du Fou, je vais chercher un cheval.
34:43 - Et quand il vient à Paris, on offrira une trottinette à Philippe.
34:45 - Est-ce qu'il faut, Philippe Devilliers,
34:47 interdire les grèves pendant les vacances ?
34:50 - Il faut...
34:52 Alors c'est simple.
34:53 Quand vous avez un service public en situation de monopole,
34:57 il faut interdire les grèves tout court.
35:00 Parce que si vous avez une concurrence, à ce moment-là, vous pouvez...
35:05 S'il y a une concurrence sur le rail,
35:06 vous pouvez prendre un autre train, une autre compagnie.
35:09 Mais voilà, parce que là, c'est une prise d'otages,
35:15 de gens qui n'y peuvent rien.
35:17 C'est deuxièmement une captation d'argent public
35:22 par des rentiers.
35:24 Captation d'argent public,
35:24 parce qu'on leur a donné quand même 20 milliards de subventions.
35:28 Parce qu'il y a un trou tous les ans à la CNCF.
35:32 Et enfin, c'est un détournement de service public
35:33 parce que l'essence du service public,
35:35 c'est le service du public avec la continuité et l'égalité.
35:39 On est complètement à côté de la plaque.
35:41 - Vous avez souvent parlé, Philippe Devilliers,
35:43 et c'est un autre sujet, de la grande dépression des élus locaux.
35:49 Je voudrais qu'on revienne sur une mesure qui aujourd'hui est contestée,
35:52 à savoir l'impossibilité d'être député et maire en même temps.
35:57 En 2012, il y avait par exemple 250 députés dans l'hémicycle,
36:02 députés et maires.
36:03 Aujourd'hui, il n'y en a aucun 12 ans, 13 ans plus tard.
36:07 Karl Oliv, député Renaissance, a signé une tribune dans l'Opinion.
36:09 Voilà ce qu'il dit.
36:10 "La suppression du cumul a précipité l'éloignement de l'objectif imaginé.
36:14 On devait rapprocher l'élu du citoyen.
36:16 On l'en a éloigné."
36:18 En quoi, Philippe Devilliers,
36:20 et vous avez deux minutes pour nous en parler,
36:22 avoir un député maire changerait quelque chose ?
36:26 D'abord, moi, quand je montais dans les travées,
36:30 je naviguais entre les députés académiciens,
36:33 Michel Debré, Jean-François Degnaud, Alain Perfit,
36:36 et les députés maires, le maire de Marseille,
36:38 le maire de Bordeaux, Chaban, le maire de La Rochelle, etc.
36:42 Et en fait, on entendait résonner sous la haute verrière
36:46 l'éloquence du quai Conti
36:48 et en même temps les verdeurs du plateau de Millevaches.
36:50 Qu'est-ce que ça veut dire ?
36:52 On avait le verbe et le réel.
36:56 Et le réel, c'est important.
36:59 Pourquoi ?
36:59 Parce que le réel, il porte à Paris
37:04 les fumeroles des éruptions volcaniques à venir.
37:10 Et c'est parce qu'on a ignoré le réel qu'on a l'idéologie.
37:13 Parce que quand vous n'avez pas le réel,
37:14 quand vous n'avez pas le député maire,
37:16 vous avez du hors sol les champions de Paris.
37:20 Et qu'est-ce que ça donne les champions de Paris ?
37:21 Ils ne voient pas venir les émeutes,
37:23 ils ne voient pas venir les gilets jaunes,
37:25 ils ne voient pas venir les tracteurs,
37:26 ils ne voient rien venir parce qu'ils n'ont pas de capteur.
37:29 C'est une conversation que j'ai eue avec Emmanuel Macron un jour
37:32 en disant "Votre problème", il me dit "C'est quoi mon problème ?"
37:34 Je dis "Votre problème, vous n'avez pas de capteur."
37:38 Et il y a une anecdote qu'on m'a racontée,
37:41 que je trouve délicieuse.
37:44 La buvette de l'Assemblée, quand tous les députés de la Macronie sont arrivés,
37:48 elle est obligée de changer ses commandes.
37:50 Avant, elle commandait du vin de pays, du Jura, de Provence, etc.
37:56 Et là, il n'y a plus de vin de pays, c'est du Coca Zéro,
38:00 c'est-à-dire du Coca sans sucre.
38:02 Donc c'est la Coca colonisation de la Macronie.
38:05 C'est tout dire.
38:06 Voilà, c'est une autre vie.
38:07 C'est un député du troisième type,
38:11 député l'homo qui zappe, l'homo sapiens.
38:16 À boire évidemment le vin de pays avec modération.
38:19 Toujours, toujours.
38:21 Grande modération.
38:22 Avec modération...
38:25 - Bien sûr.
38:26 - Mais il va falloir...
38:27 - Mais vous savez que l'année dernière,
38:30 la buvette à l'Assemblée nationale, il y avait eu tout un sujet là-dessus,
38:33 parce qu'il y avait une question,
38:34 il y avait une rupture de stock à la buvette.
38:37 Donc il faut toujours faire...
38:38 - Ça c'est quand la France Insoumise est arrivée.
38:40 - Mais pas qu'eux, avec tous les députés bien sûr.
38:42 Philippe de Villiers, que serait cette émission
38:45 sans nous plonger dans l'histoire ?
38:48 Je sais que ça vous tient à cœur évidemment.
38:52 Et c'est une partie où la France,
38:54 c'est la France qui nous ressemble, qui nous rassemble bien sûr.
38:58 Plongeons-nous dans l'histoire dans les dernières heures
39:01 d'un des plus grands dramaturges, comédien.
39:04 Nous sommes le 17 février 1673
39:08 et un homme entre pour la dernière fois
39:12 en représentation sur scène, Philippe de Villiers.
39:18 Au fil de la plume et de très tôt en très tôt,
39:22 le jeune Molière confirme sa vocation, son talent
39:26 dans la comédie de Meurs.
39:29 Mais sur son passage bientôt, hélas,
39:32 on entend les sifflets des seigneurs et dames,
39:38 sa galerie de portraits qu'il ne ménage pas.
39:41 Il est sur un fil.
39:44 Et puis un jour, heureusement, il est convoqué à Versailles
39:47 sur la cour de Marbre par le roi.
39:52 Et le roi le comble de bienfaits.
39:55 Votre troupe sera la troupe des rois.
39:57 Elle s'appellera la troupe des rois.
39:59 Je vous accorde une pension de 6000 livres.
40:02 Et j'accepte d'être le parrain de votre fils.
40:07 Mais pourquoi me favorisez-vous ainsi?
40:10 Demande Molière.
40:12 Je favorise et je protège le rire français.
40:18 Il est en péril et j'ai besoin de vous, Molière,
40:21 pour corriger les Meurs.
40:22 Pour corriger les Meurs, oui.
40:24 Vous êtes mon second législateur.
40:27 Vous savez ce qu'on dit à la cour?
40:29 Un seul verre de Molière vaut plus que 10 édits de Colbert.
40:34 Mais vous voulez que j'écrive?
40:36 Oui, vous allez écrire.
40:38 Vous voulez que j'écrive pour la signorie qui est ici?
40:41 Oui, vous allez les éreinter.
40:43 Vous allez les mettre plus bas que l'herbe,
40:46 toutes ces grands.
40:47 Je vous laisse à vos gosseries pour la cour.
40:54 Alors il se précipite sur la cour de Marbre
40:56 et là, il aperçoit un vieux pingre,
41:00 les mains crispées sur une cassette.
41:01 Oh, mon Dieu, j'ai mon arpagon.
41:05 C'est avare, merveilleux.
41:07 J'ai ma pièce.
41:08 Et puis, juste à côté, il y a un bourgeois enturbanné
41:16 et il s'approche du bourgeois enturbanné
41:19 et il lui dit, Monsieur, Monsieur Jourdain,
41:22 oh, j'ai le grand Mamamouchi, la turquerie du grand Mamamouchi.
41:26 Et à côté, il y a deux jeunes femmes qui gloussent
41:32 deux pain-bêches, Mathilde Pannot et Caroline Rousseau.
41:39 Il dit, j'ai les précieuses rédicules.
41:43 Et puis, un peu plus loin, il y a un vicieux
41:50 qui lorne sur une poitrine.
41:53 Oh, cachez-moi ce sein que je ne saurais voir.
41:56 J'ai mon tartuffe.
41:58 Il enchaîne les pièces à partir de la cour.
42:01 Il y trouve ses portraits jusqu'à cette soirée du 16 février 1673,
42:08 où il va jouer et interpréter lui-même le Malade imaginaire.
42:11 Le rideau se lève, le roi est assis au premier rang.
42:15 Toinette prend son pouls.
42:16 Le poumon, le poumon, le poumon, vous dis-je.
42:20 Il s'effondre.
42:22 Il ne répond plus.
42:24 L'orchestre s'arrête.
42:25 Marc Charpentier et Marc-Antoine Charpentier a compris.
42:28 Le roi aussi a compris.
42:30 Toinette se penche.
42:32 Qui est-il ?
42:33 Vous ne répondez plus.
42:36 La tête de Molière est tombée sur la coudoir.
42:39 Le roi a compris.
42:41 Il est mort.
42:41 Il y a un frisbee de panique qui court dans tout le théâtre.
42:45 C'est fini.
42:46 Alors, le roi se penche vers son voisin, qui est Boileau,
42:49 et il dit à Boileau,
42:52 c'était le plus grand ?
42:55 Et Boileau lui répond,
42:57 Sire, c'était le plus grand.
43:01 Il restera.
43:04 Merci Philippe de Villiers pour cette belle émission
43:08 où on a pu aborder de nombreux sujets.
43:11 Il y a un vaste sujet d'ampleur qui est la presse,
43:15 la liberté d'expression et revenir sur cette page.
43:18 La liberté de penser, le roi Louis XIV a accordé la liberté de penser,
43:23 la liberté d'écrire à Molière et non seulement ça,
43:25 lui dit, allez-y dans la critique.
43:27 Et bien voilà, tout est lié.
43:29 Merci Philippe de Villiers, Geoffroy Lejeune, un grand merci.
43:32 On se retrouve bien sûr la semaine prochaine.
43:33 En attendant, restez avec nous dans un instant.
43:35 C'est l'heure des pro 2.
43:36 A tout de suite.
43:36 [musique]