• il y a 2 ans
Au programme ce samedi : un débat sur les résultats records du CAC40 et les dividendes qu'ils génèrent, un détour par Rome, un reportage sur le recyclage des eaux usées et un entretien avec la patronne de Veolia. Comment pourrons-nous vivre demain dans un monde menacé par la sécheresse ? Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/on-n-arrete-pas-l-eco/on-n-arrete-pas-l-eco-du-samedi-28-janvier-2023-1084760

Category

🗞
News
Transcription
00:00 La directrice générale du numéro 1 mondial de l'eau, des déchets et de l'énergie
00:04 est l'invité d'On n'arrête pas l'écho.
00:06 Bonjour Estelle Brachlianoff.
00:08 Bonjour Alexandre Abinceille.
00:09 Vous êtes la patronne de Veolia.
00:11 Veolia c'est plus de 40 milliards de chiffre d'affaires.
00:13 80% de ces chiffres d'affaires se fait hors de France.
00:18 L'eau c'est 40% de votre activité.
00:20 Alors cette semaine on a eu les grandes lignes du plan anti sécheresse du gouvernement pour
00:25 éviter une situation comme l'été dernier.
00:27 La réutilisation des eaux usées c'est une piste.
00:31 Qu'en pensez-vous Estelle Brachlianoff ? Là on a parlé de l'irrigation, de l'irrigation
00:35 dans le reportage.
00:36 Jusqu'où peut-on aller en France ?
00:38 Alors c'est une piste et il y a un certain nombre d'autres solutions qui existent et
00:44 je crois que c'est le moment d'accélérer le mouvement si je puis dire et de se mobiliser
00:49 pour préparer l'été prochain et tous les étés qui vont suivre et pas repasser l'été
00:53 qu'on vient de voir et qui a permis à tous de réaliser je crois que l'eau est un bien
00:58 précieux.
00:59 Alors la réutilisation des eaux usées, ça a été dit dans votre reportage, c'est une
01:03 solution qu'on a développée depuis maintenant longtemps.
01:05 C'est 15% en Espagne, c'est 85% en Israël, c'est moins de 1% en France et on doit pouvoir
01:12 faire beaucoup plus.
01:13 On peut faire, là aussi ça a été dit, du traitement des eaux usées pour ensuite irriguer
01:20 des cultures.
01:21 On peut utiliser cette eau usée traitée, nettoyée pour nettoyer des rues, pour arroser
01:27 des golfes parce que je ne sais pas si vos éditeurs le savent mais en France aujourd'hui
01:31 on arrose très souvent des rues avec de l'eau potable.
01:34 Et on peut aller jusqu'à retraiter les eaux usées pour la boire ?
01:39 On sait technologiquement tout à fait aller jusqu'à des niveaux de filtration, de traitement
01:45 qui permettent de garantir que c'est une qualité de type eau potable.
01:49 On le fait déjà en Namibie, vous avez dit nous avons de l'expérience à l'international
01:54 chez Veolia.
01:55 C'est ce qui permet après de faire part et de faire bénéficier de ces technologies
01:59 aux Français aujourd'hui et demain.
02:01 Ça peut arriver en France qu'on boive un jour de l'eau potable qui en fait serait
02:05 de l'eau usée, recyclée ?
02:06 Ça peut arriver en France.
02:08 Nous avons déjà une première expérimentation au travers du projet Jourdain en Vendée sur
02:14 lequel nous allons le démontrer bien évidemment avec toutes les autorités qui vont vérifier
02:22 tous les éléments sanitaires ou environnementaux bien sûr pour garantir que tout ceci est
02:29 tout à fait sain à la fois pour la planète et bien évidemment pour les habitants.
02:32 En toile de fond il y a cette idée qu'il faut économiser l'eau.
02:35 Vous l'avez dit, vous dites on a tous vécu l'été dernier.
02:37 Est-ce qu'il y a une prise de conscience ?
02:39 Est-ce qu'on sait que les Français ont entendu les appels à la sobriété sur l'électricité,
02:43 sur le gaz ?
02:44 Est-ce que sur l'eau il y a une baisse de la consommation aujourd'hui ?
02:47 La réponse est oui et la prise de conscience elle est là et elle est partout dans le monde.
02:52 Donc l'opinion publique est prête et elle est prête à accélérer.
02:55 Je crois qu'il faut qu'on passe de l'expérimentation au déploiement, qu'on simplifie les procédures
03:00 administratives, qu'on aligne l'ensemble des acteurs de ce monde de l'eau pour aller
03:09 plus vite.
03:10 Concrètement ça veut dire quoi ?
03:11 Vous signez une tribune en septembre dernier, vous écriviez "il est aujourd'hui encore
03:15 plus simple de polluer que de dépolluer, plus facile de faire sale et mal que bien
03:19 et propre, c'est à cette incohérence qu'il faut mettre fin".
03:22 Mais là par exemple si on prend l'exemple de l'eau, de quoi parlez-vous Estelle Brach-Lianoff
03:26 ? Où voudriez-vous qu'on aille plus vite ?
03:28 C'est très simple.
03:29 Aujourd'hui, enfin c'est très simple en l'occurrence, ça n'est pas très simple,
03:33 il faudrait simplifier les choses.
03:34 Mais je voulais vous donner un exemple sur la réutilisation des eaux usées.
03:38 Il faut aujourd'hui quatre types de ministères pour donner des autorisations administratives
03:43 pour faire un projet de réutilisation des eaux usées.
03:45 Ce que je souhaiterais c'est qu'on ait un guichet unique pour avoir évidemment les
03:50 mêmes vérifications, les mêmes autorisations, mais un point d'entrée unique pour simplifier,
03:54 aller plus vite et pouvoir déployer ce type de solution partout sur le territoire.
03:59 Dans l'interview Christophe Béchut, le ministre a donné aux parisiens, il parle d'un "éco-watt"
04:04 de l'eau, c'est-à-dire pour prévenir les consommateurs sur les tensions, les risques
04:07 de pénurie et à la clé de possibles restrictions que lui annonce sur des plages horaires.
04:12 Bref, un "éco-watt".
04:13 Est-ce que vous êtes en train de vous y préparer chez Veolia ?
04:15 Je crois que la solution de façon plus générale, c'est qu'on a découvert que l'eau était
04:19 un bien précieux, je le disais l'été dernier.
04:22 Donc ça veut dire réutiliser de l'eau usée, ça veut dire éviter de gâcher chez soi,
04:26 bien sûr.
04:27 Ça veut dire aussi éviter les fuites dans les réseaux de distribution d'eau puisqu'il
04:31 y a un litre sur cinq qui est perdu au travers de la distribution dans les réseaux d'eau
04:35 en France en moyenne.
04:36 Alors ça c'est intéressant, mais quelle est la marge de progrès ? Parce qu'on dit
04:39 ça depuis des années, un litre sur cinq c'est déjà mieux que beaucoup de nos voisins,
04:43 ça c'est sûr.
04:44 Mais que peut-on faire ? D'abord ça représente des milliards et jusqu'où peut-on aller
04:49 sur ces fuites d'eau ?
04:50 Alors c'est un litre sur cinq en moyenne, mais il y a des endroits en France qui font
04:54 beaucoup mieux, qui ont 5-6% de fuites et d'autres qui ont jusqu'à 70% de fuites.
04:59 Donc on voit bien qu'on sait faire beaucoup mieux et comment ça ? En détectant les
05:03 fuites avant qu'elles arrivent.
05:04 On a toutes sortes d'outils digitaux et de savoir-faire chez Veolia pour faire en sorte
05:10 d'améliorer ces performances.
05:12 Donc la sobriété c'est aussi finalement pour obtenir le même résultat de consommer
05:16 moins de ressources, en l'occurrence la ressource en eau.
05:19 Et donc écovoit, vous n'avez pas tout à fait répondu à ma question, l'écovoit
05:22 de l'eau c'est utile ?
05:23 C'est très utile.
05:25 Donc oui, pardon, je vous réponds que oui ça va dans le bon sens, mais au sein d'une
05:30 série de solutions qui portent sur, oui, les économies d'eau chez l'habitant, mais
05:34 aussi d'améliorer les performances de distribution dans les réseaux d'eau et aussi la réutilisation
05:41 des eaux usées.
05:42 Donc c'est tout ça qu'il va nous falloir travailler.
05:44 L'eau va devenir un bien rare dans les pays du Nord dont la France en est en train d'en
05:49 prendre conscience, précieux, et du coup est-ce qu'elle va être plus chère au mètre
05:52 cube ? Aujourd'hui c'est 4,30€ environ le prix moyen.
05:54 Alors plusieurs choses, je crois que la première question, le sujet avant le prix, c'est celui
05:59 de la disponibilité de la ressource.
06:01 Et on a vu que l'été dernier, la question principale c'était celle-là.
06:04 C'était est-ce que je peux arriver à avoir de l'eau ? Et deuxième chose…
06:10 Et donc est-ce qu'on aura de l'eau dans les années à venir ?
06:14 Si on met bout à bout toutes les solutions que je viens de vous indiquer, la réponse
06:17 est oui, on sait faire face en France dans les dix ans qui viennent.
06:20 Mais ne pas agir maintenant, ça coûtera beaucoup plus cher que si on agit maintenant.
06:25 Et je crois que c'est là-dessus que je me permets d'insister.
06:29 Il faut accélérer, il faut se mobiliser maintenant pour les étés qui vont venir
06:35 et qui vont se multiplier.
06:36 Et donc la question du prix, Estelle Brachianoff, est-ce que l'eau dans les prochaines années…
06:40 Là déjà on voit que les factures dans certaines villes, Charlesville-Mézières,
06:43 Paris, ça augmente, c'est l'inflation, il faut chauffer l'eau, bon, il faut chauffer
06:47 les stations d'épuration.
06:48 Est-ce que dans les prochaines années ça va être plus cher ? Oui ou non ?
06:51 Alors, je vous rappelle que ce n'est pas Veolia qui fixe le prix de l'eau et que
06:55 par ailleurs, l'eau en moyenne, on est dans les prix les meilleurs d'Europe, enfin
07:01 les plus bas si on veut, avec 0,8% des dépenses des ménages et c'est très stable depuis
07:08 dix ans.
07:09 Alors qu'il faille investir pour faire en sorte de gérer la problématique de la rareté
07:13 de la ressource en eau dans les prochaines années, oui très certainement.
07:16 Mais économiser de l'eau, c'est de l'eau que l'on n'achète pas aussi.
07:18 Donc c'est toutes ces solutions et là encore, agir maintenant, ça va éviter des augmentations
07:24 du prix de l'eau dans les prochaines années où ça va permettre de les différer.
07:27 Et mettre toutes nos solutions d'efficacité, là aussi, ça va permettre d'éviter des
07:32 augmentations du prix de l'eau.
07:34 Quant à l'inflation, je me permets de dire, parce que vous avez cité le mot de l'inflation,
07:40 la traitement de l'eau et la distribution de l'eau, ça nécessite d'acheter des réactifs
07:47 chimiques pour traiter l'eau, ça nécessite d'acheter de l'énergie, puisque pour la
07:51 pousser dans les réseaux d'eau, il faut de l'énergie.
07:54 Donc les coûts ont augmenté, les prix augmentent.
07:57 En l'occurrence, les prix de l'eau en France augmentent moins que ceux de l'inflation.
08:01 Donc je crois que c'est un sujet important.
08:03 Et si la question que vous posez c'est est-ce que Veolia gagne plus d'argent avec cette
08:08 inflation, la réponse est non, c'est plutôt le contraire.
08:11 Réponse à une question que je n'avais pas posée mais vous aviez envie de le dire.
08:15 Stelbrach-Lianoff.
08:16 Il y a un an, en janvier 2022, vous êtes devenu propriétaire d'une partie des activités
08:21 du groupe Suez, le PDG de l'époque.
08:24 Antoine Frérot, qui est aujourd'hui le président, disait qu'il voulait créer un super champion
08:28 mondial, la taille c'est capital.
08:30 Est-ce qu'un an plus tard, ça se vérifie sur le marché mondial ? Ça fait la différence
08:34 ou pas ?
08:35 Oui, pour une réponse courte.
08:37 Je suis ravie que vous posiez la question parce qu'on fait quasiment jour pour jour
08:41 aujourd'hui la date anniversaire de ce rapprochement Suez-Veolia.
08:44 On a donc 40 000 salariés de plus qui nous ont rejoints partout dans le monde pour construire
08:52 ce champion mondial de la transformation écologique puisque le métier de Veolia c'est de dépolluer,
08:57 c'est de gérer la rareté des ressources, c'est de décarboner précisément.
09:01 Et on voit bien qu'être plus fort sur ces métiers-là en étant plus nombreux, plus
09:04 puissants, en mettant nos savoir-faire ensemble, c'est encore plus indispensable quand on
09:09 voit les crises dont on vient de parler à l'instant sur le sujet de la rareté de la
09:12 ressource en eau.
09:13 Et c'est déjà un succès après un an à la date anniversaire.
09:19 Et je vous donne un exemple, ces équipes sont toutes très mobilisées pour arriver
09:22 à offrir encore plus de solutions.
09:24 Preuve en est par exemple l'opération d'actionnariat salarié que nous avions lancée il y a quelques
09:30 semaines et qui est un très grand succès avec des taux de souscription très exceptionnels
09:37 et qui sont très exceptionnels aussi chez les salariés qui nous ont rejoints il y a
09:41 maintenant un an et ce dont je suis particulièrement contente.
09:44 Alors puisque vous en parlez, vous avez sans doute entendu le débat en début d'émission,
09:48 l'actionnariat salarié c'est important mais les salaires fixes aussi.
09:51 Comment ont évolué l'inflation en 2022 ? Ça a été plus de 5%.
09:56 Les salaires chez Veolia en France, ils ont connu quelle évolution ?
10:00 Alors deux éléments, l'actionnariat salarié, juste pour vous donner une idée, c'est
10:05 aujourd'hui les salariés sont le premier actionnaire de Veolia avec 6,5% du capital
10:11 et j'en suis ravie.
10:12 Ça ne nous a pas empêché de faire aussi, et en premier j'ai envie de dire, des augmentations
10:18 de salaires puisque les salaires en France, nous employons 55 000 salariés en France,
10:25 les salaires ont augmenté pour 85% d'entre eux entre 5 et 6%.
10:32 Donc mettons 5,5% si vous voulez, donc tout à fait similaire à l'inflation.
10:36 Et on ne s'est pas arrêté là puisqu'on a donné en plus un certain nombre d'autres
10:40 éléments de rémunération, de l'intéressement, de la participation.
10:43 On a fait par exemple tout un plan pour aider nos salariés à avoir accès à des tarifs
10:49 privilégiés, à des véhicules électriques ou hybrides.
10:53 Ça, ça fait partie de la rémunération périphérique.
10:56 Une dernière question, Estelle Brachinanoff, l'actualité c'est la réforme des retraites,
10:59 vous avez beaucoup de cols bleus dans vos salariés.
11:01 Est-ce que garder les salariés jusqu'à 64 ans c'est une grande marche à franchir
11:05 ? Et est-ce que pour aider les entreprises à garder leurs salariés seniors, certaines
11:10 ne sont pas des bonnes élèves, il ne faudrait pas quand même mettre un peu plus de sanctions ?
11:14 C'est tout le débat.
11:16 Alors, chez Veolia, on garde les seniors, on les accueille, on est très content.
11:21 Pour dire les choses autrement, on n'est pas vieux chez Veolia quand on a 55 ou 60
11:25 ans, loin de là.
11:26 Ça se voit d'ailleurs sur notre pyramide des âges, qui est très favorable, enfin
11:31 en tout cas, on maintient dans l'emploi.
11:34 Je l'ai dit, sur nos 55 000 salariés, il y a beaucoup de cols bleus.
11:38 La problématique principale, c'est celle de la pénibilité.
11:41 Pour vous donner un exemple, un employé qui descend dans les égouts pour les nettoyer
11:48 avec un masque respirateur n'est pas aujourd'hui considéré comme un métier pénible.
11:53 On voit bien que c'est plutôt ça l'enjeu, plutôt que de garder les seniors, puisque
11:57 nous gardons les seniors chez Veolia.
11:58 Donc vous serez attentive à ce qui sera accordé sur la pénibilité.
12:01 Tout à fait.
12:02 Estelle Brachianoff, la patronne de Veolia, merci d'avoir accepté l'invitation d'On
12:06 n'arrête pas l'écho.

Recommandations