• il y a 9 mois
Raphaël Glucksmann, député européen, était l’invité du Face à Face sur BFMTV - RMC. 

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Transcription
00:00 il faut continuer à maintenir ses droits de loine bas parce que la chute de l'Ukraine,
00:03 ce serait la déstabilisation de l'ensemble du continent européen.
00:06 Et je vais vous prendre un exemple très concret.
00:08 - Non, non, non, attendez, attendez, parce que Raphaël Gluckman, là, pour moi, il y a une contradiction.
00:11 Vous dites d'un côté, il faut faire attention à la concurrence,
00:15 qui serait une concurrence déloyale et il faut imposer les mêmes normes.
00:17 Aujourd'hui, le poulet ukrainien...
00:21 Je voudrais quand même qu'on précise les choses pour que les gens comprennent.
00:23 Non mais Raphaël Gluckman, vous ne pouvez pas là juste dire sur la morale le fait qu'il faut...
00:28 - Ce n'est pas de la morale.
00:29 - Alors moi, je ne parle pas de morale. Je vais vous le dire cash.
00:31 - Vous parlez de solidarité.
00:32 - Moi, je ne parle pas de morale. Je parle de notre intérêt vital en tant qu'Européens.
00:35 Si l'Ukraine s'effondre, c'est notre sécurité qui est en jeu.
00:38 - Mais si l'économie française s'effondre, est-ce que ce n'est pas notre sécurité aussi qui est en jeu ?
00:41 - Alors, je vais vous répondre sur le poulet ukrainien ou sur le miel ukrainien.
00:43 - Dans le contexte qui est celui-là, on a entendu Bruno Le Maire tirer le signal d'arme.
00:45 - Il y a deux exemples qu'on cite tout le temps. C'est le poulet ukrainien et aussi le miel ukrainien, d'accord ?
00:49 Qui ne respectent pas les mêmes normes de production
00:51 et qui rentrent sur notre marché par acte de solidarité décidée au moment de l'invasion.
00:55 - Et renouvelé il y a quelques semaines par la Commission européenne.
00:58 - On parle du miel ukrainien beaucoup plus qu'on parle du miel chinois.
01:01 Or, les proportions sont incomparables.
01:04 On a aujourd'hui sur le marché européen des produits qui viennent de la terre entière
01:10 et qui ne respectent pas nos normes.
01:12 Alors, je veux bien qu'on commence par l'Ukraine,
01:14 alors que l'Ukraine, il y a un intérêt stratégique vital pour les Européens.
01:18 - Donc, en fait, vous dites comme ce n'est pas pire qu'ailleurs ?
01:20 - Non.
01:21 - En fait, si ce sont les chinois qui le font, pourquoi on ne le fait pas avec l'Ukraine ?
01:23 - Non. Ce que je vous dis, c'est qu'on n'a aucun intérêt à laisser rentrer des produits chinois
01:28 ou des produits mexicains ou des produits brésiliens,
01:31 parce que ce n'est pas un enjeu vital pour nous.
01:33 - Et ukrainien ?
01:34 - Et que par contre, on peut faire une exception sur l'Ukraine.
01:36 - Donc, on peut faire rentrer du mauvais miel parce que c'est du miel ukrainien ?
01:41 - Non. On peut faire rentrer des produits ukrainiens
01:44 en demandant à l'Ukraine d'harmoniser ses normes avec les nôtres.
01:47 Et c'est pour ça que le processus d'intégration de l'Ukraine aux normes européennes est si essentiel.
01:52 Parce qu'en fait, aujourd'hui, on a ouvert notre marché, d'accord ?
01:54 On a ouvert notre marché, mais on n'impose aucune norme
01:57 qui corresponde à celle que l'imposant producteur.
01:59 - Encore une fois, Raphaël Glucksmann, vous noyez dans le miel,
02:01 mais moi, je voudrais quand même, Raphaël Glucksmann, vous reposer la question sur le poulet,
02:04 parce que sur le poulet, ce n'est pas tout à fait comme sur le miel.
02:06 On a des chiffres. On sait que précisément, aujourd'hui,
02:10 la moitié du poulet qui est consommé en France vient d'Ukraine.
02:13 C'est notamment le poulet transformé, je pense.
02:16 - Donc, on va imposer aux Ukrainiens, sans fermer directement les frontières,
02:20 on va imposer une transformation de leurs normes,
02:23 pour qu'ils correspondent aux normes françaises.
02:25 - Pourquoi on ne leur demande pas de changer leurs normes,
02:27 et ensuite, on ouvrira parce qu'en attendant, le poulet y rentre ?
02:29 - En attendant, on va limiter les enchères du poulet ukrainien.
02:31 Oui, mais simplement, on ne va pas fermer les frontières avec l'Ukraine.
02:34 Enfin, si vous vous rendez compte de ce qui va se passer...
02:36 - Je ne vous demande pas de fermer les contraires.
02:38 On a baissé de manière exceptionnelle les droits de douane.
02:40 Raphaël Glucksmann, il faut quand même être précis sur ce dont on parle.
02:43 Je le disais, la moitié du poulet qui est consommé en France vient désormais d'Ukraine.
02:48 Il vient de méga-factories de poulet.
02:51 Il vient en réalité d'un homme, qui est le patron de 99% de la production du poulet.
02:58 Et vous savez où est-ce qu'elle est, son entreprise ?
03:00 Elle est à Chypre.
03:01 C'est une solidarité avec le peuple ukrainien ?
03:03 - Non, ce n'est pas une solidarité avec le peuple ukrainien.
03:05 - Pourquoi on continue ?
03:06 - Eh bien, on va réguler l'entrée des poulets.
03:08 Mais vous vous rendez compte...
03:09 Attends, juste, Apolline de Malherbe, je peux vous dire une chose.
03:12 On est face à une situation qui est une situation vitale pour l'Europe.
03:17 Ce n'est pas anodin.
03:18 - Mais la situation des volaillers, je suis bien d'accord.
03:21 Ça peut vous paraître dérisoire.
03:23 - Non, ça ne me paraît absolument pas dérisoire.
03:25 On va réguler l'entrée du poulet ukrainien.
03:28 Mais on ne peut pas d'un seul coup, d'un seul coup,
03:31 fermer, remonter les droits de douane
03:33 et fermer nos frontières aux produits agricoles ukrainiens.
03:37 - En fait, ce que je trouve paradoxal, c'est que vous avez commencé l'interview en disant
03:40 "il faut refuser d'avoir des denrées qui rentreraient en France
03:45 et qui ne respecteraient pas les mêmes normes que nous,
03:48 y compris les normes sociales d'ailleurs,
03:50 y compris les questions de salaire de ceux qui travaillent dans ces exploitations.
03:53 Mais comme c'est l'Ukraine...
03:55 - Vous savez, vous vous dites "comme c'est l'Ukraine",
03:58 eh bien oui, comme c'est l'Ukraine.
04:00 Vous savez, il y a une exception dans les règles qu'on doit imposer,
04:04 qui est la solidarité qu'on doit au peuple ukrainien.
04:07 - Mais encore une fois, ce n'est pas le peuple ukrainien.
04:08 C'est un oligarque qui est à Chypre.
04:11 - On va s'occuper de cet oligarque, si vous voulez, de cette production.
04:14 Par contre, la musique que j'entends, qui est de dire
04:17 "on ne peut pas accueillir les biens produits en Ukraine sur le marché européen
04:22 et on doit imposer les mêmes normes aux Ukrainiens qu'à tous les autres pays du monde",
04:26 je vais vous dire, ça, ça peut nous conduire à l'effondrement de l'Ukraine.
04:31 Et donc, l'enjeu pour nous, mais j'aimerais juste qu'on nous comprenne,
04:35 l'enjeu pour nous, ce n'est pas simplement la solidarité à l'égard de l'Ukraine.
04:39 L'enjeu pour nous, c'est l'existence même de l'Union européenne.
04:44 C'est ça qui est posé comme menace.

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