ÉDITO - La crise agricole n'est pas terminée

  • il y a 7 mois
Regardez L'édito d'Alba Ventura du 21 février 2024 avec Alba Ventura.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 L'édito d'Alpa Ventura en l'absence exceptionnelle. Dive Kelvy, bonjour Alba.
00:11 Bonjour Amandine, bonjour à tous. Les agriculteurs maintiennent la pression à trois jours maintenant du salon de l'agriculture. Hier,
00:17 le président Macron a reçu le patron de la FNSEA et celui des jeunes agriculteurs. Il était urgent Alba de les recevoir ?
00:23 Ben oui parce que le salon de l'agriculture c'est quand même dans trois jours et la tension n'est pas vraiment
00:28 redescendue et c'est pour cela que le président, le premier ministre et les ministres, enfin tout le monde est au chevet des agriculteurs
00:34 depuis maintenant plusieurs semaines et il était temps parce que la colère gronde depuis l'automne et ils ont été
00:40 patients les agriculteurs. Vont-ils avoir des réponses concrètes ?
00:43 Alors vous savez il y a deux axes en fait sur lesquels le président et le premier ministre peuvent agir au plus vite et
00:49 concrètement. C'est d'abord faire respecter la loi EGalim, c'est cette loi qu'Emmanuel Macron avait fait voter en
00:55 2017 et qui devait garantir aux agriculteurs d'être payés au juste prix face à la grande distribution et à l'industrie agroalimentaire.
01:02 Bon on a vu qu'il y avait plusieurs dizaines d'acteurs qui ne jouaient pas le jeu mais on aurait pu quand même se réveiller plus tôt,
01:08 multiplier les contrôles par exemple. L'autre point important ce sont les normes. Vous vous souvenez il y a 14
01:14 réglementations sur les E, c'est énorme. Ça c'est une maladie française mais il faut enlever absolument cette complexité. Les agriculteurs,
01:22 n'oublions pas, sont d'abord des petits patrons, il n'y a pas que des grosses
01:25 exploitations. Donc voilà les deux axes sur lesquels l'état peut agir vite.
01:30 C'est absolument primordial pour soulager les agriculteurs mais ça ne va pas régler tous leurs problèmes. Pourquoi dites-vous ça ?
01:36 Est-ce que vous vous souvenez de leur slogan quand ils ont manifesté ? Ils ont dit
01:40 "N'importez pas ce que vous nous interdisez de produire". Et bien il est là le nerf de la guerre, il est là le problème de fond.
01:47 Nous en France nous avons une agriculture plus vertueuse qu'ailleurs qui est soumise à la concurrence déloyale des autres pays.
01:53 Oui c'est comme ça qu'on fait venir des poulets bourrés d'antibiotiques de croissance parce que chez nous c'est interdit.
01:59 C'est comme ça Amandine que notre moutarde de Dijon est canadienne parce qu'on a interdit un traitement et tant mieux.
02:06 Sauf qu'il n'y avait pas d'alternative et résultat aujourd'hui 80% de nos graines de moutarde viennent du Canada qui là-bas
02:13 utilise le même ce même pesticide qui est interdit en Europe.
02:17 Et puisque l'on parle du Canada, figurez-vous que la lentille du puits, la fameuse lentille verte du puits, et bien la plupart de ces lentilles
02:24 sont largement concurrencées parfois sur les mêmes chaînes de production par des lentilles venues du Canada
02:30 cultivées là encore avec des pesticides interdits chez nous.
02:34 D'ailleurs je vous conseille à ce propos si vous voulez des histoires comme ça de lire l'excellent livre d'Eric Orsenna et de Julian Normandy,
02:40 ancien ministre de l'agriculture, ça s'appelle "Nourrir sans dévaster" chez Flammarion.
02:44 - Bon mais Alba on ne peut rien faire contre ça ?
02:46 - Si mais ça se passe à Bruxelles, c'est à l'Europe d'interdire.
02:50 Mais c'est très compliqué parce que ça remet en cause des accords internationaux que l'on a signés.
02:54 Et c'est pour ça que la France plaide pour ce qu'on appelle des clauses miroirs en agriculture,
03:00 c'est-à-dire interdire en France l'entrée de denrées qui sont cultivées avec des produits interdits chez nous.
03:05 L'intérêt de cette clause miroir c'est qu'elle met d'accord les écologistes et les agriculteurs.
03:11 Alors c'est une forme de protectionnisme oui, mais encore une fois ça répond à une concurrence déloyale.
03:16 - Merci beaucoup Alba.
03:18 [SILENCE]