• il y a 8 mois
Avec Fabrice Grenard, historien, spécialiste de la résistance française

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2024-02-21##

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Transcription
00:00 Et justement, on continue d'en parler, 80 ans jour pour jour.
00:04 Missak Manouchian a été donc exécuté au Mont-Valérien.
00:07 Aujourd'hui, il va entrer au Panthéon avec son épouse Mélinée Manouchian,
00:11 hommage à la résistance communiste et étrangère,
00:14 aux Français de préférence, dit l'Élysée, mort au nom des valeurs de la France.
00:18 Bonjour Fabrice Grenard.
00:19 Bonjour.
00:20 Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:22 Vous êtes historien spécialiste de la résistance française.
00:25 Justement, de quelle résistance, Missak Manouchian, est-il le symbole ?
00:30 Très clairement, effectivement.
00:32 Ça a été dit à l'instant par votre éditorialiste, une résistance communiste.
00:38 C'est-à-dire, c'était malgré tout un petit peu le fer de lance,
00:43 le parti communiste de la résistance intérieure.
00:46 Il y avait clairement deux résistances.
00:48 Il y avait la résistance extérieure avec le général de Gaulle, la France libre.
00:51 Et puis la résistance intérieure avec des mouvements, des réseaux.
00:55 Et le parti communiste, qui est d'ailleurs la première organisation
00:59 à prôner la lutte armée en France dès l'été 1941.
01:03 Et c'est cette lutte armée que rejoint Missak Manouchian en 1943,
01:09 donc au sein de ce qu'on appelle les FTP-Moi.
01:12 Et les communistes qui sont arrivés dans un second temps, finalement, dans la résistance.
01:17 On parle notamment de ce pacte germano-soviétique
01:19 qui a fait basculer les communistes dans la résistance, dans le maquis ?
01:24 Tout à fait. Alors il y a effectivement une période un peu ambigüe, un peu complexe,
01:28 qui est celle des années 1940-41.
01:33 L'URSS a, à ce moment-là, signé un pacte de non-agression avec le Reich.
01:40 Et le parti communiste français s'aligne sur les positions de Moscou.
01:46 Et donc le parti communiste est quand même la première organisation
01:50 à basculer dans la clandestinité.
01:51 Le parti est interdit par le gouvernement d'Aladier en 1939.
01:56 C'est une des premières organisations aussi à très clairement
01:59 se poser contre le régime de Vichy, contre le maréchal Pétain.
02:03 En revanche, effectivement, les attaques sont assez timides dans un premier temps,
02:07 contre l'occupant allemand jusqu'au printemps 1941.
02:10 Par contre là, il y a un effet de bascule très clair.
02:13 Et le parti communiste bascule en résistance et fait le choix de la lutte armée,
02:18 à la suite notamment de l'opération Barbarossa,
02:21 l'attaque de l'URSS par l'Allemagne nazie.
02:23 - Et ce qui est surprenant dans l'histoire de Misak Manouchian,
02:25 c'est qu'il a été arrêté dans un premier temps,
02:28 au début de la guerre, parce que communiste, justement.
02:31 Et il a porté un uniforme français, parce qu'il avait demandé à le porter,
02:34 à être intégré dans l'armée, donc, au moment de cette "drôle de guerre",
02:39 comme on l'appelle, avant de basculer dans la résistance.
02:42 Résistant, étranger, communiste, c'est un profil qu'on retrouve beaucoup
02:45 au Panthéon, Fabrice Grenard ?
02:47 - Pas du tout, non, non, c'est vraiment...
02:49 Des résistants, il y en a déjà, bien sûr, il y a eu Jean Moulin,
02:52 la panthéonisation par le général de Gaulle,
02:56 le président Hollande avait panthéonisé quatre résistants,
02:59 deux hommes, deux femmes,
03:00 Jean Zé, Pierre Brossolette, Jeanne Dief,
03:03 Antonius de Gaulle et Germaine Tillon.
03:05 Mais là, c'est vraiment la première fois qu'on a un résistant étranger
03:09 et un résistant communiste qui entre au Panthéon.
03:12 C'est vraiment une première.
03:13 - Avec des précisions apportées,
03:15 Mélinée, l'épouse de M. Sac-Badouchian,
03:18 entre également au Panthéon, mais elle n'est pas formellement
03:22 panthéonisée, alors qu'elle était même résistante, c'est surprenant ça, non ?
03:25 - Oui, alors d'abord, c'est une coutume,
03:28 c'est pour ne pas séparer les couples.
03:32 Le mari de Simone Veil, par exemple, a accompagné
03:35 son épouse au Panthéon, voilà, c'est souvent un vœu des familles,
03:39 d'ailleurs, de ne pas séparer les sépultures.
03:42 Donc, Mélinée l'accompagne comme son épouse.
03:46 Effectivement, elle n'est pas panthéonisée,
03:49 elle n'a pas, elle, participé à la lutte armée,
03:51 elle avait un rôle plutôt d'agent de liaison,
03:55 mais je dirais que ça permet quand même de faire parler d'elle.
03:59 Si vous regardez les publications qui sortent sur le sujet,
04:03 on évoque très souvent le couple M. Sac-Mélinée,
04:06 donc ça lui donne aussi un rôle important.
04:09 - Et puis le nom, bien sûr, du groupe,
04:11 Manouchan, comme on l'appelle,
04:13 les noms seront inscrits, par ailleurs, à l'intérieur du Panthéon.
04:18 Qui décide de panthéoniser quelqu'un ?
04:20 Est-ce qu'il y a des critères, finalement, objectifs ou pas ?
04:23 - Alors, d'abord, ça a varié au cours de l'histoire.
04:25 Je rappelle que le Panthéon est devenu ce temple laïque
04:31 pour rendre hommage aux grands hommes depuis la Révolution française.
04:35 Sous le Premier Empire, c'était Napoléon,
04:39 l'empereur lui-même, qui décidait de panthéoniser.
04:41 Sous la République, la troisième et quatrième République,
04:44 c'était les députés, la Chambre des députés.
04:46 Et sous la Vème République, c'est une décision du président.
04:50 Voilà, c'est vraiment un geste présidentiel.
04:52 Et on le voit bien, on l'a vu avec De Gaulle et Jean Moulin.
04:57 On le voit là avec Misak Manouchan.
04:59 C'est souvent, effectivement, aussi un peu un geste politique.
05:03 Très clairement, le président Macron cherchait une figure étrangère positive
05:09 dans un contexte politique compliqué aujourd'hui
05:12 autour de la question de l'immigration,
05:14 autour de la question de l'intégration des étrangers.
05:16 Voilà, il fallait pouvoir mettre en avant une figure d'un étranger
05:20 qui, de fait, est mort pour la France.
05:23 Parce que même s'il n'avait pas la nationalité française,
05:28 Manouchan a demandé à deux reprises.
05:31 Et il a eu cette fameuse formule, vous savez, lors de son procès.
05:34 Il a dit aux journalistes,
05:36 "Vous avez hérité de la nationalité française.
05:40 Nous, les FTP-Moi qui allons mourir, nous l'avons mérité."
05:44 Et il a été reconnu mort pour la France.
05:47 Et d'ailleurs, dans sa lettre,
05:48 qui est vraiment une très très belle lettre,
05:51 écrite quelques heures avant d'être fusillée à son opus.
05:54 - À la lumière.
05:55 - Il explique bien qu'il se considère comme un combattant de l'armée nationale
06:02 qui combat pour la libération du pays qu'il a accueilli comme réfugié.
06:07 - C'est une lettre à lire impérativement si vous ne l'avez pas lue.
06:10 Effectivement, c'est une très belle lettre.
06:12 Fabrice Grenard, un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
06:15 Je rappelle, vous êtes historien spécialiste de la résistance française.
06:20 7h53 sur Sud Radio.
06:21 Dans un instant, c'est Guy Carlier qui entre sur Sud Radio.

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