Avec Chloé Morin et Eric Revel
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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Patrick Roger.
00:03Il est 8h25, hashtag on en parle avec vous Benjamin Gleize et des réactions de Chloé Morin et Éric Revelle.
00:09Alors, Élisabeth Borne dénonce le sexisme en politique.
00:14Oui, l'ancienne première ministre, désormais députée, était l'invité hier soir du 20h de TF1,
00:18à l'occasion de la sortie de son livre intitulé 20 mois à Matignon.
00:21Et effectivement, elle en a profité pour dénoncer le sexisme dans le monde politique.
00:25Je dis qu'il y a du sexisme en politique en général.
00:29Et sans doute plus aujourd'hui que dans le monde de l'entreprise.
00:31Vous voyez, on a voté des lois qui devraient conduire à une parité.
00:35Par exemple, dans les conseils municipaux, il y a bien 50% de femmes sur les listes,
00:40mais à la fin, il y a 20% des mères qui sont des femmes.
00:43Ah oui, relance dans la foulée de la journaliste.
00:45Écoutez bien Anne-Claire Coudray à propos d'une anecdote racontée dans le livre de l'ancienne première ministre.
00:49Vous racontez une petite anecdote.
00:51Il se dit à l'époque qu'Emmanuel Macron préférait manger avec Jean Castex
00:54plutôt qu'avec vous parce qu'il pouvait partager une côte de bœuf.
00:56Est-ce qu'il vous a regardé différemment, traité différemment que ses autres premiers ministres hommes ?
01:01Vous savez, c'est toutes les rumeurs qui peuvent circuler.
01:04Et je pense que c'est absolument délétère en politique.
01:07En tout cas, il y a effectivement eu ces anecdotes.
01:10En tant que femme, vous êtes jugée, et j'en parlais avec une de mes anciennes ministres,
01:14sur votre tenue, sur votre look, sur votre façon de manger.
01:18Bon, je pense que ce n'est pas exactement ça que les Français attendent d'un ministre ou d'une première ministre.
01:24Mais vous êtes jugée sur ces critères.
01:26Elisabeth Borne qui sera bien candidate à la présidence du parti Renaissance, le parti macroniste.
01:31Élection prévue à l'occasion du congrès de Renaissance les 23 et 24 novembre.
01:35A priori, ce serait contre Gabriel Attal.
01:40Chloé Morin, Éric Revelle, qu'est-ce que ça suscite comme réaction de votre côté ?
01:44Priorité aux femmes.
01:45Oui, bien sûr.
01:46Il y a encore beaucoup de sexisme dans la politique, c'est vrai.
01:50C'est aussi vrai dans les médias, dans le monde de l'entreprise.
01:53Mais dans la politique, il y a particulièrement des codes qui correspondent à des codes masculins,
01:57tout simplement parce que c'est en grande majorité des hommes qui ont occupé le pouvoir depuis des siècles.
02:03Donc c'est normal que les choses mettent du temps à bouger.
02:08Là où Elisabeth Borne se trompe quand elle dit « je pense que ce n'est pas ça que les Français attendent »,
02:12hélas, je pense que les Français ont les mêmes codes masculinistes ou patriarcaux que leurs responsables politiques.
02:20C'est les mentalités de tout le monde qu'il faut changer.
02:23Et qu'aujourd'hui, lorsque vous êtes une femme, bien souvent,
02:26vous avez une bonne image davantage en fonction de votre look, par exemple, qu'en fonction de ce que vous faites.
02:33Et ça, c'est les codes de l'opinion publique.
02:36Ça arrive aussi un petit peu chez les hommes, non ?
02:38Bien sûr, mais les codes sont différents.
02:40Les codes du pouvoir masculin, il faut être grand, bien coiffé, mince.
02:49L'apparence n'est quand même pas la même, mais ce sont les mêmes exigences.
02:54Oui, d'accord sur le constat, mais je ne vois pas pourquoi Elisabeth Borne,
02:59je ne vois pas ce que ça rajoute, ce que ça enlève.
03:0220 mois à Matignon, elle a été désignée Première Ministre par Emmanuel Macron.
03:08Je ne vois pas où elle veut en venir.
03:10D'ailleurs, ce qu'elle dit sur la côte de bœuf, ce n'est pas d'une clarté absolue.
03:14Oui, non, non, c'est des rumeurs, c'est des trucs.
03:17Non, je vais vous dire ce qu'elle devrait dénoncer si elle faisait une campagne,
03:20parce qu'elle fait une campagne pour être présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée Nationale,
03:24face à Gabriel Attal.
03:25Alors, à mon avis, il faut qu'elle regarde un truc qui est beaucoup plus intéressant,
03:28c'est qu'elle dénonce l'arrogance de Gabriel Attal.
03:31Et là, ce n'est ni un problème de masculin ou de féminin,
03:34c'est un problème de macronisme.
03:35Pourquoi je dis ça ?
03:36Parce qu'il va créer un mouvement, Gabriel Attal, vous avez vu,
03:38qui s'appelle Génération Avenir, G.A., comme Gabriel Attal,
03:43comme Macron avait fait sur...
03:46– C'est bien vu qu'on l'aime ou qu'on l'aime pas, mais...
03:48– Non, mais ça a déjà été fait, Macron l'a fait, avec En marche, Emmanuel Macron.
03:53Alors qu'elle dénonce l'arrogance.
03:55Elle a passé 20 mois, lui il a passé 8 mois,
03:57et il veut écrire une histoire avec les Français.
03:59Non mais attendez, c'est ça qu'il faut mettre en avant,
04:02ces gens qui, d'un coup, veulent incarner la France.
04:05– Je ne sais pas si ses propos ne sont pas une manière subtile de le faire,
04:08c'est-à-dire subtile de nous amener justement à nous dire
04:11« Tiens, Gabriel Attal, bizarrement, il n'a pas l'air hyper féministe,
04:15il a l'air quand même très très arrogant, très très... »
04:18– Ah oui, à travers ça, il faut lire entre les lignes.
04:21– Je pense qu'il faut lire entre les lignes.
04:23– C'est trop subtil pour moi.
04:24– Mais non, puisque vous êtes arrivé à la conclusion...
04:26– Non mais ce que je veux dire, c'est que là, elle a un angle d'attaque,
04:28je veux dire, dénoncer ces blancs-becs qui expliquent,
04:32après 8 mois, 6 mois à Matignon, que ça y est,
04:35il a tout compris, il va tout faire et que non...
04:37– Oui.
04:38Quand même, Chloé Morin, sur ce qui a été dit tout à l'heure
04:42par Benjamin Gleiz et puis les propos d'Elisabeth Borne,
04:45vous vous avez enquêté, parce que vous sortirez un livre dans quelques mois,
04:49sur l'évolution des mentalités.
04:51On ne va pas dévoiler votre livre, bien sûr,
04:54mais comment vous voyez les choses ?
04:57– Typiquement, mon livre est sur particulièrement les médias,
05:00le système médiatique, et sur la question de l'égalité entre les femmes et les hommes,
05:04je pense qu'on n'avance plus.
05:06Je constate que dans un certain nombre d'émissions,
05:08alors j'ai des exemples incroyables,
05:10où on met une chroniqueuse pendant 2 minutes dans une émission de 1 heure,
05:13parce que ça va réduire l'amende par été.
05:16Parce que si elle parle 2 minutes, c'est pareil que si elle parlait 1 heure.
05:20Je pense qu'il y a vraiment un...
05:22Si vous regardez certaines émissions,
05:24il y a vraiment un problème de parité dans certaines émissions,
05:26et donc je pense qu'on a eu une période
05:28où on a beaucoup avancé sur la question de la parité,
05:31et que là, on piétine un tout petit peu.
05:33Donc ce n'est pas inutile qu'Elisabeth Borne
05:35essaye de rajouter un petit peu de...
05:37– Et pourquoi, selon vous, ça piétine aujourd'hui ?
05:40– Ça, je ne saurais pas vous le dire,
05:42parce que sans doute qu'en réalité,
05:45les habitudes changent avec la contrainte,
05:50et que c'est compliqué.
05:52– Pourtant, il y a eu des contraintes, ces dernières années, énormément.
05:56– Il y en a, il y a des cas de chaînes de télé
05:58qui payent des amendes, parfois importantes,
06:00parce qu'elles ne mettent pas assez de femmes
06:02à l'honneur à la télévision, à la radio, etc.
06:05Puis évidemment, il y a des élèves exemplaires, entre guillemets,
06:08mais je pense qu'on arrive à un moment où c'est plus compliqué.
06:14– Oui, c'est plus compliqué.
06:16Merci en tout cas à tous les deux,
06:19Chloé Morin, Éric Revelle,
06:21la parité en fait absolue chez les chroniqueurs,
06:24ou à peu près.
06:26Merci en tout cas, dans un instant, mon invité politique,
06:29ce sera Stéphane Troussel, président PS de Seine-Saint-Denis.