Une nouvelle plainte contre le psychanalyste Gérard Miller a été déposée par une femme de 39 ans. À l’époque des faits, la victime présumée était mineure. C'est la troisième plainte contre Gérard Miller.
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00:00 Maître Piolli, quels souvenirs votre cliente garde de ces faits-là ?
00:04 On disait au début des années 2000, souvenirs très précis.
00:07 Alors, fin 2001 plus exactement, elle garde des souvenirs très précis de ces rencontres et notamment de sa démarche à l'égard de Gérard Amilère
00:21 puisque, comme vous l'avez bien dit, elle est en terminale, elle a 17 ans, elle doit faire un sujet dans le journal de l'école, elle est en littéraire et elle doit se destiner aussi à la psychanalyse
00:34 et elle envoie comme une bouteille à la mer un mot sur une page de cahier d'écolière, je crois que c'est via un média.
00:45 Elle envoie une lettre à Europe 1 visiblement.
00:47 Elle envoie une lettre à Europe 1.
00:48 Elle travaille Gérard Amilère avec Laurent Henriquet.
00:49 Absolument, puisqu'à l'époque il est sur tous les plateaux, dans toutes les émissions et il intervient systématiquement.
00:57 Elles sont toutes les deux émerveillées de la réponse qu'elles n'attendaient même pas et elles se rendent à une première rencontre.
01:06 Elles sont accompagnées par un camarade de classe, ce qui semble ne pas tout à fait plaire à Gérard Amilère qui les reçoit et qui pensait recevoir les deux jeunes filles
01:17 et qui lui avait écrit en mettant leur âge dans la correspondance.
01:21 L'entretien est relativement bref.
01:24 Gérard Amilère lui dit, d'après votre cliente, que vous êtes venu avec votre garde du corps.
01:29 Oui, tout à fait.
01:31 Il s'attendait plutôt à recevoir Aude et Audrey.
01:36 Deuxième rendez-vous, les deux jeunes femmes proposent une séance hypnose.
01:44 Ma cliente est assez intéressée, en tout cas intriguée, évidemment.
01:50 En plus c'est sa spécialité, donc elle se dit que c'est peut-être aussi un champ à investiguer.
01:56 Son ami refuse.
01:58 À partir de là, lui dit-il, c'est les deux ou rien.
02:04 Donc elles repartent.
02:07 Et enfin, troisième rencontre, là elle est invitée par Gérard Amilère à un brunch qui se déroule en présence de Laurent Ruquier
02:17 qui animait aussi les plateaux sur lesquels il se présentait.
02:21 À l'issue du brunch, elle l'accompagne chez lui où elle était déjà allée.
02:29 Mais là, arrivée dans cette fameuse pièce japonaise, elle se sent oppressée et puis plus ou moins bien, un peu groggy, un peu à garde.
02:43 Et c'est là que Gérard Amilère commet sur elle des actes d'abord d'agression sexuelle et puis un viol par violation qui lui impose.
02:54 Vous dites "elle se sent groggy, à garde". Est-ce que ça correspond à ce que décrivait Alexandra tout à l'heure et qui a été décrit par un certain nombre de femmes ?
03:03 Elles ont été d'abord placées sous hypnose et ensuite il y aurait eu abus. Est-ce que là c'est la même chose d'après votre opinion ?
03:10 Alors là elle n'est pas sous hypnose, puisqu'elle refuse l'hypnose.
03:15 Mais entre le moment où elle prend un brunch et le moment où elle ressort de chez Gérard Amilère, elle a ce sentiment d'engourdissement de son corps, d'un corps lourd.
03:27 Elle s'est forcément désaltérée entre ce brunch, mais elle ne s'en souvient pas.
03:32 Je ne peux pas dire aujourd'hui qu'elle a été soumise à une substance chimique qui aurait été mise dans son verre ou dans sa nourriture.
03:43 Elle n'en conserve pas le souvenir, mais elle conserve par contre celui d'avoir effectivement un corps lourd et de ne pas pouvoir vraiment bien réagir quand il commence à s'attaquer à elle.
03:56 On le rappelle, votre cliente avait 17 ans au moment des faits. C'était en 2001. Qu'est-ce qui fait qu'elle souhaite aujourd'hui parler ?
04:04 Qu'est-ce qui a été l'élément déclencheur pour elle ? Est-ce que c'est notamment les enquêtes dont parlait Alexandra Alainçon, enquêtes qui sont parues dans la presse, dans Elle, dans Mediapart,
04:12 ou un certain nombre de femmes ont témoigné contre Gérard Amilère ? Est-ce que ça a été ça l'élément déclencheur pour elle ?
04:17 Ça a été ça, oui. Déjà, premièrement, elle l'avait quand même beaucoup étouffée. Et puis c'était sa première expérience sexuelle, si je puis dire.
04:29 Je pense qu'elle a voulu vraiment l'oublier. En effet, elle a quand même essayé de travailler sur elle.
04:36 Et quand elle a vu que de nombreuses femmes avaient été victimes avec un même processus, un même procédé, et puis surtout ce qui l'a beaucoup frappé,
04:47 c'est cette émission qui a été retranscrite, qui est passée il n'y a pas très longtemps, où Miller avait des propos qu'il avait tenus il y a assez longtemps
04:59 sur cette forme de transgression, et ça rejoint l'affaire de Judith Godrech, et ça elle n'a pas supporté.
05:05 Parce que c'était une interview entre Gérard Amilère et Benoît Jacot, en l'occurrence, où il était question effectivement d'agression sexuelle
05:13 et de la manière dont Benoît Jacot avait cette relation avec Judith Godrech. J'avais une question, Alexandra.
05:20 Non, oui, je voulais juste rebondir sur le fait que ce qui revient beaucoup dans les discours de femmes qui se disent victimes de violences sexuelles,
05:28 c'est déjà la difficulté de porter plainte, et puis aussi il faut mesurer la difficulté de porter plainte contre une personnalité.
05:34 C'est rajouter une difficulté supplémentaire, surtout quand on a 17 ans, face à quelqu'un qui en avait 53 à l'époque, qui est connu,
05:45 et donc tout cela rend compliquée la chose. Là aujourd'hui, ce qui peut-être donne de la force aussi à ces femmes, c'est le nombre de femmes
05:53 qui décrivent un mode opératoire similaire. Pour autant, rappelons que Gérard Amilère est présumé innocent, qui n'a pas encore été entendu par les enquêteurs,
06:01 et lorsqu'il le sera, ça lui permettra aussi d'avoir sa ligne de défense.
06:05 Encore une question, Maëte. Comment va votre cliente et comment elle vit ce que décrit là Alexandra, c'est-à-dire le fait de porter plainte
06:12 contre une personnalité connue, et où on sait que derrière, il va y avoir une attention médiatique très forte autour de cette affaire ?
06:18 Elle va plutôt bien, mais c'est évidemment quelque chose qui la bouleverse, et notamment passer le pas, passer à l'acte, déposer une plainte,
06:31 effectivement, contre quelqu'un de connu, c'est terrible, contre quelqu'un qui était pour elle une figure exceptionnelle,
06:42 et puis j'ajouterais à ce que vous dites, c'est qu'il y a une autre difficulté, elle est économique.
06:49 Les femmes qui portent plainte ont très souvent cet obstacle qui est économique.
06:56 Soit elles ont les moyens de se payer un avocat, soit l'avocat veut bien les aider, parce que c'est sa mission aussi d'humanité que de le faire,
07:05 soit elles doivent avoir recours à une aide juridictionnelle qui n'est pas du tout à la hauteur, et donc cette question est aussi au centre des violences
07:15 et des poursuites des agresseurs des femmes.
07:18 Merci maître, merci d'avoir été avec nous ce matin pour parler de cette troisième plainte contre Gérard Miller, qui encore une fois, n'y l'est fait,
07:25 et présumé innocent, vous l'avez rappelé, merci également Alexandra, merci à toutes les deux.