Avec Laurent Joffrin, journaliste.
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NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:06 13h03 sur Sud Radio, on est ravis aujourd'hui de vous présenter ce face à face exceptionnel
00:10 avec un invité exceptionnel, justement Laurent Geoffrin, journaliste et directeur du quotidien
00:15 Le Journal.info. Bonjour Monsieur Geoffrin.
00:17 Bonjour.
00:18 Bonjour, merci d'être au micro de Sud Radio.
00:21 Alors je voulais avoir un journaliste de votre trempe avec la carrière que vous avez
00:26 pour parler un peu de l'état de la presse dans ce pays parce que ça tire dans tous
00:30 les sens, on a l'impression que c'est règlement à hoquet corral en ce moment et que c'est
00:34 très difficile aussi de faire valoir la liberté d'expression.
00:37 Vous avez été par exemple pendant longtemps à CNews, dans l'émission de Pascal Praud
00:44 qui est CNews aujourd'hui sous les feux de la critique avec Reporters Sans Frontières,
00:49 une organisation censée défendre les journalistes qui voudrait censurer ou attaquer...
00:53 Défendre les journalistes.
00:54 Oui voilà, mais bon, on peut se poser la question.
00:56 Attaquer CNews et vraiment, vous quand vous y étiez, enfin vous êtes parti de CNews,
01:03 déjà peut-être vous pouvez nous dire pourquoi, qu'est-ce qui s'est...
01:05 Je suis parti pour une raison précise, c'est que le groupe Bolloré a pris le contrôle
01:09 du journal du dimanche et a transformé complètement sa ligne éditoriale, ce qui a provoqué le
01:14 départ de la plupart des journalistes.
01:17 Et moi j'ai dirigé des quotidiens.
01:18 Et ma philosophie est totalement à l'envers de ça.
01:24 Moi j'ai été désigné cinq fois par des actionnaires et à chaque fois ça donnait
01:31 lieu à un vote.
01:32 Des journalistes.
01:33 Des journalistes.
01:34 Bien sûr.
01:35 Et donc j'ai été élu en quelque sorte cinq fois.
01:37 Et si je n'avais pas été élu, je me serais soumis au résultat.
01:40 Là il y a eu un vote au JDD, il y a eu 95% de gens contre.
01:45 C'était Geoffroy Lejeune qui a été nommé à la tête.
01:48 Et le propriétaire, que ce soit celui-là ou un autre, ça aurait été pareil.
01:50 Mais le propriétaire est passé outre et il a maintenu sa nomination.
01:54 Donc ça m'a paru totalement contraire à ce que je pensais moi.
01:58 Et étant à CNews, c'était difficile de le critiquer.
02:01 C'était difficile d'être sur une télévision et de critiquer directement son patron.
02:07 Donc il m'a semblé nécessaire de reprendre un peu plus de liberté de parole et donc
02:13 de cesser d'apparaître à CNews.
02:15 Donc vous pensez aujourd'hui que les critiques à l'encontre de CNews sont fondées, notamment
02:21 ce qu'on a entendu de la part du dirigeant actuel de Reporters Sans Frontières, qui
02:26 demande à l'ARCOM de revoir l'autorisation des maîtres parce que CNews sera devenu une
02:30 chaîne d'opinion.
02:31 Il faut comprendre d'où ça vient.
02:34 Ça a été embrouillé par les polémiques.
02:38 D'abord il n'y a pas de censure.
02:40 Il n'y a aucune censure.
02:41 Et le but de l'ARCOM ou le but du Conseil d'État n'est pas d'instaurer une censure.
02:48 De vrai, il ne s'est rien passé.
02:50 CNews crie avant d'avoir mal parce que personne ne lui a rien demandé pendant ça.
02:54 Simplement, il y a eu un avis du Conseil d'État disant qu'il faudrait mieux respecter
03:00 le pluralisme.
03:01 Pourquoi ils ont dit ça ? Il faut revenir à l'origine.
03:04 C'est la TNT numérique.
03:06 Il y a un nombre de canaux comme ça qui ont été attribués à des chaînes publiques
03:11 ou privées par l'État gratuitement.
03:14 En échange, l'État a demandé à ce que ces chaînes signent une sorte de contrat,
03:20 une charte.
03:21 Dans cette charte, il est indiqué qu'il faut respecter la personne humaine, qu'il
03:25 ne faut pas faire de diffamation, qu'il faut s'efforcer de représenter la diversité.
03:29 Il y a diverses conditions.
03:32 Il y en a une consistant à dire qu'il faut s'efforcer de respecter le pluralisme entre
03:37 les courants politiques.
03:38 C'est ça l'origine.
03:40 On ne peut pas dire que cette charte soit une charte de censure.
03:44 Ceux qui disent ça disent n'importe quoi.
03:46 C'est une charte qui a été élaborée en 1986 par le gouvernement Chirac, sous la
03:54 direction de François Léotard, qui n'était pas connu comme un censeur farouche.
03:58 C'était sur l'ouverture des chaînes privées en fait.
04:01 Oui, c'est le statut qui a été proposé aux chaînes privées qui voulaient avoir
04:06 une fréquence gratuitement.
04:07 Or, toutes les chaînes ont signé le contrat.
04:12 Y compris CNews.
04:13 CNews ont signé en bas de la feuille, où il y a toutes ces...
04:17 Enfin, toutes, il y en a cinq ou six, qui sont de bon sens en quelque sorte.
04:21 Et donc ce sont des obligations de bon sens.
04:23 Ça s'est traduit par quoi ? Pour respecter le pluralisme.
04:27 Je ne parle pas des autres clauses.
04:28 D'ailleurs CNews les respecte parfaitement, il n'y a aucun problème là-dessus.
04:31 Sur le pluralisme, ça s'est traduit par le fait qu'on a dit que les hommes politiques
04:34 qui viennent doivent être à égalité selon leur représentativité.
04:38 Et puis là-dessus, ce qui n'existait pas à l'origine, qui n'a pas existé pendant
04:43 longtemps, je précise que cette loi a été avalisée par toutes les majorités successives.
04:49 Oui, elle n'a jamais été remise en cause.
04:50 Jamais.
04:51 Ni par les télés, ni par l'opinion, ni par quiconque.
04:54 Pendant 40 ans quand même.
04:55 Donc c'est pareil.
04:56 Donc s'il y avait censure, ça se saurait depuis 40 ans quand même.
05:00 Donc tout ça c'est une blague propagandiste.
05:02 Qu'est-ce qu'a dit le Conseil d'État ?
05:07 Peut-être que ça ne suffit pas de se contenter de compter les temps de parole des hommes
05:11 politiques.
05:12 Parce que ce qui n'était pas le cas avant, mais CNews est une chaîne engagée.
05:15 Entre nous, je pense qu'on a le droit de s'engager, ce n'est pas la question.
05:18 Oui, les médias d'opinion, ça a toujours existé.
05:20 Ça a toujours existé, la presse écrite.
05:22 Le pluralisme dans la plupart des médias, dans la plupart des pays démocratiques, ça
05:25 ne consiste pas à dire que chaque journal ou chaque organe d'information doit donner
05:29 la parole à égalité à tout le monde.
05:31 C'est que l'ensemble des médias sont divers.
05:35 Donc le pluralisme est assuré par l'ensemble des médias.
05:39 Mais c'est spécial pour ces chaînes-là, parce que comme le nombre de fréquences est
05:43 limité, on est obligé de les donner à certaines chaînes et pas à d'autres.
05:47 Et si on avait donné ça, ce qui n'était pas du tout l'idée au départ, si on avait
05:51 donné ça à une chaîne par exemple d'extrême-gauche, il aurait fallu en donner une autre à la
05:55 droite, une autre au socialiste, etc.
05:57 Ce n'était pas possible.
05:58 Donc ils ont dit on va donner ça à des chaînes d'info.
06:00 - Pluraliste.
06:01 - Mais on va leur demander d'être pluraliste.
06:04 C'est ça le contrat initial.
06:05 Et ce qui est nouveau dans ces news, c'est qu'ils respectent tout à fait régulièrement
06:13 le temps de parole des hommes politiques, mais il y a manifestement, tout le monde le
06:17 voit, il ne faut pas être grand clair, un biais ou une préférence pour des chroniques
06:23 plutôt de droite ou d'extrême-droite.
06:25 Ça c'est vrai, moi je l'ai vécu pendant des années.
06:27 Je savais très bien où je mettais les pieds, je savais très bien pourquoi.
06:30 Et ça ne me dérangeait pas.
06:31 Je venais pour contredire.
06:33 Mais pour contredire quoi ? Un certain esprit, un certain courant.
06:39 Quand j'avais en face de moi Elizabeth Levy, plus Geoffroy Levin, plus Gilles William
06:46 Goldnadel, c'est le pluralisme.
06:49 Le pluralisme c'était moi.
06:50 - Seul contre tous.
06:51 - Les autres ils étaient tous d'accord.
06:53 Et en plus, à ces news, il y a une formule qui fait que l'animateur donne son avis.
06:58 Donc vous vous débattez avec Elizabeth Levy, et puis il y a le présentateur qui vous dit
07:03 "mais elle a raison, vous vous dites n'importe quoi etc."
07:06 Enfin je caricature, mais c'est un peu ça quand même.
07:08 L'arbitre est toujours du côté de l'équipe adverse.
07:11 Au bout d'un certain temps, RSF a dit "c'est pas normal, l'esprit de la loi n'est pas respecté".
07:18 C'est ça le débat, c'est sur l'esprit d'une loi.
07:21 - D'accord, mais le problème c'est qu'on ouvre une porte et un débat qui peut aller
07:25 beaucoup plus loin, parce que ça veut dire qu'on va ensuite politiser des chroniqueurs
07:29 mais pas seulement sur ces news.
07:31 - Alors, il faut informer les gens complètement.
07:33 Évidemment, l'idée de demander aux chroniqueurs ou aux experts de présenter leur pédigré
07:40 politique est absurde.
07:41 Alors c'est vrai pour certains.
07:43 Si on me demande moi, oui je suis de gauche.
07:45 C'est normal, j'ai un journal, c'est marqué dessus.
07:47 C'est un journal de gauche.
07:49 Donc moi je peux être classé.
07:50 Mais il y en a d'autres qui ne veulent pas être classés, ou ils sont inclassables.
07:53 Il y a des gens qui sont parfois dans des opinions de droite, parfois dans des opinions de gauche.
07:56 Alors qu'est-ce qu'a répondu l'Arkom deux jours après, quand il lui a posé la question,
08:01 dans la tribune dimanche ?
08:02 Ils ont dit "il est hors de question de demander une carte d'identité politique aux chroniqueurs
08:07 ou aux experts".
08:08 Alors il lui a posé la question "mais comment vous allez faire ?"
08:11 "Ils ne savent pas".
08:12 - Oui, c'est ça.
08:13 - Donc on n'est pas du tout dans la censure.
08:16 Vous voyez ce que je veux dire ?
08:17 - Non mais on est quand même dans...
08:18 - Et on n'ira pas dans la censure.
08:20 Parce que qu'est-ce qu'ils vont dire ?
08:21 Ils vont dire quand même "C'est news, vous faites que l'immigration et l'insécurité".
08:27 Et puis alors là, les chroniqueurs disent tous la même chose.
08:30 Ce n'est pas très pluraliste quand même.
08:32 Alors "C'est news" va répondre "mais non, parce qu'on a regardé, on a Dartigold, on
08:35 a un machin, on a fait un tel reportage sur lui, ça va être une discussion de chiffonnier".
08:41 Et à mon avis, ça n'aboutira à rien.
08:43 Peut-être qu'ils diront "faites un effort".
08:46 "Faites un effort pour que respecter".
08:49 Parce que tout le monde dit "c'est arbitraire, l'État intervient".
08:52 C'est pas exactement l'État, c'est l'Arkom qui est censée être indépendante.
08:56 Et deuxièmement, ils ne vont pas dire "c'est scandaleux, faites une télé de gauche".
09:02 Il n'est pas question de ça.
09:04 Ils essayent de comprendre comment appliquer, compte tenu de l'existence d'une chaîne engagée,
09:12 et encore une fois il est légitime de s'engager par ailleurs, mais dans ce cadre-là, il y
09:16 a une loi.
09:17 Est-ce que c'est conforme à l'esprit de la loi ?
09:18 C'est une question qui est posée et où on n'a pas la réponse.
09:21 Et on risque de ne pas l'avoir, puisque ça paraît compliqué de toucher politiquement
09:26 ensuite des gens.
09:27 C'est difficile et en même temps on sent bien que tout le monde sait bien et eux ne
09:33 le disent pas.
09:34 Parce que comme il y a la loi, ils ne vont pas dire "on est engagés".
09:37 Alors donc, respectez la loi.
09:38 Il n'y a pas de mélange des genres.
09:40 Par exemple, un Philippe Devilliers, ancien politique reconnu, qui a maintenant son émission
09:44 sur CNews, qui est passée de l'autre côté.
09:46 Moi ça ne me dérange pas, mais effectivement la loi prévoit que ce soit pluraliste.
09:50 Voilà, il ne fait plus rien.
09:51 Ou alors il faut changer la loi.
09:52 Parce que là il faut dire que la loi est illiberticide, il faut la changer.
09:55 Mais ils ne disent pas ça du tout.
09:56 Personne ne dit ça d'ailleurs.
09:58 C'est l'interprétation de la loi par le Conseil d'État qui est l'objet du débat.
10:02 Et ce débat, à mon avis, au lieu de s'énerver et de crier "Arouel, Staline, tout y est passé",
10:10 il vaut mieux essayer de discuter sur est-ce qu'on applique vraiment la loi dans son esprit
10:15 ou pas.
10:16 Est-ce qu'il n'y a pas aussi une autre question derrière ce débat-là sur la concentration
10:21 des médias ?
10:22 C'est un autre débat pour le coup.
10:24 Oui, mais ça, un autre débat, mais qui est lié aussi d'une certaine façon puisque le
10:29 groupe Bolloré a décidé quand même d'acheter de nombreux médias et Maison d'édition également.
10:34 Est-ce que là il n'y a pas une autre question sur la coloration politique, évidemment,
10:39 d'un bord ou de l'autre, et la difficulté finalement de faire vivre une pluralité médiatique
10:44 ou une indépendance médiatique en dehors de ces sphères de la finance ?
10:49 Il y a deux choses.
10:50 Est-ce qu'il y a le même propriétaire pour plein de médias ? Première question.
10:54 Deuxième question, est-ce que ce propriétaire intervient dans le contenu pour imposer une
10:59 ligne ?
11:00 Alors, souvent, vous avez des propriétaires, moi j'en ai eu à l'immération des propriétaires
11:04 qui étaient des capitalistes, très connus comme Rothschild, etc.
11:07 Mais à l'immération, il y a une charte.
11:09 Et puis il y a ce système qui fait que c'est l'actionnaire qui propose à un directeur
11:16 de rédaction, mais c'est la rédaction qui vote pour l'accepter ou ne pas l'accepter.
11:20 Donc ça crée des murs, des séparations entre les intérêts économiques et le contenu
11:26 journalistique.
11:27 Donc le problème de Bolloré, c'est que 1) il possède plusieurs médias importants,
11:32 2) il intervient.
11:34 Ou il fait intervenir par des gens qu'il nomme.
11:36 Et il suffit d'écouter Europe 1, de lire le JDD et de regarder CNews, vous vous apercevez
11:48 que c'est les mêmes.
11:49 De toute façon, oui, c'est souvent nominalement les mêmes.
11:52 Pascal Praud, j'aime bien Pascal Praud par ailleurs, mais je ne connais pas du tout ses
11:56 idées, mais je l'aime bien.
11:57 Mais il se trouve qu'il fait CNews tous les jours.
11:59 À un moment, il fait aussi Europe 1, et il est chroniqueur au journal du dimanche.
12:04 Donc là, il y a une ligne, c'est une symphonie, c'est un chœur.
12:08 Et il y a aussi tout le pan sur l'édition, les maisons d'édition.
12:13 Plus l'édition, parce que Bolloré va intervenir dans les programmes d'édition.
12:17 C'est plus difficile pour les éditeurs, parce que chaque maison a sa tradition, c'est des
12:23 vieilles maisons qui ont l'habitude de travailler d'une certaine manière.
12:26 Il va avoir du mal à obliger.
12:29 Et puis en plus, c'est contre-productif sur le plan commercial.
12:32 Si une publique délivre de droite, ils vont supprimer la moitié de leur bouquin.
12:36 Ça va être compliqué.
12:37 Ils vont perdre leur chiffre d'affaires.
12:38 Donc dans l'édition, c'est compliqué.
12:40 Mais dans les médias, là c'est clair.
12:42 C'est un orchestre, on a la grosse caisse, vous avez le trombone, le violon, etc.
12:46 Et ils jouent tous la même partition.
12:48 Ça peut poser un problème.
12:50 Ça peut poser un problème politique, parce que d'abord, ça pose un problème politique
12:53 quand on n'est pas de ce courant-là.
12:55 Parce que ça leur donne une puissance dans le débat public que les autres courants n'ont pas.
12:59 On peut, en tout cas.
13:01 Pas du tout à la même échelle.
13:03 C'est un peu déséquilibré la discussion.
13:07 Alors on va marquer une pause.
13:09 On va se retrouver dans un instant.
13:11 Il y a beaucoup de choses à dire.
13:13 Pour continuer de parler de l'état de la presse.
13:15 Et puis on élargira aussi sur le champ international.
13:17 Et puis vous aurez la parole évidemment 0826 300 300 pour poser toutes vos questions
13:22 ou pour intervenir.
13:22 A tout de suite sur Sud Radio.
13:23 Sud Radio, votre avis fait la différence.
13:27 Je remercie Sud Radio de pouvoir donner la parole aux Français
13:30 sans les couper, en ayant d'autres avis.
13:32 Et ça vraiment, c'est la seule radio en France qui puisse le faire.
13:35 Donc je tiens à le souligner.
13:36 Sud Radio, parlons vrai.
13:38 Sud Radio, dans tous ses états.
13:42 Alexis Poulin.
13:44 Et on se retrouve avec Laurent Geoffrin, ancien directeur de Libération,
13:50 mais qui est aussi passé par le Nouvel Obs,
13:52 qui a écrit de nombreux livres,
13:54 qui était aussi sur CNews à l'heure des pros.
13:57 Pour parler bien sûr de l'état de la presse en France.
14:00 J'ai toujours été bien traité.
14:01 Je les critique, mais je les critique politiquement, humainement.
14:05 Ils sont très lentis.
14:06 Oui, ça s'est toujours bien passé.
14:07 Vous êtes parti parce qu'il y a eu cette...
14:09 C'est pas du tout à cause de CNews, c'est à cause du JDD.
14:12 Donc quand même, il y avait là un point important.
14:16 On parlait de cette question de la pluralité des médias,
14:20 de l'actionnariat aussi, du fait qu'il soit très concentré.
14:23 Il n'y a pas aujourd'hui de question de censure, comme vous le disiez,
14:27 mais on voit bien quand même qu'il y a un débat particulier
14:31 sur la liberté d'expression.
14:32 Il y a en ce moment les États généraux de la presse qui ont lieu,
14:35 avec l'actuel secrétaire général de Reporters sans frontières,
14:39 qui est en charge, Christophe Deloire.
14:41 Est-ce que vous suivez ces débats sur les États généraux de la presse ?
14:44 Et qu'est-ce que vous en pensez ?
14:45 Je crois qu'il faut un peu plus d'hylénisme.
14:46 Oui.
14:47 Parce que moi je trouve que le système que j'ai vécu moi,
14:53 ça a pris longtemps, hein.
14:55 C'est un bon système, pour les vieux journaux en tout cas.
14:58 C'est-à-dire, l'actionnaire nomme les responsables,
15:03 notamment le directeur de la rédaction, le directeur de la publication,
15:06 et la rédaction se prononce par un droit de veto.
15:09 Ça oblige les deux parties à s'accorder sur la personnalité la mieux à même
15:16 de diriger la rédaction.
15:18 Je trouve que c'est pas mal.
15:20 J'imagine que cette proposition, enfin cette institution,
15:25 parce que ça existe au monde, ça existe à Téléramain,
15:27 ça existe à L'Obs, ça existe à l'Ibé,
15:30 et dans d'autres journaux, aux Échos, etc.
15:32 J'imagine qu'au sein de la discussion des États généraux,
15:37 c'est venu dans la discussion,
15:39 et tous les patrons de presse sont violemment hostiles.
15:42 Parce qu'ils veulent pouvoir intervenir justement dans le contenu.
15:45 Ce qui prouve bien d'ailleurs qu'il y a un problème.
15:48 Il y a un changement de philosophie d'une certaine façon.
15:51 C'est important, à la fois sur le plan politique,
15:54 bon, c'est important, mais par exemple,
15:56 si le patron du FIARO intervient dans le FIARO
15:59 pour que le FIARO soit de droite,
16:01 c'est pas très grave, vu qu'il est déjà de droite.
16:04 Ou si le patron de L'Obs dit "il faudrait que vous soyez à gauche",
16:07 comme il est déjà de gauche, c'est pas grave.
16:09 C'est quand on change brutalement la ligne d'un journal existant
16:12 que ça peut poser problème, ce qui était le cas du journal du dimanche.
16:15 Là, il y a un problème.
16:16 Ça aurait été le même problème dans l'autre sens.
16:18 Si ça avait été un mélenchoniste qui avait pris le contrôle
16:20 et qui avait dit au JDD "bon, maintenant vous faites la propagande de la France insoumise",
16:23 ça aurait été exactement le même problème.
16:25 Sauf qu'évidemment, les gens de gauche sont souvent
16:28 en moins d'argent que les gens de droite.
16:30 C'est plutôt la droite qui fait ça.
16:32 Mais ça pose d'autres problèmes.
16:35 C'est que le propriétaire, lui, il a besoin de ne pas perdre d'argent,
16:40 en tout cas, si possible, d'en gagner.
16:42 Il va avoir tendance, dans certains journaux, ça existe déjà,
16:45 à demander aux journalistes de ménager les annonceurs.
16:50 Donc vous allez avoir des articles, je crois, sur Coca-Cola, par exemple,
16:54 le propriétaire va dire "arrêtez de critiquer Coca-Cola,
16:58 ils nous donnent 10 millions d'euros de...
17:01 - Mais c'est Libération qui avait eu un grand annonceur dans le secteur du luxe, il me semble,
17:05 qui avait retiré ses...
17:07 - Oui, après c'était un peu particulier,
17:09 puis Bernard Arnault avait été insulté carrément.
17:12 C'était un peu dur.
17:13 - Donc c'était Bernard Arnault, c'est ça, qui avait retiré les pubs de LVMH ?
17:17 - Oui, parce qu'il voulait mettre de l'argent en Belgique, je crois.
17:20 Libération avait titré "Casse-toi, riche con".
17:24 Bon, c'est drôle.
17:26 Moi, j'étais pas là.
17:27 Entre nous, si j'avais eu la vue, j'aurais dit "elle est drôle, mais on la publiera plus tard".
17:31 Mais parce que, évidemment, c'était insultant.
17:33 Et d'ailleurs, il y avait beaucoup de lecteurs de Libé à l'époque qui avaient protesté.
17:36 On disait "vous pouvez pas insulter les gens comme ça, c'est pas possible".
17:38 Et effectivement, il a retiré toutes ses publicités pendant je sais pas combien d'années.
17:42 - Ouais, ça a été long.
17:44 - Ça veut dire aussi que les annonceurs ont un levier.
17:46 - Oui, bien sûr.
17:47 - Donc il faut qu'il y ait une charte dans ce cas-là.
17:49 Il faut qu'il y ait une charte qui précise que les journalistes n'ont pas à se conformer aux instructions de quiconque
17:55 pour ménager tel ou tel annonceur.
17:58 Ils n'ont pas non plus à attaquer gratuitement les annonceurs.
18:01 Et dans beaucoup de journaux, vous savez très bien que c'est pas le cas.
18:05 J'en connais, hein.
18:07 Je dis pas chez vous, hein.
18:09 Mais on dit "faites gaffe avec Carbus, c'est une compagnie importante,
18:17 on va pas dire qu'ils ont mal géré cette affaire".
18:20 Et alors le journaliste est emmerdé, parce que lui il a des infos,
18:25 et puis les patrons disent "oui, mais si vous les publiez, on va perdre de l'argent".
18:29 C'est avec ça qu'on vous paye.
18:31 Donc faites gaffe.
18:32 - Le problème économique, il est quand même premier, d'où la concentration, d'où le poids aussi.
18:37 - Oui, le problème c'est le modèle économique.
18:39 - Des milliardaires, est-ce que...
18:40 - Ça dépend, des journaux, papier, l'audiovisuel, souvent les gens gagnent de l'argent quand même.
18:46 Pas toujours, mais en principe on peut gagner de l'argent sur l'audiovisuel.
18:51 - Mais sur la presse papier, les déficitaires...
18:53 - La presse papier a subi un séisme qui s'appelle Internet.
18:56 Elle avait déjà des handicaps divers et variés, qui étaient en partie de sa faute d'ailleurs.
19:01 Et le changement de comportement de tout lecteur maintenant, c'est d'aller sur Internet.
19:07 Sur Internet, le tarif de publicité est lamentable, et c'est très difficile de faire payer les lecteurs.
19:15 Parce que la gratuité s'est instaurée comme une sorte de norme.
19:21 Il y a des journaux maintenant qui arrivent à avoir des abonnés.
19:23 C'est beaucoup plus difficile que d'avoir de la recette en kiosque.
19:27 Et comme il y a moins de kiosques et que la presse écrite va mal, c'est quand même sur Internet que ça se passe.
19:32 Mais le modèle économique sur Internet n'existe pas encore.
19:35 Sauf pour Le Monde ou pour des très grands journaux.
19:37 - Mediapart qui a été un pur player, comme on les appelle.
19:39 - Mediapart a été une réussite remarquable parce qu'ils ont réussi sur Internet à gagner de l'argent.
19:44 - Voilà, ça a été les premiers, mais c'est vrai que ça reste compliqué.
19:47 - Mais c'est pour ça qu'il y a une bataille vis-à-vis de Google et des plateformes
19:52 qui utilisent le contenu des journaux pour attirer des internautes et qui le font gratuitement.
20:00 C'est pour ça qu'il y a une directive européenne qui oblige maintenant les plateformes à rémunérer
20:06 les auteurs et les producteurs des articles qu'ils utilisent pour remplir leur site.
20:14 - L'Europe qui s'intéresse de près aussi aux plateformes avec le DSA et notamment la plateforme X,
20:20 anciennement Twitter, qui a été arrachée par Google.
20:22 - Là aussi, je ne vais pas être d'accord avec l'atmosphère ambiante,
20:26 la situation d'Internet est scandaleuse.
20:30 C'est-à-dire que, par exemple, vous avez eu une campagne Internet,
20:35 diffusée par des réseaux, par exemple ICX ou Facebook,
20:40 pour dénoncer le professeur Samuel Paty, lequel a été ensuite décapité.
20:46 Personne n'a jamais dit que ce n'était pas normal de diffuser ces messages de haine.
20:50 Personne n'a rien dit.
20:52 On a dit ici qu'on allait rechercher les auteurs des messages,
20:55 mais le diffuseur n'est pas responsable de la diffusion de ces messages ?
20:59 Vous imaginez que vous, sur Sud Radio, vous donnez la parole à un excité intégriste
21:04 qui dit "Tel professeur, c'est scandaleux, il a blasphémé contre le Coran,
21:10 il manipule nos enfants, etc." Vous le laissez parler ?
21:14 Non, sérieusement ?
21:16 Non, bien sûr que non, mais c'est le problème du contrôle.
21:19 Ça, ce n'est pas de la censure, c'est les bases de la loi sur la presse.
21:24 L'expression est libre, sauf à répondre de l'abus de cette liberté,
21:28 définie par la loi.
21:30 Il y a diffamation, appel à la haine, aux meurtres, au racisme,
21:34 il y a 4-5 chapitres, il n'y a rien d'autre, tout le reste est libre.
21:39 Ça, c'est interdit. Sur Internet, non. Sur Internet, ça passe.
21:44 C'est compliqué.
21:46 On leur dit "il faudrait que vous le retiriez".
21:48 C'est bien comme truc, c'est déjà diffusé à 12 millions d'exemplaires,
21:52 mais il faudrait que vous le retiriez.
21:54 Donc ça veut dire que M. Musk, le propriétaire de Google,
22:00 le propriétaire de toutes ces plateformes, il laisse passer des messages hallucinants,
22:05 et on leur dit "bon, si ça passe, faites un effort pour l'enlever".
22:10 Alors ça fout du monde avec ça.
22:12 C'est pareil pour le porno.
22:14 Imaginez qu'à la télévision, on diffuse des films porno à tir l'arrigo,
22:21 vous laisseriez vos enfants devant la télé ?
22:24 Non, sauf que vous les laissez devant leur écran.
22:27 Sur les écrans, c'est un accès libre.
22:29 Vous trouvez ça normal, vous ?
22:31 Moi non, je trouve que Internet est totalement dérégulé,
22:33 et que c'est pas normal.
22:35 Mais est-ce que c'est, encore une fois, la question de la régulation se pose, certes,
22:38 alors elle part du principe, il y a la loi,
22:40 mais après l'application de la loi qui devient très compliquée.
22:42 Je pense qu'on nous bourre le mou sur cette question.
22:45 Quand je vais sur Internet, il m'arrive de...
22:48 J'ai un voilier, je me renseigne sur les voiles de voilier,
22:52 pour changer mes voiles, ou acheter des pare-battages, je ne sais quoi.
22:56 Trois secondes après, j'ai quatre pubs qui viennent sur Castilleur, machin,
23:01 on vend du matériel, etc.
23:04 S'ils arrivent à faire ça, c'est fascinant, regardez,
23:07 ça dure trois secondes,
23:09 s'ils arrivent à faire ça, ils n'arrivent pas à enlever les messages
23:13 où il y a marqué "on va tuer machin" ou "vive le nazisme"
23:16 ou "les juifs", ils n'arrivent pas à détecter ça ?
23:19 Alors si, il y a déjà des algorithmes, avec des mots-clés, etc.,
23:23 une censure a priori, mais malheureusement,
23:25 elle est compliquée à mettre en place, on va en parler dans un instant.
23:29 - Oui, on va... - Non, c'est pas compliqué, ça coûte cher.
23:32 - Ça coûte cher ? - Oui, c'est pas pareil.
23:34 Ça coûte cher, donc ça va écorner un peu leurs immenses profits.
23:37 - Ah, quels scandales ! - C'est vrai.
23:40 On se retrouve dans un instant pour continuer de parler de l'état de la liberté de la presse,
23:44 et censure ou pas, à tout de suite.
23:46 Pour réagir 0826 300 300 sur Sud Radio, vous n'inquiétez pas,
23:49 vous ne serez pas censurés sur Sud Radio à tout de suite.
23:52 Toutes vos questions à Laurent Geoffrin dans un instant.
23:54 Sud Radio, dans tous ses états.
23:58 Alexis Poulin.
24:00 Sud Radio, dans tous ses états.
24:02 Alexis Poulin.
24:04 Et on se retrouve avec notre invité, Laurent Geoffrin,
24:07 pour parler de la presse, du contrôle aussi,
24:11 et de la protection des uns et des autres en ligne ou dans le monde réel.
24:15 Vous êtes plutôt d'avis de dire qu'il n'y a pas de censure en ce moment,
24:20 ou qu'il n'y a pas vraiment de danger en France, et que...
24:23 - Je vais vous dire une énormité. - Oui.
24:25 En France, la presse est libre.
24:27 D'accord.
24:29 - Globalement. - Globalement libre.
24:31 - Bien sûr. - Mais quand vous avez...
24:33 N'importe qui peut faire un journal.
24:35 Surtout avec Internet. Je sais, je viens d'en faire un.
24:37 Je n'ai rien demandé à personne.
24:39 Il n'y a pas besoin de demander une autorisation à quiconque.
24:41 Vous faites le jeu de journal, et puis il est diffusé, et basta.
24:43 Evidemment, si vous mettez dedans des choses illégales, c'est autre chose.
24:45 Mais enfin, ce n'était pas mon idée.
24:46 Tant que vous respectez la loi...
24:48 Bien sûr, et la loi est très libérale.
24:50 La loi, c'est la loi sur la presse.
24:52 C'est libre, sauf exception.
24:54 Il y a cinq exceptions.
24:56 Il n'y en a pas 42, il y en a cinq.
24:58 Et qui sont assez logiques. Il n'y a pas de diffamation,
25:00 pas d'appel à la haine, aux meurtres, etc.
25:02 Il n'y a pas de racisme,
25:04 ou d'attaquer les gens pour leur religion,
25:06 des choses comme ça. C'est tout.
25:08 C'est tout.
25:10 Tout le reste est absolument libre.
25:12 N'importe qui peut faire un journal, un site Internet,
25:14 et même une radio.
25:16 Évidemment, il faut avoir un peu d'argent.
25:18 Il peut y avoir une censure par l'argent, mais c'est autre chose.
25:20 Mais bon, si vous représentez un courant d'opinion,
25:22 en général, vous y arrivez,
25:24 vous avez des sympathisants,
25:26 des partisans. Donc ça, c'est libre.
25:28 J'ai pas entendu de ministre qui a interdit telle ou telle émission.
25:34 Ça existait dans le temps, dans le temps du gaullisme,
25:36 il n'y avait qu'une seule chaîne.
25:38 Il y avait un ministre de l'information,
25:40 mais il n'y a plus. Il n'existe plus.
25:42 - On avait à l'antenne, à l'instant, Frédéric Aiguille,
25:44 qui est journaliste indépendant, qui avait posé une question
25:46 à la porte-parole, presque à Thénault, lors d'un point presse,
25:48 sur Nord Stream, et qui, hier,
25:50 a voulu revenir au point presse,
25:52 mais qui n'a pas été autorisé. - Ah ben, c'est pas normal.
25:54 Non, mais je dis pas que tout va bien. C'est autre chose.
25:56 C'est une question de proportion.
25:58 Quand je dis "la presse est libre", on me dit "ah ben, vous êtes un bisounours,
26:02 vous le voyez pas". Non, pas du tout.
26:04 Je sais bien qu'il y a des problèmes.
26:06 Globalement, on dit ce qu'on veut.
26:08 - Il y a l'autocensure aussi, parce que, par exemple,
26:10 le Parisien qui avait reporté des propos de Gabriel Attal,
26:12 très critiques vis-à-vis de l'action
26:14 d'Emmanuel Macron depuis sept ans,
26:16 qui a été expurgé
26:18 dans sa version papier, le lendemain matin.
26:20 Ça, c'était la semaine dernière.
26:22 - J'ai pas suivi ça en détail.
26:24 - Il y a de l'autocensure aussi.
26:26 - Il faut s'indigner à chaque fois qu'il y a ce genre de choses.
26:28 Je suis d'accord. C'est jamais acquis.
26:30 Il faut se battre.
26:32 Enfin, faisons un bilan, quand même, global.
26:34 Quelle est l'information importante ?
26:36 C'est une question que je pose souvent aux gens.
26:38 Dites-moi une information très importante
26:40 qui a été cachée par le système.
26:42 Cachée. Volontairement.
26:44 Il y aurait cette autre chose que les gens n'ont pas vue.
26:46 Cachée. Volontairement.
26:48 Un truc important. Donnez-moi un exemple.
26:50 Les gens n'en trouvent pas.
26:52 Ils ont un seul exemple.
26:54 C'est Mazarine.
26:56 - Oui. C'était notre époque.
26:58 - Le président avait une fille naturelle et vous n'avez rien dit.
27:00 À chaque fois, je réponds "oui, d'accord".
27:02 Mais à l'époque, on n'entrait pas trop
27:04 dans la vie privée des hommes politiques, dont effectivement
27:06 on savait des choses qu'on n'a pas dites.
27:08 Là, c'est vrai, il y avait l'autocensure.
27:10 C'est un cas très étroit.
27:12 Qu'est-ce qui est important qui n'a pas été dit ?
27:14 Dites-moi.
27:16 - C'est un cas caché par le système médiatique.
27:18 - Prenons le cas de la crise Covid.
27:22 Là, on a eu quand même une censure de facto.
27:26 Parce qu'il y avait campagne de vaccination.
27:28 Il ne fallait pas faire remonter trop
27:30 les effets indésirables qui existaient.
27:32 - Moi, je les ai trouvés tout de suite sur Internet.
27:34 - Mais c'était sur Internet.
27:36 - Il y avait beaucoup débattu.
27:38 J'étais assez nus.
27:40 Je vous assure que les cas...
27:42 Comment vous dites ?
27:44 - Les effets secondaires.
27:46 - Les effets secondaires, il y en avait tous les jours.
27:48 Parce que c'est un système.
27:50 On peut dire que telle télé n'en a pas parlé.
27:52 Mais celle d'en face en a parlé.
27:54 Le résultat est le même.
27:56 Le débat sur le vaccin,
27:58 on ne peut pas dire qu'il n'y ait pas eu lieu.
28:00 - Alors, pas vraiment.
28:02 Il a eu lieu de manière très limitée à la marge.
28:04 - J'ai passé des heures et des heures
28:06 à débattre des vaccins.
28:08 - Sur CNews.
28:10 - J'en entendais aussi sur d'autres chaînes.
28:12 - Alors évidemment, si vous dites
28:14 que les vaccins ne marchent pas...
28:16 - Il faut le prouver.
28:18 - Il faut le prouver.
28:20 Et comme ce n'est pas prouvé,
28:22 c'est une responsabilité grave.
28:24 Si vous dites aux gens
28:26 "Vous ne vaccinez pas les qui meurent",
28:28 vous êtes responsable.
28:30 Donc c'est emmerdant.
28:32 En plus, il y a aussi les faits.
28:34 Les faits existent.
28:36 Ce n'est pas seulement une question d'opinion.
28:38 Les vaccins n'étaient pas dangereux.
28:40 Il y avait des cas
28:42 de faits secondaires,
28:44 il y avait des cas de gens qui mourraient, etc.
28:46 Mais toutes les études qu'on a vues
28:48 sérieuses
28:50 ont montré que c'était rarissime.
28:52 Que ce n'était pas plus que pour les autres vaccins.
28:54 Il fallait interdire les autres vaccins.
28:56 Il y a aussi des effets indésirables
28:58 dans les autres vaccins.
29:00 Or, là, les faits montraient
29:02 que c'était marginal.
29:04 Les études qui ont été faites depuis
29:06 par toutes sortes d'organismes ont montré que les vaccins
29:08 étaient utiles. Ils ont sauvé beaucoup de gens.
29:10 Donc, dire qu'on va faire un débat
29:12 pour ou contre le vaccin,
29:14 c'est pas très responsable.
29:16 Il faut dire
29:18 est-ce qu'il est vrai qu'il y a beaucoup
29:20 d'effets secondaires ? A quel degré ? Quels sont les chiffres ?
29:22 Je pense que oui, c'était important
29:24 et ce n'était pas forcément ce qu'ils ont fait en premier.
29:26 Tenez la parole à égalité entre les anti-vax et les pro-vax.
29:28 Pas sérieux.
29:30 Pas forcément
29:32 sur le vaccin en général, mais sur la crise
29:34 Covid, il y a quand même eu beaucoup de censures
29:36 de la part des plateformes, notamment,
29:38 qui l'ont avoué d'ailleurs.
29:40 - Alors ça, je ne me souviens plus de...
29:42 Parce que, franchement,
29:44 comment il s'appelle ?
29:46 L'Alan, on l'a vu à la télé ?
29:48 On l'a entendu à la radio ?
29:50 Dire des conneries ? Enfin,
29:52 on ne l'a pas censuré. On l'a contredit.
29:54 On a beaucoup de conneries.
29:56 Mais il n'a pas été censuré.
29:58 Le docteur Raoult,
30:00 il n'a pas été censuré.
30:02 - Il était aussi à des interviews, bien sûr.
30:04 - On n'a parlé que de lui.
30:06 - Il a été attaqué ensuite.
30:08 - Il a été attaqué parce qu'il disait des bêtises.
30:10 Parce qu'il faisait des essais qui n'avaient pas
30:12 de pertinence scientifique. Ce qui a été prouvé
30:14 après.
30:16 On ne peut pas mettre tout sur...
30:18 Vous ne pouvez pas dire, bon, il y a ceux qui pensent que la
30:20 Terre est ronde et ceux qui pensent que la Terre est plate.
30:22 L'équité veut qu'on leur donne la parole à l'égalité.
30:24 D'accord. C'est pas sérieux, ça.
30:26 - Non, mais là, c'est...
30:28 - Je prends un exemple politique.
30:30 Entre ceux...
30:32 J'entendais Michel Onfray hier,
30:34 sur quelle chaîne, qui dit
30:36 "on participe à la guerre
30:38 contre la Russie".
30:40 Alors, on participe...
30:42 C'est quand même la Russie qui a attaqué.
30:44 Ah non, c'est les deux parties.
30:46 C'est l'Europe qui a attaqué.
30:48 C'est faux.
30:50 L'Europe n'a pas attaqué la Russie.
30:52 Il n'y a pas de chars européens
30:54 qui franchissent la frontière russe pour aller...
30:56 Il y a des chars russes qui ont franchi la frontière
30:58 ukrainienne pour aller dégommer le gouvernement
31:00 de Kiev. Oui.
31:02 Pas le contraire. Donc, les mettre sur le même plan
31:04 de ce point de vue de l'agression,
31:06 c'est un mensonge.
31:08 On peut dire "oui, mais non,
31:10 la Russie n'a pas tout à fait tort,
31:12 les provocations de l'OTAN ont joué un rôle,
31:14 la Russie a un intérêt
31:16 historique en Ukraine,
31:18 donc, le président du Maidan, etc.
31:20 Mais il faut pouvoir répondre aussi
31:22 que...
31:24 Maidan, par exemple,
31:26 c'était une insurrection populaire.
31:28 C'était pas une agression
31:30 perpétrée par l'Union européenne.
31:32 C'est pas vrai. C'est parce qu'il y a une grande partie
31:34 d'opinions ukrainiennes qui voulaient se rapprocher de l'Europe.
31:36 Ce que les Russes ne voulaient pas,
31:38 ce que les pro-russes en Ukraine ne voulaient pas.
31:40 Voilà. Ça, c'est la vérité.
31:42 Donc, il y a quand même une éthique
31:44 du débat. Il y a quand même des faits.
31:46 Il y a quand même des faits. Si vous faites un débat
31:48 en disant "les faits n'ont pas d'importance, ce qui compte,
31:50 c'est les opinions",
31:52 c'est une régression.
31:54 On revient au Moyen-Âge,
31:56 c'est foi contre foi,
31:58 c'est les guerres de religion, etc. - C'est aussi le principe du journalisme
32:00 de s'appuyer sur des faits. - Oui.
32:02 Ces faits doivent être vérifiés. Parfois, ils sont
32:04 incertains et on ne peut pas
32:06 se fonder là-dessus de manière
32:08 religieuse, en quelque sorte.
32:10 Il faut toujours être critique
32:12 vis-à-vis de ce qu'on vous raconte
32:14 et des faits qu'on rapporte.
32:16 Mais enfin, ils existent quand même, à la fin des fins.
32:18 Et à la fin des fins, s'il ne peut s'agissant
32:20 du Covid, les vaccins,
32:22 ça marche. Voilà.
32:24 Il faut le prouver, ça a marché.
32:26 - Alors, on ne va pas revenir sur le Covid,
32:28 je voulais parler de Julien Assange,
32:30 le cas de Julien Assange,
32:32 qui, avec Wikileaks,
32:34 avait révélé de nombreuses informations,
32:36 utilisées par de nombreux médias à l'époque,
32:38 et qui se retrouve en prison à Londres
32:40 avec une possibilité d'extradition vers les Etats-Unis
32:42 qui veulent l'enfermer pour
32:44 potentiellement 175 ans.
32:46 Pour vous, est-ce que c'est normal que Julien Assange soit en prison
32:48 ou est-ce que c'est une injustice et c'est honteux ?
32:50 - Alors, ça s'explique, mais c'est pas normal.
32:52 Déjà, c'est pas justifié.
32:54 Je trouve que c'est pas justifié.
32:56 Je sais bien, il a probablement
32:58 enfreint certaines lois.
33:00 C'est là où c'est plus compliqué que ça n'en a l'air.
33:02 Parce qu'on dit "c'est Navalny", non, c'est pas exactement ça.
33:04 C'est que les ministères
33:06 de la Défense n'aiment pas qu'on divulgue leurs secrets.
33:08 - Ah oui. - C'est sûr.
33:10 C'est pareil en France.
33:12 Et donc, si vous divulguez
33:14 des informations qui sont placées
33:16 sous le seau des secrets défense,
33:18 vous risquez d'avoir des ennuis avec la justice.
33:20 - Alors,
33:22 vous pouvez vous défendre de deux manières en disant
33:24 "oui, mais c'est injustement mis
33:26 sous la rubrique secret défense, ça devrait pas l'être".
33:28 Parce que ça intéresse le citoyen,
33:30 après tout, c'est lui qui paye la défense
33:32 et qui paye les conséquences des guerres qu'on peut faire.
33:34 Donc, il a le droit de savoir ce qui se passe,
33:36 y compris dans le ministère de la Défense.
33:38 Lequel répond "oui, mais d'accord, si tout est balancé
33:40 sur la place publique, on a quand même
33:42 des ennemis, ils vont s'en servir contre nous
33:44 et contre tout le monde".
33:46 Donc, là, évidemment, il y a un
33:48 équilibre à trouver entre ce qui est la protection
33:50 de la défense nationale et ce qui est
33:52 l'information légitime du citoyen.
33:54 Je trouve que ce qu'a sorti Assange
33:56 sur les exactions
33:58 américaines en Irak était justifié.
34:00 C'est comme les "Pentagon Papers"
34:02 dans le temps, historiquement, au Vietnam.
34:04 C'était assez justifié
34:06 parce que l'engagement au Vietnam
34:08 était contesté dans l'opinion américaine.
34:10 De même que la guerre d'Irak a été contestée,
34:12 enfin la deuxième en tout cas a été contestée,
34:14 très fortement, y compris dans l'opinion américaine.
34:16 Et quand Assange vient en disant "Voilà, ils ont fait des choses pas bien en plus en Irak",
34:18 ça participe de l'information du public.
34:20 Donc, le gouvernement américain,
34:22 s'il était vraiment libéral
34:24 et un peu plus indulgent,
34:26 a dit "Bon, d'accord,
34:28 on va s'expliquer
34:30 sur ce qu'on nous accuse d'avoir fait en Irak,
34:32 mais tant pis pour Assange".
34:34 En même temps, si j'étais général
34:36 chargé de la défense nationale,
34:38 je dirais "Je ne veux pas que ce qui est
34:40 les informations internes à l'armée
34:42 et au ministère de la Défense
34:44 sortent dans la presse
34:46 parce qu'on ne va plus pouvoir travailler comme ça".
34:48 - Oui, c'était un problème.
34:50 - Ces deux logiques se discutent. Mais là, il y a un tel acharnement
34:52 avec 150 ans de prison, etc.
34:54 C'est quand même terrible.
34:56 - C'est disproportionné.
34:58 - Assange, bon, c'est pas un criminel.
35:00 En plus, les accusations
35:02 en question
35:04 étaient réelles. Ce qu'il disait était vrai.
35:06 Il n'a pas menti. - Non, non.
35:08 - Il a informé le public.
35:10 Les 150 ans en prison parce qu'on a informé le public,
35:12 c'est un fouin de café, quand même. - Oui, le message est plutôt
35:14 terrible. On va se retrouver dans un instant
35:16 et vous allez pouvoir poser vos questions
35:18 à Laurent Geoffrin.
35:20 N'hésitez pas à appeler
35:22 le standard 0 826
35:24 300 300. Et on se retrouve
35:26 tout de suite sur Sud Radio.
35:28 - Sud Radio,
35:30 dans tous ses états.
35:32 Alexis Poulin.
35:34 Sud Radio,
35:36 dans tous ses états.
35:38 Alexis Poulin.
35:40 13h47 sur Sud Radio.
35:42 Nous sommes toujours avec Laurent Geoffrin qui est avec nous jusqu'à
35:44 14h et on a Bruno qui nous appelle depuis
35:46 Paris. Bonjour Bruno.
35:48 - Bonjour. - Bonjour, écoutez, moi je
35:50 voulais vous dire que j'appréciais vraiment
35:52 Sud Radio, sans vouloir vous flatter, parce que
35:54 vous êtes capable, vous êtes les seuls quasiment
35:56 qui êtes capables d'inviter
35:58 des personnalités
36:00 qui ont des points de vue différents sur l'actualité.
36:02 Et j'apprécie par exemple
36:04 Laurent Geoffrin parce qu'il a ses idées
36:06 mais il les exprime de façon
36:08 fondérée, c'est pas un commissaire politique,
36:10 c'est un journaliste. Et c'est pour ça
36:12 aussi que je regarde CNews,
36:14 notamment l'émission "L'heure des pros 2"
36:16 parce que j'apprécie Pascal
36:18 Prost, il a du talent, il
36:20 s'adresse à ses auditeurs,
36:22 on a l'impression qu'il vous parle. Alors
36:24 ensuite je suis pas forcément d'accord avec
36:26 avec je dirais la ligne éditoriale
36:28 mais encore une fois,
36:30 ce que j'apprécie chez CNews et
36:32 j'apprécie notamment quand Laurent Geoffrin
36:34 était sur le plateau ou quand
36:36 Philippe Devilliers d'Artigolles qui est de gauche
36:38 s'exprime ou Julien Drey.
36:40 Alors je dirais que c'est la limite en même
36:42 temps d'exercice puisque Julien Drey
36:44 et Laurent Geoffrin sont plus
36:46 sur le plateau de CNews et c'est vrai
36:48 que quand le week-end c'est
36:50 la libre parole de Philippe Devilliers
36:52 du samedi au dimanche, interviewé
36:54 par un journaliste qui véritablement
36:56 est en pamoison devant Philippe Devilliers
36:58 mais j'ai envie de vous dire, ça me plaît pas
37:00 et bah je change de chambre.
37:02 Et je vais ailleurs. Donc
37:04 c'est vrai que ce débat lancé
37:06 par un reporter
37:08 sans frontières contre
37:10 CNews et uniquement contre CNews
37:12 alors qu'objectivement quand vous regardez
37:14 LCI, bon bah LCI c'est la chaîne
37:16 pro-ukrainienne. Tous les invités
37:18 sont systématiquement anti-russes.
37:20 Bon, bah ça vous plaît pas, vous changez
37:22 de chaîne. Donc c'est vrai que
37:24 moi j'aime CNews
37:26 en tout cas j'aimais beaucoup CNews
37:28 quand il y avait Laurent Geoffrin, quand il y avait
37:30 Julien Drey parce que c'est une parole
37:32 socialiste traditionnelle. Il était
37:34 face à G. William Goldmedel
37:36 et ce que j'apprécie
37:38 à CNews et chez Sud Radio
37:40 notamment, notamment sur le
37:42 conflit en Ukraine, et là je fais un peu un désaccord
37:44 avec Laurent Geoffrin, c'est que vous êtes
37:46 capables d'avoir des invités qui ne
37:48 sont pas sans arrêt dans la même
37:50 parole anti-russes et pro-ukrainienne
37:52 parce que ce sera mon seul point
37:54 de désaccord. Oui, les chars russes
37:56 sont entrés en Ukraine mais on peut pas
37:58 oublier que pendant 10 ans, c'est l'artillerie
38:00 ukrainienne qui a bombardé les populations
38:02 civiles du Donbass. Et ça on peut
38:04 pas le nier et malheureusement,
38:06 il y a une sorte de silence médiatique
38:08 sur les agissements, notamment
38:10 des bataillons d'extrême droite ukrainien
38:12 contre la population russophone
38:14 que vous, vous êtes capable d'évoquer
38:16 un jour avec une personnalité
38:18 qui est plutôt en accord
38:20 avec ce que je viens de dire, et le
38:22 lendemain avec une personnalité qui est plutôt en accord
38:24 avec ce que vient de dire Laurent Geoffrin.
38:26 Nous on respecte, on respecterait
38:28 si on était une chaîne télé
38:30 la charte.
38:32 Moi j'ai 60 ans,
38:34 j'ai grandi à une époque où on pouvait lire
38:36 Libération, où on pouvait lire l'Aurore,
38:38 vous aviez deux points de vue opposés
38:40 et c'était comme ça. Et bah aujourd'hui
38:42 si on aime pas ces news,
38:44 on va regarder, encore une fois,
38:46 LCI ou BFM TV.
38:48 C'est aussi simple que ça.
38:50 Merci Bruno, donc plutôt qu'une question
38:52 à rapport à l'information
38:54 des français...
38:56 Il a raison.
38:58 Bruno, il a raison.
39:00 Le système
39:02 global est pluraliste
39:04 quand même. C'est ce que j'ai dit au début.
39:06 Est-ce qu'on est... Oui on est libre.
39:08 La preuve c'est qu'on peut changer de journal,
39:10 changer de chaîne. Alors c'est moins net
39:12 dans la télé parce que la télé ça demande
39:14 des gros investissements, il y a moins de chaînes.
39:16 Je parle de télé
39:18 diffusée par TNT ou par
39:20 moyen RT1.
39:22 C'est moins net, comme il y a moins de chaînes,
39:24 c'est vrai qu'on a...
39:26 L'État a demandé
39:28 aux chaînes de ne pas être
39:30 trop militantes, trop
39:32 de parti-pris, même s'il y a des couleurs
39:34 politiques discrètes mais
39:36 qui existent quand même.
39:38 Mais on leur demande
39:40 de la parole à tout le monde
39:42 et de ne pas faire des journaux
39:44 télévisés, complètement biaisés, etc.
39:46 C'est un peu logique de faire ça parce que
39:48 imaginons que l'État n'ait pas fait ça,
39:50 on se retrouve avec
39:52 la première chaîne
39:54 pour Ciotti, la deuxième chaîne
39:56 elle est pour Mélenchon
39:58 et la troisième chaîne elle est pour
40:00 Bruxelles. Avec un paysage
40:02 médiatique. En plus c'est des
40:04 chaînes qui deviennent militantes, un peu
40:06 emmerdantes, etc. C'est pas ça qu'on
40:08 attend d'un système de télévision.
40:10 La télévision c'est un média pour tout le monde.
40:12 Il n'y a pas énormément de chaînes,
40:14 il y en a beaucoup maintenant,
40:16 mais des chaînes d'info il n'y en a pas tant que ça,
40:18 il y en a une dizaine.
40:20 Si on les politise
40:22 à mort, en plus il y a un défaut
40:24 qu'on retrouve sur
40:26 internet d'ailleurs. Quand vous avez des médias très
40:28 politisés, chacun est dans son
40:30 coin.
40:32 C'est-à-dire, les gens qui sont
40:34 d'extrême droite, ils ne regardent que des chaînes
40:36 d'extrême droite, ils lisent des journaux
40:38 d'extrême droite, ils parlent avec des gens d'extrême droite,
40:40 il n'y a plus de débat.
40:42 Et ceux qui sont
40:44 intégristes musulmans, ils ne regardent que des trucs
40:46 complètement loufs,
40:48 de prédicateurs
40:50 dingos, etc.
40:52 Et ça enferme les gens dans une espèce de
40:54 vision un peu sexuelle. - Ce qu'on appelle les bulles de filtre
40:56 en fait, sur les réseaux sociaux, où chacun
40:58 reste dans sa bulle, dans son couloir de neige.
41:00 - Ça fait une société complètement éclatée où les gens ne se parlent plus.
41:02 C'est dangereux à terme.
41:04 Donc c'est pas mal que sur certaines chaînes, on les oblige
41:06 à donner la parole à tout le monde. - C'est ce qu'on fait ici
41:08 sur Sud Radio d'ailleurs. - Une espèce de forum comme ça.
41:10 - Comme l'a rappelé Bruno. - Merci Bruno.
41:12 On a Claude qui nous appelle depuis Perpignan.
41:14 Bonjour Claude. - Bonjour Théodore.
41:16 - Bonjour Alexis Poulin, bonjour Laurent Gauvrin.
41:18 - Bonjour. - Oui, moi je
41:20 voudrais reprendre une
41:22 boutade qui disait, je sais plus
41:24 quoi, enfin ils vous feront email train, mais
41:26 là je me demande si le service public
41:28 de l'audiovisuel n'est pas en train de nous faire
41:30 aimer CNews. Parce
41:32 qu'en fait, moi ce que je
41:34 constate simplement,
41:36 c'est qu'en gros, hein, le service
41:38 public, il est systématiquement
41:40 d'une gauche
41:42 plutôt anticléricale, alors évidemment
41:44 c'est vrai qu'il est plutôt de droite et qu'à tôt ça
41:46 fait problème.
41:48 Et quand RSF finalement
41:50 attaque uniquement
41:52 CNews, je veux dire que
41:54 les CNews
41:56 n'est pas uniquement un média
41:58 d'opinion, ils évoquent des
42:00 faits et ils les analysent, mais simplement
42:02 ils évoquent des faits que les
42:04 Français aiment voir
42:06 expliquer parce qu'ils les ressentent au plus
42:08 près, souvent au plus près d'eux
42:10 et que sur les médias, disons
42:12 mainstream, c'est-à-dire service public
42:14 plus tous ceux qui copient le service public
42:16 je dirais, en fait, on
42:18 n'évoque pas. Alors moi,
42:20 par exemple, la diatribe
42:22 de Thomas Porte contre Sonia Mabrouk,
42:24 enfin je veux dire... - Thomas Legrand, Thomas Legrand,
42:26 on va l'écouter...
42:28 Attendez Claude, on va l'écouter parce que
42:30 peut-être tout le monde ne l'a pas entendu,
42:32 Thomas Legrand avait accusé Sonia Mabrouk
42:34 de n'être pas une journaliste et Sonia Mabrouk l'avait
42:36 répondu. On va écouter en extrait.
42:38 - Cette question de vrais journalistes
42:40 Thomas, je ne sais pas
42:42 si... voilà,
42:44 je vous pose la question pour aller au bout, mais
42:46 honnêtement, aujourd'hui, Sonia Mabrouk
42:48 elle vous entendrait
42:50 ou Laurence Ferrari,
42:52 elle dirait "donc moi je ne suis pas une vraie journaliste"
42:54 aux yeux de Thomas Legrand. - Sonia Mabrouk
42:56 passe son temps à inviter
42:58 des confrères, généralement,
43:00 de la boulosphère, qui n'ont pas fait
43:02 de reportage, elle passe son temps à
43:04 - Elle est intervieweuse le matin de Politique
43:06 - Vous l'aimez ? - D'Éric Raoult, de
43:08 son frère, qui explique... - Non, là, pour le coup,
43:10 pour le coup, elle me reçoit sous la casque.
43:12 - Est-ce qu'une seule chose justifie
43:14 qu'on caporalise CNews ?
43:16 - Alors, ça, c'était
43:18 ce que disait Thomas Legrand,
43:20 qui est à Libération actuellement, d'ailleurs,
43:22 de Sonia Mabrouk, sa consœur
43:24 de CNews. Donc il y a des vrais et des faux journalistes
43:26 pour certains. Vous êtes d'accord avec ça ?
43:28 - Non, je ne sais pas...
43:30 Je comprends ce que veut dire... - Merci de l'avoir repassé.
43:32 - Qu'est-ce qu'il se passe ? - Oui ?
43:34 - Oui, non, je dis "merci de l'avoir repassé",
43:36 mais je veux dire...
43:38 Laurent Geoffrin, toute la base de son explication
43:40 pour défendre "Reporters sans frontières",
43:42 c'est de dire "c'est un canal
43:44 qui a été donné à un média d'infos
43:46 et il se trouve que c'est devenu un média d'opinion".
43:48 Non, c'est un média
43:50 qui traite des infos,
43:52 qui met des infos que les autres ne traitent pas.
43:54 Et d'ailleurs, à qui on voudrait faire croire
43:56 que les faits qu'il donne ne sont
43:58 pas importants, parce que...
44:00 parce que la chaîne...
44:02 comment...
44:04 la télé...
44:06 référence qui avait été donnée,
44:08 qui m'échappe maintenant, mais c'est une des 4 chaînes
44:10 d'infos permanentes toutes les journées.
44:12 Moi, en gros, finalement,
44:14 l'idée de dire que "globalement tout
44:16 va bien", c'est un peu
44:18 comme quand Marchand disait que "globalement,
44:20 finalement, l'Union soviétique, c'est pas si mal".
44:22 - Oui, mais on n'est pas en Union soviétique, justement.
44:24 - Ça ne va pas du tout, Laurent Geoffrin.
44:26 - Mais on n'est pas en Union soviétique,
44:28 du tout ! C'est ça, le...
44:30 On met tout sur le même plan.
44:32 Il y a des...
44:34 comment dire...
44:36 il les entorse aux règles normales
44:38 de la liberté de la presse, bien sûr. Il y a des problèmes,
44:40 des difficultés, il y a des journaux qui font
44:42 trop de publicité, il y en a d'autres qui sont
44:44 soumis à tel ou tel parti, mais évidemment !
44:46 Mais globalement, sérieusement...
44:48 De toute façon, la démocratie, c'est toujours
44:50 imparfait. Donc, si on préfère
44:52 un système dictatorial,
44:54 il faut le dire, mais ce n'est pas votre cas, manifestement.
44:56 Il vaut mieux une démocratie
44:58 imparfaite qu'une dictature
45:00 imparfaite, vous serez d'accord avec moi là-dessus.
45:02 Donc, il y a toujours des problèmes, il y en a toujours eu.
45:04 Dans l'histoire de la presse, depuis
45:06 la gazette de Théophraste au Renaudot,
45:08 il y avait déjà des problèmes à l'époque.
45:10 D'intervention politique, de publicité,
45:12 c'était les mêmes. Donc, ça existera toujours, ça.
45:14 Mais globalement,
45:16 franchement, si on veut s'informer,
45:18 on peut, si on veut avoir une opinion d'extrême-gauche,
45:20 il y a plein de journaux qui sont comme ça,
45:22 et si on veut avoir une opinion d'extrême-droite, aussi...
45:24 - Quelques-uns, mais... - Quelques-uns...
45:26 L'Huma, quand même, vous avez d'autres journaux...
45:28 - C'est important ! - Et puis,
45:30 les gens d'extrême-gauche s'expriment,
45:32 notamment dans le service public,
45:34 à égalité avec les autres.
45:36 Donc, arrêtons de dire qu'on vit dans une
45:38 dictature subreptice, manipulée,
45:40 ça finit par confiner
45:42 au conspirationnisme.
45:44 Il y a des forces occultes
45:46 qui contrôlent l'esprit des gens.
45:48 Mais non, pas du tout, c'est pas vrai, ça. Les gens,
45:50 ils se déterminent tout seuls, et ils choisissent
45:52 les médias qui leur conviennent.
45:54 Et ils ont un choix énorme, surtout avec Internet.
45:56 Donc,
45:58 nous sommes en démocratie.
46:00 C'est un régime très mauvais,
46:02 mais les autres sont bien pires.
46:04 - Eh bien, merci beaucoup, Laurent Geoffrin,
46:06 d'avoir répondu à nos questions, et d'avoir fait
46:08 un tour d'horizon de la presse,
46:10 du PAF, aussi,
46:12 Paysage Audiovisuel Français.
46:14 Et puis, voilà,
46:16 faites votre choix, il y a suffisamment
46:18 de liberté
46:20 de la presse, au moins, pour
46:22 essayer de s'informer. Puis il y a les réseaux sociaux,
46:24 il y a Internet, il y a beaucoup de choses.
46:26 Et, évidemment, tout ne va pas très bien,
46:28 mais quand même, on peut se faire une idée,
46:30 particulièrement sur Sud Radio.
46:32 - Et bien, Laurent Geoffrin, pour vous lire dans le quotidien,
46:34 le journal.info.
46:36 Merci de nous avoir écoutés.
46:38 - Merci de m'avoir fait venir, au moins, on a le temps
46:40 de s'exprimer, c'est bien. - Alexis Poulin,
46:42 on vous retrouve demain ? - Eh bien, oui, tout à l'heure, sans réserve.
46:44 - On parlera des deux ans de la guerre
46:46 entre la Russie et l'Ukraine, on essaiera
46:48 de tirer le bilan, et puis on parlera d'agriculture aussi.
46:50 Tout de suite, c'est Brigitte Lhaïs, sur Sud Radio.
46:52 Sud Radio.
46:53 Parlons vrai.
46:55 Sud Radio.