Jeune ukrainienne, Olha subit la guerre dans son pays depuis plus d’un an. Elle raconte ce qu’elle vit depuis le premier jour où la Russie a envahi Kyiv, le 24 février 2022. On sait aujourd’hui les nombreuses pertes que connaît le pays mais Olha nous plonge dans le cauchemar de son quotidien, de son déménagement dans le métro, ses nuits à écouter des bombardements mais aussi son départ en France. Entre culpabilité et courage, elle cherche sa place dans cette guerre et garde espoir !
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VoyagesTranscription
00:00 J'ai décidé d'aller dans le métro.
00:02 C'est super étroit et en plus il faisait hyper froid là-bas.
00:06 Mais c'était beaucoup mieux que dans le sous-sol.
00:08 C'était le paradis pour moi parce que je n'entendais pas des bombardements, des fusillades, des explosions, donc rien du tout.
00:14 Je suis Ola et je suis ukrainienne.
00:16 J'habite à Kyiv, j'ai 24 ans.
00:18 Je travaille dans une NGO ukrainienne qui s'occupe des médias ukrainiens.
00:23 L'hiver dernier, je me souviens de la date, c'était le 21 février, c'était lundi.
00:29 Poutine a eu son allocution où il a dit que l'Ukraine, ce n'est pas un vrai pays,
00:36 que l'Ukraine a été créée par Lénine et tout ça, et donc que l'Ukraine appartient à la Russie.
00:42 C'était à ce moment-là que j'ai commencé à vraiment…
00:45 Il dit presque directement que la guerre commencerait bientôt.
00:49 J'ai appelé ma mère et j'ai pleuré, j'étais effrayée par tout ça.
00:53 Et juste la veille de la guerre, c'était mercredi,
00:55 je déménageais chez ma mère, mais j'étais déjà un peu plus calme parce que rien ne s'est passé.
01:01 C'est déjà deux jours après ce discours,
01:04 je pensais que c'était juste pour me faire peur et rien plus de ça.
01:08 Parce que j'étais sûre que juste le lendemain matin,
01:10 je retournerais pour prendre plus de mes affaires.
01:13 Je me suis endormie avec des pensées d'aller au sport, de faire quelque chose d'autre.
01:17 Donc c'était vraiment des pensées ordinaires.
01:19 Le 24 février, j'étais réveillée par un appel de mon ami
01:23 qui m'a dit que la guerre commençait, c'était 5 heures du matin, je crois.
01:28 Je me suis levée pour le dire à ma maman.
01:30 Elle était déjà réveillée, mais elle ne savait rien.
01:34 Elle était dans la cuisine, elle s'est préparée pour le travail.
01:36 Et donc on a commencé à penser à quoi faire,
01:40 si on doit quitter Kyiv ou non.
01:42 J'ai réussi à convaincre ma mère d'aller récupérer de la nourriture
01:48 parce que chez ma mère, il n'y avait pas de stockage de nourriture pour quelques jours.
01:51 Il y avait déjà beaucoup d'embouteillages et on a vu juste tous ces gens qui faisaient le kiosque
01:56 à côté des banques, des magasins, des pharmacies.
02:00 Donc il y avait vraiment beaucoup de gens dans les rues.
02:03 Donc les premières heures après l'invasion, il n'y avait pas de sirène, par exemple.
02:07 Il n'y avait pas beaucoup d'explosions autour, donc on ne faisait rien.
02:11 Mais après, je me souviens que peut-être c'était à midi ou peut-être déjà après-midi
02:15 qu'il y avait des premières sirènes qu'on entendait.
02:18 [Sirène]
02:25 Après ces sirènes, on a commencé à chercher l'abri où on pouvait s'abriter au cas où.
02:29 Il y a un sous-sol juste dans l'immeuble de ma mère.
02:32 Et ce n'est pas vraiment un abri normal, anti-bombe.
02:35 C'était vraiment juste un sous-sol ordinaire.
02:38 On est descendu et c'était vraiment assez difficile d'y être parce qu'il n'y a pas d'air.
02:44 C'est très petit, il y a beaucoup de poussière, beaucoup de sable.
02:48 Et donc on a apporté quelques chaises, un peu de plaides, un peu d'eau.
02:53 Les premiers trois jours de la guerre, on a passé vraiment la majorité de notre temps là-bas.
02:57 C'était vraiment très dur.
02:59 De la nuit du 25 au 26 février, c'était vraiment la nuit la plus terrible pour nous,
03:03 vraiment, parce qu'il y avait des fusillades juste au-dessus de notre immeuble.
03:07 [Bruits de fusillades]
03:14 Nos voisins des derniers étages, ils ont eu leur fenêtre brisée.
03:19 Ma mère, elle vit juste en face des casarnes, d'un objet militaire.
03:24 Et bien sûr que cet objet a été ciblé par les Russes.
03:27 Et aussi, c'est pas loin de l'usine importante qui a été touchée quelques fois par les Russes pendant l'année.
03:34 C'est pas un lieu très sécurisé et c'était pas peut-être le meilleur choix de ménager chez ma mère.
03:40 Dans cette section, il y avait dix personnes à peu près dans ce sol.
03:44 Mais il est vraiment trop petit.
03:46 Et donc dix personnes, c'est vraiment trop.
03:48 Il y avait deux enfants et il y avait des gens âgés.
03:50 On pouvait pas dormir, on pouvait rien faire.
03:52 C'était super inconfortable, il n'y avait pas d'air.
03:54 Et moi, je pensais que les Russes pourraient descendre et nous tuer.
03:59 C'était vraiment l'horreur.
04:00 Je pense qu'après trois nuits là-bas, j'ai décidé d'aller dans le métro et essayer de vivre là-bas.
04:06 Parce que le métro à Kiev est très profond.
04:08 C'est un lieu sécurisé parce que l'Union Soviétique, quand ils ont construit le métro,
04:13 ils avaient pensé à des attaques possibles des Américains ou quoi d'autre.
04:17 J'ai passé ma première nuit là-bas et c'était vraiment parfait.
04:21 C'était le paradis pour moi parce que je n'entendais pas de bombardements, de fusillades, des explosions.
04:26 Donc rien du tout.
04:27 C'était pas non plus trop confortable parce que j'ai dû dormir sur le divan normal, dans les wagons de métro.
04:34 C'est super étroit et en plus il faisait hyper froid là-bas.
04:37 Mais c'était beaucoup mieux parce que dans le sous-sol, il y avait beaucoup de gens qui ont apporté déjà leur matelas,
04:43 les plaides, donc il y avait beaucoup de gens avec leurs animaux, beaucoup d'enfants.
04:47 L'administration du métro a installé un écran pour que les enfants puissent regarder des scènes animées.
04:54 Il y avait aussi des volontaires qui ont apporté de la nourriture, deux ou trois fois par jour.
04:58 De la nourriture chaude, des snacks, des pommes.
05:01 Et c'est là où j'ai vu pour la première fois cette solidarité, cette entraide.
05:06 Tout le monde se sentait sécurisé là-bas, donc je pouvais laisser mes affaires sans surveillance.
05:11 J'avais pas peur que quelqu'un vole quelque chose.
05:14 Les premiers jours, même les premières semaines de l'invasion, je voulais pas quitter l'Ukraine ou même quitter Kiev.
05:20 J'avais déjà beaucoup d'amis qui sont partis à l'ouest de l'Ukraine ou à l'étranger et qui m'ont dit qu'il faut aussi partir.
05:27 Mais je voulais pas partir parce que je pensais que je pourrais être un peu plus utile ici en Ukraine.
05:33 Il y avait vraiment beaucoup de choses pour les bénévoles, donc par exemple,
05:36 trier des aides humanitaires ou cuisiner ou tout simplement faire les cures, faire des filets de camouflage, faire des cocktails molotov.
05:44 Et après peut-être deux semaines de ces recherches, de tout ça, j'ai compris que vraiment, je suis pas trop utile ici.
05:52 Donc ma famille n'est pas trop inquiète, elle n'a pas besoin de moi.
05:56 J'étais toujours fatiguée parce que la nuit dans le métro, c'était mieux que dans le sol, mais quand même, c'était pas une nuit dans un lit confortable.
06:04 J'ai passé toute la nuit dans mes boîtes et dans mes vêtements d'hiver.
06:08 Je voulais juste passer une nuit, une seule nuit dans un lit, dans mon pyjama.
06:13 Et j'ai pris la décision de quitter l'Ukraine.
06:15 J'ai pris le train, c'était le 12 mars.
06:18 Je ne sais pas quel train je pourrais prendre parce qu'il fallait attendre beaucoup de temps, il y avait des foules.
06:23 Les gens avec les enfants étaient en priorité, bien évidemment.
06:27 J'ai entendu qu'une femme annonce qu'un train pour Budapest part juste dans quelques minutes.
06:32 Et j'ai pris ce train, et c'était gratuit parce que tous les trains d'évacuation étaient gratuits en Ukraine en ce moment-là.
06:37 Et c'était un trajet assez long, c'était deux jours peut-être.
06:41 Mais après je suis arrivée en France, et c'était que j'étais vraiment très chaleureuse par cette famille qui m'a accueillie.
06:46 Je passais une semaine chez cette famille.
06:48 J'ai trouvé après une autre famille qui était d'accord de m'accueillir.
06:53 Ils m'ont accordé un studio séparé.
06:56 C'est comme ça que j'ai passé deux mois à Paris.
06:58 J'ai repris mon travail.
07:00 Je suis allée faire du bénévolat de temps en temps à la gare de l'Est, parce qu'il y avait beaucoup de réfugiés ukrainiens qui sont arrivés.
07:07 Ils avaient besoin de traducteurs, comme tous les Ukrainiens qui ont quitté leur pays en guerre.
07:12 Je me sentais coupable bien sûr, parce qu'il y avait beaucoup de gens qui mourraient chaque jour en Ukraine.
07:16 En plus, il y avait ma famille, et il y avait toujours la menace de prise de Kiev,
07:21 parce que les Russes se sont retirés de la région de Kiev juste en mois d'avril.
07:25 Et c'était vraiment un peu difficile déjà en mai, donc je sentais que je voulais retourner en Ukraine.
07:31 J'ai lu des actualités et j'ai communiqué beaucoup avec ma famille et mes amis qui sont restés à Kiev.
07:37 Je savais que la situation était beaucoup plus calme, comme en mars, et peut-être que je pourrais retourner.
07:43 Donc j'ai pris l'avion jusqu'à Varsovie, jusqu'à Pologne.
07:48 Et après j'ai pris un bus et je suis rentrée en Ukraine.
07:51 Je n'ai rien dit à ma mère, je n'ai rien dit à ma famille.
07:53 C'était une grande surprise, ma mère ne croyait pas les premiers instants,
07:57 et donc c'était vraiment une rencontre très joyeuse.
08:01 J'ai découvert qu'il n'y avait plus de gens dans le métro, que les gens ignorent les sirènes.
08:05 Donc il y a des sirènes, mais il y a beaucoup de gens dans les rues qui se promènent.
08:09 Il y a assez de choses dans les supermarchés.
08:11 De temps en temps, j'ai rejoint des initiatives de bénévoles.
08:14 Il y a une initiative qui s'appelle Repair Together,
08:18 et donc ce sont les gens qui vont dans les régions qui ont été sous l'occupation russe,
08:22 et où il y a beaucoup de meubles détruits, et ils construisent des maisons de gens.
08:27 Tout ça, c'est gratuit, et c'est comme ça que j'ai repris ma vie à Kiev.
08:31 Vous y êtes au domicile, c'est le résidu de la Pole.
08:33 Après, c'était le 10 octobre, il y avait une attaque massive de missiles sur toute l'Ukraine.
08:47 Même à Kiev, il y avait peut-être jusqu'à 10 personnes qui sont mortes.
08:51 De cette date, il y avait des frappes qui se sont passées chaque semaine.
08:55 La première semaine, c'était toujours lundi. Les Ukrainiens avaient vraiment un peu peur de lundi,
08:59 parce que c'était le jour des attaques russes.
09:02 La Russie a commencé à terroriser le peuple ukrainien,
09:05 parce que la Russie n'avait pas de réussite en champ de bataille.
09:09 Et donc, elle a décidé de changer de stratégie,
09:13 et vraiment terroriser juste le peuple en ciblant des objets d'infrastructures.
09:17 Et donc, on était sans électricité, sans eau, sans chauffage.
09:21 C'était très difficile, et même moralement, parce que ce sont des soirs,
09:25 il n'y a pas de lumière, tu ne peux pas travailler, tu ne peux rien faire.
09:28 Le 31 décembre, quand il y avait justement le Nouvel An,
09:32 la Russie a lancé de nouveau beaucoup de missiles sur l'Ukraine.
09:35 On a passé cette journée dans les abris ou dans le métro.
09:39 Et après la nuit du Nouvel An, on a écouté l'allocution de Zelensky,
09:43 c'était très tochant, on a pleuré.
09:45 Et après, on a entendu des bombardements, des explosions juste à côté de nous.
09:49 J'étais chez mes amis, je me souviens que mon ami était tellement effrayé
09:53 qu'il est tombé sur le sol, et c'était vraiment, c'était un peu surreal
09:56 de voir qu'il y a cette arbre de Noël, qu'il y a beaucoup de guirlandes,
10:00 que tous les gens sont très beaux, les filles sont dans les robes et tout ça,
10:04 mais les gens qui sont juste dans le sol parce qu'ils ont peur de bombardements,
10:08 c'était aussi horrible.
10:09 Depuis quelques semaines, on n'a plus de coupure,
10:11 et c'est grâce à l'épreuve des systèmes de défense intérieure,
10:15 et même si la Russie lance maintenant des missiles,
10:17 il y a très peu de missiles qui tombent sur Kiev,
10:19 la majorité des missiles sont interceptés maintenant.
10:22 Le grand but des premiers jours de la guerre, c'est la résistance ukrainienne,
10:25 et ce n'est pas juste résistance militaire,
10:27 mais c'est aussi résistance des gens ordinaires,
10:31 qui continuent de faire leur travail, qui continuent d'aider.
10:35 Il n'oublie pas la guerre, la vie peut sembler normale.
10:38 Il y a beaucoup de gens au café, il y a des théâtres, des cinémas qui sont ouverts,
10:43 il y a des gens qui se promènent, les magasins sont ouverts,
10:46 toutes les nouvelles deviennent vraiment très lourdes,
10:50 et presque chaque jour, on lit dans les réseaux sociaux que quelqu'un est mort.
10:55 Souvent ce sont des amis de nos amis,
10:58 si on ouvre notre Twitter, Facebook, Instagram,
11:01 on voit toujours ces photos en noir et blanc,
11:04 tu te plonges dans ces actualités,
11:05 et tu comprends qu'il y a des gens qui meurent pour que tu sois en vie,
11:08 pour que tu puisses profiter de cette vie.
11:11 Donc tout le monde est très solidaire,
11:13 l'un avec l'autre, avec notre armée,
11:15 et faire tout le possible pour que notre victoire soit la plus proche possible.
11:19 Quand on dit victoire, les Ukrainiens,
11:21 on pense à l'occupation de tous nos territoires,
11:23 Donbass et Crimea inclus,
11:25 mais aussi à la responsabilité pour tous ceux qui ont commis ces crimes de guerre.
11:29 Poutine, et tous les autres, tous les commandements militaires,
11:32 tous les gens responsables, tous les soldats qui ont commis toutes ces atrocités,
11:36 seront emprisonnés, soit en Russie, soit en Europe.
11:40 Beaucoup d'Ukrainiens maintenant se rendent compte qu'ils sont Ukrainiens,
11:43 que l'histoire ukrainienne est très importante,
11:45 que la culture ukrainienne est très importante.
11:47 Beaucoup de nous ont grandi avec ces informations,
11:50 que la culture russe est très riche, est très grande,
11:53 et la culture ukrainienne c'est rien.
11:55 Et maintenant, beaucoup d'Ukrainiens se rendent compte que l'Ukraine c'est important,
11:59 que leur pays c'est important,
12:01 que beaucoup de gens sont morts pour que l'Ukraine soit un pays libre, démocratique.
12:06 Bien sûr, j'espère que dans 5 à 10 ans, on va entrer dans l'Union européenne,
12:11 et j'espère que dans le temps, aussi, vraiment, pour se sentir en sécurité.
12:15 (Musique)