• il y a 8 mois
Thomas étudie la biodiversité et l’écologie. En 2021, pendant tout l’été, il décide de traverser la Laponie à pied et en solitaire pour se confronter à la nature sauvage.
De la Finlande à la Norvège, il s’éloigne des chemins touristiques pour découvrir les forêts boréales et la toundra.
Il nous raconte sa traversée de 700 km en totale autonomie, entre son moral instable et sa cohabitation avec les insectes.

Merci à @thomasjulienne pour sa confiance et pour son partage d'expérience !

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Voyages
Transcription
00:00 J'ai vraiment passé deux semaines très compliquées en Finlande où j'étais constamment
00:05 entouré d'un vrai nuage d'insectes.
00:06 Dès que je faisais une pause, ils étaient tous autour de moi, je ne pouvais rien faire
00:09 donc je marchais avec une sorte de chapeau anti-moustique, j'avais un manteau constamment,
00:14 des gants tout le temps parce que je me faisais dévorer sinon.
00:16 En juillet 2021, j'ai décidé de partir traverser la Laponie à pied en solitaire.
00:21 J'ai fait une première semaine entre Rovaniemi et Lévi en Finlande où je n'ai fait que
00:25 de la forêt boréale.
00:26 Ensuite, une semaine où j'ai rejoué en Koto Kaino en Norvège.
00:28 Là, je suis passé par le parc national de Pallas.
00:30 Une fois arrivé en Norvège, j'ai finalement atteint ces grands plateaux de toundra pour
00:34 atteindre l'Océan-Arctique.
00:35 Ensuite, j'ai rejoint le Cap Nord qui est le point final de ma traversée.
00:39 J'ai grandi en banlieue parisienne.
00:41 Étonnamment, ce n'est pas l'endroit le plus nature de France.
00:43 Mais je suis originaire de Bretagne donc j'ai eu la chance de beaucoup aller au bord
00:47 de la mer.
00:48 J'ai aussi fait pas mal de randonnées en montagne.
00:49 Je pense que tous ces petits voyages en France m'ont donné ce goût de la nature et cet
00:53 amour pour la nature.
00:54 Quand j'étais étudiant en licence, j'ai décidé de partir en Erasmus en Finlande
00:58 parce que comme je suis photographe animalier et je suis passionné de la nature, tous les
01:01 pays scandinaves, donc Norvège, Suède, Finlande, ont toujours passionné parce qu'ils sont
01:05 réputés pour leur grande nature très sauvage encore et leur faible densité d'humains.
01:10 Donc j'ai décidé de partir là-bas pour un peu explorer ces territoires qui me faisaient
01:13 rêver depuis très longtemps.
01:14 Et en fait, la Laponie, qui est le territoire au nord de ces pays scandinaves, qui est répartie
01:19 entre la Russie, la Norvège, la Suède et la Finlande, parce que c'est le territoire
01:22 le plus nord de l'Europe, c'est un peu selon moi l'Alaska de l'Europe.
01:26 Et en fait, avec tout ce temps passé en Finlande, ce projet a germé dans ma tête.
01:30 Et donc j'ai décidé de traverser la Laponie à pied et en solitaire.
01:34 A pied parce que c'est un peu le seul moyen pratiquable là-bas.
01:39 Parce que la première partie en Finlande était dans des grandes forêts boréales,
01:42 donc que ce soit en vélo, ça n'aurait pas été possible parce que ça ne passait pas.
01:45 J'aurais pu prendre un pack raft avec moi pour traverser des rivières ou des lacs,
01:50 mais ça aurait ajouté du budget et du poids et je voulais vraiment être un petit peu légeant.
01:53 Et en solitaire, ce n'était pas forcément un choix, c'est plus que je ne trouvais personne
01:57 pour venir avec moi, mais être en solitaire m'a aussi beaucoup plu.
02:00 Ça nous permet de nous connaître nous-mêmes, je trouve, et ça nous remet à plein d'autres places.
02:05 Et donc c'est vraiment un moyen très intéressant, je trouve, et très fort, d'explorer la nature.
02:11 Mais pour Tracer Itinerace, ça m'a pris beaucoup de temps parce que je voulais justement
02:14 sortir de ces chemins touristiques et je voulais vraiment découvrir la Laponie telle qu'elle est vraiment.
02:19 Et donc j'ai décidé de partir hors des sentiers touristiques et hors des sentiers tout courts souvent.
02:23 Et donc en fait pour ça, j'ai juste tracé un itinéraire en vision satellite
02:27 pour essayer d'éviter tout ce qui est lacs et trop sévères que je ne pouvais pas traverser.
02:31 Je savais que pour la partie finlandaise de la Laponie, j'allais traverser beaucoup de forêts boréales,
02:35 donc cette grande forêt de pin.
02:37 Et pour la partie norvégienne, là j'avais beaucoup d'attente,
02:39 parce que c'est vraiment cette partie-là qui m'intéressait, parce que j'allais enfin découvrir la toundra.
02:43 Donc c'est des grandes plaines très rocailleuses, avec beaucoup de lichens au sol,
02:47 où c'est tellement au nord que les arbres n'arrivent plus à pousser.
02:49 Et donc nos attentes étaient assez semblables à la réalité,
02:52 à part pour la partie finlandaise, où malheureusement les forêts n'étaient pas si sauvages que ça,
02:56 mais c'était beaucoup en fait de forêts de silviculture, avec des exploitations forestières,
03:01 avec des grandes couperasses et des grandes routes d'exploitation qui traversaient les forêts.
03:05 Mais la partie norvégienne était vraiment magnifique et très très sauvage, avec justement ces grands plateaux.
03:09 Donc je suis parti de Rovaniemi, qui est la capitale de la Laponie finlandaise, qui est au sud de la Laponie finlandaise,
03:13 pour atteindre le Cap Nord, qui est le point le plus au nord de l'Europe,
03:16 qui est une toute petite île au tout nord de la Norvège.
03:18 Donc j'avais décidé de faire entre 6 et 10 jours d'autonomie.
03:22 J'avais décidé de passer dans 3 villes pour me ravitailler.
03:24 Je m'étais mis à fixer maximum un mois et demi pour faire ces 700 km.
03:28 Et finalement j'étais beaucoup plus rapide que prévu, je l'ai fait en un mois,
03:30 de par les conditions qui étaient compliquées.
03:32 Donc ma préparation c'était simplement de vivre ma vie normale,
03:35 qui est en fait bivouacquer autant que je peux et faire autant de revenus que je peux,
03:38 pour ensuite voir comment je pouvais m'habituer aux conditions en Laponie.
03:42 Et donc en fait les conditions étaient un peu plus compliquées que prévu on va dire.
03:45 En fait il faut savoir que la Laponie est très connue pour ses invasions d'insectes.
03:49 En plus il y a beaucoup de marécages, donc très propice de défendre des larves.
03:52 Donc l'été c'est vraiment blindé d'insectes.
03:54 Mais à cause d'un printemps très pluvieux et très chaud,
03:57 il y a vraiment beaucoup d'insectes, plus que d'habitude.
03:59 Donc j'ai vraiment passé 2 semaines très très très compliquées en Finlande,
04:03 où en fait j'étais constamment entouré d'un vrai nuage d'insectes.
04:06 Dès que je faisais une pause, ils étaient tous autour de moi, je ne pouvais rien faire.
04:08 Donc je marchais avec une sorte de chapeau anti-moustique,
04:12 j'avais un manteau constamment, des gants tout le temps, parce que je me faisais dévorer sinon.
04:16 Et en plus il faisait anormalement chaud pour la région.
04:19 Donc le premier jour j'ai marché à 30 degrés, sachant que c'était au sud du cercle arctique.
04:22 Donc c'est vraiment pas normal, et c'est clairement un des signes notamment du réchauffement climatique.
04:25 Donc en fait le combo insectes + très haute température + humidité,
04:28 ça a rendu les 2 semaines en Finlande très compliquées.
04:31 Et le soir en fait je comptais me poser, me balader dans la forêt, faire un peu de photos,
04:34 et essayer de filmer tout ça.
04:36 Mais j'ai pas pu parce qu'en fait dès que je m'arrêtais, je me cachais dans la tente pour essayer de me protéger des insectes.
04:41 Et une fois arrivé en Norvège, alors toujours des insectes bien sûr, ça reste la Laponie,
04:45 mais beaucoup moins, et par contre ça a été remplacé par la pluie.
04:47 Donc j'ai eu 2 semaines de pluie très très intense.
04:50 Tous les locaux que j'ai croisés ensuite dans la descente de la Norvège m'ont tous dit que c'était le pire
04:54 et des plus vieux qu'ils aient vu depuis 60 ans.
04:56 Donc encore une fois je pouvais moins profiter du soir, donc en fait je marchais la journée beaucoup,
05:00 et le soir je me posais dans ma tente et je me réchauffais comme je pouvais.
05:03 Et en fait sur mon itinéraire j'avais prévu de traverser une rivière qui est censée être impossible à traverser à pied bien sûr.
05:07 Et en fait à cause de la grosse pluie qu'il y a eu, le courant était bien trop fort.
05:11 Vu que j'avais tout mon matos photo et vidéo, je voulais pas que ça tombe à l'eau.
05:15 Donc j'ai dû me résoudre à faire, je sais pas exactement, mais au moins 25 km de détour.
05:19 Et en fait sur la carte que j'avais, j'avais vu qu'il y avait un bâtiment qui est censé être le long de la rivière.
05:25 Donc j'y suis allé par hasard.
05:26 Il y avait une vieille bâtisse abandonnée, avec une vieille barque.
05:29 J'ai traversé la rivière comme ça, j'ai pu transporter mes affaires de l'autre côté,
05:33 ramener la barque au cas où que ce soit quelqu'un.
05:35 Et puis retraverser à la nage sur mes affaires pour pas les mouiller.
05:38 Et c'était vraiment un gros coup de chance.
05:39 Pour tout ce qui est insectes, c'était vraiment mentalement compliqué.
05:43 Parce que j'avais aucun moment de détente vraiment.
05:46 J'étais constamment présent.
05:47 Même dans ma tente, entre la moussiquaire et la toile de tente, il y en avait des centaines.
05:52 C'est aussi pour ça que j'ai fait un détour par le parc de Payas,
05:55 qui sont en fait des collines un peu hauteurs pour avoir du vent et avoir moins d'insectes.
05:58 J'ai pu avoir deux soirées un peu tranquilles où j'ai pu profiter.
06:02 Il y a quelque chose qui s'appelle le soleil de minuit en Laponie.
06:04 En fait, il ne fait jamais nuit dans ce pays, vu que c'est 13 au nord.
06:07 Enfin, dans ce pays, dans cette région.
06:08 Donc même quand il est minuit, le soleil est encore au-dessus de l'horizon.
06:10 Et c'est vraiment quelque chose que je voulais voir et que je n'ai pas pu...
06:13 Ben, je l'ai vu bien sûr, mais je n'ai pas pu tant en profiter que ça,
06:16 parce que la nuit, je me cache dans ma tente pour protéger des insectes.
06:19 Pour moi, la solitude, ça n'a pas vraiment été un problème,
06:22 dans le sens où j'avais déjà fait 2-3 voyages tout seul.
06:24 D'autant plus que je trouve ça même presque une facilité,
06:27 parce que je n'ai que moi à gérer et je me connais bien,
06:29 donc je sais mes limites.
06:30 Le plus éprouvant pour moi, c'est traverser.
06:32 Ce n'était pas un moment précis, c'était plus l'ensemble de tous les éléments qui sont passés.
06:37 Le fait que ça ne s'arrête jamais, que j'ai très peu de moments de répit.
06:40 J'ai eu des panaries à deux orteils,
06:42 qui sont en fait une infection des doigts de pied.
06:45 Heureusement, ce pic de douleur est arrivé avant Koto Kaino, en Norvège.
06:49 Donc j'ai pu passer, je ne sais pas trop si en hôpital ou en clinique.
06:53 Ils ont pu un peu me soigner.
06:54 Et j'ai dû me poser une journée entière dans un camping sans marcher et pieds nus
06:58 pour aérer et reposer mes pieds.
07:01 Un des grands buts étant photographe animalier,
07:03 c'est vraiment de voir d'autres espèces qui habitent que au Grand Nord,
07:07 ou en tout cas qui sont principalement dans le Grand Nord.
07:08 Il faut savoir qu'en Laponie, il y a beaucoup de rennes qui sont semi-domestiques.
07:12 Donc ils passent 10 mois de l'année complètement sauvages.
07:14 Et 2 mois, ils sont rassemblés par les Samis,
07:16 qui sont en fait le peuple autochtone qui s'occupe de ces rennes
07:19 et qui en abattent quelques-uns pour vendre la viande et la fourrure.
07:21 Il y a beaucoup d'espèces d'oiseaux, notamment des gorges bleues à miroir,
07:24 beaucoup d'espèces comme des lagopèdes, des phalaropes,
07:26 donc plein de belles espèces qui restent assez communes là-bas et faciles à voir.
07:29 J'aurais aimé voir beaucoup plus de grands mammifères
07:31 comme des élans ou même des ours ou des lynx ou des gloutons.
07:35 Je n'ai pas eu cette chance malheureusement qu'on aille sur tourne.
07:37 Je trouve qu'en fait, on se rend compte assez vite
07:38 que l'homme n'est plus du tout habitué à être seul dans la nature,
07:41 parce que j'avais besoin de me porter 20 kilos sur le dos pour pouvoir survivre.
07:44 Et qu'on a besoin d'un temps d'adaptation.
07:45 C'est pour ça que mon professeur a été très compliqué.
07:47 Plus le temps passait, plus j'étais habitué à vivre dans la nature.
07:51 Mon rêve, c'était de découvrir la toundra.
07:53 Et c'était un peu le but de ce voyage.
07:54 Et j'avais ces cinq jours dans un endroit très reculé
07:57 où j'ai dû croiser une personne en cinq jours.
07:59 C'était incroyable.
08:00 Et le mental, c'était un peu le paramètre avec lequel fallait jouer,
08:04 parce que c'est ce qui peut faire abandonner ou non le projet.
08:07 Mais je savais que j'avais le but en tête d'atteindre les Gapnards
08:09 et que quoi qu'il en coûte, je voulais tout faire pour y accéder.
08:13 Et ce qui est intéressant, en solitaire en tout cas,
08:15 c'est que le moral, il fait des hauts et des bas très, très vite.
08:18 J'ai des matins où le matin, j'étais au bout de ma vie,
08:20 déprimé, je n'avais plus rien à avancer.
08:22 Et l'après-midi, j'étais le plus heureux des hommes au milieu de la toundra.
08:24 C'est très, on va dire, presque intéressant de voir
08:27 comment le moral évolue en solitaire.
08:29 Et c'est un bon moyen de se connaître.
08:30 Ce voyage m'a vraiment montré qu'on n'est plus du tout
08:32 "adapté" ou plus habitué en tout cas à vivre dans la nature.
08:36 Parce qu'on vit dans notre confort.
08:37 Et je ne dis pas qu'après ce voyage,
08:39 je suis "adapté" à vivre dans la nature non plus.
08:41 Mais ça m'a vraiment montré ça,
08:42 que notre petit confort de tous les jours,
08:43 ça nous déconnecte un peu de la nature.
08:46 Et c'est pour ça aussi que je voulais faire ce voyage,
08:48 me reconnecter un peu à cette nature.
08:50 Et donc du coup, après ces 700 kilomètres de marche,
08:53 j'avais décidé de continuer mon voyage.
08:55 Et au lieu de rentrer directement en avion,
08:57 j'avais décidé de rentrer en stop.
08:59 Une fois que j'avais atteint le sud de la Norvège,
09:01 je suis rentré en ferrée et en train jusqu'à Paris.
09:03 Et donc après cette traversée,
09:05 j'ai envie d'inviter les gens à aller ouvrir les yeux
09:07 et voir ce qu'il y a autour de chez eux.
09:08 Et qu'en fait, c'est juste qu'on ne la connaît pas,
09:09 qu'on n'est pas du tout attentif à ça.
09:11 Et que ça peut être juste bénéfique pour nous
09:14 de prendre en compte cette nature,
09:15 de réaliser qu'elle est juste là
09:16 et qu'il faut la préserver malheureusement.
09:19 Parce qu'avec nos actions,
09:21 elle est vraiment en déclin très important.
09:22 [Musique]

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