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Béatrice Brugère, secrétaire générale Unité Magistrats, présente son livre «Justice : la colère qui monte» dans l'émission Punchline présentée par Laurence Ferrari le 29/02/2024. 

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Transcription
00:00 Oui, ce qui est intéressant, c'est qu'en effet, c'est d'objectiver le désamour,
00:04 parce que vous savez, dans l'amour, tout est subjectif.
00:06 Donc, ce qui était intéressant pour moi, si vous voulez,
00:12 c'était à la place où je suis, c'est-à-dire à la fois une magistrate de terrain
00:17 et puis une syndicaliste qui a pris un peu de recul et qui participe
00:21 à la fabrication, aux coulisses aussi, et au côté de l'administration,
00:26 à la gestion de l'administration, de voir un petit peu pourquoi,
00:30 d'aller en profondeur, de comprendre pourquoi on en est arrivé là.
00:34 Et ce constat, il a été fait d'abord par les états généraux de la justice,
00:39 qui a été un grand moment de doléances qui sont remontées,
00:43 qui étaient très intéressants, parce que ça a permis vraiment d'objectiver
00:47 une multitude de mots.
00:51 Mais en fait, l'enjeu...
00:53 On va faire le diagnostic vraiment dans le détail, Beatrice Brugère.
00:56 Mais les Français, ils ont des préoccupations qui ne sont pas à objectiver.
00:59 C'est mon affaire, ça fait des années qu'elle n'est pas jugée.
01:03 Ma plainte, elle a été classée sans suite.
01:05 Je n'ai aucune nouvelle de la justice.
01:07 C'est très concret, en réalité.
01:08 Oui, et c'est la raison pour laquelle je suis partie d'un sentiment
01:12 qui me semble tout à fait intéressant, qui est celui de la colère,
01:14 parce que c'est quoi, la colère ?
01:16 La colère, c'est d'abord de la souffrance.
01:17 La souffrance, ça peut être multiple.
01:19 Ça peut être, comme vous dites, les délais, une forme d'injustice,
01:22 de ne pas avoir été entendue, d'avoir des procédures qui traînent,
01:25 qui sont mal traitées.
01:28 Ça peut être plein de choses.
01:29 Et cette souffrance, elle me semblait extrêmement intéressante
01:32 à mettre en parallèle aussi avec une autre forme de souffrance,
01:35 qui est celle de tous les acteurs qui sont autour de nous.
01:37 On l'a vu souvent, les policiers, les gendarmes, les experts.
01:41 Tout le monde se plaint.
01:42 Et puis, assez récemment, une forme aussi de souffrance en interne.
01:47 Les magistrats aussi disent "on n'en peut plus,
01:50 on est sous la pression, on n'a pas assez de moyens".
01:53 Donc, je trouvais que c'était intéressant de remettre,
01:55 j'allais dire, du chaud de la vérité, d'incarner,
01:59 non pas simplement un diagnostic froid technique,
02:03 mais d'incarner aussi cette colère.
02:05 Et pourquoi ? Parce que la colère, c'est quand même,
02:08 c'est de la souffrance, mais l'étape d'après, c'est la révolte.
02:12 Et la révolte, c'est la désespérance.
02:14 Et la fin de l'étape droite.
02:16 C'est la désespérance, la révolte, c'est quand on n'a plus rien à perdre.
02:19 Et donc, l'idée, c'est de dire aussi "attention,
02:21 il faut écouter cette colère, elle est importante,
02:24 elle est parfois légitime, parfois illégitime, peu importe.
02:27 Il faut l'entendre.
02:28 Il faut savoir y répondre".
02:30 Et ce que j'ai constaté, c'est qu'en réalité, les crises se succèdent,
02:34 s'accumulent et on n'y répond jamais.
02:36 Quelles que soient les recettes, on n'y répond jamais.
02:38 Et la preuve en est, c'est qu'en fait, c'est un ministère
02:41 qui est en réforme permanente.
02:43 On passe son temps à le réformer.
02:45 Donc, soit les réformes sont mauvaises, soit il y a un problème de méthode.
02:49 Et l'idée principale, c'est de dire "stop aux réformes".
02:51 En fait, arrêtons de réformer, arrêtons de bouger tout le temps.
02:55 Posons un autre regard, qui est celui d'une refondation.
03:00 [Musique]
03:04 [SILENCE]

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